Depuis le Larzac - José Bové - E-Book

Depuis le Larzac E-Book

José Bové

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Beschreibung

José Bové : parcours et engagements d’un militant.

Les changements technologiques de ces cinquantes dernières années ont suscité de véritables bouleversements dans tous les domaines de la vie qui, pour la plupart, nous ont semblé positifs. Pourtant, parfois, ces innovations mènent à des catastrophes qui rappellent les mésaventures de Prométhée, voleur du feu des dieux. Il nous faudrait, aujourd’hui, prêter une attention toute particulière aux déclencheurs d’alerte, indépendants de tout intérêt financier, qui cherchent seulement une nouvelle voie pour l’humanité.

José Bové est de ceux-là. Il évoque ici son parcours, depuis son engagement, très jeune en tant que militant pacifiste, jusqu’à ses actions et ses combats de demain, répondant aux questions de François Ernenwein, rédacteur en chef du quotidien La Croix.

Un plaidoyer pour un monde plus juste.

EXTRAIT

J’ai débuté comme militant, en collant des affiches informant sur la possibilité de devenir objecteur de conscience plutôt que de faire le service militaire. A cette époque, on devait donc accomplir un service militaire, ce qui consistait à apprendre à faire la guerre. Mais, si pour des raisons de conscience, de philosophie ou de religion, on refusait ce service, la loi prévoyait une alternative : ça s’appelait l’objection de conscience. Le problème était que, si la loi existait, en revanche, il était formellement interdit de la publier et d’informer les futurs appelés sur cette option pacifiste. Cela allait à l’encontre du principe fondamental du Droit qui pose que nul n’est censé ignorer la loi. Quand on rappelle cette disposition paradoxale, on a l’impression que cela se passait au Moyen-âge, et bien non… Je trouvais ça révoltant !

A PROPOS DE L’AUTEUR

José Bové est né à Talence, en Gironde, en 1953 de parents chercheurs en biologie. Il est depuis 2009 député européen. Il s’est fait connaître par ses positions altermondialistes et son activité de désobéissance civile.

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Les éditions Elytis tiennent à remercier l’organisation des Rendez-vous de l’Histoire à Blois, ainsi que le journal La Croix, sans qui ce livre n’aurait pu voir le jour.

AVANT-PROPOS

Les changements de ces cinquantes dernières années, concernant les nouvelles technologies, ont suscité de véritables bouleversements dans tous les domaines qui pour la plupart, nous ont semblé positifs. Pourtant, il arrive que, parfois, ces innovations mènent à des catastrophes rappellant les mésaventures de Prométhée, voleur du feu des dieux. La liste débute avec l’usage immodéré des énergies fossiles (pétrole, charbon…) qui accélèrent le réchauffement climatique et ses tragiques conséquences à venir ; elle continue avec l’agriculture industrielle qui stérilise les sols et propage des cancers… Déjà ces deux indices, seulement, montrent qu’il nous faudrait, au moins, écouter les déclencheurs d’alerte indépendants de tout intérêt financier, et qui cherchent seulement une nouvelle voie pour l’humanité. Une autre politique est toujours possible.

Le texte qui suit est la transcription d’un entretien de José Bové avec François Ernenwein, rédacteur en chef du journal La Croix. Cette interview s’est déroulée en public, programmée dans le cadre des Rendez-vous de l’Histoire à Blois, le 11 octobre 2014 dont le thème était “Les rebelles”.

F. D.

Les Rendez-vous de l’Histoire,

à Blois, le 11 octobre 2014

Entretien mené avec José Bové,

par François Ernenwein

du quotidien La Croix.

José Bové, vous êtes connu du grand public pour vos positions affirmées, votre attitude rebelle face à certains choix qui pourtant pourraient transformer notre quotidien. Vous savez désobéir. Comment avez-vous débuté votre carrière de rebelle ?

J’ai débuté comme militant, en collant des affiches informant sur la possibilité de devenir objecteur de conscience plutôt que de faire le service militaire. A cette époque, on devait donc accomplir un service militaire, ce qui consistait à apprendre à faire la guerre. Mais, si pour des raisons de conscience, de philosophie ou de religion, on refusait ce service, la loi prévoyait une alternative : ça s’appelait l’objection de conscience. Le problème était que, si la loi existait, en revanche, il était formellement interdit de la publier et d’informer les futurs appelés sur cette option pacifiste. Cela allait à l’encontre du principe fondamental du Droit qui pose que nul n’est censé ignorer la loi. Quand on rappelle cette disposition paradoxale, on a l’impression que cela se passait au Moyen-âge, et bien non… Je trouvais ça révoltant !

En conséquence, à cette époque, le simple affichage public du texte de la loi suffisait pour se faire systématiquement embarquer par la police…

En effet, en France, l’article 11 de la loi n° 63-1255 du 21 décembre 1963 interdisait toute publicité visant à faire connaître cette même loi. Cette “propagande” exposait à de fortes sanctions pénales. Le service national était obligatoire et s’il proposait un an de service militaire, en cas d’objection de conscience, il fallait accomplir deux ans de service civil au sein d’une structure non militaire.

En 1983 la loi (Pierre Joxe) fut assouplie et abolit les sanctions pour “propagande”. Néanmoins il demeure que si le service militaire entre dans le décompte des points de retraite, ce n’est pas toujours le cas pour le service civil.

Très tôt, enfant, vous êtes arrivé avec vos parents aux États-Unis. Quel regard portez-vous aujourd’hui sur cette grandenation qui a un rôle considérable et pas toujours favorable à votre vision de la construction européenne ? Est-ce que vous aimez les États-Unis ?

J’adore les États-Unis ! Tout n’est pas blanc ou noir… Pour moi, les États-Unis font partie de ma formation… Les premières odeurs dont je me souviens, sont celles des États-Unis, les premiers paysages, les grands espaces, tout cet ensemble fait partie des premières sensations qui ont constitué ma personnalité durant mon enfance. Chaque fois que j’ai pu revenir aux États-Unis, dès que je franchissais les portes de sortie de l’aéroport, j’avais la sensation de rentrer à la maison. Je n’ai donc jamais senti une impression d’éloignement avec ce pays. Pour autant, tout au long de ces années, on a eu de tels conflits avec la politique des États-Unis que j’y suis interdit de séjour. J’aimerais pourtant y revenir mais, depuis 2006, c’était à l’époque du fils Bush, on m’a interdit de territoire pour “turpitudes morales”. À l’aéroport, avant qu’ils ne me renvoient en France, j’ai quand même demandé ce que ça voulait dire, “turpitude morale”, parce que, avec un tel chef d’accusation, on peut s’imaginer les pires crimes. On m’a répondu qu’en ce qui me concernait, ma “turpitude morale” consistait à avoir attaqué les intérêts économiques de certaines de leurs entreprises. Je leur ai répondu que chez nous ce genre de “turpitudes” était plutôt bien vue, alors j’ai accepté, de toute façon, je n’avais pas le choix.

Traité transatlantique ou plutôt “Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement” (ou en anglais TAFTA) est une zone de libre échange de part et d’autre de l’Atlantique entre les États-unis d’Amérique et l’Union européenne. Cette négociation a débuté après la chute du Rideau de fer en 1990. Les participants à cette négociation décidèrent de promouvoir l’économie libérale au détriment du protectionnisme, et d’ouvrir les économies nationales à un système multilatéral que l’on appellera de manière triviale la “Mondialisation” (Première résolution transatlantique). Ce traité a l’ambition de couvrir près de la moitité (45 %) du produit intérieur brut mondial. Depuis 2006 le Parlement européen adopte des résolutions permettant petit à petit la mise en place de ce grand marché. Le 30 avril 2007 un organisme permanent étudiant les aspects législatifs a même été créé : le Conseil économique transatlantique (CET, ou TEC en anglais).

Il faudrait pourtant bien que je me rende là-bas pour rencontrer des gens et discuter du “Traité transatlantique”. On verra si je suis toujours écarté pour “turpitudes morales” !

José Manuel Durao Barroso est né au Portugal en 1956. Il fut durant 10 ans, de 2004 à 2014, président de la Commission européenne une des principales institutions de l’Union. Son parcours est intéressant puisqu’après avoir été étudiant d’extrême gauche (maoïste), Premier ministre du Portugal il mena une politique ultra-libérale et atlantiste qu’il poursuivit durant ses deux mandats à la tête de l’exécutif de l’UE.