Jack Kerouac. Entre ciel et enfer - Pierre Glénat - E-Book

Jack Kerouac. Entre ciel et enfer E-Book

Pierre Glénat

0,0

Beschreibung

Mise en scène de la fin de vie de Jack Kerouac, entre déchéance et bonheur du triomphe.

Pierre Glénat met ici en scène une des allégories les plus dramatiques qui soit. Celle où le succès de toute une vie arrive trop tard, lorsque les amis sont partis, ceux que l’on aime ne sont plus là, ou lorsque la déchéance physique et mentale éponge tout le bonheur du triomphe qui s’invite à l’improviste.
Jack Kerouac est à l’origine de la plus grande révolution culturelle mondiale impactant la deuxième moitié du 20ème siècle, leader de la « beat » génération malgré lui avec le triomphe de son roman « Sur la route ». Mais ce succès arrive au moment où sa déchéance a définitivement vaincu son enthousiasme.
En mettant en scène le générique de fin de Jack Kérouac, Pierre Glénat illustre le triste mariage de l’espoir et du conditionnel comme l’oraison funèbre d’une vie de talent gâchée par les drogues et l’alcool.
C’est aussi un message pour nous tous. Ne sommes-nous pas otages des aléas de la vie ? Nous pleurons nos échecs mais nos succès ne finissent-ils par avoir parfois le goût amer de la défaite. Paradoxe ou caprice ? Mais alors si le renoncement est toujours un abîme et le succès une trahison quelle peut être notre destinée ? C’est à chacun de nous d’y répondre avec ses propres croyances … tant qu’il en est encore temps…

Pièce de théâtre en 15 scènes, à 7 personnages.
C'est un huis clos se déroulant approximativement en une à deux semaines, dans une maison avec trois décors : chambre, cuisine et salle de séjour.
La durée de la pièce est d'environ une heure 1/4.

Découvrez ou redécouvrez l'oeuvre théâtrale de Pierre Glénat dans laquelle la fin de vie de Jack Kerouac acquiert une nouvelle dimension artistique !

EXTRAIT

Avant-propos
Pourquoi une pièce de théâtre dédiée à Jack Kerouac ? Pour plusieurs raisons :
D’abord parce que c’est un écrivain incontournable du vingtième siècle. Kerouac pourrait être, c’était son souhait inconscient, le James Joyce américain (en effet il proclamait souvent son admiration pour le roman phare de l’écrivain irlandais, Ulysse), à ceci près que le romancier et poète de Dublin est de quarante années son aîné.
Mais Kerouac est-il vraiment américain ?
Pas exactement, car l’auteur de Sur la route, né de parents québécois, est originaire par son père de Bretagne. Jusqu’à l’âge de 6 ans Jack parle le joual, langue canadienne française populaire. Entré dans une école anglophone à 9 ans, Jack ne deviendra bilingue qu’à l’âge de 15 ans. Ainsi Kerouac possède une approche différente de la langue anglaise parce qu’il a d’abord pensé en français. Jack tape ses romans directement à la machine (on parle de « tapuscrit »), ainsi le rythme et la forme impulsés à son écriture s’approchent de la technique « Cut » de William Burroughs, l’un de ses frères d’armes de la « beat generation ».

À PROPOS DE L'AUTEUR

Le parcours de Pierre Glénat est atypique dans la mesure où il mène de front un travail de statisticien avec en parallèle de nombreuses activités artistiques. Il écrit aussi bien des chansons que des poésies, des pièces de théâtre et des scenarii. Acteur pour la télévision ou le cinéma, comédien sur les planches. Il fut Ralph Greenson le psy de Marilyn Monroe dans la pièce Norma Jeane et le court métrage Marilyn last days, ministre de Louis XIV dans la série tv Versailles, flic dans Un village français pour France 3 et Michel Angelo dans le long métrage La sculpture vivante.

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern

Seitenzahl: 90

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



Table des matières

Résumé

Avant-Propos

Personnages

Décor

Scène 1

Scène 2

Scène 3

Scène 4

Scène 5

Scène 6

Scène 7

Scène 8

Scène 9

Scène 10

Scène 11

Scène 12

Scène 13

Scène 14

Scène 15

Dans la même collection

Résumé

Pierre Glénat met ici en scène une des allégories les plus dramatiques qui soit. Celle où le succès de toute une vie arrive trop tard, lorsque les amis sont partis, ceux que l’on aime ne sont plus là, ou lorsque la déchéance physique et mentale éponge tout le bonheur du triomphe qui s’invite à l’improviste.

Jack Kérouac est à l’origine de la plus grande révolution culturelle mondiale impactant la deuxième moitié du 20ème siècle, leader de la « beat » génération malgré lui avec le triomphe de son roman « Sur la route ». Mais ce succès arrive au moment où sa déchéance a définitivement vaincu son enthousiasme.

En mettant en scène le générique de fin de Jack Kérouac, Pierre Glénat illustre le triste mariage de l’espoir et du conditionnel comme l’oraison funèbre d’une vie de talent gâchée par les drogues et l’alcool.

C’est aussi un message pour nous tous. Ne sommes-nous pas otages des aléas de la vie ? Nous pleurons nos échecs mais nos succès ne finissent-ils par avoir parfois le goût amer de la défaite. Paradoxe ou caprice ? Mais alors si le renoncement est toujours un abîme et le succès une trahison quelle peut être notre destinée ? C’est à chacun de nous d’y répondre avec ses propres croyances … tant qu’il en est encore temps…

Le parcours de Pierre Glénat est atypique dans la mesure où il mène de front un travail de statisticien avec en parallèle de nombreuses activités artistiques.

Il écrit aussi bien des chansons que des poésies, des pièces de théâtre et des scenarii. Acteur pour la télévision ou le cinéma, comédien sur les planches.

Il fut Ralph Greenson le psy de Marilyn Monroe dans la pièce "Norma Jeane" et le court métrage "Marilyn last days", ministre de Louis XIV dans la série tv  "Versailles", flic dans "Un village français" pour France 3 et Michel Angelo dans le long métrage « la sculpture vivante ».

Pièce de théâtre en 15 scènes, à 7 personnages.

C'est un huis clos se déroulant approximativement en une à deux semaines, dans une maison avec trois décors : chambre, cuisine et salle de séjour.

La durée de la pièce est d'environ une heure 1/4.

Pierre Glénat

Jack Kerouac,entre ciel et enfer

Drame

ISBN : 9782378735234

Collection Entr’Actes : 2109-8697

Dépôt légal : Janvier 2019

© couverture Ex Æquo

© 2019 Tous droits de reproduction, d’adaptation et

de traduction intégrale ou partielle, réservés pour tous pays

Toute modification interdite

Éditions Ex Æquo

6 rue des Sybilles

Avant-Propos

Pourquoi une pièce de théâtre dédiée à Jack Kerouac ? Pour plusieurs raisons :

D’abord parce que c’est un écrivain incontournable du vingtième siècle. Kerouac pourrait être, c’était son souhait inconscient, le James Joyce américain (en effet il proclamait souvent son admiration pour le roman phare de l’écrivain irlandais, Ulysse), à ceci près que le romancier et poète de Dublin est de quarante années son aîné.

Mais Kerouac est-il vraiment américain ?

Pas exactement, car l’auteur de Sur la route, né de parents québécois, est originaire par son père de Bretagne. Jusqu’à l’âge de 6 ans Jack parle le joual, langue canadienne française populaire. Entré dans une école anglophone à 9 ans, Jack ne deviendra bilingue qu’à l’âge de 15 ans. Ainsi Kerouac possède une approche différente de la langue anglaise parce qu’il a d’abord pensé en français. Jack tape ses romans directement à la machine (on parle de « tapuscrit »), ainsi le rythme et la forme impulsés à son écriture s’approchent de la technique « Cut » de William Burroughs, l’un de ses frères d’armes de la « beat generation ». Puisque je viens d’utiliser ce fameux qualificatif, « beat generation », en quoi ce phénomène culturel hors norme fut-il si prégnant durant les soixante dernières années ?

Parce qu’il est à l’origine de la plus grande révolution culturelle mondiale, impactant la deuxième moitié du 20ème siècle et toujours à l’œuvre de nos jours. Oui Kerouac est un poète « beat » comme, dans un autre registre, Allen Ginsberg, Gregory Corso, Gary Snyder. Notons la présence des femmes dans cette mouvance, par exemple Joyce Johnson, Diane DiPrima, Carolyn Cassady et Anne Waldmann qui fut l’une des commentatrices les plus approfondies du rôle joué par les poétesses beat en interférence avec leurs homologues masculins.

Mais alors que signifie précisément cette iconique appellation « beat » ?

À l’origine « beat » vient de l’argot américain et signifie « cassé », tandis que pour les jazzmen il évoque le rythme, le tempo à garder tout au long d’un set. Mais beat ou « beatnik » est aussi ce hippie de Berkeley ou de Woodstock qui se définit en opposition à la guerre du Vietnam et contre la violence de l’état policier américain. Beat représente également la révolution sexuelle expérimentée par la jeunesse américaine issue des campus californiens où l’on enseigne les nouvelles théories de Wilhelm Reich, dérivées de la psychanalyse de Freud. Kerouac et ses amis artistes sont-ils conscients de la déferlante qui est en train de submerger les consciences ? Rien n’est moins sûr, car ces idéaux sont tout d’abord diffus et bientôt rejoints par le psychédélisme qui apporte l’extase par les drogues hallucinogènes, parfois complétés d’un bouddhisme réaligné sur le socle philosophique et religieux occidental. Kerouac s’en fera l’écho, entre autres ouvrages, dans ses essais Dharma et Réveille-toi. La vie du Bouddha (Wake Up. A life of the Buddha), aussi dans le roman Les clochards célestes (The Dharma Bums).

Autre interprétation possible : « beat » comme abréviation de « beatific » (étymologie du latin « beatus » ou heureux), ou encore au sens religieux du terme « Corps béatifique » du Bouddha, icône centrale du panthéon Kerouacien, sa forme bienheureuse au plan spirituel.

Mais pour Jack le plus important est la création poétique et romanesque. Il n’est ni philosophe, sociologue, pas davantage commentateur comme pourra l’être Allen Ginsberg qui, en plus de sa qualité de poète et d’écrivain, fut l’attaché de presse de Kerouac et démarcha les éditions pour placer difficilement ses romans. Ainsi le courant « beat », comme l’écriture de Kerouac, naît spontanément d’un élan libérateur après la 2ème guerre mondiale en réaction à la fièvre consumériste des fifties aux États-Unis. C’est une aspiration spirituelle face au mercantilisme de la société américaine dont les idéaux figés renvoient à une morale encore puritaine.

Voilà le contexte historique et culturel dans lequel apparaît spontanément la « beat generation ». Quant à Kerouac, nous le découvrons dans la pièce « Jack Kerouac entre Ciel et enfer » au crépuscule de sa vie. Il est épuisé, esseulé, parvenu au bout d’une quête ambivalente, oscillant entre hédonisme et spiritualité, ayant cherché dans les substances euphorisantes ou hallucinatoires les outils esthétiques et émotionnels pour dessiner les contours d’un monde idéal peuplé de poésie et de fraternité. L’immense succès soudain de son roman Sur la route et la notoriété énorme qui en résulte vont bouleverser cette bouffée éphémère de sérénité et provoquer l’emballement irréversible de son destin. Car pour gérer les nombreuses sollicitations médiatiques et, parce qu’il est d’un naturel intériorisé, Jack boit énormément avant toute prestation publique avec un résultat catastrophique : il est ivre et parfois s’endort. Au final, l’alcool devient son fossoyeur : il décède d’un ulcère gastroduodénal. D’où une pièce de théâtre en mode bilan, artistique et spirituel, mettant le focus sur les temps forts de sa vie, et autopsiant ses blessures les plus profondes.

Kerouac  for ever ?

Probable, tant son héritage artistique est fécond et durable. On mesure maintenant combien sa langue est révolutionnaire et quel nouveau paradigme littéraire il a contribué à créer. En effet si on lit Kerouac puis qu’on le laisse de côté quelque temps pour y revenir plus tard, on prend conscience de la fraîcheur de son style, du caractère innovant de sa langue et l’on découvre à chaque fois une nouvelle dimension, poétique — émotionnelle ou sémantique. Tel le phœnix, son écriture est capable de s’auto-régénérer, suivant la dynamique du road-trip, puisant sa substance dans le mouvement. Et c’est comme si, par la mobilité et le renouveau des paysages qu’elle traverse, elle se métamorphosait à chaque variation du compteur kilométrique, épousant les mouvances de la géographie qu’elle découvre à chaque instant. On pourrait presque parler de poésie quantique. Prolongeant cette comparaison scientifique on pourrait dire, pour décrire le miracle de l’acte créateur Kerouacien, qu’il puise sa source dans cette énergie mystérieuse qualifiée de « noire » ou « sombre » par les astrophysiciens, composante hypothétique de l’univers qui serait responsable de l’accélération de l’expansion cosmique.

Allons encore plus loin en qualifiant l’écriture de Jack Kerouac de prose alchimique, sublimant la noirceur des highways en l’or d’une poésie beat en perpétuelle mouvance :

« On the road again ! »

Personnages

Jack Kerouac

Mère de Kerouac{1}

Jane, la fan

Journaliste Murray

Décor

L’action se déroule au mois de septembre 1969 aux États-Unis, état de Floride, dans la ville de Saint Petersburg.

Scène 1

Chambre de Jack Kerouac, c’est le soir.

Kerouac est assis à une table, une bouteille de whisky posée à côté de lui avec un verre.

Kerouac (excédé) :

Putain, mais c’est pas vrai, d’après le toubib j’aurais tout au plus six mois à vivre ! Mais qu’est-ce qu’ils peuvent en savoir, c’est parce que je bois comme un trou hein ! Mais le personnage du Consul dans le roman de Malcom Lorry, Au-dessous du volcan, il a tenu des décennies, alors ça veut rien dire ! Mom ! (Il appelle sa mère.) T’es là ? Mommy !

Il attend quelques instants, sa mère apparaît :

Mère de Kerouac (inquiète) :

Qu’est-ce qu’il y a chéri ?

Kerouac (se servant un verre) :

Maman, dis, tu crois que je vais mourir bientôt, dis-le-moi !

Il avale d’un trait son verre et s’en ressert immédiatement un deuxième.

Mère de Kerouac (le regardant boire) :

Si tu continues à boire comme ça, y a des chances…

Kerouac (s’énervant) :

Tu vas pas t’y mettre toi aussi ! (Il réfléchit un instant puis se calme.) Tu as peut-être raison, maman chérie, tiens tu vois, je la range, je la mets de côté !

Il saisit la bouteille et la met sous la table.