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Le 20 mai 2011, à l'Université de Paris 13, IUT de Bobigny, avait lieu une table ronde avec le sujet: "Autour des Gaulois en guerre". Ce texte de conférence reporte sur 10 ans de recherches sur le combat celtique du groupe CLADIO, groupe de recherche de l'Université de Lausanne (UNIL). Il présente des hypothèses de travail et des indications sur le maniement des armes celtiques en précisant que c'est une reconstitution de techniques de combat, sur laquelle existe très peu de traces écrites dans le passé. Les recherches étaient menées dans le cadre de l'archéologie expérimentale au département Archéologie de l'UNIL sous la direction du Prof. Thierry Luginbühl.
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Seitenzahl: 46
Veröffentlichungsjahr: 2023
Depuis 2002, nous avons travaillé chez Cladio1 d'abord sur la reconstitution de l'armement et sur son utilisation, dans le but de comprendre :
- Le phénomène de la guerre chez les Celtes
- Certains faits d'armes dans les
- Légendes celtiques,
- Des faits relatés par des historiens de l'époque ou dans les rapports de César.
Logo ©CLADIO
Appréhender les possibilités de l'armement peut nous aider à comprendre pourquoi par exemple la tentative des Celtes à Bibracte d'attaquer les Romains en formation de phalange était vouée à l'échec.
1Cladio, armement et anthropologie guerrière celtique - groupe de travail d'archéologie expérimental, Université de Lausanne/Suisse
L'épée de fer
La lance et les armes de jet
Le bouclier celtique
Réflexions sur les protections corporelles du guerrier
Les coups de taille à l’épée
Les postures de combat
Les postures à l’épée
Les postures à la lance
Effectuer des recherches sur l’armement celtique est un vrai défi pour l’archéologie expérimentale. Pour obtenir des résultats exploitables, il faut réunir un certain nombre de conditions.
La reconstitution des pièces de l’armement nécessite des connaissances approfondies sur les matériaux utilisés, la façon dont ils étaient traités et la forme exacte de l’objet. L'implication des artisans est alors indispensable.
Pendant la reconstitution et avant de commencer à utiliser les objets, il faut effectuer des recherches sur les descriptions écrites ou les représentations iconographiques et circonscrire le champ d’utilisation, un travail qui incombe logiquement aux universitaires.
Une pièce d’armement fait toujours partie d’une panoplie d’autres pièces. Puisqu'on ne peut pas étudier une pièce isolément, il faut reconstituer toute la panoplie de l’armement.
Les participants à une expérience sur le combat doivent avoir suivi une formation élémentaire sur le maniement des armes dispensées par un spécialiste.
Ce dernier point nous a incités à travailler sur un nouvel art de combat « celtique » que nous appelons « Bilikat » (le beau combat), destiné d’abord à l’expérimentation mais qui commence à intéresser aussi un large public de « profanes ». Pour nos besoins, nous avons reconstitué l'armement de La Tène C2 présent en Suisse romande.
Même si ce sont surtout les éléments métalliques qui ont traversé les siècles jusqu'à nos jours, nous avons aujourd’hui une bonne idée de l’équipement d’un guerrier celte. Par le fait qu’une pièce d’armement offensive ou défensive est toujours fabriquée dans un but précis, son utilisation suit des règles bien définies. Après plusieurs années d’expérimentation, nous avons dépassé le stade de la simple description des objets et nous pouvons aujourd’hui avancer des idées d’utilisation, projeter même une image de « l’art de combat » des Celtes.
Troupe de combattants se préparant au combat/Photo ©CLADIO
Énonçons d’abord quelques idées fondamentales fondées sur l’observation et la connaissance des techniques de combat.
- Tous les peuples poursuivant une politique d’expansion et une vie nomade, développent, de gré ou de force, une grande maîtrise de l’art de la guerre et de l’armement.
- Le maniement des armes ne pouvait pas se faire intuitivement. Il nécessitait un long apprentissage. De père en fils, du vieux guerrier au jeune, les techniques et les expériences de combat étaient transmises. Le combat en groupe (unité) nécessitait une homogénéité de l’armement et du style de combat, ce qui impliquait nécessairement un armement, un système de combat propre et un système de commandement. Au-delà d’un groupe d’élite dirigeante, la chaîne de commandement avait peut-être aussi été instaurée dans des structures de clans et familles. Quoi qu'il en soit, le type d’armement reconstitué qui souligne le goût prononcé des Celtes pour le combat individuel et les nombreux raids, qui semblaient être leur passe-temps favori, suggère que, en dehors d'une petite troupe de garde permanente, équivalent des Huskarls chez les Normands et les Vikings plus tard, il n’y avait probablement pas de caste de guerrier proprement dit. Cet armement nécessitait un entraînement continu d'une grande partie de la population, et cela depuis le plus jeune âge.
- De fait, l’armement est strictement personnel. Au-delà de son statut social, il reflète les capacités physiques de son propriétaire. La taille, le poids et la longueur des armes sont directement liés à des repères physiques du combattant comme le poids, la longueur du bras ou sa taille.
Le combat singulier/Photo ©CLADIO
Il y a 8 ans, Cladio a été en mesure de reproduire des épées celtiques et des boucliers. Fascinés par le mythe de l’épée, comme beaucoup d’autres avant nous, nous avons d'abord cru qu’elle constituait l’arme principale des Celtes. Nous avons ensuite découvert qu'il en était autrement.
Principalement, nous pouvons classer les épées en deux groupes différenciés par leur mode d’utilisation, les épées de taille et d’estoc. Bien qu'il soit possible que des épées puissent exécuter les deux actions, il n'existe pas d'épées vraiment hybrides qui permettent d'exécuter les deux actions avec la même qualité.
Les caractéristiques :
La lame de l’épée d’estoc doit résorber l’énergie du choc sur sa longueur en partant de la pointe. Pour la Tène C, les lames sont au moins partiellement triangulaires. La section forme un losange, l’épaisseur au milieu de la lame prend souvent la forme d’une nervure. De longueur variable, à cette époque la lame ne dépasse pas celle du bras.
Photos/dessins ©M.Hewer
Contrairement à quelques idées reçues dans les salles d'armes d'escrime moderne, le coup d'estoc n'est pas plus rapide que le coup de taille. En effet, c'est une action en deux temps. Pour le répéter on est toujours obligé de revenir dans la position initiale. Or le coup de taille est une action à un temps, on peut enchaîner les coups sans interruption.