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Depuis… Je pense avec mon corps est le témoignage fort de Martine Gaultier qui exprime, avec toute sa sensibilité et ses émotions, ses rencontres avec le burn-out : deux, en huit ans d’intervalle. Si bon nombre d’articles saluent le burn-out comme un ami libérateur, l’auteure s’en serait passée volontiers.
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Seitenzahl: 53
Veröffentlichungsjahr: 2022
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Martine Gaultier
Illustratrice : Pauline Barreau
Depuis…
Je pense avec mon corps
Roman
© Lys Bleu Éditions – Martine Gaultier
ISBN : 979-10-377-5741-8
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
À mes enfants, petits-enfants,
À Gérard.
Vous avez dit « Burn-out » !
14 avril 2019
Avez-vous déjà savouré un suave au chocolat ? J’en ai sorti un du four il y a quinze minutes… Dommage ! Il est brûlant. Je vais devoir être patiente pour en « croquer » un morceau…
La patience, mon amie, si grande amie… Je l’ai rencontrée, apprivoisée au fil des années…
Je suis…
Les mains sur mon clavier, dans le calme absolu, je respire le tendre parfum du chocolat qui envahit mon chez-moi. Un appartement trois-pièces, lumineux, paisible et confortable.
En janvier dernier, j’emménageais dans ce nouveau nid qui m’annonçait une toute nouvelle vie. J’adore cet endroit, bon compromis entre la maison et l’appartement, entre la ville et la campagne. Des accès rapides vers toutes mes habitudes, un confort partagé avec mes enfants et mes amis.
Pourtant, j’ai un ressenti très particulier… Avec du recul, j’ai la sensation de m’être délestée d’un lourd fardeau dans mon ancienne demeure. Le jour où j’ai déménagé, je ne savais pas qu’en quittant cette maison, je quitterais aussi mon travail. Je ne savais pas que quelques heures plus tard, mon corps refuserait définitivement de me laisser partir travailler. Je ne savais pas que quelques jours plus tard, je serais diagnostiquée en épuisement professionnel, en anglais, « burn-out », pour définition : s’user, s’épuiser, craquer.
Difficile… Tellement difficile d’accepter ce verdict, franc, net, sans équivoque. Pour Moi, il s’agit juste d’un grand moment de fatigue. Je pense le savoir, je pense le ressentir ainsi. Je pense tout simplement que mon déménagement a contribué à un épuisement, mais que l’année 2019 ne peut réellement pas s’enclencher de la sorte.
À cette période, je ne prêtais guère attention aux différents signaux que mon corps pouvait m’envoyer. Pourtant, en 2018, il m’avait déjà stoppée à deux reprises, par une sciatique et une cruralgie. À l’issue des deux reprises de travail, j’avais ressenti de grosses difficultés de motivation, d’élan, pour reprendre le chemin du travail. Ces difficultés étaient bien différentes d’un manque de motivation ressenti parfois après de longues vacances. S’ajoutaient à ce manque d’élan, des maux de tête, des nausées, une boule au creux de la gorge, de légers tremblements…
Ma profession ? AMP (aide médico-psychologique). J’accompagne dans leur quotidien des personnes adultes vieillissantes, en situation de handicap moteur et mental.
Être AMP, c’est bien plus qu’un métier, c’est un don de soi. C’est l’art d’accompagner au quotidien ces « Autres », dans tous les espaces temps et lieux avec une extrême bienveillance.
Avec du recul, il m’est toujours très difficile d’évoquer ce que chaque accompagnement a pu susciter comme ressenti chez Moi. Tout aussi difficile de décrire ce qui me liait à ces personnes et, paradoxalement, impossible d’écrire ce qui m’en a éloignée…
Bonne année !
1
er
janvier 2019
Je suis en poste. J’effectue mes accompagnements comme chaque jour, mais je me sens détachée de l’équipe, comme postée en apesanteur. J’échange avec mes collègues, je vais, je viens. Je travaille comme les autres jours et pourtant, je garde encore le souvenir d’une atmosphère très particulière avec une vision presque floue, des bourdonnements d’oreille, des palpitations, des pas non assurés…
Je commençais l’année, totalement épuisée physiquement et psychologiquement, mais je ne le savais pas encore !
Pourtant, qui dit nouvelle année, dit vœux et résolutions. Mais non ! Moi je m’étais positionnée toutes ces longues heures de travail sur une voie parallèle, qui, je le constaterai plus tard, me dirigeait déjà vers ma future voie de garage.
Exténuée, je quittais mon job en début d’après-midi ce 1er janvier 2019, et n’y reviendrai JAMAIS.
2 janvier
Mon corps me crie de prendre ENFIN soin de lui après une nuit chamboulée par des rêves sombres, des douleurs extrêmes dans le bas du dos, dans ma jambe, mais aussi des sueurs, des nausées. Je dois voir mon médecin avant de retourner travailler, il va me soulager, me redonner ce punch totalement absent…
Utopie ! Rien de cela, bien au contraire ! Tombe le verdict médical du petit matin : cruralgie…
Une semaine plus tard : sciatique…
Encore plus tard : lombalgie… Mon corps m’a définitivement pris en otage…
Ne me touchez plus SVP !
Une vague de tensions, de contractures, a envahi mon dos. À chaque évocation « travail », mon corps se raidit, se bloque. On ira jusqu’à me dire que ma colonne vertébrale ressemble à une corde à nœuds. Premier arrêt de travail d’une semaine, puis prolongation d’une semaine, puis deux semaines, puis un mois…
Dans ma tête, c’est l’incompréhension qui s’installe. La plus infime pensée vers mon job accélère un processus redoutable d’associations entre ma tête, mon ventre, mes articulations…
J’ai réellement besoin d’aide… Dans ma tête, tout se bouscule et quand tout se bouscule mon corps me fait mal !
Est-ce ma tête qui guide mes douleurs ou mes douleurs qui envahissent et polluent ma tête ?
Une drôle de sensation viendra naître à ce moment pour ne plus jamais me quitter ; cette impression de penser avec mon corps et non avec ma tête.
Arrive alors la première consultation d’une très très longue série de rencontres avec la thérapie… Verdict à l’issue de cette toute première consultation :
— Madame, vous êtes en épuisement professionnel !