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Nani est une jeune femme borderline, anorexique et prisonnière d’une dépendance affective dévastatrice. Être point mort explore son combat pour échapper à ses troubles et aux relations toxiques qui l’entourent. À travers son quotidien en hôpital psychiatrique, Nani vous dévoile la réalité crue de la douleur, les prises de conscience fulgurantes et les crises existentielles qui jalonnent son parcours. Ce témoignage retrace son chemin vers la guérison, prouvant avec une force désarmante qu’il est toujours possible de renaître, quelles que soient les ténèbres traversées. Une histoire universelle de résilience, de courage et d’espoir, qui résonnera en chacun de nous.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Après de longues années de lutte contre la maladie,
Hanani Suvalic a trouvé dans l’écriture une forme de catharsis puissante, un moyen d’exorciser les démons qui l’habitaient. Guérie, elle a transformé son histoire en une œuvre destinée à inspirer ceux qui aspirent à la guérison. Rédigé dans les moments les plus sombres de son existence, "Être point mort" a joué un rôle essentiel dans sa résilience.
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Seitenzahl: 102
Veröffentlichungsjahr: 2025
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Hanani Suvalic
Être point mort
© Lys Bleu Éditions – Hanani Suvalic
ISBN : 979-10-422-5897-9
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Vendredi 13,
Mauvaise étoile
Si ce livre ne fonctionne pas, j’aurais un fautif. Mieux vaut rejeter la faute sur un chiffre que de s’assumer soi-même. Peu importe, il va bien falloir que je commence. Alors me voilà entre vos mains, écrivant, sur un lit d’hôpital.
J’ai un tas de choses à dire, mais à raconter, alors là, je n’en sais rien. Mais bon, je trouverai bien de quoi gratter deux ou trois pages dans cet hôpital, surtout en compagnie de ma maladie, cette bête à bouche toujours ouverte.
« Madame Suvalic, votre glycémie est trop basse, soit vous acceptez de boire ce sirop de grenadine, soit on appelle la sécurité et ce sera la perfusion, l’isolement et les contentions. À vous de choisir. »
Pfff, tu parles d’un choix. À partir du moment où les deux propositions m’apparaissent comme des contraintes, moi, je parlerais plutôt d’usure de force légitime, évidemment, camouflée sous de la bienséance, étant donné que, j’ai le « choix ». La réponse doit tout de même sortir de but en blanc…
Bah oui, car, ne l’oublions pas, il y a des cas plus graves qui les attendent.
Avant de vous raconter la suite des choses, sachez que je ne suis pas ce que vous pensez, et que vous êtes ici, dans la possible fin d’un périple journalier de 3 ans durant. Diagnostiquée de dépression, d’anorexie sévère et de trouble borderline, je suis, comme on le dirait, « folle ». Néanmoins, faute de ne pas croire ce système à 100 %, moi, je me diagnostique de putain d’artiste mal comprise.
Alors, je ne sais pas si ma vie vaut vraiment la peine d’être vécue, mais une chose est sûre, elle vaut la peine d’être écrite.
Ce journal est destiné à tous les artistes encore dans l’ombre de leurs talents, ainsi qu’à ceux, qui se refusent encore de l’admettre. Et si cela vous fait hésiter, dites-vous que ça ne fera pas de mal à un fou, de rire un peu d’une folle.
Bonne lecture à vous
22 h
« J’ai envie de mourir. Ça fait tellement longtemps que je me bats, que j’essaie… J’en peux plus, mon dernier espoir s’est éteint ! J’ai le cœur brisé, complètement fracassé. Je veux que TOUT s’arrête pour moi. Lundi, en vacances, j’ai osé l’appeler. Je savais que j’aurais dû m’abstenir. Elle m’énerve !
— Vous savez quoi, je me laisse encore une semaine pour décider si je me suicide ou pas. »
Ayant avoué rien que cela au docteur Zart, vous l’aurez deviné, comme tout bon fou qui ne se respecte pas, j’ai été placée hors d’état de nuire, aux autres, comme à moi-même.
« Votre chambre est la numéro 6 », me dit l’infirmier.
Au fond du couloir, fenêtres fermées à clé, meubles retirés et aucun moyen de se pendre, voilà où je logerai les prochains jours, voire les prochains mois. Mes affaires ont été méticuleusement scrutées par l’infirmier, qui finit par m’enlever toutes les choses avec lesquelles je n’aurai jamais eu l’idée de passer l’arme à gauche. Mais comme le risque zéro n’existe pas, je consens sans grand effort à cette éviction d’objet dit « dangereux ».
L’inventaire ainsi que le blabla de l’admission terminé, on achève en me lançant un : « On vous laisse tranquillement prendre vos marques et puis on reviendra vous voir plus tard ».
L’envie froide de leur répondre que rien de tout cela n’est nécessaire m’égratignait le fond de la gorge. Les marques de cette psychiatrie m’ont déjà pris il y a des années de cela, et ces soignants le savent très bien !
Toutefois, le fait qu’ils me laissent enfin seule me fit ravaler ma rancune et opter pour un hochement de tête plutôt que par de la haine.
En effet, ce n’est pas la première fois que je me retrouve ici. Allongée sur ce lit, je refais défiler mes 20 ans d’existence. 20 ans, putain ! et regardez où je me retrouve à nouveau… Toisez-moi ce corps marqué par la souffrance des années passées et admirez mes larmes couler péniblement sur mes joues toujours plus creuses.
Ô karma, si tu m’épies encore, dis-moi seulement qu’ai-je fait pour mériter cela ?
Évidemment, tu préfères le silence à la parole. J’admets que c’est une bonne stratégie de défense. D’ailleurs, si j’en avais usé comme tu sais si bien le faire, je ne me serais probablement pas retrouvée enfermée ici… Néanmoins, pour ta lâcheté si je le pouvais, je ferais tourner cette fichue roue et la pointerai dans ton sens.
Ceci étant dit, il commence à se faire tard et, de toute évidence, je n’ai ni le pouvoir de la faire tourner, ni de décider quand elle daignera enfin s’arrêter et faire cesser ses ravages.
Ne t’inquiète pas, la roue tourne, me dit-on, mais un jour, on m’a aussi confié que la roue tourne allait tourner…
Est-ce ce qui est en train de se passer ?
Et puis il y a des nuits pas comme les autres. Tu ne sais même plus ce que tu veux. Vivre, mourir ou bien recevoir de l’amour.
Dehors sur un banc du service, je regarde les étoiles et pense au temps, c’est fou comme il passe parfois sans rien dire. Comme il nous arrache au cœur des gens que l’on aime pour en faire des étoiles.
Ce soir, j’aimerais en faire partie, de ce ciel étoilé. Alors je ferme les yeux et me sens étoilée dans le néant, flottante comme les autres. Aussi éloignées soient-elles de moi, une petite fila en enjambant les nuages du soir, sa lumière, colorée me fit rouvrir les yeux. Elle a raison, je ne dois pas me laisser abattre ainsi. Alors je referme les yeux et me dis à moi-même : « Ok Nani, si tu survis encore cette nuit, alors ose les prochaines ! »
Mais soudain, une voix désagréable vint érafler mes dires. C’est encore cette dame étrange, que j’aime appeler madame Irma, du fait de ses invocations nocturnes. Cependant, cette fois-ci, cela ressemblait plus à un exorcisme qu’à une simple invocation. Elle tapait, criait, un vrai déluge.
Une seule question me vint : qu’attend cette dame, elle, de cette nuit ?
En ce qui me concerne, je n’en sais rien. On a beau me rassurer, m’envoyer de l’amour, tout cela reste en surface, me glisse dessus au lieu d’accéder à mon cœur. Mais ça, c’est parce que c’est de mon amour à moi, dont j’ai réellement besoin. Il n’y a que lui qui puisse aujourd’hui apaiser et guérir les blessures de mon âme. Cependant, après avoir passé une vie aux dépens des autres, et quelques années en nourrissant mon âme exclusivement par de l’amour superficiel, évidemment, la tâche s’avère compliquée.
Et puis, je savais que je n’aurais pas dû la rappeler… Elle qui ravive mes blessures, elle en qui j’avais confiance, elle qui m’avait dit, qui m’avait promis et dont mon cerveau était devenu accro.
Maintenant, j’ai besoin de lui crier que ça ne va pas, mais madame la dépendance étant toujours entre nous, mieux vaut que je me taise.
D’ailleurs, si elle voyait, si le monde voyait crier le monstre qui s’est formé en moi, de l’amour je n’en aurais point.
Les gens ne savent pas, ils ne voient pas la profondeur du néant. J’aimerais leur dire ce que je ressens, mais par peur de blesser ou d’être rejetée, je me contente de dire gaîment que je me sens vivre dans le ciel. Si seulement ils avaient conscience que ce doux amour qu’ils m’adressent lorsque je prononce ces mots vient en fait, frapper à une demande bien plus violente qu’est, je veux m…
Non, je n’ai pas besoin de l’écrire. De plus, je sais que malheureusement, ceux qui me lisent finiront ma pensée bien trop vite.
La dame a raison, crie jusqu’à ce que le démon sorte de toi !
Je ne sais pas, et je l’assume, vouloir me réveiller demain.
Toutefois, si réveil se fait, il apportera les étoiles de cette douce nuit si spéciale. En espérant qu’elles aient les clés de mon cœur.
Réveil à 7 h difficile, prise de sang, ECG et test covid, je peux vous dire que j’ai été servie. Je regarde mon téléphone, des notifications apparaissent, mais aucune ne porte le nom de celle qui m’intéresse. Voilà, je sais d’ores et déjà que ça sera une journée de merde. Je n’aurais pas dû allumer ce fichu téléphone.
« Madame Suvalic, on va juste encore devoir vous peser si vous voulez bien.
Je suis alors retournée dans ma chambre en pleurs, sans savoir à qui m’adresser. Je savais que Charlie m’avait bloquée, j’avais d’ailleurs fait de même, car je sentais bien que cette relation était toxique. Cependant, il me restait toutes ces choses qu’elle m’avait inculquées, insufflées dans la mémoire durant deux ans.
J’étais seule, face à ces vagues de pensées et je m’en voulais tellement de m’être laissée manipuler durant ces années.
On frappe à ma porte, c’est sûrement le médecin.
« Bonjour Mme Suvalic, on peut se voir dans mon bureau ? »
Mon rythme cardiaque s’accélère et mes pensées se bousculent, je hoche la tête et le suis dans ce long couloir menant à son bureau.
« Vous pouvez vous asseoir.
Après cet entretien interminable, j’ai pu regagner ma chambre. Complètement épuisée par l’effort mental que cela m’a demandé, je me suis effondrée sur mon lit, laissant les pensées m’envahir jusqu’à sombrer dans un sommeil profond.
Voilà tu vois, tu aurais dû te taire
Charlie a toujours raison
C’est de te ta faute T’avances pas assez vite
T’es nulle
Elle a eu raison de te bloquer
T’aurais mieux fait de mourir
Tu es seule
Elle me manque
J’ai besoin de lui écrire
Elle avait dit non pour les médicaments
T’es grosse
Tu sers à rien
C’est ton égo qui parle
Je veux plus m’entourer de personne comme toi
T’as pas envie d’avancer
Tu me bouffes mon énergie.
À vous d’écrire ici toutes les pensées qui vous parasitent l’esprit :