It's too bad I have to kill you - Karine Tribouilloy - E-Book

It's too bad I have to kill you E-Book

Karine Tribouilloy

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Beschreibung

Je m'appelle Duty Sunay, mon monde a été contaminé.
Appréhension, peur, tyrannie, il est chargé de blessures, d'atteintes et d'offenses.
Mon âme souffrante est cernée par des pensées angoissantes, interminables, des regards foudroyants, une noirceur indélébile.
Mes yeux sont remplis de haine, mon cœur est en violence permanente.
Je suis l'étrangère misanthrope, mes pics de détresse affolent, mon allure troublante est source de moqueries.
Seuls mes rêves me donnent de l'espoir, ils sont ma vie, un aller sans retour.
La rage incommensurable qui enveloppe tout mon être me donne cette force étrangement incroyable d'avancer.
Car ils ont conduit ma vie vers un ciel ombragé, vers un vide infini.
Ils osent maintenant occuper mon présent au passage d'une joie fugace.
Alors, je les tuerais....tous !



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www.publishroom.com

Copyright © 2022 Karine Tribouilloy

Tous Droits réservés.

ISBN : 978-2-38454-304-5

Le code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit,est illicite et constitue une contrefaçon, aux termes des articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

It’s too bad

I have to kill you

c’est dommage

d’être obligée de vous tuer

Mai 2022

KARINE TRIBOUILLOY

It’s too bad

I have to kill you

c’est dommage

d’être obligée de vous tuer

Roman

A mes trois amours

Ma sœur résistante, ma fille guerrière, ma femme tolérante

A Altesse, Fanta, Tany mes trois chats supporters, les tranquillisants

A Maestro le gros dormeur

«Si quelqu’un t’a offensé, ne cherche pas à te venger.

Assieds-toi au bord de la rivière et bientôt tu verras passer son cadavre»

Lao-tseu

«La vie, ce n’est pas d’attendre que les orages passent, c’est d’apprendre à danser sous la pluie»

Sénèque

Préface

Une vie meilleure, trouver la paix intérieur, son chemin et non celui imposé, afin d’ aborder au mieux la vie personnelle et professionnelle en évitant les grosses erreurs, les parasites, les atrocités de tout genre, c’est ce que tout être humain souhaite et devrait obtenir.

Mais pour diverses raisons, bon nombre de personnes se battent pour la conquérir. Faisons-nous constamment la même boucle dans cette contrée mi-close pour trouver notre lumière ! ? Sommes nous simplement des rats de laboratoire pour je ne sais quelle croyance ! ? Avons-nous l’obligation de revivre cette vie désolante jusqu’à la perfection ? Combien de siècles va durer l’ utopie des grands maîtres ? À force de tourner en rond, la rébellion s’installe, obéir sans trop comprendre les enjeux du divin devient une soumission obsolète.

Certains enfants proviennent de familles riches et aimantes mais ne font rien de leur vie, n’approuvent rien de ce qu’on leur apporte. D’autres enfants issus de milieu pauvre veulent croquer la vie à pleine dents mais manquent cruellement de moyens, est-ce que la richesse et la pauvreté joue un rôle ? doit-on dire que ce n’est que l’injustice de la vie, ou bien, notre chemin est écrit à l’avance ? La vie est-elle définie quoique que l’on fasse, pauvre ou riche, moche ou canon, étrange ou sympathique ! Si une personne essaie de détourner le chemin, elle rejoindra obligatoirement la route, quelle route ? la route qui est écrite pour elle ? ! ou bien, tout simplement au plus jeune âge on nous inculque des fadaises en nous façonnant aux croyances humaines, à celles de ses parents, des enseignants, des beaux parleurs, des médias, tout ces implants douloureux ce formatage à l’extrême. Il faudrait peut-être tout simplement écouter les besoins et les sentiments au plus profond des cœurs ! facile à dire, à admettre, à réaliser, dans tous les cas c’est la vie incroyable et inimaginable de Duty Sunay.

Durant son existence passagère, Duty s’est posée toutes ces questions. Pour elle, l’exécrable vient avant tout de sa famille lui ayant foutu sa vie en l’air, sans ménagement, sans vouloir comprendre ses attentes, ses appétences. Comment une simple fillette, jolie, gentille, câline, aimante et intelligente, ayant le cœur sur la main, ne demandant qu’à s’ouvrir à la vie, à apprendre à n’en plus finir, puisse naître dans une famille horrible et malsaine, ni pauvre ni riche, juste modeste.

Comment pourra t-elle détourner ce chemin qui n’est pas le sien sans douleurs, sans violences et agressivités, sans rage, sans remords ni regrets, sans aucune vengeance, comment se sortir de cette servitude.

Elle s’étiole avant de rencontrer la petite flamme intérieure conduisant à l’acharnement et la ténacité. Cette petite lueur la soulage de l’emprise du mal. Ce sera la clé, l’illumination à exploiter, à accueillir, à conserver. Elle devra se battre sur tous les fronts peut-être pendant des décennies, toujours se battre, encore et encore pour trouver la lumière, sa lumière. Infiltrez-vous dans sa vie passée et actuelle. Découvrez pourquoi son âme est devenue mi ange mi démon. Comment arrivera-t-elle à gérer, à comprendre les dérives, à saisir qui elle est, et ce qui est. Comment va t-elle mener de front la sévérité de la vie, la dure loi infligée.

Comme un exutoire sur un ton sarcastique et brûlant, Duty Sunay va nous raconter son histoire des plus ahurissante, agrémentée de petits textes qu’elle avait écrit tout le long de son demi siècle mais qu’elle n’a jamais oser relire, jusqu’à maintenant. Merci Duty.

1

Duty Sunay

Indéfini

Bonjour, ravie de vous rencontrer, je m’appelle Duty Sunay, je suis née à la fin des années soixante, saine de corps et d’esprit un bon point malgré tout, petite fille frêle aux yeux bleus, cheveux châtain, et si je puis dire avec une intelligence suprême.

Non ce n’est pas de la condescendance car elle m’a bien aidé à plusieurs reprises, je suis miraculeusement vieille. J’aurais très bien pu m’appeler «Cosette, Éponyme ou Camille et Madeleine» mais le nom de Duty ouvre bien grand le bal aussi, l’immense empire de la bêtise humaine. Duty veut tout simplement dire en anglais, devoir, coercition. bien vu ! car telle a été ma vie, obligations, justifications, mensonges et irrespect. Par contre, l’antonyme est bien trouvé, mon nom brillait trop, pourtant le sens de l’humour ne se trouvait pas dans les gènes de mes parents, une coïncidence impertinente ! J’ai compris, à mon humble avis, bien tard, le processus de la procréation, tout un programme. C’est une parodie ? non, ma triste vérité, ma réalité pour les deux derniers groupes de personnages.

premier groupe

Il est naturel, l’aboutissement d’une union entre deux êtres qui s’aiment et se respectent. Avoir l’amour, le vrai, le beau, le «pour toujours» le moi, le je, le toi, le nous, c’est merveilleux, sublime. J’ en aurais les larmes aux yeux mais j’ai les glandes lacrymales asséchées.

deuxième groupe

Ça commence à se mélanger. L’Ego parle en premier. Hommes et femmes se pavanent, se perdent dans les «je t’aime» en s’embrassant à perdre haleine, partout et devant tout le monde, quel monde ? le leur ou un leur ?

L’égocentrisme est au plus haut point sans songer aux futures conséquences, leur progéniture. Mais qui peut les juger, personne, juste l’enfant qui viendra au monde de toute évidence car la préoccupation majeure de ses futurs parents n’est pas de s’occuper des gosses qui serait un effort incommensurable, mais faire de l’épate oui c’est certain, pour qui ? devant qui, leur famille ? leurs collègues ? ont-ils un problème originel, ou estiment-ils avoir fait un devoir glorifiant ?

troisième groupe

Là, c’est la grande classe, rejoignant la deuxième catégorie en plus perfide. Oui, l’amour la création, c’est sans conteste parfaire à la société, rentrer dans des cases bien définies, et rajoutons que si tu n’enfantes pas ou tout simplement tu n’en désirais pas, tu es jugé comme un paria, donc il te faut absolument créer, sinon attention au grand que dira t-on. L’obligation envers le monde, quel courage ! crétins !

–  Tu es impuissant, sûrement !

–  Tu n’aimes pas les enfants ?

–  Alors, c’est qui, elle ou lui qui peut pas en avoir ?

–  Vous avancez dans l’âge là, vous n’en désirez pas, c’est étrange ! ?

–  Peut-être sont-ils ensemble que pour la bagatelle, narcissiques ! obsédés !

–  Peut-être ont-ils une de ces maladies mentales, tu sais, comme l’homosexualité, une quelconque déficience certainement !

Ces célèbres phrases que bon nombre d’entre vous avez entendu, pour vous même ou dans votre voisinage, votre famille, à la télévision, les magazines pour des stars des médias, ces supports de l’information sont très fort pour calomnier, et bien nous leur disons bien haut et fort, et alors ! non mais de quoi je me mêle ! bref toute allégation leur sont favorable.

Alors le but ultime pour ce dernier groupe de personnages est de gober ces divagations et de produire des enfants, peu importe évidemment la gravité de leurs actes car, quand même, rappelez-vous, il faut rentrer dans les cases de la société. Donc on fabrique, appelons ces procréations par le bon terme, de la fabrication pure et simple. Une fois chose faite, les laisser se débrouiller dans la vie ou greffer à vos progénitures vos propres envies, c’est-à-dire ce que vous vouliez faire mais avez probablement raté, ce sera plus simple et moins contraignant.

–  Je voulais être maquilleuse, alors que ma fille veux travailler dans le bâtiment, beurk !

–  Oh moi gendarme, alors que mon fils veut être danseur pro, c’te honte !

–  Non et non, quelle horreur ! nous déciderons de leur avenir et ils seront ce que nous voulons, de beaux et intelligents adultes avec un bon emploi comme on aime et surtout pour nous représenter, of course, sinon ils déguerpiront vite fait de la maison, ce n’est pas à eux de décider.

Bien sûr, c’est plutôt connu, plus tu accumules les années d’études plus tu es intelligent. Quelle rigolade, heureusement que la connerie n’est pas héréditaire. Véritable conception de la vie, dure réalité et quelle déception pour ces enfants à venir, que de complications, destructions, démotivations, perte de l’ âme juste pour des parents qui ont voulu rentrer dans le moule que la société accepte avec des œillères. Bien plus tard mais pas trop, faut pas déconner non plus, vient le moment du mariage un peu forcé car dans le même esprit, on veut s’en débarrasser au plus vite, avec n’importe qui, on s’en fout, tant qu’ils apportent des petits enfants, ce sera l’heure d’ être des grands parents épanouis pour la communauté. Si tu n’es pas grand parents, tu as raté quelque chose avec tes mômes, il a reçu assurément une tare comme citée au dessus. Ils ont bien coché dans les petits carrés, c’est parfait pour la vision de leur culture basique.

Était-ce si compliqué d’être parents dans les années soixante ? pas plus que maintenant, financièrement certes, il n’ y avait pas d’ allocations de toute sorte, mais là, rien à voir, même pauvre son enfant peut et doit vivre heureux et comme il veut. Les générations actuelles se sont un peu calmées sur le plan de l’inconscience et de la dureté de l’éducation. Elles n’ont plus les mêmes façons d’aborder la vie, et la vie elle-même est différemment abordable et mieux comprise pour certains en tout cas et heureusement, enfin je l’espère, je le souhaite vivement.

Voilà mon idée conçue pour ma glorieuse période car le grand et majestueux projet familial de mes parents se trouve dans cette fameuse troisième catégorie en pire dans le genre «personnes vraiment pourries». De l’amour, de la tendresse, de la gentillesse, du bonheur, de la joie... stoppez les machines ! ces mots, ces douces paroles, les gestes affectueux ne se trouvaient pas dans leur programme. C’était trop demandé ? ou bien avaient-ils loupé un cours d’éducation ! assurément, voire plusieurs. Tous ces termes devaient être un supplément trop cher pour s’en servir, ou tout simplement mes parents représentaient juste la catégorie des enfoirés de première, une quatrième catégorie, je le pense indéniablement.

L’amour familial, le désir, l’interaction sociale, le «moi et toi» resteront pour ma part des termes indécents et inesthétiques. Le regard sur des amours quel qu’ils soient, de tous les âges d’ailleurs était vraiment insupportable, pour cause bien sûr de ne l’avoir jamais connu, reçu et vécu. Drôle de vision en tous cas pour les gens comme moi, ce sentiment d’incompréhension en observant les amoureux. Cela peut choquer toute une vie, la mienne en tout cas.

Voilà, je suis donc venue au monde dans les années soixante, la quatrième sur cinq. Comme quoi, sur ce point les viocs ont bien suivi le manuel. Pour le bien être physique et psychique des enfants par contre, une autre histoire est prévue. Comme bon nombre d’enfants j’ aurais dû normalement dire ceci.

INDÉFINI

Je suis née ici, de ce matin béni, en poussant un cri de joie, je vous ai rencontré.

Ce moment d’émotion de plaisir en rêve, ce bonheur si pur en feux éternels.

Je suis votre vie, je suis dans vos cœurs, ma présence en vous, mon amour est pour vous.

Cette joie et ces mots échangés au fur et à mesure du temps passé, jamais je n’oublierais.

Ce matin béni, je vous ai rencontré, mes chers parents gardaient cette bonté ainsi je vous remercie.

Hum... j’ aurais dû l’exprimer, oui, des paroles mirobolantes et pleines de chaleur. Que c’est mirifique et réel pour certains, mais !

2

Ma première année

Duty Sunay, bon jusque là, tout va bien à part pour mon prénom trouvé sur un paquet d’une marchandise quelconque ou entendu dans une série télévisée aussi débile qu’eux.

Pour démarrer ma vie, je suis née avec le cordon ombilical résistant à la cicatrisation. Avais-je pressenti le pire en prêtant l’oreille sur des paroles étranges venant du ventre de ma mère pour dès lors vouloir en finir ? ! Bon, pour le cordon, ce n’était pas de leur faute, on est d’accord. Mais je leur procurait déjà du soucis, non pas pour ma santé, mais pour le grand que dira t-on sur leur progéniture. Un défaut de fabrication, par lequel des deux, vous vous souvenez ?

De ce fait, j’étais restée à la maternité quelques jours de plus sans certitude sur les propriétés vitales. Mon départ dans la vie et mes premiers mois furent désastreux, une forte anémie s’invita à la fête. Était-ce encore un signe envoyé pour ne pas continuer ce fastueux périple ? Je connais bien ma première année car ma mère a eu un plaisir pernicieux de me la raconter. Pauvre de moi-même !

–  Merde, elle nous apporte que des soucis cette gamine, elle ne veut rien manger, elle ne grossit pas, grognait ma mère. Elle est toute blanche et maigrelette, elle a du sang de navet.

Un enfant comprend très bien ce que dit ses parents surtout devant le visage hargneux d’une mère. Un enfant a besoin d’aide, d’indigence, ben ouais, et peut-être que la bouffe était tout simplement dégueu.

Avec mon intelligence précoce certes, la solution fut trouvée. Vous voyez ? déjà elle m’aidait. Je n’avais pas plus d’un an quand la guérison apparut. Ce jour où j’ai ingurgité de la terre et du sable en jouant, une date favorable pour ma santé, allez savoir quand on est petit on teste tout, je voulais sans conteste manger bio mais pour mes parents ce fut plutôt ce genre de propos.

Mais quelle souillon ! On n’arrivera à rien avec celle-là, en plus elle traîne dans la terre avec ses collants blancs.

Je signale en passant aux parents qu’à un an on apprend. En plus, je n’aimais pas les collants et qui m’a mise devant ce tas de terre ? à cet âge, on joue, on teste, on s’amuse, on se salit et normalement les parents sont présents pour expliquer ce qui est bon ou mauvais, mais pas de hurler. C’est ce que l’on m’a certifié bien longtemps après. Aucune autre anecdote sur ma petite enfance, pas une photo, ah les avares ! aucun souvenir pour ma part. J’étais peut-être devenue toute gentille à leurs yeux ou déjà irrattrapable.

3

La reluisante maternelle beurk

68

Mes premières années passèrent dans cet état d’esprit. Je me révélais toujours, malgré les circonstances, une gentille et mignonne gamine, avec l’insouciance de la jeunesse plaçant mes parents sur un piédestal, car les parents, ça a toujours raison. La grande confusion mentale, le grand bouleversement psychique arrivent à la maternelle. J’ai appris la vie en société, les bousculades, les railleries.

Un des traumatismes premiers, je me souviens fort bien, c’était le vole. Quelle sensation étrange et terrifiante, le vole de mes goûters à chaque récréations en plus devant les maîtresses, ce qui n’arrangeait pas ma vision de l’idiotie humaine, trois ans et déjà ma première rébellion consciente ! Malgré les désapprobations et mes cris de colère, aucune réaction de la part de la maîtresse envers le voleur, seule son agressivité me tomba dessus. Elle me paraissait si grande cette maîtresse sur les deux marches de l’entrée de la classe.

–  Tu ne dois pas te laisser faire, vas t’en ! Vas courir !

Oui mais moi, je n’étais pas agressive ni désobligeante du tout mais plutôt je débordais de douceur et de quiétude, Peace and Love. J’étais née dans la bonne période pourtant, les années soixante, les babaches, les kombi et les campings cars vintages aux fleurs jaunes et orangées, les joints, la liberté d’être et de s’exprimer, la révolte...

68

Au p’tit café du coin est née une histoire, un verre ou deux enfilés, une pièce ramassée. Cela valait bien, pour sûr, un bon pourboire, car un inconnu insolite vint me narrer.

Dans les rues pavées c’était un résistant, par un couteau il était inscrit je t’aime. Fasciné par ce caillou mais des plus fréquent, sauf que ce pavé surgissait du vingtième.

J’ai ressenti la force, l’émotion du passé, il posté là, froid et noirci devant mes yeux, solitaire entre la chaleur et la fumée, rescapé parmi les cris, les tirs et les feux.

Ce môme avait gravé par amour sa raison en cachant derrière les barricades enflammées ces mots magiques chargés d’espoir et de passion, en espérant retrouver sa tendre bien-aimée.

Dans les rues pavées c’était un résistant, par un couteau il était gravé je t’aime. Cette pierre retrouvera par ces temps décevants d’autres amoureux naissant du vingt et unième.

Je n’avais assurément pas atterri dans la bonne famille, dans le bon corps. Il y eu, au moment de la jonction forcément, un court circuit dans mon acheminent sur terre, ce n’est pas possible autrement !

Je ne me battrais pas, c’est le rôle de la maîtresse de me protéger. Bien avancée pour mon très jeune âge, n’est-il pas ? étais-je surdouée ? en tout cas, c’est la question que j’aurais posée aux maîtresses en tant que mère, mais la mienne concevait ce don dans le sens de la bizarrerie, quel étrange gosse.

L’air narquois du petit monstre et la nonchalance de cette dame me fit monter la première grosse colère envers la vie en société. La peur à chaque récréation était présente car la scène se reproduisait jour après jour avec une indifférence totale. Je scrutais la grille dans l’espoir d’y voir ma maman venir me chercher, me réconforter, me sauver de cette irresponsable maîtresse. Mais cette petite grille verte au bout de la cour triangulaire me laissait sans cesse une sensation de vide. Vous savez, celle que l’on retrouve aux fonds de nos entrailles, ce sentiment d’abandon, le néant abyssal ou comme dans une rue trop longue ou l’on ne distingue plus les limites, aveuglé par le soleil, une fatigue intense vous plombe.

Pourquoi maman ne viens tu pas me chercher ? je ne me sens pas bien, murmurais-je avec amertume devant ce gouffre insondable.

Les arbustes longeaient le mur d’en face. Je voulais m’y cacher pour que l’on ne puisse plus me trouver, peut-être comme Alice, suivre le lapin pour s’enfuir vers un monde meilleur, vers ceux qui me comprendraient.

Résignée, je mentais à ma mère à contre cœur lui racontant que je donnais, par manque d’appétit, les biscuits aux autres enfants, même si la faim me tiraillait. Le mensonge, une horrible sensation naissante, mais cette invention avait fonctionné, non pas sans réprimande.

–  Quoi ? ! tu crois pas que je vais payer pour les autres, tu m’énerves toi ! ben t’en aura plus, et viens pas te plaindre, file dans ta chambre.

Non je ne me plains pas, je veux juste protester contre cet abominable enfant qui me martyrisait. Mes parents, en communion avec la maîtresse, détenaient une doctrine bien différente.

–  Débrouilles ! on ne veut pas en entendre parler, nous embêtes pas avec ça, si j’entends quoique ce soit venant de la maîtresse, j’ te dérouille !

D’accord, quelle délicieuse mentalité mais je trouvais néanmoins vraiment étrange que mes parents ne me défendent pas. Mais une maman c’est sacré, elle avait sans aucun doute raison de me gronder. Du coup, je doutais de plus en plus sur ma conception de début de vie, étudiant les problèmes existentiels déjà trop présent pour ma petite personne comme, pourquoi je n’interagis pas avec les autres enfants, courir, rire, faire des jeux, m’amuser en harmonie, ergoter, discuter sans but précis, pourquoi mes parents étaient méchants, ça, c’est resté longtemps une énigme. Toutes ces questions absurdes et non constructives m’emmenaient vers un rejet flagrant des gens à mon goût faible d’esprit. Ne vous offusquez pas si je résonnais comme tel car dans les années soixante dix, peu de monde cherchait à comprendre les différences intellectuelles, ni physiques, ni à les expliquer. Bon nombre d’enfants dans cette mixité, se sont retrouvés sur la touche par manque d’éclaircissement certain. La condescendance encore une fois n’était pas de mise vu mon jeune âge mais la compréhension et l’explication ne faisaient pas parties de mon éducation.

A la maison, il ne fallait pas parler de quoi que ce soit, rien que n’est ni, ni même avoir l’idée saugrenue de penser, car les parents auraient pu les saisir, les attraper au vol. De toute les façons c’était sempiternellement de ma faute. Ma mère me punissait en rajout des représailles écolières, aucune discussion et explications du pourquoi et du comment à attendre. La fausse culpabilité, se sentir responsable de ce qui m’ arrivait, ce deuxième sentiment effrayant.