Histoire des peuples BRETONS - Aurélien De Courson de la Villeneuve - E-Book

Histoire des peuples BRETONS E-Book

Aurélien De Courson de la Villeneuve

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Beschreibung

Aurélien De Courson de la Villeneuve nous offre une plongée passionnante dans l’Histoire des peuples BRETONS, des premières conquêtes romaines dans la Gaule jusqu’au rattachement au Royaume de France, en passant par la révolte des Bretons insulaires et des Armoricains. L’auteur traite également du druidisme et des mœurs, des usages, du gouvernement des Bretons insulaires, depuis l’an 55 avant Jésus-Christ jusqu’au cinquième siècle de l’ère chrétienne. Ce texte clair et bien documenté, comporte de très nombreuses notes de bas de pages qui viennent enrichir considérablement un contenu déjà fort intéressant. 
Un ouvrage essentiel pour mieux comprendre la culture bretonne, ses origines et les dates clés de la constitution de cette grande nation celtique.

SOMMAIRE :
AVANT-PROPOS 
CHAPITRE PREMIER. — Les Celtes et les Gaulois étaient-ils le même peuple ?
CHAPITRE II. — Les Bretons appartiennent-ils à la race gauloise ? Examen critique des textes anciens et des traditions nationales à ce sujet.
CHAPITRE III. — Le Breton, dialecte gaulois. - Persistance de cette langue. - Elle a contribué, par le contact, à l’altération du latin dans les Gaules. - Cette altération constatée.
CHAPITRE IV. — Le Druidisme à l’époque de la conquête et, plus tard, sous les empereurs. 
CHAPITRE V. — De l’état social et des institutions politiques de la Gaule avant la conquête romaine. 
CHAPITRE VI. — Premières conquêtes des Romains dans la Gaule.
CHAPITRE VII. — Avènement de Tibère. - Révolte de Florus et de Sacrovir…
CHAPITRE VIII. — De l’état social de la Gaule depuis la conquête romaine jusqu’à la révolte de l’Armorique en 409.
CHAPITRE IX. — Exupérantius s’efforce de ramener à l’obéissance les Armoricains révoltés ; expédition de Littorius contre cette confédération…
CHAPITRE X. — L'île de Bretagne.
CHAPITRE XI. — Mœurs, usages, gouvernement des Bretons insulaires, depuis l’an 55 avant Jésus-Christ jusqu’au cinquième siècle de l’ère chrétienne.
CHAPITRE XII. — Observations sur les coutumes des Germains et des anciens Bretons.

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Histoire des peuples BRETONS

Aurélien De Courson de la Villeneuve

Alicia Editions

Table des matières

AVANT-PROPOS

CHAPITRE PREMIER. — Les Celtes et les Gaulois étaient-ils le même peuple ?

CHAPITRE II. — Les Bretons appartiennent-ils à la race gauloise ? Examen critique des textes anciens et des traditions nationales à ce sujet.

CHAPITRE III. — Le Breton, dialecte gaulois. - Persistance de cette langue. - Elle a contribué, par le contact, à l’altération du latin dans les Gaules. - Cette altération constatée.

CHAPITRE IV. — Le Druidisme à l’époque de la conquête et, plus tard, sous les empereurs.

CHAPITRE V. — De l’état social et des institutions politiques de la Gaule avant la conquête romaine.

CHAPITRE VI. — Premières conquêtes des Romains dans la Gaule.

CHAPITRE VII. — Avènement de Tibère. - Révolte de Florus et de Sacrovir…

CHAPITRE VIII. — De l’état social de la Gaule depuis la conquête romaine jusqu’à la révolte de l’Armorique en 409.

CHAPITRE IX. — Exupérantius s’efforce de ramener à l’obéissance les Armoricains révoltés ; expédition de Littorius contre cette confédération…

CHAPITRE X. — L'île de Bretagne.

CHAPITRE XI. — Mœurs, usages, gouvernement des Bretons insulaires, depuis l’an 55 avant Jésus-Christ jusqu’au cinquième siècle de l’ère chrétienne.

CHAPITRE XII. — Observations sur les coutumes des Germains et des anciens Bretons.

AVANT-PROPOS

Pendant longtemps, les antiquités grecques et romaines ont seules attiré l’attention des savants. Pourquoi mépriser ainsi celles, plus intéressantes peut-être, que renferme notre pays ? Tous les livres, tous les manuscrits commentés par l’érudition ; tous les monuments de l’Asie visités par l’élite des savants français, ont-ils donc fourni de si précieux renseignements sur nos origines, que nous puissions dédaigner les rares débris que les siècles ont laissés sur notre sol ? Où est donc le système qui, jusqu’ici, ait paru rallier toutes les opinions ? Les théories ne manquent pas ; bien loin de là ; mais elles pèchent toutes par la base, c’est-à-dire, par l’absence de termes de comparaison. Si l’on veut enfin avoir sur la Gaule des notions exactes et complètes, il serait à propos de ne rien négliger de ce qui nous reste de son passé. Or, nous ne craignons pas d’affirmer due c’est dans l’Armorique, terre toute gauloise encore de mœurs, de coutumes, de langage, qu’il faut chercher l’ancienne organisation des Gaules. Là, malgré les siècles et les révolutions, se retrouvent les monuments des différentes époques gauloises ; là se parle une langue antique, altérée sans doute dans ses formes usuelles, mais pure dans ses racines ; là enfin existent des traditions complètement effacées ailleurs.

Qui sait si les savants n’auraient pas trouvé sur notre sol ce qu’ils ont vainement cherché ailleurs, et si l’étude de nos dialectes et de nos coutumes n’auraient pas révélé aux Burnouf aux Fauriel, aux Pardessus, tout un côté ignoré de notre histoire ?

Sans doute, la science de l’homme ne parviendra jamais à dissiper complètement les ténèbres que Dieu a placées autour du berceau des nations ; mais les recherches récentes de la philologie et les travaux de quelques jurisconsultes sur les législations anciennes, n’ont-ils pas déjà jeté sur le passé des lumières inattendues ? L’exploration des vieux monuments de l’Armorique et du pays de Galles produirait, nous en sommes convaincu, des résultats non moins importants. Pourquoi donc une œuvre aussi belle n’a-t-elle pas tenté l’un de ces jeunes savants qui, passionnés comme des poètes, s’efforcent de reconstruire et les vieilles langues et les vieilles législations des peuples disparus ? Cette œuvre, nous le reconnaissons, n’est pas moins difficile à réaliser que glorieuse à entreprendre. Pour les hommes dont nous venons clé parler, c’est une raison d’oser ; pour nous, c’est une raison de nous abstenir.

Voilà ce que j’écrivais en 1840, dans un livre soumis au jugement de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Depuis, encouragé par le bienveillant suffrage de la savante compagnie, je me suis senti le courage d’entreprendre la tâche devant laquelle reculait ma faiblesse. Le nouvel ouvrage que j’offre aujourd’hui au public renferme l’Histoire des origines et des institutions des peuples de la Gaule et de l’île de Bretagne, depuis les temps les plus, reculés jusqu’à la chute de l’empire romain. Je ne me suis dissimulé, l’en entreprenant cette œuvre si vaste, ni les obstacles que je devais rencontrer sur ma route, ni les périls auxquels je m’exposais en traitant, après tant de savants hommes, l’histoire de nos origines et de nos institutions nationales. Mais, soutenu par cet amour de la patrie, qui, dans les cœurs bretons, s’exalte de tous les souvenirs du passé, j’ai osé remonter le cours de notre histoire jusqu’à ses sources les plus reculées. Ce n’est pas tout. Frappé des similitudes qui existent entre les institutions, comme entre les idiomes des peuples, de race indo-européenne, j’ai voulu jeter un coup d’œil sur les antiquités de la Grèce, de l’Italie, de l’Espagne, de la Germanie, etc. Ce travail achevé, toutes mes recherches se sont concentrées sur deux questions fondamentales : les origines du colonat et celles de la féodalité. C’est à la solution de ces deux problèmes que j’ai consacré la plus grande partie de mon livre. Quel que soit le mérite des jurisconsultes qui ont traité ces matières avant moi, je crois les avoir envisagées à un point de vue nouveau, et d’une manière plus complète que mes devanciers. La Gaule avait été, en quelque sorte, délaissée par les historiens. J’espère que ce livre démontrera l’utilité d’études plus approfondies de ce côté.

L’histoire politique telle qu’elle est retracée dans cet ouvrage, est tirée tout entière des sources. Je me suis borné à mettre en lumière les faits qui ont eu sur les peuples une influence générale et décisive, et dont les effets ont réagi sur le développement du droit. Quant aux faits moins importants et surtout quant aux détails, j’ai renvoyés les lecteurs aux grandes histoires générales de France et d’Angleterre. J’aurais pu agrandir à volonté le cadre de ce travail ; mais loin de là, je me suis efforcé, au contraire, de le resserrer. Il faut laisser aux disciples de Vico, de Hegel et de Herder les vastes synthèses et les horizons sans limites. Pour qui n’a point leur génie, il est une méthode plus sûre : c’est celle que recommandait Aristote et qui consiste non pas à jeter un regard profond sur l’universalité des choses ; mais à étudier, suivant les expressions de Bacon, une tribu, une famille, pour découvrir la nature de la grande cité de l’univers et sa souveraine économie.

Profondément convaincu de ces vérités, que le spectacle des exagérations et des erreurs contemporaines rend plus éclatantes encore j’ai, je le répète, resserré le plan de ce livre autant qu’il dépendait de moi. Toutefois, j’ai du forcément étudier, dans leur ensemble les usages des Gaulois et des Bretons insulaires, peuples sortis du même berceau et dont les institutions se complètent les unes par les autres. Il n’était pas moins indispensable de faire ressortir les analogies qui existent entre ces institutions et celles des tribus germaniques. En effet la connaissance spéciale et exclusive des lois d’un peuple ne suffit pas pour agrandir le cercle des travaux du jurisconsulte. Les notions que peut lui procurer l’analyse la plus consciencieuse d’une législation seront toujours incomplètes, s’il n’y joint quelques notions fondamentales sur les coutumes des nations voisines. Une certaine universalité, telle du moins qu’on on peut l’espérer des forces d’un seul homme, doit nécessairement venir éclairer des études qui, isolées, n’aboutiraient qu’à de médiocres résultats. C’est ce qui explique les excursions rapides que j’ai cru devoir faire en Italie, dans la Grèce, dans la Germanie, et même dans l’Asie-Mineure.

Mon but, en recourant au droit des anciens peuples, était de lui emprunter ses lumières, afin d’éclaircir certains points de notre histoire primitive que ni l’archéologie, ni la linguistique n’ont encore pu mettre au grand jour. D’autres viendront après moi, je l’espère, qui, plus savants doués d’une plus grande faculté d’analyse, achèveront une œuvre dont il ne m’aura été donné que d’ébaucher quelques parties.

Je ne dirai qu’un mot du style de mon ouvrage j’ai fait tous mes efforts pour échapper à la contagion de la phraséologie moderne ; phraséologie mystico-nuageuse venue des pays d’outre-Rhin, à la suite de cette prétendue science qu’on a baptisée du nom pompeux de PHILOSOPHIE DE L’HISTOIRE, voire même d’HISTOIRE DE L’HISTOIRE, et qui n’est trop souvent, comme l’a fort bien dit Lingard que la philosophie du roman.

J’ignore quel sera le destin de ce livre : habent sua fata libelli ; mais j’osé espérer que mes juges les plus sévères y reconnaîtront l’œuvre d’un écrivain de conscience et d’un citoyen tout dévoué à la gloire de son pays.

PARIS, 15 mars 1843.

CHAPITRE PREMIER. — Les Celtes et les Gaulois étaient-ils le même peuple ?

L’HISTOIRE de la dispersion des peuples et de leur filiation sera toujours environnée de profondes ténèbres. Et comment en serait-il autrement ? La plupart de ces tribus, détachées de la souche commune, ne connaissaient pas l’usage de l’écriture ; et, d’ailleurs, elles ne comprenaient pas qu’il pût y avoir quelque intérêt à conserver les traditions de leur berceau. Les siècles, en s’accumulant, effacèrent donc jusqu’au souvenir de leur parenté primitive. De là, chez un grand nombre de peuples, la croyance qu’ils étaient nés sur leur propre sol ; de là aussi cette hostilité profonde qui les poussait à se combattre avec tant d’acharnement et qui, durant des siècles, a déplacé et confondu toutes leurs tribus.

Au milieu de ce pêle-mêle et de ces déplacements continuels de toutes les nations de l’ancien monde, rechercher les titres perdus du genre humain aurait dû sembler, aux esprits les plus hardis, une œuvre impossible à réaliser. Il n’en a pas été ainsi pourtant. Voici deux siècles, et plus, que les savants, comme l’Ashaverus de la légende, parcourent le monde, étudiant les pierres, les hiéroglyphes, les vieux idiomes oubliés, dans l’espoir de rétablir la généalogie des nations. Espérance vaine ! Le seul fait que la science soit parvenue à constater, c’est le rapport de proche parenté qui existe entre toutes les langues indo-européennes1.

Ce fait bien reconnu, plus d’un point nous resterait à éclaircir. Quelles sont les causes qui ont déterminé la grande émigration des tribus celtiques vers l’Occident ? Quelle route ont-elles suivie pour y parvenir ? Le nom de Celtes était-il plus étendu que celui de Gaulois ? Par quelle communauté d’origine et de mœurs les Cimmériens tenaient-ils aux habitants de l’Armorique et aux Bretons insulaires ?

Nous ne nous permettrons pas, toutefois, de hasarder ici la solution de ces grands problèmes qui en embrassent tant d’autres. Les conclusions à priori, et par voie de simple synthèse, nous paraissent indignes de la gravité de l’histoire. Ce qui nous importe, d’ailleurs, ce sont les origines des peuples qui habitèrent l’Armorique gauloise et les rivages, de l’île de Bretagne.

Deux questions exigent, tout d’abord de notre part, une étude sérieuse 1° les Celtes et aient-ils le même peuple que les Gaulois ? 2° cette identité n’étant pas admise, y avait-il, du moins, parenté entre ces deux nations ?

I. Commençons par classer tous les témoignages que les anciens nous ont laissés, sur nos ancêtres ; puis, nous nous efforcerons de faire disparaître la confusion qui résulte du mélange de tous ces textes. Notre point de départ sera ce principe de critique, dont personne, sans doute, ne contestera la justesse : Un peuple n’a jamais qu’un seul nom national, et ce nom est celui qu’il porte avec lui dans toutes les colonies qu’il va fonder. Ainsi le nom des émigrés d’un pays est toujours le même que celui des habitants de la métropole.

Faisons immédiatement l’application de ce principe2.

1° Il y a eu, en Italie et dans l’Asie-Mineure, des colonies venues d’une contrée nommée les Gaules. Or, ces émigrés portaient le nom de Gaulois : Telle était donc la dénomination nationale de ce peuple.2° Des colonies sorties d’un pays appelé la Celtique allèrent, à une époque très reculée, s’établir en Espagne. Or, ces nouveaux venus s’appelaient les Celtes. Il faut donc en conclure que leur nom national était celui de Celtes.

Il résulte de là que les Celtes et les Gaulois ne peuvent être la même nation, à moins que l’on n’admette qu’un même peuple puisse avoir une double qualification nationale ; ce qui est impossible. Ce raisonnement nous parait inattaquable ; il nous reste à démontrer, et c’est là l’important, qu’il se concilie parfaitement avec les assertions des historiens grecs, et latins qui, en plus d’un en droit, établissent une distinction bien tranchée entre les Gaulois et les Celtes.

Plutarque écrivant à Apollonius, qu’un malheur domestique venait de frapper, lui rappelle que si, plus que les Grecs, les barbares s’abandonnent aux épanchements de la douleur, il n’en est pas ainsi chez quelques-uns de ces peuples, plus fortement trempés, tels que les Gaulois et les Celtes3. Ici, on le voit, la distinction des deux nations est nettement établie. Diogène Laërce et Appien ne sont pas moins précis. L’un nous dit que le druidisme a pris naissance chez les Galates et chez les Celtes4 ; l’autre rapporte cette tradition qui avait cours de son temps, à savoir, que du Cyclope Polyphème et de Galatée étaient nés trois fils, Celtus, Illyrius et Galas, tiges des Celtes, des Illyriens et des Gaulois5. A tous ces témoignages, on peut ajouter ceux de Ptolémée, de Dion Cassius, de Diodore de Sicile et de Strabon.

Ptolémée qui, plus que tout autre écrivain, devait chercher à atteindre, dans ses divisions géographiques, à une rigueur presque mathématique, sépare en contrées différentes la Bretagne, la Gaule, la Germanie, la Bastarnie, l’Italie, la Gallia-Togata, l’Apulie, la Sicile, la Tyrrhénie, la Celtique et l’Espagne6. Ailleurs, ce savant géographe distingue, d’une manière plus nette encore, la Gaule de la Celtique7.

Ecoutons maintenant Dion Cassius : Le Rhin, dit-il, prend sa source aux pieds des Alpes celtiques, un peu au-dessus du pays habité par les Rètes ; et de là ses eaux, coulant vers l’Occident, vont séparer la Gaule et les Gaulois, placés à sa gauche, des Celtes établis à sa droite8. Un peu plus loin, le même historien raconte que, après la défaite de Varus, Auguste fit sortir de Rome les Gaulois et les Celtes qui s’y trouvaient alors en grand nombre, les uns comme simples voyageurs, les autres en qualité de soldats des cohortes prétoriennes9. Nous lisons aussi, dans Diodore de Sicile, un passage qui établit très explicitement cette distinction des deux peuples. Il est une chose, dit-il, que plusieurs ignorent et qu’il est utile pourtant de faire connaître, c’est à savoir que les peuples qui habitent l’intérieur des terres, au-dessus de Marseille, et ceux qui sont établis autour des Alpes et en deçà des Pyrénées, s’appellent Celtes, tandis que l’on nomme Gaulois toutes les autres nations répandues, au-dessous de la région celtique, au midi, sur le littoral de l’océan, dans le voisinage de la forêt Hercynienne et, de là, jusqu’aux limites de la Scythie. Toutefois, les Romains confondent tous ces peuples dans la même dénomination de GAULOIS10.

Enfin, nous citerons, pour clore cette longue, mais indispensable série de preuves, ces quelques lignes qui terminent le chapitre troisième du livre IV de Strabon : Voilà ce que j’avais à dire des habitants de la Narbonnaise ; on leur donnait jadis le nom de Celtes, nom que les Grecs ne furent amenés, selon moi, à appliquer à tous les Gaulois, que parce que ce peuple était très célèbre, et peut-être aussi à cause du voisinage de Marseille11.

Ces deux dernières citations établissent, d’une manière péremptoire, ce semble ; la thèse que nous soutenons. Cependant, l’on ne manquera pas de nous objecter les nombreux passages où les historiens grecs et romains appliquent indifféremment l’une ou l’autre de ces deux dénominations : Pausanias, Appien, César, en plusieurs endroits de leurs ouvrages, contredisent, en effet, et de la manière la plus formelle, la distinction que nous nous sommes efforcé de constater. Nous allons au surplus, laisser parler les textes qui semblent les plus contraires à notre opinion. Ecoutons d’abord Pausanias. Les Gaulois, dit-il, ont leurs demeures le long des rivages de la grande mer, aux extrémités de l’Europe. Toutefois, ce n’est que très tard que l’usage s’est introduit de les désigner sous le nom de Gaulois. Primitivement ils se donnaient eux-mêmes le nom de Celtes, et c’est ainsi que les autres nations les désignaient12. Ce texte est très précis, sans aucun doute ; mais il y a ici erreur évidente, car, ailleurs, Pausanias nous apprend lui-même que des Galates s’étaient établis en Asie plus de quatre siècles avant notre ère. Appien et César confondent aussi les Celtes et les Gaulois. Les Celtes, dit l’historien grec, sont le même peuple que les Romains appellent aujourd’hui Galates ou Gaulois13. — La Gaule, ajoute César, se divise en trois régions, dont l’une est habitée par les Belges, l’autre par les Aquitains, la troisième n par des nations qui, dans leur langue, se nomment Celtes, et dans la nôtre Gaulois14.

Rien de plus clair que cette dernière assertion ; et elle a d’autant, plus de poids, nous le reconnaissons, qu’elle émane de l’historien-conquérant de la Gaule ; néanmoins, nous n’hésitons pas à la rejeter, en nous appuyant sur l’autorité de Strabon et de Diodore de Sicile qui regardent l’unité nationale des Celtes et des Gaulois comme le résultat d’une erreur dont ils nous indiquent la source.

Nous disons d’autant plus hardiment le résultat d’une erreur, que nous retrouvons des colonies celtiques et des colonies gauloises en diverses contrées. Or ce fait, d’après le principe que nous avons posé plus haut, démontre, sans réplique, que les Celtes et les Gaulois ne formaient pas un même peuple. Contre l’autorité des faits, les assertions des historiens les plus exacts ne sauraient donc prévaloir15.

II. — Maintenant les Celtes étaient-ils parents des Gaulois ?

Les historiens qui ont admis la dualité de ces nations ne nous apprennent rien de bien précis à cet égard. Toutefois, la tradition que nous avons rapportée plus haut touchant les trois fils de Polyphème, Celtus, Illyrius et Galas, cette tradition que l’histoire ne doit pas dédaigner, autorise à admettre la parenté des deux peuplés, parenté qui, d’ailleurs, nous explique, jusqu’à un certain point, l’erreur où sont tombés la plupart des historiens anciens au sujet de l’identité des Celtes et des Gaulois.

Cette question n’ayant pour nous qu’un intérêt très secondaire, nous avons dû nous borner à l’indiquer ici.

1Toutes les langues qui se parlent ou qui ont été parlées depuis les dernières limités de l’Océan Atlantique, du côté du nord, jusqu’aux rives du Gange, ont entre elles les plus grands rapports de ressemblance. Les Lapons et les Basques sont les seuls peuples dont les idiomes offrent vraiment un caractère spécial. (Voir dans le nouveau Journal asiatique, t. II., p. 536, un article posthume de M. de Saint-Martin, où l’illustre orientaliste déploie cette science historique et philologique qui l’a placé si haut parmi les savants.)

2Depuis que ces lignes sont écrites, nous avons eu occasion de nous convaincre que plusieurs n’admettaient pas, comme nous, la justesse de ce principe. Voici les objections qui nous ont été adressées, objections qui rentrent dans la règle par nous posée : Une nation, avez-vous dit, porte toujours son nom national avec elle, dans les colonies qu’elle va fonder ; mais les Francs, les Burgondes, etc., peuples germains, ont-ils appelé la Gaule Germanie ? Les Britanni, Gaulois d’origine, ont-ils nommé Gaule les parties de l’île d’Albion où ils s’établirent ? — La réponse est facile. Un peuple, outre son nom national, peut porter un nom fédéral. Expliquons-nous : une tribu placée à la tête d’une confédération donne son nom à toute cette confédération ; ainsi les Achéens imposent le leur à toutes les tribus qui entrent dans leur ligue ; les Francs, de même, à toutes les tribus soumises à leurs lois. Or, ces Achéens et ces Francs porteront précisément, dans leurs colonies, le nom particulier qui les distingue. Pour ne parler que des temps modernes, allez dans les établissements des Irlandais, au-delà des mers ; jamais les membres qui les composent ne vous diront qu’ils sont Anglais, dénomination qui leur conviendrait cependant. Ajoutons, fin de fermer toute issue à d’autres objections, qu’en thèse générale, des émigrés n’imposent leur nom national qu’à des contrées peu connues des autres nations au moment de la conquête, ou bien qu’à des pays dont le nom, il est vrai, avait reçu la sanction de l’histoire, mais où ces émigrés ont réussi à fonder un empire qui résiste aux siècles. C’est ainsi que l’Espagne est toujours restée l’Espagne, bien qu’elle ait été occupée par les Goths, par les Arabes, tandis qu’à la longue, Albion et les Gaules ont pendu leur nom.

3Plutarque, Consol. ad Apoll., éd. Wechel, 1599.

4Diogène Laërte, in Proœm., p. 1. sq.

5Appien, de Bell. Illyr.

6Ptolémée, In Τείραβιβλώ, L. II, éd. Norimberg. 153.

7V. Ptolémée, Géogr., L. III. p. 69.

8Dion Cassius, L. XXXIX.

9Dion Cassius, L. LVI.

10Diodore de Sicile, L. V, c. 32.

11Strabon, L. IV. c. 2. p. 288. Ed. Almelov.

12L. I, c. 3. p. 10. Edit. Kuhn.

13Appien, in Præfat. Ailleurs (Bell. Hisp., p. 421, édit. Tollian.), il dit encore : Κελτοι όσοι Γαλάίαι τε καί Γάλλοι νΰν προσαγορεύνίαι.

14César, de Bell. Gall., L. I, c. 1.

15M. Fauriel n’admet pas plus que nous l’identité des Celtes et des Gaulois, malgré le texte précis de César. Le conquérant s’est borné, en effet, à répéter l’opinion qui avait cours chez les Romains, opinion que le savant historien de la Gaule méridionale réfutera, sans doute, dans son grand travail annoncé.

CHAPITRE II. — Les Bretons appartiennent-ils à la race gauloise ? Examen critique des textes anciens et des traditions nationales à ce sujet.

La parenté des Celtes et des Gaulois admise, une troisième question se présente : les Bretons appartiennent-ils à la même race que les Gaulois ? On peut l’induire de tous les témoignages que nous ont laissés les anciens, et d’une foule de rapprochements que nous aurons occasion de signaler dans le cours de ce travail. Fidèle à notre méthode, nous allons placer sous les yeux des lecteurs les textes qui appuient cette communauté d’origine.

La partie intérieure de la Bretagne, dit César, est habitée, si l’on en croit la tradition, par des peuples indigènes, et le littoral par des tribus auxquelles l’appât de la guerre et du butin fit quitter la Belgique. Ces émigrés ont presque  tous conservé les noms des cités auxquelles ils appartenaient, lorsqu’ils vinrent, les armes à la main, s’établir dans la contrée dont ils cultivent aujourd’hui le sol.

La population y est très considérable, les habitations très nombreuses et presque semblables à celles des Gaulois.... De tous les peuples bretons, les plus civilisés, sans contredit, sont ceux qui habitent le pays de Kent, région toute maritime et dont les mœurs diffèrent peu de celles des Gaulois1.

Placée en face de la Gaule, la Bretagne devait, en effet, recevoir ses premières colonies des contrées maritimes que les Gaulois, dans leur langue, appelaient Armorique. Tacite confirme, sur ce point, l’assertion de César :

Ceux des habitants de la Bretagne, qui sont les plus rapprochés des Gaulois, leur ressemblent, soit par l’influence permanente d’un type originel, soit que, l’île s’avançant de tous côtés vers le continent, la nature seule ait marqué les Bretons de ces caractères. Cependant tout porte à croire que les Gaulois sont venus s’établir sur une côte si voisine de la leur. En effet, on y voit régner le même culte, né des mêmes superstitions ; le langage diffère peu ; même audace à braver le danger, même découragement lorsqu’il s’agit de lutter contre des désastres éprouvés ; les Bretons néanmoins sont plus belliqueux, car ils n’ont pas été amollis par une longue paix2.

Ptolémée nous apprend aussi qu’il y avait des Atrébates, des Parisiens et des Belges parmi les émigrés gaulois fixés dans la Bretagne3. Pline4 et Denys Le Périégète5 placent des Britanni sur les côtes actuelles de la Flandre et de la Picardie. Or, n’est-il pas permis de conjecturer que ce fut cette tribu de Britanni qui, plus puissante que les autres peuplades venues de la Gaule, imposa à l’île le nom de la cité dont elle était sortie6 ? Il serait difficile de trouver une hypothèse qui concordât mieux tout à la fois avec les témoignages des historiens et avec les traditions des deux Bretagnes. Le vénérable Bède, qui a recueilli avec tant de conscience les antiques traditions bretonnes, rapporte, en effet, que, de son temps, ces traditions faisaient venir du tractus armorique les populations qui avaient occupé les parties occidentales de l’île7.

Les Triades ne contiennent rien qui contredise cette assertion.

Des trois colonies qui peuplèrent la Bretagne, y lisons-nous, la première, conduite par Hu-le-Puissant, arrivait, à travers la mer brumeuse, du pays de Defrobany, situé sur les rives du Bosphore8. Les Brythons et les Logriens les suivirent de près. Les Logriens sortaient du pays de Gwas-Gwin ; les Brythons, de cette partie de la Gaule comprise entre la Seine et la Loire.

Qu’il nous soit permis de discuter ici ces divers témoignages.

César ne distingue en Bretagne que deux populations :

1° les tribus établies dans l’île à une époque inconnue, et qui, selon l’usage, se croyaient nées sur le sol même qu’elles habitaient ;2° des Belges ou des Gaulois qui s’étaient, depuis peu de temps, fixés sur le littoral de la Bretagne.

De quels pays venaient ces prétendus indigènes de l’île ? Un coup d’œil sur la carte l’indiquerait, alors même que nous n’aurions, pour nous éclairer sur ce point, ni les conjectures de Tacite, ni les passages positifs de Pline, de Ptolémée et de Bède. Mais là n’est pas la difficulté. Jusqu’ici les historiens fiançais qui ont traité des origines de la nation bretonne, ont traduit le mot Gwas-gwin par celui de Gascogne, et ils en ont conclu que les Logriens étaient des Aquitains. Nous croyons qu’il y a là une erreur grave, et voici sur quoi nous fondons notre opinion :

Nous lisons dans les Triades : qu’une expédition conduite par Caswallawn, fils de Bely, roi de Bretagne, passa dans le pays des Galls de Lyddaw, qui descendaient de la race des Kymris, pour faire la guerre à César ; et que pas un de ceux qui avaient suivi le chef des Bretons ne revint dans sa patrie9.

Il est bien évident qu’il est fait allusion ici, aux, guerriers qui, sous la conduite du Cassivellatinus des Commentaires, furent envoyés au secours des Vénètes par les Bretons insulaires. Or, une autre Triade10 nous apprend que c’est dans le pays de Gwas-Gwin que ce même Caswallawn aborda avec son armée. N’en doit-on pas inférer que le mot de Gwas-Gwin désigne le pays de Lyddaw, nom que les Gallois donnent encore aujourd’hui à l’Armorique, et qu’on traduisit par Lætavia, au moyen-âge11 ? Ce qui ajoute beaucoup à la valeur de cette conjecture, c’est que le nom du pays de Vannes, que les insulaires prononcent Gwynet ou Guenet, et qui est aussi celui du North-Wales, se retrouve dans la deuxième partie du mot Gwas-Gwin. Tout cela est hypothétique sans doute ; et nous nous sommes trop souvent élevé contre les absurdités de l’étymologie12, pour bâtir une opinion sur de pareils fondements. Mais n’est-il pas permis d’appeler l’hypothèse à soir aide, à défaut de documents contemporains et lorsqu’elle peut s’appuyer sur une base historique ? Voici, au surplus, quelques faits qui semblent prouver que l’une des colonies établies dans l’île de Bretagne était originaire du pays de Guenet, et que c’est bien à cette contrée que les Triades appliquent le nom de Gwas-Gwin.

César, comme on sait, ne mentionne qu’une seule expédition des insulaires sur le continent et, de plus, il nous dit formellement que cette expédition’ se’ lit, chez les Vénètes de la Péninsule armoricaine, pendant la seconde année de la guerre des Gaules13. Suivant ce grand capitaine, la conduite des cités armoricaines, à l’égard des tribuns équestres que Crassus v avaient envoyés dans le but de hâter la rentrée des tributs, l’aurait seule décidé à marcher contre Dariorig. Mais Strabon, qui n’avait nul intérêt à déguiser la vérité, nous apprend que cette prétendue violation du droit des gens n’était qu’un vain prétexte pour l’habile conquérant. Les Vénètes, maîtres de tout le commerce de la Bretagne, avaient fait de grands préparatifs pour empêcher César d’effectuer la descente qu’il méditait contre les insulaires. Les Romains ne pouvaient donc songer à traverser le détroit, avant d’avoir détruit la marine de Dariorig14. La vengeance, atroce qu’ils exercèrent contre les Vénètes indique suffisamment combien ce peuple s’était rendu redoutable. Nul doute qu’avant la conquête des Gaules, il n’eût fondé de nombreux établissements dans l’île. Le nom de Vénédotie ou pays de Guenet15 donné, dès la plus haute antiquité, à la partie septentrionale de la Cambrie, la presque complète identité du dialecte de cette contrée et de celui qui était en vigueur dans la Vénédotie continentale, tout concourt à démontrer ce fait. La notice des Gaules nous en fournit une nouvelle preuve. Vannes, la capitale des Vénètes, y est en effet désignée sous le nom de Canctium16. (3) Or, jetez les yeux sur l’une des cartes que renferme la Britannia de Camden, vous y verrez des Cangii établis à l’extrémité de la Vénédotie insulaire. N’est-il pas tout simple, d’après cela, qu’au premier appel de leurs frères, les insulaires soient accourus dans le pays de Lyddaw, pour défendre l’indépendance commune ?

Nous avons vu, dans les Triades, que les Bretons qui accompagnèrent Caswallawn chez les Galls de Lyddaw ne revinrent jamais dans leur patrie. Or, nous lisons dans les Commentaires, qu’il n’échappa que fort peu de vaisseaux ennemis après la défaite des Vénètes par D. Brutus17. Concluons donc que ce fut dans le pays de Guenet, chez lesVentes menacés par les Romains, et non dans la Gascogne, que Caswallawn aborda avec ses vaisseaux.

De tout ce qui précède il résulte :

1° Que les textes de César et de Tacite, comme les traditions galloises, s’accordent pour prouver que de nombreuses colonies de Gaulois armoricains s’étaient établies dans l’île de Bretagne, lorsque les Romains firent la conquête des Gaules ;2° Que parmi les tribus éparses le long dès rivages de l’Armorique se trouvaient des Britanni, qui, plus puissants que les autres peuples émigrés, donnèrent sans doute à l’île le nom de la cité d’où ils étaient sortis ;3° Que les Vénètes, maîtres de tout le commerce des Gaules, allèrent, à une époque qu’il est impossible de fixer, peupler la partie de l’île de Bretagne qui porte encore leur nom ; ce qui concorde avec l’assertion des Triades, à savoir que la seconde tribu qui peupla l’île de Bretagne sortait du pays de Gwas-Gwin ;4° Que l’expédition de Caswallawn n’aborda pas dans l’Aquitaine soumise aux Romains, mais chez les Galls de Lyddaw, c’est-à-dire, dans la Vénédotie armoricaine (Gwas-Gwin), où l’histoire nous apprend que ces insulaires combattirent, en effet, pour la cause de leurs frères qui était celle de toute l’Armorique.

1Britanniæ pars interior ab eis incolitur quos natos in insula ipsi memoria proditum dicunt, maritima ab eis, qui prædæ ac belli inferendi causa ex Belgio transierunt ; qui omnes fere eis nominibus civitatum appellantur, quibus orti ex civitatibus eo peruenerunt, et bello illato ibi permanserunt atque agros colere cœperunt. Hominum est infinita multitudo creberrimaque ædificia fere Gallicis consimilia... Ex his omnibus longe sunt humanissimi qui Cantium incolunt, quæ regio est maritima omnis, neque multum a Gallica differunt consuetudine. (César, L. V. c. 12 et 14.)

Ces mots ex Belgis transierant ont été mal compris par beaucoup d’historiens. Ils n’ont pas songé que la division qui César nous donne de la Gaule au L. I, c. 1, de ses Commentaires, est purement géographique. Et, en effet, on en trouve la preuve dans ce passage du L. III, c. 20, de la guerre des Gaules : (Aquitania) qum pars est, ut ante dictum est, et regionum latitudine et multitudine hominum, ex tertia parte Gallien est estimanda.

Dans un autre passage, qu’il est bon de rapprocher de celui qu’on vient de lire, César s’exprime ainsi : Plerosque Belges esse ortos a Germanis Rhenumque antiquitùs transductos, propter loci fertilitatem ibi consedisse, Gallosque, qui ea loca incolerent, expuliss (L. II, c. 4). Mais il restait encore, du temps même de César, seize peuples d’origine gauloise dans cette partie de la Gaule. Ces nations tiraient leur nom de Belges de la tribu qui dominait dans leur confédération, car l’identité des Belges proprement dits et des Gaulois est nettement établie en plusieurs endroits des Commentaires, et ressort évidemment de ce fait, que les Tectosages, reconnus pour Gaulois par tous les historiens, sont appelés Belges par Cicéron (pro Fonteio) et par Ausone (Clar. urb. Narb.).

2Proximi Gallis et similes sunt, seu durante originis vi, seu procurrentibus in diversa terris positio cæli corporibus habitum dedit. In universum tamen æstimanti Gallos vicinam insulam occupasse credibile est. Eorum sacra deprehendas ac superstitionum persuasiones ; sermo haud multum diversus, in deposcendis periculis eadem audacia et, ubi advenere, in detrectandis eadem formido. Plus tamen ferociæ Britanni præferunt, ut quos nondum longa pax emollierit. (Tacite, Agricola, XI.)

3Ptolémée, Géogr., L. II, c. 3.

4Britanni, Ambiani, Bellovaci. (Pline, Hist. nat., IV, 31.)

5Diog. Perieg., Vers. 280 et sqq.

6Vid. supra Loc. cit., Cæsar, L. V, c. 12 et 18.

7Bède, Hist. Ecclés., L. I, c. 1.

8Triad. Myv. Arch. of Wales, T. II.

9V. les Triades. Hist. Myv., VIII.

103e Triade. Myv. archeol. of Wales., VIII.

11On lit dans la vie de saint Gildas (Boll., 29 Janv., t. II, p. 960) ... Cum Dei jussu pervenisset in Armoricam, quondam Gallus regionem, tunc autem a Britannis, à quibus possidebatur, Lætavia dicebatur... Et page 61, ibid. N. C. Lyddaw Britannis dicitur, id est, littoralis.

12Essai sur la Bretagne, p. 8-9.

13Cæsar, L. III, c. 9.

14Strabon, L. IV, c. 3.

15Guin, Guen, Guenet, Veneti. Les Vénètes Armoricains donnent encore à leur pays le nom de Guened (chez les insulaires Guineth, suivant Camden dans sa Britannia, ch. Ordevices. Voy. aussi dom Le Pelletier, dict. bret., p. 395 et Greg de Rostrenen, p. 948).

16Notice des Gaules, éd. Duchesne. Voyez aussi Itin. Ant. Pii, p. 187 : Civitas Cianctam, id est, Venctum.

17Cæsar, de Bell. Gall., L. III, c. 15.

CHAPITRE III. — Le Breton, dialecte gaulois. - Persistance de cette langue. - Elle a contribué, par le contact, à l’altération du latin dans les Gaules. - Cette altération constatée.

Si nous avons prouvé dans le chapitre qui précède, l’identité d’origine des Gaulois et des Bretons il s’ensuit tout naturellement  que la langue parlée par ces derniers était un des dialectes en usage dans les Gaules : Sermo haud mulium diversus1. Mais ce dialecte a-t-il péri, comme le gaulois, à la suite de la double conquête des Gaules par les Romains et par les peuples de race germanique ? Ou bien, faut-il admettre, avec les antiquaires et les philologues, que l’idiome en vigueur encore aujourd’hui dans la Basse-Bretagne est un débris de l’ancien idiome des Gaulois armoricains et des Gallo-Bretons de l’île ?

C’est cette question que nous allons essayer non pas de résoudre, car elle l’a été déjà2, mais de rendre évidente aux yeux même de ces critiques sceptiques qui, ennemis  nés de tout travail dépassant le cercle de leurs recherches, contestent aux philologues la vérité des résultats les plus clairs et les plus certains.

Pour démontrer que la langue des anciens Bretons s’est perpétuée jusqu’à nos jours, nous allons recourir à deux genres de preuves : 1° preuves historiques, 2° preuves philologiques.

§ 1. Preuves historiques.

Tout le monde sait que, dans trois départements de l’ancien duché de Bretagne se parle une langue complètement inintelligible pour les habitants de la Haute-Bretagne. Or, il est facile de prouver l’antiquité de cet idiome, en remontant du quinzième siècle, époque où l’imprimerie multiplia les livres bretons, jusqu’à l’émigration des insulaires dans l’Armorique, c’est-à-dire, au cinquième et au sixième siècles. Dans cette partie de la Gaule, qui, de nos jours, porte le nom de Bretagne, disait le biographe de saint Vincent-Ferrier, au quinzième siècle, il existe ces peuples que les Français appellent Bretons-Bretonnants et qui se servent d’une langue qu’eux seuls entendent ; et quoique beaucoup sachent le français, un grand nombre pourtant ne font usage que de leur idiome et n’en comprennent aucun autre3.

Des documents irréfragables, écrits au quatorzième siècle4, et, antérieurement, au douzième5, au onzième, au dixième, au neuvième6, et enfin au septième, au sixième7 et au cinquième siècles8, font foi de cette persistance de la langue nationale. Ainsi donc durant dix siècles, c’est-à-dire, du cinquième au quinzième siècle, une langue spéciale — dont deux dialectes presque identiques, le cornique et l’armoricain, offrent les caractères les plus antiques — ne cessa d’être parlée, avec le gallois, dialecte plus mélangé, dans les parties de l’île et du continent où les descendants des anciens Bretons avaient réussi à maintenir leur indépendance nationale.

§ II. Preuves philologiques.

Passons maintenant aux preuves philologiques. Personne n’ignore que, vers le milieu du cinquième siècle, une partie des Bretons insulaires, expulsés par l’épée des conquérants de race germanique, vinrent chercher un refuge chez leurs frères de l’Armorique, tandis que le reste des vaincus se réfugiaient dans les montagnes de la Cambrie et du Cornwall9. Or, dans les deux pays, dans l’île et sur le continent, les Bretons continuèrent, comme on l’a dit plus haut, à faire usage de leur idiome. Mais cet idiome, parlé dans des contrées différentes, n’a-t-il pas subi l’influence des langues avec lesquelles il s’est trouvé en contact, et ne s’est-il pas altéré d’une manière essentielle ? Nous avons traité fort au long cette question dans un autre ouvrage10. Rapprochant les trois dialectes principaux du breton, le gallois, le cornique, l’armoricain, nous les avons comparés entre eux sur les points fondamentaux qui servent à constituer le génie d’une langue. Or, de cette comparaison il est résulté, pour tous les philologues, la preuve évidente :