Dans la peau d'un autre - Tome 1 - Babethe Atineaulle - E-Book

Dans la peau d'un autre - Tome 1 E-Book

Babethe Atineaulle

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Beschreibung

Est-ce vraiment ce qu’il fallait faire ?

Après des années de règne, Alexis laisse peu à peu les barrières qui l'entourent se briser. Sa rencontre avec Alessio le tourmente. Difficile d’être soi-même lorsqu’on est à la tête de la mafia. Alexis vit caché depuis toujours car personne ne sait qui il est réellement. Il ne peut pas être uniquement ce chef sanguinaire et il ne veut pas être un homme parmi tant d'autres. Il est bien plus complexe que cela et Alessio va lui montrer la voie à suivre. Pour cela, il doit se battre contre ses propres démons.


À PROPOS DE L'AUTRICE

Babethe Atineaulle

Passion aurait pu être son deuxième prénom.

Vivre les choses avec passion, c’est de cette façon que vit Babethe. Une jeune femme de 42 ans, née un jour de juin en Normandie.

Cette femme est une maman qui vit et élève seule ses 6 enfants. Divorcée et donc libre de vivre tout à fond.

La passion pour l’écriture la pousse un jour, à taper un manuscrit. Une idée trottant par-ci par- là et hop, les mots finissent par apparaitre sur l’écran comme par magie. Loin d’être du Shakespeare mais l’envie de raconter étant tout aussi forte.

En dehors de l’écriture, Babethe aime les activités manuelles, telle que le scrapbooking, le cartonnage et même le Paper Craft.

La lecture reste le rituel du soir, ne pas s’endormir sans avoir lu un roman est un code d’honneur pour une bonne nuit.

Babethe est une femme aimante, qui est toujours présente pour son entourage, amis et famille.

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Dans la peau d’un autre

Tome 1

Babethe Atineaulle

Romance

Illustration graphique : Graph’L

Image : Adobe Stock

Éditions Art en Mots

Prologue

Peu de gens rencontrent en personne le chef de la mafia Russe. La famille Merzkiy règne depuis plusieurs générations sur l’organisation criminelle de Russie. Depuis 2016, c’est Alexis, fils du défunt Vladi Merzkiy décédé cette même année, qui en est à la tête. Peu d’individus connaissent réellement le visage de cet Alexis, même parmi ses hommes de main. Seul son bras droit à ce privilège. Si par malchance vous croisez son regard, c’est la mort assurée.

Mais tout le monde sait qui il est par sa réputation. Alexis l’impitoyable est la réincarnation du diable, le mal dans toute sa splendeur. Il est connu aux quatre coins du monde pour sa cruauté. Un seul a pu être épargné de la main d’Alexis. Un certain Alessio.

L’un connaît le nom de son sauveur, et l’autre connaît le visage de l’âme secourue. N’était-ce pas là la plus grande erreur d’Alexis, que d’avoir fait preuve, une seule fois, de gratitude ?

Rien ne les prédestine à se revoir un jour. Alexis doit oublier et continuer d’être ce qu’il est. Le diable. Pourtant, tout pourrait changer pour lui s’il venait à écouter sa petite voix intérieure. Et si cet italien était la solution ? Non ! Personne ne doit connaître son secret ! Et Alexis est un homme, un vrai, froid et austère comme son père. L’enfer est doux comparé à cet homme.

Peut-on se racheter une âme en passant un marché avec le seigneur des abysses ?

1.Russie

30 juillet 2011.

Nuit noire. Ciel dégagé et calme. Adrénaline dans les veines. Un contrat est un contrat. Un homme doit mourir ce soir et je vais honorer cet accord pour lequel j’ai été engagé. Je suis sur un toit, face à l’entrepôt où a lieu le rendez-vous avec ma cible. Les lampadaires éclairent faiblement la ruelle. Personne ne peut me voir, comme toujours.

Cela fait maintenant plusieurs heures que je patiente sans que rien ne se passe. Tout est calme et personne ne se met à portée de tir. Je commence à perdre patience jusqu’à ce que ça bouge. Des coups de feu commencent à se faire entendre. Des hommes se précipitent vers la sortie et j’assiste à la scène, un peu déçu. J’aurais tant aimé le faire moi-même. Ils ne savourent même pas ce qu’ils font. C’est du travail de débutant.

Les hommes s’entretuent et moi je me délecte un tant soit peu du spectacle. Une voiture me barre le champ de vision sur la droite, mais cela ne m’empêche pas d’être prêt. Impossible de ne pas être concentré. Pourtant quelque chose me perturbe dans cette scène. Les tirs ne sont pas cohérents. Les tireurs ne savent pas ce qu’ils font, ni qui ils visent. Les corps tombent les uns après les autres. Je me décale légèrement pour avoir un meilleur accès à l’entrée du hangar.

Il y a du mouvement sur ma gauche. Un homme sort d’une des voitures. Il avance doucement pour voir ce qui se passe. Je le vois tomber, blessé par une balle perdue. Les survivants de l’échange sanglant sortent du hangar et je tire en même temps que le premier. Je m’occupe des suivants. Plus personne ne bouge, sauf ce débile qui aurait pu prendre la fuite. Mon contrat est fini, le hangar est sans vie. Mais la ruelle garde en son sein, une dernière âme. Je devrais également partir. J’aurais dû partir. Je devrais le laisser là et le finir d’une balle dans la tête.

Je vais le laisser mourir et ne pas me retourner. Je peux le faire et je dois le faire. Ne le regarde pas dans les yeux. Pourquoi il faut que j’analyse tous ses traits ? Pourquoi est-ce que je me sens obligé de l’étudier ? Et voilà, mes jambes ne m’obéissent plus et je sens que je vais faire une connerie.

Je descends de ma planque par les escaliers de secours avec mon arme à la main. Je me dirige vers cette voiture sans vraiment savoir pourquoi je m’y rends. Je contourne l’arrière, je m’avance vers cet abruti qui se tient le bide. Je reste au maximum dans l’ombre et ne laisse que ma main et mon Makarov dans la lumière. Il me parle, mais je ne l’écoute pas. Ses yeux se tournent dans ma direction, et je reste bloqué un moment. Au lieu de tirer, je lui envoie ma carte de visite.

***

17 octobre 2020.

Je me réveille, en sueur, sur cette image, ma rose fanée sur ses yeux verts. Ce cauchemar me hantera toute ma vie. Une vie sauvée et des nuits de torture pour me rappeler qu’il ne faut jamais accorder de faveur.

Autour de moi tout est vaste. Le terrain, la maison, le domaine, la famille, et même cette pièce. J’étouffe depuis 31 ans. Tant d’années à tenir un rôle qui n’est pas le mien. Mon bureau, anciennement celui de mon père, est spacieux et pourtant sans vie. Tous les vestiges du passé sont exposés ici, tels des trophées. Il y en a partout. Des tableaux de mes ancêtres que je n’ai jamais connus et dont l’histoire ne m’a jamais intéressé. Des peintures de chasses alors que je déteste courir après le gibier. Des femmes, dont personne n’en connaît le nom. Le pire des portraits exposé à ma vue, c’est celui avec le visage de mon paternel. Ses traits marqués par la vie et sa cicatrice sous sa joue droite, apparue après ma naissance. Ses yeux d’hyène me scrutent tous les jours, son air austère affichant son mépris pour la race humaine ainsi que toutes les races d’ailleurs. Son mépris pour moi ! Ils sont comme les miens, de la même teinte, et sans âme, ses yeux bleus qui me punissent encore, malgré sa mort. Des animaux empaillés trônent fièrement sur le pan d’un mur, alors qu’ils ont été lâchement abattus par la main de l’homme. Si cet enfoiré n’était pas mort, je le tuerais bien. Encore.

Rofo dort. Le stupide chien de mon père, un vieux bâtard. Il est là, couché sur ce canapé blanc et puant le mort. Ce même canapé qui a reçu tant d’hommes véreux, tous avides de pouvoirs et de suprématies. Mais personne n’est au-dessus de moi, plus maintenant en tout cas. Je vais tous les tuer, un par un. Pour ma mère et pour mon frère. Mon père a déjà subi ma fureur, le poids de toutes ces années qu’il m’a volé. Il m’a enfermé dans un monde qui n’était pas le mien, et il a fini par en payer de sa vie. Ce soir, c’est leur tour !

Le scotch brun glisse doucement dans ma gorge, chaque gorgée est un supplice, mais je me devais d’ouvrir cette foutue bouteille. Achetée il y a de cela 10 ans, lorsque je me suis juré de les faire tous tomber. Mon frère, elle est pour toi cette bouteille, chaque gorgée est une prière pour ton pardon. Je n’ai pas su te protéger, mais aujourd’hui, tu pourras reposer en paix. Ton nom sera vengé. Cette bouteille que nous aurions dû boire pour ton dernier anniversaire est un supplice auquel je mettrais fin ce soir.

Mon costume me serre les pectoraux, il me comprime, tout comme cette haine qui vit en moi. Cette veste est trop petite pour mes biceps. J’ai dû grossir ou bien j’aurais dû redonner mes nouvelles mensurations à ce costumier. Mais il en sera autrement désormais. Je ne parle jamais, à personne, ou presque. Mes hommes ne connaissent pas le son de ma voix, ma véritable voix. Un hochement de tête, un claquement de doigts, mais quasiment aucun son ne sort de ma bouche. C’est une règle primordiale que je change à ma guise et selon les situations. Je ne prononce que des syllabes. Moins je parle, mieux c’est. Sinon, il y a Eijlun, mon bras droit. Il fait partie de ma vie depuis toujours. Aussi loin que je me souvienne, il a toujours été là. Il est mon porte-parole et lui seul connaît le son de cette voix que j’ai longtemps dû travailler. Rocailleuse pour le besoin. Mais mon père n’était jamais satisfait, alors j’ai fini par ne plus m’adresser à personne, sauf Eijlun. Et je camoufle les défauts avec un artifice.

Cette pièce m’étouffe de plus en plus. Ce bureau que mon père m’a légué, contre son gré, n’est que dégoût pour moi. C’est ici même, sur cette chaise, sur cette surface, qu’il a commandité bon nombre de contrat, de chasse à l’homme, de meurtres et d’associations. Le destin de ma mère a dû se jouer ici également. Ce père qui a fait de ma vie un enfer sur terre, et qui a fait de moi ce que je suis aujourd’hui. Le chef de la mafia Russe. Tous m’imaginent comme mon père, Vladi, indulgent avec la famille et impitoyable avec les ennemis. Mais je suis bien pire que lui. Je ne connais pas l’indulgence ni la compassion et je n’ai jamais fait preuve d’altruisme. Que ce soit famille ou business, le résultat est le même pour tous. La seule fois où j’ai commis un tel geste, je l’ai payé de la vie de mon frère. Aujourd’hui je ne réponds que par la haine, le mépris et le sang. On m’a élevé comme une bête et j’ai appris à aimer le devenir.

J’aime sentir l’odeur singulière du sang. Tenir une arme et laisser le froid de l’armature me faire crisper les doigts sur la gâchette. Entendre le bruit de la balle se loger dans la chambrée et faire tressaillir mes adversaires. Le bruit de la détonation est un délice pour mes oreilles. Le poids du barillet qui baisse au fur et à mesure où j’abats ces hommes face à moi. La décharge d’adrénaline est si jouissive.

Ôter la vie n’est pas un acte anodin, enfin ce serait le cas si je n’avais pas vendu mon âme au diable en venant au monde. Être dépourvu de sentiments, d’âme, me permet de rendre les choses plus faciles. Je n’ai flanché qu’une seule fois en 31 ans. Avec cet homme, lors d’une réunion avec les associés de mon père. Ils venaient d’Italie, et tout est parti en vrille, lorsqu’un autre concurrent américain les a doublés. Je lui ai laissé la vie sauve, je ne sais pas pourquoi. J’étais dans l’ombre, il ne me voyait pas, il n’aurait même pas su qui avait tiré. Mais je n’ai rien fait de tout ça, j’ai abattu les ricains et je lui ai laissé ma carte de visite. Une rose fanée, pour qu’il sache qui l’avait laissé sauf. Il y a déjà 10 ans de cela. J’étais jeune et à 21 ans, mes ambitions étaient différentes de celles que j’ai aujourd’hui. Mais je l’ai sauvé et cette même nuit, mon frère mourrait, seul, à l’autre bout de la ville.

J’ai 31 ans, je n’ai jamais eu de rapports, avec personne, je n’ai personne à qui donner une progéniture et le nom de ma famille s’éteindra avec moi. La lignée de la famille Merzkiy ne pourra être perpétuée, je m’en assurerais. Alors je ne prends aucun risque et je ne touche aucun corps.

Il faut vite qu’Eijlun arrive. Il sert de chauffeur pour nos invités de marque de ce soir. Je vais enfin pouvoir quitter cette maudite demeure. Je ne cesse de tourner en rond et je ne peux même pas déboutonner ma chemise, ni même ouvrir ma veste de costume, faite sur mesure. Les lampadaires du jardin éclairent l’allée et l’entrée. Tout le domaine est surveillé par toute une armée d’hommes équipés et entraînés à toute éventualité. Bien que ce soient les hommes de main de mon père, tous me sont fidèles. Ce n’était pas le cas autrefois, mais j’ai éliminé tous ceux qui lui vouaient une fidélité sans faille, même après son décès. Je ne veux rien garder de lui. Ce soir, c’est leur dernier soir. Je ne garderais qu’Eijlun, s’il le veut.

Je suis riche, je suis entreprenant, je suis un dirigeant, je suis un meneur, je suis sans âme, et bientôt, je serais libre. Encore un peu de patience. Bientôt mon surnom de fantôme prendra tout son sens. Je vais enfin prendre ma place dans la société. Celle dont j’ai été privée depuis ma naissance. Mais avant ça, ils vont tous périr. Les Russes vont être débarrassés de la vermine qui néglige notre pays. J’ai toute mon artillerie sur moi. Costume, chapeau, lunettes, cheveux soigneusement attachés. Et le plus important, la continuité de ma main, mon Makarov est avec moi.

Enfin la porte s’ouvre et mon fidèle bras droit entre. Le visage, tout sourire, signe que tout se passe comme nous l’avions prévu. Je ne suis pas tendu, enfin pas tout à fait.

 Patron, ils sont tous les quatre installés dans la grande salle, comme tu l’as demandé, me déclare Eijlun tout souriant et en faisant une petite révérence.

 Éteins toutes les lumières du fond ! je lui demande, mais je sais qu’il le fait toujours.

 C’est déjà fait ! Personne ne doit te voir, je sais ! il me répond avec un haussement d’épaules.

 Bien ! Alors, allons tirer notre révérence à la famille, comme il se doit !

Je le regarde et il m’ouvre le passage en plaçant ses bras devant lui. Je rabats mon chapeau sur mon visage, replace mes lunettes correctement, passe les mains sur les plis de ma veste et je bombe le torse du mieux que je peux. Je vais vraiment faire une attaque avant la fin de mon plan à force d’avoir le souffle coupé. Je longe le couloir, sans même faire attention aux épées ornant les murs, tout en faisant abstraction aux statues qui n’ont pas leurs places ici. J’aurais dû les détruire en même temps que ce bon vieux paternel. Dans 10 minutes, j’en aurais fini avec toutes ces merdes.

J’entre dans la bibliothèque, pièce que j’ai longuement utilisée, elle m’a permis de m’instruire et de comprendre le monde extérieur, sans la vision de la mafia, de la pègre ou bien des clans. Je n’aspire pas à une vie avec le monde extérieur, je n’y ai pas ma place, c’est certain. Mais pourquoi ne pas tenter de prendre ma retraite anticipée ? La bibliothèque communique avec la grande salle, là où m’attend ma famille. Pas celle de la Bratva, non, ma vraie Sem’ya.

Autrefois cette pièce servait à organiser des dîners mondains pour la pègre locale. Mais il y a bien longtemps qu’elle n’a plus cette fonction. La porte s’ouvre sur des visages familiers et quelques sourires s’affichent, fiers de ce qu’ils sont. Mais lorsque je m’installe sur mon siège, toutes les bouches sont scellées. Tous regardent dans ma direction, mais personne ne peut me voir entièrement. Même moi j’ai du mal à distinguer mes mains. Ils sont confiants, les idiots. Hochement de tête pour simple salutation, ce qui est amplement suffisant pour ce genre de merdes qui polluent l’oxygène de l’humanité tout entière. Ils sont là, dans leurs costumes bas de gamme, avec leurs dents en plaqué or et leurs airs de grands méchants loups. Mais ils vont vite déchanter. Je les étudie, juste le temps de faire monter la pression et puis, un claquement de doigts et les portes de la salle se verrouillent de l’extérieur. Cette pièce sera leur dernière demeure.

Ils protestent, râlent, mais ils savent qu’ils sont perdus. Ils ne sont pas armés, ce qui est une règle d’or lorsque quiconque a franchi les portes de mon domaine. Ces quatre hommes haussent la voix, tapent du poing sur la table et crachent leurs venins. Je les laisse se déchaîner un moment, mais le temps presse. Un signe de main et Eijlun se lance dans un monologue dont lui seul en a le secret.

 Messieurs. Messieurs ! Un peu de tenue. Vous savez pourquoi vous êtes ici, n’est-ce pas ? Bien sûr, je sais qu’en arrivant vous n’aviez pas pensé une seconde, être enfermés dans une pièce et je suppose que vous le regrettez maintenant. Pourtant, vous êtes bien placés pour savoir qu’il ne faut pas faire confiance à la famille. Surtout une comme celle-ci !

Il est fort pour prendre la parole. Il marche doucement d’un côté à l’autre de la grande tablée. Sa voix est posée et calme, malgré la situation. Tout pourrait dégénérer très vite, mais lui reste stoïque. Il n’est pas mon bras droit pour rien. Il prend son temps pour bien faire les choses, dans les règles de l’art. En l’occurrence, les faire pâlir. Mais le temps nous est compté. Un nouveau claquement de doigts et il enclenche la mise à mort.

 Ce petit boîtier, que je tiens en main, est un mécanisme pour une remise à neuf du domaine. Je viens de l’activer. Messieurs, Alexis m’a chargé de vous faire venir ici et de laisser votre destin entre les mains de son défunt père.

Le gros Youri Poliov se lève en rejetant sa chaise violemment. Mon oncle, du côté de mon père, est sans conteste une grande gueule. Il est pire que ce vieux Rofo. Il bave, gueule de loin sans jamais mordre. Mais ce soir, il n’est qu’un mouton égaré sans son berger pour le guider. Il se prend pour un dur, dans son costume gris, son air aigri, et sa voix aigrie, sa gueule aigrie. Mais je sais que ce n’est qu’un amas de graisse, qui laisse les autres régler tout pour lui. Il attendait que mon père se décide enfin à me tuer pour prendre sa place. Mais je lui ai prouvé que j’étais au-dessus de son arrogance, encore au-dessus de son insuffisance.

 Il est mort ! C’est donc ça pour vous une trêve ? postillonne Youri.

Mais sans un mot de ma part, il se rassoit. Mon fidèle Makarov PM résonne dans la pièce lorsqu’il entre en contact avec la table. Table en bois, qui prend une bonne partie de l’espace. La salle est entièrement vide, elle ne se verra qu’une dernière fois utilisée, comme prison de feu pour ces bâtards.

 La réponse semble évidente. Si vos deux familles disparaissent, alors il y aura bien une trêve, lui rétorque Eijlun en penchant sa tête sur le côté comme pour montrer que c’est une évidence.

Il sourit le con, il est tellement fier que mon plan fonctionne sans la moindre faille qu’il sourit devant ses abrutis finis. Ou bien c’est juste son sourire habituel, tellement il est barré.

 À l’heure actuelle, le domaine est vide, abandonné par la famille Merzkiy comme indiqué aux autres clans dans la semaine. Personne ne sait où est passé Alexis. Il devait se terrer dans sa demeure et abandonner le règne. Enfin, c’est ce qu’il se dira pendant un petit moment. Il ne reste donc que nous ici. Je peux tout de même vous dire que ce fut un plaisir pour moi de vous défaire de vos biens, de vos alliés et de vos vies, explique Eijlun.

 Alexis ! Comment peux-tu regarder sans rien dire ? demande Boris qui jusque-là était le plus calme.

Boris Vlinsky, mon oncle du côté de ma mère. Bizarrement, il a fait fortune à la suite du décès de cette dernière et il a hérité de tous ses biens. Il a laissé ce fumier de Vladi, mon père, tuer ma mère sans sourciller. Alors, je saisis mon arme, le pointe sur lui et dans un élan de bonté je prononce un mot, un seul et le coup part. Ma main ne tremble pas, je reste tapi dans cette noirceur et je savoure la peur se lire sur tous ces visages familiers.

 Vanina.

Le nom de ma mère est sorti comme un murmure, à peine articulé, comme un souffle discret lors d’une tempête. Pour elle, il a fini par payer. Suit son fils, qui est aussi son bras droit. Mon cher cousin Alexander, n’a pas le temps de réagir et sans une once de clémence, je tire. Je ne suis fait que de haine en cet instant. C’est au tour de Youri. Nous avons dépassé l’heure requise. Les premières explosions résonnent dans l’aile ouest où nous sommes. Plus une minute à perdre. Je vise mon oncle et tire en prononçant de nouveau un seul mot.

 Vladimir.

Eijlun s’occupe de mon cousin Nicolas, de son vrai nom, Nikita. Celui-ci trouvait que ça ne faisait pas assez viril. Il sera parti en entendant le nom de mon frère, qui lui était viril en toute circonstance. Vladimir a été abattu lâchement par notre cousin, lors d’une soirée. J’étais à l’autre bout de la ville, en train de régler une transaction avec les Italiens et les Américains. Nicolas voulait doubler tout le monde, et mon frère voulait le faire changer d’avis. Je lui avais pourtant dit de me laisser gérer ça, mais il voulait que notre père le voie comme un homme. Les explosions sont de plus en plus fortes.