Itinéraire d’un emploi précaire - Erwan Garel Lebrun - E-Book

Itinéraire d’un emploi précaire E-Book

Erwan Garel Lebrun

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Beschreibung

Itinéraire d’un emploi précaire est une véritable collection vivante d’histoires, un trésor d’anecdotes forgées dans le creuset de défis personnels surmontés par Erwan Garel Lebrun, le reflet d’épreuves authentiques et palpables. Cet ouvrage s’apparente à la boîte noire d’une vie, capturant chaque instant de turbulences, de réussites, d’échecs et de résilience. Êtes-vous prêt à embarquer pour ce voyage captivant, à suivre le sillage de ces vécus, à respirer l’essence même de ces expériences ?


À PROPOS DE L'AUTEUR 

Pour Erwan Garel Lebrun, l’écriture représente une nécessité viscérale. Parti des textes de chansons pour se réfugier dans des essais et fictions, sa plume est le plus souvent basée sur son vécu et quelquefois équilibriste de l’irréel.

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Erwan Garel Lebrun

Itinéraire

d’un emploi précaire

Roman

© Lys Bleu Éditions – Erwan Garel Lebrun

ISBN : 979-10-377-9881-7

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Chapitre 1

Au commencement

Comme de nombreux étudiants, j’ai commencé à faire de petits boulots pour avoir un confort durant mes études. Mon premier boulot : un travail de caissier, dans un super U. À ce moment, je n’ai pas le permis, aussi fais-je 12 kilomètres à vélo pour me rendre sur le lieu de mon job.

Ce premier emploi me fait basculer dans le monde du travail. J’y apprends la condescendance. Quand on est hôte de caisse, il y a des gens méprisants. Ces personnes se sentent au-dessus d’un pauvre jeune qui essaie de gagner quelques roupies entre deux années d’études.

Un jour, j’ai un problème à ma caisse : il me manque un prix et la responsable met du temps à arriver. J’entends tout à coup un homme me dire : « Alors la caissière, elle va s’en sortir ? » En moi, je me dis que c’est un pauvre type. Je serre les dents et me mords la langue pour éviter de lui répondre de façon sèche.

Une autre fois, une dame bien rondelette met sur le tapis de la caisse, de l’alcool, puis encore de l’alcool, et enfin de l’alcool. Elle me glisse un : « D’après vous, ça va me faire combien de temps ? »

Sur le moment, je ne sais pas quoi lui répondre…

Le 13 juillet, il y a une fête au village, je descends sur la place et regarde un concert. Ce soir-là, je ne sais pas ce qui me prend, mais je bois plus que de raison. Je dors à peine deux heures, j’arrive au Super U, je suis encore complètement défoncé.

Le lendemain, je suis convoqué par le directeur du magasin. Lorsque j’ai fait ma caisse de la veille, il manquait 1500 francs en liquide. Je suis accusé de vol. Le patron a des mots dégueulasses. Il me met une pression d’enfer, m’accuse et me salit.

Je reste droit dans mes bottes, car je sais que je n’ai pas volé. Je suis mis à pied jusqu’à ce que la situation soit réglée, puis me retrouve dans le bureau du patron sous ses invectives.

Dans l’heure de midi, la responsable des caisses a trouvé l’erreur. En fait, j’étais tellement bourré la veille que j’ai tout mélangé entre les chèques, les espèces et les cartes bleues. J’avais tout simplement passé les chèques sur les cartes bleues, les espèces sur les chèques… Bref, un joyeux bordel.

À ce moment, je comprends que mon patron est un homme imbu de sa personne et qu’il prend ses employés pour des jambons. Ce qu’il m’avait dit était impardonnable. Je ne suis qu’un jeune homme qui essaie de travailler. Sa manière de me prendre de haut, de me mettre plus bas que terre montre bien la condescendance, le mépris et son vrai visage.

Mon mois fait dans ce premier travail d’étudiant, je me dis que le monde professionnel est un monde de requins. Le respect est succinct.

Quelques années plus tard, j’apprendrai que cet enfoiré de patron s’est barré avec la caisse du supermarché. Laissant 10employés sur le carreau. Il est parti en exil dans un pays étranger. Pour 1500francs, il avait mis en cause mon honnêteté alors que lui partira avec des centaines de milliers de francs. C’est à ce moment-là que je comprends que l’on est toujours sali par plus sale que soi.

Chapitre 2

Les années fac

Pendant mes études universitaires, je travaille comme serveur dans une petite brasserie familiale. J’apprends le travail en équipe, et aussi les coups bas entre personnes d’une même team. Je ne suis pas très doué dans ce travail. Je fais plein d’erreurs, j’oublie le pain sur les tables, je ne mets pas les boissons. Je n’ai pas d’organisation et j’apprends sur le tas.

Les anciens qui sont en poste permanent pallient mes carences. Mais quand on est en plein jus, il y a souvent de grosses tensions. Je passe en cette première saison quelquefois complètement à côté de mes services.

Je reçois des piques. Je vois la posture condescendante du commerçant qui se donne des droits et des regards sur mon existence. La brasserie appartient à une femme, et elle est avec un gros con d’ancien militaire, facho. Vous me direz un militaire fasciste, c’est un peu un pléonasme.

J’ai beaucoup de mal avec ce dernier. Je surprends des conversations de comptoir assez hallucinantes. Lorsqu’il a pris ses apéros anisés, ça déborde. Il pique les immigrés et développe des thèses insoutenables pour quelqu’un comme moi…

Pour ce job, je gagne 7500 francs par mois ce qui, à la fin de la saison, me fait un petit pécule pour assurer mes frais d’étudiant. Mais je travaille de 11 heures le matin à une 1 heure, sans compter qu’il faut, à la fin du service, faire le ménage.

Les collègues saisonniers sont cool, nous sommes entre étudiants et les échanges sont très intéressants. Après le travail, c’est difficile d’aller se coucher tout de suite. Nous sommes encore dans le mouvement, alors on sort, on boit quelques verres. On se couche tard et le lendemain c’est reparti pour 13 heures de boulot.

Le métier de serveur est très dur, et puis il faut voir comme certains clients se sentent empereurs alors qu’ils ne sont que rois.

Les années qui suivent entre deux années de fac sont plus tranquilles. Je travaille toujours autant, mais j’ai une meilleure organisation et le métier rentre. J’ai un contact client très bon et puis j’ai la pêche. Un large sourire parce que je suis beaucoup plus à l’aise dans mes services. Les employés permanents sont toujours aussi infects. Ils ont l’impression d’être indispensables…

Ma troisième année de faculté est le début d’une nouvelle ère pour moi. Je fais des études de droit, et j’apprends à prendre des largesses avec le Code pénal. Je commence en cette troisième année à faire du business de stupéfiants. Je passe des frontières avec de la drogue dans mon véhicule.

J’outrepasse toutes les règles. Je fais de mauvaises rencontres et change complètement de voie. Je lâche la fac en plein milieu d’années alors que j’ai de bons résultats. Je lâche aussi ma copine de l’époque. Je déménage. Bref, tout ce qui était dans mon univers stable vole en éclats.

Un jour, alors avec un gars avec qui j’étais en cheville, j’aperçois, tapi derrière un arbre, un homme qui nous prend en photo. Je comprends immédiatement que l’on a une enquête sur le dos.

Je prends une décision radicale : quitter Rennes et partir à Jersey pour travailler dans le seul métier que je sais faire : la restauration. Aussi le jour de mon anniversaire, le 29 mars 1998, je prends un bateau pour la petite île anglo-normande.

Chapitre 3

Le début d’une longue errance

Le jour de mon départ, je dois partir de Saint-Malo avec ma voiture. Pendant que j’attends le ferry, trois hommes se postent devant moi. Ils me regardent avec insistance et partent par une porte sur laquelle est marquée « Police nationale ». Cette fois-ci, je m’en fous, je voyage à vide ou presque. Je me suis gardé deux petits joints pour mon arrivée sur l’île.

Arrivé au poste-frontière, les douaniers font passer toutes les voitures sauf la mienne qui est fouillée. Ils trouvent les deux joints que j’avais mis de côté. Ils jouent au bon douanier et au méchant douanier. L’un essaie de me mettre à l’aise tandis que l’autre est menaçant. Ils me disent que s’ils trouvent autre chose, ils m’interdisent l’entrée sur le territoire.

Je ne tremble pas et suis sûr de moi. Ils finissent par m’emmener dans une salle et me demandent de me mettre nu. Alors que nous conversions en anglais, je me fous d’eux, repassant dans la langue de Molière en disant que je suis Français et que je ne comprends pas ce qu’ils veulent.

Après une petite discussion, je m’exécute. Il me regarde le trou du cul pour voir si je n’ai pas passé quelque chose dans mon anus. Tout ça fait que j’arrive en retard à mon rendez-vous avec mon patron.

À Gorey, je retrouve des amis de Cherbourg. Nous sommes tous en descente. Nous buvons plus que de raison.