Fred on Tour - Frédéric Waseige - E-Book

Fred on Tour E-Book

Frédéric Waseige

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Beschreibung

Pendant 16 ans, Frédéric Waseige a foulé les pelouses en tant que footballeur professionnel au sein des clubs RFC Liège, KAA Gent, AC Bellinzona, Alemannia Aachen... Aujourd'hui, micro à la main, il en arpente les contours en tant que journaliste sportif, se perdant dans les coulisses à la recherche de la rencontre, de l’interview, de la belle histoire ou de l’anecdote. Ses chroniques sont parfois féroces, souvent drôles et tendres mais jamais moqueuses. À travers elles, Frédéric Waseige redonne au monde du football ses armes de noblesse et un brin d'humanité. Un livre à mettre impérativement entre les mains de tous les passionnés du ballon rond qui ne se contentent pas de la version...officielle.

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LE BEST OF DES

CHRONIQUESDE

FRÉDÉRIC

WASEIGE

fred on tour

Un grand merci à John Baete qui a eu la très bonne idée de me proposer d’écrire dans Sport/Foot Magazine.

Merci aussi à Thomas Bricmont qui fait durer le plaisir.

L’un comme l’autre m’ont permis d’y claquer les mots en toute liberté.

Gloire et longue vie à eux.

www.renaissancedulivre.be

Renaissance du Livre

@editionsrl

ISBN : 978-2-50705-385-7

(c) Renaissance du Livre

Avenue du Château Jaco 1

1410 Waterloo.

Photo couverture

Laure Geerts -Collectif Caravane

Corrections

Christelle Legros

La Plume alerte !

Mise en page

Please Surprise Me !

fred on tour

2010

Cette année-là ...

2010 clôture la première décennie de ce nouveau siècle. Une fin pour le début de certains espoirs qui, hélas, disparaîtront tels des effluves de lendemain de guindaille. Le printemps arabe, les réfugiés déjà. Daesh déjà. Trop là. La crise de l’€uro, la Grèce commence son agonie. L’Espagne va mal aussi. Mais y a le foot.

Grâce à la «Roja», l’Espagne panse ses plaies sur les plaines d’Afrique du Sud. Première Coupe du Monde en Afrique. Génial. Formidable FIFA… on en reparlera.

Une année où Lady Gaga trône sur le toit du monde musical. Inquiétant. Notre beau pays bat un nouveau record. Celui du No gouvernement. No futur ? Heureusement, Stromae pose la bonne question : «Alors on danse ?» Oui, dansons. Pour nous étourdir et tenter d’oublier la façon dont Mourinho a mené l’Inter sur le toit de l’Europe.

Mais le réel événement intergalactique se passe chez nous. La presse sportive belge prend un nouveau départ. Un nouvel élan. Les rotatives rotent à un rythme jamais connu. Les arbres sont coupés, le papier coule à flots.Sport/Foot magazinelance une nouvelle chronique :Fred on tour. Plus rien ne sera jamais comme avant. Ni la modestie, ni l’orgueil de celui qui la propose. La farce est lancée. Farcie de plein de belles intentions. Avec, pour ambition, de rappeler que rien ne vaut vraiment la peine d’être pris trop au sérieux. Surtout pas les footballisteries

Frédéric Waseige, janvier 2016

Le faux couple

Benítez-Mourinho

4août 2010

“ Les histoires d’amour finissent mal... en général. „Comme disaient les Rita Mitsouko : En général, mais pas en particulier, surtout pas avec un être aussi unique, aussi singulier queJosé Mourinho. Son idylle intériste se termine au pluriel avec, à la clé, trois beaux bébés et tout ça en dix mois.

Il est plus que jamais le Special One. Mourinho s’en va, Benítez arrive. Rien que pour ça, Super Rafa mérite déjà le trophée d’entraîneur européen de l’année. Oser succéder à Mourinho, c’est balaise, mais après un triplé, faut être vraiment à l’aise avec ses idées, avec ses convictions. Surtout que son histoire d’amour à lui, celle avec Liverpool, a rejoint la généralité, elle s’est mal terminée.

Après s’être tant aimé, les Reds et lui se sont quittés en pointillé un soir de 2005 du côté d’Istanbul. L’euphorie pousse à la Cup 2006 et puis plus rien. Le trop-plein, la lassitude, la platitude du jeu se sont immiscés dans le couple. Ils sont maintenant tous deux en reconquête. Le club doit retrouver le top 4 anglais. Rafa doit rendre à l’Inter un amour... international. Il doit élargir lastoria d’amorede José. Son objectif est de raviver les sentiments de tous. Faire aimer cette équipe intériste non plus exclusivement par ses propres supporters et dirigeants, mais aussi par tous les amateurs de foot de la planète. Avec les joueurs à sa disposition, cela doit être possible. L’ambition est énorme, le travail qui l’attend aussi. Sur le terrain, mais aussi et surtout dans le vestiaire.

On voit mal Benítez étreindre dans ses bras un de ses joueurs et y pleurer à chaudes larmes. Mourinho l’a fait avecMarco Materazzile soir de la finale de Madrid. Là est tout le défi de Benítez : se donner une dimension supplémentaire pour faire taire les statisticiens. Rafa a du boulot... José aussi... Le Real a besoin de titres aussi, mais pas à n’importe quel prix. À Madrid, on préfère faire dans le stylisme plutôt que dans le cynisme. L’étreinte ne suffira pas, il faudra aussi le faire danser avec grâce, avec la classe requise au sang royal. Avec un plaisir partagé par tous. La mariée était trop belle ? Mourinho a dix mois pour apporter la réponse.

Il a déjà annulé le voyage de noces. Il était contre la tournée asiatique, tellement rémunératrice, mais si coûteuse dans le sérieux d’une préparation. José prend soin d’une promise qui aimerait redevenir la plus belle.Ah l’Espagne, qu’il est doux d’écrire ce nom ! Le champion du monde est désormais décomplexé à jamais. En un Euro et un Mondial, l’évidence du jeu a enfin trouvé les circonstances qui mènent à l’évidence des chiffres. Le lendemain du sacre mondial,El Mundotitrait :

« L’histoire de l’Espagne commence de nouveau »

Comme on aimerait que ce titre serve aussi de référence à la Liga. Ce fameux championnat d’Espagne, devenu au fil des années un duel entre les géniaux formateurs catalans et les acheteurs compulsifs castillans.

En 25 ans, ils se sont partagé 21 titres !

Le dernier club à mater les deux monstres ? Le Valence d’un certain Rafa Benítez.

Ah, si ce titre de champion du monde pouvait, aussi, décomplexer les 18 autres équipes !

Cela dit, le Barça a aligné sept de ses joueurs en finale du Mondial et le Real est maintenant dirigé par le champion du monde du baratin.

Sauf que lui, il va au turbin, fait ce qu’il dit et ne collectionne pas les titres que dans les journaux. Tout le contraire des Français. Nos délicieux voisins nous ont fait tellement rire en ce mois de juin. Mais ils étaient là pour quoi ? Peut-être pour mettre définitivement fin à une équipe faite de rien avec des joueurs qui se croient tout permis. Avec un entraîneur qui croit tout connaître, mais qui n’offre rien. En attendant,

les Français ouvriront le bal des championnats, une façon comme une autre d’être les premiers.

La Ligue 1 a sacré Marseille en 2010, un OM qui a trouvé la cléDeschampspour s’ouvrir une nouvelle ambition : celle de régner. Quipour les en empêcher ?Jean Tiganaa-t-ille profil pour faire face à l’aprèsLaurent Blanc? Monaco et le PSG vont-ils redevenir des équipes ? Auxerre peut-il assumer Europe et Hexagone ? C’est la quadrature du cercle dans un pays qui vient de tourner carré...

Le football est un sport simple rendu compliqué par des gens qui n’y connaissent rien.

Bill Shankly

Et dire qu’il y en a

qui croient qu’on s’amuse ...

25 août 2010

Les barrages de la Ligue des Champions portent très bien leur nom. Mardi dernier,Mbo Mpenzaet moi sommes partis à Kiev. Et ce fut une succession de barrages. Ça commence par un avion qui décolle avec deux heures de retard et, évidemment, premier coup de cafard, on rate la correspondance à Prague... On commence la méditation, car on a déjà compris que ça va être compliqué. Une fois dans l’avion, une pensée nous vient, le ciel ukrainien est comme les autoroutes wallonnes.

Plein de trous... d’air.

Hélas, 10 000 mètres plus bas, c’est notre souffle qui s’accélère ! On pose le pied sur le sol de l’ex-URSS à peine 2 heures 30 minutes avant notre premier direct sur Betv... C’est jouable sauf qu’à la douane, il y a environ 600 personnes devant nous. Un grain de folie ajouté à un gros de culot et, en une feinte à la Mbo contre le Brésil en 2002, il n’y en a plus que 200. Après 1 heure 5 minutes d’attente, votre serviteur passe, mais, pour Mbo, c’est plus dur. Des relents de préjugésaussi pitoyables que malsains l’enferment seul dans un bureau. Son bourreau : une douanière au physique à la De Wever blondavec du gel made in Tchernobyl.

Une demi-heure d’éternité plus tard, on est de nouveau deux ou plutôt trois. J’en ai profité pour dénicher le taximan qui me semble le plus fou. Il nous reste une heure pour le premier stand up... c’est le temps estimé entre l’aéroport et le stade.

Parfois, l’instinct est divin. Notre taximan fait plus que répondre à notre souhait. Sûr que, dans une autre vie, il a été champion du monde de F1, de rallye et de stock-car. Tout ça la même année. Pendant que Mbo, les yeux fermés, téléphone à la famille pour leur dire qu’il les a toujours aimés, je préviens Bruxelles que, sur mon faire-part de décès, je veux qu’il soit écrit en lettres majuscules : «Il a tout tenté, il a honoré sa profession de grand reporter de guerre.» Soit. Cent quatre-vingts dépassements et 10 sens interdits plus tard, on arrive aux portes du stade.

Reste 20 minutes : « Cool, à l’aise », se dit-on. Mais les portes sont gardées, très bien gardées. Il nous faut 10 minutes pour expliquer que nos accréditations sont dans le stade, et puis, enfin, c’est gagné. On est en place. Dernière demande : qu’on me donne l’oreillette pour entendre les studios et là je lis directement dans les yeux de mon interlocuteur qu’il a, comme qui dirait, oublié quelque chose. Il l’a oubliée dans son bureau. Pas grave, il nous reste deux minutes, sauf qu’il partà l’aise en marchant !

Le temps d’une grosse crise de ma part et on entend un grondement, un mélange de rires et de grognements, venir des tribunes. Ils sont plus ou moins 15 000 à réagir : la scène passait sur l’écran géant du stade. Heureusement, ils ont reconnu Mbo, car, dès qu’il met les pieds sur une pelouse, il enfile son maillot des Diables Rouges. Ils le savent, nous sommes Belges comme Jean-Claude Van Damme. Nous sommes sauvés. Arrive enfin l’oreillette, mais question son... niet, rien, nada. Ils avaient changé le numéro que doit composer Betv pour m’atteindre. Probablement l’humour ukrainien... Très bonne blague sauf qu’on a dû faire le stand up en différé. Arrivés enfin à nos postes de commentateurs, c’est Byzance. On est assis, certes trempés (il fait 30 °C), mais heureux. Les tests son sont bons. Les tests seulement. Le calice est bu jusqu’à la lie ou plutôt jusqu’à la ligne qui foire. Dix coupures de son nous séparent de nos abonnés jusqu’à la coupure définitive à une demi-heure du terme. Nous, les héros, remplacés à une demi-heure de la fin du match après avoir tout donné, tout tenté, tout osé. Et dire qu’il y en a qui croient qu’on s’amuse... Après le 1-1 de l’aller, on va savoir si l’Ajax lave plus blanc ou va reprendre un peu de couleurs. Pour le club, c’est soit la qualif, soit on vend les joyaux pour remplir les caisses. Moi, je vais remplir mes batteries en me disant que l’Euro 2012 en Ukraine, c’est pas gagné, mais que mon tour d’Europe 2010-2011 commence fort. Je fais décidément un métier formidable.

Il n’y a pas d’endroit au monde où l’homme est

plus heureux que dans un stade de football.

Albert Camus.

Louis ler,

Roi de Bavière

et des environs

1er septembre 2010

Alors que son Bayern s’impose dans le temps additionnel lors de la première journée de Bundesliga, une pensée nous envahit.

Omniprésent sans y être, Louis van Gaal a influencé le Mondial en Afrique du Sud. Quelle a été l’équipe la plus excitante de ce Mondial ? L’Allemagne, bien sûr ! Fou non ? Longtemps considérés (à tort) comme des bourrins qui gagnaient toujours à la fin, les Allemands ont éclaboussé de leur juvénile insouciance classieuse la première Coupe du Monde africaine.

Quel symbole ! Quand le rigide oublie d’être frigide, quand le plaisir engendre la performance, quand la machine à gagner pense d’abord à jouer, cela donne du plaisir. Malgré le gros coup de mou en demi-finale, on dit : Wunderschön. Et tout ça, avec qui ? Le magnifique Thomas Müller, l’inconnu du noyau B, est devenu indiscutable au Bayern. Par la grâce de Son Altesse Louis Ier .Miroslav Klose avait les crocs qui rayaient le tapis vert : grâce à qui ? À Louis, qui l’a frustré toute la saison en faisant de lui un remplaçant de super luxe. Mario Gomez éclabousse de sa philosophie maîtrisée le banc allemand.

Grâce à qui ? À Louis qui a fait du joueur le plus cher de la Bundesliga, un docile remplaçant pendant deux mois. Et qui a prêté Toni Kroos à Leverkusen pour lui donner du temps de jeu ? Qui a définitivement convaincu Bastian Schweinsteiger que son Graal était dans l’axe de l’entrejeu ? Qui a donné la carrure d’un capitaine à Philipp Lahm en lui offrant 100 % de temps de jeu en Bundesliga ? Tiens, puisqu’on parle capitaine, parlons des Bataves.

Qui a réussi l’exploit de rendrevan Bommel encore plus indécent et cynique ? De faire de lui un van Baston souriant ? Style Arsène Lupin, gentleman tackleur, charmeur d’arbitres. Super Louis a mis son petit grain pour faire passer la Hollande du rêve van Basten au cauchemar van Baston. Un cauchemar qui permet de transformer ses rêves de finale en réalité. Et Arjen Robben ? Qui l’a extirpé du cauchemar paradisiaque madrilène ? Qui l’a convaincu que c’est à droite que son gauche s’exprime le mieux ?

Et Wesley Sneijder ? Qui a renforcé sa confiance en le laissant servir comme un prince Diego Milito en finale de Ligue des Champions ?

O.K., là on exagère. Mais bon, si on ne peut pas être de mauvaise foi de temps en temps, on n’est plus journaliste. Et exagère-t-on si on dit que Franck Ribéry a porté sur ses épaules devenues frêles son gros Louis durant le Mondial ? En trois semaines de préparation en juin 2009, Super Louis a détrôné le roi Francky de Bavière. Ribéry devenu Prince de gouttière et la risée du monde lors du naufrage français. Eh oui, Louis van Gaal était l’omniprésent absent de la Coupe du Monde ! Louis triste sire ? Oui, mais pas seulement. Il est capable d’entamer la danse des canards sur la table des vestiaires après une victoire. Si, si. Ce triste sire d’apparence peut être un clown de circonstance. Il a tout compris. Il s’est mis tout son noyau à dos pendant la préparation 2009 avant de bomber le torse avec lui en mai 2010. Super Louis a fait le doublé et raté le triplé. Mais bon c’était face au Roi de la galaxie. Hyper Supra Méga José. Celui-là même qui va faire des Galactiques des métallos obnubilés par l’odeur du cambouis, celle qui fleure la belle mécanique gagnante. Cela dit, à la Coupe du Monde, ce ne sont pas les Intéristes Milito, Samuel Eto’o, Maicon, Júlio César, Lucio ou encore Dejan Stanković qui ont brillé, mais bien les vassaux de Louis Ier.

De retour au Royaume, on a retrouvé les savoureux Bavarois. Nouveau statut, mais même classe, humilité et surtout efficacité. On peut être devenu star planétaire sans oublier la routine du championnat. Müller et Schweinsteiger ont offert les trois points au Bayern en match d’ouverture. Lors de la deuxième journée à Kaiserslautern, Müller a raté l’immanquable, van Gaal ne l’a pas manqué en conférence de presse. On peut être devenu star planétaire et rester faillible. Le Bayern a été battu, mais cela ne change rien au constat. Le roi Louis Ier règne sans partage. Sa loi donne la foi. Le Bayern est en conquête.

Ma femme et moi, on s’amuse beaucoup au lit. Elle sait comment elle doit me traiter, et je dois dire qu’elle le fait très bien.

Louis van Gaal

mardi31août minuit,

fin dumanège enchanté

8 septembre 2010

La grand-messe orchestrée par de drôles de paroissiens prend fin. Beaucoup ont trouvé leur paradis. Pour d’autres, c’est l’enfer. Pour certains, c’était le Manège enchanté. Pour d’autres, c’était plutôt la foire aux bestiaux, la fête aux agents, la folie des propriétaires, le bluff, la menace, la trahison, les commissions, le flux et reflux des espoirs, des désespoirs, des milliards.

La fin d’une histoire, on change de maillot, on change de peau et on recommence. Pendant la mue, beaucoup d’argent pour tout le monde. C’est la crise qu’on nous disait. Les grands championnats sont sous perfusion... ah bon ? Alors, la perfusion fait des miracles. En Premier League, la balance entre les joueurs arrivés en Angleterre et ceux qui ont quitté le pays penche vers le négatif. On a acheté pour 250 millions d’euros de plus que ce qu’on a vendu.

Dire que l’été dernier, ce n’était que 67 millions. Mais bon, le Real ne vient pas tous les ans faire son marché sur l’Île aux trésors. Le Real avait déboursé 94 millions pour Cristiano Ronaldo et 35 pour Xabi Alonso ; faites le compte... C’est la crise, effectivement, mais pas pour tout le monde. Il y a les petits hommes bleus. Ces Citizens venus d’ailleurs, d’un autre monde, d’un monde où l’argent n’a pas la même valeur. Son propriétaire, le cheikh Mansour, est plusieurs fois milliardaire en euros. Man City a dépensé pour 145 450 000 euros. Anecdotique pour lui (l’an dernier, c’était 147 000 000), énorme pour nous. Mais ce qui est aussi énorme, c’est de constater que, lors du dernier match à Sunderland, City a dû aligner Joleon Lescott, pur stopper, sur un flanc. Les limites du no limit, c’est de demander l’avis de son coach.

Avant de flamber, faut équilibrer son effectif, sinon on risque de se brûler. City était déjà à 5 points de Chelsea après trois journées. Un gouffre compte tenu de la sagesse retrouvée des uns (les Blues londoniens n’affichent que 20 millions de négatif) face à la démesure non contrôlée des autres (109 millions pour les Blues mancuniens). Carlo Ancelotti est plus à l’aise dans son training que Roberto Mancini dans son costume sur (dé)mesure.

Sur les 20 clubs de Premier League, trois ont une balance positive. Liverpool, Fulham et Aston Villa. Tiens, tiens ! City est passé par Villa, pour y prendre James Milner. Comme à l’Inter pour Mario Balotelli, comme à Valence (club qui a vendu pour 83,5 millions, le plus en Europe) pour David Silva, comme à Hambourg pour Jérôme Boateng. Comme par hasard, ces trois clubs terminent aussi ce mercato en positif. Zlatan Ibrahimović n’est, par contre, pas allé chez les Citizens. Mais le Suédois est entré dans l’histoire de la planète foot. Il devient le premier joueur dont quatre de ses transferts ont dépassé les 20 millions. Son record à lui, 71 pour passer de l’Inter au Barça : 50 millions + Samuel Eto’o évalué à 20 millions, et revendu 24 millions un an plus tard. Faites le compte. Et dire que c’est Ibra qui traite Pep Guardiola d’avare : le coach catalan ne lui aurait adressé la parole que deux fois en six mois. Comme on le disait, les dirigeants devraient plus souvent demander l’avis de leur entraîneur. Quand on sait que le Barça a dû faire un emprunt cet été pour payer le salaire des joueurs. Y a comme quelque chose qui tourne pas rond.

T’as formé les trois quarts de ton équipe, mais après, tu dois te ruiner pour les garder ! C’est l’offre et la demande, mais au moins, avec le Barça, t’en as pour ton argent. Voir jouer Lionel Messi, Andrés Iniesta et les autres n’a pas de prix... Lueur d’espoir : des cinq grands championnats, un seul est en positif cet été, la France. Après le cauchemar africain, les Français veulent rouvrir la boîte à rêves. Que la certitude d’hier redevienne celle de demain. Et que les faiseurs de talents voient la couleur de l’argent, que le fair-play financier proposé par l’UEFA devienne réalité, que Platini reste saint Michel. Amen.

J’ai une conscience sociale, mais je m’en méfie. D’ailleurs, j’ai une Coccinelle et... une Porsche 911.

Jürgen Klinsmann

La Champions League

est meilleure que

leMondial

22 septembre 2010

Depuis mardi dernier, la Champions League offre de nouveau l’espoir de caresser ses grandes oreilles. Pas besoin d’avoir les yeux en face des trous pour constater que c’est tout simplement la meilleure compétition de foot au monde qui a redémarré. Meilleure que la Coupe du Monde.

Difficile de comparer une compétition de sélection avec une de clubs, d’accord, mais les coupes du monde, c’est en juin. Avec des joueurs épuisés par leur saison. Les entraîneurs ont peu de temps pour leur mise en place. On joue sur un mois, mais, si tu débutes mal, t’es dehors. La Ligue des Champions s’étale sur neuf mois. Les entraîneurs en ont eu deux pour la préparer. Quoique. Les années post Coupe du Monde sont toujours très spéciales vu que les grandes équipes sont aussi les grandes pourvoyeuses de sélection nationale. Mercredi, j’étais avec Philippe Albert au Royaume de Louis Ier. Je vous le confirme, van Gaal y règne en maître absolu. Sa conférence de presse d’après match valait le détour. La salle de presse bavaroise, c’est comme une salle de cinéma high-tech : 200 places, casques pour les traductions simultanées, micros pour poser les questions. Des questions qui mettent du temps à sortir. Personne ne veut être le premier.

Il y a Super Louis en face. Une minute de silence. Première question, première réponse : un NEIN clair et net. Pas besoin de traduction. Deuxième question, un courageux ose demander pourquoi la première mi-temps du Bayern fut si insipide. Et là, Louis nous fait du Louis Jouvet. Regard dans les yeux du journaliste, il verse un peu de lait dans son café, ouvre nonchalamment deux paquets de sucre et tourne lentement sa cuillère. Quarante secondes de grand silence (croyez-moi, c’est long). Même les mouches s’arrêtent de voler. Elles préfèrent planer de peur de déranger. La réponse dure cinq bonnes minutes (croyez-moi, c’est long et rare). Cinq minutes à expliquer le cheminement tactique de la rencontre. À expliquer ses ajustements à la mi-temps. Ça valait la peine d’attendre. C’est généreux. C’est une leçon. On comprend pourquoi Thomas Müller dit de son souverain qu’il est un génie tactique.

Tiens, puisqu’on parle génie, le jeune Müller n’en est pas un, mais il en a de plus en plus souvent les gestes. Son but contre la Roma a résolu tous les problèmes de son équipe. Quand, dans un même corps, dans une même tête, le talent et l’efficacité côtoient l’insouciance, cela donne cette merveille de Thomas Müller. Plus que jamais il faudra, à l’avenir, des petits grains de folie, de génie pour mettre à mal les plans bétonnés des équipes qui visitent. Question d’un confrère : - Son remplacement après son but, c’était pour les applaudissements ? Van Gaal : Nein. Thomas et moi, on a un arrangement. Quand il est fatigué, il me fait signe. Après son but, il m’a fait signe. Je l’ai sorti. Même si je savais très bien qu’il n’était pas fatigué. Vous voyez, je ne suis même plus le boss au Bayern. Mouais... Van Gaal, c’est surtout l’école Ajax. Le talent, fût-il pubère, est roi quand il libère l’équipe. Van Gaal ne recherche pas la rigueur pour la rigueur.