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En 1975, lorsque l’Espagne se retire du Sahara occidental, elle laisse derrière elle un territoire en proie aux convoitises. Très vite, le Maroc et la Mauritanie s’y engouffrent, imposant leur domination par la force. Face à cette annexion brutale, les Sahraouis prennent les armes, déterminés à défendre leur terre et leur identité. Quatre ans plus tard, la Mauritanie capitule et se retire, tandis que le Maroc consolide son emprise sur la région, une occupation qui perdure encore en 2025. Le territoire se scinde alors en deux : d’un côté, une zone occupée, de l’autre, une terre libérée, séparées par un mur de sable de 2 700 km. Dans cet exil forcé, des Sahraouis ayant fui l’occupation témoignent de leur périple périlleux vers la zone libérée et de leur quotidien dans les camps de réfugiés, en plein désert. Un récit qui met en lumière une lutte méconnue et une résistance inflexible face à l’oubli.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Jean-Pierre Lepri est docteur en éducation et en sociologie. Il a travaillé pour l'éducation nationale française durant une cinquantaine d'année, en France et dans le monde entier, comme professeur des écoles, formateur d'enseignants, inspecteur et expert. Il est membre du CREA-Apprendre la vie, qui est un cercle de réflexion pour une éducation authentique
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Seitenzahl: 40
Veröffentlichungsjahr: 2025
Jean-Pierre Lepri
Exister en vivant
Exemples sahraouis
© Lys Bleu Éditions – Jean-Pierre Lepri
ISBN : 979-10-422-6599-1
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Photos : Jean-Pierre Lepri
Là où il y a une volonté,
il y a un chemin1.
Vivre relève du bio-logique – bio, en grec, c’est la vie.
Mais l’animal humain est doté d’un cerveau, et il ne peut s’empêcher de « penser », de vouloir donner du sens à ce qui l’entoure, à sa vie.
C’est pourquoi il existe3inévitablement, et nécessairement, en rapport avec les autrui qui l’entourent. Cet entour est différent selon les socio-cultures : les multiples et singulières existences humaines reflètent cette diversité.
Les « mondes » de l’existence ne sont pas ceux du vivre. Nos existences reposent sur des représentations, des « cartes », souvent assez éloignées du réel – et c’est le cas, par exemple, de nos jours, avec la généralisation du virtuel digital. D’autres sont plus proches du réel, du « territoire ». Mais dans tous les cas, c’est le corps (le vivant) qui éprouve in fine les conséquences de ces représentations.
Une distance trop grande entre la carte et le territoire qu’elle est supposée représenter génère l’inconfort, voire la maladie. L’écart entre ce qui devrait être et ce qui effectivementest crée la sensation d’un manque.
En revanche, lorsque la carte représente au mieux le territoire, lorsque l’existence est au plus proche de la vie (du bio-logique), le confort est plutôt au rendez-vous : pas de hiatus, pas de manque, pas de besoins4. La sérénité, en quelque sorte. C’est bien la leçon des sages, des bouddhistes, des décroissants, etc.
Les dix petits récits réunis ici, composés dans les camps de réfugiés sahraouis, montrent comment de dures conditions de vie ont conduit à des existences relativement autonomes et sereines. En ce sens, ils sont exemplaires pour qui cherche à vivre en paix : à exister au plus près de la vie, du vivant. Ils sont un exemple philosophico-métaphysique5.
Ces courts récits sont aussi une leçon politique.
Sur la cinquantaine de murs frontaliers séparant ignominieusement les peuples dans ce monde, qui connaît le « mur des sables », l’un des plus longs (2 700 km) de l’ère moderne, pourtant proche de nous ? Il coupe dans sa longueur le territoire du Sahara occidental situé au sud du Maroc.
Avec ces récits, nous ne pouvons plus (feindre de) l’ignorer. De même, l’organisation d’un État dans les sables – même entièrement dépendant des « aides extérieures » – est aussi une belle leçon de politique6, d’organisation de la vie en collectivité7.
Ces textes relatent en partie comment des êtres humains vivent dans leur chair ce problème politique. Un problème qui persiste et s’enlise (s’ensable) depuis cinq décennies – depuis la Marche Verte de novembre 19758. Les États et les organisations internationales paient pour maintenir la vie de/dans ces camps, en plein désert, au sud-ouest de l’Algérie, plutôt qu’aider les Sahraouis à recouvrer leur indépendance via un référendum d’autodétermination… et pourquoi ? En France, pour ne pas déplaire à « notre ami le roi du Maroc9 » ? Aux Nations-Unies, peut-être pour continuer à donner un salaire à ne rien faire10 à des « experts » ?
Ces récits ont une valeur documentaire. Comprendre comment d’autres cultures existent est le ressort des explorateurs et de leurs suiveurs. Leur curiosité, leur étonnement, sont en effet une source de plaisir, lequel favorise et accompagne la connaissance11. Nous voilà avec une vibrante leçon d’anthropo-sociologie.
Remarquons maintenant cette (belle) leçon de pédagogie : l’endogène en éducation12, d’une manière générale, donne de meilleurs résultats que des enseignements exogènes (générés depuis l’extérieur de celui qui apprend). Les récits de vie, plus particulièrement, sont une source inégalée de prise de conscience, de confiance en soi, en la vie, en sa vie13.
Terminons sur une leçon d’ouverture : des arabophones choisissent d’apprendre la langue française – et même de l’enseigner ! Raconter son parcours en sept petites pages fut un exercice de langue écrite motivant – et visiblement réussi, bien au-delà du seul point de vue linguistique.