Dis, c'est quoi l'islam ? - Radouane Attiya - E-Book

Dis, c'est quoi l'islam ? E-Book

Radouane Attiya

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Beschreibung

Si depuis une vingtaine d’années, l’islam occupe une place de plus en plus importante dans les sociétés occidentales, et plus particulièrement dans les débats publics et politiques, sa présence dans le vieux continent n’est pas récente. Il existe entre eux une longue histoire d’amour et de haine, de guerres et de paix. Dès son apparition dans l’Antiquité tardive, il est déjà vu comme une rupture radicale dans sa représentation de Dieu, de l’homme et du monde. Mais que recouvre-t-il réellement ? Est-ce une religion, une idéologie, une civilisation, un dogme ? Est-il conciliable avec certains idéaux de laïcité ou de liberté d’expression ? Pourquoi le voile est-il devenu un de ses symboles ? Que signifie le terme halal ? Comment s’inscrit-il aujourd’hui dans le contexte européen ? Autant de questions parfois polémiques que Radouane Attiya ne craint pas de soulever dans cet ouvrage, éloigné des clichés et des concepts attendus.

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Seitenzahl: 88

Veröffentlichungsjahr: 2021

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DIS, C’EST QUOI

l’islam ?

Radouane Attiya

Dis, c’est quoi l’islam ?

Renaissance du Livre

Drève Richelle, 159 – 1410 Waterloo

www.renaissancedulivre.be

Directrice de collection : Nadia Geerts

Maquette de la couverture : Corinne Dury

Mise en page : CW Design

e-isbn : XXXXX

dépôt légal : D/2021.12.763/11

Droits de traduction et de reproduction réservés pour tous pays.

Toute reproduction, même partielle, de cet ouvrage est strictement interdite.

Radouane Attiya

DIS, C’EST QUOI

l’islam ?

Préface de Hela Ouardi

Préface

Il faut imaginer le musulman heureux

Au milieu d’une production pléthorique sur l’islam, Radouane Attiya publie un livre original et d’une grande finesse intellectuelle. Loin des dissertations où les postures idéologiques sont à peine voilées, loin des ouvrages de vulgarisation qui aplatissent, procèdent à des raccourcis qui ne font qu’épaissir le voile dont l’islam est enveloppé, l’auteur a choisi de s’attaquer à une question simple et essentielle, « c’est quoi l’islam ? », en optant pour une démarche entièrement nouvelle et particulièrement fructueuse.

Détrompez-vous ! L’apparente bonhomie du titre pourrait faire penser à un livre pédagogique élaboré autour d’une discussion avec un enfant ou quelque candide. C’est tout le contraire, fondé sur la reconstitution d’une conversation privée avec un ami athée, le livre de R. Attiya est une rude mise à l’épreuve à laquelle l’auteur s’est courageusement soumis. Il n’a pas choisi la facilité en livrant à son lecteur un monologue qui assène des vérités ; il a préféré une attitude nettement plus téméraire et plus admirable : celle du débat contradictoire dans lequel le musulman croyant qu’il est accepte d’affronter les questions les plus embarrassantes. Cela confère à son livre un dynamisme passionnant, fait de rebondissements et de beaucoup d’audace. À chaque page, on se demande : jus­qu’où ira-t-il ? C’est connu, une pensée vive et intègre se nourrit dans le dialogue et s’enrichit de l’expérimentation de ses propres limites.

Et puis, en choisissant la forme de la conversation, R. Attiya nous met au cœur de l’intime : son intimité intellectuelle et émotionnelle et aussi l’intimité d’une religion qui, malgré sa propension actuelle àl’exhibition et au spectacle (souvent tragique hélas), se dérobe paradoxalement à notre connaissance. Le dialogue intime avec l’ami (qui n’est en sommequ’un avatar du lecteur lui-même) procure une liberté de ton, une simplicité de l’expression qui rend le livre accessible à tout le monde. Mieux même, le lecteur a l’impression de participer activement au débat : les questions qui jaillissent à chaque moment, les réflexions des deux interlocuteurs, le cheminement même de leur dialogue nous sollicitent tout le long du livre, répon­dent en écho à nos propres interrogations, nos propres inquiétudes, nous mettent dans un constant état d’alerte, nous poussant à réfléchir, à prolonger le débat dans notre esprit. Chemin faisant, le lecteur devient partie prenante de cette discussion vivace, ne se contentant pas d’en être le spectateur passif.

La diversité des sujets abordés illustre bien le parti pris de l’auteur dans cette implication de son lecteur. Les origines de l’islam et son évolution à travers l’Histoire, sa relation complexe avec l’autorité politique, les phénomènes qui font débat comme la question du voile et bien d’autres sujets sont abordés. Chacun de nous y trouvera son bonheur selon l’angle qui l’intéresse. Et c’est à ce niveau-là qu’on touche à l’un des points forts de ce livre : l’auteur montre tout le long de son ouvrage qu’il ressemble à son lecteur. En parlant si bien de lui-même, il nous parle si bien de nous-mêmes. Il pourrait même faire sienne la fameuse formule baudelairienne qualifiant son lecteur de« son semblable, son frère ». On s’abstiendra de citer le troisième qualificatif que le poète attribue à son lecteur. Car le livre de R. Attiya est l’antithèse de l’hypocrisie ! Le pacte tacite qu’il noue avec son interlocuteur (à un premier niveau son ami athée et au second nous ses lecteurs) est fondé sur l’honnêteté et la franchise, en somme sur la bonne foi, dirait Montaigne.

On s’identifie immédiatement à la démarche de R. Attiya car à aucun moment il ne se met dans la posture professorale du donneur de leçons qui donne des réponses toutes faites, ni dans celle du démagogue soucieux d’orienter le débat, de hiérarchiser les problématiques. L’auteur nous livre généreusement une matière susceptible de nous stimuler, de féconder notre pensée et de nous amener à construire par nos propres moyens des réponses toutes personnelles. R. Attiya ne trace pas un chemin qu’il nous pousserait à suivre ; il avance en éclaireur pour illuminer notre voie ; en somme, comme dans le célèbre aphorisme chinois,il nous montre la lune. Tant pis, pour les esprits obtus qui fixeront le doigt du sage !

Débarrassé de ses craintes, assumant les questions des autres (qui sont aussi les siennes), R. Attiya offre à son lecteur la réflexion d’un homme libre, mieux même d’un homme qui se libère et cette libération nous en sommes les témoins privilégiés. Dans les premières lignes de l’ouvrage, il expose en toute honnêteté l’inquiétude dans laquelle les dérives de l’islam l’ont plongé et fait le constat de l’impasse intellectuelle sur laquelle débouche souvent le débat autour de cette religion. Le point de départ du livre est donc la prise de conscience d’unecrise historique qu’il se propose de dépasser devant nous. Chemin faisant, dans les dernières lignes de l’ouvrage apparaît la formule magique : « l’islam délivré ». Entre le sentiment d’affliction qu’il évoque au début de son livre et la délivrance annoncée dans les dernières lignes, il s’est passé quelque chose sous nos yeux : un homme qui s’émancipe, une pensée qui s’épanouit. Pour notre grand bonheur, la démarche de l’auteur est contagieuse.

C’est la preuve que le salut de l’islam, sa réconciliation avec la modernité passent non par des mesures collectives mais par une appropriation individuelle de la religion que chaque musulman devrait effectuer en se posant les bonnes questions, en s’ouvrant aux questions des autres, en comprenant enfin que l’islam n’est pas une momie figée dans une pétrifiante intemporalité mais le produit multiforme et mouvant d’une histoire en devenir.

À travers ce livre, Radouane Attiya nous donne la preuve qu’il est l’incarnation vivante et exemplaire de ce parcours intelligent et salutaire au terme duquel on voit le rocher de Sisyphe réussir à défier la pesanteur et à ne pas retomber.

Il faut imaginer le musulman heureux…

Hela Ouardi

Au lendemain de l’attentat contre Charlie Hebdo, ma sidération était telle que j’ai longuement hésité à me rendre dans mon établissement scolaire, appréhendant certaines remarques de mes col­lègues, mais aussi celles des élèves qui, entre indignation, incompréhension, colère et déni, me sommeraient certainement de répondre à leurs attentes et leurs interrogations. Une éducatrice bienveillante me souffla pourtant à l’oreille : « Comme je peux comprendre ce que tu ressens ! » Cette sincère et vibrante consolation atténua quel­que peu mon affliction et me permet, jusqu’à ce jour, de résister dans ma mission pédagogique. Cependant, le temps passant, j’observe que letrauma collectif causé par ces crimes crée de profondes blessures extrêmement encombrantes dansla rationalisation des problèmes et de leur compréhension. Le corps social en est totalement décomposé et les crispations qui s’ensuivent déteignent fatalement sur les discussions, donnant à chacun le sentiment de devoir se retrancher derrière son camp. Réduit au fanatisme qui s’en inspire, l’islam est pris aujour­d’hui en otage, dans le débat public, par ceux qui voudrait légitimement l’administrer et ceux qui pensent en être les uniques héritiers.

Parallèlement, les évènements tragiques qui ont frappé les membres de la rédaction du journal satirique relancent le débat autour de la liberté d’expression. Là encore, la passion dépasse la raison et l’islam, dans son essence, est perçu comme un ennemi de la liberté. Nous sommes face à deux attitudes irréductibles : d’un côté, les partisans de l’expression libre, et de l’autre, ceux qui défendent le respect des croyances au risque de brimer touteexpression ou manifestation individuelle ou collective. Le terrain est hostile, les individus qui composent la société ne sauraient se réduire au sujet de droit qu’est le citoyen, et pourtant : nos sociétés démocratiques sont le résultat de nombreuses luttes supposant un acte fondamental qui engage toute personne, indépendamment de ses origines et de ses orientations philosophiques, en faveur de la liberté d’expression.

Les réponses qui suivront au fil des pages sont le fruit de discussions à bâtons rompus avec un collègue et ami athée – ou qui du moins s’est présenté comme tel – qui m’a souvent confié ses doutes comme ses certitudes sur de nombreux sujets. Les questions sont par moments remaniées pour la circonstance, mais sont en définitive fidèles à nos échanges. Étant donné notre proximité, les questions qu’il m’adressait étaient le plus souvent fran­ches et spontanées. Mes réponses à ses interrogations prendront, ici, la forme d’un témoignage qui concédera quelques démonstrations et développements sur des points fondamentaux.

Personne ne peut ignorer l’islam aujour­d’hui, tant celui-ci est présent dans quantité de discours et de polémiques, donnant parfois l’impression de pénétrer nos vies sans y avoir été convié. Pourtant, malgré une multitude d’informations à son sujet, je reste démuni pour le définir et le caractériser. Peux-tu m’en donner une définition simple ?

Avant de répondre à ton interrogation, permets-moiquelques précautions oratoires. Car cette question habite, voire mine, me semble-t-il, un nom­bre important de musulmans à travers lemonde, et y apporter quelques éléments de réponsenécessite inévitablement un long travail de lectures, d’apprentissages, mais aussi de croisements et de rencontres. À l’heure de l’information pléthorique, instantanée, je pourrais aisément lire et solliciter les œuvres de plusieurs historiens et intellectuels d’expression francophone. J’ajouteque, dès lors que la connaissance transcende toute barrière linguistique et culturelle, j’estime ne pas avoir à m’interroger ni à me soucier de la con­viction des auteurs que je pourrais consulter. Par contre, il sera important de préciser le lieu d’où je parle.

Mon point de départ sera la langue arabe. Si l’on excepte le Coran, il est encore difficile de déterminer quand, pour la première fois dans l’histoire, le mot islam apparaît dans la langue arabe. Mais quoi qu’il en soit, dans son sens le plus usuel, l’islam serait l’équivalent de la paix.

Tu dois savoir que les mots arabes, pour la plupart polysémiques, se construisent sur base d’une racine souvent trilitère, c’est-à-dire d’un mot composé de trois lettres, qui suppose elle-même plusieurs sens. Ce phénomène est observable dans d’autres langues sémitiques*. Ainsi, l’étymon*s l mréfère àla notion de perfection, mais également à des notions en lien avec la paix, les mondes minéraux et végétaux. Estsalimousalam