Éloge de l'audace - Philippe Gabilliet - E-Book

Éloge de l'audace E-Book

Philippe Gabilliet

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Beschreibung

« Il est temps de commencer à vivre la vie dont vous avez rêvé » (Henry James).

Et si la réalisation de soi n’avait rien à voir avec la recherche du bonheur ? Et s’il était préférable de mener une vie intense et mémorable, pleine de rebondissements et d’imprévus, plutôt qu’une existence peinarde, tranquille, mais tellement lisse et monotone ?

Et si le principe de précaution, la peur du risque et les pudeurs du conformisme nous empêchaient de devenir celui ou celle que
nous pourrions être vraiment ? Et si l’on pouvait à tout âge réapprendre à vivre de façon audacieuse, à sortir de sa zone de confort et à agrandir son champ des « vies possibles » ? Si le temps était venu de faire le choix de l’audace et de la vie romanesque ?

Dans cet éloge percutant, Philippe Gabilliet nous rappelle que s’il est bon de vouloir donner un sens à sa vie, il est tout aussi important de lui offrir une texture d’aventure et des saveurs romanesques dignes de ce nom.

C’est la raison pour laquelle l’auteur nous encourage à faire en toutes circonstances le choix de l’audace. Et c’est aussi pour cela qu’il recommande d’accueillir avec bienveillance ces compagnons de route de toute « belle vie » que sont l’inattendu, la passion, le goût du risque et l’amour inconditionnel de la liberté.

Laissons-nous gagner par le désir de renaître et de repartir à l’aventure, quitte à nous réincarner 100 fois dans une seule et même vie !

À PROPOS DE L'AUTEUR

Professeur à ESCP Europe, Philippe Gabilliet enseigne depuis plus de 20 ans la psychologie positive et le développement personnel. Il est l'auteur des best-sellers Eloge de l'optimismew (2010) et Eloge de la chance (2012), publiés aux éditions Saint-Simon.

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Couverture

Page de titre

Prologue

À l’heure du principe de précaution, de la défiance envers le risque, et de la lutte contre les 1 001 dangers qui nous entourent, il peut sembler iconoclaste de se lancer dans un Éloge de l’audace. Pourtant, dans un monde où fleurissent tant de tentatives de déconstructions, déboulonnages et dénonciations diverses, comment ne pas se réjouir du retour en force de ce simple exercice d’admiration que l’on dénomme l’éloge ? Quelle bouffée d’air en effet lorsque un auteur s’attache à mettre en avant – souvent avec passion – la valeur et les qualités d’une personne, d’une institution, d’une œuvre, d’une action ou de quoi que ce soit méritant d’être porté à l’admiration du public !

Le site Amazon.fr recense à ce jour (2015) plus de 10 000 titres ayant un éloge pour objet, la moitié environ publiés au cours des dix dernières années. L’époque éditoriale serait-elle désormais à la louange ? Certes depuis les premiers temps de sa pratique, dans une lointaine Antiquité, le genre de l’éloge a bien évolué. Jadis réservé aux grands personnages et prononcé à l’heure de leurs funérailles, l’éloge semble au fil des siècles s’être à la fois démocratisé et éloigné de la mort au bénéfice de la vie, pour devenir un exercice de style fort enthousiasmant où l’on s’emploie à démontrer la valeur tout en célébrant les mérites. Mais la valeur et les mérites de quoi ?

Revenons un instant chez notre libraire préféré. Au fil des rayonnages, il est certains sujets pour lesquels l’éloge semble couler de source. Rien de plus naturel, par exemple, que de prononcer celui de l’amitié, de l’amour, de la compassion, de la confiance, de la différence, des esprits libres, de la famille, de la gentillesse, de la lecture, de la liberté, de la lucidité, du mariage, de la morale, de la musique classique, de la richesse intérieure, du silence, du voyage, etc. Plus étonnants, plus « décalés » sans doute apparaîtront certains éloges tels que celui de la bicyclette, du bistrot parisien, du carburateur (!), du chocolat, de l’énergie vagabonde, de la jouissance féminine, de la masturbation, du saucisson ou de la sieste, titres dont nous garantissons l’authenticité !

Mais les plus intéressants sont aussi probablement les plus inattendus. Ceux par exemple prenant pour objet de louange ce que la pensée commune a justement pour habitude de dénoncer ou de blâmer. Beaucoup d’encre a coulé depuis la publication par Érasme de son illustre Éloge de la folie (1509). Plus près de nous, les éloges de la paresse (E. Marsan, 1926), de l’oisiveté (B. Russell, 1930), de la fessée (J. Serguine, 1976) ou de la fuite (H. Laborit, 1985) agitèrent à leur tour le débat de leur époque. Mais que dire aujourd’hui d’éloges aussi paradoxaux que provocateurs, tels que ceux de l’anormalité (M. Pigasse, 2014), de la barbarie judiciaire (T. Lévy, 2004), du blasphème (C. Fourest, 2015), de la faiblesse (A. Jollien, 2011), de la fausse note (M. Vella, 2012), des animaux mangeurs d’hommes (Y. Paccalet, 2014), (M. Erman, 2012), etc. ? Certes ces derniers ne se présentent pas tous au premier degré et le paradoxe aime se nourrir d’un esprit satirique qui sait rendre l’éloge aussi intellectuellement scandaleux que politiquement acceptable. Mais une idée demeure, cependant, au fil de ces louanges improbables. C’est celle de la nécessaire transgression qu’exige toute pensée libre. Car tant qu’à louer, autant le faire contre l’air du temps ; moins par esprit de contradiction, que par désir de conserver son esprit (et celui de son lecteur) en alerte.

À une époque où les médias ressassaient à longueur de colonnes le pessimisme hexagonal et la morosité française, il nous a semblé utile de tenter un Éloge de l’optimisme1, même si le projet pouvait apparaître naïf et fort éloigné des dures réalités socio-économiques de la crise. Quelques années plus tard, sans doute lassé par trop de discours sur l’ascenseur social en panne, les fatalités du mal-être contemporain ou l’inéluctable inégalité des êtres humains face à la réussite et à l’épanouissement de soi, nous nous sommes risqué à un Éloge de la chance2, suite logique du précédent, au risque d’apparaître comme un chantre de l’opportunisme existentiel et un défenseur de l’individualisme libéral contre la puissance sacrée du collectif.

Dans le fond, derrière ces deux thèmes de l’optimisme et de la chance, c’était d’abord et avant tout de liberté dont il s’agissait. Cette liberté aux multiples visages, qui nous conduit en permanence à faire des choix de vie, à arbitrer entre les possibles, à parier sur un projet ou une relation, à trancher dans le vif, à décider une bonne fois pour toutes et, disons le mot, à oser agir, envers et contre tout.

L’audace de faire, de passer à l’action serait-elle donc la clé ? Et serait-ce finalement elle qui mériterait avant tout d’être louée ? Il y a certes en nos vies un temps pour la réflexion et la maturation. Mais la liberté en elle-même demeure une idée abstraite tant qu’elle ne s’incarne pas dans l’action. On ne change pas sa vie en se contentant d’y réfléchir ou en laissant simplement parvenir à leur pleine maturité l’ensemble des options possibles.

Car « être optimiste », c’est d’abord oser agir en ayant l’audace d’optimiser concrètement ce que nous propose la réalité – ressources et contraintes, forces et handicaps, joies et peines. C’est faire toujours le mieux possible avec ce matériau, tout ce matériau, que l’on appelle la vie réelle.

Tout comme « avoir de la chance », c’est oser agir face à l’événement inattendu et fortuit. Qu’il soit heureux ou malheureux, providentiel ou tragique, c’est avoir l’audace de le transformer en une circonstance favorable… fût-ce contre l’avis général et le conformisme du plus grand nombre. La plus grande des audaces est bien celle du devenir.

Mais est-ce toujours si simple ? Il suffirait donc d’oser passer à l’action pour parvenir à faire son bonheur et celui des autres ? Il suffirait d’adopter un comportement audacieux pour changer le monde ? Hélas, la vraie vie a ses caprices et les plus audacieux d’entre nous semblent démontrer un incroyable talent à faire se dresser devant eux des barrières qu’ils devront ensuite s’employer à franchir. Et si le monde dans lequel nous vivons apparaît de plus en plus sécurisé, voire pour certains de plus en plus confortable, cette sécurité et ce confort ont un prix… Car l’aventure n’est plus ce qu’elle était. Le risque aujourd’hui n’a guère bonne presse, sinon dans quelques univers entrepreneuriaux ou artistiques. Quant à nous, individus et citoyens responsables – tant dans notre vie intime que sociale –, il est attendu que nous fassions désormais preuve de discernement. Autant l’avouer, ce dernier porte souvent les habits de l’anticipation raisonnable, de la sage précaution, de la conformité à la norme et du socialement-correct, au risque d’un terrible formatage existentiel et d’une mortelle autocensure face à ce que la vie s’apprêtait à nous proposer. Mais peut-être en sommes-nous aussi personnellement responsables. Comme nous le rappelle le grand philosophe indien J. Krishnamurti, « ce n’est pas un signe de bonne santé que d’être bien adapté à une société profondément malade ».

A contrario, l’audace peut-elle vraiment rendre heureux ? Et qui ose sortir des sentiers battus ne risque-t-il pas de se voir confronté tôt ou tard à l’épreuve de l’adversité, sous la forme de difficultés imprévues ou de revers inattendus ? Peut-être. Et c’est même là tout l’intérêt de la chose. Se mettre à découvert, s’exposer, oser s’aventurer hors des pistes balisées… De même qu’aucun skipper, lors d’une régate, ne saurait faire la différence avec ses concurrents par temps calme, il semble difficile de se réaliser pleinement dans la seule ambition d’une « vie peinarde ». L’ancien président des États-Unis Theodore Roosevelt (1858-1919) affirma, sans doute avec excès, qu’« il n’y avait jamais eu dans l’histoire une seule personne ayant mené de bout en bout une vie facile et dont le nom mérite qu’on s’en souvienne ». Dans le même ordre d’idées, comment ne pas penser à cette vieille malédiction chinoise de l’âge classique, jetée au visage de ses victimes et qui recelait cette étrange menace : « Puissiez-vous vivre en des temps intéressants ! » Rien d’étonnant dans un environnement culturel confucéen, tellement marqué par les valeurs de modération, de tempérance et d’harmonie ; un environnement mesuré et serein dans lequel une existence trop intéressante risquait immanquablement d’être marquée par la passion, le changement, donc le déséquilibre.

« Dans tous les cas de figures, il est une valeur qui dépasse infiniment le bonheur, c’est le romanesque, cette faculté merveilleuse qu’a le destin de nous réserver jusqu’au bout des surprises, de nous étonner, de nous arracher aux rails où nous étions engagés3. » Par ces propos, l’écrivain Pascal Bruckner vient nous rappeler fort à propos qu’on peut préférer une vie audacieuse et intense – remplie de rebondissements et d’imprévus agréables ou douloureux – à une vie heureuse mais hélas monotone. C’est aussi ce dont semble se plaindre la jeune Alice, face au sourire du Chat de Cheshire : « La pire difficulté, voyez-vous, est que les aventures ne m’arrivent pas. Oh, comment pourrais-je m’y prendre pour que l’une d’entre elles m’arrive enfin et que j’aie quelque chose à raconter4 ? »

Et si la réalisation de soi avait davantage à voir avec l’aventure au quotidien et ses incertitudes qu’avec la « recherche du bonheur » prônée par les apôtres de la félicité pour tous ? Et s’il était somme toute préférable de mener une existence plus intense, pleine d’événements inattendus et mémorables qu’une vie heureuse et tranquille, mais tellement lisse, monotone et quotidienne ? Et si le principe de précaution et la défiance face au risque nous empêchaient parfois de devenir celui ou celle que nous pourrions vraiment être ? Et si l’on pouvait à tout âge réapprendre à sortir de sa zone de confort afin d’accroître son champ des possibles et vivre de façon plus audacieuse, pour soi et pour les autres ? Et si le temps était venu de faire le choix de l’audace et du romanesque contre celui des conformismes et du socialement-correct ?

C’est à ce voyage au cœur de toutes vos « vies possibles » que je vous convie aujourd’hui. Car dans un monde où se multiplient les barrières, les interdits et les injonctions à la conformité, le choix de l’audace, tant vis-à-vis de soi-même que des autres et du monde, apparaît comme l’une des manières les plus subtiles et élégantes d’embellir son destin, de réveiller chaque matin l’étincelle romanesque qui couve en chacun de nous. Comme nous y invitait il y a plus d’un siècle l’écrivain américain Henry James (1843-1915) : « Il est temps de commencer à vivre la vie dont vous avez rêvé. »

1. Éloge de l’optimisme. Quand les enthousiastes font bouger le monde, Saint-Simon, 2010.

2. Éloge de la chance. L’art de prendre sa vie en main, Saint-Simon, 2012.

3. L’Euphorie perpétuelle, Grasset, 2000 (p. 182).

4. Lewis Carroll, Alice aux Pays des merveilles, 1865.

1. Petite grammaire du temps qui passe

« Le temps qui nous reste à vivre est plus important que toutes les années écoulées. » (Léon Tolstoï) « La vie est trop courte pour être petite. » (Benjamin Disraeli)

« J’ai bien l’intention de vivre éternellement ; et je dois dire que jusqu’à présent, tout se passe comme prévu », aurait un jour déclaré Woody Allen, tentant une fois encore de conjurer par le rire le terme définitif qui s’impose tôt ou tard à tout être vivant. Mais derrière le mot d’esprit affleure une autre réalité, ou du moins une autre intuition, celle du temps forcément limité imparti à chacun d’entre nous. Et c’est justement autour de cette conscience du temps qui passe, inexorablement, que vient se tisser le désir bien compréhensible – n’en déplaise aux philosophes du désespoir et de l’absurde – de laisser quelque chose après soi, de marquer son passage, de transmettre, de donner un sens… Pendant des siècles, le problème ne s’est guère posé car seul comptait finalement le salut de l’âme, notre bref passage en ce monde n’ayant vocation qu’à nous préparer pour l’Éternité. Mais le temps a passé, successivement marqué par la Renaissance, les Lumières et la Modernité. Au fil des derniers siècles, l’ici-bas, chargé d’épreuves, a fini par reprendre ses droits sur un bienheureux mais hypothétique au-delà. Et l’idée de se réaliser prioritairement « ici et maintenant » a tracé son sillon, mettant chacun de nous face à sa responsabilité première, celle d’agir et de décider en fonction de la vie que l’on veut avoir. C’est avec pragmatisme et ironie que le peintre anglais Francis Bacon (1909-1992) résumait ainsi les données du problème : « On naît, on meurt. Entre les deux on fait quelque chose, c’est mieux… » Mais que fait-on, finalement ?

Un bien étrange CDI

Tout bien considéré, pourquoi ne pas voir la vie humaine – la vôtre, la mienne, celle de ceux qui nous sont chers (et des autres) – comme une sorte de « contrat » ? Un contrat peu banal, certes ; un contrat un peu bizarre même, aux termes aussi flous qu’enthousiasmants, comparable à une sorte de CDI1 existentiel.

Tout comme ceux que nous connaissons, le fait qu’il soit à durée indéterminée ne veut pas dire à durée illimitée… Mais disons qu’on en ignore, la plupart du temps (sinon vers la fin, et encore pas pour tout le monde), le terme précis. Heureusement, car s’il s’agissait d’un contrat à durée clairement déterminée, cela impliquerait que nous connaissions à l’avance le jour et l’heure de la conclusion de notre propre histoire ; et cette triste réalité ne produirait chez la majorité d’entre nous qu’angoisse et désespoir face à l’inéluctable de notre fin programmée.

Quoi qu’il en soit, et en admettant qu’il y ait bien un « contrat », la question demeure de savoir avec « qui » nous avons contracté…

Ici peut se déployer toute la gamme des choix proposés par le grand catalogue des métaphysiques et spiritualités du monde.

Pour certains d’entre nous, ce contrat à durée indéterminée peut encore avoir été passé avec Dieu, à la grâce de qui on s’en remet pour en appliquer les termes. D’autres préféreront évoquer le Destin, avatar agnostique du co-contractant précédent. D’autres encore seront convaincus d’avoir fait affaire avec la Nature, dont on connaît depuis toujours les caprices et les revirements dans l’application de ce type d’accord. D’autres enfin penseront en toute bonne foi que c’est avec la Science ou la Technologie que se mènent à présent les discussions sur la durée et les termes du contrat en question. À noter d’ailleurs, depuis peu, l’apparition d’une nouvelle catégorie, les « transhumanistes2 », convaincus que cette durée encore indéterminée pourrait – toujours grâce à la science et à la technologie – être modifiée en une sorte de nouveau contrat à durée infinie, sorte de pacte avec l’éternité repoussant sine die l’heure de la liquidation…