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"Islam – quels sont ses fondamentaux et sa place dans le monde actuel ?" propose une analyse approfondie du Coran, ouvrage primordial de l’Islam, afin d’en dévoiler les principes essentiels et d’établir une comparaison éclairante avec les textes bibliques. Il examine également l’histoire de ce chef-d’œuvre au fil des siècles, sa relation avec les sciences, les arts, la politique et l’économie et s’intéresse à la manière dont la manipulation diplomate a contribué à l’associer au terrorisme. Une réflexion cruciale pour une meilleure compréhension des enjeux contemporains liés à cette tradition millénaire.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Le terrorisme dit islamique, qui a lourdement affecté l’industrie du transport aérien, dans lequel
Moulay Lghali M’Rani exerce, l’a conduit à entreprendre une recherche approfondie afin de comprendre les motivations sous-jacentes de ces actes. Chaque nouvel élément a élargi ses horizons, l’orientant vers des pistes de réflexion multiples qu’il a scrupuleusement explorées. Fort de son expertise dans la rédaction de procédures et de manuels opérationnels, il a choisi de formaliser ces résultats dans cet ouvrage, une méditation riche et nuancée sur les défis contemporains.
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Seitenzahl: 359
Veröffentlichungsjahr: 2025
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Moulay Lghali M’Rani
Islam
Quels sont ses fondamentaux
et sa place dans le monde actuel ?
Essai
© Lys Bleu Éditions – Moulay Lghali M’Rani
ISBN : 979-10-422-5749-1
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Préface
Que sait-on vraiment de l’Islam est une question d’actualité que nous ne nous posons pas, alors qu’au regard des événements tragiques qui l’entourent, depuis le début de ce XXIe siècle, nous devrions nous y intéresser de plus près.
L’Islam a toujours été jugé d’après ses adeptes et actuellement, il l’est, surtout et principalement, à travers les comportements de certains d’entre eux. Comme seuls les actes de violence sont médiatisés et qu’ils font sensation, on ne parle plus que des crimes commis en son nom, sans trop savoir s’il leur donne une quelconque légitimité. Les autres musulmans, majoritaires de surcroît, qui pratiquent leur foi discrètement tout en vivant en harmonie dans diverses sociétés, ne sont jamais évoqués et la parole leur est rarement donnée. De fait, le jugement de l’Islam est rendu d’après des critères peu crédibles et celui-ci est déclaré générateur de haine et de criminalité et les musulmans sont perçus comme des gens dangereux, ou potentiellement dangereux quand ils sont tranquilles et discrets.
Nous allons éviter de commettre l’erreur de porter un jugement sur l’Islam d’après le comportement d’individus, mais par l’analyse du dogme, à travers l’étude du texte, en toute neutralité et sans une approche théologique qui fausserait l’impartialité requise.
Sauf pour l’introduction, la conclusion et le premier chapitre, il n’est pas nécessaire de lire cet essai en respectant la séquence de la table des matières. Le lecteur peut passer directement au sujet qui l’intéresse et peut aussi ne pas lire les passages extraits de la Bible et du Coran. Cependant, rien n’empêche ceux qui le souhaitent de les lire, sans avoir à les chercher ailleurs. Leur lecture permettra à chacun de comparer sa propre interprétation de ces versets avec l’analyse qu’en fait l’auteur. Le lecteur jugera par lui-même l’ensemble du contenu de l’ouvrage et chacun se fera une opinion personnelle pour répondre à cette question majeure de notre siècle.
Bonne lecture,
MLM
Le XXIesiècle sera spirituel ou ne sera pas.
André Malraux
Depuis la nuit des temps et sur tous les continents, l’homme est à la recherche de divinités qui pourraient le protéger de l’inconnu. Des peuples ont pris des astres ou des éléments de la nature comme dieux et d’autres se sont inventé des divinités qu’ils ont reproduites en statues ou totems et qu’ils ont vénérées. Certaines civilisations se sont tournées vers le chamanisme et la magie et d’autres ont adopté des philosophies comme principe de vie, l’Hindouisme, le Taoïsme ou le Bouddhisme.
Le monothéisme est né en Orient et les trois grandes prophéties, qui en résultent, se définissent comme religions du Livre. On les appelle aussi religions abrahamiques. La Torah (doctrine) est le livre de référence de la Loi mosaïque et l’Évangile (bonne nouvelle), celui du Christianisme. Les deux composent la Bible, du Grec Biblia qui signifie livre ou, plus précisément, livret. Elle est constituée de 27 livres en Grec ancien et de 39 livres, dont la plupart sont en Hébreu et certains en Araméen. L’ensemble a été rédigé par une quarantaine d’auteurs entre, à peu près, 1513 av. J.-C. et 98 apr. J.-C.1
Le Coran est le livre de référence de l’Islam. Composé de 114 Sourates et de 6236 versets, on l’appelle aussi Muss’haf en Arabe, qui signifie codex. Les versets se distinguent en deux catégories : les versets conjoncturels, très peu nombreux, qui sont liés à un contexte particulier de la période d’établissement de l’Islam et les versets universels, majoritaires, qui traitent des fondements de l’islam.
En ce début du XXIe siècle, l’un des trois cultes monothéistes, l’Islam, fait l’objet de débats et de discussions sur la question de sa vraie nature. Divers intervenants expliquent, les uns, versets du Coran à l’appui, que c’est une religion violente et les autres, aussi versets du Coran à l’appui, que c’est une religion de paix. Quant à l’espace médiatique, il est inondé d’images d’individus encagoulés ou au mieux enturbannés, qu’on voit tirer en l’air des rafales de mitraillettes en criant Allah Akbar2. Et les médias nous expliquent que ceux sont des personnes radicalisées ou converties à l’Islam radical, qu’il ne faut surtout pas confondre avec l’Islam modéré.
Cette bonne volonté de façade, par laquelle on veut nous faire croire que le discours est impartial, laisse malheureusement supposer, que la matrice de l’Islam est la violence et qu’il est, par déduction, un danger qu’il faut, sinon éradiquer, du moins combattre. Ainsi, l’Islam, une religion de paix, et les musulmans, des soumis à Dieu, sont associés au terrorisme, à la cruauté et à la méprise des femmes. Et à côté, des délinquants de toutes sortes, qui portent de manière ostentatoire une croix ou se la font tatouer sur le corps, ne sont pas associés au christianisme et leur foi n’est pas perçue comme responsable de leurs actes ni comme l’élément qui les motive.
D’après les sous-entendus, il y a des degrés d’adhésion à l’Islam et tout musulman peut un jour monter d’un cran, jusqu’à se radicaliser et éventuellement devenir terroriste. Alors que la prière est l’expression d’une dévotion religieuse dans toutes les religions, on nous explique que certains individus commencent à prier cinq fois par jour, puis se radicalisent, dans ce sens qu’ils deviennent dangereux, donc de potentiels terroristes. Trouvez le rapport de causalité.
Dans d’autres cas, on parle d’individus très radicalisés ou de radicalisation rapide, qui s’est souvent opérée sous l’effet de l’alcool et/ou de stupéfiants. On associe l’Islam à la pègre, quand on parle de prêche et de conversion dans les prisons. Ce discours simpliste est dénué de bon sens et il est inquiétant à plusieurs égards. Il faut cependant, tout en le condamnant, essayer de comprendre ce qui le motive.
Tout vrai musulman est le premier à s’insurger contre la violence, les meurtres et les crimes odieux commis au nom de l’Islam et qui n’ont rien à voir avec lui.
Mais alors, à quoi cette situation est-elle due ? Les musulmans sont-ils responsables de l’image négative que l’Islam véhicule actuellement ? Et cette idée qu’on en a, est-elle fausse ou réelle ? Toujours est-il que cette situation engendre une haine et une défiance croissantes et ouvertement déclarées envers l’Islam et les musulmans, ce qui peut mener à une dérive dont on n’imagine pas l’ampleur du danger qu’elle représente.
Bien que n’ayant aucune idée de ce qu’est vraiment l’Islam, certains l’attaquent, en citant des versets du Coran, qu’ils sortent généralement de leur contexte ou dont ils modifient le sens, sans aucune gêne. Et là, les raccourcis et les fausses interprétations sont légion. La femme est condamnée à être soumise à l’homme, car elle lui est inférieure, la Charia3 se résume à une contre-loi, antidémocratique. Son interprétation se limite à couper la main des voleurs et à priver la femme de liberté. Le jihad devient la Guerre sainte soi-disant proclamée par le prophète et on va jusqu’à prétendre que c’est un sixième pilier de l’Islam.
Au bout du compte, un lien entre Islam, criminalité et terrorisme est établi dans la mémoire collective, ce à quoi participent activement les médias, lorsqu’ils parlent de criminels qui se radicalisent ou de radicalisation dans les prisons. Le drame est que des musulmans eux-mêmes croient que l’Islam correspond aux rites que certains de ses détracteurs lui attribuent, pour aussitôt les lui reprocher, de manière très médiatisée. Et ainsi, ces musulmans, nouveaux convertis ou de culture musulmane, pratiquent un Islam selon des principes complètement erronés et qui sont diamétralement opposés au dogme.
La question est de savoir pourquoi la nation musulmane, calme et discrète jusque-là à la limite docile et obéissante, s’est-elle soudainement réveillée avec le désir de déstabiliser l’équilibre mondial et de mettre la planète à feu et à sang ? Il est légitime de se demander, pourquoi des gens, qui commencent la lecture des versets du Coran, ainsi que chacune des cinq prières quotidiennes, par le rappel que « Dieu est Clément et Miséricordieux4 » et qui terminent chacune de ces prières, tout comme ils saluent leur prochain, en disant « Que la paix soit sur vous5 », peuvent agir avec autant de violence et de cruauté.
Faut-il se demander si les musulmans de l’époque des Khalifats de Baghdâd et de Cordoue se trompaient dans leur façon de pratiquer l’Islam, pour avoir vécu en symbiose avec les autres communautés religieuses ? Étaient-ils dans l’erreur, pour avoir favorisé la science, la littérature et la philosophie, le savoir et la connaissance en général, ou bien avaient-ils raison ? Sans remonter aussi loin dans le temps, les parents et grands-parents de ceux, qui actuellement bouleversent notre vie, ne pratiquaient-ils pas l’Islam traditionnel, basé sur les fondamentaux enseignés par le prophète Muhammad ?
Pour répondre à ces questions, l’étude du Coran s’impose pour nous éclairer sur la vraie nature de l’Islam et nous permettre de comprendre ce qui a corrompu ses fondements et aussi de connaître ce qui le rapproche et ce qui le différencie des autres religions révélées. Nous essaierons, dans ce contexte, de comprendre et d’interpréter les textes des Saintes Écritures, pour y voir clair dans le processus de l’évolution de la foi monothéiste.
Nous verrons, dans la mesure du possible, comment chacune des religions du Livre aborde les mêmes thèmes, car il va de soi, qu’on ne peut comparer que ce qui est comparable. Nous ne pouvons pas comparer la Loi divine selon la Torah, l’Évangile ou le Coran, avec la loi des Hommes, celle qu’ils ont établie selon leur propre conception du mode de fonctionnement d’une société. Montesquieu (1689-1755) a bien dit que « Les mœurs précèdent les lois », ce qui est plus vrai que jamais, à notre époque.
C’est pourtant l’erreur regrettable qui est commise principalement au sujet de l’Islam et, dans son cas bien précis, on s’intéresse, depuis toujours et plus encore de nos jours, au groupement humain qu’il génère et non pas au dogme. L’Islam est jugé d’après les musulmans et non d’après le message du Coran. C’est pour cela qu’il a suscité un grand intérêt de la part de l’Occident, mais rarement, sinon jamais, on ne s’est intéressé au contenu du livre.
Nous allons, un tant soit peu, remédier à cette lacune, en analysant le contenu du Coran et particulièrement les versets qui traitent de sujets sensibles ou à controverse.
***
Le plus grand ennemi de la connaissance n’est pas l’ignorance, mais l’illusion d’avoir la connaissance.
Stephen Hawking
Vers 850 av. J.-C., il y a quelques tribus arabes éparpillées dans la péninsule arabique, mais personne ne sait quand elles sont vraiment apparues, ni d’où elles venaient exactement. Ces Arabes ont un calendrier lunaire, une littérature orale, surtout la poésie. La plupart des tribus arabes sont nomades ou semi-nomades.
Les Arabes ont construit des cités caravanières où on trouve des caravansérails, mais aussi des temples, lieux de culte des quelques regroupements religieux existants. L’Arabe, langue sémitique cousine de l’Hébreu et de l’Araméen, ne s’écrit pas à cette époque ou très peu et il y a autant de dialectes qu’il y a de tribus. C’est encore le cas de nos jours avec les différents dialectes, que l’on trouve dans les pays du Maghreb et au Moyen-Orient. Le peuple arabe se divise en deux royaumes, l’un vassal de Byzance, l’autre de la Perse. Les caravaniers arabes entretiennent le commerce entre ces deux empires ennemis et bien plus, ils font le lien entre l’Asie Centrale et l’Europe du Nord.
Mais les guerres perpétuelles entre Byzantins et Perses finissent par détruire leurs royaumes vassaux, qui se replient alors vers le centre de la péninsule arabique et plus particulièrement vers la Mecque. La Mecque, où se trouve la Kaaba, lieu de culte construit par Abraham et son fils Ismaël sur ordre de Dieu lui-même, est paradoxalement, depuis plusieurs siècles déjà, un lieu de pèlerinage pour des peuples polythéistes qui viennent se recueillir devant la pierre noire6 qui s’y trouve. Les notables mecquois s’enrichissent grâce au pèlerinage des peuples païens et la Mecque connaît un rapide essor.
C’est à ce moment, le 22 avril 571, que naquit le prophète Muhammad7. Il est issu de la branche modeste d’une noble famille mecquoise. Il travaille comme caravanier chez une riche femme, Khadija, qui deviendra son épouse. Ses déplacements à travers les pays de la région lui assurent un enrichissement intellectuel qui le rend sensible au message monothéiste véhiculé par le Judaïsme et le Christianisme. Ses prédispositions mystiques l’amènent, à chaque fois qu’il le peut, à se recueillir dans une grotte au mont Hira.
En l’an 610, il reçoit la visite de l’Archange Gabriel qui lui ordonne de prêcher une nouvelle religion. En moins de dix ans, bon nombre de la famille de Muhammad s’y convertissent, ainsi que la plupart des Mecquois les plus modestes, qui adhèrent à sa teneur égalitaire. Muhammad reproche aux notables mecquois leur avidité et leur indifférence envers les plus démunis. Ils vont alors s’en prendre aux musulmans et les harceler au point que vers 620, Muhammad et ses compagnons sont forcés de s’exiler vers Yathrib, qui deviendra Médine, plus tard.
Les habitants de Yathrib lui réservent un accueil très chaleureux car pour eux, la prophétie, que leur avaient annoncée des tribus converties à la Loi mosaïque, se réalisait. C’est pendant cette période appelée Hégire8 qu’il pose les fondements de la religion musulmane, qui lui sont révélés sous forme de versets.
Les versets de la sourate II de la Vache sont les premiers à lui être révélés à Médine, sauf le verset 280 révélé à Mina, pendant le pèlerinage.
À partir du IIe siècle de l’Hégire, les musulmans rédigent les Hadiths9 et la Sunna10, d’après les témoignages des compagnons du Prophète. Les Hadiths ne sont qu’une référence religieuse et n’ont pas le statut de révélation ni ne s’imposent aux musulmans. Ils leur permettent toutefois de mieux comprendre le Coran, car seule leur signification est considérée d’inspiration divine. On n’attache pas d’importance aux paroles ni aux mots employés, mais à leur sens et à leur signification. Le Prophète a d’ailleurs bien rappelé, sur son lit de mort, qu’il ne laissait aux croyants que la parole de Dieu à savoir, le Coran.
Mais il faut admettre que la connaissance de sa vie, en tant qu’être humain, aide à une meilleure compréhension de l’Islam. La Charia est la loi canonique qui définit le droit musulman. Le droit tient une place importante en Islam, bien qu’à peine 500 versets y soient consacrés.
Le développement qui lui est attribué n’a pas l’étendue qu’on peut attendre, mais les versets sont riches de sens et la Charia en est l’expression, pour tirer un Code de la famille, un Code civil et pénal. Elle n’a jamais été codifiée sous la forme de recueil de lois ou synthétisée dans un livre de droit, car elle est simplement considérée comme une opinion partagée par les musulmans.
Les quelques versets, qui traitent du droit, couvrent les aspects les plus importants du Code de la famille et du patrimoine. Ils traitent d’une manière nouvelle, qui limite l’arbitraire de l’humain, le mariage, la répudiation, l’adoption, les successions, les testaments, la donation et d’autres sujets du quotidien. Tout est réglementé dans un esprit nouveau qui empêche le favoritisme et la domination des uns par les autres.
Pour redresser la société arabe, le Coran lui impose des interdits et des sacrifices inconnus d’elle jusqu’alors, car comme pour toute société primitive, la règle sociale était la moins lourde. L’Islam est pour les tribus arabes une révolution, au sens propre du terme, car il balaye d’un revers de main, ou plutôt d’un trait de calame11, l’état primitif de leurs mœurs et le chaos dans lequel elles vivaient en dehors de toute discipline.
À un état où la contrainte sociale était absente, l’Islam met en place une organisation plus complexe où l’individu est intégré dans un groupe, la famille, au sein de laquelle il contracte des obligations et acquiert des droits. Le mariage devient un contrat qui fixe les devoirs, les droits et les responsabilités des époux entre eux et à l’égard de leurs enfants. Un ordre successoral est établi entre les parents groupés en famille. C’en est fini de l’indépendance et de la sombre cruauté dans lesquelles se complaisaient les Arabes, auparavant.
Le lien familial, nouvel élément dans leur vie, crée un sentiment de dépendance, qu’on peut nommer affection ou devoir et qui relie désormais l’individu aux membres de sa famille et l’arrache à l’indifférence qui l’abrutissait, jusqu’alors. Son activité et son affectivité s’en trouvent multipliées par l’obligation de faire subsister sa famille et par le souci d’y faire régner l’entente. Ce qui lui procure des motifs d’actions altruistes, d’un ordre élevé.
L’organisation familiale, instituée par l’Islam, rapproche les personnes et développe en elles le sens de la solidarité qui leur manquait et leur révèle une atmosphère d’assistance et de dévouement, jamais ressentie ou vécue jusque-là. L’Islam rend plus humaine la vie sociale des Arabes et après l’apostolat de Muhammad, il ne reste plus rien des mœurs de l’antique péninsule arabique.
Les préjugés, tout comme les us et coutumes des Arabes disparaissent devant l’Islam. La religion et l’organisation sociale sont les deux éléments de l’ancienne culture arabe qui sont radicalement transformés et pour bien marquer la séparation entre le passé et les temps nouveaux, la période préislamique est appelée Jahilia, ignorance en Arabe.
L’Islam est un monothéisme épuré à l’extrême, sans clergé et sans rituels, sauf celui des ablutions qui purifient le croyant pour les cinq prières quotidiennes qui, elles, se font chacune selon une méthode bien définie. Il ne s’agit pas là de rituel, mais de l’exécution d’un acte codifié d’adoration de Dieu.
Les rituels sont généralement l’œuvre du clergé et à ce titre, rappelons que le Christianisme est né sans clergé, celui-ci n’étant apparu qu’au IIIe siècle.
Le musulman a affaire à un Dieu unique et tout puissant, auquel il s’adresse sans intermédiaire et à qui il rend compte individuellement de ses actes. La Sourate I de l’Ouverture (Fatiha) est sans équivoque sur ce point et elle peut être une formule de prière pour toute personne qui croit en un Dieu unique, quelle que soit sa confession.
I/ 1 – Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux.
I/ 2 – Louange à Dieu, le Maître de l’Univers,
I/3 – le Clément, le Miséricordieux,
I/4 – Souverain au Jour du Jugement dernier !
I/ 5 – C’est Toi que nous adorons ! C’est Toi dont nous implorons le secours !
I/ 6 – Guide-nous vers le droit chemin
I/ 7 – Le chemin de ceux que Tu as comblés de bienfaits, non celui de ceux qui ont encouru Ta colère ni celui des égarés !
(Amen !)
Le verset 6 de la Sourate V des Femmes évoque le rituel des ablutions, qui est aussi un principe d’hygiène.
V/ 6 – Ô croyants ! Lorsque vous vous préparez pour la prière, lavez vos visages et vos mains jusqu’aux coudes, passez les mains mouillées sur vos têtes et lavez-vous les pieds jusqu’aux chevilles. Si vous avez fait œuvre de chair, lavez-vous le corps. Si vous êtes malades ou en voyage ou si vous venez de satisfaire un besoin ou si vous avez eu un rapport avec une femme et que vous manquiez d’eau, alors recourez à la terre pure, passez-en sur vos visages et vos mains. Dieu ne veut pas vous causer de la gêne, mais Il aspire à ce que vous soyez purifiés et à ce que vous soyez en état de recevoir Sa grâce. Peut-être Lui en serez-vous reconnaissants.
D’après le verset 16 de la Sourate L de la lettre « Kaf » en Arabe, Dieu est plus proche de l’Homme que ne l’est sa propre carotide, ce qui crée un lien intime entre le créateur et sa créature.
L/ 16 – Nous avons créé l’homme et Nous connaissons les plus intimes pensées que lui inspire son âme, car Nous sommes plus près de lui que sa veine jugulaire.
Les aspects de la vie, auxquels l’Islam attache de l’importance, sont la foi (iman) et la soumission (islam). La foi, c’est-à-dire la croyance en un Dieu unique, en ses Anges, en ses Messagers choisis parmi les humains, en la résurrection, au visible comme à l’invisible, à l’au-delà, à la notion du bien et du mal telle que définie par Dieu et au jour du jugement dernier. La soumission à l’ordre divin qui s’exprime à travers ses cinq piliers, qui sont les suivants :
La confession de foi (
chahada
) : attester qu’il n’y a pas d’autre divinité que Dieu et que Muhammad est son messager
12
;
Les offices de prière : cinq prières obligatoires réparties tout au long de la journée, du lever du soleil à la tombée de la nuit ;
Zakat
13
;
Le jeûne pendant le mois de Ramadan ;
Le pèlerinage à la Mecque pour ceux qui en ont les moyens physiques et financiers.
Ils sont simples et n’impliquent qu’un engagement personnel liant l’Homme à Dieu. Ils n’incluent ni le crime ni la violence et c’est à ces cinq piliers, uniquement, que le musulman fondamentaliste s’attache avec rigueur. Il faut noter que le mot arabe Islam, qui est le nom de la religion, signifie « Soumission », sous-entendu à Dieu, et a pour racine le mot Salam, qui veut dire paix.
À cela s’ajoutent les notions de Niya et Ihsane. La Niya relève de l’intention personnelle de bien agir, sans qu’il n’y ait de contrainte, car la foi ne doit pas être un fardeau pour le croyant. Il est dit dans le Coran, au verset 256 de la sourate II de la Vache, qu’il n’y a pas de contrainte dans la religion.
II/ 256 – Nulle contrainte en religion, maintenant que la vérité se distingue nettement de l’erreur. Désormais, celui qui renie les fausses divinités pour vouer sa foi au Seigneur aura saisi l’anse la plus solide, sans crainte de rupture. Dieu entend et sait tout.
L’Ihsane est l’amélioration dans la pratique religieuse, ce qui exige l’esprit et non l’apparence. La Charia, bien qu’elle affole tout le monde et qu’elle soit brandie comme une menace à toute forme de liberté, une sorte d’anti-loi antidémocratique est, à cette époque de l’histoire des Arabes, une avancée considérable dans le respect des lois et des règles de vie en société, pour une communauté, qui était sans foi ni loi.
Elle réglemente la vie religieuse, politique, économique et sociale. Elle classifie les actes en cinq catégories juridiques : (a) fard ce qui est obligatoire et relève du devoir mérite récompense si pratiqué et châtiment le cas contraire (b) mustahhab ce qui est louable, mérite récompense en cas d’application, mais pas de punition s’il n’est pas appliqué ou pratiqué (c) mubah ce qui est ouvertement autorisé et n’implique aucune action juridique en cas d’application ou non (d) makruh ce qui est désapprouvé, mais n’implique aucune action juridique (e) haram14ce qui est interdit et implique un châtiment qui, dans beaucoup de cas, relève exclusivement du ressort de Dieu. La Charia est une loi, mais dans sa finalité elle est surtout la voie de la fidélité à la foi, ce qui lui donne un caractère évolutif, lui permettant de s’adapter aux lieux et aux époques.
La force de l’Islam réside dans sa dynamique de transformation, mais il ne faut pas que ce soit une hérésie (bid’a), une invention délirante ou une innovation blâmable, comme nous en verrons un exemple plus loin. Le changement doit être symbole de créativité (ibd’a), selon les lieux et les circonstances, pour l’application adéquate de la foi musulmane qui n’est pas une pensée figée, en décalage avec le présent. Le changement a pour but d’encourager à la réflexion pour éclairer l’esprit et épanouir l’âme.
Le contenu du Coran, dont la conception de la Charia doit s’inspirer, est présenté comme évolutif au verset 106 de la Sourate II de la Vache et au verset 1 de la Sourate XI de Houd.
II/ 106 – Tout verset que Nous abrogeons ou que Nous rendons caduc, Nous le remplaçons aussitôt par un autre verset meilleur ou semblable. Ne sais-tu pas que Dieu est tout puissant ?
XI/ 1 – Alif – Lâm – Râ15. C’est un Livre conçu en versets fondamentaux et d’autres qui constituent un développement, émanant d’un Sage et Expert (…)
De plus, il est rare qu’une loi soit mauvaise, même celle promulguée par l’Homme, assumant que l’intention de l’écrire part d’un bon sentiment, cela va de soi. Toute loi est généralement bien pensée et conçue pour être garante de la justice, mais son application cause souvent des problèmes, du fait d’une mauvaise interprétation. Un texte de loi doit être adapté aux spécificités de chaque peuple ou nation à une époque donnée et la Charia (en tant que loi) ne déroge pas à cette règle. Elle ne peut en aucun cas s’imposer partout et de la même manière. Il serait absurde de croire qu’elle peut s’appliquer du jour au lendemain n’importe où, à n’importe quelle population et par n’importe qui.
Pour qui veut l’instaurer, elle doit être, au préalable, rédigée sur la base de ce qui est prescrit dans le Coran, en fonction des besoins et des exigences propres à chaque société ou peuple. Ce travail de préparation ne peut se faire que par une équipe pluridisciplinaire compétente, composée de juristes, de sociologues, de théologiens, d’historiens et de scientifiques. Il s’apparente à l’ijtihad que l’Islam recommande et qui est l’effort intellectuel d’une lecture holiste16 et contextualisée du Coran pour en développer la compréhension et en faire évoluer l’interprétation.
Revenons sur la notion d’exigence de l’esprit en Islam. Elle signifie aussi, voire principalement, penser aux autres autant qu’à soi-même et plus encore. Ainsi, les impôts ne sont plus perçus comme un fardeau, mais comme un devoir, celui de partager les bienfaits dont Dieu a gratifié le croyant, car tout Lui appartient y compris les richesses que chacun possède.
À part la zakat, grâce à laquelle le croyant se purifie en redistribuant les richesses que Dieu a mises à sa disposition, il y a le taâchire, qui est un impôt payé sur les récoltes. Il s’apparente à la dîme, car il s’agit d’une dixième mesure prélevée sur chaque récolte et qui est destinée aux pauvres.
Sans oublier la zakat al fitr dont il faut s’acquitter, à la fin du mois de Ramadan pour valider le jeûne, quatrième pilier de l’Islam. Son montant se calcule pour chaque foyer, sur la base du revenu minimum individuel, qui est en vigueur dans le pays où on se trouve, et en fonction du nombre de personnes vivant sous le même toit. Le chef de famille est tenu de faire le calcul du montant à verser et rien ne lui interdit d’être plus généreux, quand les moyens le permettent.
L’impôt, sous forme d’aumône, est réservé prioritairement aux proches, familles ou voisins, pour être sûr qu’il va aux vrais nécessiteux. Si personne parmi l’entourage, plus ou moins proche, n’est dans le besoin, l’impôt peut tout aussi bien être versé à un organisme ou à l’État qui le redistribuera de manière juste et équitable, partant du principe que les dirigeants sont honnêtes et intègres. C’est une forme de socialisme auquel tout le monde participe avec force, grâce à la foi. Les personnes, qui peuvent prétendre à l’aumône, sont citées au verset 60 de la Sourate IX du Repentir (At-Tawba).
IX/ 60 – L’aumône est destinée aux pauvres, aux nécessiteux, à ceux qui sont chargés de recueillir ces dons et de les répartir, à ceux dont les cœurs sont réconciliés (avec l’Islam) et pour libérer des captifs, aux endettés insolvables, à ceux qui se consacrent à la cause de Dieu et aux voyageurs démunis. C’est là un arrêt de Dieu, et Dieu est Omniscient et Sage.
En se convertissant au monothéisme, les Arabes voient l’essence de leur croyance religieuse modifiée et leur vie sociale bouleversée. Le degré d’ignorance dans lequel ils étaient est même reconnu dans le Coran au verset 2 de la Sourate LXII du vendredi.
LXII/ 2 – C’est Lui qui envoya à des gens incultes17 un apôtre d’entre eux, pour leur réciter Ses versets, les purifier et leur enseigner le Livre et la sagesse. Ils étaient plongés, avant sa venue, dans un égarement manifeste.
Comme toutes les religions du Livre, l’Islam n’enseigne pas l’immoralité et recommande la charité et la bonté. Les versets universels, dès les premières Sourates, insistent sur le partage et la remise en circulation des richesses dont Dieu gratifie qui Il veut. L’Islam se distingue des autres religions monothéistes en quelques points, du fait qu’il organise les multiples aspects de la vie en un tout. Il n’est pas réservé à une élite, mais concerne chaque individu. L’Islam guide les rapports entre l’individu et Dieu, ainsi que les rapports entre les individus, dans la société. Il est cependant possible et permis de distribuer les pouvoirs selon les spécialités et les compétences.
Ainsi, le mot Imam désigne aussi bien celui qui dirige l’office de la prière, que le chef de l’État, mais, des conditions préalables sont indispensables aux deux fonctions. Diriger l’office de la prière est un grand privilège en Islam et il faut avoir les connaissances nécessaires pour accéder à ce rôle, cependant, pour être reconnu comme chef d’État, il faut avoir des compétences et des qualités confirmées et reconnues par tous.
L’Islam commande toute l’activité de l’Homme, car il n’y a pas de scission entre le sacré et le profane, le principe étant d’accepter la condition humaine en la sanctifiant, mais avec mesure. Ce concept est un élément d’incompréhension de l’Islam par les non-musulmans, d’autant plus qu’il est souvent, et il faut le déplorer, exagéré par certains, ce qui dénature l’Islam et crée des tensions, même entre musulmans.
L’Islam peut être défini comme totalitaire, mais pas dans le sens du concept politique des régimes de certains États. Il n’est pas tyrannique et ne crée pas d’atmosphère étouffante. Le musulman n’est comptable de ses actes qu’envers Dieu et s’il devait rendre compte à un État ou à une élite quelconque, il serait asservi. L’assujettissement à une entité supérieure, un Dieu unique créateur de l’Univers, est moins lourd que l’assujettissement à une ou plusieurs personnes.
On dispose de plus de liberté sous le joug d’une dictature divine, que sous celui d’une dictature humaine. Non pas qu’on puisse faire ce que l’on veut en toute impunité, mais on est plus attentif à ses propres actes, car Dieu est partout et observe les actions de chacun. Cela mène à une autodiscipline de l’individu, qui se conduit selon une morale et une conscience qu’il développe et maintient d’après les enseignements du Coran. Sa soumission à Dieu l’affranchit de ses semblables et des besoins temporels.
La vie de chacun, composée du corps et de l’esprit, ne peut pas prospérer au détriment d’autrui. Il faut un équilibre qui génère l’harmonie et une coordination fructueuse. L’Islam impose comme loi ce qui est la généralité et l’unanimité de la communauté et non pas l’un ou l’autre élément déterminé. Il commande d’adhérer à ce qui est reconnu comme le bien par tous et de s’abstenir de ce qui est reconnu comme le mal par tous. Il exige la justice, les bonnes mœurs et la philanthropie, alors que la croyance n’est pas imposée, mais recommandée.
XVI/ 90 – Dieu ordonne la justice, la charité et l’assistance aux proches et Il interdit l’obscénité, les écarts de conduite et le despotisme. Dieu vous exhorte ainsi, pour que vous réfléchissiez.
Le musulman se sent plus libre que beaucoup de citoyens des démocraties actuelles, car l’Homme qui gouverne crée des automates, mais Dieu, malgré toute la puissance qu’on Lui reconnaît, respecte la dignité humaine. Et même si le principe de l’Islam est total, il n’écrase pas l’autonomie de ses adeptes et, par contre, consolide la cohésion entre eux.
Nous verrons comment cet élément a été essentiel dans la pensée philosophique musulmane sous les Khalifats de Baghdâd et de Cordoue et a permis au monde musulman de vivre son âge d’or.
Le Coran est la principale référence du musulman et son contenu rappelle en certains points le Livre d’Hénoch18, auquel il est fait discrètement allusion. L’étude du Coran est indispensable à la compréhension de l’Islam, tout comme l’étude de la Torah et de l’Évangile est indispensable à la compréhension du Judaïsme et du Christianisme. Pour bien en saisir la signification, il est recommandé de lire les Saintes Écritures avec une pensée orientale, lorsqu’on en lit une version traduite dans une langue occidentale, car c’est le sens du texte qui est traduit.
Le Coran est à la fois un code de conduite et le récit de l’histoire des religions. Il lève le doute sur ce qu’il s’est passé avant, en rappelant les actes des prophètes et leurs miracles. Il regroupe un ensemble de lois et quelques rites religieux simples. Il fait un rappel de la foi monothéiste avec ses règles d’éthiques qui permettent une vie en société droite et sans iniquité.
Le Coran est une révolution, car il impose un code de conduite qui rompt avec les errements de la société arabe et lui établit un ordre nouveau. Il est le rappel d’une foi en un Dieu unique, sur la base d’une éthique simple et pratique, qui impose l’intégrité. Ceci rappelle l’enseignement de Jésus qui, tout au long de son ministère, reprochait aux pharisiens et aux sadducéens19 leur attachement aux coutumes et traditions, au détriment de l’adoration de Dieu.
Si la plupart des doctrines dépérissent et perdent leur caractère originel avec le temps, le Coran a conservé intact son pouvoir de persuasion. Les musulmans sont restés, pour la plupart, très proches de ses principes. Ils l’apprennent et le récitent toujours avec la même ferveur qu’aux premiers temps. Ils s’en inspirent au quotidien dans leurs actes et leurs pensées, alors que ceux qui s’en sont éloignés, et se sont constitués en sectes, se réfèrent aux discours de différents exégètes, plus ou moins éclairés.
Le Coran distingue clairement Dieu de l’Homme, car l’Homme ne peut en aucun cas s’assimiler à Dieu ou pire, s’y substituer. Il y a dès lors une séparation entre ce qui relève de Dieu et ce qui relève de l’Humain. Dieu est le créateur qui peut tout et sait tout, alors que l’Homme n’est que sa création, qu’Il comble de ses bienfaits. Dieu lui a assujetti les cieux et la terre et c’est à l’Homme d’en tirer le meilleur avec le plus grand respect.
Pouvons-nous y voir les prémices de l’écologie, la vraie ? Le libre arbitre de l’Homme est mis à contribution, car de toutes les créatures de Dieu, il est le seul à avoir cet acquis. L’Homme doit être capable de se comporter avec respect envers la nature en élevant sa pensée. Le Coran propose une religion unificatrice des enfants d’Adam et Ève, puisque tous les prophètes y sont évoqués, ainsi que leurs actes.
Le prophète Muhammad évoque le Dieu d’Abraham et pendant les dix-sept premiers mois de son exil à Médine, lui et les musulmans jeûnent avec les juifs, pendant Kippour, selon la loi de la Torah, c.-à-d. du crépuscule au crépuscule et ils prient dans la direction de Jérusalem, comme les chrétiens. C’est une manière de montrer que le Dieu de l’Islam est le même Dieu, que celui d’Abraham et donc le même que celui des gens du Livre, juifs et chrétiens. C’est une façon de les amener à reconnaître sa religion et, peut-être aussi, de les inviter à embrasser l’Islam qui n’est que la soumission à Dieu en reconnaissant toutes les révélations, car il n’est guère question de prosélytisme en Islam ni d’imposer sa doctrine ou sa vision des choses à autrui.
Il est encore moins question de le faire par la force ou la violence. Il est interdit de forcer quiconque à se convertir, car s’il venait à le faire, ce ne serait que par crainte et non par conviction. Cet élément revient dans plusieurs versets, car dans l’absolu, chacun est libre de croire ou de ne pas croire en Dieu. C’est ce que le Coran enseigne au verset 29 de la Sourate XVIII de la Caverne et ce principe peut aussi s’appliquer à l’apostasie, selon le verset 106 de la Sourate XVI des Abeilles.
Cependant, c’est à Dieu seul de juger les actions de chacun et c’est à Lui seul que revient le droit de punir ceux qui commettent des actes, qu’Il considère comme punissables. L’humain ne peut en aucun cas juger la foi d’autrui ou ses actes, car il n’en a ni le moyen ni le pouvoir et Dieu n’a investi personne de cette mission, pas même les prophètes. Les versets, qui vont dans ce sens, sont assez nombreux, comme pour marquer l’insistance par la répétition.
Sourate II de la vache.
II/ 270 – Tu n’as pas pour mission, ô prophète de convertir les gens. C’est à Dieu que cette mission incombe.
Sourate III de la famille d’Imran20
III/ 19 – À ceux qui te contrediront, dis : « Moi, je me suis soumis à Dieu ainsi que ceux qui me suivent ». Demande à ceux qui ont reçu le Livre et aux non-initiés : « Vous soumettez-vous ? » S’ils se soumettent, ils seront dans la bonne voie, mais s’ils s’insurgent, rappelle-toi que ton rôle se borne à les avertir. Dieu observe ses serviteurs.
Sourate IV de la femme.
IV/ 79 – Celui qui obéit au Prophète obéit à Dieu. Ta mission ne te rend pas responsable de ceux qui s’écartent de Dieu.
Sourate V de la Table
V/ 94 – Obéissez à Dieu. Obéissez au Prophète. Soyez sur le qui-vive. Si vous fléchissez, sachez que Notre prophète n’a d’autre mission que de vous donner un avertissement décisif.
Sourate VI du Bétail
VI/ 49 – Nos Prophètes n’ont d’autre mission que d’annoncer la bonne nouvelle et d’avertir. Ceux qui croient et s’amendent ne connaîtront ni crainte ni tristesse.
Sourate XVI de l’Abeille, versets 82 et 106
XVI/ 82 – S’ils se détournent ; il ne t’incombe que de transmettre clairement le Message.
XVI/ 106 – Quiconque renie Dieu après avoir cru – à moins d’y être contraint tout en demeurant fidèle intérieurement à sa foi –, ainsi que ceux qui ouvrent délibérément leur cœur à l’impiété, ceux-là, la colère de Dieu s’abattra sur eux et ils seront voués à un terrible châtiment.
Sourate XVIII de la Caverne verset 29
XVIII/ 29 – Dis : « La Vérité émane de votre Seigneur. Croira qui voudra et niera qui voudra ! » Nous avons préparé pour les infidèles un feu dont les flammes les encercleront de toute part. S’ils demandent à boire, on leur servira un liquide bouillant, semblable à un métal en fusion qui leur brûlera le visage. Quel détestable breuvage et quel lugubre séjour !
Sourate L de la lettre « Kaf » verset 45
L/ 45 – Nous connaissons bien tous leurs propos21, mais il ne t’appartient pas d’exercer sur eux une contrainte. Averti, par ce Coran, ceux qui redoutent ma menace.
Le sens commun à tous ces versets et bien d’autres encore mène à la conclusion que le prosélytisme est étranger à l’Islam. C’est plutôt une notion biblique, comme le démontrent ces quelques versets de la Bible.
Mt 24.14 – Cette bonne nouvelle du royaume sera prêchée dans le monde entier, pour servir de témoignage à toutes les nations. Alors viendra la fin.
Mt 28.18 – Jésus, s’étant approché, leur parla ainsi : Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre.
Mt 28.19 – Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit
Mt 28.20 – et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde.
Lc 10.1 – Après cela, le Seigneur désigna encore soixante-dix autres disciples, et il les envoya deux à deux devant lui dans toutes les villes et dans tous les lieux où lui-même devait aller.22
L’instruction de répandre la bonne parole est assidûment exécutée par les évangélistes et les témoins de Jéhovah. Le musulman, lui, n’est pas tenu de faire de même, car d’après le Coran, ce n’est pas son rôle, mais celui des prophètes. Et bien que tous désignés par Dieu, il ne leur incombe que de délivrer un message et d’informer les peuples. Comment alors de simples individus peuvent-ils prétendre être investis de la mission de convertir l’humanité entière et par le glaive, de surcroît ?
Muhammad lui-même ne cesse de rappeler n’être que prophète, un simple homme et messager de Dieu et il ne saurait être que cela. Il est souvent sollicité par ses contemporains pour faire des miracles, mais il leur répond que son rôle se limite à révéler la religion de Dieu et qu’il ne saurait aller au-delà de cette mission. Des miracles ont été réalisés auparavant par des prophètes et pourtant ils n’ont pas été crus et leurs actes ont été assimilés à de la magie.
Après avoir prié en direction de Jérusalem les premiers mois de son exil, Muhammad reçoit sa première révélation à Médine, par laquelle il est chargé de changer la direction de la prière. Il s’agit de la Sourate II de la Vache et le thème de la Qibla 23 y est abordé dans les versets 140 à 142. C’est à partir de ce moment que les musulmans se tourneront vers la Mecque en direction de la Kaaba, pour prier et non plus vers Jérusalem.
Voici la traduction de ces versets.
II/ 140 – Des insensés interrogent : pourquoi ont-ils abandonné la direction à laquelle ils étaient habitués jusqu’alors ? Réponds-leur : l’Orient et l’Occident sont à Dieu. Il indique à qui Il veut la bonne direction.
II/ 141 – Et de même, Nous avons fait de vous une nation centrale pour que vous serviez de témoins à toutes les personnes. Votre témoin, à vous, sera le Prophète. Nous n’avons maintenu la Qibla initiale que pour distinguer ceux qui obéiraient au Prophète de ceux qui l’abandonneraient. Ce fut là une dure épreuve, sauf pour ceux à qui Dieu donna la foi. Ce n’est pas Dieu qui vous fera perdre le bénéfice de votre foi, car Dieu est pour les personnes, plein de mansuétude et de clémence.
II/ 142 – Nous t’avons vu, Ô Prophète, interroger le ciel du regard. Nous t’avons désigné une direction qui t’agrée. Tourne ton visage du côté de l’oratoire sacré. Où que vous soyez, tournez votre visage de ce côté. Les gens d’Écriture savent parfaitement que cette vérité vient du Seigneur. Et Dieu n’est pas inattentif à ce qu’ils font.
Le Coran englobe l’ensemble des connaissances de son époque et invite à la recherche du savoir. La toute première sourate qui est révélée au prophète Muhammad est celle du caillot de sang et elle est étonnante à plus d’un égard. Elle lui a été révélée à la Mecque et commence par le verbe lire à l’impératif Iqra’e qui signifie aussi étudier ou s’instruire.
Il est utile de citer la sourate XCVI en entier, car elle donne un aperçu global du contenu du Coran, la foi en un Dieu unique et la recherche de la connaissance qui favorise l’élévation de l’esprit pour mieux atteindre Dieu.
Au nom de Dieu le clément et Qui manifeste sa clémence
1 – Lis au nom de ton Maître, le Créateur
2 – Qui a créé l’homme d’un caillot de sang.
3 – Lis, car la mansuétude de ton Maître est infinie.
4 – C’est Lui qui a enseigné à l’homme par le calame,
5 – Qui lui a enseigné ce qu’il ignorait.
6 – Et néanmoins, l’homme devient arrogant
7 – dès qu’il se sent assez fort pour se passer des autres.
8 – Comme si tout ne faisait pas retour à ton Seigneur !
9 – Que dire de celui qui empêche
10 – les fidèles de prier ?
11 – Qu’en dire s’ils sont dans la bonne voie
12 – et propagent le bien ?
13 – Que dire de lui, qui renie et repousse nos signes