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Besoin de te parler retrace le parcours de l’auteur depuis le décès de sa mère en 1973. Il s’agit d’un mémorial de cinquante années d’existence durant lesquelles il aurait aimé partager avec elle ses joies, ses peines et les moments forts que la vie lui a offerts.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Maxime Guerbilsky est né dans une famille atypique où les plaisirs de la vie et les activités artistiques étaient constamment mis en valeur. Souffrant de l’absence de sa mère, converser avec elle au moyen de l’écriture s’est révélé une évidence.
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Seitenzahl: 135
Veröffentlichungsjahr: 2022
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Maxime Guerbilsky
Besoin de te parler
Roman
© Lys Bleu Éditions – Maxime Guerbilsky
ISBN : 979-10-377-6503-1
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Bien évidemment maman, je te dédie ce livre,
avec tout l’amour que je te porte,
Mais aussi, à Fanfan et à Jules,
À Edwige,
À mon frère Alain et ma nièce Alexandra,
À mon cousin Sergio,
À mon oncle et ma tante Alexis et Nadia,
Et à tous ceux dont je parle dans ce livre.
Besoin de te parler, maman.
Souvent, les hommes parlent de leurs mères comme étant la femme de leur vie. En ce qui me concerne, je ne dirai pas cela mais de toute évidence, elle est mon guide, ma lumière céleste et je suis certain qu’elle n’est pas étrangère à certains événements importants qui ont jalonné et donné une orientation à ma vie.
Je n’oublierai jamais ce 30 novembre 1964 et ce coup de téléphone vers 20 h, t’annonçant la disparition de papa quelque part du côté de Bapaume.
À cet instant, ta vie et par conséquent la nôtre, Alain et moi, allait irrémédiablement basculer.
Malgré ce choc, tu as tout fait pour que notre quotidien ressemble à ce que papa et toi aviez construit préalablement. Et c’est bien des années plus tard que j’ai réalisé combien tout ceci a dû être compliqué avec l’angoisse de devoir assurer et les compromis que tu as dû faire et j’ai compris que ce choc a eu sans doute pour conséquence ce cancer qui allait t’emporter ce 8 mai 1973.
Lorsque l’infirmière est venue me dire « venez, c’est la fin » et que je t’ai pris dans mes bras, ce fut comme un hurlement d’amour qui explosait en moi, avec des milliers d’étoiles que j’essayais d’attraper pour recoller les morceaux.
Bientôt 50 ans plus tard, si tu savais comme tu me manques, tes photos m’entourent, tu es là près de moi, toujours près de moi.
De temps à autre, je te parle avec le sentiment que tu me regardes de tout là-haut et je te serre très fort dans mes bras.
J’aurais tant aimé que tu sois là dans la découverte de ma vie d’adulte car en fait, tu n’as connu que celle de mon enfance et de mon adolescence.
En ce jour de ton départ, j’ai basculé vers ma vraie vie avec tout ce que cela voulait dire, tel un enfant devenu subitement orphelin et qui se retrouve face aux réalités de l’existence.
Alors oui, bien sûr, parfois je pense à d’autres qui ont connu le même sort mais n’ont pas eu cette « petite aide financière » qui nous a bien été utile au départ.
N’ayant pu te faire partager ma vie, j’ai décidé de te la raconter et ainsi de me rapprocher de toi.
L’année 1973 s’est poursuivie dans une drôle de quiétude.
Edwige, que tu as connue, était à mes côtés, bien sûr, m’apportant un équilibre nécessaire.
Puis Sergio (mon cousin), qui avait passé une partie de l’été 1972 dans la propriété de Saint-Laurent, est arrivé du Canada quelques jours après ton départ.
Il a été très présent durant les deux ou trois mois qui ont suivi, on vivait un peu dans l’insouciance du lendemain, se baladant dans la Mercedes à travers Paris la nuit venue et en buvant des bières en terrasse durant ces chaudes nuits d’été.
Au cours de son séjour en France, Sergio a eu une liaison avec Christiane, la sœur d’Edwige, on formait un quatuor très complice et j’avoue que cela m’a bien aidé à traverser cette période trouble.
En septembre, Sergio est reparti pour le Canada un peu triste de laisser Christiane mais la vie est ainsi.
Début septembre, je fis ce qu’on appelle mes « trois jours » destinés à mon orientation dans le cadre du service militaire, c’était à Vincennes.
L’idée de me retrouver sous les drapeaux ne m’enchantait guère mais avec ma vue de taupe, je ne me faisais pas trop de souci quant à l’issue de cette formalité.
Le premier jour fut consacré à divers tests du genre comment tenir un marteau.
Faut-il le tenir par la base du manche, le milieu ou par l’extrémité de celui-ci, c’était parfois d’un niveau, enfin bref…
Le deuxième jour était consacré entre autres à une série d’examens médicaux et bien sûr, la vue.
Lorsque le médecin ophtalmologiste m’a examiné, il a appelé un de ses collègues et s’est écrié « viens voir, j’en tiens un bon ».
Apparemment, j’étais vraiment un cas et il ajouta que pour moi « l’aventure sous les drapeaux » s’arrêterait là !
Ouf !
Je fus convoqué par l’officier orienteur qui m’a informé que malheureusement il allait devoir me réformer puis m’a posé quelques questions sur ma vie du moment.
J’étais encore mineur (j’atteindrais ma majorité, 21 ans en décembre) et je lui ai fait part de ton départ, je pense que ça l’a touché et il m’a dit « écoute petit, prends bien soin de toi et de ton petit frère, bonne chance pour l’avenir ».
Affaire réglée en un jour et demi !
Fin septembre, on décide d’un week-end prolongé sur la Côte D’Azur et nous voilà partis dans la belle Mercedes bleue que tu aimais tant.
Malheureusement, son moteur a rendu l’âme sur l’autoroute près d’Avignon, j’étais très triste car j’adorais cette voiture mais je savais déjà que je ne pourrais pas la faire réparer, vu le prix exorbitant des pièces.
Me voilà sans voiture et de retour à Paris par un train de nuit glauque et lugubre comme tous ceux de ces années soixante-dix où le chemin de fer était encore au stade de la préhistoire.
Il faudra attendre huit ans pour voir l’arrivée des premiers TGV fleurons de l’industrie française qui révolutionnera les transports ferroviaires.
Au début de l’automne, j’ai reçu un appel téléphonique d’une de tes amies, Véra Clouzot qui fut la dernière épouse du cinéaste Georges Clouzot.
Elle venait d’apprendre ta disparition par une de ses amies et était très triste.
Je lui rendis visite dans son petit appartement parisien et elle me raconta tous ces merveilleux moments que vous avez vécus ensemble, principalement vos fiestas. Ceci m’apporta beaucoup d’émotions.
Avec Alain, nous dûmes vendre le cabinet pour diverses raisons (cabinet de brevet d’invention et dépôt de marques créé par notre père Serge dans les années 40).
Des conditions furent arrêtées et il me fut proposé de rester dans l’appartement qui était attenant à la partie bureaux pour quelques années encore.
Alors, j’entrepris de le rénover, ta chambre est devenue un salon avec un palmier au milieu de la pièce et un mobilier plutôt moderne.
Puis vint la délicate question de mon avenir professionnel, ne sachant pas trop quoi faire et ayant bien évidemment abandonné la fac de droit.
Par un hasard, j’ai eu l’opportunité d’intégrer un studio d’enregistrement en tant qu’assistant-preneur de son.
Les studios Davout à Paris étaient un must à l’époque.
Cet univers m’attirait beaucoup au regard de la musique anglo-saxonne que j’écoutais et je trouvais fascinant l’ambiance qu’il devait y avoir.
Tout ceci était très excitant mais à cette époque, la musique en France n’avait rien à voir avec celle élaborée aux USA, et l’ambiance des studios n’avait pas la saveur que je l’espérais ; aussi, j’ai vite déchanté et réflexion faite, j’en ai vite conclu que je n’étais pas trop fait pour ce genre de job ou la technique prime avant tout et moi, la technique ce n’est pas trop mon domaine. De plus, être enfermé dans un bunker durant des heures d’affilée, moi qui ai toujours eu besoin d’air libre. L’expérience a tourné court et trois ou quatre mois après je laissais derrière mes illusions d’être, peut-être, un brillant « ingé son » comme on dit dans ce métier.
Néanmoins, je garde un souvenir merveilleux d’un après-midi passé dans un des studios les plus mythiques d’Europe à cette époque.
Le studio du château d’Hérouville situé dans l’Oise à une trentaine de kilomètres de Paris, propriété de Michel Magne grand compositeur de musique de film, et qui accueillait les plus grands, les Stones, Pink Floyd, David Bowie, Iggy Pop, T Rex, Cat Stevens ainsi que Elton John pour son album « Honky Chateau » et plus tard, celui que j’évoque ci-dessous.
Un après-midi, un type qui travaillait avec moi chez Davout me propose de l’accompagner à Hérouville afin de récupérer des bandes master (les bandes master sont en quelque sorte les originaux qui serviront aux pressages des disques).
À notre arrivée, une surprise de taille nous attendait !
Toute l’équipe d’Elton John (sauf lui) était présente pour le mixage du fameux double album « Goodbye Yellow Brick Road » qui sortira à Noël 1973 et j’ai pu ainsi découvrir ce fameux morceau qu’est « Funeral for a Friend » qui est mon favori sur cet album de légende, et joué au synthétiseur qui est un clavier électronique permettant de mélanger des sons provenant de différents instruments et tout ceci sur les énormes enceintes JBL 4355 du studio principal.
Je n’oublierai jamais ce son qui me transportait et puis aussi « Candle in the wind » dédié à Marylin Monroe.
Pour la petite histoire, vingt-quatre ans plus tard, Elton John réinterprétera cette chanson dans une nouvelle version, lors des funérailles de la princesse Lady Di.
Ainsi, j’ai clos cette aventure musicale.
La suite de ma vie active s’orienta vers l’immobilier.
Le job de négociateur immobilier était un des rares « métiers » qui ne demandait aucune formation préalable.
Il suffisait de répondre aux quelques annonces qui paraissaient quotidiennement dans le Figaro.
La possibilité de gagner plus d’argent que dans un travail quelconque s’ouvrait à moi.
J’intégrais donc une petite agence du 18e arrondissement de Paris ou je fis la connaissance de celui qui allait devenir un bon ami, Georges.
Je ne fis pas des merveilles dans cette agence à part leur acheter un minuscule studio Rue Saint-André des Arts dans le 6e qui s’avérera par la suite être une erreur, mais bon…
En mars 1974, j’assiste à un concert mémorable de Van Morrison à l’Olympia. J’adore cet artiste d’origine irlandaise qui a su mélanger avec élégance le blues, le jazz, le rythm & blues et le folk.
Ce concert reste presque cinquante ans plus tard comme l’un des meilleurs auxquels j’ai pu assister, un véritable moment de grâce.
En avril, je décide d’aller passer quinze jours au Liban chez mon pote Olivier que tu as connu car il était mon compagnon de chambrée aux Roches.
(L’École des Roches est un collège très haut de gamme situé en Normandie pour une clientèle très cosmopolite mais pas pour toutes les classes sociales vu le prix stratosphérique demandé par année d’étude.)
Durant ce séjour, je vis très peu Olivier car il était en pleine séparation avec sa petite amie du moment, Hillary, une canadienne très belle et vraiment adorable qui me fit visiter et vivre Beyrouth de long en large et apprécier également la vie nocturne de cette ville que j’ai adoré.
Petite anecdote, au départ d’Orly je me suis aperçu que j’avais oublié dans le taxi mon appareil photo Nikon.
Panique à bord mais heureusement le taxi avait rejoint la file des arrivées et j’ai réussi à récupérer mon appareil qui me sera volé en pleine nuit au Liban par un monte-en-l’air durant mon sommeil, décidément !
Je rentrais à Paris et 15 jours plus tard, les premières hostilités de cette guerre, qui allait durer tant et tant d’années, éclataient.
Il s’en est fallu de peu pour que je reste bloqué là-bas car l’aéroport fut fermé au début du conflit.
En juin, nous avons, avec Alain, dû vendre la propriété de Saint-Laurent des Bois dans l’Eure.
Ce petit manoir au charme fou dont tu étais tombée amoureuse quelques années auparavant et pour lequel tu t’es investie avec passion pour lui redonner vie.
En effet, celui-ci avait été la propriété d’un riche homme d’affaires suisse qui en avait fait un petit bijou.
Malheureusement, la Seconde Guerre mondiale est arrivée et les Allemands qui l’avaient réquisitionnée l’ont saccagé.
Tableaux éventrés, miroirs cassés, vitres brisées, bref une désolation !
Écœuré, il a décidé de vendre et une femme, plus ou moins marchand de biens, l’a achetée pour une « bouchée de pain ».
Le manoir est resté la propriété de cette femme pendant vingt ans qui n’a réalisé aucun travail d’entretien courant et bien sûr l’ensemble est resté sans chauffage.
Je me souviendrai toujours de la première visite, ce devait être fin 68, il y avait des herbes hautes d’environ deux mètres et il a fallu se frayer un chemin pour pouvoir rejoindre l’entrée principale du manoir.
On a passé avec toi des moments magiques à Saint-Laurent.
J’ai des souvenirs impérissables mais après ta disparition ce n’était plus pareil. Toi qui avais tant donné pour rénover cette magnifique demeure et qui étais le pivot central de ce lieu hors du commun, ton absence devenait autant insupportable que ta présence fut brillante.
De plus, le coût d’entretien et surtout la facture chauffage devenait impossible à gérer, l’évidence était de vendre.
Un notaire parisien s’est porté acquéreur et le chapitre Saint-Laurent fut clos.
Néanmoins, grâce à cette vente, je fis la connaissance d’une femme qui va beaucoup compter dans ma vie.
L’agent immobilier qui fut d’intermédiaire dans cette transaction était un homme remarquable.
Raymond n’avait pas du tout le profil du négociateur immobilier lambda vil et sans scrupule.
C’était un homme d’une humanité et d’une bienveillance exemplaire.
Très vite, des liens d’amitié se sont tissés et il nous a invités chez lui à côté de Pacy-sur-Eure où il vivait avec sa femme Francyne et leur fille Fabienne, dans une chaumière que Raymond, qui était très bricoleur, avait entièrement construite de ses mains.
Francyne est une Corse pure souche.
Une femme d’une certaine beauté, comme le sont souvent les femmes corses, et avec bien sûr un tempérament de feu.
On allait assez souvent leur rendre visite durant les années qui suivirent puis Raymond et Francyne se sont séparés.
Francyne a gardé la chaumière et à partir de l’année 1980, celle-ci est devenue un peu ma résidence secondaire.
Fabienne avait 18 ans et on faisait la fête avec tous ses copains dans une ambiance très chaleureuse.
Francyne est devenue ma seconde maman, elle me considérait comme son second fils.
Je suis sûr que tu te serais bien entendu avec elle.
En juillet 74, nous décidons avec Edwige de nous marier.
Étant deux anticonformistes endurcis, notre conception du mariage est très peu conventionnelle.
À cette époque, les formules comme le pacs n’existaient pas et les couples non mariés se trouvaient sérieusement désavantagés sur un plan purement financier et fiscal.
Aujourd’hui encore un peu mais des « solutions parallèles » existent.
Ainsi nous avons décidé de nous unir dans une union que je qualifierais plus « administrative » que romantique et c’est ainsi que nous nous sommes retrouvés avec nos deux témoins dans l’immense salle des mariages de la mairie du huitième arrondissement avec surtout pour ma part, une tenue vestimentaire qui dénotait quelque peu par rapport à l’austérité des lieux.
Je portais un jean avec une tunique à fleurs et des bottes western, juste de quoi choquer M. le Maire qui ne devait pas avoir l’habitude à de telles excentricités et, lorsque celui-ci proposa la remise des alliances, je lui fis signe qu’il n’y en avait pas !
Pour clore cette « cérémonie », nous avons eu droit à un petit sermon par lequel il ne fallait pas prendre tout ceci à la légère, que le mariage était un acte sérieux avec des engagements pour la vie et tout ceci bien sûr selon la formule classique « pour le meilleur et pour le pire ».
Bref, nous étions mariés !
Dans la foulée, cap sur le sud, direction le Var, Sainte-Maxime, Ramatuelle.
À notre arrivée, il y avait un monde de fou, une chaleur accablante et de plus tous les hôtels affichaient complet.
Résultat, obligé de dormir dans la petite Autobianchi.
Le lendemain Edwige a eu l’idée de changer de côte.
Et si nous allions voir ce qui se passe sur la côte Atlantique ?