Dynamiser une croissance durable du secteur privé au Moyen-Orient et en Afrique du Nord -  - kostenlos E-Book

Dynamiser une croissance durable du secteur privé au Moyen-Orient et en Afrique du Nord E-Book

0,0

Beschreibung

Plus d'une décennie après le printemps arabe, la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord se trouve confrontée à des défis majeurs. La pandémie de COVID-19 a perturbé les économies et l'invasion de l'Ukraine par la Russie a provoqué des ondes de choc dans la région, qui se traduisent par une hausse des prix des hydrocarbures, des risques pour la sécurité alimentaire et une baisse des flux touristiques. À l'horizon, plane la menace imminente des changements climatiques. Toutefois, les périodes difficiles offrent des possibilités de changements. Le secteur privé de la région MENA peut se saisir de ces possibilités. Il continue d'incarner l'espoir pour de nombreux jeunes et pourrait devenir le moteur d'un modèle de croissance durable. L'enquête sur les entreprises, menée par la BEI, la BERD et la Banque mondiale, donne un éclairage sur les raisons de la croissance relativement lente de la région, en se penchant sur les causes de la stagnation de la productivité et de l'accumulation inadéquate de capital humain et physique dans le secteur privé.

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 146

Veröffentlichungsjahr: 2022

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



DYNAMISER UNE CROISSANCE DURABLE DU SECTEUR PRIVÉ AU MOYEN-ORIENT ET EN AFRIQUE DU NORD

Données factuelles de l’enquête sur les entreprises

À propos de la Banque européenne d’investissement

Le Groupe Banque européenne d’investissement est la banque de l’UE et le premier bailleur de fonds multilatéral au monde. Nous finançons des investissements durables en faveur des petites et moyennes entreprises, de l’innovation, des infrastructures, du climat et de l’environnement. Nous finançons la croissance économique de l’Europe depuis six décennies et nous sommes à l’avant-garde de la réaction apportée par l’UE en cas de crise. Nous sommes les chefs de file pour les investissements liés au climat et nous soutenons le développement du premier vaccin contre le COVID-19. Pour lutter contre les changements climatiques, nous nous sommes engagés à soutenir l’investissement dans l’action pour le climat et la durabilité environnementale à hauteur de 1 000 milliards d’euros d’ici la fin de la décennie. Près de 10 % de tous nos financements concernent des pays tiers, où notre branche BEI Monde soutient les pays voisins de l’Europe et le développement dans le monde.

Table des matières

Avant-propos

Résumé analytique

Section 1Introduction – Performance économique et climat des affaires

Section 2Qualité de la gouvernance et productivité

Section 3Pratiques de gestion et actionnariat partiel de l’État

Section 4Échanges commerciaux et innovation dans la région MENA

Section 5Adoption des technologies numériques et croissance de la productivité

Section 6Capital humain des entreprises et formation formelle des salariés

Section 7L’accès aux financements et l’investissement

Section 8L’économie verte au Moyen-Orient et en Afrique du Nord

Section 9Conclusions et conséquences stratégiques

Bibliographie

Bibliographie des documents de fond

Glossaire et acronymes

Avant-propos

Plus d’une décennie après le printemps arabe, la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA) se trouve confrontée à des défis majeurs. Les vagues de la pandémie de coronavirus perturbent les économies, affectant tous les aspects de la vie. Plus récemment, l’invasion russe de l’Ukraine a provoqué des ondes de choc dans la région qui se traduisent par une hausse des prix des hydrocarbures, des risques pour la sécurité alimentaire et une baisse des flux touristiques. À l’horizon, plane la menace imminente des changements climatiques. En outre, d’anciennes conditions structurelles appartenant au passé engendrent des difficultés persistantes au présent.

Un endettement croissant et une capacité budgétaire limitée ont remis en cause le rôle des États dans la région. Toutefois, les périodes difficiles offrent des possibilités de changements positifs. Le secteur privé de la région MENA peut saisir ces possibilités. Il continue d’incarner l’espoir pour de nombreux jeunes face à leur avenir. Même s’il n’a pas encore pleinement endossé son rôle de moteur de la croissance, le secteur privé est en mesure de conduire la région vers une économie plus verte reposant un modèle de croissance durable.

Le présent rapport met en lumière l’état du secteur privé dans la région MENA sur la base d’enquêtes menées auprès de plus de 5 800 entreprises formelles dans six pays de la région – la Cisjordanie et Gaza, l’Égypte, la Jordanie, le Liban, le Maroc et la Tunisie – entre la fin 2018 et 2020, en grande partie avant la pandémie.

Ces enquêtes sont représentatives à l’échelle nationale – suivant la méthodologie adoptée par la Banque mondiale pour ses enquêtes sur les entreprises – et sont d’une grande valeur pour une région qui manque largement de données. Elles sont comparables à une précédente série d’enquêtes menées en 2013, permettant ainsi de mesurer l’évolution entre deux périodes distinctes, ce qui est une première pour les enquêtes sur les entreprises dans la région MENA. Elles contiennent également de nouvelles informations sur l’économie verte et les liens des entreprises avec le monde politique.

Neuf documents de recherche ont été rédigés à partir de l’analyse des données saisissant différents aspects du secteur privé. Le présent rapport est le résultat d’un travail d’analyse cohérent qui se fonde sur les conclusions de ces études scientifiques.

Les conclusions sont quelque peu préoccupantes. Elles révèlent que le clientélisme est répandu dans le secteur privé et que les activités informelles continuent de freiner les ambitions de croissance des entreprises. De nombreuses entreprises sont en situation d’autarcie financière. Les pratiques de gestion des entreprises sont généralement médiocres et l’ombre de l’État fausse les mesures incitatives. Peu d’entreprises forment officiellement leurs travailleurs.

En outre, les obstacles au commerce international demeurent, tandis que l’adoption des technologies numériques est limitée. Les investissements verts sont faibles dans la région, la plupart des entreprises ayant de piètres pratiques de gestion en matière d’environnement, d’énergie et de changements climatiques. Le degré de responsabilité des entreprises face aux enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) se situe en deçà de celui des pays de référence présentant un niveau de développement similaire.

Cela étant, cette région se caractérise par une grande hétérogénéité, laissant espérer que les entreprises et les États apprendront de leurs pairs qui enregistrent de meilleurs résultats à l’échelle régionale.

L’immense tâche qu’a représentée la réalisation d’enquêtes sur les entreprises a été facilitée par une intense coopération entre trois institutions internationales : la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), la Banque européenne d’investissement (BEI) et le Groupe de la Banque mondiale (BM). Le personnel de ces institutions reste déterminé à élargir les connaissances sur le MoyenOrient et l’Afrique du Nord en mettant en lumière un secteur privé qui est susceptible de tracer une voie prometteuse pour la région. Nous espérons que vous apprécierez la lecture de ce rapport.

Debora RevoltellaDirectrice du département Analyses économiques, Banque européenne d’investissement

Ralph De HaasDirecteur de la recherche, Banque européenne pour la reconstruction et le développement

Roberta GattiÉconomiste en chef, Moyen-Orient et Afrique du Nord, Banque mondiale

Sergei GurievProfesseur d’économie, Sciences Po

Résumé analytique

Le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord ont connu une faible croissance économique depuis la crise financière mondiale de 2007-2009 et le printemps arabe du début des années 2010. En moyenne, le produit intérieur brut (PIB) par habitant n’a augmenté que de 0,3 % par an dans six économies représentatives de la région : Cisjordanie et Gaza, Égypte, Jordanie, Liban, Maroc et Tunisie. La comparaison est défavorable avec les taux de 1,7 % en moyenne des pays à revenu intermédiaire et de 2,4 % des économies en développement d’Europe et d’Asie centrale (EAC).

Il est particulièrement important de parvenir à une croissance plus élevée et durable compte tenu des autres défis économiques auxquels la région est confrontée : la dette publique des pays de la région MENA a considérablement augmenté au cours de la dernière décennie, et les investissements sont en baisse. Plus récemment, la pandémie de coronavirus a frappé la région, grevant davantage les finances publiques. Par ailleurs, l’invasion russe de l’Ukraine a des répercussions sur les économies examinées dans le présent rapport, qui se traduisent par une hausse des prix des hydrocarbures, des risques pour la sécurité alimentaire et une baisse du tourisme.

Le présent rapport a pour objet de comprendre les raisons de cette croissance relativement lente, en se penchant particulièrement sur les causes de la stagnation de la productivité et de l’accumulation inadéquate de capital humain et physique dans le secteur privé de la région. À cette fin, le rapport résume les principales conclusions de neuf documents de fond inspirés par les données des enquêtes sur les entreprises. Il tire également des conclusions en matière de politique générale, non seulement pour promouvoir une meilleure performance des entreprises, mais aussi pour relever le défi des changements climatiques en poursuivant une croissance durable.

Les études de fond s’appuient sur les données issues d’enquêtes menées auprès de plus de 5 800 entreprises formelles dans les six pays de la région MENA susmentionnés, entre fin 2018 et 2020, en grande partie avant la pandémie de coronavirus. Les données de la même enquête effectuée dans 28 pays d’Europe et d’Asie centrale fournissent des points de comparaison avec des économies se trouvant à un stade de développement similaire, tandis que les données d’une enquête précédente réalisée dans la région MENA en 2013 servent de référence pour mesurer l’évolution dans le temps. Bien que les données de l’enquête sur les entreprises soient largement antérieures à la pandémie, elles restent extrêmement pertinentes car elles offrent un aperçu précis des caractéristiques et des faiblesses plus structurelles du climat des affaires. La résilience et la capacité de réaction face aux nouveaux chocs sont susceptibles d’être altérées par ces caractéristiques structurelles.

Les enquêtes sur les entreprises consistent en des entretiens en personne avec les propriétaires ou les principaux dirigeants d’entreprises enregistrées comptant au moins cinq salariés, classées par secteur (industrie manufacturière, commerce du détail et autres services), par taille (5-19, 20-99 employés et plus de 100 employés) et par région au sein d’un même pays. Elles permettent de recueillir des informations de base sur les entreprises, notamment leur âge, leur taille et leur point de vue sur la qualité du climat local des affaires, par exemple, s’agissant des infrastructures, de la main-d’oeuvre et des relations entre les entreprises et l’État.

Les dernières enquêtes ont également permis de collecter des informations sur les liens des entreprises avec le monde politique et leurs comportements vis-à-vis de l’environnement, de l’énergie et des changements climatiques, en ce compris leurs pratiques de gestion écologique et leurs investissements verts.

Qu’est-ce qui retient le secteur privé dans la région MENA ?

Le climat des affaires est perçu comme difficile. Les personnes interrogées indiquent que l’instabilité politique, la corruption, la concurrence du secteur informel et le manque d’accès au financement constituent les principales entraves aux opérations dans la région MENA. Les obstacles liés à la réglementation sur le marché des produits sont également rédhibitoires.

Les liens avec le monde politique et les activités informelles nuisent à la concurrence équitable. Les entreprises ayant des liens avec des acteurs politiques tirent un profit relatif de leur position privilégiée. Cependant, l’exploitation du pouvoir d’influence a également pour effet indirect d’obliger les entreprises concurrentes à compenser par d’autres moyens d’accès au monde politique. Les liens avec la sphère politique compromettent l’égalité des conditions de concurrence. La taille importante du secteur informel de la région pèse également lourdement sur les entreprises établies. La concurrence de l’activité économique informelle se traduit par une baisse des projections de croissance et, par conséquent, une diminution de la probabilité d’accès au financement, comme en témoigne la réduction des demandes de prêts.

Les pratiques de gestion des entreprises sont à la traîne par rapport aux meilleures pratiques dans les pays de référence. Les entreprises ont des pratiques de gestion relativement médiocres, leurs notes moyennes à cet égard étant en baisse dans tous les pays de la région MENA depuis 2013. Ce résultat s’explique en partie par les liens avec l’État, étant donné qu'un actionnariat de l’État, même partiel, ralentit l’introduction des meilleures pratiques de gestion. En outre, lorsqu'elles disposent de bons réseaux, les entreprises sont protégées contre la concurrence, ce qui ne les incite pas à adopter des pratiques de gestion modernes. Cette situation a un coût, car les pratiques managériales sont cruciales pour la rentabilité, le commerce et l’innovation.

Les entreprises de la région sont moins capables d’exploiter les avantages du commerce, de l’innovation et de la transition numérique. De nombreuses entreprises productives de la région ne tirent pas profit des avantages du commerce pour ce qui est de l’échelle et de l’efficacité de leurs activités, en raison du climat des affaires peu propice et de la prédominance de l’État dans l’économie. Parmi ces avantages figure l’innovation, qui est souvent associée à la participation aux échanges commerciaux et à l’intégration dans les chaînes de valeur mondiales. Pourtant, les entreprises de la région MENA affichent des taux d’innovation très faibles. Elles accusent également un retard par rapport à leurs homologues dans d’autres pays en développement en ce qui concerne l’adoption des technologies numériques.

Peu d’entreprises de la région investissent dans leur personnel. Les économies de la région MENA font un usage inadéquat de leur capital humain. L’industrie manufacturière ne dispense une formation formelle qu’à une petite partie de ses travailleurs. Seules quelques entreprises investissent dans la formation de leurs salariés et il s’agit souvent d’entreprises exportatrices plus grandes, plus jeunes, sous contrôle étranger et ayant franchi le cap du numérique.

L’accès au financement reste difficile et les taux d’investissement sont faibles. Les exigences strictes en matière de garanties, les procédures complexes et les taux d’intérêt élevés découragent les entreprises de demander un prêt. Un grand nombre d’entreprises fonctionnent en autarcie financière (ne s’engageant pas dans des activités d’emprunt ni de prêt avec d’autres acteurs économiques), la plupart optant pour l’autofinancement volontaire. L’autarcie financière semble être une réponse à un environnement opérationnel difficile. Les pays de la région MENA présentent des taux d’investissement exceptionnellement bas. Bien que les taux d’intérêt élevés résultant du creusement de la dette publique puissent être l’une des causes du déclin de l’investissement, un climat des affaires défavorable peut générer à la fois des taux d’intérêt élevés et des taux d’investissement bas.

La transition verte n’est pas encore une priorité. Les incitations à la décarbonation des entreprises sont faibles, car tous les pays de la région continuent de subventionner les combustibles fossiles et l’électricité produite à partir de ceux-ci. Les sociétés cotées ont désormais des incitations plus fortes à prendre en considération les enjeux ESG, mais le niveau de responsabilité des entreprises de la région à cet égard reste modeste en moyenne. Les entreprises de la région MENA sont moins enclines que leurs homologues d’Europe et d’Asie centrale à adopter des mesures qui réduisent leur empreinte environnementale. Cependant, certaines économies de la région font beaucoup mieux que d’autres, laissant présager des possibilités de réformes pour accroître et pérenniser la croissance.

Que faire pour dynamiser une croissance durable du secteur privé dans la région MENA ?

Le présent rapport appelle les pays de la région à réduire les entraves liées à la réglementation pour les entreprises, à promouvoir la concurrence et à réduire les facteurs dissuasifs découlant de l’influence politique et des pratiques des entreprises informelles. Les réformes qui facilitent l’innovation, l’adoption des technologies numériques et les investissements dans le capital humain sont cruciaux. Les entreprises devraient également être incitées à exploiter plus largement les avantages d’une participation au commerce transfrontalier et aux chaînes de valeur mondiales. De meilleures pratiques de gestion peuvent s’avérer déterminantes à cet égard.

Les réformes visant à soutenir ces objectifs devront également tenir compte de l’enjeu de la durabilité ainsi que du plan d’action mondial visant à limiter les changements climatiques et à protéger l’environnement naturel de manière plus générale. L’écologisation des modèles de croissance des pays de la région MENA nécessitera des politiques publiques saines, des institutions étatiques solides et des pouvoirs politiques déterminés qui incitent les entreprises et les consommateurs à penser en termes écologiques, à promouvoir des investissements propres et à éliminer les obstacles empêchant une transition en douceur vers l’économie verte.

Dans le même temps, les États ont le devoir de veiller à ce que ce processus de transition soit juste, grâce à des mesures qui aident les travailleurs à obtenir de nouveaux emplois de meilleure qualité liés à l’économie verte, tout en protégeant ceux qui risquent de perdre leur travail. Ces mesures doivent porter sur les politiques relatives au marché du travail, la formation professionnelle, les dispositifs de protection sociale et les actions visant à soutenir le développement économique régional.

Les autorités étatiques de la région devraient concentrer leur soutien sur les secteurs et les entreprises qui ont un avenir décarboné, tout en s’abstenant d’aider les sociétés « zombies » qui seront à la peine dans une économie verte. Il s’agit notamment de remédier aux défaillances des marchés et des politiques qui gênent la transition vers cette économie verte. À cet effet, la clé consiste à fixer des prix judicieux : appliquer un tarif plus élevé pour le carbone et un ensemble plus large de sources d’émissions, et supprimer les subventions aux combustibles fossiles.

Section 1

Introduction – Performance économique et climat des affaires

Les pays de la région MENA se heurtent à un contexte macroéconomique difficile, caractérisé par la faiblesse persistante de la croissance du PIB par habitant. La figure 1.1