Gamiani - Alfred De Musset - E-Book

Gamiani E-Book

Alfred De Musset

0,0
5,99 €

oder
-100%
Sammeln Sie Punkte in unserem Gutscheinprogramm und kaufen Sie E-Books und Hörbücher mit bis zu 100% Rabatt.
Mehr erfahren.
Beschreibung

Roman érotique d’Alfred De Musset publié pour la première fois en 1833. Le roman raconte deux nuits de la vie de la princesse Gamiani marquées par ses ébats avec Fanny et Alcide. Pendant ces deux nuits, les trois personnages vont successivement raconter leur initiation sexuelle ainsi que leurs plus grands exploits dans ce domaine. L’attribution du roman à Alfred De Musset a longtemps été contestée.

Das E-Book können Sie in Legimi-Apps oder einer beliebigen App lesen, die das folgende Format unterstützen:

EPUB
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



Gamiani

Alfred de Musset

Première partie

Minuit sonnait, et les salons de la comtesse Gamiani resplendissaient encore de l’éclat des lumières.

Les rondes, les quadrilles s’animaient, s’emportaient aux sons d’un orchestre enivrant. Les toilettes étaient merveilleuses ; les parures étincelaient.

Gracieuse, empressée, la maîtresse du bal semblait jouir du succès d’une fête préparée, annoncée à grands frais. On la voyait sourire agréablement à tous les mots flatteurs, aux paroles d’usage que chacun lui prodiguait pour payer sa présence.

Renfermé dans mon rôle habituel d’observateur, j’avais déjà fait plus d’une remarque qui me dispensait d’accorder à la comtesse Gamiani le mérite qu’on lui supposait. Comme femme du monde, je l’eus bientôt jugée ; il me restait à disséquer son être moral, à porter le scalpel dans les régions du cœur ; et je ne sais quoi d’étrange, d’inconnu, me gênait, m’arrêtait dans mon examen. J’éprouvais une peine infinie à démêler le fond de l’existence de cette femme, dont la conduite n’expliquait rien.

Jeune encore avec une immense fortune, jolie au goût du grand nombre, cette femme, sans parents, sans amis avoués, s’était en quelque sorte individualisée dans le monde. Elle dépensait, seule, une existence capable, en toute apparence, de supporter plus d’un partage.

Bien des langues avaient glosé, finissant toujours par médire ; mais, faute de preuves, la comtesse demeurait impénétrable.

Les uns l’appelaient une Fœdera[1], une femme sans cœur et sans tempérament ; d’autres lui supposaient une âme profondément blessée et qui veut désormais se soustraire aux déceptions cruelles.

Je voulais sortir du doute : je mis à contribution toutes les ressources de ma logique ; mais ce fut en vain : je n’arrivai jamais à une conclusion satisfaisante.

Dépité, j’allais quitter mon sujet, lorsque, derrière moi, un vieux libertin, élevant la voix, jeta cette exclamation : Bah ! c’est une tribale !

Ce mot fut un éclair : tout s’enchaînait, s’expliquait ! Il n’y avait plus de contradiction possible.

Une tribale ! Oh ! ce mot retentit à l’oreille d’une manière étrange ; puis, il élève en vous je ne sais quelles images confuses de voluptés inouïes, lascives à l’excès. C’est la rage luxurieuse, la lubricité forcenée, la jouissance horrible qui reste inachevée !

Vainement j’écartai ces idées ; elles mirent en un instant mon imagination en débauche. Je voyais déjà la comtesse nue, dans les bras d’une autre femme, les cheveux épars, pantelante, abattue, et que tourmente encore un plaisir avorté.

Mon sang était de feu, mes sens grondaient ; je tombai comme étourdi sur un sofa.

Revenu de cette émotion, je calculai froidement ce que j’avais à faire pour surprendre la comtesse : il le fallait à tout prix.

Je me décidai à l’observer pendant la nuit, à me cacher dans sa chambre à coucher. La porte vitrée d’un cabinet de toilette faisait face au lit. Je compris tout l’avantage de cette position, et, me dérobant, à l’aide de quelques robes suspendues, je me résignai patiemment à attendre l’heure du sabbat.

J’étais à peine blotti, que la comtesse parut, appelant sa camériste, jeune fille au teint brun, aux formes accusées : – Julie, je me passerai de vous ce soir. Couchez-vous... Ah ! si vous entendez du bruit dans ma chambre, ne vous dérangez pas ; je veux être seule.

Ces paroles promettaient presque un drame. Je m’applaudissais de mon audace.

Peu à peu les voix du salon s’affaiblirent ; la comtesse resta seule avec une de ses amies, mademoiselle Fanny B***. Toutes deux se trouvèrent bientôt dans la chambre et devant mes yeux.

Fanny

Quel fâcheux contretemps ! La pluie tombe à torrents, et pas une voiture !

Gamiani

Je suis désolée comme vous ; par malencontre, ma voiture est chez le sellier.

Fanny

Ma mère sera inquiète.

Gamiani

Soyez sans crainte, ma chère Fanny, votre mère est prévenue ; elle sait que vous passez la nuit chez moi. Je vous donne l’hospitalité.

Fanny

Vous êtes trop bonne, en vérité ! Je vais vous causer de l’embarras.

Gamiani

Dites un vrai plaisir. C’est une aventure qui me divertit... Je ne veux pas vous envoyer coucher seule dans une autre chambre ; nous resterons ensemble.

Fanny

Pourquoi ? je dérangerai votre sommeil.

Gamiani

Vous êtes trop cérémonieuse... Voyons ! soyons comme deux jeunes amies, comme deux pensionnaires.

Un doux baiser vint appuyer ce tendre épanchement.

– Je vais vous aider à vous déshabiller. Ma femme de chambre est couchée ; nous pouvons nous en passer... Comme elle est faite ! heureuse fille ! j’admire votre taille !

Fanny

Vous trouvez qu’elle est bien ?

Gamiani

Ravissante !

Fanny

Vous voulez me flatter...

Gamiani

Oh ! merveilleuse ! Quelle blancheur ! C’est à en être jalouse !

Fanny

Pour celui-là, je ne vous le passe pas : franchement, vous êtes plus blanche que moi.

Gamiani

Vous n’y pensez pas, enfant ! ôtez donc tout comme moi. Quel embarras ! on vous dirait devant un homme. Là ! voyez dans la glace... Comme Pâris vous jetterait la pomme ! friponne ! elle sourit de se voir si belle... Vous méritez bien un baiser sur votre front, sur vos lèvres ! Elle est belle partout, partout !

La bouche de la comtesse se promenait lascive ; ardente, sur le corps de Fanny. Interdite, tremblante, Fanny laissait tout faire et ne comprenait pas.

C’était bien un couple délicieux de volupté, de grâces, d’abandon lascif, de pudeur craintive.

On eût dit une vierge, un ange aux bras d’une bacchante en fureur.

Que de beautés livrées à mon regard, quel spectacle à soulever mes sens !

Fanny

Oh ! que faites-vous ! laissez, madame, je vous prie...

Gamiani

Non ! ma Fanny, mon enfant, ma vie ! ma joie ! Tu es trop belle ! Vois-tu ! je t’aime d’amour ! je suis folle !...

Vainement l’enfant se débattait. Les baisers étouffaient ses cris. Pressée, enlacée, sa résistance était inutile. La comtesse, dans son étreinte fougueuse, l’emportait sur son lit, l’y jetait comme une proie à dévorer.

Fanny

Qu’avez-vous ? Oh ! Dieu ! madame, c’est affreux !... Je crie, laissez-moi !... Vous me faites peur !...

Et des baisers plus vifs, plus pressés, répondaient à ses cris. Les bras enlaçaient plus fort ; les deux corps n’en faisaient qu’un...

Gamiani

Fanny, à moi ! à moi tout entière ! Viens ! voilà, ma vie ! Tiens !... c’est du plaisir !... Comme tu trembles, enfant... Ah ! tu cèdes !...

Fanny

C’est mal ! c’est mal ! Vous me tuez... Ah ! je meurs !

Gamiani

Oui, serre-moi, ma petite, mon amour ! Serre bien, plus fort ! Qu’elle est belle dans le plaisir !... Lascive !... tu jouis, tu es heureuse !... Oh ! Dieu !

Ce fut alors un spectacle étrange. La comtesse, l’œil en feu, les cheveux épars, se ruait, se tordait sur sa victime, que les sens agitaient à son tour. Toutes deux se tenaient, s’étreignaient avec force. Toutes deux se renvoyaient leurs bonds, leurs élans, étouffaient leurs cris, leurs soupirs dans des baisers de feu.

Le lit craquait aux secousses furieuses de la comtesse.

Bientôt épuisée, abattue, Fanny laissa tomber ses bras. Pâle, elle restait immobile comme une belle morte.

La comtesse délirait. Le plaisir la tuait et ne l’achevait pas. Furieuse, bondissante, elle s’élança au milieu de la chambre, se roula sur le tapis, s’excitant par des poses lascives, bie [...]