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«Dans les années 1980, il a eu l’honneur et le grand plaisir de côtoyer les plus grands du monde entier comme Albert Raisner, Larry Adler, Dany Kane, Claude Garden, Jean-Jacques Milteau, Toots Thielemans et bien d’autres cités dans cet ouvrage, qui ont fait la promotion de cet instrument que l’on nomme l’harmonica et que certains ont considéré comme un jouet d’enfant ! Alors bravo à ces enfants qui ont réussi à jouer, par exemple, Le vol du bourdon de Rimski-Korsakov ! Grâce à ces rencontres, Pierre Brossard a développé des événements harmonistiques et musicaux sortant de l’ordinaire, comme ceux de la tour Eiffel, Saint-Tropez, la tour Montparnasse, avec mon père Michel Legrand et bien d’autres, mais toujours dans l’optique de promouvoir l’harmonica qui, à certaines périodes, avait presque disparu de la surface. Son premier harmonica lui fut offert par son parrain à l’âge de sept ans à Saint-Calais, dans la Sarthe. Pierre Brossard a recueilli de toutes ces sommités des confidences quelquefois surprenantes comme la rubrique “Jean Grisbi Wetzel”. De nos jours, l’harmonica c’est surtout le blues sous toutes ses formes, contrairement à jadis où l’on allait plutôt écouter des concertos de Darius Milhaud, Serge Lancen, Arthur Benjamin ou bien encore du jazz traditionnel. Mais qu’il soit chromatique ou diatonique, il s’appellera toujours HARMONICA. Et comme disaient Albert Raisner et René Gary en 1950 au club le charm : “pour chasser vos tracas, jouez de l’harmonica… !” » Benjamin Legrand, chanteur français, fils du chef d’orchestre Michel Legrand
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Seitenzahl: 125
Veröffentlichungsjahr: 2025
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Pierre Brossard
Il est toujours dans ma poche
© Lys Bleu Éditions – Pierre Brossard
ISBN : 979-10-422-5651-7
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Cet ouvrage est dédié à Madame Colette Bouvier
Nous sommes le samedi 17 avril 1954 dans la matinée. Je suis juché sur le tour de mon père qui est pâtissier-confiseur à Saint-Calais dans la Sarthe et je suis en train de lécher goulûment ma petite menotte pleine de chocolat chaud que j’ai trempé dans l’énorme récipient qui lui sert à faire les chocolats de Pâques.
Mon père a l’habitude de siffler et chantonner quand il travaille, en principal des marches militaires suite à la guerre de 40 et le débarquement qu’il a fait à Dunkerque (photo diplôme), mais aussi des musiques et chansons à la mode de cette époque et en particulier une chanson d’Annie Cordy qui se nomme la « fille du cow-boy » et qu’il adore en particulier. Là où tout se jouera pour la suite très longue de mon amour pour la musique et en principal l’harmonica et la guitare. Mais n’anticipons pas.
Située aux confins sud-est du Maine, la ville de Saint-Calais doit son origine à un monastère fondé sous Childebert dans la première moitié du VIe siècle.
La barboteuse de votre serviteur devant « l’Anille » en 1952 !
Combats de mai et juin 1940 dans la Ville de Dunkerque.
Dès l’an 617, l’Abbaye de Saint-Calais est considérée comme l’une des plus ancienne et des plus importantes fondations monastiques du Vendômois au moyen âge. D’après les armes de Saint-Calais (photo sous chapitre 1), nous voyons trois chaussons aux pommes. En effet, il y a plus de trois siècles que la fête du chausson aux pommes a été créée à Saint-Calais. C’est la plus vieille tradition sarthoise qui se fête toujours début septembre de chaque année.
À Saint-Calais comme dans tous les petits villages à cette époque, la vie est belle.
Je fais sans cesse des bêtises d’un gamin de sept ans. Par exemple, j’ai aménagé un coin secret sous la caisse de ma mère, dans le magasin, où je trie et goûte régulièrement des sucettes que je prends sur le présentoir Pierrot-Gourmand en ayant bien soin de remettre celles que je n’aime pas avec les papiers d’emballage, pour que les clients n’y voient rien !
Au 19e siècle, un dénommé Charles Garnier (architecte de l’opéra de Paris) allait pêcher dans la petite rivière qui borde le derrière de la pâtisserie de mes parents, l’Anille, qui nous voit souvent, avec ma cousine Mireille, patauger et revenir dans des états pas possibles en se faisant bien sûr rouspéter copieusement par ma petite mère.
Justement, celle-ci vient de rentrer dans le laboratoire où je suis avec mon père pour nous prévenir que mon parrain viendra demain pour mon anniversaire avec… un cadeau !
Son nom est André Brossard comme mon père, mais n’a aucun lien de parenté avec lui. Ils se sont rencontrés par hasard à Courbevoie lors d’un congrès sur la pâtisserie. Mais il n’y a pas de hasard, car c’est bien grâce à lui, entre autres, que « je l’aurais toujours dans ma poche » et toute ma vie durant.
Mes parents à l’ouverture de la pâtisserie en 1945.
Vous avez bien compris que le lendemain, quand mon parrain arrive, il me fait découvrir ce cadeau qui n’est autre que… un harmonica que je porte immédiatement à ma bouche, non pas en faisant pinpon pinpon, c’est-à-dire souffler, aspirer, mais, ô surprise, en jouant directement la chanson préférée de mon père : « la fille du cow-boy » d’Annie Cordy ! Plus de 70 ans après cet événement, je ne m’explique toujours pas comment cette musique a pu sortir de ma bouche aussi parfaitement ! C’était incroyable ! C’est donc à la suite de tout cela que j’ai joué et assimilé tous les morceaux de musique que mon père me sifflait régulièrement, dans son laboratoire, et tout ceci le plus naturellement du monde.
Bien des années après cette époque, j’ai appris par mes parents que Manu Dibango venait manger régulièrement des gâteaux à la pâtisserie avec sa famille d’adoption, les Chevalier, qui, de plus, étaient très amis avec mon père.
Habit de cow-boy fabriqué par ma mère
lors de la soirée de Zappy Max.
Il était plus âgé que moi et ce n’est que beaucoup d’années plus tard qu’il sera honoré par la ville de Saint-Calais, et ce, à juste titre.
Donc, peu de temps après avoir reçu le cadeau de mon parrain, ne résistant pas à le faire voir à mes copains d’école, je pars discrètement un matin sans rien dire avec mon harmonica caché dans la poche de ma culotte courte et j’arrive même à en jouer un air dans l’école avec la permission de ma maîtresse. Et là, ô horreur ! à la récré, il me prend l’envie d’aller aux toilettes. Mais rappelez-vous que, à l’époque, les toilettes étaient… à la turque. Je baisse mon short et paf ! Mon harmonica disparaît dans le trou ! (Vous verrez plus loin que cet événement se produira à l’envers lors de ma rencontre avec Jacques Brel) Tristesse énorme ! Pleurs ! Et il faut l’annoncer aux parents ! Bien heureusement, mon parrain revient quelque temps après avec le même harmonica, mais attention : interdiction totale d’aller à l’école avec.
De fil en aiguille, j’apprends par cœur et j’accumule un répertoire très diversifié qui fait le plaisir autour de la table de la salle à manger lors des réunions familiales.
L’habitude de mon jeu harmonistique journalier s’installe dans ma vie de gosse jusqu’au jour où ma petite mère m’informe, avec émotion, que je vais jouer à la salle des fêtes de Saint-Calais, lors d’une soirée animée par… Zappy Max. Un nom qui à mon âge ne me dit pas grand-chose et surtout qui ne m’impressionne pas, contrairement, apparemment, à mon entourage proche. Bon ! Que vais-je jouer ? Il est décidé par les parents qu’une fois de plus, je jouerai la fille du cow-boy avec des vêtements de cowboy bien sûr, créés de toutes pièces par ma mère et que j’ai retrouvés récemment dans un carton (photo). Le soir venu, le morceau fut joué avec brio devant un père tremblant qui se dissimulait derrière un pilier de la salle des fêtes et une maman pleurant devant la scène.
Soirée avec Zappy Max à la salle des fêtes de Saint-Calais en 1954.
Je m’en souviens très bien et je me souviens encore plus et avec étonnement de Zappy Max me prenant à bout de bras sous les applaudissements du public. Je n’ai pas tout compris à l’époque, mais maintenant, je comprends pourquoi Zappy Max était si enthousiaste en m’écoutant jouer de l’harmonica. Il a écrit un livre qui se nomme « Mes quitte ou double » (éditions Dreamland photo).
Et dans ce livre, qu’il a écrit en l’an 2000, il explique dans son chapitre 4 (l’occupation page 52) comment il a décidé avec quatre amis de créer un ensemble d’harmonica. Ses amis s’appelaient : Marius Vial, Georges Naudin, Entranik Chirvanian et un personnage du nom de Jean Wetzel que je rencontrerai bien des années après (voir le chapitre Saint-Tropez) et qui est l’interprète de la musique du film « Touchez pas au Grisbii de Jacques Becker », avec Jean Gabin, Jeanne Moreau, René Dary et Paul Frankeur. La musique du Grisbi est de Jean Wiener.
Couverture du livre de Zappy Max.
Quintette des cinq Mathurins avec Zappy Max, Jean Wetzel,
Marius Vial, Georges Naudin et Entranik Chirvanian.
Donc, cet ensemble d’harmonica s’est appelé « les cinq Mathurins » et ce nom pour une unique raison : la parodie vocale du fameux Popeye, l’amateur d’épinards des dessins animés de Max Fleischer, leur servait d’indicatif dans une série de gags visuels et des faits musicaux comiques qui constituaient un spectacle d’une vingtaine de minutes. Zappy Max terminant le morceau avec les deux Tut Tut obligatoires accompagnant les deux jets de fumée soufflés par la pipe de Popeye. Répertoire musical très diversifié avec Alexander ragtime time band, devenu Tiger Rag pendant la guerre, Caravane du grand Duke Ellington et, dit Zappy Max, pour impressionner le public, une brillante interprétation classique de l’ouverture de Guillaume Tell de Rossini. Toujours d’après le livre de Zappy Max, leur première apparition en public s’est déroulée sur la scène du théâtre des Variétés. Ils ont eu la chance de croiser le chef d’orchestre Raymond Legrand, père bien sûr du grand Michel Legrand, qui emballé par le talent naissant de ces braves petits matelots (leurs habits de scène) n’a eu de cesse de les faire engager dans les boîtes à la mode de l’époque, dont TABARIN, Bobino à Montparnasse, l’Européen place Clichy, les Folies Belleville, le Théâtre de l’Étoile avenue Wagram, l’Alhambra à la République.
Autant de salles disparues aujourd’hui.
Tout ceci se passait dans l’année 1941. Je reviendrai après sur le film « Touchez pas au Grisbi » interprété par Jean Wetzel, le mettant en scène contre Larry Adler (d’après le livre de Albert Raisner) en ayant parlé avec chacun d’eux. Donc pour en revenir au spectacle à la salle des fêtes de Saint-Calais avec Zappy Max me tenant à bout de bras sous les applaudissements du public suite à l’interprétation de la fille du Cowboy à l’harmonica, je peux comprendre que ce cher Zappy Max devait remuer dans sa tête une foultitude de souvenirs sur la période des cinq Mathurins.
On parla de ce mini concert dans la famille pendant fort longtemps et avec une certaine fierté non dissimulée. Il faut bien avouer que, même de la petite hauteur de mes sept ans, cet événement m’a marqué et a imprimé en moi… « J’en reveux », car j’avais déjà ressenti que les applaudissements c’est très grisant !
À cette époque, l’harmonica était représenté en principal par le trio Raisner, mais aussi par Larry Adler, surnommé « le Paganini de l’harmonica », né à Baltimore dans le Maryland le 10 février 1914 et par Tommy Reilly au Canada. Larry Adler disait qu’il apprenait sa partition uniquement à l’oreille, ne lisant pas la musique, et qu’il lui suffisait d’écouter deux fois le morceau pour être capable de le rejouer. (J’étais dans le même cas) Lors d’une interview à l’occasion d’un de ses concerts en France, on lui demanda : « Comment êtes-vous venus à l’harmonica ? » Il répondit : « C’est l’harmonica qui est venu à moi ! » J’avais onze ans et je voulais jouer du piano, mais mes parents ne voulaient pas en acheter un !
Du haut de mes 11 ans, j’en ai commandé un chez un marchand de musique qui bien sûr ne m’a pas pris au sérieux, mais qui, devant ma tristesse, m’a offert un harmonica pour me consoler et tout est parti de là. Par la suite en 1927, le journal Baltimore Sun organisa un concours d’harmonica. Tous les concurrents jouèrent des petits morceaux folkloriques et je fus le seul à jouer le menuet en sol de Beethoven pour lequel le jury me récompensa par une coupe. Ce furent mes débuts.
Quant à Albert Raisner, il explique dans son livre que son premier et principal morceau joué avec un diatonique fut « Les gars de la marine ». Suivi dans les feux de camp et divers échanges par la Paimpolaise, la complainte des crapauds, les montagnards, etc. Et puis il continue en disant : « Un jour, un de mes camarades m’intrigua par des sonorités exceptionnellement pures avec des notes insolites, il avait un harmonica muni d’une petite glissière et arrivait à jouer en entier des airs pour lesquels il me manquait toujours des notes » (les dièses et les bémols bien sûr) je découvrais ainsi l’harmonica chromatique. Dès que cela fut possible, j’achetais à mon tour cet harmonica, mais quel travail pour en jouer en l’absence à l’époque de toutes méthodes et conseils compétents ! Il m’avait fallu dresser un inventaire complet des notes que pouvait me donner en somme ce nouvel instrument. Mon répertoire s’élargit alors très vite et surprenant mes auditeurs ! »
Et là, on est bien d’accord et admiratif devant le jeu d’Albert. Je ne pouvais bien sûr pas savoir à cette époque que je rencontrerais et échangerais avec Albert Raisner, Larry Adler et Jean Grisbi Wetzel bien des années après, avec un plaisir et une émotion hors du commun.
Cette époque calaisienne fut très importante pour la suite de ma vie musicale. J’ai été définitivement accroché à ce petit instrument, l’harmonica, qui couchait maintenant avec moi sous mon oreiller et que, à l’époque, on qualifiait de… Jouet d’enfant !
Alors là ! je rigole et je me marre ! Je peux vous affirmer que plus tard, lorsque j’ai été aux championnats du monde en jouant le vol du bourdon de Rimski-Korsakov, avec mon trio, cela n’a pas été de tout repos et même d’une grande difficulté à interpréter, surtout avec le jeu important de la tirette formant les dièses et les bémols.
Je vous explique : il y a plusieurs sortes d’harmonica, le chromatique où l’on fait justement les altérations avec cette tirette et le diatonique où l’on fait les mêmes altérations d’une manière gutturale, c’est-à-dire en tirant avec sa gorge et son arrière-bouche sur la note pour la faire bouger. Il y a aussi la basse qui porte bien son nom, le polyphonia et la vineta qui possèdent des accords préfabriqués (majeurs, mineurs, septièmes). Et pour terminer, une multitude d’harmonicas divers et fantaisistes.
Championnat du monde d’harmonica sur bande enregistrée
à Trosssingen.
Harmonica de verre.
Cheng.
L’électrophone de mes parents a commencé à tourner en boucle, Trio Raisner, Larry Adler en principal. Il n’y a pas de hasard et je ne l’ai su que plus tard, le fameux film « Touchez pas au Grisbi » est sorti le 17 mars 1954 ! C’est-à-dire au même moment où j’ai reçu mon premier harmonica pour mon anniversaire la même année ! C’est à cette époque aussi que Khatchaturian, Darius Milhaud, Serge Lancen et bien d’autres sommités ont écrit pour notre instrument. Le mot harmonica existe depuis le XVIIIe siècle. On le retrouve dans un adagio que Mozart a écrit en 1791 à Vienne. Mais là, il s’agissait d’un harmonica… de verre. (photo)
La technique est comme si vous effleuriez un doigt mouillé sur un verre pour le faire vibrer. Il y avait aussi « le Cheng » que l’on nommait l’orgue à Bouche, qui existe depuis des siècles et qui fut créé en Chine (photo), 1100 ans avant notre ère.
Et puis sachez une chose exceptionnelle sur l’harmonica ! Quelque chose qui a toujours surpris l’intégralité de tous les autres instrumentistes, l’harmonica est le seul instrument à bouche dans lequel on peut souffler et aspirer !
C’est extraordinaire et ça sort de l’ordinaire ! Car dans tous les autres instruments à vent, on ne peut que souffler (trompette, saxophone, clarinette, flûte, etc.).
Malheureusement, mes parents ont décidé de vendre cette pâtisserie confiserie où je suis né. Ce qui m’a un peu désorienté et rendu triste. Mais c’était sans savoir et imaginer ce qui m’attendait dans le futur.
Après Saint-Calais, nous voilà donc partis à Tours où mes parents ont acheté une autre pâtisserie.
Là aussi, vous allez le voir, ce fut également surprenant.