Fruits Basket - Roseline Mornet - E-Book

Fruits Basket E-Book

Roseline Mornet

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Beschreibung

Depuis plus de vingt ans, le manga Fruits Basket trône au sommet des rayons des librairies. Succès planétaire, il est parvenu à toucher ses lecteurs grâce à ses puissants messages porteurs d’espoir. Pendant la décennie qu’a duré cette aventure, nous avons fait la connaissance d’un éventail de personnages variés et humains, aux côtés desquels nous avons ri et pleuré.

Dans cet ouvrage, nous replaçons Fruits Basket dans l’histoire du genre shôjo, à travers les influences qui ont inspiré sa créatrice, Natsuki Takaya. Nous détaillons les apports de l’œuvre dans le paysage du manga et comment elle s’est hissée au rang de classique. Nous examinons également les sujets qu’aborde l’autrice dans le récit, de l’amour à la solitude, en passant par les liens du sang et la peur de l’abandon. Enfin, nous analysons la façon dont le dessin lui-même sert son propos, en utilisant les codes du neuvième art.

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Couverture

Page de titre

Avant-propos

Depuis plus de vingt ans, le manga Fruits Basket trône au sommet des rayons des librairies. Succès planétaire, il est parvenu à toucher ses lecteurs grâce à ses puissants messages porteurs d’espoir. Pendant la décennie qu’a duré cette aventure, nous avons fait la connaissance d’un éventail de personnages variés et humains, aux côtés desquels nous avons ri et pleuré.

Dans cet ouvrage, nous replaçons Fruits Basket dans l’histoire du genre shôjo, à travers les influences qui ont inspiré sa créatrice, Natsuki Takaya. Nous détaillons les apports de l’œuvre dans le paysage du manga et comment elle s’est hissée au rang de classique. Nous examinons également les sujets qu’aborde l’autrice dans le récit, de l’amour à la solitude, en passant par les liens du sang et la peur de l’abandon. Enfin, nous analysons la façon dont le dessin lui-même sert son propos, en utilisant les codes du neuvième art.

Ce livre est un hommage au succès intemporel qu’est Fruits Basket. En effet, cette œuvre incontournable cumule pas moins de 2,6 millions de tomes vendus en France depuis la publication de son premier volume, ce qui en fait le plus gros succès des éditions Delcourt dans le domaine du manga1.

L’autrice :

Roseline Mornet est fascinée depuis l’enfance par la culture asia- et notamment par le manga et ses origines. Jonglant entre son dans un commerce, la dégustation de pâtisseries et ses toujours nombreuses lectures, elle écrit sur ses derniers coups de cœur depuis 2010 sur son blog Manga Suki.

1 Valentin Paquot, chiffres publiés en février 2023.

Chapitre 1 : L’œuvre de Natsuki Takaya

Une appétence pour le shôjo

Fruits Basket aurait pu ne jamais voir le jour : Natsuki Takaya, son autrice1, ne se destinait pas au difficile métier de mangaka.

Poussée par sa sœur aînée – l’artiste de la famille, qui lui trouve du talent –, elle s’essaie au dessin, d’abord sans réelle passion, avant d’y prendre goût. Elle grandit en dévorant les aventures de Doraemon, un manga de Fujiko F. Fujio mettant en scène un chat-robot venu du futur pour aider un petit garçon à se sortir de potentielles catastrophes. Cette œuvre humoristique donne à Natsuki Takaya son goût pour la comédie, dont elle glissera des éléments dans tous ses futurs mangas. L’autrice est aussi une grande amatrice de jeux de rôle sur console, tels que Final Fantasy et Sakura Wars. Les scénarios de ces œuvres, qui accordent une place centrale aux rapports humains, la sensibilisent à l’importance des aspects psychologiques d’une histoire. De plus, les personnages de ces jeux l’inspirent pour ses propres dessins. Elle affirmera notamment dans un volume de Fruits Basket qu’elle adore dessiner de jolies jeunes filles au visage immaculé.

Bien qu’il puisse difficilement être défini tant ses facettes sont diverses, le manga de genre shôjo s’adresse globalement à un public féminin adolescent et présente des récits mettant l’accent sur les relations humaines et les émotions qui y sont liées. Après la Seconde Guerre mondiale, le manga connaît un essor fulgurant avec, comme figures de proue, des noms comme Osamu Tezuka (Astro Boy) et Katsuji Matsumoto (Kurukuru Kurumi-chan), qui dessinent des personnages féminins aux grands yeux pétillants et aux joues rougissantes, des éléments que l’on retrouvera abondamment dans le shôjo. Si le milieu du manga est d’abord dominé par des figures masculines qui créent des histoires d’aventure ou de type « tranche de vie », les années 1960 et 1970 marquent l’arrivée de femmes qui s’approprient de nouvelles thématiques, notamment les comédies romantiques et certains problèmes sociaux. Cette période voit l’émergence d’un groupe d’autrices légendaires, parmi lesquelles Moto Hagio (Le Cœur de Thomas, Le Clan des Poe) et Keiko Takemiya (Destination Terra), que l’on nommera par la suite le Groupe de l’an 24, car la majorité de ses membres sont nées en 1949, soit durant l’an 24 de l’ère Shôwa (1926-1989) au Japon. Ces autrices donnent naissance au shôjo moderne et lui confèrent ses lettres de noblesse. Les thématiques se complexifient, s’assombrissent, et le genre se diversifie en mettant en scène des univers fantastiques, de science-fiction, d’horreur, etc. Par son style et l’omniprésence de thèmes empruntés au Groupe de l’an 24, Natsuki Takaya s’inscrit en héritière et se forge une place dans l’univers du shôjo.

La jeune dessinatrice tente sa chance en amateur pour le magazine Hana to Yume avec Sickly Boy wa Hi ni Yowai en 1991. Malgré le refus du comité d’édition, elle reçoit des éloges encourageants. L’année suivante, elle publie de façon professionnelle sa première histoire courte pour Hana to Yume Planet Zôkan, à l’âge de 19 ans. Celle-ci sera incluse en 1998 dans le recueil Boku ga utau to kimi wa warau kara, édité en France en 2007 sous le titre Accords parfaits aux éditions Delcourt. Le récit met en scène une jeune lycéenne, Anzu, qui peine à faire le deuil de son père. Alors qu’elle subit des brimades de la part de ses camarades de classe, son ami Atsushi tente de lui faire retrouver sa confiance perdue à travers la musique. Cette histoire courte permet à Natsuki Takaya d’aborder son thème de prédilection : la faculté qu’ont les humains à se relever des épreuves. Ses premiers récits longs, publiés en français sous les titres de Ceux qui ont des ailes et Démons et chimères, peuvent quant à eux être perçus comme des prologues à sa série phare. On y trouve des éléments caractéristiques des travaux futurs de l’autrice, dont des emprunts à diverses mythologies et des humains maudits dotés de pouvoirs surnaturels.

Fruits Basket lui-même est publié entre juillet 1998 et novembre 2006 dans les pages du magazine de prépublication Hana to Yume. Il paraît ensuite en volumes reliés chez l’éditeur Hakusensha. En France, Delcourt se charge de sa traduction entre 2002 et 2007, puis propose en 2018 une édition de luxe compilant les volumes deux à deux et augmentée de quelques bonus.

Résumé de Fruits Basket

Au début du récit, nous rencontrons Tohru Honda alors qu’elle vient tout juste de perdre sa famille et son toit. Tandis qu’elle tente de remettre sa vie en ordre, habitant désormais dans une tente, elle se rend compte qu’elle s’est installée sur la propriété d’une illustre famille, les Soma. C’est ainsi que le jeune Yuki Soma, idole de son lycée, découvre la jeune fille dans cette étrange situation. Débarrassé de l’image de beauté froide qu’il arbore dans le cadre scolaire, l’avenant garçon lui propose de venir habiter chez lui, le temps qu’elle retrouve un logement. Elle fait ensuite une découverte renversante : lorsqu’ils sont enlacés, certains membres du clan Soma se métamorphosent en animaux, chacun à l’image d’un des douze signes du zodiaque chinois2. Tout en gardant le silence sur cette révélation, Tohru se lie d’amitié avec les membres de la famille, particulièrement Kyo, du signe du Chat, et Yuki, incarnant le Rat.

À mesure qu’elle apprend à les connaître, notre héroïne comprend toutefois qu’ils souffrent tous du poids de ce lourd secret. Outre le fait que ce dernier les empêche de se lier aux gens du monde extérieur, ils subissent également des violences de la part du chef de famille, Akito. Dirigeant leur vie au gré de ses envies, celui qui se considère comme un dieu laisse peu de répit aux membres maudits de son clan, allant jusqu’à les priver de la moindre lueur d’espoir. Tohru finit par comprendre que ce maléfice régit la vie entière des Soma depuis des décennies. Son sentiment d’horreur s’accroît lorsqu’elle découvre que Kyo est condamné à finir enfermé dans une pièce exiguë, loin des regards. En effet, le signe du Chat ne faisant théoriquement pas partie du zodiaque chinois, celui-ci a toujours été mis à l’écart, d’autant plus que, contrairement aux autres, il peut se transformer à tout moment en une créature potentiellement dangereuse et à l’apparence hideuse.

Choquée, Tohru, qui tisse des liens fraternels avec les Soma au fil du récit, refuse la concrétisation de ce funeste destin. Également influencée par le sentiment amoureux qu’elle se découvre pour Kyo, elle décide de tout mettre en œuvre pour trouver un moyen de briser à la fois la malédiction et le lien toxique qui unit chaque membre à Akito. De plus, la jeune fille, d’une nature bienveillante, s’emploie à aider chacun à guérir de ses blessures, qu’il s’agisse d’anciens traumatismes, de sentiments de mise à l’écart qui les empêchent d’avancer ou encore de la peur de grandir et de se construire dans un monde qui leur est hostile. Le chemin des Soma vers l’émancipation sera long, d’autant plus que Tohru doit composer avec ses propres souvenirs traumatiques, liés à la mort brutale de ses parents. Le lecteur découvrira par la suite qu’Akito, incarnation du mal dans Fruits Basket, est en réalité une jeune femme perdue ayant aussi beaucoup souffert du destin imposé par son sang.

Succès et adaptations

Deux ans seulement après le lancement de son manga, Natsuki Takaya reçoit le prix Kodansha dans la catégorie shôjo pour Fruits Basket, alors que la série n’est pas publiée par la maison d’édition éponyme, événement relativement rare dans le milieu. Cette même année, une version anime de l’œuvre est réalisée par le studio Deen, à qui l’on doit de nombreuses adaptations de shôjo – notamment celle de Full Moon. Vingt-six épisodes, tirés des huit premiers volumes du manga de Natsuki Takaya, seront ainsi diffusés de juillet à décembre 2001 sur la chaîne TV Tokyo. Le projet est confié, pour sa réalisation et sa production, à Akitaro Daichi, à qui l’on devra notamment les adaptations des shôjo C’était nous et Divine Nanami. Tandis qu’Akemi Hayashi, la character designer des anime tirés de Doukyuusei et Banana Fish, s’occupe des personnages, la musique est composée par Jun Abe, qui officiera lui aussi sur la série C’était nous en 2006. Malgré un bon accueil du public, l’adaptation se montre assez timide vis-à-vis des scènes les plus dramatiques, optant pour une atmosphère davantage tournée vers l’humour et les bons sentiments.

Par la suite, Natsuki Takaya publie d’autres œuvres longues, telles que Twinkle Stars entre juin 2007 et juillet 2011. Le titre, dont la publication française démarre en 2009 aux éditions Delcourt, met en scène la rencontre entre deux âmes esseulées dans une petite ville de campagne, sur fond d’observation des étoiles au sein d’un club scolaire. Reprenant de Fruits Basket ses thématiques les plus fortes, comme la difficulté à établir des relations harmonieuses avec ses parents, la dureté du deuil et les rencontres fortuites capables de changer une vie, ce nouveau récit séduit les amateurs des œuvres de l’autrice tout en conquérant un public qui apprécie davantage les scénarios plus réalistes.

En 2011, la mangaka renoue avec son premier amour, les récits fantastiques inspirés de vieilles légendes, avec Liselotte et la Forêt des sorcières, toujours prépublié par Hana to Yume, qui suit l’autrice depuis ses débuts. Après cinq volumes édités par Hakusensha au Japon, elle se voit contrainte, pour des raisons de santé, de mettre en pause cette série, deux ans après son lancement, pour une durée indéterminée. Cela n’empêche pas Delcourt d’entamer sa publication en français dès novembre 2014. Liselotte et la Forêt des sorcières