Arthur, 19 ans pour toujours - Anaïs Célesta - E-Book

Arthur, 19 ans pour toujours E-Book

Anaïs Célesta

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Beschreibung

Arthur avait 19 ans. Il aimait la mer, l’équitation et la musique. Derrière son sourire discret, il dissimulait une douleur profonde, longtemps tue. Un jour, il a choisi de partir, laissant un journal intime et des lettres comme autant de fragments de son âme. Cet ouvrage est son témoignage, porté par ses mots, éclairé par sa sensibilité. À travers ces pages, sa mère retrace le fil de sa vie, entre éclats d’espoir et abîmes de désespoir, entre lumière et ombre. Plus qu’un récit, c’est un cri d’amour, un hommage bouleversant, et un appel à briser le silence autour du suicide et de la santé mentale des jeunes. Une œuvre comme une main tendue à ceux qui vacillent, pour leur dire qu’ils ne sont pas seuls.

À PROPOS DE L'AUTRICE 

Professeure des écoles et mère de six enfants, Anaïs Célesta écrit depuis l’adolescence, trouvant dans les mots à la fois un refuge et un mode d’expression. C’est au cours de sa dernière grossesse qu’elle a entrepris ce témoignage, portée par l’urgence de raconter l’histoire d’Arthur, son fils aîné. À travers cette œuvre, elle souhaite transmettre son parcours et inviter à une réflexion profonde sur la souffrance psychologique.

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Seitenzahl: 120

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Anaïs Célesta

Arthur, 19 ans pour toujours

Journal d’un suicidé

© Lys Bleu Éditions – Anaïs Célesta

ISBN : 979-10-422-7023-0

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

À Arthur, mon fils, mon étoile

Arthur

7 décembre 2003 – 12 février 2023

Le suicide ne met pas fin à la douleur.

Il la transmet à ceux qui restent.

Anonyme

Cet ouvrage est mon cri pour briser le silence et le tabou.

Préambule

Arthur est né le 7 décembre 2003 et nous a quittés bien trop tôt, le 12 février 2023, à l’âge de 19 ans, après avoir vécu précisément 7007 jours. Aîné d’une fratrie de cinq enfants, il laisse derrière lui ses sœurs Olivia, Ariel, Ondine et son frère Adam, ainsi qu’un petit frère à venir qu’il ne connaîtra jamais. Arthur était un cavalier accompli depuis la maternelle, un amoureux de la mer, de la voile, de la randonnée, et un musicien qui trouvait dans la guitare une échappatoire. Il était tout à la fois un enfant facile et lumineux, et un adolescent pour qui l’adaptation au monde qui l’entourait était devenue peu à peu une lutte.

L’entrée à l’école primaire marque le début d’un changement. Arthur ne rentre pas dans le moule, il rejette les conventions et refuse de faire quoi que ce soit qui n’ait pas de sens à ses yeux. À 9 ans, la naissance de son frère Adam semble agir comme un déclencheur de difficultés plus profondes : mensonges, dissimulations, imitation de signatures – il s’égare. Peu après, il allume un premier feu chez mes parents, suivi de plusieurs autres incendies dans les années qui suivront.

Diagnostiqué HPI (haut potentiel intellectuel) à son entrée au collège, Arthur est suivi par des psychomotriciens et un CMP. Il est aussi interné de façon temporaire et ponctuelle au fil de sa croissance. Les psychiatres émettent différentes hypothèses, mais sans jamais arriver à un diagnostic clair. Certains mettent en doute son équilibre, parlant parfois de schizophrénie ou de psychopathie. Ces mots, lancés dans notre vie déjà ébranlée, semblaient suspendus sans jamais trouver de réponse définitive. Arthur n’aura jamais su, ni même entendu un diagnostic clair.

Au lycée, il quitte le domicile familial pour vivre en internat et parvient à suivre un traitement, alternant entre des épisodes de crises et des périodes de répit. Puis, le confinement survient, ce qui lui permet de trouver une certaine stabilité bienvenue. Il décroche son bac avec mention, puis il entreprend un BTS, travaillant comme maître au pair pour financer son internat. C’est à sa majorité qu’il décide d’interrompre son suivi psychiatrique. Cette période marquera aussi la séparation de notre couple parental, une rupture qui le bouleversera profondément.

La vie continue tant bien que mal. Arthur découvre l’amour et ses premiers émois, s’éloigne de plus en plus de son père jusqu’à couper tout contact avec ce dernier, et s’installe chez ses grands-parents le week-end. Au début de l’année 2023, la dépression s’installe, insidieuse et dévastatrice, même si ses symptômes sont discrets. Il refuse les antidépresseurs et la reprise d’un suivi psychiatrique, mais accepte de prendre des anxiolytiques. Nous avons l’impression, trompeuse, que la tempête est passée ; il dort peu, travaille, parle de projets professionnels.

En février, je lui propose un séjour en famille pour se changer les idées, mais il décline. Avant de partir, nous le visitons. Il plaisante, évoque un CAP en boulangerie, et nous paraît serein. Je pars, rassurée, confiante en ce qui semble être un retour vers la normalité. Mais dans la nuit du 11 au 12 février, Arthur mettra fin à ses jours, laissant derrière lui un vide abyssal et un silence assourdissant.

Ce livre réunit les mots qu’il a laissés. Dans sa chambre, j’ai trouvé un classeur, rempli de lettres d’adieux, son ordinateur contenant son journal intime et un fichier qu’il a intitulé « Bleu », où il dépose ses pensées et ses douleurs les plus profondes. Il nous lègue un témoignage brut de sa bataille intérieure. C’est à travers ces pages que j’ai découvert un monde qu’il n’a peut-être jamais vraiment su ou pu partager. En publiant ces écrits, mon but est simple : rendre hommage à la profondeur et à la complexité d’Arthur, à la lumière qu’il portait en lui, mais aussi à ses zones d’ombre qui nous ont échappé. Peut-être que ces mots pourront toucher d’autres cœurs, ouvrir des discussions, ou offrir une main tendue à celles et ceux qui se battent contre des démons invisibles.

Arthur ne se résume pas à la souffrance qui l’a finalement emporté. Il était un jeune homme talentueux, sensible, plein d’humour et de rêves. Mais le combat qu’il menait en silence a fini par l’isoler dans une obscurité que nous n’avons pu percer à temps. C’est pour lui, et pour tous ceux qui cherchent à comprendre l’âme humaine dans sa complexité que ce recueil existe.

L’histoire de ma vie

Arthur, 2023

Voici le journal d’Arthur que j’ai retrouvé sur son ordinateur après son décès. Il l’avait commencé en février 2023, quelques jours avant sa mort, pour sa petite amie de l’époque, Cerise. Il l’a rédigé dans le but de rappeler qui il était et tout ce qu’il avait pu vivre. C’est en quelque sorte son testament. Il l’avait simplement intitulé L’histoire de ma vie.

Arthur nous fait partager sa vision unique de la vie, ce qui signifie qu’il y a des inexactitudes dans ses souvenirs, notamment concernant les dates, les séquences d’événements et les emplacements. Sa perception personnelle de certains événements peut également être biaisée. Il a totalement occulté certains moments importants, comme le mariage de sa tante, ou même celui de son père et de moi-même.

Mais comment ne pas commettre d’erreurs quand, en l’espace d’une semaine à peine, on essaie de résumer une vie entière ?

J’ai pris conscience qu’Arthur avait un avis très prononcé à mon sujet, ainsi que sur mes intentions et les décisions que j’ai prises dans ma vie. Cela m’a fait sourire en lisant ses écrits, car il était souvent, en ce qui me concerne, bien loin de la vérité. J’ai arrêté mes études deux ans après sa naissance faute de moyens financiers, et j’ai, après avoir passé mon concours de professeur des écoles, été souvent à temps partiel pour élever ses frères et sœurs. Il y a vu de la paresse, mais il ne savait pas tout, car, en tant que maman, je l’ai protégé du mieux que j’ai pu, acceptant d’endosser parfois, souvent, le mauvais rôle. J’ai choisi de conserver son point de vue, même s’il n’est pas toujours juste, pour que ce journal reste fidèle à sa mémoire, de même que sa manière d’écrire. J’ai simplement modifié certains noms de personnes ou de lieux pour protéger leur vie privée.

Arthur était un enfant très organisé. Ce journal comportait une notice explicative pour Cerise, ainsi qu’un chapitrage de sa vie, année par année. Je m’efforcerai de retranscrire le plus fidèlement et le plus clairement possible la courte vie de mon fils, qu’il a pris soin de mettre en mots sur son clavier.

Enfin, il donne par écrit dans cette notice son accord pour que ce journal soit dévoilé : Si tu a envie, tu pourras montré des parties de ce journal. Voilà pourquoi, aujourd’hui, je prends la plume pour raconter mon fils, à travers ses propres mots et émotions.

Ma naissance, 2003

Ma mère a 21 ans. Elle est en licence d’Histoire. Mon père a 21 ans. Il est en licence de Géographie. Ils sont donc étudiants à La Rochelle dans un petit studio aux Minimes (quartier étudiant) et ils déménagent dans un HLM de deux chambres à Villeneuve (quartier sensible et défavorisé) pour avoir de la place pour un bébé.

De base, mon père ne me voulait pas. Il était avec ma mère pour « tester », et cela ne devait pas durer. Ma mère lui a fait un gosse dans le dos, c’est-à-dire qu’elle a fait exprès d’oublier de prendre la pilule.

Quand il a appris qu’elle était enceinte, il est allé voir mon Papi de Cœur en pleurant en disant que ce n’était pas ce qu’il voulait, qu’il n’était pas prêt du tout.

Ma mère était très flemmarde, elle travaillait à mi-temps comme caissière à Intermarché, mais au bout de deux mois de grossesse, elle s’est mise en arrêt maladie et a arrêté ses études. C’était surtout une excuse, car elle n’était pas une mordue de travail.

Je suis donc né le 7 décembre 2003 à la maternité de La Rochelle.

Naturellement, tout le monde est très content de ma naissance et vient me voir à la maternité, on autorise même mes grands-parents de cœur à venir.

Mais j’ai très vite attrapé une bronchiolite et, comme mon père, je suis asthmatique depuis. Du 15 décembre au 15 janvier, alors que je n’ai même pas un mois, je suis hospitalisé pour la bronchiolite. Pendant ce mois d’hospitalisation, j’ai fait trois arrêts cardio-respiratoires. Papa et Maman se relayaient pour me surveiller, et Mamie Chantal faisait les courses pour le ravitaillement en nourriture, etc.

Vanessa, ma tante, a 15 ans. Elle est très heureuse d’avoir un neveu, mais les gens l’accusent de m’avoir transmis la bronchiolite, ce qui est assez traumatisant pour elle. Je leur ai gâché le réveillon de Noël, car j’ai fait un arrêt le 24 au soir et tout le monde était très inquiet.

À la crèche je faisais plein de bêtises, une fois j’ai enlevé ma couche et j’ai étalé le caca sur le mur. Ils ont appelé ma mère pour qu’elle vienne me chercher car ce n’était pas possible que je reste ce jour-là à la crèche. Déjà à l’époque j’étais un emmerdeur de première.

Je me souviens de la cuisinière de la crèche qui faisait un super bon cake aux carottes pour le goûter. J’ai presque aucun autre souvenir de la crèche.

J’aimais beaucoup la mer, et, de mes 2 à mes 3 ans avec mes parents on prenait le bus de mer à La Rochelle : c’est un bateau-passeur qui va du Vieux-Port à la médiathèque. Quelquefois, on prenait celui qui allait jusqu’au port des Minimes, c’était un peu plus long, une vingtaine de minutes, il était vert et tout vieux ce bateau, et à l’époque j’avais peur qu’il coule.

J’aimais tellement ça prendre le bateau c’était comme des tours de manège pour moi, sauf que pour mes parents qui n’avaient pas un rond c’était gratuit avec leurs abonnements de bus étudiants.

Zoom sur ma mère, Anaïs et sa famille

Maman est née en fin juillet 1982, et quand elle était étudiante, elle était relativement pauvre et elle mangeait aux Restos du Cœur. Elle est allée dans le même collège et le même lycée que moi et avait pris l’option Japonais.

Quand elle était petite, elle passait toutes ses vacances chez son papi Élie à Liboulas à côté de Royan. Bref, ma mère était totalement libre et elle faisait absolument tout ce qu’elle voulait, elle sortait beaucoup en boîte.

Aujourd’hui, elle est professeur des écoles quand elle n’est pas en arrêt maladie cette feignasse.

Sa sœur, ma tante Vanessa, a 6 ans de moins qu’elle (c’est le même écart que j’ai avec Olivia). Vanessa est une grande fêtarde. Pour illustrer ça, voici l’anecdote de la foire au pineau (attention avec les années je ne garantis pas que l’histoire ne me soit pas arrivée un peu déformée et améliorée) : Vanessa a 17 ans, elle croise Michel (mon Papi, son père à elle) sur le champ de foire, aucun des deux n’était censé être là. Vanessa était joyeuse, on va dire et Michel ivre mort. Au bout d’une heure de négociation, elle a chargé Michel dans le coffre du 4X4 Terrano. Elle a essayé de récupérer les deux amis de Papi mais Patrick nageait nu dans la piscine et ne voulait pas rentrer. Elle n’a pas trouvé Willy. Donc Vanessa a conduit, bourrée et sans permis pour ramener la voiture à Liboulas. Willy a été retrouvé sur un autre festival le lendemain, il était parti sans prévenir personne. Aujourd’hui cette tante un peu ouf est ingénieur en retraitement des déchets pour Total. Elle est aussi professeur de pole dance.

Sa mère, ma Mamie Chantal, triait le courrier au siège d’une compagnie d’assurances. Elle a aussi travaillé dans un pressing quand elle était jeune. Elle faisait du rallye automobile. Elle a fait un AVC quelques mois après la naissance de ma mère et elle a retrouvé une partie de sa mémoire un an plus tard. Elle n’a pas pu s’occuper de maman à cette époque et donc, ma mère a été élevée pendant quelque temps par une sœur de ma Mamie. Aujourd’hui à la retraite, elle est bénévole à la bibliothèque de son village.

Son père Michel, mon grand-père, travaille dans les services techniques de sa commune. Avant, il a été directeur d’une cafétéria à Paris. Il a fait son service militaire dans la Marine Nationale sur le Bâtiment Polyvalent Atelier (BAP) le Jules Verne (151 mètres de long, 10 250 tonnes en ordre de combat, 2 hélicoptères d’attaque, 2 canons de 20 mm et 4 mitrailleuses de sabord 12.7 mm). Il a été en Côte d’Ivoire, au Tchad, au Liban, au Yémen et à la Bataille de Kolwesy. Il a été adjoint au maire de sa commune pendant deux mandats et aujourd’hui il est Maire.

Mon papi et ma mamie se sont rencontrés au Bilboquet, une boîte de nuit où ils étaient tous les deux serveurs. C’est là qu’ils ont croisé Jannick leur meilleur ami dont je parlerai plus tard.

J’ai 2 ans, 2005