Dans le coeur de Jésus - Jean-Luc Moens - E-Book

Dans le coeur de Jésus E-Book

Jean-Luc Moens

0,0

Beschreibung

Marguerite-Marie Alacoque : une femme étonnante, passionnée, déterminée !

Cette biographie de référence nous fait découvrir qui était véritablement la sainte de Paray-le-Monial, à qui Jésus a dévoilé les secrets de son Coeur.
Comment une visitandine mystique du xviie siècle peut-elle nous parler encore aujourd’hui ? Conscient de la distance qui nous sépare, l’auteur lève un à un les obstacles pour nous offrir une rencontre en profondeur avec sainte Marguerite-Marie.

À travers ses écrits, dont il donne toutes les clés de lecture, il nous montre l’évolution de cette femme qui, de conversion en conversion, est devenue une véritable maîtresse de vie spirituelle. À son école, nous découvrons l’art de la prière, du combat spirituel de l’humilité, de la mission... jusqu’à entrer nous aussi dans les mystères d’amour du Coeur de Jésus.

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 301

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



Benoit Guédas

Dans le Cœur de Jésus

Sainte Marguerite-Marie, maîtresse de vie spirituelle

Conception couverture : © Christophe Roger

Photo couverture : © Sanctuaires de Paray-le-Monial

Composition : Soft Office (38)

© Éditions Emmanuel, 2022

89, bd Auguste-Blanqui – 75013 Paris

www.editions-emmanuel.com

ISBN : 978-2-38433-034-8

Dépôt légal : 3e trimestre 2022

« Je trouve dans le Sacré Cœur de mon Jésus

tout ce qui manque par mon indigence,

parce qu’il est rempli de miséricorde.

Je n’ai point trouvé de remède plus efficace dans toutes mes afflictions

que le Sacré Cœur de mon adorable Jésus.

C’est là que je dors sans soin et que je repose sans inquiétude.

Et il n’y a rien de rude ni de fâcheux

qui ne soit adouci par l’aimable Cœur de Jésus.

Les malades et les pécheurs y trouvent un asile assuré

et y demeurent en assurance.

Ce divin et amoureux Cœur est toute mon espérance ;

il est mon refuge.

Son mérite est mon salut, ma vie et ma résurrection.

Tandis que sa miséricorde ne manquera point,

je suis bien pourvue de mérites

car plus il est puissant pour me sauver,

plus je suis en assurance1. »

Sainte Marguerite-Marie

1. Vie et œuvres de sainte Marguerite-Marie, tome 2, Paris, Monastère de la Visitation, 1920, p. 790.

À tous les amis du Sacré Cœur qui veulent l’aimer jusqu’au bout.

Préface

« Dieu est le Dieu de la joie », écrivait saint François de Sales. Et pourtant, depuis le péché originel, un cri de son Cœur traverse toute la Bible. Cri de souffrance. Depuis le « Adam, où es-tu ? » du livre de la Genèse (Gn 3, 9), jusqu’au « j’ai contre toi que ta ferveur première, tu l’as abandonnée » du livre de l’Apocalypse (Ap 2, 4).

Car Dieu ne supporte pas d’être séparé de l’homme, et il le dit. Il le dit par ses prophètes, il le dit en son Fils Jésus qui, par sa mort sur la croix, par son Cœur transpercé, assume cette séparation pour en être vainqueur par la résurrection. L’Amour créateur est devenu amour rédempteur, amour miséricordieux. « Qui pourra nous séparer de l’Amour du Christ ? » demande saint Paul. Rien ni personne, poursuit-il. La joie de la création est devenue joie de la rédemption.

Pourtant… si rien ne peut nous séparer de cet Amour, Jésus dit sa souffrance de n’être pas aimé. Face à l’immense Amour, nous sommes si souvent aveugles, sourds, négligents, insensibles… La séparation s’est transformée en indifférence, ingratitude, oubli, mépris parfois.

Au XVIIe siècle, le Seigneur choisit une jeune fille du charollais, devenue religieuse au monastère de la Visitation de Paray-le-Monial, pour lui dire sa souffrance. Pourquoi une visitandine ? Peut-être parce que saint François de Sales, le fondateur de l’Ordre de la Visitation avec sainte Jeanne de Chantal, voulait que ses « filles » soient filles du Cœur de Jésus, qu’elles imitent les deux vertus de ce Cœur : la douceur et l’humilité. Il les invitait à entrer dans les sentiments du Cœur du Sauveur, pout l’honorer, pour faire rayonner cet Amour surabondant par leur vie offerte, dans la simplicité du quotidien et dans la prière.

Jésus, qui se manifesta à sainte Marguerite-Marie dès son enfance, va peu à peu lui faire comprendre la souffrance de son Cœur, en lui demandant de suppléer pour ceux qui ne l’aiment pas. Pour cela, il lui fait d’abord goûter la surabondance joyeuse de son Amour, la fait reposer sur son Cœur, et se manifeste à elle avec un Cœur rayonnant. Comment être indifférent face à un tel débordement ? Touchée au cœur, sœur Marguerite-Marie va multiplier les actes, parfois excessifs, pour essayer de lui « rendre amour pour amour ». Mais Jésus lui rappelle sans cesse que c’est dans son humble quotidien de religieuse qu’il l’attend. Car la meilleure façon de réparer – et là, nous sommes tous concernés –, c’est de tout vivre avec lui. Tout, vraiment tout : les événements apparemment insignifiants comme les plus nobles, les plus heureux comme les plus douloureux, en engageant notre liberté à le laisser être Sauveur.

Ce livre a le mérite de nous présenter avec modernité, et avec quelques parallèles scripturaires, l’ensemble de la vie et des écrits de sainte Marguerite-Marie. Les citations sont très nombreuses et variées ; çà et là, un trait d’humour sympathique nous rappelle que « Dieu est le Dieu de la joie », et nous aide à entrer dans ce dialogue intime entre Jésus et « la disciple bien-aimée de [son] Cœur ». Intimité qui ira jusqu’à l’échange des cœurs.

Et nous comprenons que si la vie de sainte Marguerite-Marie a été féconde, si elle a pu consoler le Seigneur en lui permettant, par son accueil, de continuer à sauver le monde, c’est parce qu’elle a laissé peu à peu l’Amour du Cœur de Jésus envahir son propre cœur, et a choisi aussi d’y demeurer. Heureux titre que celui de ce livre… ! C’est tout simplement notre vocation de baptisés, appelés ainsi à participer mystérieusement à l’œuvre de la Rédemption. Le Seigneur l’a voulu ainsi. C’est la joie de son Cœur, et c’est aussi la nôtre.

Une sœur de la Visitation de Paray-le-Monial

Remerciements

Aux sœurs de la Visitation de Paray-le-Monial et d’ailleurs.

À Barbara Capou, Claire Pradines et Hélène Mongin pour leur aide précieuse.

Avertissement

Pour faciliter la lecture, nous avons fait le choix de ne pas indiquer en note toutes les références des textes de sainte Marguerite-Marie. Sauf mention contraire, toutes les citations et les prières sont extraites des écrits de la sainte, publiés dans Vie et œuvres de sainte Marguerite-Marie, tome 1 et 2, Éditions Saint-Paul, 1991 : on y trouve l’Autobiographie, les Écrits sur ordre de la mère de Saumaise, Fragments, Sentiments de ses retraites, Avis et Lettres.

Introduction

Perle

Sainte Marguerite-Marie est une femme étonnante, femme passionnée, femme déterminée, chrétienne, consacrée, disciple, apôtre, sainte. Encore aujourd’hui, elle semble vouloir rester cachée pour laisser toute la gloire au Cœur de Jésus. Pourtant, sa vie est comme un écrin qui vient faire resplendir la merveille de l’amour de Dieu pour chaque homme.

Une perle rare

Étymologiquement, Marguerite signifie « perle ». C’est vrai ! Marguerite est une perle, une perle rare de surcroît. Une parabole de Jésus nous éclaire sur sa beauté toute singulière : « Le royaume des cieux est semblable à un marchand qui cherche de belles perles. Il a trouvé une perle de grand prix et il est allé vendre tout ce qu’il avait, et l’a achetée » (Mt 13, 45-46).

Peut-on s’autoriser à comparer Dieu à une huître ? Dieu pardonne cette image au Breton que je suis. La perle qui habite le cœur d’une huître n’est rien de majestueux au départ : lorsque l’huître absorbe à l’intérieur de sa coquille un détritus, petit à petit, le mollusque le transforme pour qu’il devienne cette nacre précieuse. Ainsi en est-il du créateur et de Marguerite-Marie.

Marguerite revendique sa pauvreté, son indignité ; elle connaît son péché. Elle ne nie jamais ses faiblesses. Elle se sait « cendre et poussière, misérable créature, âme criminelle, indigne de s’approcher de Jésus et bien plus de le toucher… » La jeune femme ne se considère pas à la hauteur des attentions de son Seigneur. Jésus lui-même s’étonne de ses résistances. Pourquoi donc lui demande-t-elle de ne pas s’approcher d’elle ? « Apprends que plus tu te retires dans ton néant, plus ma grandeur s’abaisse pour te trouver », lui dit-il. Dieu, tel ce coquillage, sait faire éclater la beauté d’une simple créature. Marguerite-Marie est une perle choisie, désirée, aimée par Dieu de toute éternité.

Prenons une image plus spirituelle. Marguerite-Marie ressemble à cette femme du livre d’Ézéchiel, allégorie du peuple d’Israël, qui reçoit les attentions du Seigneur : « Je te lavai dans l’eau, je fis disparaître le sang qui était sur toi, et je t’oignis avec de l’huile. Je te donnai des vêtements brodés, et une chaussure de peaux teintes en bleu ; je te ceignis de fin lin, et je te couvris de soie. […] Ainsi tu fus parée d’or et d’argent, et tu fus vêtue de fin lin, de soie et d’étoffes brodées… Tu étais d’une beauté accomplie, digne de la royauté. Et ta renommée se répandit parmi les nations, à cause de ta beauté ; car elle était parfaite, grâce à l’éclat dont je t’avais ornée, dit le Seigneur » (Ez 16, 9.10-13.14).

Représentez-vous Jésus. De toute éternité, il aime cette jeune femme. Pour elle, il décide de créer le monde. Il lui façonne un corps. Pour elle encore, il prend la condition d’homme. Jésus vend tout pour cette perle du pays charollais. Il contemple cette jeune fille qui s’offre à lui sans réserve dans le secret d’une chapelle, à 5 ans. Il choisit cette perle rare, il l’achète à grand prix. Il lui donne sa vie. Et cette perle devient le symbole de l’amour.

Imaginez le jour de la Cène. À quelques heures de sa Passion, Jésus est plongé dans un recueillement intense. Entouré de ses disciples, de Pierre et de Judas, il parcourt intérieurement les siècles à venir. Autour de la table eucharistique, il contemple tous les hommes. Il voit les fervents mais aussi les indifférents. Il voit les ingratitudes des siens autour de l’autel. Il se voit, au long des siècles, bafoué, insulté, blasphémé. Mais Jésus ne s’y arrête pas. Il cherche une perle rare.

Il parcourt l’histoire et poursuit sa quête, regardant ceux qui l’honorent. Dans une école du couvent des clarisses de Charolles, Jésus voit alors une jeune interne de 8 ans qui désire ardemment communier. Quelques années plus tard, il la contemple religieuse de la Visitation de Paray-le-Monial. Son désir ardent de le recevoir perdure. Cachée dans la cellule ou dans les stalles de son monastère, en train de passer le balai ou de travailler dans les jardins avec ses sœurs, elle laisse jaillir de son cœur sa prière. « Je suis un cierge ardent pour le Saint Sacrement, visite-moi souvent, ô mon unique Amant ! C’est ma plus grande envie d’y consommer ma vie comme un cierge allumé devant mon Bien-aimé… » Et ce désir de Marguerite-Marie rencontre celui de Jésus : « Ma fille, j’ai vu tes gémissements, et les désirs de ton cœur me sont si agréables, que si je n’avais pas institué mon divin Sacrement d’amour, je l’instituerais pour l’amour de toi, pour avoir le plaisir de loger dans ton âme, et prendre mon repos d’amour dans ton cœur ! »

Alors, revenant au Cénacle, Jésus prend le pain, le rompt et le donne à ses disciples en disant : « Prenez et mangez-en tous, ceci est mon corps, livré pour vous… Faites cela en mémoire de moi. » Pour sa bien-aimée et pour le salut de tous les hommes, Jésus va jusqu’à la Passion, acceptant les outrages et les crachats, les mensonges, les calomnies. Il donne sa vie. Moqué, crucifié, outragé, il remet l’esprit. « Regarde comme les pécheurs me traitent », mendie Jésus à Marguerite-Marie. « Laisse-moi reposer dans ton cœur pour soulager la violence que j’ai voulu souffrir par mon amour. » Marguerite-Marie est cette perle précieuse qui console le Cœur de Jésus, ce Cœur qui a tant aimé le monde.

La disciple bien-aimée

Bien souvent, Marguerite-Marie est connue pour avoir eu le privilège rare de recevoir des apparitions de Jésus. La dévotion du Cœur de Jésus prend un essor avec les révélations que cette jeune religieuse de la Visitation reçoit : « Mon Cœur est passionné d’amour pour les hommes et pour toi en particulier » ; « Je ne peux plus contenir les flammes de mon ardente charité… Je veux les répandre » ; « Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes… » Toutes ces paroles de Jésus seront à l’origine d’un déploiement extraordinaire du culte du Sacré Cœur. Derrière cette dévotion, c’est un renouveau de la spiritualité de l’amour de Dieu qui va percer les murailles du jansénisme et ouvrir la brèche à un zèle ecclésial missionnaire et contemplatif. De nombreuses congrégations se mettront sous le patronage du Sacré Cœur de Jésus pour l’honorer. Certains le feront dans le secret des monastères par l’offrande de leur vie et l’amour réparateur. D’autres choisiront la ferveur missionnaire pour faire rayonner l’amour de Jésus dans des œuvres apostoliques. Tous entreront à leur tour dans le mouvement de notre religieuse donnant totalement sa vie à Jésus : « Point de cœur à demi à ce parfait ami, je suis toute à mon Roi et il est tout à moi. »

Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face, qui accueille aujourd’hui avec Marguerite-Marie les pèlerins à l’entrée de la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, en sera un des signes rayonnants, joignant à la fois vie contemplative, réparatrice et missionnaire.

La place de notre religieuse charollaise dans ce dessein bienveillant de Jésus est stratégique. Jésus veut en effet qu’elle lui serve « d’instrument pour attirer des cœurs » à son amour. Après les expériences et grâces mystiques des saintes Gertrude et Mechtilde, qui ont, dès le XIIIe siècle, entendu et médité sur les battements du Cœur de Jésus, Jésus désigne Marguerite-Marie comme « héritière » de son Cœur et lui confie cette mission si décisive pour nous aujourd’hui : « Je veux répandre les flammes de ma divine charité par ton moyen. »

Marguerite-Marie, cachée dans la clôture de son monastère, ne voulait être connue de personne sinon de Jésus, son bien-aimé et son époux. Elle va pourtant, après de longues résistances, consentir humblement et simplement à l’appel de Jésus, et faire connaître les révélations de son Cœur dans une correspondance zélée et une autobiographie qu’on l’oblige à rédiger. La perle est, malgré elle, présentée à la contemplation du monde et, en 1920, le pape Benoît XV la canonise. Elle est proclamée sainte et honorée comme la disciple bien-aimée de son Sacré Cœur.

Nous ne sommes pas sans nous souvenir de « ce disciple que Jésus aimait » qui se tenait durant le dernier repas « tout contre Jésus » (Jn 13, 23). Il est le premier à écouter les battements du Cœur de Jésus à l’heure où le maître annonce la trahison d’un de ses disciples. C’est lui qui, avec Marie et les femmes, se tient au pied de la croix et contemple le côté transpercé (voir Jn 19, 25-26). Jésus désigne Jean à la fin de l’Évangile comme l’homme qui « demeure » (Jn 21, 22). Tout l’évangile johannique nous fait méditer sur ce verbe. « Demeurez-en moi comme je demeure en vous. […] car hors de moi vous ne pouvez rien faire », exhorte Jésus. « Celui qui demeure en moi portera beaucoup de fruits » (Jn 15, 4.5). Dès le début de l’Évangile, les disciples interrogent Jésus : « Maître, où demeures-tu ? » Le suivant, ils demeurent avec lui (Jn 1, 38-39). Jésus nous enseigne que celui qui observe ses commandements ou garde sa parole, celui qui mange sa chair et boit son sang, celui-là demeure en lui. Voilà bien ce que Marguerite-Marie vient chercher au monastère : « Hors du Cœur de Jésus, rien ne me charme plus. Dans ce divin séjour, l’on ne vit que d’amour. J’y ferai ma demeure, que je vive ou je meure, je serai pour toujours sa victime d’amour. »

Dans la vision de l’apocalypse, le Fils de l’homme demande à saint Jean d’écrire ce qu’il a contemplé (Ap 1, 19). L’auteur du quatrième évangile, des lettres et de l’apocalypse témoigne à ses lecteurs : « Dieu est amour » (1 Jn 4, 8), « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son fils unique, non pour que le monde soit jugé mais sauvé » (Jn 3, 16-17)et il nous invite avec l’Esprit et toute l’Église à dire :« Maranatha ! Viens Seigneur Jésus ! » (1 Co 16, 22). Comme lui, mais après bien des résistances, Marguerite-Marie répond au même appel : écrire ce qu’elle a contemplé. Dans ses avis et ses correspondances, elle encourage ses sœurs à se donner au Cœur de Jésus, à l’aimer et à le suivre : « Je vous dis que la grâce que le Seigneur a commencé à vous faire vous élèvera à une haute perfection, pourvu que vous lui donniez le cours [le concours] par une fidèle correspondance de votre part. »

La visitandine sait se mettre en retrait pour laisser toute la lumière à son époux, source vive de l’amour. Et s’il lui arrive de parler d’elle-même, c’est bien souvent en se dévalorisant, pour mieux encore manifester la pédagogie divine et sa miséricorde. « Le puissant fit pour moi des grandes choses, saint est son nom » (Lc 1, 49), a chanté chaque soir cette fille de Marie.

Accepter son indignité et son péché est peut-être même pour Marguerite-Marie son atout et sa victoire. Jésus est son ami, à qui elle a « tout remis ». Il se glisse « sans rien dire, dans [son] cœur qui soupire ». Oui, « Son secours, c’est le Seigneur ! » Il est son espérance, « sa force et son chant… » car il est pour elle « le salut » (voir Is 2). Elle accepte que la source d’eau vive du salut ne vienne pas de ses efforts ou de ses sacrifices.

Mais cela ne l’empêche pas de se mettre à l’ouvrage ! Et si sa radicalité et ses sacrifices semblent passer la mesure, Jésus n’hésite pas à la canaliser : « Tu es bien folle d’agir ainsi. » Elle doit entrer non pas dans sa volonté à elle, mais dans celle de Jésus. Et elle y parvient.

Elle comprend que tout vient du côté transpercé de Jésus. C’est là que les Écritures s’accomplissent (Jn 19,36), là que l’apôtre Thomas entre dans la foi et un véritable zèle. « Mon Seigneur et mon Dieu » (Jn 20,28), professe-t-il, alors que Jésus l’invite à porter le doigt à son côté. C’est aussi là que Marguerite-Marie vient puiser chaque jour sa propre fécondité, comme ces arbres qui portent du fruit douze fois par an grâce aux eaux qui jaillissent du côté du Temple (Ez 47,12). Près du Cœur de Jésus, son zèle, ses charismes, ses talents sont renouvelés. « Je suis toute à mon Roi et il est tout à moi, écrit-elle. Son divin cœur qui m’aime m’attire dans lui-même. »

Marguerite-Marie partage avec saint Jean cette extraordinaire proximité avec le Verbe de vie qui les pousse tous deux à annoncer ce qu’ils ont « vu, touché, contemplé » afin quenous soyons« en communion » avec eux. Quant à leur communion, « elle est avec le Père et avec son fils ». Tout ceci nous est écrit « pour que notre joie soit complète » (1 Jn 1, 1.3-4).

Sainte Marguerite-Marie, comme saint Jean, peut sembler, il est vrai, inaccessible. Il n’empêche qu’il y a dans leur expérience quelque chose qui ne peut que nous attirer : cette rencontre, cette communion avec Jésus, ce zèle, ce feu. Il y a là une voie extrêmement précieuse pour intensifier notre propre vie spirituelle et vivre davantage cette communion avec Dieu.

À la différence de Jean qui rencontre Jésus alors qu’il est déjà un homme, Marguerite-Marie vit cette intimité avec lui dès sa plus tendre enfance. Elle témoigne ainsi aux enfants qu’ils peuvent s’approcher de Jésus et le laisser parler à leur cœur.

Sa jeunesse fut des plus austères. Marquée par le deuil, la maladie et les adversités, elle rejoint les plus blessés parmi nous. Marguerite-Marie a découvert que Jésus vient rejoindre tout homme et « ne veut qu’aucun de ses petits ne se perdent » (Mt 18, 14). « Il veut que tous les hommes soient sauvés » (1 Tm 2, 4) pour nous conduire à la joie véritable. Elle nous invite à entrer dans l’espérance.

Marguerite-Marie expérimente l’amour de Dieu pour elle. « Qu’as-tu à craindre entre les mains du Tout-Puissant ? s’enquiert Jésus. Pourrait-il bien te laisser périr en t’abandonnant à tes ennemis, après m’être rendu ton père, ton maître et ton gouverneur dès ta plus tendre jeunesse, en te donnant de continuelles preuves de l’amoureuse tendresse de mon divin Cœur ? » À travers Marguerite-Marie, Jésus invite tous les hommes à faire l’expérience de la tendresse amoureuse de Dieu pour eux.

Maîtresse de novices hier et aujourd’hui

Le pape Paul VI avait un grand désir de voir se construire « la civilisation de l’amour ». Celui qui a déployé l’aggiornamento, désiré par le pape saint Jean XXIII et le concile Vatican II, nous a rappelé que l’Église a plus besoin de témoins que de maîtres et que, si elle a des maîtres, c’est en tant qu’ils sont témoins. Quels témoins nous aident aujourd’hui à aimer « avec le Cœur du Christ » ? Quels témoins éveillent de nouveau le cœur de l’homme à la charité en actes et en vérité ?

Sainte Marguerite-Marie a participé en son temps à ce renouveau de l’amour de Dieu dans l’Église, renouveau qui s’est développé pendant plusieurs siècles. Non pas elle, mais le Sacré Cœur à travers elle. Son fiat a permis ce rayonnement d’une Église de la charité. Et à la suite de tous ceux qui se sont livrés comme disciples et apôtres du Sacré Cœur de Jésus, nous désirons nous aussi nous livrer à ce Cœur pour être ses témoins.

Mais qui nous enseignera le chemin ? Car pouvons-nous vraiment affirmer aimer Dieu de tout notre cœur, de toute notre âme, et de toute notre force ? Aimons-nous en effet notre prochain comme nous-mêmes ? Bien plus, l’aimons-nous comme Jésus nous aime ? Aimons-nous avec le Cœur du Christ ?

Saint François de Sales, le fondateur de l’ordre de la Visitation avec sainte Jeanne de Chantal, dit, dans le Traité de l’amour de Dieu, qu’il ne suffit pas à un religieux d’avoir fait sa profession pour ne plus être novice. Autrement dit, la liturgie de profession solennelle ne suffit pas à faire un profès. C’est l’observation de la règle qui réalise cela. Voilà pourquoi il semble que nous devons accepter d’être toute notre vie des novices.

Oui, nous ne sommes pas encore des chrétiens profès. Et si nous entendons les appels du Cœur de Jésus à Paray-le-Monial, bien souvent nous y résistons. Nous avons bien besoin de guides et de modèles, tels des grands frères dans la foi, pour nous entraîner à lui répondre. Alors, profitons de l’expérience de ceux qui nous ont précédés, de leurs échecs parfois, des joies profondes qu’ils ont pu expérimenter et de leur choix pour mieux affiner les nôtres et déployer ce qu’ils nous transmettent.

Dans les dernières années de sa vie, Marguerite-Marie fut choisie par ses sœurs comme « maîtresse des novices ». L’histoire raconte que certaines sœurs professes avaient demandé à pouvoir revenir au noviciat pour entendre ses enseignements.

C’est pourquoi je vous propose de prendre sainte Marguerite-Marie comme maîtresse des novices afin qu’à son école nous puissions apprendre à être nous aussi les disciples du Cœur de Jésus.

Nous en verrons assurément plusieurs bienfaits.

Tout d’abord, la disciple bien-aimée du Cœur de Jésus ne cherche pas son intérêt. Elle ne désire même pas être connue. Et lorsqu’elle doit parler d’elle-même, c’est pour manifester la puissance de Dieu qui se déploie dans sa faiblesse.

Elle transmet ce qu’elle a longuement médité, tout ce qu’elle a butiné auprès de ses propres maîtres, ceux qu’elle a suivis toute sa vie et qui demeurent des maîtres spirituels pour notre temps. Saint François de Sales, « avec un regard si paternellement amoureux », l’appelle « sa fille », et elle-même « ne le regarde plus que comme » son « bon Père ». Saint François d’Assise est « un des plus aimés favoris du Sacré Cœur ». Jésus le donneà Marguerite-Marie «comme conducteur». N’oublions pas la Vierge Marie ! La fille de Marie dit que « la très sainte Vierge a toujours pris un grand soin » d’elle ; qu’elle y avait son « recours en tous ses besoins »et que Marie l’a « retirée de très grands périls».

Bien plus, Marguerite-Marie nous conduit au plus près du Cœur de Jésus. Elle s’est laissée former, façonner par ce divin maître. « Le Seigneur se présenta à moi, écrit-elle, et me découvrit son Cœur amoureux : “Voici le maître que je te donne lequel t’apprendra tout ce que tu dois faire pour mon amour.” » Jésus et son Cœur brûlant, voilà bien le seul maître que nous cherchons, pour qu’il plonge notre propre cœur dans le sien et l’embrase. Qu’il laisse en nous « un gage de son amour » pour que de nos propres cœurs, attachés à la source, jaillissent enfin des fleuves d’eaux vives (Jn 7, 37) d’amour, de charité, de compassion. Marguerite-Marie, qui a vécu cette expérience, sait nous y introduire, sans détour.

« Se livrer soi-même ! »

Marguerite-Marie a l’humilité de mettre en lumière dans son autobiographie ses points de conversion pour montrer comment la gloire de Dieu se manifeste dans sa vie. Dans les situations qu’elle traverse, elle nous exhorte à mettre la parole de Dieu en pratique. En contemplant sa vie, nous découvrons des perles qui servent à tous.

Aux jeunes gens, elle apprend à suivre le Seigneur, à le choisir, à l’aimer, à le prier.

Ceux qui veulent, à l’exemple des premiers apôtres et disciples, le suivre « partout où il va » (Ap 14,4), elle les conduit à un don incarné d’eux-mêmes dans l’humilité, de conversions en conversions.

Pour ceux que rebutent les appels du Seigneur mais qui désirent au plus profond d’eux-mêmes lui donner la victoire, elle est assurément une consolation. Car si elle a souvent résisté aux appels de Dieu, elle l’a sans conteste laissé triompher de toutes parts.

Ceux qui ont soif de radicalité, elle les conduit vers le don total d’eux-mêmes dans les gestes simples du quotidien d’une religieuse : « Tu veux que quand on t’aime, on se livre soi-même, aux ardeurs de l’amour, pour brûler nuit et jour. »

Dans cet ouvrage, nous égrenons tout un collier de perles. Nous les disposons en trois grandes parties, reprenant les grands mystères de l’action de Dieu dans la vie de sainte Marguerite-Marie : son enfance, sa vie au monastère et sa vocation d’apôtre du Cœur de Jésus. Dans sa vie comme dans ses paroles, nous écoutons l’enseignement de notre maîtresse de novices.

Confions le fruit de cette lecture à la Vierge Marie. C’est elle qui prend soin de Marguerite-Marie, dès le début de sa vie. C’est elle qui déjà avait pris le disciple bien-aimé comme son propre fils. Elle a façonné dans son sein le cœur du Fils de Dieu. Elle sait nous façonner un cœur semblable à celui de Jésus, prêt à l’écouter, à l’aimer, à le suivre. Déjà, avec Marguerite-Marie, disons-Lui notre amour :

Je vous adore et vous aime, ô divin Cœur de Jésus vivant dans le cœur de Marie, je vous conjure de vivre et de régner dans tous les cœurs, et de les consommer dans votre pur amour !

Première partie

Fille aimée du Cœur de Jésus

« La vie s’est manifestée ! »

(1 Jn 1, 2)

« Laissez les petites enfants venir à moi

car le royaume des cieux est à ceux qui leur ressemblent ! »

(Mt 19, 14)

« Ne laisse personne négliger ton jeune âge ! »

(1 Tm 4, 12)

Du jour de sa naissance, le 22 juillet 1647, au jour de son entrée au monastère, le samedi 21 juin 1671, Marguerite-Marie passe plus de la moitié de sa vie dans un petit village du Charollais : Verosvres. Elle y vit ses élans, ses désirs, ses épreuves et ses combats. Sa vie n’est pas exempte de tensions familiales. Elle fait face à des luttes intérieures, doute d’elle-même et ne se sent pas ferme dans sa foi. Sa jeunesse est pourtant le moment de la rencontre d’une âme toute simple et d’un Dieu bienveillant.

Ô mon unique amour ! Combien vous suis-je redevable de m’avoir prévenue dès ma plus tendre jeunesse en vous rendant le maître et le possesseur de mon cœur, quoique vous connussiez bien les résistances qu’il vous ferait !

Marguerite-Marie nous donne de contempler toute la délicatesse de Dieu envers celle qui a conscience d’être tellement loin de lui. Elle n’est rien. Elle semble n’avoir pour seule richesse que ce grand désir de le connaître et de le suivre.

Enfant

1

Le vœu d’une enfant

Lorsque Marguerite-Marie évoque son enfance, nous percevons une petite fille profondément libre, vive et audacieuse qui en même temps a déjà une conscience particulièrement aiguisée et fine de la gravité du péché. Dieu fait voir à son âme « la laideur du péché » et « en imprime tant d’horreur » dans son cœur que « la moindre tache » lui est « un tourment insupportable ». Son extrême vivacité conduit ses parents de temps à autre à lui faire un peu de chantage puisqu’il suffit de lui dire que ce qu’elle fait est un péché pour qu’elle change d’attitude. Cette anecdote suffit d’ailleurs à nous faire dire que sa vie ne se déroule pas sans faute aucune.

Le début de son autobiographie peut surprendre car Marguerite-Marie ne nous y introduit pas dans l’intimité familiale. Elle n’évoque pas, par exemple, les décès successifs de frères plus âgés qui auront nécessairement marqué son approche de la vie. Elle ne parle jamais de son père, notaire royal, ni de la situation familiale, plutôt favorisée, de ses premières années. Ce qu’elle veut nous montrer de sa vie n’appartient ni au registre généalogique ni à celui de l’appartenance sociale. Elle nous raconte d’emblée le moment décisif de sa vie d’enfant : son appel.

Celle qui ne s’appelle alors que Marguerite a 5 ans. Elle entend sa mère et sa tante discuter de sa cousine qui entre au monastère des Ursulines de Mâcon. La postulante se prépare à faire les vœux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance. Prêtant attention à cette discussion, la jeune enfant est comme transportée. Quelques jours plus tard, lors d’une messe dans la chapelle privée de sa marraine au château de Corcheval, elle dit au Seigneur, dans le secret de son cœur, entre deux élévations : « Ô mon Dieu, je vous consacre ma pureté et je vous fais vœu de perpétuelle chasteté. »

Marguerite ne comprend certes pas tout ce qu’elle dit, « ni que [veut] dire ce mot de vœu, non plus que celui de chasteté ». Pourtant, elle se sent « pressée de dire ces paroles ». Voilà sans aucun doute l’appel qui constitue dès lors le cœur de sa vie. Marguerite n’est ni contrainte, ni obligée de prononcer ces mots qu’elle ne comprend qu’à peine. Elle est plutôt traversée par un immense désir qui l’attire, la presse de toute part, sans jamais pourtant contrarier sa liberté.

Toute la profondeur de cet événement fondateur apparaît avec davantage de force encore à un autre moment stratégique de son existence, lorsque Marguerite est adolescente. Alors que sa famille pousse Marguerite à chercher un mari, la jeune fille rappelle son vœu. Sa mère lui répond que ce n’était qu’une parole d’enfant. Mais Jésus, qui parle à son cœur2, lui précise alors que c’est bien lui qui l’attire. « Je t’ai choisie pour mon épouse, et nous nous sommes promis fidélité, lorsque tu m’as fait vœu de chasteté. C’est moi qui te pressais de le faire, avant que le monde y eût aucune part dans ton cœur ; car je le voulais tout pur, et sans être souillé des affections terrestres. »

Jésus a formé lui-même cette jeune fille : « pour me conserver [ton cœur] comme cela, j’ôtai toute la malice de ta volonté afin qu’elle ne le pût corrompre », lui dit-il. « Et puis je te mis en dépôt au soin de ma sainte Mère, afin qu’elle te façonnât selon mes desseins.»

Ce que Jésus entend éduquer ne se limite pas ici à la sphère de l’intelligence. Il ne dévoile pas à Marguerite-Marie clairement et distinctement tous les mystères de la foi. Il veut travailler son cœur, c’est-à-dire sa volonté propre, sa conscience, son âme. Le travail de l’enfance consiste à grandir en taille, bien sûr, mais combien plus encore en sagesse.

Cette sagesse qui assoit, fortifie et vivifie notre volonté, nous permet de discerner le souffle de l’Esprit et nous exhorte à le suivre. En nous rendant plus fort, l’intelligence du cœur permet que nous ne soyons pas transportés au gré des tempêtes. Tout cela est particulièrement le travail de l’enfance.

Mais revenons aux paroles mêmes de cette consécration : « Ô Mon Dieu, je vous consacre ma pureté et je vous fais vœu de perpétuelle chasteté. »

Dans le contexte des vœux religieux de sa cousine, la chasteté est synonyme de continence. La continence est le renoncement à ce grand bien qu’est l’union charnelle telle que Dieu l’a voulue, pour choisir un bien plus grand encore. En effet, comme l’écrit saint Jean Chrysostome, « ce qui est mieux que des biens incontestés est le bien par excellence ». Mais si, pour Marguerite-Marie, la chasteté trouve son expression dans l’absence de relation sexuelle, quand elle devient religieuse, la chasteté ne peut se réduire à la seule continence.

« La chasteté est le fait de se libérer de la possession dans tous les domaines de la vie. L’amour qui veut posséder devient toujours, à la fin, dangereux, il emprisonne, étouffe, rend malheureux3 », écrit le pape François, méditant sur la figure de saint Joseph, « le très chaste époux ». La chasteté ne se limite pas à la question de la vie sexuelle. Il semble même qu’elle aspire à éclairer tous les domaines de notre vie. Le pape nous montre que finalement, nous pouvons comprendre la chasteté comme un véritable art de vivre, et l’exercer dans des domaines aussi variés que nos relations, notre manière de manger, notre consommation des médias…

Dans la Bible, la sexualité est « vie et bonheur » (cf. Dt 30, 15). Elle est bénédiction puisqu’au bienfait de l’union des époux s’ajoute la possibilité de donner la vie. Mais entre les dépravations les plus fortes du temps de Noé ou d’Abraham et l’amour nuptial de la bien-aimée et du bien-aimé du Cantique des cantiques, il y a un grand écart. La perspective d’une vie où « amour et vérité s’embrassent » (Ps 84, 11) est un apprentissage et ce long combat, celui de toute une existence peut-être, transparaît dans toute l’Écriture. Ainsi, dans la Genèse, alors qu’un fils de Jacob, Juda, se tourne vers une prostituée, son frère Joseph est emprisonné plusieurs années pour ne pas avoir répondu aux avances d’une femme mariée (Gn 38-39). Et David, le grand roi, victorieux de nombreux ennemis, est finalement tenté quand il renonce à se joindre au combat de son armée. Il succombe en prenant la femme d’Urie, allant jusqu’à tuer ce mari, prémices du déclin de sa vie (2 S 11).

À l’heure où la révolution sexuelle de 1968 ne semble pas porter tous les fruits espérés par une génération, à une époque où la beauté de la sexualité semble étouffée par de nombreuses addictions et des délits attristants, où des enfants sont très vite englués dans la pornographie, il est bon de revenir au témoignage des saints qui, à l’image de Marguerite à l’aune de ses 5 ans, ont choisi la chasteté. Regardons les fruits que ce choix a eus dans leur vie. Le premier pour Marguerite-Marie, comme Jésus l’a lui-même expliqué, est la garde du cœur en Dieu. Un autre sera son désir grandissant d’être une sainte, même si elle ne sait pas vraiment comment y arriver. La chasteté la remet tout entière dans les mains de Dieu et oriente son cœur vers la recherche des vertus. Si nous pouvons nous sentir profondément incapables d’un tel choix, osons remettre notre chasteté et notre pureté à Dieu. Celui qui nous a tissés dans une unité du corps et de l’esprit sait nous conduire à l’unicité de toute notre personne.

2. Nous distinguons chez Marguerite-Marie trois types de grâces qui reviennent régulièrement. Les paroles intérieures ou « motions » sont fréquentes dans la vie spirituelle. Marguerite-Marie explique que Dieu parle à son cœur et il lui semble que ces paroles sont aussi audibles que si elle l’entendait extérieurement. L’enjeu est pour elle de discerner si elles viennent bien de Dieu. Les visions