Le cœur a ses raisons - Tome 3 - Karolyne C. - E-Book

Le cœur a ses raisons - Tome 3 E-Book

Karolyne C

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Beschreibung

Noah et Liv voient leur bonheur à Boston se détériorer... Noah parviendra-t-il à sauver la femme de sa vie ?

Liv et Noah ont tout pour être heureux. Une nouvelle vie à Boston, loin des démons du passé, des jobs qu’ils adorent et un équilibre enfin trouvé.
Leur amour n’a jamais été plus serein qu'aujourd’hui et pourtant… La vie a décidé de les mettre une nouvelle fois à rude épreuve. Et si le passé revenait encore les hanter ?
Quand le drame survient, Olivia se perd en route et se mure dans son chagrin délaissant ainsi l’homme qu’elle aime.
Noah, voyant la femme de sa vie perdre pied, fera tout son possible pour lui venir en aide et la guider à nouveau vers la lumière.
Leur amour sera-t-il assez fort pour se relever une nouvelle fois ? "

Découvrez le troisième tome d'une romance young adult à la fois poignante et drôle !

EXTRAIT

Lorsque je pénètre dans l’appartement, tout est silencieux. Noah n’est pas encore rentré du travail, je me demande bien à quelle heure il aura fini d’ailleurs, ses horaires étant très flexibles en fonction de l’actualité à commenter.
Je pose mon sac sur le comptoir de la cuisine et observe cet espace de vie. Nous avions tout prévu, emménager ici, vivre les plus belles années de notre vie, finir nos études, commencer à travailler, nous marier, avoir des enfants, profiter de ceux de mon frère et Harper, faire de grandes soirées avec nos amis… Nous avons pourtant profité un maximum ces trois dernières années.
Je me rappelle encore la préparation du mariage de mon frère. Harper qui venait à la maison pendant des journées entières, à déballer tout son matériel et son fameux livre sacré du mariage. J’en ai bouffé du tulle et de la dentelle pendant des mois. Elle m’avait bassinée des semaines entières pour ma tenue de témoin et finalement, j’avais fait entendre ma voix. Je me trouvais quand même pas mal lors de la cérémonie. J’avais fait un sacré effort, j’avais même porté des talons, je souris en repensant à ce magnifique mariage. Mon frère était canon, et je suis tellement heureuse d’avoir pu assister à ce moment. Qui aurait cru que ma meilleure amie arriverait à mettre le grappin sur mon frère ? Elle qui l’aimait en secret depuis des années.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Karolyne C. - J’ai 27 ans. J’habite Marseille, j’y suis née aussi. Je suis en couple depuis bientôt 13 ans. Nous sommes pacsés depuis presque deux ans. J’ai un diplôme de travailleur social, mais malheureusement je ne travaille pas dans ce domaine. Je suis secrétaire médicale dans un hôpital, je gère les admissions et les interventions des patients. Je suis quelqu’un de très passionnée (par beaucoup de choses d’ailleurs). Une dévoreuse de livres depuis toute petite. J’aime aussi cuisiner, et je passe mon temps libre à regarder des centaines de séries TV ou alors à lire. Je partage cette passion avec ma maman, qui est mon premier fan, et qui me relit depuis que je me suis mise à l’écriture. J’ai deux amies avec qui je partage ma passion de l’écriture. C’est de l’entraide et ça me booste à continuer. Je suis une personne très nerveuse et soucieuse du bien-être de mes proches. Je suis très proche de ma famille et espère avoir la mienne très bientôt.

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Le cœur a ses raisons

Tome 3 :

Risquer de perdre

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Karolyne C.

RomanceEditions « Arts En Mots »Illustration graphique : © Tinkerbell Design

 

CHAPITRE 1 - Olivia

 

Je suis, une fois de plus, assise par terre dans la chambre. Le dos appuyé contre le grand lit en bois. J’ai passé des semaines à décorer cette pièce. Je la voulais à notre image. Simple et épurée. J’ai déniché des objets vintages dans les plus petites boutiques de la ville, traînant Noah dans chaque antiquaire trouvé sur internet.

 

Cette pièce me ressemble, à cet instant précis, elle est triste et seule. Je triture mon pull fin, il est devenu complètement difforme à force de tirer dessus. C’est le vêtement que je porte le plus en ce moment, il est vieux, lacouleur est passée depuis longtemps et, surtout, il porte l’odeur de Noah. Quand je ne suis pas au travail, ou avec lui, je reste à la maison, assise à cette même place, dans ma chambre. Je ne fais rien d’autre que regarder à travers la grande baie vitrée qui longe un des murs de la pièce.

 

Je me rappelle encore le jour où Noah m’a traînée ici. Jamais je n’aurai pensé qu’il puisse me faire une surprise pareille. M’offrir un appartement, un foyer. Il m’offrait une famille et de quoi refaire ma vie. Oui, vous pensez qu’à dix-neuf ans, ma vie n’en était qu’à son début, mais endurez ce que j’ai vécu jusqu’à mes dix-huit ans et vous comprendrez.

 

*Flashback.

 

— Noah, qu’est-ce que tu fais ?

— Viens, suis-moi.

— Mais enfin, oùva-t-on? On ne rentre pas chez les gens comme ça !

Je l’entends à peine rigoler quand il me fait entrer, devant lui. En me poussant dans le dos, je me retrouve au milieu d’un immense salon. L’appartement est complètement vide, mais sublime. Une baie vitrée avec vue sur toute la ville prend une grande partie du mur en face de moi, c’est à couper le souffle. Je reste là, devant cette vue, quand Noah me prend dans ses bras.

 

*Fin du Flashback.

 

Penser à nouveau à ce moment m’apaise. C’était le début de notre vie à deux et la vision d’un futur sans encombre.

 

L’appartement est désespérément vide, pas de bruits, rien ne bouge, tout est à sa place. Je me décide à me lever et prends la direction de la salle de bains. Je me déshabille, mon regard rencontre le miroir face à moi. J’ai appris, depuis des années, à accepter mes cicatrices. Elles ont fait de moi la femme que je suis aujourd’hui. Celle que je ne serai sûrement jamais aussi. Je passe mes doigts sur les cicatrices qui barrent mon ventre, celles de mon cou… Elles sont devenues blanches avec les années, mais les regarder me gêne toujours.

 

Je détourne le regard et m’enfonce dans cette immense douche que Noah a fait construireuniquement pour moi. L’eau coule sur ma peau. Cette eau chaude qui est censée détendre chaque parcelle de mon corps, mais qui finalement, me met les nerfs en boule.

Je ne m’éternise pas et sorsen attrapant une serviette sur le meuble. J’attache une serviette autour de mes cheveux et passe la plus grande autour de moi. Je retourne dans la chambre et commence à chercher des vêtements propres quand deux mains se posent sur mes épaules.

 

Son odeur, son souffle chaud contre ma peau. Je le reconnaitrais entre mille. Sa bouche se pose juste sous mon oreille, un léger sourire se dessine sur mon visage, et le souffle sortant de sa bouche me provoque encore des frissons. Noah est l’homme dont j’ai toujours rêvé. Il s’est battu pour moi pendant des mois, il a tout quitté aussi. Mon humeur actuelle est telle que j’ai du mal à lui rendre tout cet amour… Je ferme les yeux et chasse cette fameuse soirée de mon esprit, cette nuit où tout a changé.

— Tu es un peu sortie aujourd’hui ?

— Non.

— Bébé, tu dois sortir de la maison, tu ne peux pas rester ici toute ta vie.

— Je resterai ici, si j’en ai envie.

— Tu devrais aller prendre l’air, faire du sport ou même aller faire les magasins.

— Je n’en ai pas envie.

— De quoi as-tu envie, alors ?

— Je ne sais pas.

— OK, je suis là, tu le sais hein ? dit-il en posant sa main dans mon dos.

— Bien sûr Noah.

 

Je me dégage de son étreinte et enfile un tee-shirt par-dessus la serviette. Je mets un legging en dessous et retire le drap de bain. Nous nous disputons pour des futilités en ce moment, j’ai du mal à supporter son regard sur moi depuis ce soir-là. Pourtant, j’aimeraisqu’il me prenne dans ses bras et qu’il me serre contre lui, mais dès qu’il s’approche trop près de moi, je commence à paniquer. Ce n’est pas que je n’en ai pas envie, bien au contraire, cependant je fais un blocage, et je sais à quel point cela est dur pour lui.

 

Je suis toujours de dos quand je sens sa présence contre moi. Il embrasse mon épaule puis me chuchote un « Je t’aime » et sort de la chambre.

Je m’en veux d’être comme ça, parce que ce n’est pas dans ma nature de refuser ces moments à Noah. J’aime être dans ses bras et je ne m’endors que comme ça, j’aimerais retrouver cette passion que nous avions il y a encore quelques semaines. Quand j’avais envie de lui sauter dessus en le voyant au réveil, quand son rire faisait battre mon cœur, quand ses caresses réveillaient en moi des désirs inconnus. Je m’efforce tant bien que mal de lui donner encore tout ce qu’il mérite. Il s’accroche à moi comme à une bouée, il l’a toujours fait. Depuis notre rencontre d’ailleurs. Il a tout vécu pour moi, pour ma famille, pour être à mes côtés coûte que coûte.

 

Seulement voilà, quelquefois mon corps réagit avant ma raison. Mon cœur ne bat plus qu’à moitié et mon bonheur s’est envolé. J’aime Noah, plus que tout, mais je n’arrive plus à le rendre heureux, les moments de bonheur ont été remplacés par la tristesse et l’abattement, et nos discussions et rigolades par des disputes à répétitions.

Je sors finalement de la chambre après m’être attaché les cheveux en un chignon lâche au-dessus du crâne. J’ai enfilé un large gilet à Noah, celui que j’affectionne particulièrement depuis quelques années. Tout simplement parce qu’il l’avait avec lui le jour où il m’a emmenée ici. Le jour où il m’a fait la surprise d’avoir acheté cet appartement pour nous.

— Tu veux manger quelque chose ? me demande-t-il de la cuisine.

— Ne t’en fais pas, je vais me préparer quelque chose.

— Olivia…

— Quoi ? réponds-je sur les nerfs.

— Je suis en train de cuisiner, je te prépare aussi quelque chose.

— Comme tu veux.

— Ce n’est pas comme je veux, tu dois te nourrir, tu as encore perdu du poids.

— Je sais… avoué-je en me cachant avec le gilet

Je me dirige donc vers le salon et m’assois dans le grand canapé moelleux que j’ai tant voulu obtenir. Il a fait la tête pendant des semaines parce qu’il voulait un canapé en cuir, alors j’ai usé de mes charmes afin d’obtenir celui-là et j’ai été plutôt fière de moi quand les livreurs sont arrivés avec l’immense canapé. Je m’enfonce dans les grands coussins et pose le plaid sur mes genoux.

 

Noah me rejoint avec un plateau et deux assiettes de pâtes à la bolognaise. Il pose le tout sur la table basse et me tend mon assiette. Il place aussi deux verres et y verse de l’eau. L’envie de manger n’est pas toujours là, comme l’envie de parler d’ailleurs. Je n’ai pas souvent envie de faire la conversation, même si je vois dans son regard qu’il attend que je dise quelque chose, même si c’est une bêtise.

— Tu veux regarder quelque chose de spécial ?

— Non, tu peux mettre ce que tu veux.

— D’accord, je crois qu’il y a un truc pas mal sur le câble, dit-il en zappant les chaînes.

— Hum.

Noah tourne la tête vers moi, pose sa main sur mon genou et le presse légèrement. Je lève la tête vers lui et essaie de sourire en posant ma main sur la sienne.

— Demain, tu vas travailler ? demande-t-il entre deux bouchées.

— Comme tous les jours.

— OK, si tu as besoin que je vienne te chercher tu m’appelles ?

— D’accord.

Il retourne à son assiette en regardant la télévision qui diffuse une nouvelle série télé. Je picore mon assiette, en poussant les pâtes sur le côté, mon regard se fixe sur l’écran devant moi. Je n’ose même plus un regard envers Noah. Le regarder me fait culpabiliser de lui faire vivre tout ça…

Voici notre quotidien depuis un mois…

 

Quand Noah vient se coucher à son tour, je suis roulée en boule sous la couette, face à la fenêtre. Il s’approche de moi et passe son bras autour de ma taille, plonge son nez dans mon cou et aspire une grande bouffée d’air. Son étreinte se resserre autour de moi, je pose une main sur la sienne et mêle mes doigts aux siens. Son corps se colle au mien et mes sens se réveillent… Ça fait des semaines qu’il ne m’a plus touchée comme ça.

— Je t’aime Olivia, tu me manques tellement.

— Je t’aime aussi, tu le sais…

Noah ne me répond pas et resserre sa prise sur mon corps, un dernier baiser sur l’épaule et son souffle ralenti. Il ne dort plus très bien depuis plusieurs semaines et mon cœur se brise un peu plus.

Redeviendra-t-on le couple que nous étions il y a encore un mois ?

 

 

CHAPITRE 2 - Olivia

 

Comme tous les matins depuis quatre semaines, je me lève, machinalement, je me rends dans la cuisine et fais du café. Je me suis mise à en boire pendant mes études et j’en suis devenue accro. Il me fallait tenir le coup entre mon boulot à la maison d’édition et les cours qui devenaient de plus en plus intenses. J’ai passé trois années incroyables, et je ne regrette pas le changement de fac après la mort de Chad.

 

Pendant que mon café chauffe, j’en profite pour grignoter un petit morceau de pain avec du beurre. J’entends du bruit dans la salle de bain, Noah doit être levé. J’essaie de faire des efforts, quotidiennement, de me relever, pour lui et surtout pour nous. Notre couple est tout ce qu’il me reste à présent. Il sait à quel point je suis mal, et même si j’ai envie que l’on se retrouve, j’aimerais ne pas le repousser quand il s’approche de moi. Seulement, j’ai quelque chose qui bloque et qui m’empêche de retrouver celle que j’étais devenue grâce à lui. Je sais qu’au moindre truc, je risque de le perdre lui aussi.

Liv, prends sur toi, ta vie ne tient plus qu’à un fil.

Je prends deux tasses dans le placard, quand deux mains se placent sur mon ventre. Je sursaute à son contact et me force à ne pas bouger, je pose mes mains sur les siennes. Noah s’approche de moi et colle son torse contre mon dos. Mon corps est parcouru de frissons, sa bouche dépose un baiser dans mon cou et je me retourne en lui offrant un sourire timide. Je l’embrasse sur la joue et reporte mon attention sur le café. Il semble heureux, en cet instant, il semble avoir retrouvé la paix. Je sais que ça ne durera pas. Il comprend mon empressement et me lâche en respirant bruyamment.

— Tu voudrais que l’on sorte ce soir ? me demande-t-il. Peut-être que nous pourrions allervoir ton frère et Harper ?

— Si tu veux.

— Olivia, bébé, s’il te plaît…

— Quoi ? Noah, je fais des efforts, tu le vois bien.

Noah s’approche de moi et pose une main sur ma joue, il efface une larme au coin de mon œil et embrasse mon front, comme à chaque fois qu’il souhaite faire partir ma tristesse. Ce geste m’apaise quelques minutes puis je suis à nouveau frappée par ce poids énorme dans mon cœur. Je pose ma main par-dessus la sienne et applique une pression tendre.

— Je sais mon cœur, je te promets que ça ira mieux, peut-être pas demain ni la semaine prochaine, mais je te jure qu’un jour tu retrouveras le sourire.

— Ne m’en veux pas… dis-je en baissant la tête.

— Je t’aime bébé.

Je ne réponds rien. Je n’arrive plus à lui dire « je t’aime » depuis ce qu’il s’est passé, je me sens indigne de lui dire. Il dépose alors un baiser tendre sur mes lèvres et retourne dans la salle de bains avec sa tasse de café. Mon regard se perd vers la fenêtre et la ville qui bat déjà son plein. J’ai l’impression d’être à l’extérieur de ma propre vie. Avec tous les efforts que je fais, je sais bien que ça ne suffit pas, alors il y a des jours où j’ai juste envie de me rouler en boule et de me cacher dans un trou de souris.

 

******

L’ascenseur retentit et indique que je suis arrivée au quatorzième étage de « Romelli éditions ». Je travaille ici depuis quatre ans maintenant, j’ai commencé en tant que stagiaire, pendant mes études, et puis finalement, je ne suis jamais partie. Je suis l’assistante de l’éditrice en chef, Elizabeth Storm. Elle me délègue beaucoup de choses. Je suis en partie responsable de la lecture des soumissions de textes et dois en faire un résumé pour Elizabeth. Je m’occupe également de préparer toutes les réunions éditoriales et j’ai demandé à travailler avec l’équipe de graphistes pour valider les couvertures avec les auteurs.

 

Je sors de l’appareil et me dirige vers mon poste de travail. Mon bureau est un peu en retrait des autres et ces derniers temps, j’en suis plutôt contente. J’aime bien être à l’écart de la cohue et je travaille mieux en étant toute seule à mon poste que dans un open space, d’autant plus qu’Elizabeth me laisse écouter ma musique quand je ressens le besoin de me déconnecter.

 

J’ai la chance de pouvoir travailler avec Jonah. Nous nous sommes rencontrés à la fac, lors de mon arrivée ici. À l’époque, il sortait avec Alison, mais malheureusement leur couple n’a pas tenu. Par la suite, elle est partie dans une fac à San Diego. Leur rupture a été très dure, et c’est à ce moment-là que nous sommes réellement devenus amis. Mon départ de la maison m’a ouvert l’esprit, je me suis dit que je n’avais rien à perdre à faire des connaissances et rattraper un peu le temps perdu niveau vie sociale. Il n’avait plus le moral et nous l’avons intégré à notre groupe sans aucun problème.

Quand nous avons décroché ce stage ici, nous avons passé des jours à planifier notre future carrière dans cette société. Il est mon point d’ancrage dans la Maison d’édition et je sais que je peux compter sur lui quoiqu’il arrive.

 

Je m’installe derrière la table de travail et allume mon ordinateur. Il faut absolument que je me concentre aujourd’hui. J’ai trois romans à résumer et deux comptes rendus de réunions à faire, je dois aussi préparer les deux prochaines réunions éditoriales et faire un tour chez les graphistes ainsi que les correcteurs. Je me prépare à ouvrir un dossier quand Jonah se pointe derrière mon écran. Je lève les yeux vers lui et prononce un petit bonjour. Il m’offre un sourire digne d’une publicité pour dentifrice et tapote le haut de mon écran.

— Ma belle Liv, comment tu vas aujourd’hui ? dit-il en souriant.

— Comme d’habitude.

— Allez viens, je t’offre un café.

— Je viens d’arriver, Jo’, on peut faire ça plus tard ?

— Non, tu ramènes tes fesses en salle de pause.

Je me lève à contrecœur et suis mon ami vers le couloir qui mène à notre salle de repos. Quand j’entre dans la salle, Jonah place une capsule dans la machine puis se retourne vers moi en croisant ses bras sur la poitrine. Jo’ est un des rares au bureau qui connaît toute l’histoire. Il m’a beaucoup aidée quand j’ai dû m’absenter du travail et je lui en serais toujours reconnaissante, surtout parce qu’il est mon ami depuis des années et qu’il a affronté avec moi cette épreuve. Il nous a beaucoup soutenus ces dernières semaines.

— Liv, il faut que tu te reprennes.

— Je sais, je n’y arrive pas Jonah.

— Et Noah, tu lui en as parlé ?

— Non… Les mots ne sortent pas…

— Je sais que c’est dur pour toi ma belle, mais pense à lui, pense à ce qu’il doit vivre et surtout au fait qu’il ne peut rien faire pour toi.

— Je le sais bien, dis-je en passant mes mains sur mon jean, j’essaie de toutes mes forces, mais des fois j’ai juste envie de vomir, dès qu’il s’approche de moi j’ai peur de me briser en mille morceaux, dès qu’il pose les mains sur moi je veux m’enfuir et pourtant il est tout ce qu’il me reste, je ne suis rien sans lui à mes côtés.

— Liv… dit-il en posant ses mains sur mes épaules, je n’ai jamais vu un couple aussi amoureux que vous. Vous allez surmonter cette épreuve, ça ira mieux. Bientôt. Pense à toute votre histoire, à ce que vous avez surmonté pour être ensemble. Ce n’est qu’un obstacle de plus.

— J’espère que tu as raison, je ne supporterai pas un autre échec.

Je repense alors au jour où Noah est venu me rejoindre à Boston. Jonah était avec moi ce jour-là et il a cru que j’étais traquée par un obsédé. Noah n’arrêtait pas de me regarder, il ne ressemblait plus au garçon que j’avais rencontré sur les bancs de la fac, à celui que j’avais envoyé balader, qui venait me parler même quand je ne le voulais pas, à celui qui m’avait emmenée à une fête foraine et m’avait fait découvrir l’amour pour la première fois. Je me rappelle encore la sensation que j’ai ressentie lorsque mes yeux se sont posés sur lui, à l’autre bout du campus. Que j’ai perçu sa tristesse, sa barbe de plusieurs jours et son corps aminci.

 

*Flashback.

 

— Liv, y a un mec qui te regarde, il est adossé à l’arbre derrière toi. Je ne sais pas qui c’est, mais il ne te lâche pas des yeux. Tu veux que je te ramène chez toi ?

— Un mec qui me regarde.

Je me retourne légèrement, et je sens mon cœur qui lâche. Je n’arrive pas à décrocher mes yeux de lui. Je ne bouge pas, mais je sens que Jonah essaie de me parler

 

*Fin du Flashback.

 

La conversation est rapidement coupée par l’interruption d’Elisabeth dans la salle. Quand ses yeux trouvent les miens derrière ma tasse de café, elle me sourit et ouvre les bras en grand en s’approchant de moi.

— Olivia, ma chérie tu es enfin arrivée. Finis ton café et rejoins-moi dans mon bureau, s’il te plaît.

Elle n’attend pas ma réponse et se retourne en une fraction de seconde. Jonah me regarde et se met à rire.

— Tu as vraiment une chef en or.

— Je sais. Bon, j’y retourne. On se voit à midi ?

— Bien sûr, ici, comme d’hab.

Je sors à mon tour de la salle et rejoins mon bureau pour prendre mon carnet de notes. Je tape à la porte d’Elizabeth et entre sans attendre. Elle lève sa main vers moi pour m’indiquer qu’elle termine bientôt son appel téléphonique, j’en profite pour prendre place en face d’elle et ouvre mon calepin. Je me demande ce que j’ai bien pu faire pour mériter une convocation dans le bureau de la chef.

 

Quand son appel est terminé, elle se tourne face à moi et croise ses doigts sur mon bureau. Un sourire apparaît sur son visage. Elizabeth est une femme d’une cinquantaine d’années, les cheveux grisonnants, mais toujours très bien coiffés. Elle s’habille simplement et sa personnalité réchaufferait n’importe quel cœur brisé. J’aime l’entendre parler, discuter avec elle.

Nous avons passé des heures à étudier chaque texte reçu. Nous avons aussi passé de nombreuses soirées, ici, à choisir les auteurs qui seraient publiés, les couvertures pour les prochaines sorties et à rigoler pour tout et n’importe quoi. C’est ce qui m’a plu dans cette boîte, la simplicité et la générosité des gens qui travaillent ici. Je me sens revivre à chaque fois que je pose un pied dans ces locaux.

— Ma chérie, je pense que nous devons avoir une discussion.

— J’ai fait quelque chose de mal, Elizabeth ?

— Non, ma chérie, non, mais ton travail n’est pas très… comment dire ? Régulier.

Elle me regarde à travers ses lunettes, les enlève et les dépose doucement sur son agenda. Elle se lève et vient s’assoir sur la chaise placée à côté de moi.

— Je sais que ce n’est pas de ta faute, Olivia. Mais, je voudrais que tu prennes quelques jours ou semaines de vacances.

— Mais enfin, si j’ai fait des erreurs je veux pouvoir les rectifier, je n’ai pas besoin de vacances, dis-je en m’agitant sur mon siège.

— Si, tu en as besoin. Tu es revenue très vite, peut-être trop vite, après ce qu’il s’est passé, tu as BESOIN de ce temps pour toi et pour Noah. Partez quelques jours, prends du temps pour toi et pense à autre chose. Surtout, arrête de te focaliser sur le boulot, ce n’est pas ça qui te sauvera.

— Elisabeth, j’ai besoin d’être ici. Vous le savez, je ne peux pas rester chez moi à ne rien faire. Ce boulot, c’est toute ma vie.

— Olivia, chérie, tu n’as pris aucune vacance depuis trois ans, ce que j’admire d’ailleurs, mais la vie ne tourne pas autour du travail. Il sera toujours là quand tu reviendras, et crois-moi tu as besoin de ce temps pour toi.

— Très bien, je prends une semaine, et je reviens lundi prochain.

— Et tu pars tout de suite, dit-elle en tapotant ma main.

— Quoi ?

— Je ne te veux pas ici, tu prends tes affaires et tu rentres chez toi. Refais-toi une santé. On s’appelle ce week-end.

Son sourire est sans faille, elle me fait un signe de la main en répondant à un énième appel téléphonique. Je me lève sans comprendre ce qu’il vient de se passer et retrouve Jonah assis sur le coin de mon bureau. Il me fait un sourire de circonstance et me tend mon sac à main.

— Tu étais au courant ? je lui demande.

— Oui, elle m’avait prévenu. Je vais te remplacer pendant tout ton congé.

— Mais, je ne peux pas partir, il y a trop de choses à faire.

— J’ai pris ton agenda, le planning est prêt pour tout le mois. Tu as besoin de ce congé Liv.

— Non…

— Hé ! dit-il en prenant mes mains, ça te fera le plus grand bien, crois-moi. Rentre chez toi, profite de ton homme et on s’appelle dans la semaine, ok ?

Je ne réponds rien, prends mon sac et dis au revoir à mon ami avant de me diriger vers les ascenseurs. Je rumine cette conversation et me demande ce que je vais bien pouvoir faire de ces « vacances ». Rien ne me tente et rien ne peut me faire oublier la douleur qui me tiraille.

 

Arrivée en bas de l’immeuble, mon regard se perd au loin. La ville bat son plein. Boston est une ville plaisante, j’aime habiter ici, rien ne me rappelle mon passé, rien ne me rappelle les personnes que j’ai perdues. Je pense de plus en plus à Chad ces derniers temps, il me manque. J’ai beaucoup pensé à lui pendant le mariage de mon frère, j’aurais aimé qu’il soit là, qu’il m’appelle encore Princesse. Malgré tout ce qu’il a pu se passer entre nous, je me dis qu’il était un très bon ami et que sa présence à mes côtés a été un plus. Lui aussi s’est sacrifié pour moi, et chaque fois que je pense à ce qu’il a fait pour me sauver, mon cœur se serre.

 

Aussi, pour me changer les idées, je me dirige vers le parc et marche le long de l’étang. J’observe ces mères de famille se baladant avec leurs enfants, les chiens courir aux côtés de leur maître… Je m’assois sur un banc et regarde les gens défiler devant moi. Je perds totalement la notion du temps, mon esprit s’évade, je ne pense plus à rien, enfin la paix.