Irena ou l’amoureuse imaginaire - Florence Demolis - E-Book

Irena ou l’amoureuse imaginaire E-Book

Florence Demolis

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Beschreibung

Touchée par une étrange affliction, Irena se trouve prise au piège d’un amour qui défie la raison. C’est alors qu’apparaît le comte Avel, un voleur de souffle attiré par elle comme un papillon de nuit par une flamme. Quelles sombres intentions se cachent réellement derrière ce désir ?

À PROPOS DE L'AUTRICE

Florence Demolis se plaît à tisser des réalités où fiction et expérience personnelle s’entrelacent harmonieusement. Selon elle, en temps de crise, les mots sont à la fois des guides salvateurs et des mirages. "Irena ou l’amoureuse imaginaire" est le reflet de son vécu et une épopée qui transcende l’individuel pour toucher l’universel.

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Florence Demolis

Irena ou l’amoureuse imaginaire

Conte

© Lys Bleu Éditions – Florence Demolis

ISBN :979-10-422-0934-6

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

 

 

 

 

 

« Au commencement du monde, Amour et Folie jouaient à se lancer des piques,

Mais Amour en prit un tel coup,

Qu’il en devint aveugle.

Et pour qu’à l’avenir il puisse se diriger,

Folie fut condamnée à lui servir de guide. »

 

De cette union naquit Irena dont voici les aventures.

 

Cette jeune femme souffrait d’un mal bien étrange, inexistant durant l’enfance, il n’affecta en rien son développement, mais compromettait sérieusement sa vie de jeune femme lorsqu’elle tomberait amoureuse.

 

Cette affection était un sujet tabou, personne n’osait en sa présence évoquer le sujet, pas même les domestiques qui veillaient sur elle depuis ses premiers jours.

Mais il y a des secrets si bien gardés qu’ils en deviennent audibles.

Irena avait conservé cette lettre trouvée dans ses langes sur laquelle étaient inscrits ces vers et souvent se les répétait « et pour qu’à l’avenir il puisse se diriger, Folie fut condamné à lui servir de guide ».

Incitée par ses domestiques à consulter régulièrement les praticiens depuis ses dix-sept ans, elle vit des spécialistes en tout genre.

Les médecins du canton étaient perplexes quant au diagnostic. Lors des consultations, les uns secouaient timidement la tête de gauche à droite pour mieux réfléchir, certains se grattaient discrètement la barbe pour chercher une quelconque inspiration, d’autres lançaient de longs soupirs pour mieux exprimer leur perplexité.

 

Pourtant, un jour, il y en eut un qui se risqua à un pronostic.

Il annonça à la malade le mal dont elle souffrait et lui dit lors d’une consultation :

— Mademoiselle, après avoir examiné de près vos chromosomes, vos analyses de sang, d’urine, et votre test biophysioclinique, je suis formel, vous souffrez de la maladie d’Amour !

La jeune femme, à la fois perplexe et inquiète, demanda au médecin Friedmund (c’est ainsi qu’il se nommait) :

— Mais, docteur, quelle est cette maladie, est-ce grave ?

— Oui et non, non et oui, enfin… cela dépend des situations. Quant aux symptômes, ils sont difficiles à décrire, mais tant que vous ne tombez pas amoureuse, vous ne courez aucun risque.

Sans bien comprendre le sens des paroles de Friedmund, elle lui demanda :

— Docteur, existe-t-il des remèdes contre cette maladie d’Amour ?

— J’aimerais pouvoir vous dire oui, mais chère enfant, dans l’état actuel de nos connaissances, il n’en existe aucun.

La patiente perdit peu à peu son calme et d’une voix tremblotante insista :

— Mais ce n’est pas possible, il doit bien exister une pilule, un élixir, un philtre, ou que sais-je d’autre contre cette maladie ! Que vais-je devenir ? Ne pourrai-je donc jamais guérir ?

— J’en ai bien peur… rétorqua Friedmund en inclinant la tête de sorte de fuir le regard d’Irena.

 

Bouleversée par cette nouvelle, Irena rentra chez elle, s’enferma dans sa chambre et y resta recluse six nuits et six jours.

 

Au matin du septième jour, un oiseau curieux se posa sur le rebord de la fenêtre et de son bec martela les carreaux, la réveillant. Intriguée par cet audacieux visiteur, elle se leva et s’approcha, mais au moment où elle posa les mains sur l’espagnolette, celui-ci prit son envol.

Attendrie par cette visite, un regain de vitalité l’anima et elle sollicita la présence à ses côtés d’Anatolla, sa servante la plus dévouée.

Devant la pâleur de son visage, Anatolla lui prépara un petit déjeuner avec une attention particulière. Elle lui servit une collation sur un plateau d’argent orné d’une rose blanche fraîchement cueillie.

Irena esquissa un sourire de remerciement. Elle prit la tasse, la porta à ses lèvres gourmandes, et tartina le pain d’une fine couche de confiture intense et fruitée.

Plus tard dans la matinée, elle prit un bain et se frictionna avec de l’huile de fleur d’oranger. Les heures passèrent, l’ennui et le désarroi la gagnèrent de nouveau, son corps se fit de plus en plus pesant et ses yeux lourds. Elle s’allongea et s’endormit.

Deux hivers et un printemps passèrent sans qu’Irena n’ait eu de nouveau la moindre envie, comme si l’annonce du diagnostic l’eut plongée dans une profonde mélancolie.

Elle était devenue charmante, au bas du dos, ses cheveux soyeux lui arrivaient et ses lèvres d’une rose avaient l’éclat.

Jusqu’à ce beau matin d’été où Anatolla la trouva allongée sur l’herbe et la dérangea dans ses rêveries pour lui remettre une lettre. Irena la garda en main tout en essayant d’en deviner le contenu. N’y tenant plus, elle l’ouvrit et y trouva un carton d’invitation pour un bal donné par le duc du canton voisin. Ravie, elle vit là un excellent moyen pour chasser son ennui et se divertir.

 

Le soir venu, elle ne fit pas d’effort particulier pour se vêtir ; elle prit en revanche soin de nouer ses cheveux, et se servit d’un peigne pour fixer son chignon. Deux lui avaient été offerts par sa marraine, comme pour rappeler que la vie se vit en couple. L’un sculpté dans du bronze, et l’autre en or qui signait une silhouette aux lignes souples et sinueuses d’une danseuse enchâssée de rubis. C’est ce dernier qu’elle choisit.

 

Elle arriva au bal aux bras de son valet Léopold et ne se mélangea pas aux autres invités. Cachée derrière les pilastres, elle observa. Elle leva timidement les yeux et admira les rosaces qui ornaient le plafond. Puis elle posa son regard sur une statuette, figurine élancée qu’un drapé indiscret révélait gracieusement.

Irena se sentit bien et se laissa bercer par la musique. Pour autant, elle n’eut pas envie de danser et cela se vit, personne ne l’invita. Son regard fut bientôt happé par un chant dont les paroles l’émurent, elle voulut connaître ce visage.

Sur la pointe des pieds, elle se dressa, vit un homme vêtu de noir dont le regard perçant l’impressionna. Elle n’osa le regarder plus longtemps. Il y avait comme un désir, un désir telle une rage. Dès lors, elle voulut danser. Le duc en la voyant comprit, il s’avança, lui prit la main et la mena dans la salle où jouait la cithare. La musique la pénétra comme une douce pluie d’été. Elle dansa avec tant de grâce que le poète la remarqua. À la fin de la valse, songeuse, Irena alla s’asseoir en s’assurant que son peigne n’avait pas glissé.

 

Fatiguée, elle voulut rentrer, elle fit un signe discret à son valet qui comprit aussitôt, salua de loin les convives et s’en alla dans la plus grande discrétion.

Le poète ne l’avait pas quittée des yeux, quand il vit qu’elle partait, il la rattrapa. Arrivé à sa hauteur, il eut tout juste le temps de se présenter.

« Mademoiselle ! Bonsoir, je me présente, comte Avel, poète. Quel plaisir de vous voir valser ! Vous avez la grâce d’une nymphe et la légèreté d’une plume, à vous voir danser toute la nuit je serais resté.

Me feriez-vous le plaisir d’assister au récital que je donnerai prochainement pour les noces du prince de Valsera ? »

Touchée par cette attention, Irena se sentit rougir et pour ne pas laisser voir la gêne sur son visage elle pressa le pas. Dans sa hâte, son peigne glissa et tomba. Le poète s’en aperçut, mais ne dit rien, il attendit qu’Irena monta dans le carrosse pour le ramasser et le porta à ses lèvres.

Sur le chemin du retour, Irena pensait avec délice à cette soirée, le visage et la voix du poète ne la quittaient plus. C’était comme s’il était assis tout près d’elle et elle chuchotait son nom : Comte Avel.

 

Les jours qui suivirent, Irena se montra impatiente, agitée, irritable et fébrile. Un enthousiasme sans fin la gagnait, elle entreprit quantité d’activités, passait les matinées ensoleillées dans le jardin à tailler les rosiers, montait des heures son cheval préféré, puis s’entraînait avant l’heure du souper à jouer de la vielle.

Ni fatiguée ni affamée, elle se contentait d’un maigre dîner quand elle ne l’oubliait, et s’enfermait dans sa chambre pour étudier jusqu’à tard dans la nuit les vers de grands dramaturges.

Intuitivement, elle avait peur de cette frénésie, mais ne pouvait aller contre.

Bientôt, elle ne dormirait plus, elle aurait mille et un projets, tous plus farfelus les uns que les autres, et ses sens ne tarderaient pas à lui jouer des tours.

Combien de temps encore pouvait-elle s’assurer de leur fidélité ? Comment être sûr qu’ils n’étaient pas déjà en train de se jouer d’elle ?