EPUB 3.2 - Landry Miñana - E-Book

EPUB 3.2 E-Book

Landry Miñana

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Beschreibung

Mise à jour de l'ouvrage précédent "EPUB 3.0, Concevez et réalisez des eBooks enrichis", ce livre reprend, en les développant, l'ensemble des spécifications de la toute dernière version EPUB 3.2. Les différentes techniques de mise en pages complexes, en cours de développement ou expérimentales sont expliquées et commentées afin de se faire une idée des nouvelles orientations préfigurant peut-être le futur de la version 4. Les nouveaux concepts de l'accessibilité, maintenant obligatoires par l'European Accessibility Act, sont intégrés et expliqués au travers d'exemples pratiques WCAG et WAI-ARIA ou issus des bonnes pratiques. Modernité et accessibilité, tels sont les nouveaux défis de l'édition numérique.

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EPUB
MOBI

Seitenzahl: 525

Veröffentlichungsjahr: 2020

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Sommaire

PRÉAMBULE

INTRODUCTION

LA NOTION DE LIVRE NUMÉRIQUE

Le livre numérique et le livre application

La guerre des formats

L'accessibilité

L'EPUB AU FIL DES VERSIONS

Les origines

Un format de standards

La version EPUB 2.0.1

Les apports de la version 3.0

L'ACCESSIBILITÉ

Handicap ou besoin ?

Concept d'accessibilité universelle

Publications inclusives ou adaptées ?

La normalisation du Web

L'ORGANISATION D'UN FICHIER EPUB

Caractéristiques générales

Structure de base

LE DOSSIER META-INF

container.xml

encryption.xml

manifest.xml

metadata.xml

rights.xml

signatures.xml

LE DOCUMENT DE NAVIGATION

Le dossier de publication OEBPS

Le document de navigation : toc.xhtml

LE FICHIER PACKAGE CONTENT.OPF

L'élément racine < package >

Les enfants du < metadata >

Le manifeste de l'ouvrage < manifest >

L'ordre des pages avec < spine >

VARIANTES DE MISE EN PAGE

Fixe ou reflow, le paramètre [rendition:layout]

La restitution du flux : [rendition:flow]

L’orientation avec [rendition:orientation]

Les doubles-pages : [rendition:spread]

Le Viewport

Récapitulatif des mises en pages

TECHNIQUES DE MISE EN PAGE AVANCÉES

Responsive Design versus Adaptative Design

Css Grid et Flexible Box Layout

Colonnage multiple avec CSS

Les régions CSS

La mise en page adaptative pour EPUB

La navigation basée sur les régions

Les propriétés CSS préfixées

Les feuilles de styles CSS alternatives

Le module de mise en page paginée

LA DESCRIPTION D'IMAGES & TEXTES ALTERNATIFS

Préalable

14 points à respecter

Exemples de descriptions commentées

Logigramme d'aide à la décision

ÉTIQUETAGES SÉMANTIQUES

Éléments de sémantique

TECHNOLOGIES AUTOUR DU HTML 5

Syntaxe et particularités HTML 5

Les balises classiques

Les tableaux

Les éléments interactifs

Les balises <rp> et < embed >

Éléments multimédia

Les éléments MathML

Les documents SVG

LES DOCUMENTS MEDIA OVERLAYS

La technologie SMIL

La synchronisation des médias

Référencement dans le manifeste

Text-to-Speech

SCRIPTS ET API JAVASCRIPT

L’utilisation des scripts

L'objet epubReadingSystem

Les API JavaScript du HTML 5

Notes sur l'utilisation des scripts

ANNEXES

Segmentation d'un ouvrage

Classification d'éléments HTML 5

Correspondance [epub:type] et [role]

EPUB Core Media Types

Sélecteurs CSS

MARC Code List

Scripting

Conformité au WCAG

GLOSSAIRE

RESSOURCES

INDEX

Préambule

La première version de cet ouvrage est parue en 2014 aux éditions Pearson sous le titre EPUB 3.0, Concevez et réalisez des eBooks enrichis. Elle avait pour objectif de présenter l’ensemble des spécifications de la version EPUB 3 et de regrouper au sein d’un même livre, toutes les informations disséminées sur la toile pour en faire une sorte de référence ou plutôt un guide pratique.

Cette nouvelle publication a voulu, cette fois, mettre l’accent sur l’accessibilité et présenter les dernières évolutions EPUB tout en indiquant les bonnes pratiques. Comme la version précédente, la lecture de ce livre nécessite de connaître à minima le langage HTML et CSS. Toutes les autres notions abordées au fil des chapitres seront expliquées ou commentées. Cependant ce livre ne sera en aucun cas une formation à ces notions.

Pour éviter toute confusion, le terme ebook désigne de manière générale un livre numérique, quel que soit son format. Celui-ci peut être au format EPUB, Kindle ou PDF ou autre. Communément, ces livres pourront être désignés par le nom de leur format à savoir EPUB, PDF ou de leur appellation officielle. À ce titre Amazon préconise l’emploi du terme « Livre Kindle » pour désigner les ebooks Kindle et le nom Kindle regroupe les formats KF8, KFX et Mobi.

Le terme liseuse désigne un matériel dédié à la lecture d’ebooks. Il s’agit généralement de tablettes mono fonction à encre électronique, c’est-à-dire avec un affichage en nuances de gris, sans écran rétro éclairé. Elles peuvent être connectées à internet, à des librairies électroniques et leur coût est relativement plus faible que celui des tablettes. Souvent dotées d’un système d’exploitation fermé, bridé ou dédié, on trouvera les marques Kindle, Kobo, Moos, Tea... De plus en plus, ces liseuses tendent à ajouter plus de fonctionnalités afin de concurrencer le marché des tablettes et s'affichent aussi en écran couleur.

Les tablettes sont des matériels multifonctions permettant la lecture d’ouvrages numériques en plus de leur capacité à gérer les mails, surfer sur internet, lancer des applications (jeux, production, GPS, etc.). Les tablettes sont généralement dotées d’un écran couleur rétro éclairé, d’un système d’exploitation évolué (iOS, Android, Windows) et sont affichées à un prix plutôt élevé (Apple iPad, Samsung, Hp, Asus, etc.).

Les smartphones. Ce sont des matériels que l'on peut assimiler à des ordinateurs ou des tablettes qui possèdent en plus la fonction téléphone, ou réciproquement.

Les liseuses, smartphones ou tablettes utilisent une application spécifique pour la lecture des ouvrages. Dans le cas des liseuses, cette application est visible et omniprésente et peut faire partie du système d’exploitation. Pour les autres supports, il s’agit d’une application supplémentaire indépendante du système d’exploitation, soit livrée nativement, soit téléchargée par l’utilisateur.

Sauf cas particulier, les termes de liseuses et tablettes désignent les matériels. Le terme application de lecture désignera la brique logicielle permettant la lecture des livres numériques, indépendamment qu’il s’agisse de liseuses, de tablettes, d’ordinateurs ou de smartphones.

Les livres Apple sont désignés sous le terme iBook, tandis que l’application de lecture embarquée sur iPad ou iOS se nomme iBooks (notez le S à la fin). Avec la sortie de l’iOS12, Apple a décidé de modifier le nom de son application en l’appelant dorénavant Apple Books, ce qui n’enlève rien à la confusion déjà existante.

Enfin, un lecteur d'écran est une application ou logiciel d'assistance permettant de transcrire par synthèse vocale ou afficheur(réglette) braille, le contenu d'un écran. Il est généralement destiné aux personnes « empêchées de lire » (non-voyantes, fortement malvoyantes, dyslexiques, dyspraxiques…) et agit comme une interface entre l'utilisateur et le contenu. Il peut être intégré au système d'exploitation (VoiceOver sous Mac ou Narrateur sous Windows) ou se présenter comme un logiciel supplémentaire à télécharger (JAWS, NVDA, Orca, etc.) ou un plugin.

Avertissement

Attention, la fusion récente entre l’IDPF et le W3C engendre des modifications dans le nommage des adresses des documents cités. À ce jour, les mouvements de documentations sont toujours en cours et il est possible que certaines adresses utilisées dans cet ouvrage ne soient plus exactes dans l’avenir et que certains sites soient purement abandonnés.

Convention d'écriture

Les éléments techniques sont toujours spécifiés de manière spécifique et bénéficient d'une convention d'écriture propre :

− balises ................................................................................................<section>

− attributs .................................................................................................. [title]

− attribut avec une valeur ........................................................ [title="mon titre"]

− valeur, propriété, nom de fichier etc. ................................................. propriété

− valeur, propriété, etc. par défaut (en gras) .......................................... propriété

− propriété dans une feuille de style ............................................. {display:none;}

Introduction

Le format EPUB 2, ou plus précisément sa version EPUB 2.0.1, a envahi le paysage littéraire et surtout le livre « noir », c’est-à-dire le roman. Particulièrement bien adapté aux publications simples et aux petits écrans, il offre une lecture confortable en permettant au lecteur d'adapter la mise en page : grossissement des caractères, substitution de polices, modification de l'interlignage, du fond… En outre, il se présente comme un format particulièrement pratique et facile à fabriquer.

Malheureusement, l'EPUB 2 permet pas de réaliser une mise en page complexe et affiche les éléments dans un seul flux. Les pages forment alors un déroulé de paragraphes, de tableaux et d'images mis les uns à la suite des autres.

Du côté de l'éditeur celui-ci est frustré car il n'a pas la garantie que son livre sera affiché tel qu'il l'avait prévu, la mise en page étant dépendante du matériel de lecture et des choix du lecteur.

Enfin, bien que techniquement possible, l'intégration de polices de caractère, de fichiers audio ou vidéo 1 et d'interactivité grâce aux scripts était interdite, jusqu'à la version EPUB 3 qui permettra de réaliser des livres enrichis 2.

Du côté des éditeurs d'applications, ce fut la ruée vers l'or ! Quantités d'applications de lecture compatibles EPUB 2 ont vu le jour avec plus ou moins de bonheur ou d'efficacité mais rarement francophones. Par contre l'or n'a pas été au rendez-vous car parallèlement à ceci, les habitudes des internautes se sont modifiées : les applications gratuites sont téléchargées massivement, les applications payantes ne sont téléchargées qu'à des prix inférieur à 6 euros voire 10 euros mais au-delà plus rien ! Dans ces conditions, une application de lecture devient difficilement rentable.

La version EPUB 3 a été une évolution majeure puisqu'elle a permis d'introduire ce qu'il manquait à son prédécesseur : intégration du multimédia, des polices de caractères, des possibilités de mise en page plus riches avec l'arrivée de la mise en page fixe 3 et l'interactivité par les scripts.

Cependant malgré ces avantages, l'EPUB 3 a du mal à s'imposer chez les utilisateurs. Après la version 2 de l'EPUB, les éditeurs d'applications sont aussi devenus très frileux et ne se sont pas précipités, cette fois, pour réaliser des applications de lecture compatibles.

Ainsi il existe peu d'applications de lecture compatibles et toute n'intègrent pas correctement ou en totalité les spécifications EPUB 3. Aux yeux de l'utilisateur au contraire d'un fichier PDF, l'EPUB reste quelque chose de technique.

En effet, plus personne ne se préoccupe aujourd'hui de savoir comment ouvrir un fichier PDF, les outils nécessaires à la lecture sont déjà pré-installés sur nos machines 4 mais il n'en est pas de même pour l'EPUB 5 !

En parallèle, le secteur de l'édition voyant un intérêt particulier à capter son lectorat, s'est mis à jalouser le succès d'Amazon. C'est ainsi que sont apparues des applications sous label éditeur, compatibles EPUB 3, directement chaînées à leur propre librairie et incorporant des DRM 6 tout azimut.

Le prix des livres numériques est aussi resté accroché à la règle 7 des 30% ce qui en fait un produit cher et en décalage avec le comportement d'achat de la plupart des internautes.

Du côté de sa fabrication, à moins de posséder des collections simples et figées ainsi qu'une chaîne éditoriale totalement automatisée, il faut passer par la PAO. Or, aucun outil n'est capable de réaliser des d'EPUB 3 conformes sans que quelqu'un n'y mette un peu les mains et améliore le code en post-production.

Pourtant l'EPUB 3 possède certaines qualités indéniables dans un domaine plutôt méconnu, celui de l'accessibilité. C'est pour cette raison qu'il tend à s'imposer comme format numérique de référence pour le livre.

1 Certains ont essayé d'élaborer des EPUB 2 hybrides intégrant audio, vidéo et scripts mais ceux-ci étaient seulement compatibles iPad et dans tous les cas, hors norme.

2 Les livres enrichis, parmi lesquels on peut ranger les livres à réalité augmentée, ne rencontrent pas l'engouement du public et ciblent plus précisément le jeune public.

3 Appelée aussi fixed layout ou fixed et FL.

4 Actuellement, les navigateurs internet intègrent nativement des extensions ou plugin permettant d'ouvrir et lire les documents PDF. L'utilisateur n'a plus besoin d'aller chercher un logiciel pour lire ses PDF ou de rechercher des extensions, le navigateur les possède déjà.

5 Microsoft Edge est installé nativement sur Windows 10 et permet la lecture des EPUB mais il ne prend pas en charge le JavaScript. Sous Windows 7, Edge ne gère pas les EPUB. Côté Apple, l'application iBooks est installée nativement depuis quelques versions et reste pour l'instant la plus performante bien qu'imparfaite... Sur Android, Google Play livre permet de lire les EPUB mais son utilisation est peu pratique parce qu'elle oblige à déverser au préalable l'EPUB sur le site internet.

6 DRM, Digital Rights Management, restrictions ou mesures techniques de protection ayant pour objectif de contrôler l'utilisation des œuvres numériques, par exemple l'interdiction de copie, de lecture sur d'autres appareils, du prêt, temps limite d'utilisation, etc.

7 Plusieurs organismes ou éditeurs ont estimé que le coût du livre numérique correspondait à -30% de celui de l'imprimé. Dans la réalité, les prix varient entre -20 et -30% mais toujours supérieur au prix du Livre Poche. L'absence de coût de stockage et la souplesse du Print on Demand, ont-elle été pour autant prises en compte ?

1

La notion de livre numérique

Le livre numérique et le livre application

Ce qui caractérise un livre c'est sa nature structurelle 8 : il possède un début et une fin ! Cela se complique lorsque l'on aborde le domaine du numérique. En effet, il est tout à faire possible de personnaliser les scénarios 9 à la demande du lecteur ou d'emprunter tour à tour la vision des différents personnages de l'histoire. Des projets de création de textes selon un profil utilisateur grâce à l'intelligence artificielle (IA) sont même en cours d'essai. On arrive alors à la frontière entre le livre numérique et le livre-application.

Les livres numériques et les livres-applications répondent à des objectifs différents et utilisent des techniques tout aussi différentes. En fait, le livre numérique n’a pas le droit d'accéder aux éléments du support matériel, par exemple il ne lui est pas permis de composer un numéro de téléphone.

Le livre-application, lui, est dépendant des capacités techniques du système d’exploitation. Il a accès aux composantes techniques du matériel – la tablette ou le smartphone. Il peut composer un numéro de téléphone si l’appareil en est capable, ou s’il bénéficie d’autorisations pour le faire.

Bref, ce que vous ne pouvez pas faire avec un livre numérique, vous pourrez certainement le faire avec un livre application.

Cependant, l'utilisation du script et de l'interactivité permet à un livre numérique d'accéder, dans ce domaine tout au moins, à des capacités proches de celui du livre-application. Le coût de fabrication du livre numérique augmentera tout de même de manière conséquente.

Livres numériques et livres-applications sont donc deux choses différentes. Les seconds possèdent des coûts de réalisation bien plus importants (assez voisins de ceux que l’on rencontre pour la fabrication de logiciels puisqu'il faut concevoir à la fois le « contenant » et le « contenu »). Néanmoins, ils permettent de mettre en scène plus d’imaginaire, plus d’originalité. Ils représentent une autre expérience de lecture plus éloignées de la lecture classique d'un livre.

Aujourd'hui la tendance à la mode est d'intégrer un peu de réalité augmentée ou virtuelle au livre. Il est possible de scanner une page de livre avec une application spécifique fournie par l'éditeur pour voir apparaître sur l'écran toute sorte de composantes graphiques animées ou non, ou interactives. Si encore une fois, l'idée peut séduire, l'intérêt applicatif reste encore flou et le public très distant bien que fasciné.

La guerre des formats

En 2009, il était recensé des dizaines de formats différents utilisant des technologies empruntées au HTML (HyperText, Palm, Mobipocket, Microsoft Lit, Amazon, IDPF, Libris, etc.), au mode texte (SSReader, Texte, Postscript, Foundex, etc.), au XML (TEI Lite, Fiction Book, Argos, Open Book, etc.) ou encore à des formats propriétaires (Adobe Portable Document – PDF, Sony média, etc.).

Chaque fabricant d'appareil choisissait de porter ou non telle ou telle technique sur son matériel sans penser à diffuser du contenu, ni à le promouvoir véritablement. Ils jugeaient certainement que la notoriété seule du matériel suffirait à générer un engouement de la part des éditeurs et des utilisateurs. Aucun format ne pouvait donc s'imposer ! Du coup, il n’était pas possible pour l’édition numérique d’arriver à maturité faute d’une offre cohérente et conséquente.

C’est la librairie Barnes & Noble 10 qui a lancé la première l’offensive sur le livre numérique en offrant un concept marketing innovant basé sur une liseuse relativement bon marché, couplée à leur librairie numérique dotée pour l’occasion d'une offre généreuse d'ouvrages… numériques.

Le succès commercial de Barnes & Noble fut immédiat. Ils furent suivis dans la foulée par Amazon puis par Apple avec le succès commercial de l’iPad que l'on sait.

Aujourd’hui, parmi les formats utilisés, il ne reste plus que les formats Kindle (Amazon, regroupant AZW, Mobi, KF8 et KFX), PDF (Adobe) et EPUB 11 (IDPF). Quelques formats exotiques subsistent encore pour des publications marginales ou spécifiques voués à disparaître.

Plus spécifiquement, pour les comics, manga et bandes dessinées, on trouvera plus fréquemment les formats CBA (Comic Book Archive avec une multitude d'extensions : .cbe, .cbr ,cbz, .cb7…) qui peuvent être assimilés à des fichiers ZIP contenant les pages-images de la BD imprimée.

On les trouve aussi au format PDF et, de façon plus marginale, en EPUB 3 ou livres Kindle. À noter quand même que la très grande majorité des mangas publiés au Japon le sont au format EPUB.

Focus sur la bande dessinée

Les types de lecture possible d'une BD numérique sont à la page, à la case, par défilement automatique (zooms forcés et automatiques…) et nécessitent des applications de lecture spécifiques.

Comme il s'agit principalement d'images, on trouve maintenant des bandes dessinées dans des formats plus standards : PDF, EPUB.

Il existe aussi des versions plus évoluées mais aussi plus rares, qui intègrent des animations et le multimédia.

Le consortium W3C pense intégrer dans le futur format EPUB 4 de nouvelles fonctionnalités propres à la réalisation et la lecture de la bande dessinée qui tentent de répondre à l'exigence des auteurs BD sur le numérique.

En 2017, une annonce 12 a fait l'effet d'une bombe : le consortium IDPF 13 fusionnait avec le consortium W3C et lançait le terme de Publishing@W3C. Cette fusion présentée comme une avancée majeure et visionnaire, a soulevé bon nombre de critiques et certains y ont vu la fin du livre numérique. Quoiqu'il en soit, il semblait logique que l'EPUB épouse les contours du Web puisqu'il en utilise la technologie.

Cependant là n'est pas tant le problème. Souvenons-nous, il y a à peine dix ans, nos déboires avec les navigateurs qui intégraient les standards du Web, chacun à leur manière. Un vrai casse-tête pour les concepteurs Web !

Aujourd'hui seule une poignée de navigateurs monopolisent le marché, tous chapeautés par des géants du Web. Ils peuvent donc aisément suivre les sempiternelles variations de spécifications du W3C – ils en ont les moyens et les ressources.

Ce qu'il faut craindre, c'est que les applications de lecture ne puissent pas suivre au même rythme que le W3C. D'ailleurs, la prise en charge des spécifications EPUB étant tellement variable d'une application à une autre qu'il est impossible de savoir si la mise en page d'un EPUB sera respectée partout.

Depuis cette annonce, il existe un certain flottement dans les évolutions du format. Le projet EDUPUB 14, par exemple, s'est retrouvé pour le moment gelé (aucune évolution depuis 2016), le site epubzone.org15 a été abandonné sans prévenir et le futur format EPUB 4, tant annoncé, est devenu subitement discret 16. On parle même de rétropédalage avec la version 3.2.

Le conseil à suivre serait donc, comme pour toute nouveauté, de ne pas se précipiter. Il est toujours plus efficace d'utiliser ce qui a fait ses preuves, c'est un gage de pérennité et de compatibilité !

L'accessibilité

Pourquoi s'intéresser à l'accessibilité ? En fait, l'accessibilité est avant tout un droit humain, comme l'a d'ailleurs entériné l'ONU dans la convention relative aux droits des personnes handicapées de 2006, ratifiée par la France en 2010… Elle permet aussi de diminuer l’exclusion de la population à l’accès à l’information, la culture, la formation, aux droits, etc. Et enfin, elle touche tout le monde (baisse de l’acuité visuelle, auditive, altération de la dextérité dues à l’âge, au handicap lié aux événements de la vie, etc.).

Mais qu'est-ce qu'un produit accessible ? EDItEUR en donne cette définition : « Produit qui offre une expérience utilisateur la plus souple possible, pour tous les lecteurs en permettant à l’utilisateur, handicapé ou non, d’accéder au contenu et de le manipuler facilement. »

Un produit accessible est donc quelque chose qui profitera à tout le monde puisque chacun de nous peut être confronté au handicap de manière ponctuelle, permanente, figée ou bien évolutive.

On estime à 730 millions voire 1,5 milliards, les personnes concernées par le handicap dans le monde. Pour l'Europe, nous serions 120 millions et 12 millions pour la France. Plus concrètement en France, 300 000 élèves de cycle 1 ou 2 sont concernés, le daltonisme touche environ 3 millions de personnes, 60 à 65% des personnes âgées souffrent de handicap après 60 ans et pourtant seulement 5 à 10% des publications annuelles font l'objet d'adaptations pour être accessibles.

La commission européenne a estimé que le marché de l'accessibilité représentait pas moins de 400 milliards d'euros. Elle indique d'ailleurs dans sa note d'analyse d'avril 2016 :

« […] le manque de coordination entre les États membres entrave la concurrence et la libre circulation des biens et des services accessibles, […] entravé par l'insécurité juridique et le manque d'information […] ce qui rend les consommateurs peu enclins à procéder à des achats transfrontaliers ou les empêche de le faire. Ainsi, les entreprises passent à côté de possibilités de part de marché, tant sur le plan des exportations que sur le plan des consommateurs. […] Les personnes handicapées sont exclues des avantages du marché intérieur en termes de prix, de choix et de qualité (AI, p. 17 et 18). »

Dans la conclusion d'un mémo du 2/12/2015 publié uniquement en langue anglaise, la même commission européenne écrivait alors :

“Finally, the Directive is expected to have a positive impact on public budgets. By bringing more people with disabilities to education and jobs, as well as by allowing older people to have longer working lives, the proposal will enable them to be active citizens and tax payers. It can thus reduce dependency and pressure on pensions and public budgets.”

Pour résumer et en français, la commission estime qu'en réalisant une société accessible c'est à dire sans exclusion, ses citoyens seront actifs plus longtemps et paieront des taxes plus longtemps ce qui contribuera à diminuer la pression sur les budgets octroyés au handicap et les pensions – CQFD.

Avant tout, rendre les choses accessibles c'est surtout faire preuve d'ouverture d'esprit et de bon sens. D'ailleurs, le courant actuel est de ne plus parler de handicaps mais de besoins, ce qui est plus cohérent, et de toucher le plus grand nombre. Mais n'est-ce pas là le but ultime d'un livre ?

Figure 1.1. Les notions d'exclusion, ségrégation, intégration et inclusion en société

8 Il s'agit bien de structure et non de contenu, puisque certains romans contemporains peuvent très bien ne posséder aucune fin ni aucun début et pourtant ce sont bien des livres.

9 À noter l'initiative de Adrenalivre, qui offre une plateforme d'écriture proposant des livres interactifs et non linéaires. Plus d'information sur www.adrenalivre.com.

10 Barnes & Nobles, la tablette Nook : www.barnesandnoble.com

11 EPUB est l’acronyme de Electronic PUBlication ou publication électronique. C’est le format ouvert et standardisé proposé au départ par l'International Digital Publishing Forum (IDPF).

12 Communiqué de presse sur www.w3.org/2017/01/pressrelease-idpf-w3c-combinaition.html.fr qui malheureusement n'est plus disponible.

13 IDPF, acronyme pour International Digital Publishing Forum, consortium international à l'origine de l'EPUB et de son développement.

14 Dernière publication en 2016 en mode brouillon (draft) : www.idpf.org/epub/profiles/edu/spec

15 L'adresse epubzone.org est fonctionnelle mais visiblement elle a été rachetée par un quidam qui essaye de profiter de sa notoriété et qui n'a plus rien à voir avec l'édition numérique.

16 D'abord annoncé en version 4, le site de W3C a affiché des spécifications (en draft) d'une version EPUB 3.2 : www.w3.org/blog/2018/04/why-specs-change-epub-3-2-and-the-evolution-of-the-ebook-ecosystem/. La page a été depuis effacée.

2

L'EPUB au fil des versions

Depuis son avènement, le format EPUB a évolué et continuera encore d'évoluer. Ainsi depuis l'apparition de l'EPUB 3 coexistent plusieurs versions (3.0, 3.01 et 3.1) incorporant à chaque fois des changements mineurs ou des régressions comme dans la version 3.2, en attendant une future version 4.

Les origines

Le format EPUB tient ses origines du format d'échange OEBPS (Open EBook Publication Structure) de 1999 développé par l'Open eBook Forum.

Le format OEBPS se basait sur les techniques Web de l'époque à savoir XML, HTML 4, CSS 1 et CSS 2, les métadonnées du Dublin Core et les types MIME. Cependant, le choix avait été fait de ne sélectionner que certains des éléments de ces spécifications. Ainsi par exemple, il n'incluait qu'une partie des éléments CSS 1 et CSS 2. Ce format normalisait l'incorporation des fichiers JPEG et PNG. Il a été décliné en version 1.0, 1.1 (juin 2001) puis 1.2 (août 2002). C'est d'ailleurs cette dernière version qui a donné naissance à l'EPUB en se basant sur l'XHTML 1.1 et le CSS 2.1.

Il est intéressant de savoir qu'un bon nombre d'éléments de l'OEBPS a été conservé dans les évolutions ultérieures. À l'époque, il était déjà question d'accessibilité puisque celle-ci avait été intégrée dans la norme Digital Talking Book (DTB) gérée par le National Library Service for the Blind and Physically Handicapped (NLS). On en retrouvera des traces par la suite dans les spécifications pour les livres DAISY.

En 2005, l'Open eBook Forum devient l'IDPF (International Digital Publishing Forum) et continue de faire évoluer le format OEBPS. Mais c'est surtout en mai 2010 que l'IDPF publiera les spécifications de la version EPUB 2.0.1. Viendra par la suite en octobre 2011 la version EPUB 3.0 remplacée en juin 2014 par l'EPUB 3.0.1.

L'IDPF deviendra plus ambitieuse et publiera en janvier 2016 les spécifications de la version EPUB 3.1. Cependant les avancées techniques inclues dans cette version ne seront guère utilisées dans les livres numériques et le changement de version précipitera son échec. En plus, l'outil de validation epubCheck du consortium n'avait pas été mis à jour et il était donc impossible pour un éditeur de valider son livre numérique dans ce format, ce qui n'arrangeait rien.

La catastrophe fut telle que les spécifications de la version EPUB 3.1 ont disparu du menu du site de l'IDPF, à croire qu'elles n'ont jamais existé 17. Ceci a bien évidemment stoppé les travaux sur la future version 4 et entre-temps, en 2017, le consortium IDPF 18 a fusionné avec le W3C.

C'est dans ce contexte que Makoto Murata et Garth Conboy en sont venus à proposer d'annuler certains changements de l'EPUB 3.1 pour en définitive proposer une mouture 3.2.

Finalement epubCheck 4.20 est apparue en 2019 intégrant les spécifications EPUB 3.2 bien qu'encore en cours de développement. C'est à partir de mai 2019 qu'ont été publiées les spécifications officielles de la version EPUB 3.2.

Un format de standards

Le format EPUB a été le grand victorieux de la guerre des formats. C’est un événement d’autant plus remarquable que celui-ci n’est pas issu d’un « fabricant » comme pour les formats PDF, PRC, AZW, MOBI et KF8. Depuis le consortium IDPF 19 a beaucoup travaillé à le structurer et le standardiser.

L'EPUB tend à s’imposer pour plusieurs raisons. D’abord, il est basé sur des techniques éprouvées et répandues issues du Web (XML, SVG, XHTML, etc.) ce qui permet de trouver facilement une main d’œuvre compétente à laquelle il ne manque qu'un minimum de connaissances spécifiques à l'édition numérique. En plus, l’usage massif des techniques du Web, assure que bon nombre d’appareils intègrent déjà ces technologies ce qui le rend plus aisément transférable et portable. Ensuite, si on considère que tout ce qui tourne autour du Web est en constante évolution, on peut dire que le format EPUB bénéficie de perspectives d’évolutions et d’une souplesse technique incomparables. Enfin, il est totalement indépendant car il n'est lié à aucun format propriétaire.

On comprends mieux la logique de rapprochement entre l'IDPF et le W3C.

Pour finir, le format EPUB a obtenu le titre de standard 20 ce qui lui confère une grande fiabilité et une pérennité certaine. Par ailleurs, le consortium DAISY a même indiqué qu’il préférait le format EPUB à ses propres formats pour l'accessibilité.

La version EPUB 2.0.1

Revenons quelques instants sur ce format que la version EPUB 3 reprend pour l'essentiel.

Comme nous l'avons dit en introduction, les ouvrages réalisés en EPUB 2.0.1 sont des livres numériques qui contiennent essentiellement du texte et des images, mis les uns à la suite des autres dans un même flux. Leur mise en page est relativement pauvre. Cependant, ils possèdent un mode d’affichage proche de celui d’une page Web, c'est-à-dire qu’ils peuvent s’afficher en s’adaptant à l’écran du matériel, on parle alors de mise en page adaptable21, redistribuable ou mode reflow. Ainsi l'utilisateur, selon les capacités de l’application de lecture de son matériel, va avoir la possibilité, par exemple, d’augmenter la taille du texte pour son confort personnel. La mise en page de l’ouvrage s’adaptera à ses exigences. Il pourra aussi faire varier la couleur du fond de page, la couleur du texte, l'interlignage, parfois l'interlettrage et bénéficier dans certains cas d’un zoom sur les images 22.

Il n’est pas aberrant de dire qu’un livre EPUB est grosso modo un site Web basique doté d’une table des matières et de liens entre les pages. Mais il ne sera pas question d’intégrer des polices de caractères, des vidéos, de l'audio ou de l’interactivité (par l’intermédiaire des scripts) puisque la norme l'interdit.

En conséquence les applications de lecture, n’ont pas intégré ces technologies et le marché de l'édition numérique s'est orienté principalement vers le livre "noir", c'est-à-dire les romans, la littérature classique, les ouvrages de droit, les essais […]. En fait tout ce qui possède une mise en page simple et sobre. Évidemment, de ce point de vue, il est préférable d’utiliser un fichier PDF, pour réaliser des œuvres plus fortement imagées ou dont la mise en page est plus complexe car le PDF permet une mise en page à l'identique de l'imprimé et son utilisation est « standardisée » (malgré le fait qu’il s'agisse d'un format propriétaire).

En revanche le fichier PDF sera dans l’incapacité totale à s’adapter à l’affichage de l’écran23 : sur un smartphone, il faudra constamment grossir l’affichage, ce qui est plutôt pénible. En règle générale, on peut dire que le livre EPUB propose un meilleur confort de lecture pour ce type d'ouvrages.

Le format EPUB 2.0.1 est abandonné au profit de l'EPUB 3. L'IDPF avait déjà annoncé, avant son rapprochement avec le W3C, de ne plus vouloir maintenir le support technique de la version 2 et indique « Aujourd'hui, il n'y a aucune raison d'utiliser l'EPUB 2 et hier, il était déjà grand temps de commencer à produire en EPUB 3 ! »

Pas de panique, ce qu'il était possible de faire en EPUB 2 est toujours possible en EPUB 3. L'EPUB 3 offre cependant plus de fonctionnalités et la possibilité de bénéficier, si on le souhaite, de la mise en page fixe ou fixed-layout (FL). Le format EPUB 2.0.1 est mort, longue vie à l'EPUB 3 !

Les apports de la version 3.0

Premier changement qui n'en est pas un, mais qui dénote de l'importance du format EPUB, l'IDPF dans ses différents documents de spécifications le désigne sous le terme « EPUB® ». Il est donc clairement établi que l'EPUB prend ses lettres de noblesse en devenant une marque enregistrée et protégée. Ainsi, les termes de EPUB, ePUB,ou ePub font tous référence à EPUB® dans cet ouvrage.

Nouveaux documents de référence

L'IDPF a aussi modifié la liste des documents de référence concernant le format EPUB 24. À présent il faut compter avec un document introductif et 4 documents de spécification au lieu de 3 dans la norme précédente.

− EPUB 3.0 Overview : changements et introduction,

− EPUB Publication 3.0 : format de publication et conteneur,

− EPUB Content Documents 3.0 : définition de la structure des contenus et des éléments de navigation ou table des matières,

− EPUB Media Overlays 3.0 : concerne la lecture orale,

− EPUB Open Container Format 3.0 : structure générale propre au format EPUB.

Nouvelles fonctionnalités

− Le format EPUB 3.0 déjà basé sur le langage XHTML 1.1, inclut maintenant à la fois des extensions et des restrictions au langage XHTML 5.

− L'utilisation des fichiers SVG pour les images vectorielles se simplifie. Ils n'ont plus besoin d'être imbriqués à l'intérieur de fichiers XHTML, ils peuvent être appelés directement à l'intérieur de la page.

− L'EPUB 3.0 permet l'utilisation du langage MathML 3.0 25 pour afficher des symboles et des formules mathématiques complexes.

− L'inflexion sémantique est renforcée par l'emploi d'attributs et préfixes spécifiques évitant ainsi la création d'ensembles XML plus lourds.

− Ajout de capacités Text-to-Speech, c'est-à-dire la prise en compte de la norme W3C Speech Synthesis Markup Language (SSML) 26 – langage utilisé pour la génération de voix de synthèse Text-to-Speech (TTS).

− L'utilisation d’îlots XML alternatifs est simplifiée (Content Switching).

− Une nouvelle syntaxe pour la navigation à l'intérieur de l'eouvre est ajoutée (Document de Navigation) et rend obsolète l'utilisation de l’ancienne table des matières, fichier .ncx emprunté au consortium DAISY, tout en augmentant ses possibilités.

− L'élément <guide> dans les fichiers .opf est déprécié au profit de l'utilisation de l'élément <landmarks> dans le Document de Navigation.

− L'utilisation autrefois prohibée de scripts devient autorisée en introduisant le JavaScript.

− La liaison des médias non définis dans les spécifications devient possible.

− Les feuilles styles CSS 2.1 sont prises en charges avec quelques restrictions et des adjonctions provenant du CSS 3.0.

− Les polices embarquées Open Type ou WOFF (système de police compressée) sont à présent mieux gérées.

− Les éléments multimédia <audio> et <video> issus du langage HTML 5 sont maintenant intégrés, permettant donc de placer de la vidéo et de l'audio dans les pages !

− La superposition de différents médias (Media Overlay) est prise en compte, et permet, par exemple, la synchronisation du texte et de l'audio – W3C Synchronized Multimedia Integration Language (SMIL 3.0) 27. à l’instar d'un karaoké.

− Il est à présent possible de fabriquer des ouvrages dotés d’une mise en page fixe ou fixed-layout (comme un PDF) permettant ainsi le positionnement précis des éléments et donc la création d'objets en mouvement. Si en théorie, le mouvement est possible dans une mise en page adaptable (reflow), le positionnement précis des objets l'est moins. Du coup, faute de précision, les mouvements deviennent incontrôlables. Il s'agit plus d'un problème de mise en page que de technologie. Il faut garder en tête que le format EPUB 3 prend en charge les deux types de mise en page (fixe/adaptable). Votre choix initial 28 conditionnera donc les fonctionnalités que vous pourrez utiliser dans votre ouvrage.

Tâtonnements et variations au fil des versions

Version 3.0.1

Les spécifications EPUB 3.0.1 ont été publiées en juin 2014 et n'ont intégrées aucun changement majeur. Il s'agissait d'une version de maintenance qui ne nécessitait aucune modification des fichiers EPUB 3 existants pour être pris en charge. Seules quelques corrections mineures ont été relevées comme l'autorisation d'utiliser plusieurs éléments <dc:source> et en corrigeant au passage certains bogues.

Version 3.1

En 2016, un groupe de l'IDPF a commencé à travailler sur une modification plus substantielle de l'EPUB, qui donnera naissance à la version 3.1. L'objectif du groupe était alors de se rapprocher du Web et de simplifier les spécifications.

Plusieurs fonctionnalités, trop éloignées du Web ou trop rarement utilisées voire trop ambitieuses, ont été supprimées. Le groupe a aussi clarifié la relation entre l'EPUB et le Web. Jusqu'ici l'EPUB se basait sur la version CSS 2.1 en y ajoutant quelques spécificités. À partir de la version EPUB 3.1, il a été décrété de se référer à la déclaration officielle du W3C. En d'autres termes, l'EPUB se rapprochait terriblement du Web et devait suivre les évolutions du CSS et du HTML. Mais les applications de lecture pourront-elles suivre ?

Terminé juste avant que l'IDPF ne soit intégré au W3C, le format EPUB 3.1 a subit néanmoins pas mal de déboires.

Ceci s'explique en partie par le changement de numéro version. En effet, jusqu'ici les versions 3.0 et 3.0.1 étaient définies par le même numéro [version="3.0"]. Or des ouvrages réalisés en version 3.0 ou 3.0.1 même s'ils n'utilisaient aucune des fonctions supprimées de l'EPUB 3.1 devaient être modifiés pour être conformes [version="3.1"]. De plus l'outil epubCheck qui valide (ou invalide) la conformité aux normes EPUB n'avait pas été mis à jour et ce, même 15 mois après la sortie de l'EPUB 3.1. Personne ne pouvait donc certifier les ouvrages. Il était donc impossible de les distribuer ou les vendre sans risque d'incompatibilité 29.

C'est ainsi que Makoto Murata et Garth Conboy en sont venus à proposer d'annuler certains changements de l'EPUB 3.1 pour en définitive proposer une mouture 3.2 mettant à mal une sortie de la version 4.

Spécification EPUB 3.1

− EPUB 3.1 : ............................................... idpf.org/epub/31/spec/epub-spec.html

− EPUB 3 Overview : ........................... idpf.org/epub/31/spec/epub-overview.html

− EPUB 3 Packages : ..................................... idpf.org/epub/31/spec/epub-packages.html

− EPUB 3 Content Documents : ....................... idpf.org/epub/31/spec/epub-contentdocs.html

− EPUB 3 Open Container Format : ............... idpf.org/epub/31/spec/epub-ocf.html

− EPUB 3 Media Overlay : .................... idpf.org/epub/31/spec/epub-mediaoverlays.html

− EPUB Accessibility : ............................................................ idpf.org/epub/a11y/

− EPUB Canonical Fragment Identifiers (CFI) : ...... idpf.org/epub/linking/cfi/epub-cfi.html

Retour vers le futur : la version 3.2

L'objectif de la dernière version EPUB 3.2 est en priorité de garantir que toutes les publications 3.0.1 soient conformes à la version 3.2 puis de s'assurer que les applications de lecture supporteraient les spécifications de l'EPUB 3.2. Elle reprend les avancées du EPUB 3.1 sans en affecter la compatibilité avec les anciennes versions et fait référence aux spécifications officielles du W3C pour le CSS et le HTML 5. Donc, pour réaliser un fichier EPUB 3.2, il convient de réaliser d'abord une version EPUB 3.0.1, l'EPUB 3.0.1 étant la pierre angulaire de l'édifice.

L'accessibilité

La version EPUB 3.2 a décidé de marquer un engagement plus fort vis-à-vis de l'accessibilité en exigeant que les documents fournis soient conformes aux exigences de la spécification EPUB Accessibility30, déjà en vigueur dans la version 3.1.

En plus, la spécification recommande l'inclusion de « métadonnées de découvertes » 31 telles que définies dans les spécifications W3C – WCAG 2.0 32 et demande que les applications de lecture répondent, elles-aussi, aux exigences du document EPUB Accessibility.

L'accessibilité est donc un thème prépondérant et incontournable de l'EPUB 3.2 et correspond aussi à la volonté de plus en plus forte du W3C de réaliser une accessibilité inclusive et universelle. Nous y reviendrons plus tard.

Des éléments dépréciés ou réintégrés

Face à l'échec de la version EPUB 3.1 du fait de la non prise en compte des versions antérieures, la version 3.2 s'attache à réintroduire quelques éléments dépréciés à des fins de compatibilité comme c'est le cas pour les types MIME 33 : text/javascript, application/vnd.ms-opentype, application/vnd.ms-opentype…

La version intègre aussi les polices WOFF 2 et les polices évolutives SFNT.

La majeur partie des dépréciations concerne le script. Il n'est plus possible, par exemple, d'utiliser les scripts par le biais des balises <embed> et <object> qui ont été supprimées. Il faudra donc se contenter de l'élément <iframe>. De toute façon, l'usage du script n'est autorisé que s'il est appelé directement depuis une page par une balise <script> ou via l'attribut [src] ou par appel d'un fichier XHTML intermédiaire depuis un élément <iframe>.

Plus grave et plus difficile à comprendre, les spécifications 3.2 ont fait le choix de ne plus exiger des applications de lecture qu'elles prennent en charge le support des scripts. En d'autres termes, l'interactivité est mise à mal et choisir d'intégrer du script est synonyme de risque technique. D'ailleurs Microsoft EDGE pour Windows 10, s'il prend bien en charge l'EPUB 3, il ne gère pas pour autant le JavaScript.

L'élément <epub:trigger> qui permettait de contrôler le fichier multimédia est supprimé au profit de la barre de contrôle native de l'élément multimédia.

<epub:switch> est lui aussi supprimé. Il permettait de placer une instruction afin de choisir entre plusieurs alternatives de présentation sans d'avoir recours à la programmation JavaScript. Il avait été conçu pour une utilisation dans des fichiers XML de type ChemML ou MathML. L'emploi de <m:math altimg> lui est donc préféré.

Des assouplissements, des mécanismes alternatifs (Fallback) et des documents déportés

Un des concepts fondateurs de la version EPUB 3 est la mise en place d'alternatives pour tout élément qui risquerait de ne pas être pris en charge par les applications de lecture ou risquant de poser un problème à l'utilisateur. Les spécifications EPUB 3.2 ont adouci cette obligation. Il n'est donc maintenant plus nécessaire de mettre en place une alternative pour les documents qui ne seraient pas présent dans le spine34 de l'ouvrage, ni à l'intérieur du fichier EPUB.

Depuis la version 3.1, il est possible de faire appel, à titre exceptionnel, à un nombre restreint de documents de manière externe (fichiers multimédia, polices). Les ressources externes récupérées par script sont aussi valables. Malgré tout, un EPUB doit contenir « physiquement » tous les éléments nécessaires à sa compréhension. Or, même si la tentation est grande de déporter des fichiers volumineux, les vidéos par exemple, pour gagner de la place, il ne faut pas perdre de vue que l'intégralité de l'information nécessaire à la lecture (compréhension)de l'ouvrage doit être contenue dans l'EPUB. Les fichiers externes ne peuvent donc pas contenir d'informations primordiales mais seulement des informations secondaires ou supplémentaires.

L'information contenue dans un ouvrage ne doit pas dépendre d'une quelconque connexion avec l'extérieur !

En outre, les spécifications EPUB 3.2 n'encouragent pas l'utilisation de liens alternatifs pour des ressources. Il faudra préférer des mécanismes plus intrinsèques.

Abandon progressif du CFI ?

Le CFI ou Canonical Fragment Identifiers35, est un système de pointeur très précis pouvant atteindre n'importe quel élément du livre (mot, paragraphe, page, etc.) du moment qu'on en maîtrise sa syntaxe complexe. Ce système est mis à mal par la version EPUB 3.2, certainement du fait qu'il est rarement employé car trop complexe. Aussi les nouvelles spécifications n'exigent pas des applications de lecture la prise en charge de cette technique dans les liens hypertextes.

Dans cette expectative, il est fort probable que cette technologie ne soit plus du tout reprise dans l'avenir 36. En tout cas, le conseil à donner serait de ne pas l'utiliser.

Listing 2.1 Exemple de fragment CFI

mybook.epub#epubcfi(/5/3[chap02ref]!/2[body02]/10[para07]/2:16)

Un rapprochement vers le web

Dans la version EPUB 3.0.1, il était fait référence au HTML aux images vectorielles SVG par leur numéro de version, de sorte que pour toute évolution de ces formats, il fallait rédiger une nouvelle spécification EPUB intégrant les dernières évolutions. Cette mise à jour en cascade, plutôt lourde, est donc simplifiée puisque l'EPUB 3.2 spécifie seulement de se reporter à la publication en vigueur pour l'HTML, le CSS et le SVG.

Du coup, ce que le W3C donnera pour le Web pourra être repris pour l'EPUB. Attention, ce rapprochement vers le Web pour être efficace nécessite que les fabricants de liseuses et d'applications de lecture, suivent eux-aussi les évolutions du W3C. Or, là est la faiblesse du système.

Il est donc très dangereux de succomber à l'appel des sirènes en intégrant les dernières fonctionnalités high-tech dans les ouvrages. Mieux vaut utiliser des techniques éprouvées plus classiques et qui ont fait leurs preuves que de jouer les apprentis sorciers. Il en va de la pérennité du livre et de sa portabilité.

L'affichage du livre

La priorité est donnée à la mise en page de l'éditeur ou celle souhaitée par l'utilisateur et non aux desiderata de l'application. En effet, l'application ne doit pas imposer sa propre mise en page ou ses propres polices.

Note

La version EPUB 3.2 ne demande plus à ce que l'étiquetage des feuilles de style alternatives CSS (CSS Alternate Style Tags 1.1) 37 soient prises en charge. Ceci revient à ne plus prendre en considération l'emploi des feuilles de styles alternatives.

D'après mes essais, il semble d'ailleurs que rares sont les applications prenant en charge le principe des feuilles de styles alternatives et c'est regrettable. En effet, la feuille de style alternative représente pourtant un moyen simple, sans script, d'offrir des mises en page différentes, notamment pour l'accessibilité.

Les scripts

À l'origine, l'utilisation du script était réservée à la gestion événementielle.

Les spécifications actuelles interdisent d'utiliser les scripts dans les documents XHTML pour modifier leurs éléments DOM – les fichiers doivent rester statiques dans leur structure ! Ils ne peuvent pas non plus être utilisés pour modifier la taille de leur conteneur.

De l'utilisation des scripts

Les spécifications EPUB 3.2 ne demandent plus à ce que l'application de lecture ou la liseuse intègre le support des scripts (JavaScript). En d'autres termes, le support des scripts n'est plus obligatoire.

En outre, elles exigent que l'intégrité du document ne soit pas mise à mal si l'application de lecture ou la liseuse interdit l'emploi des scripts ou les désactive. L'information contenue dans l'ouvrage doit pouvoir être intégralement lue ou affichée sans altération.

Ce retour en arrière est incompréhensible. La prise en charge du JavaScript était jusqu'à présent assez aléatoire à l'intérieur des applications, assouplir la règle revient à permettre de ne plus le faire. Dans ces conditions et si cette "non exigence" est véritablement suivie, on peut alors se poser la question du devenir des livres interactifs.

Quoiqu'il en soit, il est donc maintenant fortement recommandé d'éviter d'avoir recours aux scripts pour gérer les affichages et les actions, ou de les utiliser avec précaution.

Une réorganisation des spécifications

Les spécifications ont été profondément remaniées dans un souci d'amélioration et de simplification. Le résultat est d'ailleurs bien plus logique :

− EPUB 3.2, spécification générale qui définit le concept de l'EPUB, les terminologies courantes et le type de ressources acceptées. Elle intègre les exigences de publication de l'ancienne EPUB Publication 3.0.1.

− Open Container Format (OCF) 3.2 n'a pas bougé et n'a subit que des modifications mineures et éditoriales. Ce document définit la structure technique globale du fichier EPUB et non son contenu. Par exemple les caractéristiques ZIP du fichier.

− EPUB Packages 3.2 reprend les contenus de EPUB Publications 3.0.1, c’est-à-dire concerne le(s) rendu(s) des contenus et intègre le chapitre EPUB Navigation Documents d'EPUB Content Documents 3.0.1. Cette spécification est le point central de la structure du livre.

− EPUB Content Documents 3.2 a subit essentiellement un remodelage esthétique. Certains titres ou sections ont été renommés ou supprimés. Ainsi « Scripting » est le nouveau nom de la section « Scripted Content Documents ». Elle définit ce que vous avez le droit de mettre dans votre ouvrage et comment vous pouvez le faire : le type de fichiers, les scripts, les feuilles de styles…

− EPUB Media Overlays 3.2 n'a pas subi de modification structurelle mais a vu les définitions des propriétés incorporées déplacées vers un vocabulaire distinct. Cette spécification est dédiée au Media Overlay c’est-à-dire aux techniques de synchronisation entre l'audio et du texte, ou faire concilier l'affichage ou la mise en valeur d'un texte en fonction du déroulé du fichier audio.

Spécifications EPUB 3.2 - 8 mai 2019

− EPUB 3.2 Overview

https://www.w3.org/publishing/epub32/epub-overview.html

− EPUB 3.2 Changes

https://www.w3.org/publishing/epub32/epub-changes.html

− EPUB 3.2

https://www.w3.org/publishing/epub32/epub-spec.html

− EPUB Packages 3.2

https://www.w3.org/publishing/epub32/epub-packages.html

− EPUB Content Documents 3.2

https://www.w3.org/publishing/epub32/epub-contentdocs.html

− EPUB Open Container Format (OCF) 3.2

https://www.w3.org/publishing/epub32/epub-ocf.html

− EPUB Media Overlays 3.2

https://www.w3.org/publishing/epub32/epub-mediaoverlays.html

− EPUB Accessibility (5 juin 2017)

http://www.idpf.org/epub/a11y/accessibility.html

− EPUB Structural Semantics Vocabulary

https://idpf.github.io/epub-vocabs/structure/

17 Et pourtant elles existent : www.idpf.org/epub/31/spec/epub-spec.html

18 IDPF, acronyme pour International Digital Publishing Forum, consortium international à l'origine de l'EPUB et de son développement.

19 L’IDPF est constitué d’acteurs notoires du monde de l’édition ou de l’informatique : Apple, Aquafadas, Sony, Thomson, O’Reilly, Numilog, Oxford University Press, Kobo, Monotype, IBM, Ingram, ePagine, Google, Hachette, Disney, Adobe, Agfa, Asus, Pearson, et bien d'autres. Voir la liste sur idpf.org/membership/members

20 Il a fait l'objet d'une spécification technique ISO sous la référence ISO/IEC TS 30135-2:2014 : https://www.iso.org/standard/63567.html

21 Ne pas confondre avec les mises en page "responsive". En effet, les mises en page responsive vont s'adapter automatiquement à l'écran alors que dans le cas d'une mise en page adaptable, c'est l'utilisateur qui choisit de modifier la mise en page.

22 Toutes les applications ne le proposent pas, pour l’instant seul l’iPad et Kindle le gère nativement

23 Le mode redistribué sur Adobe Reader (menu : Affichage > Zoom > Redistribué) permet au document d'être plus "responsive". Peu connu, il n'est pas à ma connaissance disponible sur les versions Android et iOS du logiciel.

24 Listes des principaux changements 2.0.1 vers 3.0 sur www.idpf.org/epub/30/spec/epub30-changes.html

25 Norme W3C MathML 3.0 : www.w3.org/TR/MathML/

26 SSML 1.0 : www.w3.org/TR/speech-synthesis11/

27 SMIL 3.0 : www.w3.org/TR/SMIL/

28 Les spécifications indiquent qu'il est possible de mélanger au sein d'un même ouvrage des pages possédant une mise en page fixe et d'autres possédant une mise en page adaptable. Il faut s'en abstenir. En effet, pratiquement aucun éditeur d'applications de lecture n'a considéré cette option, ni ne l'a intégrée. La prise en charge de l'intégrité de la mise en page fixe est un des talons d'Achille de l'EPUB.

29 Dans le courant de l'automne 2018, le W3C à lancé une campagne d'appel de fonds pour améliorer son epubCheck.

30 EPUB Accessibility sur www.idpf.org/epub/a11y/accessibility.html

31 Il s'agit de métadonnées spécifiques à l'accessibilité indiquant les capacités nécessaires pour accéder à l'ouvrage. Les technologies d'assistance peuvent ainsi indiquer à l'utilisateur, le niveau d'accessibilité de l'ouvrage ou ses spécificités et l'utilisateur peut choisir en fonction de ses propre besoins.

32 Traduction en français effectuée par BrailleNet sur www.w3.org/Translations/WCAG20-fr

33 Voir l'annexe EPUB Media Core pour la liste complète.

34 Le spine permet de spécifier l'ordre des pages. Chaque page de l'ouvrage doit figurer dans ce bloc mais chacune des pages peut être masquée lors du feuilletage normal du livre. Par exemple une page dédiée à la transcription d'une vidéo ne sera pas visible en lecture normale à moins qu'elle soit affichée spécifiquement par le biais d'un lien. Pour résumer, le spine indique donc toutes les pages du livre et spécifie si elles doivent être masquées ou non lors du feuilletage.

35 EPUB Canonical Fragment Identifiers 1.1 (05/01/2017) : www.idpf.org/epub/linking/cfi/epub-cfi.html

36 Un questionnaire du W3C a circulé dans les premier mois de 2020, celui-ci posait notamment la question de l'utilité de la mise en place d'une solution de remplacement au CFI.

37 CSS Alternate Style tag 1.1. : www.w3.org/Submission/altss-tags/

3

L'accessibilité

La notion d'accessibilité peut s'entendre de plusieurs manières. D'un point de vue technique, il s'agit de permettre à des technologies d'accéder à une ressource afin qu'elles puissent interpréter l'information qui s'y trouve. D'un point de vue humain, c'est permettre au plus grand nombre d'accéder à l'information. Il existe néanmoins plusieurs façons de créer des ouvrages accessibles, tout dépend de l'objectif que l'éditeur souhaite atteindre, de ses capacités, de ses finances et du marché.

Handicap ou besoin ?

La définition de l'adjectif « handicapé » apparaît pour la première fois en 1950 dans la déclaration universelle de l'assemblée générale des Nations Unies et en 1957 en France dans une loi sur le reclassement des travailleurs handicapés. Cependant, cette loi renverra aux experts le soin de définir le handicap.

En 1980, l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) va se baser sur les travaux de Philip Wood pour définir le handicap comme étant un « désavantage social. La même organisation parlera vingt ans plus tard de situation de handicap par l'intermédiaire de la Classification internationale du Fonctionnement, du handicap et de la santé » (CIF), qui définie clairement le handicap comme l'interaction dynamique entre la personne (avec ses problèmes), les facteurs contextuels et les facteurs environnementaux.

Définition juridique du handicap

« Constitue un handicap toute limitation d'activité ou restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en raison d'une altération substantielle, durable ou définitive d'une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d'un polyhandicap ou d'un trouble de santé invalidant. »

Article L114 du Code de l'action sociale et des familles

Ainsi, permettre l'accès à l'information c'est d'abord repérer en amont les difficultés qui résident dans l'interaction entre l'homme et son environnement puis de les contourner. Comme le handicap possède des caractéristiques trop étendues et trop variables d'un individu à l'autre, il convient de plutôt parler de besoins. L'idée est donc de répondre à ces besoins.

Concept d'accessibilité universelle

« L’accessibilité universelle se définit comme étant le caractère d’un produit, procédé, service, information ou environnement qui, dans un but d’équité et dans une approche inclusive, permet à toute personne de réaliser des activités de façon autonome et d’obtenir des résultats équivalents38. »

Il s'agit donc d'offrir un cadre ou un milieu de vie où chacun, de manière autonome, peut bénéficier des mêmes services.

Ainsi, l'accessibilité universelle ne consiste pas à créer quelque chose de distinct, spécialement conçu pour un handicap ou un besoin en particulier, mais plutôt de créer un chemin ou un environnement commun et « accessible » à tous.

Par exemple, si pour accéder à un bâtiment il n'existe qu'un escalier, celui-ci n'est pas accessible (à tous). Dans le concept de l'accessibilité universelle on substituerait l'escalier à une rampe d'accès au lieu de rajouter une rampe d'accès à l'escalier.

Publications inclusives ou adaptées ?

Il existe deux façons d'aborder l'accessibilité dans le monde de l'édition.

La première consiste à inclure en amont dans les processus de production les principes et les techniques de l'accessibilité universelle pour contourner un maximum d'obstacles et couvrir le plus grand nombre de besoins sans en cibler un en particulier. Il s'agit d'une l'édition dite inclusive.

La deuxième façon est de répondre à un besoin particulier en intégrant des techniques et des principes spécifiques, c'est l'édition adaptée.

Édition inclusive

L'avantage de l'édition inclusive est qu'elle permet de réaliser des économies d'échelle puisqu'elle est basée sur l'industrialisation et la standardisation des processus et se substitue à l'édition classique (principe de la rampe d'accès qui se substitue à l'escalier). Elle nécessite la sensibilisation et la mobilisation de tous les acteurs de la chaîne de production.

Son inconvénient est de ne pas pouvoir couvrir tous les besoins de l'accessibilité mais seulement le plus grand nombre. C'est une « accessibilité suffisante » plus qu'universelle, où il est admis que le livre est « suffisamment accessible » (pour le plus grand nombre).

Admettons qu'un texte soit prévu pour être accessible pour la synthèse vocale de Windows et qu'il n'y a pas d'adaptation braille. Il est néanmoins conforme au concept d'accessibilité universelle car un plus grand nombre de personnes39 est capable d'entendre le texte, alors que peu de personnes ne maîtriseront le braille 40.

Que se passe-t-il dans le cas où une personne n'est pas capable d'entendre ? C'est bien là, la limite du concept d'universalité. Cependant, en offrant une forme de standardisation au texte, on permet à des adaptations de s'y connecter pour délivrer l'information selon un besoin particulier, ça c'est pour la théorie.

Des concepts d'accessibilité universelle sont véhiculées par les spécifications WCAG 41 (Web Content Accessibility Guidelines) du W3C.

WCAG - Web Content Accessibility Guidelines

Le WCAG définit des règles d'accessibilité et 3 paliers de réussite croissants A, AA et AAA.

Le niveau AA est considéré comme amplement suffisant tandis que le palier AAA est très difficile à atteindre.

Atteindre le niveau AAA nécessite d'engager davantage de moyens et de ressources (par exemple l'introduction de la langue des signes en plus du sous-titrage et de la transcription...). Il n'est donc pas forcément réalisable pour tous les éditeurs.

Édition adaptée

Dans le cas de l'édition adaptée, le contenu est amélioré pour être accessible aux utilisateurs ayant un besoin spécifique (par exemple une impression en gros caractères…) ou un mode de lecture préféré (audio, tactile, etc.). Un ouvrage imprimé en braille est donc une édition adaptée.

L'édition adaptée se définit plutôt comme un travail à façon très spécialisé et son objectif est de couvrir un besoin particulier, rarement plus. De ce fait, l'édition adaptée coûte plus chère que l'édition inclusive.

Ce genre d’ouvrage n’obéit donc pas aux exigences plus larges de l'accessibilité universelle véhiculées par les spécifications WCAG (Web Content Accessibility Guidelines) du W3C.

Les métadonnées pour l'accessibilité

Qu'il s'agisse d'une édition universelle ou adaptée, l'incapacité à atteindre un niveau de conformité du WCAG ne la rend pas moins accessible au public visé.

Les utilisateurs doivent être en mesure d'évaluer la facilité d'utilisation d'une publication EPUB lorsqu'ils l'achètent, l'empruntent ou l'obtiennent de quelque manière que ce soit. De même, un contenu qui ne répond pas aux exigences de cette spécification, même s'il n'est pas largement accessible, peut toujours répondre aux besoins d'utilisateurs particuliers. Ce n'est qu'en introduisant des informations sur l'accessibilité de l'ouvrage qu'un utilisateur peut déclarer que le contenu lui convient et lui est accessible ou pas.

D'où l'importance de ces métadonnées.

En plus de ces métadonnées spécifiques, une publication EPUB optimisée doit indiquer, par l'intermédiaire d'une URL dans la propriété [conformsTo], la ou les normes auxquelles le contenu adhère via une URL (généralement celle de la conformité à un palier du WCAG).

La valeur de cette propriété doit être une URL [RFC3987] qui fait référence à la norme ou aux directives qui la suivent.

Les deux types d'édition ne s'excluent pas mutuellement, un même ouvrage peut contenir les deux techniques.

Pour un éditeur le choix de se porter vers l'une ou l'autre des techniques ou les deux, dépend donc de ce qu'il doit réaliser et des moyens qu'il possède (ressources techniques nécessaires…). Mais ce choix dépend aussi de son rapport à la cible (domaine d'activité, secteur, clientèle, ouverture de nouveau marché, opérateur historique ou publique, etc.) et des retombées financières qu'il escompte.

Plus concrètement, mettre en place des adaptations dans un ouvrage qui épouse déjà les concepts de l'accessibilité universelle ne doit être fait que si ces adaptations sont légitimes, c’est-à-dire qu'elles apportent un réel avantage ou qu'elle comblent un véritable manque ou bien encore qu'elles répondent à une véritable demande du public concerné par l'ouvrage. Sinon ces adaptations seront superflues et non rationnelles d'un point de vue économique.

Les directives européennes en matière d'accessibilité vont contraindre les acteurs du marché à faire en sorte que toute la chaîne commerciale soit accessible : l'entrée sur le site Web, la navigation, l'achat et le paiement de la ressource (ou du service), elle-même accessible 42.

Cette obligation d'accessibilité engendre des coûts supplémentaires et les retombées financières ne seront pas forcément au rendez-vous, n'en déplaise la note de la commission européenne sur l'étude d'impact.

La seule façon d'absorber ou de rationaliser ces coûts supplémentaires, consiste à intégrer les contraintes de l'accessibilité dans les processus de fabrication, c'est à dire le plus en amont possible et de réaliser une unique publication nativement accessible.

Conditions de validation pour un EPUB accessible

Pour être considérée comme accessible au plus grand nombre, une publication EPUB doit obéir aux critères suivants :

− Comporter des informations métadonnées appelées Discovery Metadata, permettant à l’utilisateur d’évaluer le degré d'accessibilité ou la facilité d’utilisation du contenu par rapport à ses propres besoins,

− Se conformer aux exigences d'un niveau de conformité WCAG,

− Répondre aux prérequis EPUB en matière d’accessibilité,

− Comporter une déclaration de conformité en métadonnées 43.

La normalisation du Web

En 1997, le W3C a créé le groupe de travail Web Accessibility Initiative (WAI) dont le but était, et est toujours, de rédiger des spécifications sur l’accessibilité du Web et de ses technologies.

Celui-ci va donc émettre un certain nombre de recommandations et de normes qui vont pouvoir s'appliquer dans le monde du Web mais qui vont aussi avoir des répercutions dans tous les domaines qui utiliseront de près ou de loin ces technologies. Ainsi l'EPUB n'en sera pas exempte.

Le WAI a donc divisé la tâche en fonction des cinq domaines suivants :

− Les navigateurs ou agent utilisateurs 44 (User Agent),

− Les CMS (Content Management System) ou gestionnaires de contenus,

− Les applications XML,

− Les contenus (le contenu d'un EPUB est donc concerné),

− Les techniques.

Figure 3.1 - Les différents domaines d'activités du groupe WAI

Le WCAG va donc s'intéresser au contenu des sites web. Il paraît alors évident que le Référentiel Général d’Accessibilité pour les Administrations45 (RGAA) s'appuie sur celui-ci, voire en soit une transcription fidèle.

Feu le consortium IDPF reprend lui aussi les éléments du WCAG et ses bonnes pratiques dans deux de ses spécifications : EPUB Accessibility 1.046 et EPUB Accessibility Techniques 1.047 (dernière mise à jour janvier 2017).

Bien qu'encore consultables, les spécifications sont en train de migrer vers la base de connaissance DAISY (Accessible Publishing Knowledge Base48