California green - Lennie . - E-Book

California green E-Book

Lennie .

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Beschreibung

Lennie, 23 ans, décide sur un coup de tête de partir en Californie pour travailler dans un champ de cannabis. 

Prudente et raisonnable, elle ne boit pas d’alcool et ne fume pas. Pourtant, elle s’apprête à effectuer une activité totalement illégale à l’autre bout du monde, dans une région où la drogue et les armes à feu sont pratiquement des emblèmes. 

Guidés par son journal intime, vivons avec elle toutes ses émotions, en appréciant par la même occasion cette aventure hors du commun entre trafic et amitié toxique.


À PROPOS DE L'AUTEURE

En matière de littérature, Lennie a un penchant pour les livres réalistes. C’est sans aucun doute cette attirance qui la pousse à raconter son histoire, sans fiction, dans California green – Au cœur d’une ferme de marijuana.

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Seitenzahl: 285

Veröffentlichungsjahr: 2022

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Lennie

California green

Au cœur d’une ferme de marijuana

Roman

© Lys Bleu Éditions – Lennie

ISBN :979-10-377-7083-7

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

À tous ceux qui se reconnaîtront,

Ce livre est un journal intime. Il raconte notre histoire

mais à travers ma perception, mes ressentis.

Pardon par avance si certaines de mes pensées

peuvent blesser.

Avec le temps, les mauvais souvenirs

se transforment en rires ou s’effacent.

Aujourd’hui, il ne reste dans ma mémoire que le positif.

Un besoin d’évasion

Juillet 2017

Je m’appelle Lennie, j’ai 23 ans et je suis en couple depuis 4 ans. Je suis rigoureuse, organisée et j’ai un sacré caractère. Généralement, c’est ma raison qui prend les décisions et pas mon cœur. J’aime tout planifier et je ne laisse pas beaucoup de place à l’improvisation. J’ai aussi tendance à être impulsive et par-dessus tout, je suis têtue…

Je sais ! Cela ne laisse pas beaucoup de place pour les qualités. Mais je suis aussi très attentionnée, à l’écoute et disponible pour les gens que j’aime. On me dit souvent que je suis mature pour mon âge. C’est encore le côté « sérieux » qui ressort. Mais je vous rassure, je suis drôle parfois, enfin j’essaie…

John, mon chéri, est à l’opposé de moi et ça ne va pas fort entre nous en ce moment. Enfin, depuis plusieurs années pour être franche. Peut-être même depuis le début. John est imprévisible et dépensier. Il est interdit bancaire et endetté jusqu’au cou alors qu’il n’a que 26 ans. On habite chez ma mère depuis deux ans pour qu’il puisse se remettre d’aplomb financièrement. J’ai un peu un rôle de maman pour lui et j’ai l’impression que les efforts ne vont que dans un sens.

C’est enfin les vacances ! Je viens de passer trois années intenses à l’université de Lyon et cette dernière année a été vraiment difficile pour moi. Moi qui ai toujours eu des facilités à l’école, c’était différent cette fois. Même si je ne laisse rien paraître, je suis épuisée moralement et physiquement. C’est fatigant de cumuler travail et études, de gérer ses problèmes de couple et d’être disponible pour sa famille et pour ses amis. Si seulement John avait su être présent pour me soutenir, l’année aurait été plus agréable mais ce n’est pas le cas.

Heureusement, tout cela est presque terminé ! J’ai passé mes derniers examens début juillet et je termine mon contrat de professionnalisation le 31 août. Il faut attendre le 28 août pour avoir les résultats. Deux mois d’attente, c’est une torture ! Et si les résultats sont négatifs, il faut dire adieu aux projets élaborés pour la rentrée scolaire de septembre 2017 et attendre l’année suivante pour repasser les épreuves.

Je croise les doigts si fort ! Je ne pense pas que j’aurai la force de recommencer une année. D’ailleurs, je suis tellement épuisée que je vais changer d’orientation. Je vais prendre une année « sabbatique » pour me reposer et voyager. Cela me laissera le temps de réfléchir à mes possibilités de carrière.

J’ai un projet pour octobre, particulièrement atypique. Un projet qui va à l’encontre de mes principes et de ma personnalité et pourtant, un projet qui m’attire.

C’est mon amie Lola qui est à l’initiative du projet. Je la connais depuis plus de 10 ans maintenant. C’est la petite sœur de mon « premier amour ». J’avais quatorze ans, il en avait seize et Lola douze. Je suis restée avec lui quatre ans, jusqu’à mes dix-huit ans. Quatorze – dix-huit… comment oublier ! (LOL)

Avec Lola, on a un peu vécu notre adolescence ensemble finalement. J’étais présente lors de ses repas de famille et on partait en vacances d’été ensemble. Quand je me suis séparée de son frère, on ne s’est jamais perdu de vue. On se rapproche même de plus en plus avec les années. Lola, c’est une belle Italienne pulpeuse avec de longs cheveux bruns ondulés. Elle a un tempérament calme, elle avance sans se prendre la tête et sans trop se poser de questions. On a deux caractères opposés mais complémentaires et, surtout, on a une passion commune : les voyages !

L’an dernier, alors qu’elle était partie travailler dans le sud de la France pour la saison estivale 2016, elle a rencontré un homme lors d’une soirée. Un mec un peu farfelu et complètement drogué. Il lui a raconté plein d’histoires et d’anecdotes hors du commun, dont certaines qui se passent dans le nord de la Californie.

Il lui a expliqué que tous les ans, de septembre à décembre, c’est la saison du cannabis. Des étrangers viennent du monde entier pour travailler dans les champs de Cannabis de ce qu’on appelle « Le triangle d’émeraude ». Le triangle d’émeraude désigne la région formée par les comtés de Mendocino, Humboldt et Trinity et fait partie des principales régions productrices de Cannabis aux États-Unis.

À peine la saison estivale française 2016 terminée, Lola n’avait pas hésité une seconde à acheter un billet d’avion et à s’envoler pour la Californie avec deux potes pour aller manucurer le cannabis. Ça, c’est Lola tout craché ! Moi, je n’aurais jamais osé.

Pour eux, le « mythe » est devenu réalité. Ils sont allés dans le comté de Humboldt et comme prévu, ils ont trouvé du travail. Ils y sont restés environ un mois et depuis qu’elle est revenue, elle ne parle que d’y retourner. Elle attend septembre avec impatience et cette année, elle aimerait que je vienne avec elle.

L’élément déclencheur

28 août 2017

CHAMPAGNE ! Je suis diplômée !

Non je rigole… Je ne bois pas d’alcool. Ce n’est pas par principe, c’est juste que je n’aime pas ça. Et croyez-moi, j’ai tout essayé ! Mon grand-père était amateur de champagne et mon père est amateur de vin. J’ai commencé les dégustations dès l’âge de 4 ans. Et pendant l’adolescence, mes amis m’ont tout fait goûter : Vodka, Rhum, Whisky, Tequila, Passoa, Malibu, Bières, etc. Du plus fort au plus doux, je n’aime pas ça ! Mais quand on y pense, je suis l’amie que tout le monde rêve d’avoir : je m’amuse jusqu’au bout de la nuit sans boire une goutte d’alcool et ensuite, je peux ramener tout le monde en voiture. (LOL)

« LOL » c’est l’acronyme qu’utilisent les « jeunes » pour dire qu’ils rigolent. C’est un sigle Anglais qui signifie « Laughing out loud » ou « rire tout haut » en français. Et comme l’humour est propre à chacun et que le second degré est mon péché mignon, tu trouveras parfois à la fin de mes phrases un « LOL » entre parenthèses. C’est juste pour te rassurer : ma phrase est ironique et à prendre sur le ton de l’humour. J’aurais pu choisir de mettre « MDR » pour « Mort de rire » mais je ne suis pas sûre que mon humour soit si drôle que ça. En plus, « LOL » c’est en Anglais, ça permet de vous mettre dans le contexte Californien !

Revenons au sujet principal !

Quel bonheur de me dire que la licence est enfin terminée ! J’ai un sentiment de légèreté qui me donne des ailes. Et alors que ma dépendance affective et ma peur de l’inconnu ont disparu le temps d’un instant, j’envoie un message à Lola pour lui dire que je viens avec elle en Californie. Je ne lui dis pas que « je veux venir », je lui dis que « je viens, ma décision est prise ». Je décide quand même d’en parler à ma mère avant d’acheter mon billet. Je ne cherche pas son autorisation, je suis « majeure et vaccinée » comme on dit, mais j’aimerais avoir son soutien et ses conseils. J’appréhende un peu sa réaction parce que ma mère, malgré toute sa bienveillance et son empathie, elle est pire que moi ! Disons que j’ai de qui tenir…

Le respect des règles et des consignes, c’est très important pour ma mère. Elle est toujours très raisonnable et elle n’aime pas prendre de risques. Et là, clairement, je m’apprête à lui dire que je pars à l’aventure de l’autre côté de l’océan, sans savoir où je vais dormir, sans être certaine de trouver un travail… Et surtout, lui dire que je vais pratiquer une activité illégale dans le pays des armes à feu. Je l’imagine déjà m’énumérer des arguments en béton pour m’angoisser et me faire changer d’avis.

« Fonce ma fille ! »

Est-ce que j’ai bien entendu ? Pas de crainte, pas de « mais », pas d’alerte ni de point de vigilance ? Ce qui m’étonne, c’est qu’il n’y a aucune hésitation dans son discours. Elle me dit de partir et de vivre cette aventure. Elle sous-entend que c’est maintenant ou jamais et que je ne dois pas rester ici pour de mauvaises raisons. Quand elle parle de mauvaises raisons, je sais qu’elle parle de ma relation destructrice avec John. Elle me connaît, elle sait que c’est dur pour moi de partir loin de lui pendant un mois. On est fusionnels John et moi, parfois trop, à en devenir violent et à se crier des noms d’oiseaux que même des ennemis n’oseraient pas employer. Quand on dit qu’entre l’amour et la haine il n’y a qu’un pas, c’est exactement ça. C’est devenu malsain et ça me ronge de l’intérieur. Et les mamans voient tout ! Elle me dit que pour mon bien être, il faut absolument que je m’évade.

Je prends mon courage et mon téléphone à deux mains pour écrire à John. Je lui explique que la situation entre nous ne me convient plus et qu’il doit changer. Je lui annonce que je pars un mois en Californie et qu’à mon retour, je veux voir en lui un adulte responsable.

Qu’est-ce qu’il m’arrive ? Serait-ce un élan de courage ? Ou peut-être seulement de l’inconscience ? Ce qui est certain c’est que cette fois-ci, le vase a débordé. Vous connaissez sûrement les ultimatums que les couples qui battent de l’aile s’infligent régulièrement : les menaces et le chantage à la rupture. Généralement, ce n’est que du vent. Mais là, pour la première fois, je suis vraiment décidée.

Avant que je ne change d’avis, j’appelle Lola pour réserver les billets. Elle avait prévu de partir le 29 septembre avec deux potes à elles mais moi, j’ai le mariage d’une copine le 30 septembre et je ne peux pas partir avant le 1er octobre. Du coup, Lola dit à ses potes de partir sans elle et qu’on les rejoindra directement là-bas.

On passe la soirée à comparer les billets d’avion. Les départs de Lyon sont trop chers alors on cherche des alternatives avec les aéroports de proximité (Paris, Genève, etc.).

Finalement, on réserve pour l’aller un vol Paris – San Francisco avec une escale à Washington et pour le retour, un vol direct San Francisco – Paris. L’aller-retour en avion nous a coûté seulement 430 € chacune et pour les trajets Lyon – Paris, on réserve des bus low cost à seulement 10 €.

Ça y est, les billets sont validés ! Le décollage de Paris est prévu pour le lundi 2 octobre au matin. Tout devient plus concret tout à coup. Officiellement, il me reste un mois pour changer d’avis, mais maintenant que le billet d’avion est acheté, il y a peu de chances pour que je renonce. Les billets ne sont ni remboursables ni échangeables et ce n’est pas dans mes habitudes de mettre 450 € à la poubelle. Et c’est encore moins dans mes habitudes de faire faux bon à mes amis quand je me suis engagée.

J’ai du mal à réaliser la décision que je viens de prendre. Je dois absolument raconter tout cela à Nathalie. Nath, c’est une amie que j’ai rencontrée il y a quelques années quand je travaillais dans un centre de loisirs pour enfants. Elle a une dizaine d’années de plus que moi ; elle est grande, brune, très mince, avec une coupe au carré et des bouclettes. Elle s’habille souvent avec de gros pulls en laine et des jeans. Nath, c’est une artiste, une vraie. Mais comme il est difficile de vivre de son art, elle travaille avec les enfants en parallèle de son activité indépendante. Elle fume de la Marijuana et pour ne pas avoir à la payer, elle manucure les plants de cannabis de son dealer. C’est un ami à elle et ils ont décidé de s’arranger comme ça. Manucurer ça veut dire découper au ciseau tout ce qui ne se fume pas sur la plante. Elle va rire quand je vais lui annoncer que je pars en Californie pour manucurer de la weed alors que je ne fume même pas !

Nathalie habite à 10 minutes de mon université et depuis un an, on a un rituel : je vais chez elle tous les lundis soirs pour papoter et faire de la couture. On a appelé ça les « lundis couture ». Je l’adore Nath, elle s’intéresse à tout et elle est super cultivée. Elle m’apprend toujours plein de choses et c’est la pro des « astuces de grand-mère ».

Les lundis couture

Nous sommes le lundi 4 septembre aujourd’hui. Les cours à l’Université sont terminés mais je continue d’aller chez Nath pour les « soirées couture ». Je lui raconte enfin pour le voyage en Californie. Je préférais lui dire en face plutôt que par téléphone. Sans surprise, elle est tout de suite emballée ! Elle veut carrément venir avec nous. Au fond, je trouve que c’est une bonne idée. D’une part parce qu’elle a une vie sentimentale et professionnelle un peu compliquée en ce moment et que ce voyage lui ferait le plus grand bien et d’autre part, parce qu’elle connaît déjà le travail et qu’elle le pratique depuis longtemps. Je ne peux pas lui donner de réponse sans en parler à Lola au préalable mais je lui donnerai une réponse lundi prochain.

On est le lundi 11 septembre ; j’ai vu Lola dans la semaine et elle est partante pour Nath. En plus, le temps de rejoindre les garçons, ce sera plus prudent d’être trois si on doit faire du stop ou du camping sauvage. Nath est ravie de la nouvelle et le lundi couture se transforme en réservation de billet d’avion.

Je suis tout excitée, ça va être super ! Au fond, cela me rassure qu’elle vienne. Elle a ce côté adulte et raisonnable que Lola n’a pas. Lola est plus spontanée, elle se lance dans des aventures sans tenir compte de tous les tenants et aboutissants. Nathalie a plus de dix ans d’écart avec nous tous, ce sera la doyenne, notre « maman » de voyage, l’épaule mature.

On est le lundi 18 septembre et ce soir, on a un projet couture bien particulier avec Nath. On va se confectionner des caleçons à poches pour pouvoir ranger nos dollars et nos papiers d’identité. On ne sait pas où on va dormir le temps de trouver un travail ni les gens qu’on va rencontrer, alors je trouve que c’est une super idée. Même dans le sommeil le plus profond, on n’a peu de chance de se faire voler nos affaires à cet endroit (LOL). Puis on ne va pas se mentir, se faire voler un sac à dos ce n’est pas grave, c’est du matériel ! Par contre, se faire voler son argent et ses papiers, c’est problématique. Personnellement, tant que j’ai sur moi de quoi rentrer en France en cas d’urgence, c’est-à-dire le prix du billet d’avion et mon passeport, le reste m’importe peu.

On se fait deux caleçons à poche chacune. J’ai pris des vieux caleçons à John et Nath a trouvé des caleçons de son ex dans un tiroir.

Comme quoi les exs, ça sert toujours ! (LOL)

Sur le premier caleçon, je couds la poche au niveau de l’entre-jambes et sur le second, je la couds sur la hanche. Ça y est ! On est équipées !

Aujourd’hui, on est le lundi 25 septembre 2017. C’est le dernier lundi avant le départ, donc ce soir, pas de couture ! Lola et moi, on a rendez-vous chez Nathalie pour 19 h 30. C’est la première fois que Lola et Nath se rencontrent en face à face. Lola nous raconte son expérience en Californie de l’année dernière pour nous mettre dans le bain. D’ailleurs, elle nous explique que l’an dernier, ils étaient restés bloqués 6 h à la douane. La police leur a posé plein de questions : « Pourquoi venez-vous aux USA ? Où allez-vous dormir ? Combien d’argent avez-vous ? Montrez-nous vos comptes bancaires, etc. ». Le tout en anglais OF COURSE ! Puis, les douaniers américains ne prennent pas le temps d’articuler ou de parler doucement apparemment. Tu dois te débrouiller pour les comprendre et pour te faire comprendre. Et si jamais ils se doutent que tu viens pour travailler illégalement dans leur pays, ils te renvoient chez toi illico presto, et c’est toi qui payes le billet de retour en prime !

Je commence déjà à paniquer. Il faut qu’on invente un mensonge sur notre venue en Amérique. Une histoire crédible qui permettrait de justifier nos comptes bancaires à moitié vides et le fait qu’on n’ait aucune réservation de logement. Louche pour des touristes !

Nath a un ami qui habite San Francisco et qui pourrait nous héberger la veille de notre retour. On voulait s’en servir comme alibi et donner son adresse à la douane mais il a refusé. On ne comprend pas trop sa réaction. Ça ne lui coûte rien et il n’y a aucun risque. On est dégoûtées parce que c’était le plan parfait et qu’on ne connaît personne d’autre à San Francisco.

Personnellement, je ne connais personne qui vit aux USA. Par contre, j’ai une amie de lycée qui est en stage pendant 6 mois à Los Angeles. C’est à 4 heures de route au sud de San Francisco. Je la contacte pour lui demander d’être notre alibi et elle accepte sans hésiter. Elle me dit que je peux donner son numéro et son adresse à la douane. En plus, elle parle couramment anglais car sa mère est américaine. Si la douane l’appelle, elle leur dira qu’on vient passer un mois chez elle. Elle est adorable, ça, c’est une vraie amie !

Au-delà du synopsis imaginé, il faudra qu’on fasse un effort vestimentaire pour le trajet. Si on passe la douane en mode « baba cool en sarouel », on ne passera pas inaperçues !

En tout cas, on est toutes d’accord sur l’objectif du voyage : dépenser le moins possible et se faire de l’argent. Cela implique de faire du stop, de camper et de limiter au maximum les dépenses plaisirs/loisirs. On imagine ce voyage comme une expérience de vie. Le but étant vraiment de sortir de notre confort quotidien.

La soirée passe et on papote pendant un moment avant de rentrer dans le vif du sujet : la liste des affaires à emporter. On doit voyager léger parce qu’on aura déjà la tente sur le dos et qu’on risque de beaucoup marcher. Pour autant, on ne sait pas où on va dormir, si on va pouvoir se laver et on ne connaît pas non plus la météo, donc on doit s’équiper pour toute éventualité.

La valise du voyageur

Le plus dur pour moi, c’est de faire un choix dans mes vêtements. J’ai envie d’emporter toute ma penderie. Mais on ne part pas en vacances, on part en Road trip et chaque élément doit avoir son importance.

Après mûre réflexion, voilà un aperçu de notre liste idéale :

Un sarouel –

Agréable à porter et idéal pour passer des heures assise en tailleur à manucurer de la weed ;

Un Jean –

c’est passe-partout, chaud et résistant ;

Une robe légère –

pour pouvoir s’apprêter si besoin ou se balader au soleil. Pour les Hommes, un polo ou une chemise décontractée fera l’affaire ;

Un short –

idéal pour marcher en plein soleil ;

5 t-shirts –

ça permet d’assurer au moins 10 jours sans lavage et ça ne prend pas de place dans le sac ;

Une polaire, un gros pull, une doudoune et une écharpe ;

Une petite veste légère ;

Une casquette ou un bandana –

pratique pour le soleil et pour ne pas avoir les cheveux dans les yeux ;

Des sous-vêtements ;

Une paire de chaussures de randonnée ;

Une paire de baskets de ville ;

Des tongues/tatanes –

multi fonctions : en guise de chaussons, pour aller à la plage et/ou pour se laver « à la roots » ;

Une sacoche –

à garder en permanence sur soi, avec l’argent et les papiers d’identité. Nous, on a pris la sacoche pour le jour ET les caleçons à poche pour la nuit. On n’est jamais assez prudent !

Pour la trousse de toilette, c’est également le strict minimum :

Un énorme paquet de lingettes

– pour se nettoyer en l’absence de douche ;

Un déodorant ;

Une brosse à dents ;

Un dentifrice ;

Et bien sûr, pour vous mesdames, des protections hygiéniques !

Enfin, le matériel essentiel pour camper :

Un duvet et une couverture de survie ;

Une tente ;

Un réchaud avec une petite casserole ;

Un oreiller tour de cou gonflable ;

Des couverts et verres lavables ;

Une grande bouteille d’eau par personne ;

Un rouleau de papier toilette par personne ;

Une batterie externe solaire –

pour recharger les téléphones sans prise électrique.

Sans oublier une trousse de secours avec :

Doliprane ;

Bandage et pansements ;

Crème pour les piqûres d’insectes ;

Crème anti-inflammatoire ;

Désinfectant.

Bien sûr, on a tous nos « indispensables personnels ». Par exemple, je ne peux pas partir un mois sans prendre un petit carnet, un crayon et un jeu de cartes. Ne serait-ce que pour s’occuper pendant les 15 heures de vol. J’ai aussi pris un mascara, un rouge à lèvres et une brosse à cheveux, le strict minimum pour de belles photos souvenirs. Mais ces « indispensables » sont à prendre avec modération pour ne pas s’encombrer inutilement.

Dimanche 1er octobre 2017

Le départ

Ce soir, c’est le dernier repas en famille avant le grand départ. Il y a ma mère, mon beau-père, John et Alex, ma grande sœur. Après le repas, c’est Alex qui me déposera à la gare.

C’est l’heure de monter dans la voiture. Dire au revoir à John est très difficile pour moi. J’ai l’impression que c’est un adieu. J’ai beaucoup d’appréhension et de tristesse de partir loin de lui si longtemps. En 4 ans, nous n’avons pas passé un seul jour séparés. On a toujours tout partagé et on a emménagé ensemble très vite.

Il faut prendre son courage à deux mains et y aller : en voiture Simone ! On récupère Nath sur le chemin et on arrive à la Gare Part-Dieu à 22 h 30. Alex nous dépose, nous dit au revoir et s’en va parce qu’elle a une soirée qui l’attend. Par précaution, je lui laisse les clefs de la maison, elle me les rendra le jour de notre retour. J’ai trop peur de perdre le trousseau.

Lola arrive à la gare dans les minutes qui suivent. À 23 heures, mon père se pointe pour nous dire au revoir. Il habite à 5 minutes à pied de la Gare. Il est arrivé par-derrière sans qu’on ne le voie et il nous a interpellées d’un ton sec en disant « Vos papiers s’il vous plaît ! ». J’ai adoré la tête des filles, elles ne l’avaient jamais vu auparavant donc elles ont paniqué le temps d’un instant. Ça, c’est l’humour de mon père ! J’adore !

Je ne sais pas vous, mais moi, j’ai toujours ce petit stress avant un départ. Un contrôle de police, un accident de voiture, j’appréhende n’importe quel événement perturbateur qui pourrait nous faire louper le bus et compromettre notre voyage. Du coup, je suis toujours en avance aux rendez-vous, quels qu’ils soient.

Le bus arrive à l’heure prévue : on pose nos backpacks dans la soute, je fais un bisou à mon père et on monte s’installer. En route la troupe !

Lundi 2 octobre 2017

On arrive à la Gare Paris Bercy à 5 h 30 du matin. On prend le métro 14 jusqu’à Châtelet puis le RER B jusqu’à l’aéroport Roissy Charles de Gaulle. On arrive à l’aéroport à 7 h et notre avion est à 12 h 25.

On a trois quarts d’heure à attendre avant de pouvoir se présenter à la porte d’embarquement. On souhaite s’enregistrer au plus vite pour se débarrasser de nos backpacks. Pour pouvoir passer la douane et accéder à la zone internationale, il faut se débarrasser de tout contenant de plus de 100 ml ; bouteilles d’eau y comprises. On s’installe sur une banquette dans le hall et on profite des 45 minutes pour grignoter ce qu’il reste dans nos sacs. J’avais pris un sandwich et des bananes pour le bus et ils sont tout ratatinés au fond de mon sac. Je mange ce que je peux pour ne pas gaspiller puis je finis ma bouteille d’eau. Une fois prêtes, on se dirige vers les postes de contrôle.

J’adore la zone internationale parce qu’il y a plein de magasins « duty free ». Le tabac notamment est vraiment moins cher donc on en profite pour faire le plein. On prend des paquets de tabac à rouler, des feuilles et des filtres pour tenir tout le mois. Je ne fume pas de cannabis mais je fume un peu la cigarette. Quand je dis un peu, je veux dire avec mes amis, je ne fume pas quand je suis seule chez moi.

On embarque pour le vol Paris-Washington qui dure 8 h 30. Pendant le trajet, on peaufine notre mensonge pour la douane américaine.

– S’ils nous demandent pourquoi on vient en Amérique, on répondra qu’on vient visiter.
– S’ils nous demandent où nous allons dormir, on citera mon amie de Los Angeles.
– Et s’ils nous demandent pourquoi notre vol atterrit à San Francisco et pas à Los Angeles, on répondra que le billet d’avion était moins cher pour San Francisco, qu’on va en profiter pour visiter la ville quelques jours et qu’on rejoindra notre amie en train.

Los Angeles est seulement à 4 heures au sud de San Francisco et il y a des trains régulièrement.

On est plutôt satisfaites de notre histoire qui tient la route.

Lorsqu’on atterrit à Washington, on fonce directement à la douane. On a une escale de seulement 2 h 20 et il y a une file d’attente interminable. Après deux heures d’attente, on commence à vraiment stresser parce que l’embarquement pour San Francisco a déjà commencé. On croise les doigts de ne pas se faire contrôler sinon on va être en retard !

Une fois la douane passée, on est obligées de courir pour ne pas louper le second vol. Heureusement, les douaniers ont juste pris nos passeports et nos empreintes et ne nous ont posé aucune question.

On arrive les dernières à la porte d’embarquement mais le principal, c’est qu’on arrive à temps ! Le temps de l’escale est passé vite du coup et il ne nous reste que 5 h 30 de vol avant d’arriver.

C’est reparti pour le décollage !

On atterrit à San Francisco à 20 h. Il est seulement 5 h du matin en France parce qu’il y a 9 h de décalage. On se dirige vers la zone bagages pour récupérer nos sacs. D’ailleurs, j’ai toujours cette appréhension que mon sac se soit perdu en chemin ; qu’il ait été déposé dans le mauvais avion ou qu’il soit resté au point de départ. Dans notre situation, ce serait vraiment la poisse ! Heureusement, je les vois arriver au complet sur le tapis roulant.

C’était mon premier long voyage en avion ! J’avais déjà pris l’avion pour l’Angleterre, la Turquie, la Tunisie et l’Espagne mais ce n’étaient que des petits trajets d’une ou deux heures seulement.

14 h de vol c’est long, surtout que je ne suis pas rassurée en avion. Moi qui suis toujours dans le contrôle, le fait de savoir que ma vie dépend de quelqu’un d’autre, c’est très stressant. À chaque embarquement, j’angoisse un peu plus. Ça devrait être l’inverse normalement mais je suis un peu tordue. Je me dis que plus je prends l’avion, plus la probabilité d’avoir un accident augmente. Et je trouve que c’est le pire des accidents de transport parce qu’il n’y a aucune chance de s’en sortir.

Paradoxalement, je me sens bien dans les airs. Regarder le monde vu du ciel c’est aussi impressionnant qu’apaisant. Cela permet de réaliser qu’on est tous des poussières sur cette terre et de relativiser. L’avantage sur un si long vol, c’est qu’on a pu profiter de la vue de jour, de nuit, au coucher de soleil et au lever de soleil. J’en ai pris plein les yeux !

On a voyagé dans des avions de taille moyenne : trois rangées de trois sièges. On avait la télévision, des oreillers, des serviettes, des écouteurs, les boissons à volonté et les repas. Lola et Nath ont pris du vin pour fêter ça ! C’est inclus dans le billet alors elles auraient eu tort de se priver. D’ailleurs, vous saviez que dans les airs, l’effet de l’alcool est décuplé ? Entre 1,5 et 3 fois apparemment. Du coup au bout de 2 verres, les filles étaient déjà pompettes.

On a décidé de ne pas réserver d’hôtel et de passer la première nuit à l’aéroport pour trois raisons :

– On ne veut pas dépenser d’argent inutilement ;
– On ne connaît pas la ville et il fait déjà nuit ;
– Arriver à 23 h dans un hôtel, ça n’a aucun intérêt. On risque de se coucher tard et de ne pas se lever demain matin. En dormant à l’aéroport, on est certaines que demain dès l’aube, on sera en route !

On se pose dans un « espace d’attente » dans lequel pas mal de gens se sont également installés pour dormir. Il y a des banquettes et quelques bureaux avec des prises électriques. Les banquettes ne sont pas fixées au sol, on peut les déplacer facilement. Dans l’angle, au fond à gauche de la pièce, il y a un bureau de disponible avec des prises électriques. On cale nos sacs sous le bureau, on branche nos téléphones puis on installe notre campement. Lola et moi, on pose nos deux tapis de sol par terre devant le bureau et Nath déplace une banquette jusqu’à nos pieds. Avec Lola, on se retrouve donc entre la banquette de Nath, le mur et le bureau. Notre installation est une réelle forteresse, personne ne peut venir fouiller dans nos sacs sans nous réveiller. On peut s’endormir en toute tranquillité. Et le « must », c’est que les toilettes sont à dix mètres ! Si ce n’est pas beau ça ! On s’y rend chacune notre tour pour se débarbouiller et se laver les dents avant de se coucher.

Mardi 3 octobre 2017

Sans grande surprise, je me réveille très tôt. Entre la lumière et le bruit, c’est difficile de faire une grasse matinée. Les filles dorment encore alors j’en profite pour appeler ma famille avec le wifi de l’aéroport.

Une heure plus tard, Nath et Lola se réveillent. On se prépare puis on part se renseigner sur les locations de voiture. On doit se rendre au nord de la Californie dans un village qui s’appelle Garberville. Ce serait tellement plus simple de louer une voiture. On se doute que le prix ne va pas nous convenir mais cela ne coûte rien de demander.

On change vite d’avis, c’est une fortune ! Premièrement parce que c’est double tarif de prendre une voiture à un endroit et de la déposer à un autre endroit mais aussi parce que la location se fait par tranche de 24 heures et nous, on en a besoin seulement 4 heures.

Retour à la solution initiale : faire du stop ! Mais faire du stop à l’aéroport c’est impossible, on décide de prendre un bus qui nous amène jusqu’au fameux Golden Gate Bridge. C’est là-bas que débute la route 101, celle qui nous mènera jusqu’à Garberville. L’avantage des grandes routes aux USA, c’est qu’il n’y a presque aucune intersection. Ce sont des routes immenses qui traversent quasiment tout le pays. C’est pratique quand on ne connaît pas l’endroit et rassurant pour faire du stop ; on ne peut pas se perdre, c’est toujours tout droit !

Une fois arrivées au pont, on s’accorde une pause « touristes ». Il y a un grand parking pour les automobilistes qui souhaitent photographier le pont. On se trouve un endroit où il n’y a pas trop de monde et avec une belle vue, et on se fait une séance photo pendant au moins trente minutes ! Je fais par exemple la fameuse photo trompe-l’œil sur laquelle je fais semblant de toucher le haut du pont avec le bout de mon doigt. On se prend toutes en photo ; seules, à deux, à trois, on fait des selfies, on saute en l’air, etc. Bref, de vraies touristes quoi !