La peste rouge - Isabel Lavarec - E-Book

La peste rouge E-Book

Isabel Lavarec

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Beschreibung

Après Tunnel vers le passé, puis Ils sont fous ces Gallo-Romains, Naïs et Totoche, transportés au temps des Gallo-Romains, vivent le troisième épisode de ce séjour en l’an 250.
Pour éviter la pendaison, Naïs et Totochix doivent arrêter l’épidémie de peste rouge. Sans véritables connaissances sur cette maladie et éloignés l’un de l’autre, pourront -ils arrêter la propagation du fléau tueur d’êtres humains ?
Une solution serait de réinventer le vaccin contre la variole ? Naïs va la tenter. Réussira -t-elle ?
Une autre solution serait de rejoindre leur époque. Mais Totochix, resté dans la villa Agricola où la terrible maladie se répand avec rage, aura-t-il le temps et le courage de chercher seul le tunnel qui les ramènera chez eux ?
La suite et la fin de cette escale au temps des Gallo-Romains prochainement :
Épisode 4 : Tunnel vers l’avenir


Lectorat : 10/13 ans


À PROPOS DE L'AUTEURE


Après diverses productions spécialisées dans sa profession (manuels scolaires, articles pédagogiques), Isabel Lavarec, ancien professeur agrégé en sciences de la vie et de la terre, continue à transmettre son expérience de vie au travers de romans policiers, romans de science-fiction, contes et nouvelles.


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Isabel Lavarec

Escale au temps des Gallo-Romains Tome 3

La Peste Rouge

Illustrations de Serge Cecconi

Roman Jeunesse

Série Naïs et Totoche

ISBN : 979-10-388-0703-7

Collection : Saute-Mouton

ISSN : 2610-4024

Dépôt légal : juin 2023

© couverture Serge Cecconi pour Ex Æquo

© 2023 Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction intégrale ou partielle, réservés pour tous pays Toute modification interdite

Éditions Ex Æquo

6 rue des Sybilles

Prologue

Chez les Gallo-Romains, notre vie n’est pas un long fleuve tranquille. Depuis que, par inadvertance, nous avons fait escale à Arelates, (Arles), notre chemin est jalonné d’embûches. Nous avons atterri en plein attentat. Les Romains voulaient enfumer et rôtir les chrétiens dans leur temple. Heureusement, notre intervention en a sauvé un grand nombre.

Cependant, nous avons été repérés par des légionnaires mal intentionnés, qui nous ont pris en chasse dans les marais. Courir dans l’eau n’est pas de tout repos. Fatigués, frigorifiés, affamés, nous étions en train de glisser dangereusement dans la désespérance, lorsque le susurrement de ma grand-mère a résonné dans mes oreilles : « dans les moments les plus sombres de notre vie, il y a toujours une petite lumière qui nous éclaire. »Et des salicornes dodues, sucrées à souhait, sont apparues à mes yeux.

Ce miracle fut à peine remarqué par Totochix (Totoche en romain), mon ami d’enfance. Pourtant, c’est bien grâce à ma cueillette et à mes connaissances en botanique que nous pûmes nous rassasier et continuer notre périple. 

Se souvient-il de mes diverses interventions pour le tirer d’embarras ? Non. Lors du questionnement chez les druides-guérisseurs, par exemple, je lui ai soufflé pratiquement toutes les réponses.

Il ne s’en est pas rendu compte ! Il a simplement attendu la sortie des grands chefs, pour bomber son thorax et s’écrier : « Naïs, j’ai assuré, hein ? Grâce à moi, nous sommes sauvés. Nous pourrons chercher notre tunnel en toute tranquillité. Sécurité, gîte et alimentation nous sont garantis. Cool. Ils vont nous aider. Que demander de plus ? Félicite-moi. »

Grrr, je l’aurais giflé bien volontiers. Ici, dans la société gallo-romaine, les femmes comptent pour des nèfles, des clopinettes. On les ignore ! Et… et… très vite, Totochix, mon adorable camarade, est rentré dans le moule. Il s’est transformé en phallocrate (en macho). Grrr.

Je dois encore le supporter. Sans mon ami, pourrais-je dénicher le tunnel de la villa Agricola, et le fameux poisson gravé sur la paroi qui nous permettra de retrouver nos parents et notre période ? Non. Dès que nous nous approchons de son entrée, nous gagnons un grand coup sur le crâne, et un transport gratuit jusqu’à la forêt de chênes kermès aux feuilles super piquantes. Ce lieu semble tabou. Pourquoi ?

« Je ne dois pas perdre espoir, me dis-je. Nous réussirons, je le promets. »

Je souris.

Là, dans cette chambre, allongée sur un bon matelas, je peux tout promettre, jurer, m’engager, faire le serment… Je pourrais prononcer tous les jolis mots du dictionnaire pour me donner du courage. Mais que valent-ils, lorsqu’on est dans une impasse ?

À notre arrivée, dame Cornelia nous avait demandé de guérir son époux atteint de peste rouge et d’arrêter la propagation de cette maladie qui tue des millions d’êtres humains…

— Sinon… dis-je à mi-voix en l’imitant et en revoyant le terrible instant où elle quitta la pièce en laissant planer ce « sinon ».

Plus tard, le druide Dumnorix nous apprit le sort réservé à ceux qui n’accomplissaient pas leur tâche correctement : ils étaient pendus à la branche d’un arbre et livrés aux rapaces.

Brrr.

Et… et…

1. La sentence

Nous n’avons pas rempli la première partie de notre mission puisque le père, le chef de famille Agricola, est mort !

Nous tremblons. Que va-t-il nous arriver ? Nous nous attendons au pire. De plus, depuis ce décès, les deux frères romains qui ne cessent de se disputer nous agacent tous.

Et un jour, fatiguée d’entendre leurs cris, dame Cornelia décide de les séparer… et nous avec.

— Totochix et Ragius ordonne-t-elle à la manière d’un magistrat, vous resterez ici avec moi. Naïs, tu suivras Pictus dans la villa Lupianus.

Et là, là… ma tête se met à tourner. J’attrape la main de Totochix qui la serre fort. Abasourdis par la sentence, nous restons un bon moment sans bouger. Puis, après un long soupir, tristement, sans mot dire, nous rejoignons notre chambre.

Mon camarade m’aide à préparer mon sac, et toujours muets, nous nous couchons.

— Séparés, dis-je. Totochix, nous sommes séparés.

Totochix ne desserre pas les dents. Moi, je n’arrive pas à m’endormir. Je suis trop énervée, angoissée. Une grosse boule bloque ma gorge. J’ai du mal à respirer : « Comment vais-je m’y prendre pour soigner les gens de cette ferme puisque je serai loin de celui qui a reçu tous les conseils du druide ? Totochix, aura-t-il le courage de désobéir, d’aller seul à la recherche du tunnel ? »

Je change de position, écoute mon voisin de lit. Il chantonne tout doucement :

— Totochix, tu dors ?

Son silence m’inquiète. J’insiste à haute voix :

— Pourquoi nous a-t-on séparés ?

— Je devais remettre sur pied Agricola et il est mort, on nous punit…

— Ils sont fous ces Romains. Nous sommes des ados, en classe de quatrième ! Nous ne pouvons pas guérir les pesteux.

— C’est certain. Et maintenant, nous devons arrêter la propagation de la variole qu’ils nomment peste rouge. C’est la deuxième partie de notre mission.

« Oui, me dis-je, et nous n’y arriverons pas. »

— Naïs, nous courons le risque de finir pendus, chacun sur une branche. Comment stopper une épidémie, qui à Rome a tué des milliers de personnes ?

— Cela est impossible, dis-je. De plus, l’un sans l’autre, comment allons-nous nous y prendre ?

Dans le noir de la pièce, j’entends un bruit de drap froissé, des pas. Totochix s’assoit sur le bord de mon lit.

— Naïs, dit-il en caressant tendrement mes cheveux, pendant ton absence, je continuerai nos recherches. Dès que j’aurai trouvé, tu viendras me rejoindre et main dans la main, nous nous envolerons pour notre époque.

Il essuie mes larmes, embrasse mon front et court se recoucher.

Les mots angoissants de Totochix me hantent, je me les répète : Naïs, nous courons de grands risques. Comment arrêter cette épidémie qui peut tuer des milliers de personnes ?

Désespérée, je pleure en silence et pense à mes parents. « Maman, papa… Je ne voulais pas remonter le temps. J’ai appuyé sur le bouton sans faire exprès. Pardon, pardon, pardoooo… »

2. La séparation

Le lendemain matin, un peu plus tôt que d’habitude, nous allons déjeuner.

En arrivant dans la cuisine, une surprise m’attend. Marcus, le pâtissier, m’offre le gâteau au miel dont je raffole. Puis, affranchis et esclaves de la maison défilent en déposant une fleur devant mon écuelle. La coiffeuse qui préside aussi à la toilette de dame Cornelia, suivie de ses deux adjointes et de la couturière, Janisa, entre, tenant sur ses bras une tunique verte.

— La matrone te remercie pour tout ce que ta jeunesse et tes sourires ont apporté à cette ferme.

— Naïs, ajoute Janisa, je l’ai faite à ta taille, mais avec la possibilité de l’agrandir. Tu pourras la garder quelques années.

Me voilà officiellement promue médecin ?  Que se passe-t-il ? Jusqu’à présent, on m’ignorait. J’ai dû les bousculer pour m’imposer et soigner Pictus blessé. J’avais l’impression d’être transparente. Exactement comme après la naissance de mon petit frère. Pourquoi me fête-t-on ainsi ? Ce n’est pas mon anniversaire. Et même si cela était, comment le sauraient-ils ? Leur calendrier est très différent du nôtre.

— On me nomme donc docteur ??? dis-je en français à mon ami d’enfance… Plus ignare que moi en médecine, tu meurs ! Totochix, cela n’annonce rien de bon.

— Ne te tourmente pas. Il est normal qu’on te célèbre, tu as bien soigné Pictus. Moi, je me suis occupé d’Agricola. Il est décédé alors qu’on le pensait sauvé.

Je hausse les épaules :

— Les deux maladies ne sont pas comparables. Le blessé aurait guéri, avec ou sans mon intervention. Tandis que le pesteux devait mourir. D’après le druide-guérisseur, il était trop âgé (quarante-huit ans) et surtout, il ne menait pas une vie saine.

— Quarante-huit ans, trop vieux ? Mon père en a cinquante-deux et il est encore jeune.

— Nous ne sommes pas à la même époque !

J’abandonne mon camarade et, les yeux pleins de larmes, j’embrasse mes amis gallo-romains, les uns après les autres. Je suis heureuse et triste à la fois.

Soudain, un silence attire mon regard vers la porte. Je me fige en voyant avancer dame Cornelia, souriante. Malgré sa robe noire, ses cheveux lâchés et son visage non fardé, elle semble apaisée, rajeunie. « C’est une sacrée femme », me dis-je. Je m’approche d’elle. Très vite, par un simple geste, elle me demande de laisser une certaine distance entre elle et moi :

— Naïs, reste toujours toi-même ! clame-t-elle. Ta spontanéité, ta générosité sont les atouts qui forment ta beauté. C’est ce qui manque le plus aux demoiselles romaines… Mais là, tu dois te dépêcher, Pictus t’attend…

Après une légère pause pour admirer l’effet de la tunique verte sur moi, elle ajoute :

— Merci d’avoir si bien soigné mon aîné. Maintenant, ordonne-t-elle, tu dois l’aider à remarcher normalement. Par ailleurs, six de nos esclaves ont contracté la peste rouge, dont Janix. Ce dernier voyagera avec mon fils… C’est Pictus qui le désire, et il insiste ! Je dois préciser que cet esclave l’a pratiquement élevé. Ils sont inséparables… Naïs, veille à ce que mon fils n’attrape pas la terrible maladie…

Elle se retire. Mon camarade et moi avons juste le temps de nous donner un rendez-vous télépathique pour l’heure du repas.

Pictus, déjà sur le pas de la porte, me fait signe de le suivre. Mon supposé ascendant romain m’invite à prendre place près du conducteur du cisium (une sorte de cabriolet). Je m’assois sans enthousiasme en fixant Totochix. Nous avons beaucoup de mal à nous séparer.

— Nous sommes des affranchis pauvres, hélas, précise Totochix avec dépit. Et de ce fait, nous devons obéir à la famille Agricola qui nous « offre » sécurité, gîte et couvert.

J’acquiesce des paupières. Il embrasse ma main, la serre fort avant de la lâcher. Je le vois essuyer des larmes. Je soupire plusieurs fois de suite puis, sentant le regard de mon voisin posé sur moi, j’esquisse un sourire et nous partons.

En cours de route, je demande à faire halte pour m’assurer de l’état de Janix. Il commence à avoir de la fièvre. Installé dans le carpetum, véhicule spacieux recouvert d’une grosse toile, il voyage sans être trop secoué. Les potions laissées par le druide et prescrites par Totochix, le font dormir profondément.

Le trajet est bien plus long que prévu…

3. La prise de pouvoir

Le soleil est au zénith. Lorsque mon estomac se met à gargouiller, je demande à la cantonade :

— Y aura-t-il un arrêt pour le pique-nique ?

Pictus, chevauchant près du cabriolet, m’a sans doute entendue.

Un signe de lui et le convoi est stoppé. Tous les esclaves qui suivent la caravane s’affairent rapidement : les chevaux reçoivent leur ration d’avoine, d’eau ; deux autres serviteurs étendent une grosse toile à même le sol de la clairière, placent un matelas et deux coussins autour d’une table basse. Je m’avance vers le groupe des gardiens qui ont pour ordre d’installer Janix sur la paillasse. Transgressant la règle (ne jamais contredire le patron sous peine de coups de fouet), je crie :

— Ne touchez pas le malade ! Laissez-le dans le chariot.