Figaro-ci, Beaumarchais-là - Gérard Linsolas - E-Book

Figaro-ci, Beaumarchais-là E-Book

Gérard Linsolas

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Beschreibung

De Pierre Augustin Caron de Beaumarchais, on connaît le théâtre. Et encore ! La mère coupable qui clôt la trilogie avec Le Barbier de Séville et Le Mariage de Figaro est très rarement jouée de même que son opéra Tarare. Qui connaît ses drames bourgeois ou son théâtre de foire aujourd’hui disparus ?
Celui qui est à l’origine de la SACD fut également homme d’affaires, espion, inventeur, agioteur, trafiquant d’armes, éditeur, courtisan et libertin. Ce qui lui valut beaucoup d’inimitiés et beaucoup de procès.
Sa vie est un écheveau où tout s’entremêle et quel que soit le fil que l’on tire, il entraîne le reste en cascade.
Toutefois cette pièce ne prétend pas être une exégèse de la vie du père de Figaro. Elle est le prétexte, en évoquant certains épisodes, à faire découvrir les multiples facettes d’un homme. Je propose un portrait qui doit permettre au spectateur de comprendre que la vie de Beaumarchais est indissociable de son œuvre. Et que « Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur ».

Durée : 1h15
1 comédien
1 lieu


À PROPOS DE L’AUTEUR

Titulaire du DESS « action artistique et politiques culturelles » de l’IUP Denis Diderot de Dijon après avoir fait la rue Blanche (ENSATT), Gérard Linsolas multiplie les expériences théâtrales : accessoiriste aux Bouffes-Parisiens, régisseur à l’école de mimodrame Marcel Marceau puis au théâtre Antoine, directeur des théâtres de Gagny, Charenton-le-Pont, Bruges, il joue avec Jacqueline Maillan ou Jacques Ardouin, il est assistant-metteur en scène de Pierre Mondy et Gérard Vergez, il collabore avec Gérard Savoisien pour l’écriture dramatique et met en scène Franck Desmedt ou Brigitte Lafon. Depuis, il a obtenu le prix ARDUA en 2008 et le Grand Prix ANRAT pour l’Opération Molière 2023.

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Gérard Linsolas

Figaro-ci, Beaumarchais-là

Théâtre

ISBN : 979-10-388-759-4

Collection : Entr’Actes

ISSN : 2109-8697

Dépôt légal : octobre 2023

©couverture Ex Æquo

©photo de couverture : Patrice Muia

©2023 Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

Toute modification interdite.

Éditions Ex Æquo

Préface

Tant d’hommes en un seul homme

Il y a deux théâtres signés Beaumarchais : ses pièces qui, indifférentes à la patine du temps, restent d’un enjouement diabolique, et sa propre vie qui compte plus d’actes et de scènes que ses comédies, puisque l’auteur du Barbier de Séville, du Mariage de Figaro et La Mère coupable eut une activité bondissante où l’écriture n’était qu’une corde à un arc tendu vers un nombre abondant de cibles. « Ma vie est un roman », peuvent dire bien des écrivains aventuriers. « Ma vie est un théâtre », aurait pu dire Beaumarchais qui, additionnant les dons du manuel et de l’intellectuel, était aussi brillant que ses personnages et était l’acteur de ses propres manœuvres et entreprises en tout genre. Il fit tant de choses que ses biographes suèrent sang et eau pour le saisir. Gérard Linsolas, lui, l’attrape en une pièce monologuée et le bonhomme est là, tout entier : l’insaisissable saisi !  

Si Linsolas a su atteindre à cette complexe vérité, c’est par admiration, au terme d’une longue fréquentation de l’œuvre, mais aussi parce qu’il a écrit ce texte virevoltant pour le jouer lui-même, donc pour descendre au cœur de la pâte humaine, là où le rire ne cesse pas mais cohabite avec la gravité. Arrivé à l’âge de la vieillesse – et c’est à ce moment-là que le héros de la pièce se confie à une interlocutrice invisible –, l’être humain voit tous les contraires remonter à la conscience pour s’associer et s’opposer. C’est du moins ce qui se passe dans cette brillante fiction où les étapes d’une vie arrivent par vagues et auraient des allures de conte picaresque䘍

s’il n’y avait pas, comme un faux-fil courant à travers un habit, une forme de tristesse et de désillusion.

Beaumarchais – Gérard Linsolas fait bien miroiter les tempos d’une activité incroyablement fébrile – a été horloger, messager des puissants (le roi compris), vendeur d’armes, éditeur, juriste, polémiste, musicien, fondateur de la société des auteurs, et l’on en passe ! Ne dédaignant pas le pastiche, Linsolas fait jaillir tout cela dans la drôlerie de phrases qui adorent les contrastes et s’amusent de leur vivacité. Combien d’hommes en un seul homme ? Combien de cœurs en un être qui a beaucoup aimé et s’est peut-être d’abord aimé lui-même ? C’est la force de ce texte – et du spectacle qu’interprète l’auteur et qui pourra être repris par d’autres acteurs – de faire tournoyer tant d’épisodes et ce qu’ils provoquent dans l’âme du personnage. Beaumarchais a été d’une insolence merveilleuse mais n’a pas été l’un des pères de la Révolution, comme cela a été parfois affirmé. Gérard Linsolas nous restitue un contestataire très mesuré et surtout va, secrètement et sûrement, à la blessure profonde d’Augustin Caron : il était fils d’horloger et horloger ; malgré ses réussites éblouissantes, il n’aura été traité toute sa vie que comme un horloger, un fournisseur, un homme du tiers état sommé de rester à sa place. Tel est Beaumarchais par Linsolas : un génie qui n’a jamais eu le sentiment d’être tout à fait en haut de l’affiche, un Figaro traité avec dédain par tous les Almaviva de son temps.

Gilles Costaz

Figaro-ci, Beaumarchais-là

(Beaumarchais est en scène, assis à son bureau, il écrit.Il prend conscience de la présence du public.)

BEAUMARCHAIS

Ah ? Vous êtes là. Veuillez m’excuser. Je ne vous ai pas entendu entrer. Si j’ai encore une bonne vue, je deviens sourd avec l’âge.  Marceline est malade. Tous les gens sont occupés… (Désabusé.) Et personne ne me voit écrire… Une lettre au général Bonaparte qui est parti en Égypte, sans moi !

(Se reprenant.)

Je vous remercie, Madame, du billet que vous m’avez fait tenir. Vous disiez souhaiter une interview. C’est un mot anglais que l'on pourrait traduire par « entrevue », n’est-ce pas ? Oh, je sais l’anglais.

Diable ! C’est une belle langue que l’anglais ! Il en faut peu pour aller loin. Avec God-dam en Angleterre, on ne manque de rien nulle part. Voulez-vous tâter d’un bon poulet gras : entrez dans une taverne et faites seulement ce geste au garçon (il tourne la broche) : God-dam ! on vous apporte un pied de bœuf salé, sans pain. C’est admirable ! Aimez-vous à boire un coup d’excellent bourgogne ou de clairet, rien que celui-ci (il débouche une bouteille) : God-dam ! on vous sert un pot de bière, en bel étain, la mousse aux bords. Quelle satisfaction ! Rencontrez-vous une de ces jolies personnes qui vont trottant menu, les yeux baissés, coudes en arrièreﴍ

et tortillant un peu des hanches : mettez mignardement tous les doigts unis sur la bouche. Ah ! God-dam ! Elle vous sangle un soufflet de crocheteur : preuve qu’elle entend. Les Anglais, à la vérité, ajoutent par-ci par-là quelques autres mots en conversant mais il est bien aisé de voir que God-dam est le fond de la langue… Je plaisante...

Quoi qu’il en soit, je vous remercie de cette sollicitude. À mon âge, il y a bien longtemps que je n’ai pas eu une entrevue avec une aussi charmante personne.