Demain je vais vivre - Floriane Gouget - E-Book

Demain je vais vivre E-Book

Floriane Gouget

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Beschreibung

« Comment aurais-je pu imaginer qu’en quelques jours j’allais devenir la victime d’une vindicte numérique simplement pour m’être exprimée librement dans le cadre de la loi ? Comment vivre dans une haine constante et tenace ? Comment des internautes que je ne connais même pas peuvent-ils me souhaiter les pires sévices ? Ma vie avait basculé en un éclair et il fallait m’habituer à ce nouveau quotidien. »


À PROPOS DE L'AUTEURE 


Floriane Gouget, par ce témoignage, laisse une empreinte de son histoire qu'elle transmet et qui lui permet de parler à d’autres. Elle a voulu la graver pour tenter également de s’en libérer, et pour se construire comme une jeune femme de vingt ans.

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Seitenzahl: 67

Veröffentlichungsjahr: 2022

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Floriane Gouget

Demain je vais vivre

Récit

© Lys Bleu Éditions – Floriane Gouget

ISBN : 979-10-377-5983-2

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

À mes parents, à qui je dois tout !

À mes amis, pour leur soutien sans faille !

À Mila, qui m’a donné le courage qu’il me manquait pour être tout à fait moi !

Si tu parles, tu meurs. Si tu te tais, tu meurs. Alors, dis et meurs.

Tahar Djaout

Préface

Faire le choix d’écrire un livre était compliqué pour moi. J’avais toujours essayé de m’effacer, de me faire la plus petite possible. Le choix de l’écriture s’est à vrai dire plutôt imposé à moi. Après cette année chaotique, je me devais de partager cette histoire et de porter la voix de ceux qui n’en ont pas. Je me devais d’exister, le plus possible. Je voulais laisser une trace et je voulais surtout empêcher mes bourreaux de faire plus de bruit que moi. Ils ont voulu me faire taire et me voir disparaître, ils me verront partout. J’ai désormais un combat à mener et je n’abdiquerai pas, je le sais. À travers ces pages, je vous invite dans ma vie.

Merci de vous essuyer les pieds avant d’entrer et bienvenus.

20 janvier 2020, 7 heures

Ils sont là. Dans le salon, ils regardent la télé, puis ils tournent la tête et me regardent. Moi, Floriane, 17 ans et demi, qui descends prendre mon petit déjeuner. Nous sommes en janvier 2020. Depuis quelque temps, on nous parle d’un nouveau virus né à Wuhan en Chine. Il ne m’inquiète pas trop et puis je me dis que ce n’est qu’un détail de l’actualité. Ma mère me sert mon petit déjeuner sans un mot. Mon père se décide enfin à hausser le son de la télévision puis se tourne vers moi : « Floriane, regarde ! » Je tourne la tête ma tasse de thé dans les mains et la chaîne d’informations annonce : « Mila, une jeune femme de 16 ans menacée de mort après avoir critiqué l’islam ». Je me retourne quelque peu interloquée. Je ne comprends pas vraiment comment cela est possible, en France, en 2021…

Le délit de blasphème n’existe pourtant plus dans notre pays depuis la Révolution. Et je sais aussi que personne, outre le gouvernement français, n’est habilité à faire la loi en France. Alors de quel droit des intégristes islamistes iraient-ils condamner cette jeune femme ? Mes parents me regardent et attendent ma réaction. Ont-ils eu peur, ne serait-ce qu’un instant que je la condamne à mon tour ? Jamais, pas un seul instant, cela ne m’a parcouru l’esprit. Je connais malheureusement ce qui s’attaque à cette jeune femme. C’est une gangrène qui se multiplie en moins de rien avec la complicité de bon nombre de nos intellectuelset de nos responsables politiques. Cette nécrose du monde, qui voudrait voir nos libertés et nos valeurs s’éteindre. Cette pourriture qui voudrait enfermer nos jeunes femmes et faire de nos petites filles des esclaves sexuelles. Cette idéologie s’appelle l’islamisme. Ce fascisme qui martyrise déjà bon nombre de peuples s’en prend, en France, à une jeune femme de presque mon âge. Cette idéologie qui a assassiné tant d’innocents, de Charlie au Bataclan, de notre pays à la Suède. Mon questionnement se penchera plutôt sur le profil de ces tortionnaires. Qui sont ceux qui ont pu harceler et menacer de mort sans scrupules une jeune femme de 16 ans ? Mes parents s’interrogent avec moi sur la façon dont cela a pu être rendu possible en France. Mon père change de chaîne de télévision et je prends le chemin du lycée. Le long de la route que je parcours chaque jour à bord de ma voiture sans permis, cette actualité ne quitte pas mon esprit. Je ne peux m’empêcher de penser à cette adolescente qui, victime de tant de haine, ne peut plus, elle, se rendre au lycée. À une époque où, je fonde mes projets d’orientation dans le supérieur, je sais que l’on vient de tirer à boulets rouges dans l’avenir et la vie entière de cette jeune femme. Je sais aussi que bien d’autres individus victimes de ces accusations ridicules « d’islamophobie » ne retrouveront jamais leur vie d’avant et n’ont plus aucune possibilité de faire machine arrière, ils n’ont d’ailleurs aucune raison de se soumettre mais, si ce souhait leur parcourait l’esprit dans l’objectif de vivre de nouveau comme avant, cela se comprendrait. J’en parle rapidement avec mes amies de l’époque, cette histoire ne les interpelle pas plus que cela. Le soir, en rentrant chez moi, je poste sur mon compte Facebook un message de soutien à Mila qui passera inaperçu. Un joli message, dans les formes, avec de jolies phrases et dans l’objectif de n’offenser personne. Je comprendrais très vite que la tempérance ne vaut rien avec certains individus et qu’il vaut mieux dans ce cas-là être carré mais droit dans ses opinions. Je ne m’exprime pas beaucoup ni sur les réseaux ni médiatiquement à cette époque et donc tout cela, je ne le sais pas encore.

5 février 2020

C’est officiel et confirmé par le ministère de l’Intérieur, Mila et sa famille sont placés sous protection policière. C’est donc un basculement total dans l’horreur. Je ne sais pas si vous avez conscience de ce que cela représente ! C’est la fin d’une vie de jeune femme. Fini la spontanéité de l’adolescence. C’est pourtant une période durant laquelle on conquiert de nouvelles libertés et non où l’on est censé les perdre. Pour Mila, cette adolescence sera celle où l’on les lui aura toutes retirées. Perdre sa liberté pour en avoir fait usage, mais comment est-ce possible ? Devoir être protégée à 16 ans pour s’être exprimé librement et comme il est légal de le faire ça n’a pas de sens et ce n’est pas juste. C’est vous que l’on fait prisonnier alors que vous n’avez rien fait de mal alors que les responsables de ce harcèlement, qui est une infraction, eux, vivent leur vie, comme si de rien était. C’est ma mère qui me l’a dit, en rentrant du lycée le soir. Elle connaissait mon intérêt non pas spécialement pour cette affaire mais pour cette jeune femme. Elle avait mon âge, et nous partagions des idéaux de liberté. Le message lancé par la jeune femme sur les réseaux sociaux et qui lui avait valu cette vague de haine m’avait beaucoup fait sourire. Je me suis dit : « Elle a tellement raison d’envoyer valser cette religion qui n’a rien de pacifiste et en plus elle a l’air drôle ! » Avant de penser à toutes ces contraintes, j’ai effectivement pensé que c’était mieux ainsi, qu’elle était en sécurité. En effet, l’actualité avait su quelques années auparavant nous démontrer que ces menaces pouvaient être mises à exécution. Celle-ci nous a même démontré qu’en tant qu’occidentaux en général nous étions des cibles, alors cette jeune femme bien d’avantage. Je ne réalise pas tout à fait ce que peut vivre cette jeune femme et je pense que personne ne peut l’imaginer.

Dans la folie médiatique liée à cette affaire, j’ai une impression de coquille vide et de lâcheté assez conséquente. Depuis plusieurs semaines, on parle de l’affaire Mila, de la responsabilitéde l’adolescente dans cette affaire. On parle de cyberharcèlement, de phénomène de meute…