Escale au temps des Gallo-Romains - Tome 4 - Isabel Lavarec - E-Book

Escale au temps des Gallo-Romains - Tome 4 E-Book

Isabel Lavarec

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Beschreibung

Après Tunnel vers le passé, Ils sont fous ces Gallo-Romains, et La peste rouge, Naïs et Totoche, vivent le dernier épisode de cette Escale au Temps des Gallo-Romains, en l’an 250, avec Tunnel vers l’avenir.
Séparés, nos héros devaient arrêter la propagation du terrible fléau. À Lupianus, Naïs, courageuse et téméraire, remplit sa mission au-delà de ses espérances. À Arelate, Totochix, malade, est désespéré.
Son amie de toujours vient à sa rescousse. Réussira-t-elle à le soigner ? Vaincra-t-elle la « Tueuse » qui s’est installée dans la ferme Agricola ?
Et où se cache ce fameux tunnel ? Et Totochix qui vient de disparaître !
Que de problèmes à résoudre dans cette société patriarcale où les femmes comptent pour clopinettes !
Mais le dénouement est proche...


À PROPOS DE L'AUTRICE
Après diverses productions spécialisées dans sa profession (manuels scolaires, articles pédagogiques), Isabel Lavarec, ancien professeur agrégé en sciences de la vie et de la terre, continue à transmettre son expérience de vie au travers de romans policiers, romans de science-fiction, contes et nouvelles.

Bibliographie :
"Escale au temps des Gallo-romains, tome 1. Tunnel vers le passé" - Éditions Ex Aequo.
"Escale au temps des Gallo-romains, tome 2. Ils sont fous ces Gallo-Romains" - Éditions Ex Aequo.
"Escale au temps des Gallo-romains, tome 3. La Peste rouge" - Éditions Ex Aequo
"Le diable à marier, Carnet d’enquêtes d’Halinea" – Éditions Ex Aequo.
"Naïs et Totoche au temps des Pharaons" - Éditions Ex Aequo.
"L’affaire Stéphanie - Carnet d’enquêtes d’Halinea" - Éditions Ex Aequo.
"Hallali - Carnet d’enquêtes d’Halinea" – Éditions Ex Aequo.
"Un cadavre à la consigne" – Éditions Ex Aequo.
"Il est plus facile de désintégrer un atome qu'un préjugé" - Éditions Oscar.
"Lili, la première femme de Vitruve" - Éditions Encre Rouge.

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Isabel Lavarec

Escale au temps des Gallo-Romains Tome 4

Tunnel vers l’avenir

Illustrations de Serge Cecconi

Roman Jeunesse

Série Naïs et Totoche

ISBN : 979-10-388-0756-3

Collection : Saute-Mouton

ISSN : 2610-4024

Dépôt légal : octobre 2023

© couverture Serge Cecconi pour Ex Æquo

© 2023 Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction intégrale ou partielle, réservés pour tous pays. Toute modification interdite

Éditions Ex Æquo

6 rue des Sybilles

88370 Plombières Les Bains

www.editions-exaequo.com

Prologue

Quelle histoire !

Appuyer par étourderie sur le poisson gravé dans le tunnel de mes ruines romaines, et atterrir chez les Gallo-Romains en plein attentat n’était pas prévu dans notre programme de vacances scolaires.

Et frttt, en un rien de temps, nous voilà Totochix (Totoche chez les Romains) et moi (Naïs) propulsés en l’an 250.

Et vlan, me voilà promue immigrée clandestine dans la ville qui m’a vu naître en 2008.

Pas facile à comprendre. C’est normal. Nous sommes tombés dans une faille spatio-temporelle et avons remonté le temps. Puis, sans connaître les us et coutumes de l’époque, nous avons dû nous débrouiller.

Heureusement, nous avions des habits d’adultes locaux, parlions la même langue qu’eux et avions quelques sesterces dans nos poches. Cela nous a aidés. Croyez-moi. De plus, nous avions gardé dans notre tête plein de savoirs acquis en 2022. Cela a été très pratique, car sans nous battre, simplement avec les mots qui n’existaient pas encore, nous avons pu clouer le bec à quelques ennemis.

Il n’y a aucune explication à donner. Ce sont les mystères de la distorsion temporelle !

Dans cette escale chez les Gallo-Romains, nous avons suivi la voie qui nous était destinée et aux moments les plus bas, je me suis souvenue de ce qui disait ma grand-mère : « dans les instants les plus sombres de notre vie, il y a toujours une petite lumière qui nous éclaire. » Et, je n’ai jamais désespéré.

 Grâce aux aides qui ont traversé nos chemins parsemés d’embûches, nous sommes debout et, oserai-je le murmurer, adoptés par quelques habitants d’Arelate (Arles chez les Romains).

Depuis l’école maternelle, Totochix et moi sommes souvent ensemble. Et là, parce que nous n’avons pas « ressuscité » son époux qui était moribond depuis plusieurs mois déjà, dame Cornelia nous a séparés ! Cette décision a été prise sans nous consulter. Banal, c’est dans leurs habitudes ! Nous ne sommes que des affranchis avec très peu de sesterces. 

Cependant, dans cette société de machos où les femmes comptent pour clopinettes, il est arrivé un miracle : malgré notre échec et donc la mort de son mari, Dame Cornelia, la patronne, m’a nommée médecin pour la ferme Lupianus.

Un véritable inédit ! 

Mais, hélas, rien n’est gratuit, même chez les Gallo-Romains. Et au moment où je recevais la tunique verte, la matrone a ajouté :

— Vous devez arrêter la propagation de la peste rouge dans nos villas Agricola et Lupianus. Sinon…

SINON… Ils sont vraiment fous ces Gallo-Romains !

Comment pouvons-nous atteindre une telle cible, alors que nous sommes séparés ? C’est une mission impossible. Et si nous échouons, nous risquons la pendaison à l’endroit où de nombreux rapaces attendent avec gourmandise nos tendres corps d’adolescents pour faire un bon festin.

Brrr.

Et… et avec la peur au ventre, j’ai eu le courage de me vacciner contre la variole (la peste rouge chez les Romains).

Ça a marché ! Ma réussite a dépassé toutes mes espérances. Néanmoins, je dois avouer que sans l’aide précieuse de Lorrainus, l’esclave devenue mon amie, rien ne serait encore réalisé.

« Victoire ! » avons-nous crié.

Trop vite.

Car si j’ai réussi à éviter la propagation de la maladie en vaccinant la population des fermes Lupianus et avoisinantes, il n’en est pas de même pour Totochix à la villa Agricola. Mon camarade est effondré. Il est malade et les pesteux qui sont sous sa responsabilité commencent à mourir, les uns après les autres.

Il ne sait pas comment s’en sortir. Je dois aider mon ami de toujours.

J’en parle à Janix, l’esclave au service de Pictus, le maître de Lupianus.

En un rien de temps, il programme un départ pour la ferme Agricola. 㤍

1. La ferme Agricola

Nous sommes à la veille du départ pour la ferme Agricola. Inquiète par l’importante fièvre de mon ami d’enfance, je voudrais prendre de ses nouvelles par télépathie. Lorrainus n’est pas encore endormie. De son lit, situé à quelques pas du mien, elle pourrait se questionner sur mon comportement un peu bizarre dans ces instants.

J’avance la tête pour écouter son rythme respiratoire. Il ralentit. Je me permets alors de consulter l’internet sur mon bras. Je rends d’abord grâce à la magicienne Angéus pour ce magnifique cadeau. Puis je recherche avec fébrilité tous les soins qui pourraient guérir mon camarade très malade. Énervée par les résultats de ma quête, je ne me contrôle plus : « Quelle mauvaise blague ! Où trouver les antibiotiques ? Comment faire sans ? »

Ma voisine se retourne sur sa paillasse. Je fais semblant de dormir et bloque ma respiration. Quelques secondes passent, j’expire et inspire lentement.

« Hormis les remèdes ordonnés hier soir par télépathie, me dis-je, je ne vois rien de nouveau. Je doublerai les doses. » Mais, cela me rassure à peine.

La situation actuelle de mon camarade me préoccupe vraiment. J’essaie d’entrer en contact télépathique avec lui. Il ne répond pas. Je recommence. Rien.

Je suis au bord de la crise d’angoisse. « Demain sera une rude journée. Je dois penser à autre chose sinon le marchand de sable ne passera pas… et j’aurai des cernes au milieu de la figure… Idiote ! Totochix ne te regardera pas. Il doit avoir du mal à ouvrir les yeux ! »

L’idée d’être près de mon copain me réjouit. J’ai tant attendu ce moment.

« Je dois nous sortir de ce chaos. Demain, dès mon arrivée, j’augmenterai les doses de potions magiques (aide-moi, Angéus). Puis, je foncerai seule vers la falaise où doit se trouver le fameux tunnel. Totochix doit retourner à notre époque, le plus vite possible, pour bénéficier d’antibiotiques et consulter de vrais docteurs. »

Cette résolution m’apaise.

— Dormir pour mieux agir… dis-je en sourdine.

Trop fatiguée par les préparatifs du départ et par mon anxiété, je ne m’endors qu’au petit matin.

Un toc-toc très énergique sur la porte, des appels de Janix et je saute hors du lit, les yeux embués. Je tamponne un corps. Qui est-ce ? Lorrainus ! Elle aussi a été tirée du sommeil en fanfare. Nous tombons dans les bras l’une de l’autre. Elle me remercie : grâce à moi, elle a pu réaliser son rêve de pratiquer la médecine.

Janix tape plus fort et hurle presque :

— Debout, Naïs ! Nous devons partir. J’ai déjà recueilli le pus de la vaccine. Le petit déjeuner nous attend.

Le convoi qui doit nous conduire à la villa Agricola est léger : un véhicule tiré par deux chevaux et seulement deux cavaliers armés pour nous protéger. Janix m’invite à m’asseoir à côté de lui, sur le même banc que le cocher.

Nous démarrons alors que le jour commence à peine à se lever. Je me retourne, j’ai du mal à distinguer les troncs d’arbre qui bordent le chemin. Je devine Lorrainus droite sur le monticule, nous faisant de grands signes d’adieu. La reverrai-je ? J’essuie une larme.

« La route sera longue », me dis-je en essayant de caler confortablement ma tête pour me rendormir. Impossible. Je suis tenaillée par la peur de perdre mon ami d’enfance malade, et la crainte de m’évaporer en cas de mort de mon supposé ancêtre romain. (Il s’appelle Pictus comme moi.)

Pendant tout le trajet, je ronge mes ongles. Dans quel état vais-je trouver Totochix ? Pourrai-je le soigner rien qu’avec des plantes ?

Heureusement, nous voyageons bon train. Nous arrivons à la villa Agricola bien avant la nuit.

Je cours au dispensaire rendre visite à Totochix. Son état semble s’être légèrement amélioré. L’éraflure présente moins de pus d’après Georgius, l’infirmier. Ouf !  Cela voudrait dire que les remèdes font un peu d’effet. Mais cette médecine par les herbes suffira-t-elle ? Je passe ma main sur son front, il est très chaud. Je prends son pouls, il bat vite. Je donne quelques nouvelles consignes au soignant, pour lutter contre l’infection et faire baisser la fièvre.

Je cours ensuite aux cuisines. Heureuse de les retrouver, je demande une distribution supplémentaire d’aliments pour tous les malades.

— Tous, dis-je, même les esclaves. Grand chef, tu sais mieux que moi revigorer les faibles. Tu prépareras de la bonne soupe riche en légumes et en viande, facile à avaler, et en dessert tu offriras des pommes crues râpées… Si on ne les nourrit pas correctement, on aura du mal à se débarrasser de cette calamité !

Je me dirige vers la table où des petits gâteaux au miel m’attendent. Janix s’arrête sur le pas de la porte et me prie de bien vouloir le suivre :

— Dame Cornelia te réclame. Naïs, ne fais pas la forte tête. Sois humble et n’entre dans sa chambre que si elle t’invite.

Ce dernier conseil m’interloque. Avant mon départ, j’avais l’impression qu’elle m’aimait bien. Elle me demandait même de m’asseoir à côté d’elle. Pourquoi ce changement, alors que j’ai enrayé le mal à Lupianus ?

Je marche sur les pas de Janix. Nous traversons la salle principale. Je suis étonnée par mon ressenti. Cette pièce qui me paraissait si grande, si élégante, me semble tout à coup, étriquée, grise, tristounette. « Elle n’est pas à la hauteur de l’autre ferme ».

J’entends la voix douce, mais ferme, de dame Cornelia. Nous sommes parvenus près de sa chambre. Absorbée par mes observations, j’oublie les consignes données par mon guide et entre d’un bon pas.

La maîtresse de maison, couchée, cesse brusquement de parler et se met à me fixer sans bienveillance. Aussitôt, deux esclaves me barrent le chemin et me reconduisent jusqu’à la porte.

— Naïs, interpelle l’alitée, pourquoi n’es-tu pas venue me saluer en arrivant ? Tu ignores tout de notre savoir-vivre. De plus, tu cours dans l’espace public et tu donnes des ordres à mes cuisiniers ?

La situation me semble grotesque. Je la regarde, ébahie par tant de… de légèreté.

2. La rébellion

Pour éviter de m’esclaffer, je mords l’intérieur de ma joue jusqu’au sang. J’écarquille les yeux et ris tout de même en sourdine. Voyant le front de Cornelia se froncer méchamment, je serre les fesses. Janix, qui avait reculé d’un pas mesuré, vient à ma rescousse. Il me conseille de baisser la tête et surtout de me taire.

— Sortez tous ! ordonne sèchement la maîtresse de maison.

Je remarque qu’elle n’est plus vêtue de noir. Je m’apprête à suivre les autres lorsqu’elle lance d’une voix coupante :

— Naïs, toi, tu restes.

— Courage, murmure Janix. Ne réponds qu’à la question qu’elle te posera. Ne t’étends pas, sinon, elle en profitera pour retourner la riposte contre toi.

Toujours depuis le seuil de la porte, je fixe dame Cornelia avec une pointe d’arrogance. La mort de son époux lui va bien. Elle a rajeuni, modernisé son allure. Ses cheveux frisés au fer chaud, tenus par un bandeau et ornés de bijoux en or font "chou". « Ça n’irait pas avec la forme de mon visage ». Je continue à la dévisager avec dérision, cela m’aide à accepter cette situation irréelle.  

Elle fronce les sourcils comme si je la contrariais.

Comprend-elle la situation ? Son fils aîné Pictus, Totochix et au moins dix esclaves risquent de périr ? Ce comportement de grande notable romaine est déplacé. Qu’est-ce qui est le plus important pour elle, le respect de son statut social ou la vie de gens ? J’ai envie de hurler : « Réfléchis, bourrique ! », mais je réentends Janix : « Baisse la tête et attends. » Je m’exécute en respirant profondément plusieurs fois de suite. J’arrive à me ressaisir au bout de la troisième expiration profonde. Ma soumission (simulée) plaît. La matrone ordonne d’un ton sévère :

— Approche Naïs. Comment se porte mon médecin Totochix ?

Je ne réponds pas tout de suite. J’avance près de son lit, du côté de la chaise qui se trouve contre le mur égayé d’une fresque à dominante rouge.

— Tu ne connais rien à nos règles de savoir-vivre. D’où viens-tu ? Reste debout devant moi et réponds à ma question.

Je lève la tête, soutiens son regard :

— Le docteur Totochix, qui est aussi mon ami d’enfance, ne va pas bien. Je m’inquiète pour lui.

Je continue en décrivant la situation catastrophique : « le docteur de ta famille est hors service pour l’instant, les contagieux sont nombreux et certains, dont Pictus, sont dans un état très grave. »

— Je crois, dis-je pour conclure, que la villa Agricola est un foyer épidémique.

— Que veux-tu dire par foyer épidémique ?

— Dans notre jargon de médecins, dis-je pour l’exclure et la rabaisser un peu, cela signifie que le mal qui s’est d’abord installé dans votre ferme va se répandre dans tout Arelates, dans les villes voisines, et peut-être même dans toute la région.