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Francisco Pizarro ou Le triomphe de la barbarie moderne relate l’histoire d’un homme avide de pouvoir. Ce dernier cherche à s’approprier les richesses de tout un peuple par la ruse, avec pour principal alibi la religion qui ferme les yeux sur les exactions commises en son nom.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Pour Bernard Leclère, l’écriture représente une thérapie, un excellent moyen d’expression. Après la parution de plusieurs ouvrages axés sur le post AVC, il s’est laissé conduire vers d’autres genres.
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Seitenzahl: 85
Veröffentlichungsjahr: 2022
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Bernard Leclère
Francisco Pizarro
ou
Le triomphe
de la barbarie moderne
Roman
© Lys Bleu Éditions – Bernard Leclère
ISBN : 979-10-377-7300-5
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
L’Empire Inca, le plus vaste empire des Amériques, avant l’arrivée des Espagnols en 1520, un des plus structurés administrativement et militairement, s’est écroulé en peu de temps. La population des Amériques est passée de 80 millions à 10 millions d’individus. Aucun des grands massacres du vingtième siècle ne peut être comparé à cette hécatombe.
La chute démographique s’explique par l’introduction du virus de la variole qui était à cette époque déjà catastrophique dans l’ancien monde et contre lequel les populations autochtones n’étaient pas immunisées.
La volonté de vouloir convertir ces Amérindiens au christianisme a complété l’extermination de populations réfractaires à cette religion aux antipodes de leurs croyances.
C’est la cupidité de ces hommes de l’ancien monde, aveuglés par l’or qu’ils voulaient se sortir par le haut de la médiocrité de leur condition.
Cajamarca ou comment l’impossible devient possible
C’est un coup de bluff de Francisco Pizarro. Il a toujours été un joueur impénitent, mais cette fois il s’agissait de jouer sa vie et de celles de ses hommes qui l’ont suivi au-delà de la déraison, sur un coup de dé. Il a régulièrement perdu au jeu. Il a même fallu attendre trois semaines, sa sortie de prison pour dettes, pour qu’il puisse enfin s’embarquer. Mais c’est justement aujourd’hui qu’il devait saisir sa chance ultime, face à ce presque dieu qu’est « l’Inca », la partie ne devait pas être perdue, même si elle paraissait complètement déraisonnable et même impossible à gagner.
Durant la nuit, Francisco fait un bilan de sa vie qui, selon toute vraisemblance, a toutes les chances de se terminer lamentablement demain. Il est vieux (57 ans), ce qui à l’époque était l’âge moyen de la fin de vie. Mais il a une irrésistible envie de revanche sur la vie qui, jusqu’à présent, a été une suite d’échecs à cause de sa modeste condition.
Naissance le 16 mars 1475 à Trujillo (petite ville du centre de l’Espagne), fils naturel de l’officier d’infanterie Pizarro Rodriguez de Aguilar (membre de la petite noblesse) et d’une fille de mauvaise vie.
Même s’il avait trois frères, ceux-ci sont nés bien après lui et son enfance fut solitaire, il a toujours pris les décisions seul.
Gonzalo, son premier frère, est né 27 ans plus tard.
Son enfance et son adolescence furent une période durant laquelle il a affronté la misère et les privations. Pour pouvoir survivre et manger chichement, il a dû garder les pourceaux. À l’âge de quatorze ans, il gardait un troupeau de porcs chez son oncle. Il était seul, pauvre et illettré. L’unique ami qu’il avait alors était un vieux verrat qui dirigeait ses congénères comme un autocrate, il était fasciné par la façon de régenter son monde. La comparaison de la vie en communauté des animaux était le reflet du fonctionnement de la société humaine.
Il lui avait donné le nom de l’empereur romain, Néron. Il apprit à régler les conflits avec ce cochon qui était devenu sa vraie et seule famille, l’art du commandement (un vrai chef est toujours seul). Il restait des heures à observer comment son ami se faisait obéir et respecter. Il dirigeait son harem en dictateur sans partage, quand une favorite prenait trop de pouvoir, il s’empressait d’en trouver une autre pour la remplacer. Ce premier apprentissage de la vie, il l’a fait en observant attentivement le quotidien de cette communauté et surtout l’attitude de son chef pour garder l’ascendant sur ses sujets.
Néron avait envers son ami une attitude qui était nouvelle pour Francisco : c’était l’absence de mépris et une certaine considération. Ce mépris qui sera pour lui insupportable tout au long de sa vie, que ce soit quand il fut face à Charles Quint pour lui demander son appui dans l’expédition ou quand il sera devant « l’Inca ». Il était important que cet empereur d’opérette le traite avec mépris et perde cet affrontement à cause de son orgueil.
Un lundi matin, son oncle arriva accompagné du charcutier du village, une brute, vêtu d’un long tablier blanc et armé d’un grand couteau brillant et affûté.
« J’ai une bonne nouvelle à t’annoncer, nous allons remplacer le vieux mâle qui commence à être moins performant et devient méchant avec l’âge. Nous en profiterons pour découper ce cochon, faire du boudin et partager la viande avec Miguel notre charcutier. Cela nous changera de notre régime de haricots et de quelques morceaux de lard. »
Néron fut bientôt immobilisé par mon oncle et le charcutier. Son regard affolé et désespéré me suppliait de l’aider, moi son unique ami.
Ma lâcheté me paralysait et durant une demi-heure, j’ai assisté, impuissant, à l’égorgement de mon seul ami qui, poussant des cris désespérés, n’a pas cessé de me fixer d’un air de reproche et de déception. Ce regard me poursuivra jusqu’à ma mort. Je me suis promis, quoi qu’il m’en coûte, de rester toujours fidèle à mes amis.
Lorsque le silence se fit, je savais que je venais de perdre ma seule et vraie famille. Le reste du travail du charcutier se déroula dans ma plus totale indifférence.
Le lendemain, je quittai mon oncle et suivis des colporteurs qui avaient besoin de bras.
Au contact de ces hommes, j’ai appris rapidement à interpréter ce qui se cache derrière les mots. J’ai surtout assimilé l’intention déguisée des escrocs de tout genre. J’étais devenu en quatre ans un parfait filou et la police du roi avait déjà envoyé aux galères deux de mes complices.
Aussi, par prudence à 18 ans, je me suis engagé dans l’armée car sinon, je risquais de rejoindre mes comparses dans les prisons du monarque.
C’était l’époque des guerres d’Italie et l’armée espagnole avait besoin d’hommes. Charles Quint devait former des soldats pour intervenir en Italie et contrecarrer l’offensive de François 1er dès 1494, la formation des troupes était rapide et si on en voulait vraiment, on pouvait monter en grade rapidement. L’armée espagnole était considérée alors comme la plus disciplinée et la plus efficace, mais aussi cruelle et brutale, au moins autant que celle des Français.
Avant 1494, les guerres étaient longues, les batailles peu sanglantes et les manières d’enlever une place forte, lentes et difficiles. Les moyens de l’artillerie et les armes sont devenus plus performants, mais en même temps le coût de la guerre augmenta de manière exponentielle et il a fallu faire appel à des banquiers qui ont vu là l’opportunité de se rendre indispensables et d’avoir une place de choix dans le royaume. Cela a décuplé leur fortune en leur donnant un pouvoir politique immense.
Le temps d’une campagne devait être alors le plus court possible ; il s’agissait de faire comprendre aux populations et aux troupes ennemies qu’il leur en coûterait cher de résister à l’armée royale. Les « mise à sac » de villes et le massacre de soldats ou de civils sont commis pour l’exemple, mais surtout pour pouvoir dégager des profits et rembourser les dettes contractées. Le pillage des œuvres d’art, du patrimoine de la ville et de ses habitants permettait de rentabiliser les expéditions. Le viol des femmes et la mise à sac des habitations étaient la récompense des soldats et soudards que la discipline de l’armée avait brimés.
C’est dans cet environnement que Francisco s’est fait une place et surtout des relations. C’est dans cette armée qu’il a mis en pratique ce que lui avait appris son ami Néron et sa collaboration avec ses complices de galère. Cela lui a permis de devenir un chef et un leader incontesté.
En même temps, il est devenu insensible à toutes les atrocités qui se déroulaient quotidiennement. Il y a compris qu’il n’y avait pas de place pour la pitié et que l’on devait exploiter au maximum chaque opportunité. L’obscurantisme du Moyen-Âge qui fait alors place à la barbarie moderne où la charité n’est pas de mise, bien que tout est censé être fait pour la gloire de Dieu. L’inquisition veillait à ce que chaque combattant participe à une messe avant chaque affrontement important. Après chaque massacre, l’absolution leur était donnée. Le souvenir atroce de la tuerie d’une famille le hante encore certaines nuits. C’était 3 ans après son incorporation, son grade de sous-officier ne lui donnait pas assez d’autorité sur ses hommes pour leur faire respecter certaines valeurs. Dans une villa investie par dix de ses soudards se trouvait une femme enceinte entourée de deux fillettes. Ivres de vin et de l’odeur du sang, ils plongèrent leurs dagues dans le ventre tendu de la femme et sortirent en riant l’enfant qui commençait à prendre forme humaine. Les hurlements de la mourante déstabilisèrent Francisco qui, comme un automate, planta son épée dans le corps de la femme pour abréger ses souffrances, il tua les fillettes de la même façon pour leur éviter les tortures que n’auraient pas manqué de leur infliger ses hommes. Finalement, la mise à mort de Néron a été faite proprement. Il est resté 20 ans dans l’armée et a participé pratiquement à toute la campagne d’Italie. C’est devenu un capitaine respecté, aimé par ses hommes et redouté par ses adversaires, car sans aucun état d’âme. La discipline de fer qu’il imposait lui a permis de réaliser bien des exploits. Quand il avait pris une bourgade, ses hommes avaient tous les droits, ce qui lui apportait un respect démesuré, il y a le temps de l’obéissance et celui du défoulement.