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Au gré des jours dépeint la vie de l’auteur dans les Alpes, ses souvenirs d’enfance, ses joies, ses peines ainsi que ses réflexions sur la société et les faits divers. Il relate également sa recherche acharnée d’un centre pour son fils autiste et sa foi en Dieu.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Jean Cogno écrit ce livre afin de laisser à ses petits-enfants un souvenir de sa vie. Plus qu’une autobiographie, il leur fournit surtout des informations permettant de retracer leur arbre généalogique.
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Seitenzahl: 96
Veröffentlichungsjahr: 2022
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Jean Cogno
Au gré des jours
© Lys Bleu Éditions – Jean Cogno
ISBN : 979-10-377-7478-1
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Préface
Ce livre est le récit de ma vie dans les Alpes. Il relate mes joies, mes peines, la lutte pour mon fils autiste pour que les différences soient acceptées.
Je remercie le lycée Sévigné et sa Proviseure ainsi que madame Lubrano Lavadéra pour la saisie de mon manuscrit.
Hommage à mes parents
Mes parents, je veux vous rendre hommage car si vous ne m’aviez pas mis au monde, je ne serais pas là pour écrire ce livre.
Mon père, ce héros
En 1914, au mois d’octobre, Jean Cogno est né, cadet d’une fratrie de douze enfants.
Sa mère est morte tragiquement, fauchée par une camionnette sur la route de Bréziers. À ce moment-là, il y avait peu de voitures. Malheureusement, ce drame est arrivé.
Mon père et son frère aident leur père à élever ses frères et sœurs. De petite taille, je ne suis guère plus grand que lui du haut de mon mètre soixante-trois. Néanmoins, je suis aussi têtu que lui.
Avant la guerre de 1939-1945, mon père est soldat dans la cavalerie. Il m’a raconté une anecdote marrante. Un clown est soldat et l’officier de cavalerie veut lui apprendre à monter à cheval, le clown fait un numéro digne de la voltige équestre et l’officier le nomme moniteur équestre.
Libéré, mon père écoute la déclaration de guerre 1939-1945 au poste de radio. Le Queyras, comme toute la France, est occupé, mais dans les Hautes Alpes, il n’y a pas eu l’exode comme dans la France occupée. Néanmoins, la Kommandantur s’installe à Guillestre. Mon père va se ravitailler en Italie et passe par le mont Viso. Mon oncle Louis me dit que mon père marche avec une endurance remarquable.
En 1944, les Goumiers du général Guillaume libèrent les forts de Mont-Dauphin et le fort des Têtes.
À Abriès, un goumier transporte sur son dos un officier blessé pour Aiguilles. Quel acte de bravoure de la part de ce musulman d’Afrique du Nord !
La guerre achevée, mon père est séduit par Augustine qui habite Gratteloup. Un jour, prenant son courage à deux mains, il enfourche sa bicyclette et part d’Aiguilles, et je ne sais pas si c’est le désir de voir sa promise qui le pousse à aller vite mais les villages sont parcourus : château Queyras, Ville vieille, Mongauvie, La maison du Roy. Là, mon père dépose sa bicyclette et à grande vitesse arrive par le sentier jusqu’à la demeure de sa promise. Soudain, il est tout rouge et n’ose plus demander la main d’Augustine. Il le fera seulement trois jours après.
Antoine le cantonnier du Queyras lui propose un verre de vin de pays. Pas de quoi s’enivrer, il fait à peine 6 degrés. Peu de temps après, le mariage est prononcé et, en 1946, mon frère est né à Embrun dans les Hautes-Alpes.
Ma mère Augustine est l’aînée d’une famille de six enfants.
Mon grand-père est cantonnier isolé mais à l’époque on disait agent voyer. Il entretenait la route du Queyras de la maison du Roy à Mongauvie.
Ma mère ainsi que ses frères et sœurs vont à pied à l’école et au catéchisme à Guillestre, chef-lieu de canton situé à six kilomètres. L’hiver, il fallait gaffer la neige. Adolescente, elle est placée comme bonne chez un colonel très sévère ; il fallait dire vous et monsieur au fils du colonel âgé de six ans… Une fois mariée, elle s’installe à Embrun où elle travaille à l’hôpital. Mon père refuse la place de jardinier qui lui était offerte à cause de ses idées communistes car les religieuses occupaient des postes de commandement.
Chapitre 1
Naissance et enfance
Je suis né le huit février 1948 à Aix-en-Provence. Peu de temps après, mes parents ont quitté Aix-en-Provence pour s’installer en Algérie, à Constantine. Mon père est contremaître dans une très grande ferme produisant du lait de vache en grande quantité. Dans les années 1953, mon père a pressenti les évènements qui allaient se dérouler en Algérie et a décidé de rapatrier son épouse, mon frère et moi-même de Constantine à Lettret.
Mes souvenirs d’enfance commencent à cette date. Mon père travaille comme ouvrier agricole dans une exploitation arboricole avant de travailler à son propre compte comme maraîcher, et de proposer à la vente ses fruits et légumes le mercredi et le samedi au marché de Gap.
J’ai assisté à une des dernières transhumances.
La transhumance part de La Crau dans les Bouches-du-Rhône et passe par Aix-en-Provence, le pont Mirabeau, Manosque, Volx Peyruis, Château Arnoux, Sisteron, Le Poët, Rourebeau, Valenty, la Saulce, Tallard, Lettret, Remollon, Espinasses, La Bréole, Le Lauzet, Barcelonnette et les Alpages de Haute montagne. À Lettret, j’ai assisté à son passage sur la route départementale. C’est un immense troupeau, des ânes chargés du ravitaillement ouvrent la marche, suivis par les brebis, béliers, agneaux, chèvres et boucs surveillés par les bergers et leurs chiens. Dans les villages aux rues étroites, les habitants profitaient du passage du troupeau pour faire rentrer quelques agneaux dans leurs caves. C’est pour cette raison que des bergers supplémentaires ont surveillé le troupeau. La nuit, le troupeau avançait à la lumière des lanternes et le repos était prévu pour le bétail et les bergers dans des parcs à bestiaux.
Le métier de berger est un métier noble, car les bergers sont pour moi les mieux placés pour respecter la nature et ils connaissent mieux que quiconque la faune et la flore alpestre. Ils connaissent sans nul doute beaucoup de choses concernant les étoiles, et ils savent s’orienter. Ils mènent une vie paisible et calme. Quelques années plus tard, des camions ont transporté le bétail.
Un autre fait divers est la crue de la Durance ainsi que celle du Guil dans le Queyras. À Lettret, 70 cm d’eau dans le village, sur la route départementale. La Durance charrie des arbres entiers, et pour nous pas d’école. Les jardins sont tous inondés. À la décrue, on trouve un noyé sur un îlot au milieu de la rivière et une barque est dépêchée pour récupérer le corps. Il n’était pas rare à l’époque que la Durance remonte le torrent jusqu’à la cascade et les poissons blancs sont nombreux.
Dans le Queyras, la crue du Guil a causé beaucoup de dégâts, avant la construction du barrage de Serre Ponçon. La Durance était une rivière majestueuse. En hiver, elle charriait des glaçons, et au printemps les pêcheurs de l’époque remplissaient leurs paniers de truites. Quelquefois, ils attrapaient des anguilles qui remontaient la rivière. J.A. de Lettret en prenait beaucoup. Une fois, il a glissé dans la rivière et il a réussi à se débarrasser de ses cuissardes. Excellent nageur qu’il est, il a regagné la rive. Ses papiers d’identité ont été retrouvés aux Vannes de l’usine EDF de la Saulce.
La Durance actuelle est très paisible, moins poissonneuse, il faut se rendre en dessus d’Embrun pour retrouver la Durance majestueuse et poissonneuse et là, de beaux parcours de pêche jusqu’à Briançon.
À Lettret en 1955 rares sont ceux qui possèdent la télévision. Mon frère et moi sommes invités à la regarder chez un voisin, nous avons le droit de regarder la vie des animaux et la piste aux étoiles. À la maison, on écoute les informations à la radio, les anciens postes sont très volumineux, rien à voir avec le poste d’aujourd’hui. Les principaux sujets d’informations sont l’affaire Dominici et les émeutes en Algérie. À 6 ans, j’ai la conviction que Gaston Dominici est innocent, Yvette et Gustave le cheminot sont les personnages de l’affaire.
Le dimanche après avoir écouté au poste le pronostic pour le tiercé, les turfistes de Lettret comme ceux de Tallard se rendent à Tallard au bar du boulodrome, un préposé enregistre les paris et poinçonne les tickets et il perçoit une petite commission sur les paris. À 11 h du matin, c’est la clôture des paris, ces derniers seront acheminés à Gap au bar le Méridional. Une fois, à Tallard, un parieur a trouvé le rapport ordre du Grand Prix d’Amérique et a offert le champagne, mais trois favoris constituent l’arrivée côte PMU, 2 contre 1 égalité 2 contre 1, soit un tiercé que toute la France a touché, et un très faible rapport. Les chevaux sont Ozo, Oscar RL et Hélène Rodney. Mon père l’a eu dans le désordre et a pu se payer un paquet de tabac pour sa pipe. Peu de temps après, il a acheté notre première télévision, elle est en noir et blanc.
L’hiver, dans les fermes, il est de tradition de tuer le cochon. Nous avons été invités aux Perriers chez G. P. à venir manger « les jailles », mais arrivés en avance, nous avons assisté au cérémonial de la mise à mort du cochon qui grogne et ses grognements vous prennent aux tripes. Une fois mis sur des tréteaux, le seigneur demande aux assistants de bien le tenir car malgré qu’il soit attaché il bouge. Le seigneur, tel un matador taurin, plonge le couteau et le sang coule. Ce dernier est recueilli dans un seau et servira à la fabrication du boudin. Une fois mort, il est ébouillanté, en patois on dit « rusclé », puis il est vidé de ses entrailles. Les boyaux, le foie et tout ce qui peut être récupéré sont récupérés. Les boyaux sont lavés et serviront pour les saucisses, saucissons et boudins. Un poussoir sert à endosser les saucisses ; les saucissons prennent forme. Les morceaux de viande sont pris par le paysan et ses aides. Pour le reste, tout est découpé presque aussi bien que maintenant par les bouchers professionnels. Les jambons seront mis au sel et puis mis à sécher pour être dégustés quelques mois plus tard.
À midi, un copieux repas nous est servi, une entrée composée de salade verte, jambon cru, saucisson de la ferme, pâté de campagne fabrication maison. Le plat principal est constitué par « les jailles » et leurs assortiments de pommes de terre de la ferme et autour du vin rouge de pays. C’est une ambiance amicale, chaleureuse. Le dessert est une tarte aux pommes et un verre d’eau-de-vie pour les adultes ; pour nous, c’est du sirop.
Malheureusement, la vie moderne a fait cesser ces coutumes. En période hivernale, nous veillons chez les habitants du village des moments de convivialité autour du vin chaud et de la tarte aux pommes. Les adultes jouaient à la belote et à l’âge de huit ans j’ai aussi appris à jouer à la belote.