En plein vol - Marcel Nadaud - E-Book

En plein vol E-Book

Marcel Nadaud

0,0

Beschreibung

"En plein vol, un roman captivant de Gustave Nadaud, vous emmène dans un voyage palpitant au cœur de l'action et de l'adrénaline. Plongez-vous dans cette histoire haletante où les rebondissements s'enchaînent à un rythme effréné.L'intrigue se déroule dans un univers où les braquages audacieux et les vols spectaculaires sont monnaie courante. Le personnage principal, un cambrioleur chevronné du nom de Max, est un véritable virtuose de l'art du vol. Toujours en quête de sensations fortes, il se lance dans un dernier coup, le plus risqué de sa carrière.Mais rien ne se passe comme prévu. Pris au piège dans un engrenage infernal, Max se retrouve traqué par une organisation criminelle impitoyable. Entre courses-poursuites effrénées, trahisons et retournements de situation, il devra faire preuve d'une ingéniosité sans faille pour échapper à ses poursuivants et sauver sa peau.Au fil des pages, Gustave Nadaud nous plonge dans un univers sombre et captivant, où les personnages sont complexes et les enjeux élevés. L'auteur maîtrise parfaitement l'art du suspense et nous tient en haleine jusqu'à la dernière ligne.En plein vol est un roman palpitant qui ravira les amateurs de thrillers et d'action. Avec une plume vive et percutante, Gustave Nadaud nous offre un récit haletant, où l'adrénaline est omniprésente. Préparez-vous à vivre une expérience de lecture intense et addictive.
Extrait : ""Les hommes taupes sont assoupis au fond des boyaux. Au ras de la tranchée, des coquelicots se balancent au soleil. De temps en temps, une marmite passe avec un bourdonnement étrange, irrégulier, semblable au roulement d'un railway aérien, et va s'écraser plus loin."""

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern

Seitenzahl: 141

Veröffentlichungsjahr: 2015

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



EAN : 9782335016468

©Ligaran 2015

À mes Amis de l’Escadrille V. B 102.

À mes Camarades de la cinquième Arme.

M. N.

 
 

Aux Armées, (Juillet 1915 – Juillet 1916.)

Avant

Juin 1915. –Devant Angres, 4 heures du soir. –La plaine repose. – Les hommes-taupes sont assoupis au fond des boyaux. Au ras de la tranchée, des coquelicots se balancent au soleil. De temps en temps, une marmite passe avec un bourdonnement étrange, irrégulier, semblable au roulement d’un railway aérien, et va s’écraser plus loin.

Les toiles de tente, tendues des parapets aux pare-éclats, procurent une ombre chaude ; dans chaque rais de lumière bourdonnent des essaims de grosses mouches qui s’acharnent sur des débris.

Au creux des alvéoles, aménagés dans la terre, et surélevés du fond de quelques centimètres, mes camarades d’escouade dorment. Moi je veille, par ordre, et aussi par dégoût du sommeil. Ah ! ce que j’en ai écrasé depuis le début de la campagne !…

Je glisse un œil au créneau : à gauche la fosse Calonne, devant Souchez, à droite le plateau de Notre-Dame-de-Lorette.

Mon régiment a fait son devoir. Plus tard, sur son drapeau, on écrira d’abord :

Les Éparges
Lorelle

Je t’aime mon régiment !…

Parisien isolé parmi les rudes Vosgiens qui te composent, les premiers jours, j’ai pu me croire un isolé, un étranger. Mais bien vite, mon cœur s’est mis à battre à l’unisson de ceux de mes camarades. Malgré leur écorce rugueuse – tout le monde ne peut naître entre la Bastille et la Madeleine – j’ai senti les affinités de la race commune. Certes nous n’avons jamais pu nous bien comprendre, mais nous nous sommes toujours aimés.

« Dis donc ?… Il y a du nouveau pour toi… » Le fourrier qui est monté avec la corvée de soupe me donne un papier dactylographié :

« Le soldat Nadaud (Marcel) rejoindra sans délai le 1er groupe d’aviation à Dijon. »

… Ah ! ? !

J’attendais depuis longtemps cette affectation, mais n’y comptais plus guère.

Je suis heureux d’être versé dans cette arme si désirée ; cependant j’éprouve brusquement un chagrin très profond, très sincère.

Je vais les quitter ; alors je m’aperçois combien je les aime mes camarades un peu frustes qui dorment bruyamment sur la terre, leur terre, car s’ils la défendent si bien, c’est qu’eux, paysans, en connaissent la valeur.

Je voudrais les embrasser avec toute ma tendresse et leur dire tous les mots qui montent soudain de mon cœur à mes lèvres…

« Dépêche-toi !… T’as juste le temps de passer chez le chef et de prendre à Hersin le train de ravitaillement… »

… Adieu, copains !…

Unguibus et Rostro

Des plaines tristes où pousse une herbe anémique, parsemées de petits bois de pins aux formes géométriques… la Champagne Pouilleuse.

Depuis deux jours, le vent souffle, irrégulier, et nos grands oiseaux se plaignent en tirant sur leurs amarres.

Impossible de sortir. Ce matin, un avion de chasse a tenté un vol pour tâter le plafond. Au retour, le pilote avec un geste découragé s’est écrié :

« Rien à faire !… J’ai été retourné comme une crêpe plus de dix fois !… »

Cependant le vent nous apporte la rumeur d’une canonnade ininterrompue. Nous savons que le généralissime a décidé une action énergique sur cette partie du front, afin de crever la ligne allemande.

Nous savons que, depuis deux jours, nos camarades des tranchées attendent la minute tragique, où ils jailliront du parapet pour déferler vers les fortins boches.

Nous savons tout cela… et, sous la tente, honteux de notre inaction forcée, c’est distraitement, par habitude, que nous continuons un interminable poker.

… Une moto stoppe… ; vivement, sans quitter sa selle, l’estafette lance :

« Les pilotes et bombardiers… chez le Commandant… »

Les cartes en l’air, nous bondissons jusqu’à la tente du commandant du groupe. Les pilotes et bombardiers des trois escadrilles sont réunis, et le capitaine L… nous dit d’une voix qu’il voudrait très ferme, mais qui tremble :

« Mes amis… Dans une heure… vos camarades vont monter à l’assaut… Vous leur devez le réconfort moral de les accompagner dans cette attaque… Malgré la pluie… le vent…, nous allons essayer un départ… N’est-ce pas, mes amis ? »

Puis brusquement :

« Garde à vous !… »

Nous rectifions la position, et, d’une voix hachée par l’émotion, le capitaine nous donne lecture de l’ordre du jour du général en chef…

« Souvenez-vous de la bataille de la Marne… Vaincre ou mourir… Vive la France !… Vive la République !… »

… Les mécaniciens sont déjà affairés autour des coucous.

Le temps d’enfiler la combinaison fourrée, le passe-montagne, de coiffer le casque… mon bombardier et moi, nous sommes installés dans la carlingue.

Un bref dialogue avec le premier mécanicien :

« Combien d’essence ?

– Cent soixante litres.

– Huile ?

– Trente-cinq.

– Eau ?

– Le plein. »

Avec le bombardier :

« Combien d’obus ?

– Seize.

– Assure tes percuteurs… Prends deux rouleaux pour ta mitrailleuse… on ne sait jamais…

– Ça y est. »

Nous allons nous ranger en bataille, au bout du champ, face au vent.

Il y a là, en ligne, trente biplans aux cocardes tricolores.

Derrière, cinq monoplans de chasse pour nous soutenir pendant le bombardement et couvrir au besoin notre retraite.

Deux heures moins cinq…

« Fais tourner. »

Un tour de manivelle du deuxième mécanicien qui saute aussitôt hors de l’appareil. Le moteur crache au ralenti… L’hélice ronfle… Chacun boucle sa ceinture… assujettit ses lunettes…

Deux heures…

Un biplan court un instant, s’enlève… c’est le chef de groupe qui part en tête ; nous devons le suivre dans l’ordre, de cinq en cinq secondes.

C’est notre tour… Je roule cent mètres… puis décolle… et le travail commence : bousculé, chahuté, balancé de remous en remous, presque retourné, les mains crispées au manche, les yeux fixés au compte-tours et à l’altimètre.

Enfin ! cinq cents mètres… Je respire… Je ne redoute plus l’imbécile plaquage.

« Ça colle ! me crie V…, mon bombardier, qui, flegmatique, me passe une cigarette tout allumée, à grands renforts d’allumettes-tisons. »

… Mille mètres… Nuages partout… Remous… glissades… montagnes russes… Ça secoue dur, mais on s’en tire !…

« Où sont les copains ?

– Je ne vois rien… mais on doit se retrouver.

– Alors… plein Est… »

Je me règle soigneusement sur ma boussole et continue la montée. La pluie maintenant. J’arrache mes lunettes, car je n’y vois plus rien, et mon camarade m’abrite la figure avec ses mains, car chaque goutte de pluie à la vitesse à laquelle nous marchons est une piqûre douloureuse et gênante.

Deux mille mètres… Un froid de chien…

« Bois un coup, me dit V…, me passant la fiole de cognac des grandes occasions…

– Bois pour moi… je ne peux pas lâcher mon manche… Regarde l’huile…, les radiateurs…

– T’en fais pas !… Ça va ! »

Je monte en spirales pour gagner encore quatre cents mètres.

Trois heures… Je devrais être au rendez-vous…, mais où suis-je ? Au-dessous les nuages… une mer de nuages dont les teintes feraient pâmer un peintre… Ce n’est pas le moment… Je pique prudemment… Une déchirure dans le voile qui nous entoure… Un coin de terre…

« Sainte-Menehould, assure V… », puis me désignant des points noirs :

« Sept…, huit…, douze copains… »

Quelques virages… Nous nous groupons… Dix minutes passent… Nous sommes maintenant une vingtaine… Les manquants ont sans doute été obligés de revenir…

Une fusée lancée par le chef du groupe, et en avant !… vers les Boches !…

Les nuages sont un peu dispersés… La vision de la terre devient plus nette… Voici les premiers boyaux de communication, puis le fouillis inextricable des tranchées avec les éclairs, la fumée et la poussière des éclatements que l’on n’entend pas à cause du ronflement du moteur. Au-dessous se déchaîne la formidable bataille dont on ne distingue aucun détail et dont on ne perçoit aucun bruit.

Tout à coup, à 50 mètres en avant, un globe blanc… Broum… Un bruit sourd… La danse commence !…

Trente, quarante, cinquante coups… À droite, au-dessus, au-dessous…, autour des camarades.

« Et l’on dit qu’ils manquent de munitions ! » clame V…, toujours en verve.

Dans la fumée âcre des éclatements, je suis tristement la ligne de chemin de fer, qui au-dessous de nous ondule le long de la Marne.

Au loin, une tache grise et blanche…, la gare de ravitaillement, but de notre bombardement… Quelques minutes d’angoisse… moi crispé sur ma direction, V… sur les leviers des lance-bombes.

Je lève une main… Clac… clac… Les déclics jouent et notre cargaison descend… Ça y est !… La mission est remplie !… Vivement le retour… Je fais un virage sur l’aile un peu aventuré, mais le temps presse… Au loin, les camarades… Je mets tous les gaz… 1 350 tours…, vent dans le dos… Nous filons à 140 à l’heure…

Subitement V… me tape sur l’épaule et avec le sourire :

« Aviatik derrière… deux cents mètres…

– Seul ?

– Oui… seul… Il gagne sur nous…

– On y va ?

– On y va. »

Je tourne court de façon à lui faire tête… Si je réussis, il sera à la merci de notre mitrailleuse pendant quelques secondes, puisqu’il ne pourra riposter, ayant l’hélice devant.

La manœuvre réussit…

Tac… tac… tac… tac… tac… Mon passager tire… Tac… tac… tac… tac… tac… L’aura-t-il ? Tac… tac… L’oiseau aux croix noires ne paraît pas blessé… Tac… tac… Zut !… C’est raté ! C’est l’aviatik maintenant qui nous « possède ». V…, désespéré, se désole.

« Ah ! le-cochon !… Je l’ai raté !… Il est donc blindé, l’animal !… Je le tenais ! Ah ! la rosse !… »

Je pique à fond… L’aviatik fait de même et nous arrose.

Bzi… Flac… Une balle démolit le porte-montre, à deux mains de ma figure.

« Ça va mal !

– Tu parles !… Continue de tirer… »

Les balles pleuvent littéralement. Nous nous regardons anxieusement. Nous pensons au réservoir à essence… Si une balle le perce… le feu !… Tout à coup, V… hurle :

« Il fout le camp !!!… Oui, un avion de chasse… un copain s’amène… Ah ! le chic type !… Tu parles s’il se débine l’aviatik !… »

Ouf !… Respiration… Serrements de mains… Le temps devient de moins en moins maniable… Les obus recommencent à éclater autour de nous… Aucune importance… Nous avons maintenant l’impression nette que nous nous en tirerons et nous chantons à tue-tête le Tipperary.

Un quart d’heure passe… Une descente et des virages risqués, un atterrissage légèrement brutal – on ne fait pas ce qu’on veut par ce temps-là.

Les camarades, les mécanos se précipitent… On compte les éclats d’obus… On relève la trace des balles… V… s’arrache les cheveux d’avoir raté son Boche… Échange d’impressions… mission réussie.

Les appareils rentrent un à un. Le soir tombe vite… On allume des feux. Un appareil n’est pas encore rentré… Anxiété… Qui est-ce ? H… et M… ; H… l’un des pilotes les plus audacieux de chez nous ; M…, son bombardier, un joyeux garçon, rose et blond, qui essaye des mots et des à-peu-près à 2 000 mètres au-dessus des lignes.

Le temps passe… Un grand froid… On dirait une veillée des morts… Personne ne songe à se reposer ou à dîner… Neuf heures… Nous voilà à nouveau réunis – moins deux – sous la tente du capitaine, qui commence ;

« Messieurs, je vais vous donner connaissance de deux dépêches que je reçois à l’instant. »

L’une, du général en chef, qui nous félicite. L’autre, d’un commandant de l’artillerie d’un secteur, nous informant que ses observateurs ont vu l’un de nos appareils s’abîmer dans les lignes allemandes, après un violent combat contre deux aviatiks.

… Des paroles émues à voix basse…

Aux yeux du capitaine, des larmes montent ; puis pour dompter son émotion il nous salue brusquement.

« Je vous remercie, messieurs… »

… Nous sortons sans échanger une seule parole, absorbés par nos pensées.

Il fait maintenant une nuit calme… grise et pâle… Les pins sentent bon dans l’air apaisé, et, sous la lune, nos grands oiseaux blancs, aux ailes éployées, dorment… jusqu’à demain !…

Un baptême

« Messieurs… demain réveil à quatre heures… Départ au petit jour… Nous prendrons notre hauteur sur Épernay… Puis, nous passerons les lignes ici… en évitant la forêt que vous voyez… » L’index du capitaine court sur la carte, et sur notre carnet nous notons les objectifs à bombarder.

« Cent vingt litres d’essence. Donnez des ordres à vos mécanos. Bonsoir. »

Puis, sur le point de sortir et nous désignant un soldat qui l’avait accompagné :

« J’oubliais… Je vous présente le caporal pilote M… qui est arrivé ce soir de la Réserve Générale sur un appareil neuf… Il fait désormais partie de notre escadrille… À demain… »

Nous serrons la main au nouveau venu, un jeune homme frêle, à l’air très doux, un peu trop « fillette » à notre gré.

Nous l’invitons à partager notre whisky sans soda – hélas ! – et à prendre une place à notre poker.

Il s’y refuse courtoisement, avec des mots extrêmement aimables, mais très fermement.

« Encore un type à chichis ! ronchonne V…, atrabilaire depuis qu’il a raté son dernier aviatik.

– Un fils « à maman » qui va le faire à la pose, » murmure J… dont le froid a réveillé les rhumatismes, et qui a l’arthritisme particulièrement amer.

Pour couper court, nous nous mettons à jouer, et l’on n’entend plus que le froissement des cartes, le tintement des sous, – nous ne sommes pas millionnaires, – le pétillement d’un feu de pins qui sent bon et la chanson de la bouilloire pour confectionner le grog aux grippés. Notre nouveau camarade s’est assis, a tiré de sa poche un livre qu’il parcourt sans plus se soucier de nous.

Cette attitude nous irrite un peu. Nous sommes habitués aux camarades expansifs qui, arrivant de l’arrière, sont heureux de déballer d’un seul coup tout ce qu’ils savent, tout ce qu’ils ont appris, de nous jeter en pâture les derniers potins de la Chambre et des coulisses, dont nous sommes si friands, et que nous dégustons en véritables gourmets. « Pas rigolo le nouveau !… Sais-tu ce qu’il lit ?

– Demande-le-lui… Ça sera une façon comme une autre de prendre langue. »

V… profite d’une halte de poker pour s’adresser à lui.

« Vous lisez sans doute le nouveau-né de René Benjamin… ou le Sens de la Mort de Bourget ?…

– Non… non… un vieux livre… : la Chambre blanche de Bataille…, des vers…

– Des vers !… vous pouvez lire des vers à la guerre ! s’esclaffe V… avec un mépris non dissimulé.

– Pourquoi pas ?… D’ailleurs, c’est la première fois que je viens au front… J’ai passé mon brevet militaire il y a trois semaines…

– Eh bien ! mon cher… vous n’avez pas choisi le filon de venir en escadrille de bombardement… Ça n’est plus l’école… Fini Étampes… Pau… Avord ou Juvisy… Ici, il y a les Boches… et ils nous sonnent… c’est un plaisir !…

– Je ferai mon possible », réplique le nouveau, fermement.

Son assurance choque un peu. Faut-il l’avouer, les vieux pilotes, dont plusieurs ont fait la campagne depuis le début, apprécient le jeune pilote qui, dès l’arrivée, demande des renseignements, des tuyaux, les obligeant ainsi à raconter leurs aventures aériennes, quelquefois leurs exploits.

On a beau être modeste… on aime bien montrer qu’on n’a pas eu peur du danger ; on se plaît à décrire les péripéties d’un combat qui vous a valu votre palme.

Il est énervant ce jeune camarade avec son mutisme, son je-m’en-fichisme !… S’il était encore un vieux de la vieille, une croix de guerre, mais un gosse – une classe 16 au moins – qui sort de l’École, qui ne connaît pas les mystères du poker et méprise le whisky !

Sa presse est mauvaise, il n’y a pas à le lui dissimuler, et c’est mollement que nous lui serrons la main en allant nous coucher.

… Cinq heures… Le terrain de départ… Vent du Nord… gelée blanche… Nous battons la semelle… Les phares à acétylène braqués sur les appareils éclairent les mécanos occupés aux derniers préparatifs… Le ciel pâlit, blanchit vers l’Est… vers les Boches…

Le capitaine descend de son auto :

« Notre escadrille partira la première ; chacun par grade et ancienneté comme d’habitude…

– Et moi, mon capitaine ? »

C’est notre jeune et peu communicatif camarade qui a parlé.

« Vous ?… Mais vous allez faire quelques vols d’essai, puis quelques bombardements de lignes… Alors vous pourrez prendre part aux grands raids.

– Mon capitaine, je vous serais reconnaissant de m’accorder la faveur de partir aujourd’hui avec l’escadrille… Ça sera pour moi le meilleur des apprentissages. »

… Un temps d’arrêt ; le capitaine le dévisage, puis :

« À votre aise… Je ne puis vous refuser d’aller vous battre… Votre appareil est prêt ?

– Oui, mon capitaine… Il est en ligne avec tes autres… »

… Le jour se lève… Devant nous, nos oiseaux sont alignés comme pour une parade ; celui de notre camarade le dernier.