Croix de Fer - Louis le Baraqué - E-Book

Croix de Fer E-Book

Louis le Baraqué

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Beschreibung

Louis le Baraqué, personnage hors norme, mégalo, un peu, destin et parcours atypiques, vingt ans de compétition dans un sport méconnu  : la gymnastique.
Ébauches de récits, délires authentiques, performances uniques, Montmartre, le café de famille, la musculation, les services secrets français, la psychiatrie, la torture, l’amitié, les amours, l’humour aussi...
L’apprécierez-vous ? Le comprendrez-vous ? Le croirez-vous ?
Tout se mêle, s’emmêle, mais ne se démêle pas !

À PROPOS DE L'AUTEUR

Personnage atypique, Louis le Baraqué s’est intéressé à l’amélioration du physique pendant toute sa vie. Il a appréhendé l’haltéro, la force, le culturisme, le combat, etc. Encore et toujours Montmartrois, il a modestement mis toute sa vie dans sa « Bible du Baraqué ». Il y parle de ses exploits sportifs mais aussi des milieux militaires et secrets, de la psychiatrie, de Montmartre… Les amateurs d’anecdotes savoureuses et inédites ne resteront pas sur leur faim !

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Louis le BaraquéCroix de FerLa Bible du Baraqué

La Compagnie Littéraire

Catégorie : Roman

www.compagnie-litteraire.com

L’épopée d’un mec qui a pété les plombs,

pour tous mes proches, pour ceux qui veulent le devenir,

ou l’art d’être BARAQUÉ.

Préface

Je ne crois pas au hasard mais aux rencontres: de celles qui font que nous nous reconnaissons car notre quête du Graal est la même.

Les valeurs qui nous poussent vers cette quête sont identiques et elles définissent notre personnalité.

Dans un monde où règnent la vanité, l’ambition, la jalousie et la malveillance, il est réconfortant de rencontrer des êtres pour qui la pratique sportive est essentiellement recherchée pour sa valeur expérimentale, formatrice et éducative.

On peut considérer cette approche comme un besoin d’amour, de reconnaissance, d’affiliation, d’appartenance à un groupe.

C’est ce que ne cesse de nous dire Louis dans cet ouvrage qui est une mise à nu nous laissant, une fois le livre refermé, bras en croix... de fer, bien entendu.

Sincère amitié le baraqué: tu es un champion !

Marc Vouillot

«Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul ! »

(Cyrano de Bergerac)

Une histoire en partie sordide. Je ne vous la conte pas in extenso, mais telle que je l’ai vécue : mon parcours, mes petits travaux, vous verrez, Héraclès de Thèbes était un minet…

Je me dois d’ajouter que je ne suis pas scolaire, mais avec cette vie insolite et dure – des mots qui me font peur actuellement – il me vient des velléités épistolaires. Comme mon écriture, qui est affreuse, mais nous savons tous que la belle écriture est la science des imbéciles, alors…

Mon père disait toujours : «Alors lui, il est BARAQUÉ !», et aussi : «Ho ! Hercule ! »

Tout commence le jour où ma mère m’inscrit, l’année du CP, au cours de judo, année où j’apprends avec joie par notre voisine, la naissance de mon petit frère.

Je vois, j’assiste à la séance de gymnastique aux agrès. L’année d’après, ma mère, elle toujours, m’y inscrit, consentante.

À la base, génétiquement pas doué pour ce sport disait-on… Ce qui n’est pas faux… Enfin, il faudra beaucoup, beaucoup travailler, travailler encore et toujours…

J’achète quelques années plus tard un petit livre, Les secrets de la gymnastique, d’Arthur Magakian, directeur technique national de l’époque.

Je devais, là, prendre la plus grande claque de ma vie, face à la croix de fer parfaite d’Henri Boério (Montréal 1976).

Ma voie était trouvée, parmi mes objectifs : tenir la croix.

Et, toujours, cette quête de perfection.

Le petit club scolaire de la rue Durantin, où j’apprends quelques bases, mais en retard par rapport au cursus d’un gym lambda.

Ce livre, pour exprimer ma vie et être compris par certains.

On m’empêchera de tenir ma croix, mais je suis sourd, je m’acharne… Et puis un jour, succès…

Tout cela pour résumer que je finis par tenir, un certain temps, assez longtemps, une croix de fer parfaite, bras à l’horizontale, épaules au niveau des anneaux, poignets non cassés, et jamais pénalisable.

Et ce, naturellement, sans jamais la moindre prise de produits dopants.

J’appellerai ça la croix à zéro.

Avec une taille de 181 centimètres et un poids peut-être le plus lourd de France… Ou plus, ou moins…

J’étais puissant – nostalgie.

Mais je me rends compte de cette performance unique bien après… Donc, un record si l’on peut dire, ou une performance peut-être même pas physique.

À mon époque, ça n’était qu’une difficulté B. Peut-être sommes-nous plusieurs ? Peut-être n’est-ce pas moi ? Suis-je le premier ? Je ne me souviens plus des dates… Combien y en a-t-il dans le monde ? Étais-je un bon gym ?

Cela me plaît de le croire, en tout cas, cela a conditionné toute ma vie et je considère cela comme le summum et la plus grande fierté de ma vie.

Surtout au regard des horreurs qui ont suivi pour moi-même.

Pour revenir à ma croix, j’ajoute que je l’ai mieux tenue chez moi.

Eh oui, j’avais coupé un barreau d’une échelle et acheté des anneaux.

J’ai le sentiment que l’on m’en empêchait, encore des raisonnements à la con.

Pas de preuves donc. Pas plus mal… J’en ai vu quelques-uns des grands gyms, mais ils ne tenaient pas la croix… Puis après, pour ce qui est des autres, je ne sais rien, la victoire, ça tourne, c’est la loi du sport. Quant à ma seule photo en croix équerre, elle a disparu…

Ce livre : pensées en vrac, ou vrac de mes pensées

Gymnastique,solfège de tous les sports…

Montmartre, Ronsard, club L’Ancienne de Paris, une des plus vieilles institutions de France.

C’est la gym qui m’a fait…

Je suis impressionné. Obnubilé par mon entraînement, pour ne pas dire mon surentraînement. J’ai d’ailleurs cherché toute ma vie cette fraternité et ce volume de travail, que j’ai essayé de transférer partout, dans plusieurs domaines. Musculation sous toutes ses formes et amélioration du physique en général… Études… Close-up… Langues étrangères (anglais, italien, espagnol)… Arts martiaux (karaté, krav maga)… Je recherche également toujours cette fameuse fraternité dans des clubs de cinéphiles… Mais il me manque l’essentiel, l’argent, le sexe et l’amour, y compris celui des miens.

J’ai appris à apprendre, à devenir autodidacte, mais surtout j’ai pu compter sur des maîtres absolument extraordinaires.

À commencer par Filémon, sans oublier Gérard et Louis, notre maître à tous. Filémon, notre entraîneur, souvenir indélébile, respecté, il nous a construits… Je me rappelle encore lorsque nous étions goguenards en début de séance dans les vestiaires. Il restait de marbre et nous disait : «On verra ça sur les agrès ! » Il y a des jours où cela nous faisait carrément peur; c’était le genre de séance, pas un mot, ambiance écrasante, concentration, trouille, le bruit des agrès, la magnésie… Les mains en sang pendant des années.

Les séances de trampoline et de muscul le samedi, interminables, inlassablement, le pied…

Nous étions, mes coéquipiers et moi, de véritables bœufs, il n’y avait plus, disait-on, qu’à nous mettre du persil dans les oreilles. Fou rire.

La muscul je la découvre très jeune, et c’est Guy Ignan, champion d’Europe de body-building, qui m’apprendra, lors de ma première séance, à décharger une barre. Un Black hypertrophié. J’étais tellement musclé que mes camarades m’exhibaient.

«Ne trouvez-vous pas qu’il n’est pas comme tout le monde ? » disaient-ils. «Mais jusqu’où ira-t-il ? » Avec mon gros dos, on m’appelait W. C’est là que je commencerai à empiler les tractions et les DIPS1, entre autres mouvements, avec de grosses charges entre les jambes. On disait de moi : «Louis ne porte pas un blouson, c’est le blouson qui est posé sur ses épaules.»

Et puis, la souplesse, les écarts toujours. Samedi justement, et mercredi, que Gérard, notre vice-président, appelait «le petit comité». Séances réservées uniquement aux plus motivés, j’en ai toujours été… Mordu, assidu, je ne manque jamais à un entraînement, même le lendemain d’une fête. Un dimanche matin, j’entends vaguement : «Mais qu’est-ce qu’il fout ? Louis ? Louis ? » Ça faisait des dizaines de secondes que j’étais à l’ATR2 aux barres parallèles. Je m’étais endormi.

À la maison, c’était : «Que va devenir Louis ? » Un avenir incertain, mais je ne cède pas, je continue ma passion envers et contre tout et tout le monde.

Et puis un jour la fin, malgré moi, un déchirement, mes entrailles, comme toute ma vie… Nous avions une maîtresse commune, la gym. MERCI, MES AMIS!

Puis la vie, les situations, les réflexions, service militaire, Dieuze, Cercottes (services secrets français)… Viendra la SERAPSE3, avec Marc Vouillot, sommité nationale, voire mondiale, en matière de force et de préparation physique en général, Thierry Pastel, plusieurs fois champion du monde de body-building, des personnages hauts en couleur.

Et Salat, qui m’a fait l’honneur de me faire travailler à une époque. J’avais en charge d’entraîner les BEMF4 et HACUMESE5. J’étais payé comme un mercenaire. J’ai, encore aujourd’hui, le discours de Marc dans la tête. Eh oui, il est précieux pour moi... J’ai fait une partie de ses progressions que l’on m’empêchera d’effectuer, mais j’y reviendrai…

Et puis une pensée pour Alain Setrouk, huitième dan de kyokushinkai, qui m’a fait me poser pas mal de questions… Je fais du personnal training chez lui, il prend 30 %, OK… J’étais alors au trente-sixième dessous, j’accueillais mes «clients» la peur au ventre. Je prenais à l’époque 60 euros la séance, à quatre clients par jour, n’importe quel jour, n’importe quelle heure, sans compter mon temps. J’avais un peu d’espèces, argent de poche dans une boîte à chaussures, mais je leur faisais le boulot au petit poil du cul… Responsables de chez Hermès, du Bristol, et puis l’entourage… Mais revenons à L’Ancienne de Paris. Car c’est là que tout a commencé…

J’arrive chez Louis, ancien international en athlé. Grosse chute aux anneaux, mais opiniâtre, j’atteins vite l’équipe première, le plus jeune parmi les champions, enfin pour moi…

Souffrances, abnégation, motivation, ascétisme, une aventure humaine complètement incroyable, les stages, les championnats, les petits déplacements, les réunions techniques chez Phil. Je nous revois avec nostalgie passer notre temps dans les couloirs des hôtels à l’ATR, à rire et à critiquer le monde avec désinvolture. Certains jours, on riait tellement que l’on n’arrivait même plus à passer sur les agrès. Les conversations ne tournaient qu’autour du même sujet. C’était la défonce… Dans ces conditions, l’outrance. L’amitié, les filles, gentilles… Toujours obnubilé, je ne les voyais pas. Mon niveau ne me satisfaisait pas… J’allais voir ailleurs…

Si jeunesse savait et si vieillesse pouvait… Mais le mental ! Il s’est amoindri avec toutes ces histoires.

Blessé souvent et déjà muscu chez Setrouk, eh oui, je les voulais, les forces… Je suis passé par tous les stades, beaucoup d’erreurs, beaucoup… Mais en compétition, j’étais un gym qui ne tombait pas.

Il est vrai que j’ai eu tout au long de mon parcours initiatique plus de satisfaction avec des hommes – pas homo attention – même si j’adore certaines filles et femmes. Un peu phallocrate peut-être, mais pas du tout misogyne.

L’amour, le sexe, les discours parfois, pour tout ce dont la féminité dispose…

Durant tout ce temps, je côtoie quelques homos, je ne suis pas homophobe et ne le serai jamais. J’avais du succès auprès de certains, je trouve cela flatteur, mais l’acte me répugne. Je ne le fais pas avec une femme, ce n’est pas pour le faire avec un homme.

Place Blanche, années dorées

15 août 1967. J’arrive. Robert boit le champagne avec André, son ami d’enfance et compagnon d’Algérie. Pour ma mère, début d’après-midi, je crois, un 15 août, effectif réduit à la clinique. Mauvais jour peut-être.

Beau bébé, photo de moi en mai 1968, notamment pendant les bombardements.

Enfant choyé, jouets, etc. Il n’y a jamais eu un jouet que j’aie désiré et que je n’aie pas eu.

Papa avait toujours les dernières nouveautés, électroniques, etc. C’est Monsieur Herbert, patron du Théâtre des Deux Ânes, qui lui avait vendu l’ancêtre du magnétoscope, que l’on appelait la télévidéo. Très gros appareil VCR6, avec de grosses cassettes, pas plus d’une heure. Il nous fallait plusieurs cassettes pour enregistrer un film. Mes petits camarades d’école ne me croyaient pas, j’étais obligé de les inviter à la maison pour leur prouver la vérité. Nous étions émerveillés.

Mes parents, quarante-cinq ans de vie commune, sans jamais se tromper; mariage aux Buttes-Chaumont, mon père sortait de vingt-six mois de guerre, où il était à mon avis l’ami de tous, comme à son habitude. Mais aussi charniers, tueries, Tindouf. Malgré lui bien sûr, tout comme moi, dans ma difficile vie… Nous sommes de la même race, les chiens ne font pas des chats. Je garde des photos de lui, précieusement, que j’ai fait agrandir avec les moyens actuels – eh oui, je suis émerveillé par la technologie. Notamment, une photo de lui où il est en short, torse nu, je n’ai jamais vu quelqu’un d’aussi beau… Un personnage exceptionnel s’il en est. Même si avec lui, comme avec tous mes proches, les rapports furent très difficiles, même très très difficiles, mais à leur décharge, ma maladie est très très méconnue...

30/12/40, comme il disait, il naît, ses parents le font élever dans un petit village pittoresque de l’Aveyron chez ses oncles, tantes, et cousines. Très modestes, presque pauvres, quelques vaches, une orange à Noël, ils font tous les travaux dès leur plus jeune âge.

L’envie très forte de s’en sortir, vendre ses lapins, déjà le sens des affaires, l’argent. C’est dans ce genre de situation que l’on se pose les questions, je connais tellement… Quatorze ans, il arrive à Paris, chez ses parents, personne pour venir le chercher à la gare, seul dans le métro, l’inconnu, les ordures… Détresse, pas la première, je pense, là aussi je connais… Cette peur au ventre qui galvanise ou qui paralyse. Car pour moi, la solitude, ce n’est certainement pas d’être sur mon canapé en cuir, à regarder un Blu-ray sur mon grand écran high-tech.

À l’école, il racontait souvent cette anecdote, il avait fait un devoir, le prof l’accuse : «Mon garçon, vous avez copié sur Gigi Rousseau ! » Mon père : «Je n’ai pas copié, je ne le connais pas.» Il croyait que Rousseau était un autre élève de la classe. Comme, lors d’une dictée, où il a à écrire la phrase : «L’arbre était si gros que cinq hommes n’en faisaient pas le tour.» Mais Robert écrit «Saint-Côme», au lieu de «cinq hommes» car son petit village natal se nomme Saint-Côme. Toute sa vie, il écorcha les noms. Comme les rois mages, qu’il appelait Mektoum et Akbar. Ou Karl Lagerfeld, qu’il appelait Garfeld. Rires.

Puis, 2e degré de comptabilité, école hôtelière, le Claridge, où il servait en maillot de bain. Il sera apprenti coiffeur, coiffera la Callas. Il connaîtra plusieurs places. Veinard, il est engagé par son oncle dans sa brasserie, Le Cyrano, place Blanche, à côté du Moulin-Rouge. Grand séducteur, il se tapait d’ailleurs les danseuses. Lieu absolument mythique, cosmopolite, où toutes les classes sociales se mêlent. Du clodo à la prostituée, de l’alcoolo au politique, artistes, commerçants, tous les métiers, bagarreurs, camés, psychopathes, etc. Âpre, dure, la nuit.

Raymond Aaron, peintres, Johnny Hallyday, Michou avant son succès, Alain Delon, Melville, Drucker, Jean Richard, Deneuve, Jean Marais, Raymond Souplex, les chansonniers des Deux Ânes, pour ne citer que les plus connus. Mais aussi l’un de ses amis intimes, Gabriel Dauchot, peintre dont je me souviens de l’atelier à Pigalle. On dit de lui qu’il avait les yeux tellement globuleux qu’un jour il en perdit un et se le remit avec les doigts. Il influença beaucoup mon père dans sa peinture. Il serait bon de signaler que papa fut le pionnier, avec Monsieur Herbert, patron du Théâtre des Deux Ânes, à avoir proposé la formule «dîner-spectacle».

Oui, Le Cyrano a fait fortune dans les années 60 et 70. Les cars de touristes envahissaient la place Blanche. Je le revois encore passer d’un étage à l’autre la chemise trempée. En vrai Capricorne, il était en permanence en costard-cravate, même pour aller au bois ou à la plage.

Quant à Monsieur Herbert, j’en garde l’image d’un personnage haut en couleur, rabelaisien, et ami de Tino Rossi.

Tout ce milieu de chansonniers, humour en permanence – Jean Amadou, Douglas, Mabille, etc.

Depuis mon plus jeune âge, je n’ai jamais manqué une revue des Deux Ânes. La présence de Marville et bien sûr de Jacques Maillot, dont j’ai vu les débuts. Tout ce petit monde était invité chez nous dans l’Aveyron pour notre premier été, dans notre nouvelle maison. Ma seule préoccupation était que l’on puisse nous emmener à la piscine chaque après-midi que le bon Dieu faisait. Bon nageur – c’est là que très tôt j’ai appris à nager –, mais de 15 heures à 19 heures, je passais mon temps sur le plongeoir. J’étais déjà un enfant baraqué. Ils voulurent m’imposer une méthode américaine : on balance les gosses dans l’eau et on leur tend une perche; je me suis barré immédiatement sous les yeux du maître-nageur, scandalisé, en escaladant le portail en fer forgé. J’étais déjà gymnaste. Direction la voiture où m’attendait papa. «C’est déjà fini ? » «Pour moi, oui.»

Une piscine, nous en aurons une chez nous, mais bien après. Ce qui m’épate le plus, c’est ce robot qui nettoie. Un modèle qui s’est vendu dans le monde entier. L’inventeur, pour vanter les mérites de son produit, faisait un pari. Il jetait des diamants dans l’eau, et faisait fonctionner le robot nettoyeur, et il disait aux clients : «S’il reste le moindre diamant, il est pour vous.» Il n’a jamais perdu son pari !

C’est lorsque nous allions aux champignons papa et moi, emplacement secret défense, que dans la voiture il me racontait les James Bond avec Sean Connery, trop violents pour mon âge. Je deviendrai un très grand fan…

Ce qui m’a toujours épaté chez papa est qu’il pouvait très bien avoir bu la veille au soir, enfin, c’est le métier !, il n’a jamais, absolument jamais de sa vie manqué à une ouverture du café le matin. Un roc, tout frais au petit matin, il accueillait ses clients.

Comme cette astrologue qui écrivait des horoscopes dans un journal. Lorsqu’elle avait trop de travail, c’était papa qui les rédigeait…

Étant gosses, nous avions dans des tirelires, mon frère et moi, des pièces de 5 francs en argent. Je précise que ma tirelire était fermée à clef. J’arrivais péniblement à sortir les pièces par la fente pour aller m’acheter des bonbons. Imaginez la tête de la boulangère, qui me servait grassement.

L’été, c’était bien souvent Les Azémars, le trou-du-cul du monde. Bled paumé, tout là-haut, chez mon parrain. C’est avec mes cousins que nous passions nos journées dans la paille, malgré les multiples recommandations des adultes. On les a épuisés, nos parents… Mon parrain, un malin, un Aveyronnais pur souche, cafetier parisien qui s’est exilé là-bas pour vendre ses fromages, dont la recette fut inventée par sa femme. Un personnage truculent, avec sa tronche dessinée sur ses produits… Fromages, pas pour moi, car j’ai horreur de ça, et pourtant l’aligot est l’un de mes plats préférés. Typique de chez nous, nous allons tous les ans immanquablement au buron de Canuc. Des burons, il y en eut des centaines, mais il n’en reste que deux ou trois aujourd’hui. Dernièrement, j’y retourne, et j’y filme Monsieur Causse, quatre-vingt-douze ans, le maître de l’aligot. Et il me donne son secret…

Je me souviens encore d’une femme, l’amie de Maillot, avec laquelle j’ai partagé la même chambre. Trop jeune encore, dommage…

Onze ans, un soir, un truc vient dans mon lit, me caresse partout, m’embrasse, c’était Nathalie, trois ou quatre ans de plus, à cet âge, ça compte. J’étais paralysé. Je me souviendrais toute ma vie de ce moment assez drôle. Le lendemain matin, au petit déjeuner, elle me dit : «Toi, la ferme.» Je me serais mis dans un trou de souris. Quelque temps plus tard, c’est sa sœur Sandrine, mon âge, elle aussi m’embrasse, un peu malgré moi, jolis seins. Je n’étais pas amoureux non plus, c’était mes deux amies d’enfance et je les appréciais. Mais les enfants sont cruels… Je me les farcissais chaque fois lors des vacances avec ma mère. C’est lors d’une aventure nocturne que Sandrine me fait un suçon pour prouver une pseudo-relation. Comme à l’habitude, je nie, en me trimballant le suçon des jours durant. J’ai déjà une petite idée de la souffrance… Des bons souvenirs ! Nathalie et Sandrine ont toujours mon amitié. Sandrine a aujourd’hui bien réussi, elle roule en Bentley. On dirait Bernard Tapie en jupons, mon amie !

Je me souviens des interminables parties de tennis de table, mais sur l’énorme table de la salle à manger de notre maison, pas très réglementaire.