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Le cinquième Tome de l'oeuvre majeure de Merle d'Aubigné est entièrement consacré à l'Angleterre. Dans le premier livre l'auteur retrace la longue série de luttes et de péripéties au terme de laquelle l'Église romaine réussit à s'asservir l'Église bretonne, remplaçant un christianisme primitif relativement pur, par la tyrannie et les turpitudes de la papauté. Les quatre livres suivants nous font revivre le début de la saga des Tudors, avec la jeunesse d'Henri VIII, la toute-puissance de Wolsey, la grande affaire du divorce du roi pour épouser Anne Boleyn. Contrairement à plusieurs analyses historiques, superficielles et romancées, Merle d'Aubigné démontre que la cause efficiente de la Réforme en Angleterre n'a pas été politique : si Henri VIII, sur les conseils de Cromwell, finit par rompre avec la papauté, il n'en a pas moins persécuté à outrance les Évangéliques (on estime à 72 000 le nombre des exécutions durant son règne). La Réformation anglaise n'a pas non plus eu pour pères des personnalités exceptionnelles, telles Luther, Zwingle ou Calvin sur le continent ; c'est essentiellement à la diffusion populaire du Nouveau Testament imprimé qu'elle doit son origine et sa force. Ce fait explique entre autres la profondeur des changements sociaux qui l'ont accompagnée, par comparaison à d'autres nations. Après plus d'un millénaire, le peuple celte retrouvait enfin la fière indépendance vis-à-vis de tout pouvoir central arbitraire qui le caractérise, et dont le récent Brexit semble être un lointain écho.
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Seitenzahl: 978
Veröffentlichungsjahr: 2023
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Ce fichier au format EPUB, ou livre numérique, est édité par BoD (Books on Demand) — ISBN : 9782322485550
Auteur Jean-Henri Merle d'Aubigné. Les textes du domaine public contenus ne peuvent faire l'objet d'aucune exclusivité.Les notes, préfaces, descriptions, traductions éventuellement rajoutées restent sous la responsabilité de ThéoTEX, et ne peuvent pas être reproduites sans autorisation.ThéoTEX
site internet : theotex.orgcourriel : [email protected]L'auteur a retracé dans les quatre premiers volumes, les origines et les développements essentiels de la Réformation du seizième siècle sur le continent ; il en vient maintenant à la Réformation d'Angleterre.
On trouvera dans les notes l'indication des principales sources auxquelles il a puisé. La plupart sont connues ; il en est pourtant qui ont été peu ou point explorées ; de ce nombre sont les State papers (Papiers d'État), tirés des Archives du Royaume-Uni, publiés par ordre de la reine d'Angleterre et par les soins d'une commission, dont l'illustre Robert Peel a été le premier président. Les trois derniers ministres de l'intérieur, les très honorables sir James Graham, sir George Grey, et S. H. Walpole, ont fait don à l'auteur des divers volumes de ce grand et important recueil ; quelquefois même ils les lui ont communiqués avant la publication, le tome septième en particulier, dont il a fait un grand usage. Il témoigne ici sa sincère reconnaissance à ces nobles amis des lettres.
On rencontrera dans ce volume quelques mots qui ne sont pas consacrés par l'autorité de l'Académie française, hiérarchisme, sacramentalisme, par exemple. L'auteur a cru que l'emploi de ces termes qui existent dans d'autres langues était facile à justifier. La langue française, si parfaite à tant d'égards, n'est pas très riche en expressions théologiques ; cela se comprend ; et cela excuse peut-être une hardiesse que l'auteur s'interdirait dans toute autre matière.
L'histoire de la Réformation du seizième siècle, reçue sur le continent avec bienveillance, a eu un nombre de lecteurs plus considérable encore dans les États britanniques et les États-Unis. L'auteur regarde les rapports que cet ouvrage a formés entre lui et plusieurs chrétiens éloignés, comme une précieuse récompense de ses travaux. Ce nouveau volume sera-t-il reçu dans ces contrées aussi favorablement que les autres ? Un étranger racontant à des Anglo-Saxons l'histoire de la Réformation religieuse de l'Angleterre, a quelques désavantages ; mais quoique l'auteur eût préféré renvoyer ses lecteurs aux travaux des écrivains anglais, anciens ou modernes, tous plus capables que lui d'accomplir cette tâche, il n'a pas cru qu'il lui fût permis de s'y soustraire.
L'histoire de la Réforme anglaise ne pouvait manquer en aucun temps, dans une histoire générale de la Réformation du seizième siècle ; elle le peut à cette heure moins que jamais.
D'abord, la Réformation d'Angleterre a été et même est encore calomniée par des écrivains de partis divers, qui n'y voient qu'une transformation extérieure, politique, et qui en méconnaissent ainsi la nature spirituelle. L'histoire a appris à l'auteur que ce fut essentiellement une transformation religieuse, et que c'est dans des hommes de foi qu'il faut la chercher, et non pas seulement, comme on le fait ordinairement, dans les caprices du prince, dans l'ambition des seigneurs, et dans la servilité des prélats. Un récit fidèle de cette grande rénovation montrera peut-être qu'en dehors des mesures de Henri VIII, il y avait quelque chose, — tout, pour ainsi dire, — car il y avait l'essentiel de la Réformation, ce qui en a fait une œuvre divine et impérissable.
Un second motif nous a fait sentir la nécessité d'une histoire véritable de la Réforme anglaise. Un parti actif de l'Église épiscopale relève avec ardeur, avec persévérance et avec talent les principes du catholicisme romain, prétend les imposer à l'Église réformée d'Angleterre, et attaque incessamment les bases du christianisme évangélique. Un grand nombre de jeunes gens des universités, séduits par le mirage trompeur que quelques-uns de leurs maîtres placent devant leurs yeux, se jettent dans des théories cléricales et superstitieuses, et courent risque de tomber tôt ou tard, comme déjà tant d'autres l'ont fait, dans le gouffre toujours béant de la papauté. Il faut donc rappeler les principes réformateurs qui furent proclamés dès le commencement de cette grande transformation.
La position nouvelle que la cour romaine prend en Angleterre, et ses agressions hardies, sont une troisième considération qui nous semble démontrer l'importance actuelle de cette histoire. Il est bon de rappeler que le christianisme primitif de la Grande-Bretagne repoussa avec persévérance l'invasion de la papauté, et qu'après la victoire définitive de cette domination étrangère, les voix les plus nobles parmi les rois, parmi les grands, parmi les prêtres, parmi le peuple, protestèrent courageusement contre elle. Il est bon de montrer que, tandis que la Parole de Dieu reconquérait au seizième siècle, dans la Grande-Bretagne, ses droits inaliénables, la papauté, agitée par des intérêts tout politiques, rompait elle-même la chaîne dont elle avait si longtemps enlacé l'Angleterre. On verra, dans ce volume, le gouvernement anglais se prémunir, par exemple sous Édouard III, contre les envahissements de Romea.
On a prétendu de nos jours, et ce ne sont pas seulement des ultramontains qui l'ont fait, que la papauté étant une puissance purement spirituelle, il ne faut lui opposer que des armes spirituelles. Si la première partie de ce raisonnement était vraie, personne ne serait plus empressé que nous à en proclamer la conclusion. A Dieu ne plaise qu'aucun État protestant refuse jamais aux doctrines catholiques-romaines la plus complète liberté ! Sans doute nous désirons qu'il y ait réciprocité ; nous demandons que l'ultramontanisme ne jette plus en prison d'humbles fidèles qui cherchent leur consolation et celle de leurs amis dans les saintes Écritures. Mais quand même un déplorable fanatisme continuerait à ramener dans le dix-neuvième siècle les scènes lugubres du moyen âge, nous persisterions à demander que la plus complète liberté, non seulement de conscience, mais de culte, fût garantie dans les États protestants aux catholiques-romains. Nous le demanderions à cause de la justice, dont l'injustice de nos adversaires ne peut nous faire oublier les immuables lois ; nous le demanderions pour le triomphe final de la vérité ; car si nos réclamations ne sont pas utiles, peut-être qu'avec le secours de Dieu notre exemple le sera. Quand il y a deux mondes en présence, dans l'un desquels se trouve la lumière et dans l'autre les ténèbres, ce sont les ténèbres qui doivent s'évanouir devant la lumière, et non la lumière qui doit céder aux ténèbres. Il y a plus ; nous voudrions que loin de gêner en rien les catholiques anglais, on les aidât au contraire à être encore plus libres qu'ils ne le sont, à récupérer des droits dont l'évêque romain les a dépouillés dans des temps postérieurs à l'établissement de la papauté, par exemple l'élection des évêques et des pasteurs, qui appartient au clergé et au peuple. En effet, Cyprien écrivant à un évêque de Rome (Corneille), demandait pour la légitimité de l'élection épiscopale trois éléments : « La vocation de Dieu, le suffrage du peuple, et le consentement des co-évêques (co-episcoporum)b. » Et le concile de Rome de l'an 1080 disait lui-même : « Il faut que le clergé et le peuple, avec le consentement du siège apostolique ou du métropolitain, se choisissent un pasteur selon Dieuc. » Dans les jours où nous sommes, qui se distinguent par une grande liberté, l'Église sera-t-elle moins libre qu'elle ne l'était au moyen âge ?
Mais si nous ne craignons pas de réclamer pour les catholiques les droits de l'Église des premiers siècles, et une liberté plus grande que celle qu'ils ont à cette heure, même dans les pays de la papauté, faudra-t-il dire pour cela que l'État, soit sous Édouard III, soit plus tard, n'eût dû opposer aucune barrière aux invasions romaines ? S'il est dans l'esprit et dans l'essence de la papauté de franchir les limites religieuses et d'entrer dans le domaine politique, alors pourquoi trouver étrange que l'État cherche à se défendre quand on vient l'attaquer sur son propre terrain ? L'État n'aurait-il aucune précaution à prendre contre un pouvoir qui a prétendu être suzerain de l'Angleterre, qui en a donné en conséquence la couronne à un monarque français, qui a obtenu d'un roi anglais le serment de vasselage, et qui pose comme premier dogme son infaillibilité, et son immutabilité ? Si le pape veut porter atteinte, de manière quelconque, aux droits de l'État, alors que l'État lui résiste avec une sagesse éprouvée et une inébranlable fermeté. Gardons-nous d'un ultra-spiritualisme qui oublie les enseignements de l'histoire et méconnaît les droits des peuples et des rois. S'il se trouve chez des théologiens, c'est une erreur ; si chez des hommes d'État, c'est un danger.
Enfin, et cette considération relève nos espérances, il est un quatrième motif qui donne à cette heure une importance particulière à l'histoire que nous allons raconter. La Réformation entre maintenant dans une phase nouvelle. Le mouvement du seizième siècle s'était ralenti pendant le dix-septième et le dix-huitième, et ce fut souvent à des Églises plongées dans la mort que l'historien dut alors raconter cette grande vivification. Il n'en est plus de même. Un mouvement nouveau et plus vaste succède, après trois siècles, à celui que nous décrivons dans ces volumes. Les principes de la régénération religieuse que Dieu accomplit il y a trois cents ans, sont portés maintenant jusqu'au bout du monde, avec une grande énergie. La tâche du seizième siècle se représente au dix-neuvième ; mais plus dégagée du pouvoir séculier, plus spirituelle, plus universelle ; et c'est principalement de la race anglo-saxonne que Dieu se sert pour accomplir cette œuvre œcuménique. La Réforme anglaise acquiert donc de nos jours une importance spéciale.
L'œuvre commencée au temps des apôtres, renouvelée au temps des réformateurs, doit être reprise partout de nos jours avec un saint enthousiasme ; et cette œuvre est bien simple et bien belle, car elle consiste à établir, dans l'Église et sur la terre, le trône de Jésus-Christ.
La foi évangélique ne place pas sur le trône de l'Église la raison humaine ou la conscience religieuse, comme quelques-uns le veulent. Elle y place Jésus-Christ, qui est à la fois la science enseignée et le docteur qui l'enseigne ; qui explique sa Parole, par sa Parole, et par les lumières de son Saint-Esprit ; qui rend par elle témoignage à la vérité, c'est à dire à sa Rédemption, et enseigne les lois essentielles qui doivent régir la vie intérieure de ses disciples. La foi évangélique fait appel à l'intelligence, au cœur et à la volonté de chaque chrétien, mais pour leur imposer le devoir de se soumettre à l'autorité divine de Jésus-Christ, d'écouter, de croire, d'aimer, de comprendre et d'agir, comme Dieu le demande.
La foi évangélique ne place pas sur le trône de l'Église la puissance civile, le magistrat séculier. Elle y place Jésus-Christ, qui a dit : Je suis Roi ; qui communique à ses sujets le principe de la vie, qui établit son royaume ici-bas, le conserve, le développe, et qui dirigeant toutes les choses humaines, fait maintenant la conquête progressive du monde, en attendant qu'il exerce en personne son divin empire dans le royaume de sa gloire.
La foi évangélique, enfin, ne place pas sur le trône de l'Église les prêtres, les conciles, les docteurs et leurs traditions, — ce vice-Dieu (Veri Dei vicem gerit in terris, comme dit la glose romaine), ce pontife infaillible, qui renouvelant les erreurs des païens, attribuent le salut aux opérations du culte et aux œuvres méritoires de l'homme. Elle y place Jésus-Christ, le grand Pontife de son peuple, le Dieu-homme, qui par un acte de son libre amour a porté à notre place dans son sacrifice expiatoire la peine du péché, a enlevé la malédiction de dessus nos têtes, et s'est fait par là même le créateur d'une race nouvelle.
Telle est l'œuvre essentielle du christianisme, que l'âge apostolique transmit aux réformateurs, et qu'il transmet maintenant aux chrétiens du dix-neuvième siècle. Tandis que les pensées d'un grand nombre s'égarent au milieu des rites, des prêtres, des élucubrations de l'homme, des fables pontificales, des rêveries philosophiques, et s'agitent dans la poussière de ce monde, la foi évangélique s'élève jusqu'aux cieux, et se prosterne devant Celui qui est assis sur le trône.
La Réformation, c'est Jésus-Christ.
« A qui irions-nous, Seigneur, si ce n'est à toid ? » Que d'autres suivent leurs propres imaginations, se prosternent devant des superstitions traditionnelles, ou baisent les pieds d'un homme pécheur… ô Roi de gloire ! nous te voulons Toi seul !
Les puissances célestes qui depuis les premiers âges du christianisme avaient sommeillé dans l'humanité se réveillent au seizième siècle, et ce réveil enfante les temps modernes. L'Église est créée de nouveau et de cette création émanent les grands développements des lettres, des sciences, de la morale, de la liberté, de l'industrie, qui caractérisent de nos jours les nations de la chrétienté. Rien de tout cela n'eût existé sans la Réformation. Il faut à l'humanité, quand elle entre dans une ère nouvelle, le baptême de la foi. Au seizième siècle Dieu donna à l'homme cette consécration d'en haut, en le ramenant de la profession extérieure et du mécanisme des œuvres à la foi extérieure et vivante.
Ce ne fut pas sans luttes que cette transformation s'opéra. Ces luttes offrirent d'abord une remarquable unité. Au jour de l'attaque, une seule et même pensée anima tous les esprits ; après la victoire ils se divisèrent. L'unité de la foi subsista, mais la diversité des nationalités amena dans l'Église la diversité des formes ; nous allons en voir un grand exemple. La Réformation, qui avait commencé sa marche triomphante en Allemagne, en Suisse, en France et dans quelques autres contrées continentales, devait recevoir une force nouvelle par la conversion d'une île célèbre longtemps connue par son zèle pour Rome. Cette île allait joindre son drapeau au faisceau d'armes du protestantisme ; mais ce drapeau devait conserver ses propres couleurs. Quand l'Angleterre se réforma, ce fut une puissante individualité qui vint se rattacher à la grande unité.
Si nous recherchons les traits qui caractérisent la Réformation de la Grande-Bretagne, nous trouvons que plus qu'aucune autre elle eut un caractère social, national et véritablement humain ; il n'est aucun peuple où la Réformation ait produit au même degré cette moralité, cet ordre, cette liberté, cet esprit public, cette activité, qui sont les éléments essentiels de la grandeur d'une nation. Autant la papauté a abaissé la péninsule Ibérique, autant l'Évangile a élevé les îles Britanniques. L'étude que nous commençons offre donc un intérêt tout particulier. Cette étude, pour être utile, doit avoir un caractère d'universalité. Vouloir resserrer l'histoire d'un peuple dans l'espace de quelques années, et même d'un siècle, serait ôter à cette histoire la vérité et la vie. Nous aurions ainsi des traditions, des chroniques, des légendes ; nous n'aurions pas d'histoire. L'histoire est un organisme merveilleux, dont aucune partie ne doit être retranchée. Pour comprendre ce qui est, il faut connaître ce qui a été. L'humanité, comme l'homme lui-même, a une enfance, une jeunesse, un âge mûr, une vieillesse. L'humanité ancienne ou païenne, qui avait passé son enfance dans l'Orient au milieu des peuples anté-helléniques, eut sa jeunesse dans l'époque animée des Grecs, son âge viril dans les temps sérieux de la grandeur de Rome, et sa vieillesse sous la décadence de l'empire. L'humanité moderne a passé par des âges analogues ; elle parvient, lors de la Réformation, à celui de l'homme fait. Nous allons parcourir rapidement les destinées de l'Église d'Angleterre, dès les premiers temps du christianisme. Ces longues et lointaines préparations sont un des caractères distinctifs de sa réformation.
Cette Église passa avant le seizième siècle par deux grandes phases.
La première fut celle de sa formation ; la seconde celle de sa déformation.
Dans sa formation, elle fut apostolique orientale.
Dans sa déformation, elle fut successivement papiste nationale et papiste royale.
Après ces deux degrés de décadence, vint la dernière et grande phase de la Réformation.
Des navires partis de l'Asie Mineure, de la Grèce, d'Alexandrie, ou des colonies grecques des Gaules, se dirigeaient, au second siècle de l'ère chrétienne, vers les rives sauvages de la Bretagne. Au milieu de marchands avides, occupés à calculer les bénéfices qu'ils faisaient sur les produits de l'Orient dont leurs bâtiments étaient chargés, se trouvaient quelques hommes pieux, venus des bords du Méandre ou de l'Hermus, qui s'entretenaient paisiblement de la naissance, de la vie, de la mort, de la résurrection de Jésus de Nazareth ; et se réjouissaient de sauver par cette bonne nouvelle quelques-uns des païens vers lesquels ils se rendaient. Il paraît que quelques Bretons, prisonniers de guerre, ayant appris à connaître Christ pendant leur captivité, apportèrent aussi à leurs compatriotes la connaissance de ce Sauveur. Il se peut enfin que des soldats chrétiens, des Corneilles de ces armées impériales, dont les postes avancés arrivaient jusqu'au midi de l'Écosse, désireux de conquêtes plus durables, récitassent aux peuples qu'ils avaient soumis, les Écritures de Matthieu, de Jean et de Paul. Il importe peu de savoir si l'un des premiers convertis fut, comme on le dit, un prince nommé Lucius. Ce qui est certain, c'est que la nouvelle du Fils de l'Homme, crucifié et ressuscité sous Tibère, se répandit dans ces îles avec plus de rapidité que la domination même des empereurs, et qu'avant la fin du second siècle, des Églises adoraient Jésus-Christ au delà des murs d'Adrien, dans ces montagnes, ces bocages, ces Hébrides, que les druides remplissaient depuis des siècles de leurs mystères et de leurs sacrifices, et que les aigles romaines elles-mêmes n'avaient jamais atteintse. Ces Églises se formèrent d'après le type de l'Orient ; les Bretons se fussent sans doute refusés à recevoir le type de cette Rome dont ils détestaient le joug.
La première chose que les chrétiens bretons reçurent de la capitale de l'empire, fut la persécution. Mais Dioclétien, en frappant dans la Grande-Bretagne les disciples de Jésus-Christ, en augmenta le nombref. Plusieurs chrétiens de la partie méridionale de l'île se réfugièrent en Ecosse, y construisirent d'humbles demeures, et, connus sous le nom de Culdées, y prièrent pour le salut de ce peuple. En voyant la sainteté de ces hommes de Dieu, des païens abandonnèrent en grand nombre leurs chênes sacrés, leurs grottes mystérieuses, leurs autels sanglants, et obéirent aux douces paroles de l'Évangile. Après la mort de ces pieux réfugiés, leurs cellules furent transformées en templesg. En 305, Constance Chlore, parvenu au trône des Augustes, mit fin à la persécution.
Le christianisme qui fut apporté à ces peuples par des marchands, des soldats, des évangélistes, sans être le catholicisme ecclésiastique qui commençait alors dans l'empire romain, n'était sans doute pas l'évangélisme primitif des apôtres. L'Orient et le Midi ne pouvaient donner au Nord que ce qu'ils avaient eux-mêmes. Or, à la période créatrice et miraculeuse de l'Église, avait succédé la période humaine. Après les manifestations extraordinaires de l'Esprit-Saint, qui avaient produit le siècle apostolique, l'Église avait été laissée aux forces intimes de la Parole et du Consolateur. Mais les chrétiens ne comprirent point en général la vie spirituelle à laquelle ils étaient appelés. Dieu avait voulu leur donner une religion divine ; et ils en vinrent peu à peu à l'assimiler presque aux religions humaines. Au lieu de dire, dans l'esprit de l'Évangile : la Parole de Dieu d'abord, et par elle la doctrine et la vie ; la doctrine et la vie d'abord, et par elles les formes ; ils en vinrent à dire : les formes d'abord, et par les formes le salut. Ils attribuèrent aux évêques un pouvoir qui n'appartient qu'à la sainte Écriture ; au lieu de ministres de la Parole, ils voulurent avoir des prêtres ; au lieu d'un sacrifice intérieur, un sacrifice fait sur l'autel ; au lieu d'une Église vivante, des temples magnifiques. Ils se mirent à chercher dans les hommes, dans les cérémonies, dans les lieux saints, ce qu'ils devaient trouver dans la Parole et dans la foi vivante des enfants de Dieu. Ainsi, au christianisme évangélique succéda le catholicisme, et le catholicisme à son tour, par une dégénération graduelle, produisit plus tard la papauté.
Ce fut en Orient, en Afrique, en Italie que s'accomplit surtout cette fatale transformation. La Grande-Bretagne en fut d'abord relativement exempte. Au milieu des invasions sauvages des Scots et des Pictes, qui, s'élançant des contrées païennes de l'Ecosse et de l'Irlande, et se jetant dans de légers navires, portaient partout l'épouvante et réduisaient en esclavage des troupes de prisonniers, nous découvrons çà et là quelque chrétien, humble et intérieur, qui reçoit le salut, non par un sacramentalisme clérical, mais par l'œuvre du Saint-Esprit dans le cœur. La fin du quatrième siècle nous en fournit un illustre exemple.
Sur les rives pittoresques de la Clyde, non loin de Glasgow, au village chrétien de Bonavern, maintenant Kil-Patrick, s'ébattait alors un jeune garçon à l'âme tendre, doué d'un esprit vif, d'une infatigable activité. Né vers l'an 372, à Boulogne, dit-on, il avait été nommé Succath. Son père, Calpornius, diacre de l'église de Bonavern, homme simple et pieux, et sa mère Conchessa, sœur du célèbre Martin de Toursi, supérieure aux femmes de son siècle, s'étaient appliqués à faire pénétrer dans son cœur les doctrines chrétiennes ; mais Succat ne les avait point comprises. Plein de vigueur, il aimait le plaisir et se plaisait à entraîner après lui les jeunes gens de son âge. Au milieu de ses dissipations, il tomba dans une faute grave. Plus tard, ses parents ayant quitté l'Écosse, et s'étant établis avec leurs enfants dans l'Armorique (Bretagne gauloise), un malheur vint porter la désolation sous leur toit. Un jour que Succat se trouvait près de la mer, avec deux de ses sœurs, des pirates irlandais, conduits par O'Neal, l'enlevèrent ainsi que Lupita et Tigris ses sœurs, les transportèrent malgré leurs cris dans une barque et les vendirent en Irlande à un chef de ces peuplades païennes. Succat fut envoyé aux pâturages pour garder les pourceauxj. Alors seul dans ces campagnes désertes, sans prêtres, sans temples, le jeune esclave se rappela ces Écritures de Dieu, que sa pieuse mère lui avait souvent récitées ; il sentit la faute qu'il avait commise et qui pesait lourdement nuit et jour sur son âme coupable ; il poussa des soupirs, il versa des pleurs. Repentant, il se tourna vers le doux Sauveur, dont Conchessa lui avait tant parlé, il tomba à ses pieds dans cette île païenne, et crut sentir les bras d'un père qui relevait l'enfant prodigue. Succat naquit alors d'en haut, mais par un agent tellement spirituel, tellement intérieur, qu'il ne savait ni d'où il venait ni où il allait. L'Évangile fut écrit du doigt de Dieu sur la table de son cœur. « J'avais seize ans, dit-il, et je ne connaissais pas le vrai Dieu ; mais le Seigneur, dans cette terre étrangère, ouvrit mon es prit incrédule, et, quoique tard, je me rappelai mes péchés et me convertis de tout mon cœur au Seigneur mon Dieu, qui regarda à ma bassesse, eut pitié de ma jeunesse et de mon ignorance, et me consola comme un père console son enfantk. » Ces paroles d'un esclave gardant ses troupeaux au milieu des prairies d'Érin, nous font connaître le christianisme qui, au quatrième et au cinquième siècle, convertit beaucoup d'âmes dans les îles Britanniques. Rome y établit plus tard le règne du prêtre et le salut par les signes, indépendamment des dispositions du cœur ; mais la religion primitive de ces îles célèbres fut le christianisme vivant, dont le contenu est la grâce de Jésus-Christ, et dont la puissance est la grâce du Saint-Esprit. Le berger des bords de la Clyde faisait alors les expériences qu'ont faites après lui, dans ces mêmes îles, tant de chrétiens évangéliques. L'amour de Dieu croissait de plus en plus en moi, dit-il, avec la foi et la crainte de son nom. « L'Esprit me poussait tellement, que dans un seul jour, je faisais jusqu'à cent prières. Et même pendant la nuit, dans les forêts et sur les montagnes où je gardais mon troupeau, la pluie, la neige, la gelée et les souffrances que j'endurais me poussaient à chercher Dieu. Il n'y avait point en moi cette nonchalance que j'y vois à cette heure ; l'Esprit bouillonnait dans mon cœurl. » L'évangélisme vivait alors aux îles Britanniques dans la personne de cet esclave et chez d'autres chrétiens créés d'en haut comme lui et avant lui.
Deux fois captif et deux fois délivré, Succat, de retour dans sa famille, sentit dans son cœur un irrésistible appel. Il faut qu'il aille porter l'Évangile à ces païens de l'Irlande, au milieu desquels il a trouvé Jésus-Christ. En vain, ses parents et ses amis s'efforcent-ils de le retenir ; cet ardent désir le poursuit dans ses rêves ; il croit entendre pendant la nuit des voix sortant des forêts d'Érin, qui lui crient : « Viens, ô saint enfant, et demeure de nouveau parmi nous ! » Il se réveille tout en larmes, et le cœur plein des plus vives émotionsm. Il s'arrache des bras de ses parents ; il s'élance, non comme il faisait autrefois, quand, avec ses compagnons de jeu, il allait escalader la cime de quelques monts, mais avec un cœur plein de la charité de Christ ; il part. « Cela ne se fit pas dans ma propre force, dit-il, ce fut Dieu qui surmonta tout. »
Succat, que l'on appela plus tard Patrick, et au nom duquel, comme à celui de saint Pierre et d'autres serviteurs de Dieu, on a rattaché bien des superstitions, retourna en Irlande, mais sans passer par Rome, comme l'a prétendu un historien du douzième sièclen. Toujours vif, prompt, ingénieux, il rassemblait dans les champs ces peuplades païennes, en battant des timbales, puis il leur racontait, dans leur propre langue, l'histoire du Fils de Dieu. Bientôt ces simples récits exercèrent sur ces esprits grossiers leur divine puissance. Beaucoup d'âmes se convertirent par la prédication de la Parole de Dieu, et non par des sacrements extérieurs ou par l'adoration des images. Le fils d'un seigneur, que Patrick nomma Bénignus, apprenait de lui à prêcher l'Evangile et devait un jour lui succéder. Dubrach Mac Valubair, barde de la cour, chantait, non plus des hymnes druidiques, mais des cantiques adressés à Jésus-Christ. Patrick ne fut pas complètement à l'abri des erreurs de son siècle ; peut-être crut-il à de pieux miracles, mais en général c'est l'Evangile que nous rencontrons dans les premiers temps de l'Eglise britannique. Un jour l'Irlande sentira sans doute de nouveau la puissance du Saint-Esprit qui la convertit alors par le ministère d'un Ecossais.
Peu avant l'évangélisation de Patrick en Irlande, un Breton, nommé Pélage, s'étant rendu en Italie, en Afrique et jusqu'en Palestine, y avait soutenu une doctrine étrange. Voulant combattre le relâchement moral dans lequel la plupart des chrétiens de ces contrées étaient tombés et qui contrastait, ce semble, avec la rigidité britannique, il avait nié le péché originel, exalté le libre arbitre et prétendu que si l'homme faisait usage de toutes les forces de sa nature, il atteindrait la perfection. On ne voit pas qu'il ait enseigné ces doctrines dans sa patrie ; mais du continent, où il les avait répandues, elles revinrent dans la Grande-Bretagne. Alors les Églises britanniques refusèrent de recevoir ce dogme pervers, dit leur historien, et de blasphémer ainsi la grâce de Jésus-Christo. » Elles ne paraissent pas avoir eu la doctrine stricte de saint Augustin ; elles croyaient bien que l'homme a besoin d'un changement intérieur, et qu'une force divine seule peut l'accomplir ; mais comme les Églises d'Asie, dont elles étaient issues, elles semblent avoir accordé quelque chose à la force naturelle dans l'œuvre de la conversion ; et Pélage, dans une bonne intention, paraît-il, était allé encore plus loin. Quoi qu'il en soit, ces Églises, étrangères à cette controverse, n'en connaissaient pas toutes les subtilités ; deux évêques gaulois, Germain et Loup, vinrent donc à leur aide, et « ceux qui avaient été pervertis rentrèrent dans la voie de la véritép. »
Peu après, des événements d'une haute importance se passèrent dans la Grande-Bretagne, et la lumière de la foi disparut devant une nuit profonde. En 430, Hengist, de Horsa, et leurs Anglo-Saxons, appelés par les habitants, que désolaient les irruptions des Pictes et des Scots, tournèrent presque aussitôt leur glaive contre le peuple qui avait imploré leur secours, et l'est et le midi de la Grande-Bretagne furent remplis de pillage et de sang. Le christianisme fut généralement refoulé avec les Bretons dans le pays de Galles et les montagnes de Cornouailles et du Northumberland. De nombreuses familles bretonnes restèrent, il est vrai, au milieu des vainqueurs, mais sans avoir sur eux d'influence religieuse. Tandis que les races conquérantes établies à Paris, à Ravenne, à Tolède, déposaient peu à peu leur paganisme et leur barbarie sur les rives de la Seine, de l'Adriatique et du Tage, les mœurs sauvages des Saxons régnaient sans s'adoucir dans les royaumes de l'Heptarchie, et partout des temples de Thor remplaçaient les églises où l'on adorait Jésus-Christ. Les Gaules et le sud de l'Europe, qui présentaient encore aux Barbares les derniers trophées de la grandeur romaine, avaient seuls la puissance d'inspirer quelque respect aux redoutables Germains et de transformer leur foi. Dès lors, les Grecs, les Latins, et même les Goths convertis, regardèrent de loin cette île fabuleuse, avec une indicible horreur. La terre, disait-on, y est couverte de serpents ; l'air y est rempli d'exhalaisons mortelles ; les esprits des morts y sont transportés à minuit des rives de la Gaule. Des bateliers, fils, comme Caron, de l'Érèbe et de la Nuit, passent dans leur barque ces ombres invisibles, dont ils entendent en frissonnant les chuchotements mystérieux. L'Angleterre, d'où la vie devait un jour se répandre dans le monde habitable, était alors le rendez-vous des morts. Toutefois le christianisme des îles Britanniques ne devait pas être anéanti par les invasions des barbares ; il y avait en lui une force qui le rendait capable d'une résistance énergique.
Au milieu des Églises que la prédication de Succat avait formées, se trouvait, environ deux siècles après lui, un homme pieux, Colomba, fils de Feidlimyd, fils de Fergus. Estimant la croix de Jésus-Christ plus que le sang royal qui coulait dans ses veines, il avait résolu de se donner à ce Roi du ciel. Ne rendra-t-il pas au pays d'où est venu Succat ce que Succat a apporté au sien ? J'irai, dit-il, prêcher en Écosse la Parole de Dieuq ; » car c'était de la Parole de Dieu et non d'un hiérarchisme ecclésiastique qu'il s'agissait alors. Le petit-fils de Fergus fait passer le feu qui l'anime dans le cœur de quelques chrétiens ; ils se rendent sur le bord de la mer, coupent les branches flexibles d'un saule, en construisent un frêle bateau, le recouvrent des peaux de quelques bêtes, puis se placent dans cet esquif grossier (c'était l'an 565), et cette troupe de missionnaires, ballottée par l'Océan, arrive dans les eaux des Hébrides. Colomba s'arrêta près des stériles rochers de Mull, au midi des grottes basaltiques de Staffa, et s'établit dans une petite île, qui fut nommée « l'île de la cellule de Colomba, » I-Colm-Kill ou loua. Des Culdées chrétiens, chassés par les luttes des Pictes et des Scots, s'y étaient déjà réfugiés. Le missionnaire y éleva une chapelle dont les murailles, dit-onr, existent encore, au milieu des ruines plus majestueuses d'un âge postérieur. Quelques auteurs ont placé Colomba au premier rang après les apôtress. On ne trouve pas, il est vrai, en lui la foi d'un Paul ou d'un Jean ; mais il vivait en la présence de Dieu ; il traitait durement son corps ; il couchait, dit-on, sur la terre, n'ayant qu'une pierre pour oreiller ; et au milieu de ces mœurs si rudes, de ces scènes si graves, la figure du missionnaire, éclairée par le soleil divin, rayonnait d'amour et manifestait la joie et la sérénité de son âmet. Sujet aux mêmes passions que nous, il luttait contre ses faiblesses, et ne voulait pas qu'un moment fût perdu pour la gloire de Dieu ; il priait, il lisait, il écrivait, il enseignait, il prêchait, il rachetait le temps. D'un infatigable activité, il allait de maison en maison et de royaume en royaume. Le roi des Pictes fut converti ; beaucoup de ses sujets le furent de même ; de précieux manuscrits furent transportés à Iona ; une école théologique y fut établie ; la Parole y fut étudiée, et plusieurs y reçurent par la foi le salut qui est en Jésus-Christ. Bientôt l'esprit missionnaire souffla sur ce rocher de l'Océan fécondé par l'Irlande, nommé à juste titre, « la lumière du monde occidental. »
Le sacerdotalisme judaïque qui commençait à s'établir dans l'Église chrétienne ne domina point à Iona ; il y avait des formes, mais ce n'était pas en elles que l'on cherchait la vie ; c'était l'Esprit-Saint qui faisait, selon Colomba, un serviteur de Dieu. Quand les jeunes fils de la Calédonie se réunissaient autour des anciens, sur ces rives sauvages ou dans l'humble chapelle : « La sainte Écriture, leur disaient ces ministres du Seigneur, est la règle uni que de la foiu. Rejetez tout mérite des œuvres, et n'attendez votre salut que de la grâce de Dieuv. Gardez-vous d'une religion qui consiste dans des pratiques extérieures ; il vaut mieux conserver son cœur pur devant Dieu, que s'abstenir des viandesw. Un seul est votre chef, Jésus-Christ. Les évêques et les presbyters sont égauxx ; ils doivent être maris d'une seule femme et tenir leurs enfants dans la soumissiony.
Ces sages de Iona ne connaissaient ni la transsubstantiation, ni le retranchement de la coupe dans la sainte cène, ni la confession auriculaire, ni l'invocation des morts, ni les cierges, ni l'encens ; ils célébraient la Pâque un autre jour qu'à Romez ; des assemblées synodales y réglaient les intérêts de l'Église, et la primauté papale y était inconnuea. Le soleil de l'Évangile éclairait ces rives sauvages. Un jour, la Grande-Bretagne devait retrouver avec un éclat plus pur le même soleil et le même Évangile.
Iona, présidée par un simple ancienb, était devenue une maison missionnaire ; on l'a appelée quelquefois un monastère, mais l'habitation du petit-fils de Fergus, ne ressemblait point aux couvents de la papauté. Quand les jeunes disciples qui l'habitaient voulurent répandre la connaissance du Christ, ils ne pensèrent point à quitter ces lieux pour chercher ailleurs une consécration épiscopale. A genoux dans la chapelle d'I-Colm-Kill, ils furent mis à part par l'imposition des mains des anciens, ils furent appelés évêques, et ils restèrent soumis à l'ancien ou presbyter de Iona. Ils consacrèrent même d'autres évêques ; ainsi Finan imposa les mains à Diuma, évêque de Middlesex. Ces chrétiens bretons attachaient une grande importance au ministère ; mais non à ce qu'il existât sous une forme plutôt que sous une autre. Presbytérat et épiscopat étaient pour eux, comme pour l'Église primitivec, presque identiques. — Plus tard encore, ni Bède le Vénérable, ni Lanfranc, ni Anselme (ces deux derniers, archevêques de Cantorbéry), ne firent aucune objection aux consécrations d'évêques bretons faites par de simples presbytersd