Erhalten Sie Zugang zu diesem und mehr als 300000 Büchern ab EUR 5,99 monatlich.
Ça y est, c’est l’heure de la « bulle » comme on l’appelle ici. C’est la séance de la thérapie de groupe avec le psychologue. Nous sommes le groupe Orange et nous sommes 10 à y participer. Le principe ? Parler librement de nos histoires personnelles, de nos blessures, de nos bonnes ou plutôt de nos mauvaises expériences, celles qui nous ont conduits ici, au Calme. Le Calme ? Une cure de désintoxication pour alcooliques. Je m’appelle
Sébastien Loison et je suis alcoolique depuis plus de dix ans. J’ai 36 ans quand j’écris ce livre.
Mon parcours de cures et en cures et de clinique de repos. Ce qui m’a conduit ici et là : ma rencontre malheureuse avec un directeur de colonie qui a changé ma vie, mes passions, ma musique, mes amours gâchés et leurs désillusions. Une vie avec tout ce que cela peut comporter, du bien comme du mal.
Le journal de bord d’une simple personne à travers une vie mouvementée qui ne cherche qu’une seule chose : sortir de son addiction.
Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:
Seitenzahl: 423
Veröffentlichungsjahr: 2022
Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:
Sébastien Loison
En Cure et EnCure
Je m’appelle Sébastien Loison, j’ai aujourd’hui 36 ans. Je suis alcoolique depuis plus de quatre ans, consommateur de stupéfiants depuis bientôt plus de 20ans.
Je suis en train d’écrire ce recueil alors que je suis en cure pour me soigner de cette maladie qu’est l’alcoolisme, chose que la plupart des gens ne soupçonnent guère et surtout n’arrive pas à s’avouer. Car il faut du courage, de la lucidité pour se rendre compte que dépassé un stade on devient dépendant et surtout malade.
Je ne juge personne, je suis très mal placé pour le faire, mais j’ai croisé des personnes qui s’en sont sorties, qui à l’heure actuelle sont abstinents et je croise aussi tous les jours des gens « malades », mais vraiment pas dans le sens péjoratif du terme, qui se voilent laface.
Ce livre n’est qu’un témoignage, une série de vérités.
Je me suis assez menti et trop souvent menti pendant de trop longues années…
« Mentir » ? Non je ne pense pas que ce soit le bon terme, mentir aux autres, oui c’est une évidence, mais c’est le problème avec l’alcool, ce n’est plus nous qui contrôlons notre vie, c’est la bouteille qui le fait, insidieusement sans qu’on la voie venir. Pour finalement ne plus être soi-même.
Ce n’est évidemment pas ma première cure, sinon j’avoue que je ne me serai pas lancé dans l’écriture de ce recueil. En toute franchise c’est ma troisième, mis à part les séjours plus ou moins longs en hôpitaux psychiatriques.
Pourquoi en être arrivé là ?
C’est-ce que je vais essayer d’expliquer. Nous avons tous un passé, plus ou moins douloureux pour chacun d’entre nous, nous y réagissons tous aussi de manières très différentes. Certains font le deuil de souffrances ou de traumatismes qu’ils pourraient avoir vécus, vont de l’avant sans forcément se retourner en arrière. D’autres, et c’est mon cas, vivent avec des blessures sans arriver à avancer. Ils se retrouvent alors en « mode survie ». Il n’y a aucune honte à avoir par rapport à cela, car c’est aussi ça qui fait que l’on se lève le matin.
Je ne ferai aucune morale, aucun jugement.
Je ne sais trop ce que c‘est pour l’avoir vécu moi-même.
Je tenais juste à partager mon, mes expériences qui font que j’en suis là aujourd’hui. Pas de pitié à avoir, je n’attends aucune compassion, je suis prêt à présent de faire en sorte de reprendre le contrôle de ma vie et surtout que ce ne soit plus la bouteille qui me contrôle.
Si ma courte vie, semée malgré tout de pas mal d’embuches peut faire réfléchir, peut faire réagir ne serait-ce qu’une seule personne j’en serai trèsfier.
Mais en toute honnêteté, si je fais cela c’est aussi pour un côté un peu égoïste. C’est que j’ai aussi besoin d’en parler, que cela fait partie de ma propre thérapie.
20 ans d’histoire, 20 ans de joie, de bonheur, mais bien évidemment 20ans aussi de peines, de souffrances et de tristesse.
Alcool, drogues, dépression…
Le risque ? La mort, j’en suis conscient.
Mais 20 ans qui font que je suis encore là avec la rage au ventre et l’envie de réapprendre à vivre.
Je ne savais pas vraiment comment aborder les choses et les événements en écrivant ce recueil.
Un exorcisme ? Une mise en garde pour les autres et pour moi face aux éventuels dangers que l’on peut croiser sur la route?
Je ne savais pas non plus comment accorder tout cela, dans quel ordre mettre et positionner les différents textes et diverses chansons. Je me suis creusé la tête pendant des jours et des heures avant de pouvoir trouver la réponse et la solution. Après quasiment dix ans d’écriture, je mets entre parenthèses les quelques bribes de souvenirs de 96-97, je pense que je vais partir du plus récent et remonter la chronologie de mes tentatives de soins et de cures.
Je débuterais donc avec l’année 2014 avec la Clinique du Château de Villebouzin et le CALME à Illiers Combray pour repartir en arrière.
Une seconde partie sera accordée aux chansons que j’ai écrites au cours de ces années, je ne pourrais pas les dater, car moi-même je n’en ai plus les dates d’écriture.
Une troisième partie, plus courte, sera consacrée à quelques souvenirs vieux d’une vingtaine d’années et enfin, la quatrième et dernière seront les témoignages des personnes qui ont subi les mêmes agissements que moi de la part de la même personne. Par respect, je ne citerai pas les noms de ces personnes.
Levé à 6h30 avec la gueule de bois forcément…
Il fallait bien que je finisse la bouteille de whisky qui me restait, bon allez une demi-bouteille pour être honnête…
C’est décidé, la valise est prête, j’ai rendez-vous chez mes parents pour 7h30. Le jour J est arrivé, je pars en cure ce matin au CALME à Illiers-Combray à côté de Chartres.
Il m’a fallu 6 mois pour en arriver à cette décision, se rendre compte que je ne serai pas capable de m’en sortir toutseul.
Frédéric F, alcoolique abstinent, le père d’Enora, une collègue de boulot et surtout une amie, nous a mis en contact pour faire le point sur ma consommation plus qu’excessive.
Un rendez-vous dans un café sur Dourdan… La boule au ventre…
Il arrive, je le reconnais tout de suite, je l’avais déjà croisé.
–SalutSéb
–SalutFréd,
–Tu veux qu’on mange un bout?
–Bah pourquoi pas, allons-y…
Il ne faut pas longtemps pour qu’on rentre dans le vif du sujet et il ne faut pas longtemps non plus pour que je me rende compte qu’il faut que je parte en cure. D’après son expérience c’est la seule solution.
Je suis devant une évidence, je n’ai guère d’autre choix…
Un passage par l’association Vie Libre de Dourdan pour me trouver une place en urgence, Evelyne, la présidente fait le forcing… Une place pour le mardi 21 janvier, c’est parfait !
Oui, mais raté, le temps d’envoyer les papiers, de faire un bilan sanguin, décalage d’une semaine !!!
Beaucoup de déception à ce moment-là, une semaine effroyable avec une consommation quotidienne qui pouvait monter jusqu’à un litre de sky parjour.
Reculer pour mieux sauter, mais qu’importe, ma place est retenue est je sais où je vais ce mardi28.
7h30, Etréchy, je suis là chez mes parents, angoissé.
–A quelle heure on a rendez-vous me demande mon père.
–À partir de 10h, il faut compter environ deux heures pour y aller…
–Bon le temps de prendre un café me suggère ma mère et puis on y va.
Café englouti, un tour aux toilettes et hop dans la voiture. C’est parti pour deux heures de route, direction Illiers. J’ai pensé à prendre un CD, Van Halen, ça va me détendre un peu pour le trajet…
C’est beau la Beauce au soleil levant…non franchement c’est laid, c’est plat, aucun intérêt ! Mais je ne pars pas en voyage touristique nonplus.
Il ne manque plus que la pluie, qui ne se fait pas attendre d’ailleurs.
Merci le GPS parce que c’est un peu un trou paumé, des petites routes de campagnes, des chemins de traverse, il faut vraiment être motivé pour y arriver.
Mais enfin le but est atteint, le Moulin d’Illiers-Combray est là devantnous.
On se gare dans la cour, on descend la valise. Une clope avant de franchir le pas… Besoin de respirer, façon de parler, mais besoin de lâcher la pression qui monte de plus en plus. Je ne peux plus faire marche arrière. Tendu, angoissé. Qu’est-ce qui m’attend durant ce mois ? C’est toute la question.
Je ne vais pas tarder à avoir la réponse… Et quelle réponse !!!
Surtout la mise en bouche, hallucinante !!!
Il est 10h, je me dirige vers la porte d’entrée du Moulin…
Je ne suis pas seul à être arrivé à cette heure. Je croise un grand type, veste noire, aussi barbu que moi: Pascal.
–Bonjour,Séb,
–Bonjour, Pascal,
–Comment ça va ? Pas trop tendu parce que moi franchement je suis totalement angoissé
–Moi c’est pareil… En stress total !!!
–Tu es là pour la même raison que moi je pense ? Alcool?
–Oui, vodka, rhum, Ricard
–Idem, mais moi c’est plutôt le sky, jusqu’à 1 litre par jour… Bon on va aller voir ce qui se trame à l’intérieur…
On est bien accueilli, on pose nos valises sur lecôté…
Cynthia nous accueille.
–Bonjour messieurs, bienvenus au CALME, alors la première règle ici c’est que tout le monde se tutoie, médecins, infirmières, psychologues.
OK comme principe c’est plutôt rassurant, en plus personne en blouse blanche, on n’a pas l’impression de se trouver dans un hôpital ou une clinique.
–Deuxième chose messieurs, il y a un rituel si vous l’acceptez, c’est d’aller en ville aller boire votre dernier verre, ce n’est pas une obligation, mais ça fait partie de la thérapie. Qu’en pensez-vous?
Arrivés ensemble avec Pascal, on se regarde et puis merde…allons-y, de toute façon à ce moment-là on se dit que ça va être le dernier.
Nous voilà partis accompagnés de Cynthia, direction le PMU à l’entrée du village.
–Je reviens vous chercher dans 15min
–OK…
Il est 10h30, deux énergumènes pas très frais qui rentrent dans le troquet.
Bon alors déjà on ne passe pas inaperçu, on se pose au comptoir et la serveuse avec un sourire très charmant nous demande se que l’on souhaite. Elle a compris ce qu’on fait là, c’est un peu le lieu du dernier verre pour ceux qui vont au CALME, elle a l’habitude.
Je me lance.
–Pour moi ce sera un whisky.
–Une double dose me propose-t-elle?
–Heu non, plutôt une quadruple s’il vous plait…
–Et pour vous ? Demande-t-elle à Pascal.
–Une vodka, une quadruple aussi s’il vous plait.
–Bon bah Pascal, à la tienne ! À ce dernier verre !!!
Hop cul sec, ça réchauffe, ça fait dubien…
Pascal paie la tournée. Je lui en propose une deuxième, il hésite… Mais on ne se refait pas, il accepte.
–Excusez-moi madame on pourrait ravoir la même chose s’il vous plait. Dose identique pour moi.
Mais le souci pour Pascal c’est qu’il ne reste plus de vodka, alors avec hésitation il prend la même chose que moi, quadruple dose desky.
Cette fois-ci c’est moi qui paie la tournée… 30€ crachés en moins de 10min… On est dans les temps, on a même le temps de sortir pour se griller une clope ou deux. Commencer à discuter sérieusement sur ce qui nous a conduitsici.
Au fur et à mesure on se trouve pas mal de points communs, ce n’est pas un hasard si on s’est retrouvé là en même temps, si ce dernier verre, ou plutôt les huit derniers on les a pris ensemble.
Des problèmes d’ex-femmes, de garde d’enfants… Pas trop le temps de rentrer dans les détails, Cynthia arrive pour nous récupérer.
–Cela s’est bien passé? Nous demande-t-elle.
Il n’y a pas vraiment grand-chose à répondre, mais perso je me sens un peu moins stressé, pareil pour Pascal. Il se trouve à l’arrière, moi à la place du mort, on pue l’alcool c’est une évidence! Vu la dose qu’on s’est mise dans le cornet…
Mais qu’importe, pas de jugement, pas de morale, rien… C’est rassurant.
Nous voilà donc de retour au Moulin, on nous accompagne chacun dans nos chambres respectives.
Inventaire des affaires, des produits de toilette, car tout ce qui pourrait contenir de l’alcool est proscrit. Pas de téléphone portable non plus, pas d’écouteurs pour mon iPod, j’ai quand même le droit de garder mon radio réveil et mon iPod… Ouf!!! Parce qu’un mois sans musique cela n’aurait pas pu être tenable.
Puis Maryse, une infirmière, ancienne alcoolique, arrive dans la chambre avec Ludovic, un patient arrivé le jourmême.
Elle nous explique les règles du Moulin:
–Une semaine de sevrage, perfusion et valium
–Les différents outils pour nous aider à nous en sortir: séances de thérapie de groupe, séances d’informations sur l’alcool puis séances de Soma (sorte de mélange de relaxation et de techniques de détente pour lutter quand les angoisses arrivent).
La suite de la journée?
La pose d’une perf pendant environ 1h, l’attente de voir le médecin…
L’interdiction de descendre de l’étage, avec quand même l’autorisation d’aller fumer sa clope sur le palier.
Une visite dans la chambre: Olivier, ancien légionnaire. Cela fait une semaine qu’il est arrivé. C’est le principe de l’établissement, chacun se doit de recevoir un nouvel entrant dans sa chambre (chambre double).
C’est un mec d’une cinquantaine d’année, un gros nounours, il me met tout de suite à l’aise et me réexplique un peu les règles:
–Le petit-déj à partir de 8h, le déjeuner à 13h et le diner à19h…
Pour ce premier repas de ce midi, il va falloir que je déjeune avec d’anciens patients, un entrant par table.
Me voilà donc avec Olivier, Gabriel, dit Gaby, Francis, Marcel et deux sortants dont j’ai totalement oublié le nom. À part ces deux derniers, deux gros cons qui se croient supérieurs, car pensant être sortis de l’affaire, les quatre autres font tout pour m’intégrer.
Ils m’expliquent aussi le principe des repas, c’est que l’on a une table attitrée pendant une semaine, et que chaque mardi on doit changer, comme pour les chambres finalement.
Bon OK c’est clair, ce soir je me mets à une table et j’y reste pour la semaine. Ce qui tombe bien c’est qu’ils m’accueilleront à laleur.
Quelques conseils de leur part aussi:
–Prends le temps d’observer, ne te confie pas tout de suite aux personnes que tu ne connais pas. Fais attention à toi, car on ne sait pas forcément ce que les gens ont derrière la tête.
–Merci les gars… (je suis encore vaseux, je n’ai pas encore digéré les whiskys 2 heures plustôt).
Repas terminé… Je cherche Pascal, je ne le voispas…
Je demande à une infirmière s’il va bien, mais non… Il était en grosse crise de manque, il a dû être isolé dans sa chambre…
Pour moi, retour en chambre également, car le médecin n’est toujours pas passé me voir. Je vais en profiter pour bouquiner.
17h… Enfin le médecin passe, protocole de médocs et marche à suivre:
–Vous êtes dix à être arrivés aujourd’hui, vous faites partie du groupe « orange ». Vous ferez toutes les activités ensemble, thérapie, soma, info. Vous n’avez pas le droit de sortir du Moulin pendant dix jours et le jour où vous pourrez sortir ce sera obligatoirement par groupes de trois minimum sans jamais vous lâcher d’une semelle.
On te donnera un médicament pour t’aider à t’endormir jusqu’à vendredi, puis ce jour-là tu auras une séance d’acuponcture qui devrait au final avoir pour effet de trouver le sommeil naturellement.
Des questions?
–Non ça me semble clair…
–Bienvenu parmi nous alors et profite de cette première semaine pour te reposer.
Réveillé à 7h15 par Olivier…merci, il n’a pas été trop violent, c’est pas le genre enplus.
Passage par l’infirmerie pour récupérer le traitement du matin puis direction la salle de repas. Il est trop, le p’tit déj n’est servi qu’à partir de 8h, ça laisse un peu de temps pour fumer quelques clopes.
Premier petit déjeuner en je ne sais plus trop combien d’années, ce n’est pas désagréable de prendre le temps de manger le matin en fin de compte…
J’ai bien sûr eu le droit à ma petite séance de perfusion d’une heure…
Arrivé mardi, déjà une journée et demie de passée. J’ai eu le temps de lire deux petits bouquins d’une centaine de pages chacun: « Plus jamais victime » et « Ne plus se laisser manipuler ». Ces deux livres m’ont donné à réfléchir sur les circonstances de mon arrivée dans cette cure, sur ma consommation passée de cannabis et aujourd’hui d’alcool.
Victime ou responsable? Influence ou manipulation? Deux questions fondamentales qui demandent énormément de réflexion, de remise en cause.
Être capable de se regarder dans la glace, de faire le bilan de son passé et de savoir pourquoi on réagit de telle ou telle façon.
A ce moment-là je n’ai aucune réponse. J’ai quelques débuts de piste, des souvenirs qui me hantent, mais ai-je l’esprit assez clair en ce moment pour faire la part des choses, ne pas se tromper de signes? Être en mesure d’analyser objectivement les éléments concernant mon passé, mon présent, mon avenir…?
Je vais tâcher de tirer tout cela au clair et même si je me trompe de voie, il sera toujours possible de faire marche arrière et de rectifier le tir, de remettre de la lumière, une once de vérité sur tout ce qui fait que j’en suis arrivélà.
Dans tous les cas, c’était ça, ou, sans tourner autour du pot, lamort.
Psychique et voir physique, mais heureusement que mon instinct de survie est encore intact.
Je ne pense pas que ce soit dans la nature de l’Homme de vouloir mettre fin à sa vie, mais il y a des moments où il est difficile de trouver une autre échappatoire.
Dire que deux semaines avant d’arriver au Moulin j’étais à deux doigts de me foutre en l’air. Une bouteille de sky, une quarantaine de cachets de valium étalés sur ma table basse et là la question: « qu’est-ce qu’il me reste? »
Mais voilà l’instinct de survie, le téléphone, un appel au secours à deux personnes de confiance, Fifi et Aurélie et le pire a été évité…
Merci de tout mon cœur à eux, car le pire a été évité.
Sans eux je pense que je ne serai plus de ce monde en train d’écrire toutcela.
Pas d’écriture ce jour-là…
Réveillé comme tous les matins à 7h par Olivier, mon compagnon de chambrée, direction la première prise de valium puis en avant pour un petit tour dehors sous l’abri pour le premier « café-clope » de la journée. Merci à ceux qui sortent déjà en ville et qui peuvent faire quelques courses à la supérette du village, cela permet de s’approvisionner en café soluble en dosette. Bravo, car il va falloir attendre une bonne demi-heure avant le petit déjeuner.
Pas mal de gens au taquet en ce vendredi matin: Gaby, Marcel, Francis, José, Joss, Catherine et bien d’autres… mais ahoulà au bout de trois jours je ne retiens pas encore le nom de tout le monde. On est quand même 45 en cure à ce moment-là.
Ah si! Au fait, hier soir, jeudi, première soirée en communauté. Partie de tarot avec Pascal, entre autres, qui navigue entre le bien et le mal, mais il commence à refaire surface. Tant mieux, ça fait plaisir à voir…dire que l’on a bu notre (nos) dernier verre ensemble.
Ah si, un autre souvenir du jeudi ou du mercredi d’ailleurs, ma mémoire me faisant défaut à ce moment-là.
J’ai vu le médecin, Jean Christophe. Je lui confie les divers éléments, en vrac, qui font que je suis arrivé ici: Lionel, divorce, Véréna, pression au boulot… Trop d’infos d’un seul coup, je pense…
–Ah oui docteur, j’ai lu en deux jours deux bouquins sur la culpabilité et la manipulation par autrui…
–Arrête de réfléchir, d’intellectualiser tout cela pour le moment, prends du temps pour toi, ne pense pas, va voir les autres, va discuter… De tout, de rien, chaque chose en son temps. Il y aura les thérapies de groupe pour formaliser tout cela et ce sera le moment d’en parler.
Sages paroles, mais quand pendant une semaine il n’y a rien à faire l’esprit a tendance à partir tout seul dans tous les sens et c’est assez difficile de garder le contrôle malgré toute la meilleure volonté du monde.
Alors, faire des efforts d’intégration cela ne me dérange pas, bien au contraire, mais j’essaie de me fixer des barrières, une protection consciente et surement inconsciente face à ce monde.
Chose que j’ai toujours faite en portant un masque: le Séb joyeux, aimant rechercher de l’affection et le Séb maussade, triste, cherchant plutôt de l’attention, de la compassion et voire même qu’on le plaigne.
On en revient à ce que j’ai pu lire…assumer ou culpabiliser? Responsable ou victime? Dans ces deux cas, choisir soncamp…
Une idée commence à germer dans ma tête, mais il va falloir qu’elle fleurisse et qu’elle s’épanouisse! J’ai été victime d’un « enculé », d’un prédateur et je n’avais pas les moyens à l’époque de voir clair dans son jeu. Pour cela je ne suis pas coupable, mais victime de manipulation.
Assumer aujourd’hui c’est une autre paire de manches, faire la part des choses entre le bien et le mal. Se retrouver face à soi est d’autant plus compliqué.
Le cannabis, la boisson ont toujours été de bons moyens pour se voiler la face, mettre un pansement sur une plaie béante jamais refermée, mais il est sûr que cela ne sert pas à grand-chose. Il faut soigner et guérir en profondeur.
Comment? Pourquoi? Pour quelles conséquences? Pourquoi suis-jelà?
Tout cela est décousu, mais les idées viennent comme cela sans logique, mais je préfère les couchers sur papier plutôt que de les garder enfermer dans ma tête.
Quelqu’un en trois semaines a réussi à m’analyser, à voir au fond de mon être alors que je pensais que ma carapace était impénétrable ou plutôt qu’elle ne verrait pas ce qu’il y avait derrière ce masque.
Un début de complicité qui pour moi a tourné en sentiment d’affection trop excessif.
C’est un de mes problèmes et j’en suis conscient, je ne sais pas me modérer. Mes sentiments sont tout de suite multipliés par dix, c’est un tort, car cela peut faire peur à de nombreuses personnes…ou alors je ne suis pas tombé sur les bonnes personnes.
Marzéna merci quand même pour ces bons moments passés ensemble, mais tu as vu le profond mal être qu’il y avait au fond de moi-même, pourtant je pensais avoir tout fait pour bien le cacher… Pas de prise d’alcool, si , deux apéros pris ensemble. Un respect total, mais tu l’asdit:
–Trop rapide, trop fusionnel, on a plus quinzeans!
Je confirme « on a plus quinze ans! », mais il ne faut pas que la peur empêche d’avancer.
Merci également à Julie d’être partie (on y reviendra plus tard, comme Marzéna). Tu as bien fait sinon j’aurai pu te détruire, dans le sens psychologique du terme . Il valait mieux que tu partes, avec le recul, même si ça fait mal, cela nous aura fait du bien, moins de mal dans tous lescas.
Tous les échecs sont quelque part des sortes de réussites qui poussent vers la remise en question.
Retour sur le sujet Julie dont je parlaishier.
Papa de deux petites filles, Stella 7 ans et Véréna 2 ans, comment aurai-je pu m’engager aussi rapidement à avoir de nouveau un enfant?
Ce n’est pas que l’envie n’y était pas, mais il me fallait du temps pour concevoir cette éventualité en toute sérénité…Véréna venait d’arriver dans mon monde dans la douleur, gamine imposée par sa mère par ce que je nommerai une fourberie (un enfant fait dans le dos pour être plus clair), alors me mettre la pression pour avoir un autre enfant ne fut pas facile à supporter…
Et voilà Julie partie avec un mec de 40 balais, qui lui promet monts et merveilles et certainement d’avoir un enfant avecelle.
Ce qui est tout à mon honneur, je l’espère, c’est que je n’ai jamais fait de promesse que je n’aurai pas pu tenir.
Mais bon, passons sur ces quelques périodes plutôt douloureuses, car je me rends compte avec le recul que c’est quand même moi qui suis en grande partie responsable de son départ. Rentrer du boulot à 20h avec la bouteille de whisky planquée sous le siège conducteur de la voiture et s’en torcher un tiers sur le chemin du retour, au volant, c’est-à-dire en gros en 20 minutes on ne peut pas dire que ce soit très sérieux, c’est même totalement inconscient.
La chance et c’est peu de le dire c’est que je n’ai jamais eu d’accident ni de contrôle d’alcoolémie par les flics, j’ai encore tous mes points sur mon permis de conduire.
C’est marrant en ce 1er jour du mois, j’ai une pensée pour mes collègues. Ce n’est pas vraiment drôle, mais ils doivent sortir de l’inventaire « frais » de tous les premiers du mois… Courage à eux!!!
Non, sérieusement, quand je repense à ces quatre années (bientôt, en avril) chez NaturéO, je me rends compte que j’en ai livré des batailles et qu’en fait ce n’est que le début. Sur le plan professionnel, aujourd’hui, cela devient plus ou moins secondaire, ça va être sur le plan personnel que le plus gros du travail va être à faire. Je sais que je pourrai compter sur certaines personnes de confiance et qu’il va falloir que j’apprenne à en écouter d’autres.
Quand je suis rentré chez NaturéO, je consommais environ 25grammes de cannabis, de l’herbe, par semaine et puis un jour un déclic! Ça suffit!!! Il faut arrêter ces conneries.
Je me souviens très bien…pourquoi? Comment? Je ne sais plus trop, mais il y a des matins comme ça ou on se réveille avec une prise de conscience.
Cela tombait bien, Manu, un pote avec qui j’avais fait de la musique, partait une semaine en vacances. La semaine du 21 juin, « fête de la Musique », il m’a proposé de m’installer chez lui pour garder sa baraque finalement. Je me suis dit que c’était une bonne idée surtout pour pouvoir entamer un sevrage.
1er jour: Un dernier pétard avant d’aller au lit… Une bonnenuit.
2iéme jour: Plus rien… Merde je suis en manque!!! Vite je fonce au supermarché du coin pour aller chercher des bières… Mais ce n’est pas suffisant, une nuit épouvantable, impossible de fermer les yeux. Au réveil, les draps son trempés du aux sueurs nocturnes; le manque.
Schéma répété pendant 3 jours, même bilan, des nuits de merde.
Solution? Il va falloir être plus radical: alcool fort, whisky, et là nickel tout rentre dans l’ordre, plus de problèmes de sommeil et le pire dans tout ça c’est que je n’ai même pas la gueule de bois le matin au réveil.
Voilà le début de mon alcoolisme à outrance durant 4 années, j’ai remplacé une addiction par une autre… Des périodes déchirées, à mélanger bédo et alcool j’en avais eu bien avant, mais cela restait dans un esprit « festif ».
Mais là j’avoue que j’allais battre des records!!!
Petits souvenirs qui reviennent en ce dimanche matin (le dimanche est une journée « morte » au Moulin, rien à faire, plutôt propice pour écrire).
Je me rappelle une période à Menton, quand j’ai eu mon accident de scooteur.
Le truc tout con, je venais de rentrer du boulot, chauffeur de bus à ce moment-là, je passe faire un tour chez Michel, mon dealer de l’époque et une fois sorti, je reçois un coup de fil dutaff:
–Sébastien?
–Oui…
–Il faudrait que tu repasses à Beausoleil tu as oublié ton empoche dans le bus (l’empoche c’est en fait le fond de caisse dont on se sert pour la vente de tickets)
–OK pas de soucis, je suis sur Menton, mais j’arrive, je suis là dans une demi-heure maximum.
Me voilà donc reparti direction Beausoleil sur le scoot, grosse barrette en poche, je récupère mon empoche et retour à Roquebrune.
Oui, sauf que sur le retour, à dix minutes de l’arrivée, je me mange une bagnole… On est en plein été, pantalon léger, chemise, mais le casque quand même. Bref un vol plané je me retrouve par terre, ce fut violent, quand je vois le scoot à 5 mètres de moi pratiquement plié en deux je me demande comment cela a pu arriver… Je revois la scène: parti pour doubler une voiture, je m’engage, erreur de ma part ou celle du conducteur, clignotant mis ou je ne l’ai pas vu, mais elle comme à tourner, trop tard, lechoc.
Au sol je ne ressens sur le moment pas grand-chose, la première chose que je vois et à laquelle je pense c’est le morceau de shit à côté de moi que je récupère en moins de deux pour me le mettre dans la poche. Un éclair de lucidité, je me dis que les flics et les pompiers vont venir donc pas question d’aggraver soncas.
Les premières personnes qui viennent me voir sont les gens dont je suis rentré dans la voiture, j’essaie de me relever, je commence à ressentir des douleurs…
–Ne bougez pas monsieur, on vient d’appeler les pompiers. Vous vous souvenez de ce qui vous est arrivé?
–Bah oui… Je me suis mangé une voiture… Où est mon téléphone? Il faut que je prévienne ma compagne!
Mon téléphone? Dans l’état où il est, il ne servira plus beaucoup!!!
Une personne se propose donc d’appeler Fabienne, j’ai la mémoire des numéros de téléphone… Elle est prévenue.
La suite: pompiers, urgences pour au final n’avoir qu’une fracture du poignet, je m’en sors bien.
Coup de veine niveau boulot c’est que c’était sur le trajet du retour donc considéré comme un accident de travail, pris en charge à 100%, salaire 100%, cela pendant 1 an le temps de tout l’arrêt.
Mais bon une fois rentré, c’est à ce moment-là que ce fut le début de la fin « officieuse » avec Fabienne. Je me faisais chier, le poignet droit dans le plâtre, je n’arrivais pas et n’étais pas vraiment motivé pour faire grand-chose. Je passais donc mes journées à fumer des pétards.
Stella était née quelques jours avant et vu que Fabienne travaillait, c’est moi qui m’en occupais la journée et j’arrivais tout à fait à gérer.
Mais il faut croire que pour Fabienne je n’étais pas sérieux, ou pas assez, car qu’est-ce que j’ai pu me prendre comme réflexions durant cette période. Pourtant je ne faisais pas mal de choses malgré tout, le ménage, la table et le repas étaient faits le soir quand Fabienne rentrait du boulot. Même avec ce poignet plâtré j’assurai quand même.
Après un an de hauts et de bas, plus de bas d’ailleurs, je suis retourné voir un autre médecin sur Monaco qui m’a dit que mon poignet était totalement guéri alors que celui de Menton m’enchainait les arrêts maladie. Un an sans activité, ça commençait à me peser, il fallait que je reprenne le boulot.
J’ai négocié un licenciement avec le boulot, à mon avantage et j’ai retrouvé du boulot dans le mois qui a suivi. Vendeur multimédia dans une petite boutique de Menton, PhotoPoste, vente de téléviseur, d’appareils photo, CD, DVD… Bref, un grand fourre-tout.
Mais malgré la reprise du boulot, rien ne s’arrangea réellement. J’avais cru retrouver un équilibre, éphémère, ma consommation de cannabis n’avait pas diminué et je commençais à boire en parallèle. Je me souviens de ma fabrication maison de limoncello à base d’alcool à 90° (qu’on se procure très facilement en Italie).
L’alcool m’a fait partir en vrille, il ne faut pas se voiler la face, des crises de colère, de violence, jusqu’au point de non-retour.
Deux événements me choquent encore aujourd’hui:
–La fois ou Fabienne a voulu lever la main sur moi, suite à une grosse engueulade je pense et que je l’ai poussé violemment se retrouvant sur le cul au sens propre du terme.
–La seconde, pareil certainement complètement raide, ou je prends ma guitare acoustique pour la défoncer sur ma batterie électronique. À ce moment-là, paniquée, Fabienne appelle sa sœur Agnés et son mec, un Séb encore.
L’autre connard qui fait le gros dur se posant devant moi l’air de dire: « vas-y, qui a les plus grosses? » J’ai réussi à garder mon calme à ce moment-là, car vu mon état si je m’étais lâché, il serait à travers la baie vitrée.
Ça me rappelle aussi un vieux souvenir ou suite à une grosse engueulade avec mon père (j’étais rentré d’une après-midi festive avec Marie, je ne sais plus ou, mais aprèm chargée), bref je rentre chez mes parents complètement déchiré.
Des idées noires, barrage en couille total, menaces contre mon père limite à se foutre sur la gueule. Il se sent menacé, je comprends aujourd’hui, va chercher une espèce de « gourdin », je sors mon couteau… Il fait marche arrière, car dans l’état dans lequel je suis qui peut dire ce qui aurait pu se passer.
Il décide d’appeler les pompiers… 3 mecs se pointent pour tenter de me maitriser, heureusement qu’ils étaient 3 parce qu’une seule personne n’aurait pas réussi.
Alors pour en revenir à l’épisode Séb qui joue les gros bras, ce n’est pas lui avec ses 80kgs tout mouillé qui aurait pu me faire quoi que cesoit.
Je me souviens de son arrogance de merde du genre: « c’est quoi ton problème? Tu veux qu’on se mette sur la tronche? » Je suis désolé, mais j’évite de taper sur les abrutis. Cela m’aurait peut être défoulé, mais je pense que cela m’aurait aussi foutu dans la merde, ce n’était pas la peine d’en rajouter une couche.
Dans tous les souvenirs que j’ai, jamais je ne souviens mettre battu une seule fois ou c’est que j’ai dû l’occulter. Je n’aime pas faire du mal aux gens au sens physique du terme, mais en revanche j’ai toujours été doué pour faire souffrir les personnes sur le plan psychologique (j’ai eu un très bon maitre, merci, Lionel).
Attention, tout cela n’était pas fait de manière consciente et volontaire, mais le résultat était exactement identique, ressentir la souffrance de l’autre pour se sentir plus fort, plus vivant peut être supérieur dans un certainsens.
Mais tout le paradoxe c’est que je ne supportais pas de le faire, d’où le nombre de cicatrices sur mon bras gauche. Je me disais: « je préfère souffrir, me faire souffrir physiquement, d’où quelques coups de couteau que je me suis infligés, car je regrettai de faire mal psychologiquement à quelqu’un, surtout avec la gent féminine ». Malgré tout le mal étaitfait.
Une anecdote illustrant ce fonctionnement, vers la fin de notre relation avec Marie, complètement déchiré, bourré, une engueulade, encore… Elle se barre. Hop je prends l’Opinel et je commence à me taillader le bras, pas pour me trancher les veines ou me foutre en l’air, mais pour évacuer le mal que je ressentais à l’intérieur, cette culpabilité d’avoir fait du mal à quelqu’un qui ne le méritait pas. Ah c’est vrai que sur le moment la douleur physique nous fait un peu oublier la douleur psychique…ça ne dure qu’un temps et puis ça pissait un peu le sang. Je suis sorti de l’appart, traversé la rue, me suis rendu chez Karine et Séb, des amis de lycée, et là quand ils m’ont vu arrivé ils sont devenus un peu blêmes… « Bon bah mon gars on t’emmène aux urgences ». Trois points de suture au final. C’était la première fois qu’il me fallait des points suite à des « petites coupures », comme quoi la taille de l’entaille allait de pair avec la souffrance que j’avais ressentie sur le moment. Je n’allais pas taper sur Marie quandmême…
Après cela, si je me souviens bien, nous n’avons pas mis longtemps à nous séparer. Elle n’avait pas à endurer ma souffrance, c’en étaittrop!
J’ai du me retrouver en HP peu de temps après, le début de la spirale infernale.
Cela fait quelques jours que j’y pense de plus en plus, je me dis qu’il est grand temps de faire le deuil de tout un tas de choses, surtout d’un tas de rencontres.
Mon souci majeur c’est que je suis resté bloqué dans une certaine nostalgie, ce qui concrètement m’empêche de me projeter vers l’avenir, vers de nouveaux projets, vers de nouvelles relations, car j’ai tendance à renouveler les erreurs commises dans le passé.
Ce qui suit peut paraitre étrange, c’est une sorte de bilan de mes relations amoureuses. Une chronologie qui permet de faire ressortir de nombreux points communs dans mon mode de fonctionnement.
C’est parti! Je terrai les noms de famille par respect pour ces personnes.
Cécile V: Mon premier Amour, collège puis lycée. Dans la même classe depuis la 6e jusqu’en 3e, on faisait aussi partie du même ensemble musicale au conservatoire. Rien de particulier pendant ces quatre années-là, mais ce fut au moment ou j’ai redoublé ma troisième et qu’elle est partie au lycée que j’ai ressenti un grandvide…
Entre-temps j’ai rencontré Lionel… On ré abordera les dégâts ultérieurement…
Pour en revenir à Cécile, nous sommes sortis ensemble pendant deuxans.
Première année plus ou moins compliquée, elle ne se sentait pas prête pour avoir des relations, chose que j’ai toujours respectée, mais qui est frustrante.
À partir du moment où nous avons commencé à avoir des relations « intimes » ensemble, ce ne fut plus pareil.
De la souffrance, énormément de douleur, de pleurs, d’incompréhension.
Une relation perturbée et entravée par un Lionel qui avait déjà commencé à foutre le bordel dans mon esprit et donc dans ma façon d’appréhender une vraie relation avec une fille.
Deux années terribles, puis le jour ou elle m’a quitté, le désir de me suicider et qui s’est soldé par une TS…Ratée.
Je ne suis pas forcément coupable pour tout ce que j’ai pu lui infliger, mais je sais que la manipulation de Lionel fut terrible et que cela nous a fait beaucoup de mal. Je me souviens d’un week-end au Mont-Saint-Michel avec mes parents. Une soirée de pleurs et tant de méchanceté que j’ai dû lui dire… Lamentable!
J’ai du mal à me le pardonner aujourd’hui encore. Avais-je vraiment la possibilité de faire différemment à cette époque?
Avec le recul je ne pense pas, j’avais été manipulé, complètement « déconnecté » pour qu’une relation avec une nana ne puisse fonctionner correctement, cela pour donner de la légitimité au discours que me tenait Lionel à cette époque. Je le comprends, j’ai analysé de nombreuses fois son influence, je commence à digérer, mais c’estlong.
Je m’excuse du mal que j’ai fait, ce n’est qu’un écrit, mais c’est sincère
Suzie B: Toujours dans la période « influence Lionel »
Rencontrée en colonie à Kerbernez (Finistère) un an après ma rencontre avec Lionel, c’est marrant le hasard…
Suzie, une grande tristesse intérieure, déprimée…(ça me rappelle quelqu’un…). Moi déjà bien dans les filets de Lionel cherchant à faire de la psychologie à deux balles, pensant être capable de sauver tout le monde. Sachant maintenant que ce n’était que purement égoïste, que c’était moi que je voulais sauver.
Avec elle beaucoup de souffrance aussi, au départ sans le savoir, c’est-ce qui nous a rapprochés.
J’ai essayé de l’aider, de faire le maximum pour lui redonner la pêche.
Un jour, une de ses copines, Astrid, vient me voir paniquée.
–Suzie est partie, elle a dit qu’elle voulait se suicider…
N’importe quoi. Ni une ni deux je sors de l’établissement en trombe, je sais d’avance où elle est partie, on avait l’habitude de passer du temps ensemble au bord de l’Odet et c’est là que je la retrouve. Elle est en pleurs… Je la serre dans mes bras, la réconforte, on a dû rester blottis l’un contre l’autre pendant un gros quart d’heure…
Elle a failli se faire renvoyer de la colonie pour ce qu’elle avait fait, mais ce ne fut pas lecas.
Cause perdue, j’aurais pu faire n’importe quoi pour la sortir de ce cercle vicieux, mais je crois qu’elle n’en avait pas la volonté à ce moment-là.
De retour de colonie, on a continué à communiquer. Elle habitait Paris alors c’était principalement par courrier.
Un jour je me suis aperçu que moi-même je souffrais trop pour pouvoir prendre en charge la souffrance d’une autre personne sur les épaules et ce fut la fin de notre relation. Ce fut mon choix, j’avoue n’avoir pas trop de regret quant à la façon dont ça s’est terminé, mais j’espère aujourd’hui qu’elle va bien, qu’elle est heureuse.
Paméla B: Pam, rencontrée durant mon stage pratique BAFA, un mois sans aucune attirance particulière. Le souvenir de soirées passées à scruter le ciel, à admirer les étoiles… Le moment difficile, la fin du stage, le retour en bus. La vie en communauté avec des gens que l’on apprécie puis le dur retour à la réalité.
Je me souviens qu’elle est assise juste derrière moi. Je ne sais pas comment cela arrive, mais il y a un moment ou je craque, je me mets à chialer…
Elle vient s’assoir à côté de moi simplement pour me réconforter, rien deplus.
On se dit que l’on ne se perdra pas de vue, que l’on se tiendra au courant, qu’on s’écrira. Ce que l’on a fait. Habitant à St Gervais les Bains en Savoie, la distance n’arrangeait pas les échanges.
Un jour dans un courrier je lui avoue mes sentiments…elle aussi, déjà durant le stage, mais elle sortait avec un mec, mais que c’étaitfini.
C’est donc parti pour de nouveau une relation à distance qui ne dura guère longtemps. Elle monte une fois sur Paris (ses parents y habitant), passe un week-end avec moi chez mes parents, peut-être une autre fois d’ailleurs où j’avais passé le week-end chez elle. Une soirée plutôt arrosée ou je me souviens d’un concours de téquila paf et où j’ai fini la soirée en vomissant par la fenêtre du huitième étage… La classe !!!
Je la raccompagne au TGV, dur le départ, mais on a prévu de se revoir. La fois prochaine c’est moi qui descendrai en Savoie pour une semaine pour les vacances de Pâques.
Tout est organisé, elle est en train de passer le permis de conduire et son père et moi feront le trajet ensemble pour lui ramener une voiture, une vieille 4RL rouge, pourrie, mais bon pour une première voiture, gratuite, il n’y a pas à se plaindre.
Voyage tranquille, agréable, sans soucis. On arrive à St Gervais, c’est magnifique! Une vue sur le Mont-Blanc, des montagnes maculées de neige, un décor de carte postale.
J’arrive chez Pam, un petit studio avec jardinet et vue sur les montagnes, c’est bien. En revanche deux surprises m’attendent: son frère, qui a un studio à côté, mais surtout le fait qu’elle a invité une copine à elle pour la même semaine. Bonjour l’intimité… Il n’y avait pas vraiment besoin de me faire un dessin, j’avais eu une intuition dès ce moment-là.
Nos périodes de vacances étant décalées, elle bossait la semaine, prof de sport pour des gamins. Côté pratique de ma présence, c’est qu’ayant le permis je pouvais l’emmener au boulot en voiture, bien plus simple pourelle.
Je passais deux heures, le temps de ses cours, à attendre sur les gradins de la salle de sport, soit à bouquiner soit à écouter de la musique… Passionnant!
En gros j’ai passé une semaine à la montagne pour lui servir de taxi.
On a quand même passé une journée sur les pistes…
Bref après cette semaine de « foutage de gueule » très peu discrète sans que ce soit d’intime se passe, retour à la maison et il ne faut pas longtemps pour que le couperet tombe: « c’est fini entre nous, je n’ai pas de sentiments pour toi ».
Comme un con, naïf, je m’étais imaginé des scénarios, finir de passer mon BAFA et venir la rejoindre en Savoie, chose qui ne lui paraissait pas incohérente à l’époque, mais entre les mots et les actes il y a souvent un énorme fossé.
Je ne sais plus comment j’ai réagi à ce moment-là, mais mal je pense. Il y a deux ans elle m’a retrouvé par l’intermédiaire de Facebook et m’a demandé de mes nouvelles. J’ai eu une réaction violente, je l’avoue, j’ai du lui dire un truc du genre: « Tu m’as jeté comme une vieille chaussette qui pue et tu oses me contacter pour savoir ce que je deviens? Tu te foutrais pas un peu de moi là?…Allez ciao!!! »
Vu ma réaction, cela prouve de nouveau que je n’avais pas digéré cet échec plus de dix après.
Amandine A: Le cas le plus douloureux que je pense avoirvécu.
Dans la même classe de ma seconde terminale (tient encore un redoublement),
Une fille adorable, pas forcément très désirable, un peu boulotte, mais un masque de joie, une image de déconneuse, de rebelle qui se foutait de tout, mais qui au fond d’elle cachait une profonde tristesse, dépressive.
Très mal dans sa peau, j’ai tenté la méthode Lionel pour l’attirer dans mes filets, pour profiter de la situation.
Une fin de journée de lycée, retour en bus sur Etréchy, elle me dit qu’elle ne va pas bien du tout…je tente de m’engouffrer dans cette faille avec une idée précise dans la tête: coucher avec elle. Elle ne m’attirait pas plus que ça, mais toutes les occasions sont bonnes à saisir. Je lui propose de passer chez mes parents sachant qu’ils ne sont pas là pour discuter, si elle veut se confier…(discuter mon œiloui…)
Elle refuse poliment, pas de soucis, ça ne me gêne pas plus que ça et je ne suis pas frustré non plus. La journée se finit comme ça, sur un « au revoir, à demain ».
Un lendemain? Oui, mais pas pour tout le monde.
Le lendemain? Nouvelle journée au lycée… Première heure de cours, une place reste vide, Amandine n’est pas là ce matin.
Le directeur du lycée en personne se présente dans la classe la mine décomposée et nous annonce une chose que personne n’aurait jamais imaginée!
« Amandine est décédée, elle s’est suicidée hier soir… »
Le silence dans la classe, certains éclatent en sanglots, situation irréelle…
Putain !!! Je l’avais laissée la veille, ayant voulu profiter d’un moment de faiblesse. Ce souvenir me hante toujours, je n’ai rien vu venir, elle n’a rien laissé paraitre cachée derrière son sourire.
Elle est partie sans donner d’explication. Ce que l’on sait, c’est qu’elle était chez son mec, qu’elle a fait un mélange de médocs et d’alcool, qu’elle s’est endormie sur le canapé et qu’elle ne s’est jamais réveillée.
C’est tellement banal et dérisoire ce que je vais dire, mais putain se foutre en l’air à 18 ans c’est injuste !!! Juste pour finir, car c’est encore douloureux, je souhaite juste que son âme soit en paix et que s’il y a un autre monde elle y soit heureuse.
D’aussi loin que mes souvenirs peuvent remonter concernant la musique, c’est Gérard mon oncle qui répétait avec ses potes dans le garage de ma grand-mère. Je ne sais plus l’âge que j’avais, pas plus de quatre ans, je pense, et la première chose qui m’a attirée c’est lui à la batterie. Si bien que j’ai voulu m’y mettre aussi. A 5 ans, mes parents m’ont alors inscrit au conservatoire, la première année, une horreur: le solfège et la théorie musicale quelle galère!!!
Heureusement que ça n’a duré qu’un an sinon je crois que j’aurai laissé tomber.
En cette époque une année suffisait pour pouvoir attaquer la pratique d’un instrument et ce fut parti pour les cours de batterie.
Un premier prof, Patrick, très dur… J’en ai reçu des coups de baguette sur les doigts parce que je ne faisais pas les choses comme il fallait. Cela a duré deux ans, je crois, et puis un nouveau prof dont je n’ai aucune hésitation à citer le nom: Mr Gilles Préneron. Un mec en or !!! Plus de dix ans de cours avec lui, ça ne laisse pas indifférent et puis j’ai énormément appris avec lui, musicalement bien évidemment, mais aussi humainement, il m’a ouvert l’esprit sur beaucoup de choses, tout cela sans jamais rien attendre en retour. Il a connu mes années tourmentées et a toujours été à l’écoute sans jamais juger.
Si vraiment la musique et la batterie ont tenu et tiennent encore une place si importante dans ma vie, c’est à lui que je ledois.
À 5 ans, je me souviens que je n’avais pas encore de vraie batterie alors mon père m’en avait confectionné une avec des barils de lessives… On commence comme on peut et ils ne savaient pas que ça deviendrait sérieux.
C’est aussi grâce à Gilles que j’ai eu ma première vraie batterie, c’est lui qui a conseillé le modèle, qui est venu l’installer à la maison dans ce que je nomme la « petite chambre », là où je m’entrainais.
Je n’ai pas toujours été un très bon élève, ni forcément très assidu surtout sur la fin vers l’âge de 14/15 ans (tiens donc…), mais il m’a toujours soutenu et encouragé.
Des détails, des réminiscences par ci par là qui remontent, des souvenirs de séances de duo, voire de trio de batterie avec lui et Jérôme (un copain de primaire avec qui j’avais commencé à prendre des cours). Jérôme, influencé par son père, ancien batteur, était fan de Génesis, Chester Thompson et surtout Phil Collins (gaucher, comme Jérôme). Moi de mon côté j’étais plutôt dans le Rock et le Rythm’ Blues.
C’était la bonne époque, l’époque collège ou on profite de pleinement de la vie et des potes. Au conservatoire, à l’âge de 14 ans, j’intègre « l’ensemble à vent » de Gérard Vilain, le père de Cécile. Mon premier vrai groupe ou plutôt orchestre.
Puis arrivent les potes zicos du collège: Benoit guitariste avec qui dans un premier temps on forme un duo… Mais bon il nous faut un bassiste. Ce sera François…hop un trio…mon premier groupe « garage ». Répétitions dans ma chambre où ma batterie a migré ou sinon dans le garage. Des reprises de Nirvana, des Gun’s, Hendrix, Clapton, Faith No More, ACDC: du bon gros rock !!!
C’est Benoit qui assure le chant, pas grand chanteur, mais on s’en fout on s’éclate c’est le principal. C’est même des fois du grand n’importe quoi, des impros d’une demi-heure, François qui se sert d’une pile 9 volts comme médiator…
Puis Julien nous rejoint, il est guitariste lui aussi et là les choses deviennent un peu plus structurées, les morceaux sont un peu plus calés.
Dire qu’à l’époque on avait même notre petit groupe de groupies fidèles qui venait assister aux répétitions… Ah, les filles, elles craquent souvent pour les zicos…
C’est aussi le début de ma consommation de cannabis…
C’est marrant, du fait que je faisais de la batterie, on m’avait trouvé un surnom à cette époque: « Toutoutoum Sébastien », ça me plaisaitbien.
Il ne restait plus qu’à trouver un nom pour le groupe. Très complice avec Benoit, avec qui je pratiquais aussi du taekwondo, on se retrouve en cours de SVT, côte à côte… Je ne sais plus sur quoi portait le cours, mais à un moment le nom d’un vers qui se balade dans l’intestin nous interpelle. « Ascaris », on se regarde, tilt, sans avoir besoin de dire quoi que ce soit on a la même idée: On a trouvé le nom du groupe: ASCARIS, c’est pas très glamour, mais nous ça nous a toujours fait marrer.
On a dû jouer ensemble environ deux ans ensemble, je ne sais plus trop comment tout cela s’est terminé.
Toujours présent au conservatoire avec Gérard, j’intègre en parallèle l’orchestre du Cadet’s Circus d’Etréchy (pendant 10 ans). Là ça devient sérieux, une quinzaine de répètes pour deux soirées de représentation sous chapiteau de 2000 places. À savoir que le Cadet’s Circus a le mérite, voire le prestige d’être le premier cirque amateur de France. Je ne me rappelle plus de l’année, mais nous étions passé en direct sur France2 lors du Téléthon, c’était le regretté Michel Bouclet qui dirigeait l’orchestre à cette époque. Il fut remplacé par la suite par Gérard.
Pour en revenir aux soirs de spectacles, le trac était tellement fort qu’il y avait d’innombrables aller-retour aux toilettes deux heures avant. Mais c’était une bonne ambiance, nous étions des amateurs, mais il n’y avait vraiment pas de quoi rougir de nos prestations.
N’ayant plus de groupe « rock » suite à la séparation d’Ascaris, je me lance à la recherche de futurs acolytes… Je crois avoir mis une annonce au conservatoire comme quoi je cherchais un groupe. Puis un jour, Manu, guitariste et Ghislain, bassiste, me contactent:
–Salut Séb, tu cherches un groupe? Nous, on cherche un batteur…
–Bahoui…
–Et tu joues quels styles de musiques, c’est quoi tes influences?
–Franchement? Elvis, le rock en général, Otis Redding, Les Blues Brothers, le Rythm And Blues, le Jazz… Je suis ouvert surtout.
–