Galope Azur, galope ! - Camille Dargentan - E-Book

Galope Azur, galope ! E-Book

Camille Dargentan

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Beschreibung

Tout part de là :

Je devais avoir 5 ou 6 ans, peut-être 7. Mon père me prit dans ses bras et me mit sur Chocolat, le grand cheval bai de notre petite ferme ! Nul enfant ne fut à cet instant plus heureux ; j'étais tout simplement le roi.

Puis un jour j'ai eu mon propre cheval. Tout seul, j'ai appris à le monter jusqu'à ne plus craindre de partir seul avec lui.

Je suis allé à la rencontre des « Hommes de Chevaux » comme on le dit parfois. J'ai ainsi vu le lien si particulier qui unit certaines personnes au cheval ; un lien parfois si nécessaire qu'il conditionne toute leur existence.

C'est leur histoire qui a inspiré "Galope Azur, Galope !" ; un livre constitué de quatorze nouvelles romancées, poétiques, surréalistes parfois.

Une invitation à parcourir le monde, une invitation à l'émerveillement, à la naïveté où toujours est célébré le cheval, le cheval courageux, le cheval généreux, le cheval libre.

Camille Dargentan














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Seitenzahl: 85

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Couverture

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Publishroom Factory

www.publishroom.com

ISBN : 978-2-38713-067-9

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou ­reproductions ­destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou ­reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le ­consentement de l’auteur ou de ses ayants droit, est illicite et constitue une contrefaçon, aux termes des articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Page de Titre

Galope Azur, galope !

Jeunesse

Camille Dargentan

Toi qui as ouvert ce livre,

Peut-être que, as-tu connu, toi aussi,

ce bonheur de voir le monde entre les oreilles du cheval,

de sentir la chaleur de son corps,

de laisser descendre tes jambes le long de ses flancs,

et de sentir le rythme de son pas !

Comme Layla,

Amir Prince du désert

Saad est un enfant des sables. On ne sait pas bien son âge. Il ­appartient au peuple du désert, des nomades éleveurs de chameaux et de chèvres. Saad est toujours seul ; il n’a pas de famille. Sa boiterie l’empêche de courir avec les autres enfants. Il est constamment l’objet de leur moquerie. Dans la tribu, on l’appelle « l’enfant trouvé », ce qui, à chaque fois, le fait souffrir.

Seul un vieil homme aveugle, Summer, a de l’affection pour Saad. Il l’a recueilli. Tous les deux vivent dans une tente à l’écart des autres. Saad aime se promener seul le soir avant le coucher du soleil, quand les premières étoiles apparaissent. Il peut alors contempler les derniers rayons sur les dunes du désert. C’est pour lui, un spectacle magnifique et reposant.

C’est lors d’une de ces promenades, seul comme à l’accoutumée, que Saad aperçoit au loin une silhouette gracile trottant sur la dune.

Jamais il n’a vu de cheval si beau. Incomparablement plus beau que les chevaux de la caravane.

Très vite, la silhouette repart et s’enfonce dans la nuit, toujours aussi légère.

De retour à la tente, il ne cesse de penser à cette silhouette. Toutes les nuits, il en rêve. Saad n’est jamais monté à cheval. Summer est bien trop pauvre pour lui en acheter un.

Mais après avoir aperçu cette ombre sur la dune, il n’a plus qu’un seul désir : apprivoiser ce cheval, le monter et galoper dans le sable chaud. Partir de cet endroit où personne, mis à part Summer, ne l’aime. C’est un rêve fou, il le sait bien. Comment un enfant infirme pourrait-il un jour s’approcher d’un tel cheval et surtout le monter ?

Il garde pourtant ce désir bien secret et n’en parle à personne, pas même à Summer.

Chaque soir, Saad guette la dune où il a vu le cheval. Plusieurs jours, toujours rien, l’ombre n’apparaît plus. Saad est de plus en plus triste. Son rêve ne se réalisera pas. Pourtant, un soir, alors qu’il s’apprête à rentrer, il aperçoit à nouveau le cheval, toujours aussi majestueux. Il en sera ainsi pendant plusieurs jours. Le cheval réapparaît de temps en temps sans que l’on ne sache ni pourquoi ni quand.

« Je suis un enfant trouvé, je boite ; comment pourrais-je un jour approcher ce magnifique cheval et le monter ? » songe Saad. Mais il ne veut abandonner son rêve. Les jours passent, son désir ne diminue pas, bien au contraire.

Un soir, il décide d’en parler enfin à Summer. Il lui dit combien il a été émerveillé et combien il désirerait approcher et monter ce superbe cheval. Summer l’écoute silencieusement.

Le récit de Saad lui rappelle sa jeunesse du temps où il n’était pas aveugle. Summer était alors le meilleur cavalier du village. Il savait parler aux chevaux, même aux plus sauvages, et devenait leur ami. Quand il galopait au sommet des dunes, c’était un spectacle magnifique.

Il ne faisait qu’un avec le cheval. On sentait un véritable bonheur chez Summer et son cheval à les voir ainsi sous le soleil couchant.

Summer comprend ce que ressent Saad. Il est content de retrouver chez l’enfant cette passion qu’il a, lui aussi, éprouvée dans sa jeunesse. Et, même s’il est dépourvu d’yeux, Summer voit Saad galoper, comme lui, sur la dune, ce qui le remplit d’une grande joie. Toutefois, il reste silencieux. Saad qui espérait un conseil de Summer en est attristé.

Plusieurs jours passent sans malheureusement revoir le cheval. Summer reste toujours aussi silencieux, comme si Saad ne lui avait rien dit.

Saad, de plus en plus triste, voit son rêve s’évanouir. Les autres enfants ne l’épargnent toujours pas, ce qui augmente encore son désir de s’éloigner.

A sa grande surprise, un matin, Summer l’appelle. « J’ai beaucoup réfléchi au cheval que tu as vu sur la dune. Malgré ma cécité, je le vois. C’est sûrement un cheval barbe1, un cheval qui a été maltraité et rejeté par les siens. Les chevaux sont le plus souvent en groupe ; il a dû subir de grands malheurs pour s’éloigner ainsi des autres. Il a retrouvé son instinct sauvage. Ce sera très difficile de l’approcher, car il doit être très craintif et se méfie des hommes. Mais toi aussi, tu connais la solitude et vous pourrez ainsi vous comprendre. Il doit avoir confiance en toi, ne pas te craindre. Mais il faudra être patient. »

Puis Summer poursuit :

« La prochaine fois que tu l’aperçois sur la dune, marche vers lui, doucement, sans détourner le regard. Il faut qu’il sente ta confiance et ton intention de ne pas lui faire de mal. Juste être là. Puis, quand tu pourras distinguer ses sabots, arrête-toi. Sois apaisé. Reste un moment à le regarder sans chercher à trop l’approcher jusqu’à ce qu’il s’en aille. Déjà une confiance se sera installée. »

Après un instant, Summer reprend :

« Puis recommence en t’approchant un peu plus, toujours détendu et apaisé, sans impatience. Enfin, quand tu seras si près que tu puisses le toucher, lève très doucement ta main et approche-la de l’encolure, mais ne le touche toujours pas, ce serait trop tôt. Reste encore près de lui, puis laisse-le s’en aller. »

Summer s’arrête un moment, veillant à ce que Saad l’ait bien compris.

« Viendra enfin le jour où le premier contact se fera. Comme les autres fois, va à sa rencontre. Tu verras comme c’est déjà plus facile. Tu sentiras un début de confiance du cheval, une absence de crainte. Tu pourras maintenant venir tout près. Comme l’autre fois, lève doucement ta main et encore tout doucement, du bout des doigts, effleure l’encolure. Peut-être reculera t-il de quelques pas ! Ce sont sûrement ses souvenirs et la peur d’être maltraité qui lui sont revenus. Attends qu’il se rassure et approche doucement, puis recommence. Tu sentiras peut-être un léger frémissement, mais cette fois il ne recule pas. Il est resté ; tu as gagné sa confiance.

Reste ainsi près de lui, sans insister, puis attends qu’il reparte. As-tu remarqué qu’il reste de plus en plus longtemps ? »

Les jours passent et le cheval revient presque tous les soirs. Saad se fiche maintenant des moqueries des autres enfants. Il sent un bonheur s’installer en lui. Le cheval vient même à la rencontre de Saad comme si, lui aussi, trouvait là un compagnon à qui parler. Les deux amis se font une totale confiance. Le cheval se laisse approcher, Saad le tapote légèrement, s’assoit parfois près de lui et laisse le temps s’écouler doucement.

Il voudrait lui trouver un nom. Ce sera Amir, le « Prince » en arabe.

Les connaissances de Summer et ses conseils ont été très utiles. À travers Saad, c’est un peu Summer qui revit et on pourrait voir une petite lueur de bonheur dans son regard, sans ses yeux éteints.

Reste une étape : chevaucher le désert avec Amir

S’approcher du cheval, le caresser, s’asseoir tout près… étaient inespérés il y a encore quelques semaines. Maintenant, Saad veut aller au bout de ses rêves : monter Amir et galoper sans fin dans le vent du désert.

C’est encore Summer qui va l’aider dans cette nouvelle étape. « À l’état sauvage, le cheval n’est pas fait pour être monté », lui dit ainsi Summer. « Il ne s’attend pas à avoir une charge sur le dos. Il est toujours craintif. Il garde le souvenir de ses ancêtres, les attaques des prédateurs, comme les lions qui sautent sur sa croupe. Il faut donc lui faire comprendre que tu ne lui veux aucun mal. Ce sera assez facile, car tu es à présent son ami. La prochaine fois, caresse-le doucement : la croupe, le dos, l’encolure, le ventre…

Puis doucement là encore, pose les deux mains sur son dos et sans te précipiter, mets-toi en appui en décollant légèrement les pieds du sol. S’il bouge un peu, n’insiste pas. Attends un peu et recommence une nouvelle fois. Tu verras que déjà il bouge beaucoup moins ; il sait que tu ne lui veux aucun mal. Caresse-le à nouveau, parle-lui, félicite-le.

Il te comprendra. Laisse-le partir à présent ! Pour lui, c’est aussi une épreuve de sentir ton poids sur son dos. Bientôt, tu pourras sûrement le monter. »

Saad attend avec impatience sa prochaine rencontre avec Amir. Il est confiant.

Le soir venu, comme à chaque fois qu’apparaissent les premières étoiles, il part à la rencontre d’Amir, les conseils de Summer dans la tête.

Il s’approche du cheval, le tapote légèrement, pose ses deux mains sur le dos d’Amir et décolle légèrement du sol. Amir ne bouge pas. Malgré sa claudication, Saad est très souple et sans difficulté passe sa jambe sur le dos du cheval puis, doucement, la laisse glisser de l’autre côté, le long du flanc. Il sent une petite crainte chez Amir qui bouge un peu, mais se calme très vite. C’est tout le patient travail d’approche de Saad qui se concrétise ainsi.

Saad est sur le dos d’Amir.

Un bonheur sans pareil irradie Saad, lui l’enfant trouvé, le boiteux comme ils disent, chevauchant Amir, le prince du désert. Saad est comme sur le toit du monde et oublie les sarcasmes des autres enfants. Ils peuvent toujours se moquer. Il ne les entend pas : il est si loin, si rempli de bonheur avec Amir.

Amir, lui aussi, savoure cet instant. Il n’est plus seul, il a un ami.

Si immense que soit le désert, il ne sera jamais assez grand pour Amir et Saad. À eux les chevauchées sans fin sous les étoiles.

Mais avant de partir, il n’oublie pas un au revoir à Summer sans qui rien n’aurait été possible. Promis, ils ne l’oublieront pas et passeront de temps en temps le voir.

1. Le cheval barbe est une race originaire d’Afrique du Nord. C’est une des races les plus anciennes.