En souvenir de cet amour - Karolyne C. - E-Book

En souvenir de cet amour E-Book

Karolyne C

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Beschreibung

Beth découvre le secret de sa grand-mère et part au bout du monde sur les traces de son passé.

Lorsque le passé refait surface.
Lorsqu’une boîte est ouverte.
Lorsque l’amour change l’histoire...
Beth n’aurait jamais imaginé tomber sur une malle pleine de souvenirs. Découvrir que sa grand-mère avait un secret bien gardé pendant soixante-quinze ans. Elle va plonger dans le passé douloureux d’une grand-mère qui n’a jamais rien montré de sa tristesse. Ses recherches vont la mener à l’autre bout du monde à la découverte d’un passé pas si oublié que ça. Dans les méandres d’une guerre sans merci. Beth va faire resurgir une histoire d’amour brisée par la vie et découvrir le vrai sens de sa propre histoire.

Accompagnez la jeune femme dans sa quête et suivez le récit d'une histoire d'amour déchirante, dans cette romance aux multiples rebondissements !

EXTRAIT

— Je t’interdis de parler comme ça de ma famille ! lui intimai-je, calmement.
Tant bien que mal, j’essaie de me contenir. Leo n’a jamais eu une belle relation avec ma famille. Il ne s’entend pas avec ma mère, et évitait ma grand-mère le plus souvent. Je ne sais pas ce qui me retient encore auprès de lui. Notre relation n’est plus ce qu’elle a été et je me demande encore pourquoi elle a duré aussi longtemps.
— Je ne veux pas te faire de mal, chérie, mais rien ne sortira de tout ça. Tu te fais de fausses illusions à vouloir comprendre ce qu’il s’est passé. Si ta grand-mère avait voulu, tu connaîtrais déjà toute l’histoire.
— Elle a souffert ! Ce que j’ai lu dans ces lettres c’est de la souffrance et une vie à essayer de tout oublier.
Pourquoi ne veut-il rien comprendre ?
Il n’a aucune empathie, ni pour moi ni pour ma famille.
— Alors pourquoi veux-tu remuer tout ça ? Ta vie va changer parce que tu connais son passé ?
— Qu’est-ce que ça peut te faire ? lui demandai-je, les larmes aux yeux.
La tristesse que je ressens en ce moment est d’une telle intensité, que les mots se bousculent dans ma tête. J’ai envie de crier et de lui hurler que cela ne le regarde pas. Que je fais ce que je veux de ma vie et qu’il n’a rien à en redire.
— On ne se voit déjà pas souvent. Quand on est dispo tous les deux, on devrait pouvoir profiter. Malheureusement, tu passes ta vie sur ces carnets à noter tout et je ne sais quoi d’autres !
— Je veux savoir ce qu’il s’est passé. Ce qu’est devenu James ! Je ne vois pas en quoi ça te dérange.
Il devrait être là pour m’épauler, me soutenir et être avec moi. C’est ma famille, mon héritage. Tout ce qu’il reste d’une femme que j’aimais beaucoup.
Déjà qu’il ne s’est jamais intéressé à mon boulot. Nous sommes tous les deux journalistes, mais lui est reporter de guerre et moi je fais des articles sur le tourisme. Le soutien n’a jamais été la plus grande de ses qualités.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Karolyne C. - J’ai 27 ans. J’habite Marseille, j’y suis née aussi. Je suis en couple depuis bientôt 13 ans. Nous sommes pacsés depuis presque deux ans. J’ai un diplôme de travailleur social, mais malheureusement je ne travaille pas dans ce domaine. Je suis secrétaire médicale dans un hôpital, je gère les admissions et les interventions des patients. Je suis quelqu’un de très passionnée (par beaucoup de choses d’ailleurs). Une dévoreuse de livres depuis toute petite. J’aime aussi cuisiner, et je passe mon temps libre à regarder des centaines de séries TV ou alors à lire. Je partage cette passion avec ma maman, qui est mon premier fan, et qui me relis depuis que je me suis mise à l’écriture. J’ai deux amies avec qui je partage ma passion de l’écriture. C’est de l’entraide et ça me booste à continuer. Je suis une personne très nerveuse et soucieuse du bien-être de mes proches. Je suis très proche de ma famille et espère avoir la mienne très bientôt.

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En souvenir de cet amour

 

 

 

 

Karolyne C.

 

 

Romance

Editions « Arts En Mots »Illustration graphique : ©

 

CHAPITRE 1

 

Je pose enfin le pied sur le sol américain. Ça fait déjà plusieurs semaines que je suis partie de la maison pour le travail. Mon souffle reprend son rythme au pied de l’appareil, alors que mes pas suivent le troupeau de personnes se dirigeant vers le bâtiment principal. Tout avançant lentement, je me dirige vers les portiques de sécurité afin de passer le service des douanes.

 

Lorsque je sors enfin de l’aéroport, mon portable se met à sonner dans ma poche. La musique de The Weeknd me surprend, quoique non, je devrais bien savoir que ma mère adore trifouiller mon téléphone. Je souris en voyant son nom et sa tête sur l’écran de l’appareil.

— Maman !

— Mon ange, tu es enfin arrivée ? m’interroge-t-elle doucement.

— Tout juste, j’essaie de choper un taxi.

— Leo ne vient pas te chercher ? grogne-t-elle dans l’appareil.

— Maman !

Je ne comprends pas ce dégout que mes parents ont pour mon fiancé. Même si à l’heure actuelle nous avons quelques difficultés, il reste l’homme qui partage ma vie.

— Mais quoi ? J’ai bien le droit de demander, non ?

— Il est en déplacement. Il ne revient que demain soir.

— D’accord. Bon, je ne t’appelle pas que pour ça.

— Qu’est-ce qu’il se passe ?

— Nous devons aller vider la maison de mamie. Elle a été vendue.

— Oh, déjà ?

Les souvenirs me reviennent à la pelle. Je me revois courir dans le jardin de l’immense propriété de mes grands-parents. J’ai passé d’innombrables étés chez eux lorsque mes parents devaient travailler.

Où est le temps où je prenais une limonade avec mamie sur le porche ?

— Beth, est-ce que tu m’écoutes ? s’impatiente ma mère.

— Pardon, maman. Tu disais quoi ?

— Que demain nous devons aller au domaine pour vider les derniers cartons et surtout le grenier !

— Très bien, tu passes me prendre ?

— Oui, ne t’en fais pas. Rentre bien, passe une bonne soirée.

— Merci, toi aussi maman. À demain.

Je raccroche et range le téléphone dans mon sac. Je hèle un taxi et pendant que le chauffeur pose mes bagages dans le coffre, je repense à ma grand-mère.

 

Elle était une femme merveilleuse, toujours souriante et qui a passé sa vie à veiller sur les siens. Que ce soit ma mère ou mon oncle. Elle a donné sa vie pour ses enfants, sans parler de ses petits-enfants.

Elle est décédée il y a maintenant deux ans et son absence reste tout aussi dure. J’essuie quelques larmes sur mes joues et grimpe dans le taxi qui s’impatiente.

 

Arrivée à la maison, je pose mes affaires et commence par ouvrir les volets de notre appartement.

 

Leo et moi vivons ici depuis bientôt trois ans. Nous nous sommes rencontrés au travail il y a cinq ans et avons décidé d’emménager ensemble après deux ans d’une relation sans nuages. Il était l’homme parfait, mais avec ses petits défauts bien sûr. Comme celui de ne pas faire le ménage ou encore d’oublier de faire la vaisselle. Une routine s’est installée rapidement entre nous, et les disputes sont devenues plus fréquentes. Cela fait des mois que plus rien ne va entre nous, et nos emplois du temps respectifs font que nous ne nous voyons que peu souvent. Quelquefois, je me surprends à apprécier les moments où il n’est pas à la maison. Je suis sûrement odieuse, mais je pense que notre relation est arrivée à un point de non-retour.

Même avant mon départ pour le Portugal, où j’ai fait un reportage sur Lisbonne. Nous avons eu une énorme dispute et nous n’avons que très peu discuté durant ces deux dernières semaines.

J’ouvre les fenêtres et aère les pièces. Leo est en déplacement depuis plus d’une semaine et bien évidemment, l’appartement n’est pas rangé. Je ne suis pas une maniaque du ménage, mais j’aime que ma maison sente bon et surtout qu’il n’y ait pas de poussière sur les meubles. Je passe le doigt sur la console du salon et souffle dessus pour dégager cette satanée poussière.

Je mène tous mes bagages dans la chambre et commence à déballer mes affaires afin de faire une première machine. Passant en mode guerrière, je range, nettoie et balance tout mon linge dans la machine à laver.

Je m’énerve toute seule en voyant que Leo n’a pas fait la moitié des choses que je lui avais demandées.

 

Il est vingt et une heures quand je pose enfin mes fesses sur le canapé du salon. J’allume la télé et mange un plat préparé qui traînait dans le frigo. Habituellement, je ne mange pas ce genre de conneries, je trouve ça vraiment pas bon, mais comme il est trop tard pour aller faire des courses, je me contente des restes. Je zappe les chaînes et me dis qu’il est vraiment temps que j’aille me coucher. Nous sommes samedi soir et il n’y a vraiment rien à regarder.

Je me lève, jette l’emballage de mon repas et nettoie les couverts que j’ai utilisés. Avant de fermer les volets du salon, je m’accoude à la rambarde du balcon et profite de la musique qui résonne dans la rue. Nous avons la chance de vivre à la Nouvelle Orléans, magnifique coin des États-Unis. J’aime vivre ici, en plein cœur du quartier français. Nous payons le loyer une petite fortune, mais rien ne vaut la vue que nous avons, autant sur Bourbon Street que sur la nouvelle ville au loin.

 

J’ai fait mes études dans la superbe Université de l’État de Louisiane à Bâton Rouge. J’ai vécu quatre ans dans une cité universitaire et j’y ai fait de merveilleuses rencontres, dont Aubrey et Jace, mes meilleurs amis. Nous avons fait les quatre cents coups ensemble et notre séparation à la fin de nos études a été le moment le plus difficile de ces quatre belles années.

Heureusement, mes amis sont toujours là pour me soutenir. Quoiqu’il puisse m’arriver et quelles peuvent être mes décisions. Jace et Aubrey sont toujours là pour moi. Ils restent les piliers de ma vie.

 

J’écoute joyeusement la musique qui tambourine dans toute la rue, à n’importe quel moment de l’année, l’ambiance y est toujours fantastique. Je reste encore cinq bonnes minutes avant de fermer les volets et fermer les fenêtres.

Le temps de ce mois de mars annonce gaiement un été plus que torride. Je me dirige vers la salle de bain avant de plonger dans un sommeil profond.

 

CHAPITRE 2

 

C’est la sonnerie de mon téléphone qui me sort de mon sommeil si profond. Je tombe du lit en essayant d’attraper la machine qui m’a sorti de mon beau rêve. Moi, sur une plage de sable blanc, avec Ryan Gosling. J’aimerais tellement prendre quelques jours de vacances et ne plus penser à rien, seulement moi et moi.

 

Je frotte mon fessier endolori et essaie de me redresser tant bien que mal. La sonnerie de mon portable s’est arrêtée. Je le récupère sous mon lit et consulte mes appels. C’est ma mère.

Mince, il est onze heures !

— Mais enfin, Beth ! Que fais-tu ? Il est déjà plus de onze heures.

Ma main tape mon front et mes yeux se ferment. Je me retiens de ne pas hurler après ma mère. Après tout, elle n’y est pour rien !

— Oh, maman, je suis désolée, je n’ai pas mis le réveil et j’avais sûrement besoin de rattraper mon sommeil en retard.

— Bon, très bien. Je te laisse une heure pour te préparer. Je passe chercher des bricoles pour manger et j’arrive. On se voit tout à l’heure.

— Merci, maman. Je me dépêche.

Je jette le téléphone sur mon lit et cours vers la salle de bain. Avec ma maladresse innée, je manque de tomber, mais finis par me rattraper à la poignée de la porte de ma chambre, qui bien évidemment me reste en main.

Je suis une vraie tarte !

Je remets la poignée à sa place et me dirige, tranquillement vers la salle de bain. Pendant que l’eau coule et se réchauffe dans la douche, je retourne dans ma chambre préparer mes affaires. Comme nous allons traîner dans la poussière toute la journée, un legging et une longue tunique grise feront très bien l’affaire. Une paire de sous-vêtements et des chaussettes dans le tiroir, le tour est joué. J’aère la chambre et file prendre ma douche en quatrième vitesse.

Quand je sors enfin de la salle de bain, il est onze heures trente. La tenue est rapidement enfilée, quant à mes cheveux, ils finissent en chignon au-dessus du crâne. Je regarde mon reflet dans le miroir.

Mon Dieu ! Quels cernes !

Un rapide maquillage fera en sorte qu’on ne croit pas que je suis sortie en boîte toute la nuit. Je n’aime pas trop me maquiller habituellement, mais au vu de l’état de mon visage. Après les heures de vol d’hier, je vais avoir du mal à récupérer.

 

Une fois terminé, je regarde le résultat et ne me trouve pas si mal. Je finis par pincer mes joues pour leur donner un peu de rougeurs et quitte ma chambre. Je regarde une dernière fois mon reflet dans le miroir et replace une mèche dans mon chignon. Des cheveux blonds et des yeux tout aussi clairs. Je tiens mon visage de ma grand-mère.

 

Elle me manque désespérément. J’ai toujours été plus proche d’elle que de mes parents, bien que je les aime tout autant. À sa mort, j’ai promis de tout faire pour lui rendre hommage et c’est dans ce sens qu’aujourd’hui, j’accompagne maman pour vider sa maison. Malheureusement, nous n’avons pas pu la garder. Elle revenait trop chère en entretien.

Je me ressaisis et prends la direction de la cuisine pour me faire un café avant que ma mère n’arrive. Il me reste encore quinze minutes. Tournant le bouton de la machine à café, je m’installe à la table de la cuisine. Mon regard se porte par la fenêtre où la vue est splendide. Le ciel est bien bleu aujourd’hui. Cela annonce une belle journée.

 

Le fond de ma tasse se dessine quand ma mère sonne en bas de l’immeuble. Je dépose ma tasse dans l’évier et ouvre la porte.

— Oh, tu as une mine affreuse, ma puce, clame ma mère, en déposant un baiser sur ma joue.

— Merci, maman. Moi aussi je suis heureuse de te voir.

— Oh, ma chérie, ne le prends pas mal. Tu as fait des heures de vol, tu as juste besoin de repos, ajoute-t-elle.

— Je me reposerai, ce soir.

— Très bien. Bon, tu es prête ? s’agace-t-elle.

— Je récupère mon téléphone, mon sac et nous pouvons y aller.

Sur la route menant au domaine de mes grands-parents. Les souvenirs me submergent de toute part, me faisant doucement rêver à une époque bien heureuse.

Moi, venant ici pendant mes vacances, passant mes journées à regarder mon grand-père travailler dans son jardin. Ma grand-mère cuisinant des tonnes de tartes en veillant toujours à me faire participer. J’adorais la regarder faire. Elle me racontait toujours comment elle avait appris chaque recette.

 

Nous entrons sur le chemin de terre, les arbres défilent le long de la route, les yeux me piquent. J’essuie une microscopique larme au coin de mon œil et souris en repensant aux innombrables souvenirs que j’ai en ce lieu.

 

Ma mère stoppe la voiture juste devant l’entrée. Son regard se pose sur moi et sa main vient presser mon genou. Je tourne la tête vers l’entrée imposante devant nous avant de sourire à ma mère.

— Ça va, ma puce ?

— Ça fait longtemps que je ne suis pas revenue, avoué-je. Ça me fait tout drôle.

— Tu es sûre de vouloir faire ça avec moi ? Je sais à quel point tu aimais ta grand-mère.

— Oui, ne t’inquiète pas. Je m’en voudrais de ne pas faire ça pour elle.

— Elle serait tellement fière de toi, dit-elle en passant une main sur ma joue.

— J’espère. Je suis tellement triste de ne pas pouvoir garder la maison.

— Elle sera entre de bonnes mains, ma chérie, continue-t-elle en prenant mes mains dans les siennes.

Son contact m’apaise et me fait fermer les yeux. Un long soupir s’empare de moi avant que je ne prenne la décision de sortir de la voiture.

 

Nous pénétrons dans l’immense hall. La horde de souvenirs m’arrive en pleine figure, mes yeux se ferment. Cette sensation de bien-être qui arrive à moi me replonge en enfance. Malgré l’odeur de renfermé, je me prends à repenser à tout ce que j’ai pu vivre dans cette maison.

Elle est désespérément vide. Mes parents ont vendu tous les meubles dans le courant du mois. Il ne reste que les affaires personnelles de ma grand-mère au grenier et quelques cartons dans sa chambre.

 

Je me balade dans le grand salon, tandis que ma mère ouvre les fenêtres pour changer l’air. Le soleil illumine la pièce.

Ma tête se tourne irrémédiablement vers la cheminée qui trône au centre du grand mur. Je me revois là, jouant à la poupée devant le feu qui crépite dans le foyer. Ma grand-mère assoupie dans son fauteuil juste à côté de moi.

Ma mère dépose une main sur mon épaule et l’autre sur mon bras.

— Vient ma chérie, on va manger un morceau avant de commencer.

Je suis ma mère dans le couloir menant à la cuisine et dépose nos affaires sur le plan de travail.

— Elle a été vendue à une famille ? demandé-je, en sortant la nourriture du sac.

— Oui, un jeune couple avec deux enfants. Ils souhaitaient s’éloigner de la ville et avoir un jardin.

— Super. C’est une maison familiale, ajouté-je, tristement.

— Je sais combien tu aimes cette maison, Beth. Je suis désolée que personne ne puisse la garder dans la famille, mais tu peux récupérer tout ce que tu trouveras dans le grenier. Ta grand-mère n’avait pas beaucoup d’affaires, mais elle gardait tout ce qui comptait à ses yeux dans son grenier. Tu y trouveras ton bonheur, me dit-elle, en souriant.

 

Ma mère me regarde avec amour. Je vois en elle les traits de ma grand-mère. Sa perte a été une épreuve pour moi, mais je n’imagine certainement pas la douleur que cela a pu être pour elle. Je hoche de la tête tout en continuant mon déballage, je tends son repas à maman avant de partir m’installer dehors.

 

Nous prenons place sur le porche. Assises à même les escaliers. Je profite une dernière fois de la magnifique vue sur le jardin, que mon grand-père a si ardemment travaillé pendant des années. Il y a encore les arbres fruitiers qu’il avait plantés si durement.

Avec mes cousins, nous l’avions aidé à mettre en terre les petites graines qui ont donné d’immenses arbres. Tous les étés, nous profitions des récoltes avec différentes tartes et confitures.

J’ai aimé mon enfance dans cet endroit. Je regrette juste que ma future famille ne puisse pas connaître ce même bonheur.

 

Une fois terminés, nous rangeons nos affaires et montons à l’étage pour sortir les cartons de la chambre de mamie.

 

Deux heures plus tard, tout est rangé et les quelques boîtes qui restent sont emballées dans le coffre de la voiture. Nous montons ensuite au grenier afin de voir ce que nous pouvons récupérer.

— Je pense que les cartons de vaisselles peuvent rester là, non ? À moins que tu ne veuilles les récupérer ? m’interroge maman, à l’autre bout de la pièce.

— Non, tu as raison, laissons-les ici. Ça pourra servir aux nouveaux propriétaires.

Je me promène dans l’immense pièce. Venir ici petite, me plaisait tellement. Farfouiller dans la poussière, me cacher derrière les malles, jouer à la princesse parmi les robes de soirée de mamie.

 

Mon cousin et moi nous nous amusions à cache-cache dans la maison. Elle regorge de millions de cachettes. Je suis sûre que les enfants qui vont vivre ici sauront trouver ces petits endroits que nous affectionnions autrefois.

 

Après plus de cinq minutes de recherches, je tombe sur une grosse malle au fond du grenier. Coincée entre plusieurs cartons et des tonnes de poussières. Mes yeux se posent sur un vieux tissu derrière moi, je l’attrape et déplace les cartons qui bloquent l’accès à la malle. Elle est très belle, ancienne comme je les aime.

Je n’ai jamais vu ma grand-mère près de cette œuvre d’art et je suis curieuse de savoir ce qu’elle contient.

 

Je dépoussière un peu le dessus et pose mes genoux au sol en soulevant le couvercle. Il est bien lourd d’ailleurs. Ma mère me rejoint au moment où je commence à fouiller à l’intérieur.

— Tu as trouvé quelque chose qui te plaît ? me demande-t-elle.

— J’ai trouvé ce coffre dans le coin et je suis curieuse de savoir ce qu’il y a dedans.

Ma mère prend place à mes côtés et regarde ma chasse au trésor. J’en ressors plusieurs tas de papiers jaunis par le temps. Des coupures de presse, des vieux journaux tout abîmés. Je pose tout sur le sol à côté de moi afin de m’assoir correctement pour feuilleter tout ça.

— Tu sais ce que c’est ? demandé-je à ma mère, en lui montrant les journaux.

Elle me prend le document des mains, tourne les pages en fronçant les sourcils.

— Je dois bien avouer que non. Je n’ai jamais vu ça de ma vie. Et surtout, je n’ai jamais vu ma mère écrire dans un de ces cahiers.

Je prends le paquet de feuilles à mes pieds et, défaits la petite corde qui les maintient ensemble. Ce sont des lettres…

— Ce n’est pas l’écriture de mamie, dis-je en tournant les lettres.

— Non, effectivement, confirme-t-elle.

— Ça vient d’un homme, affirmé-je, en tournant les lettres.

— Ça date de quand ?

— Apparemment de l’été 1944.

— Pendant la guerre ? s’interroge ma mère.

— Il faut croire. De qui peuvent bien être ces lettres ?

— Voyons voir un peu ça.

Nous nous installons confortablement sur un petit divan de l’autre côté de la pièce et commençons notre remontée dans le passé.

 

CHAPITRE 3

 

— Dis maman, mamie et papi se sont bien rencontrés après la guerre, non ?

— Hum, non juste un peu avant la fin, il me semble. Pourquoi ? dit-elle, en fouillant dans la malle.

— Eh bien parce que toutes ces lettres datent de 1944, et ne sont pas signées du prénom de papi, réponds-je, perplexe.

— Quoi ? s’exclame-t-elle, en me prenant les lettres des mains.

Toutes lettres viennent en grande partis des Etats-Unis et d’Angleterre, pendant le mois de juin 1944, peu avant le débarquement en France. Elles sont signées par un certain James Smith.

— Tu le connais ? la questionné-je, en lisant une lettre.

— Non, pas que je me souvienne, en tout cas. Du moins ma mère ne m’en a jamais parlé. Donne-moi ça !

Je tends une lettre à ma mère, tandis qu’elle en commence la lecture.

« Ma douce Mary,

J’espère te trouver en bonne santé, et que la chaleur ne t’étouffe pas trop dans notre belle Louisiane...

Ici, le temps est mauvais. Nous nous entraînons beaucoup. La préparation bat son plein. Je ne peux rien te dire de plus, mais sache que je pense beaucoup à toi.

Ne t’en fais pas pour moi... Je te reviendrai bientôt, mon amour...

Garde-moi une place auprès de toi, sous notre arbre...

Tendrement et avec tout mon amour,

James. »

 

Oh ! Une lettre d’amour…

Toutes les autres sont dans le même ton. Des déclarations d’amour. Elles sont datées de juin 1944 et proviennent toutes d’un coin perdu en Angleterre. Elles racontent l’horreur de la Seconde Guerre mondiale.

— Tu étais au courant qu’elle avait eu quelqu’un avant Papi ?

Ma mère ne répond pas. Regardant, retournant et feuilletant chaque lettre qu’elle trouve dans la malle. Elle les étale par terre et observe sans dire un mot.

— Maman ? insisté-je.