Je ne te quitte pas - Massimo Clerico - E-Book

Je ne te quitte pas E-Book

Massimo Clerico

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« Il m’a abreuvé de son écriture, de sa langue, mais aussi des références communes que nous partageons. Nous avons connu une ébauche d’amitié, une amitié épistolaire, brève, mais une amitié qui se consume comme un amour ardent. Un amour platonique, oserais-je dire, oui, mais un amour quand même, tant nos échanges étaient le reflet de la passion étrange décrite dans ce roman autobiographique, où tout se manifeste déjà seulement par l’écrit. »


À PROPOS DE L'AUTEUR


Dans Je ne te quitte pas, Massimo Clerico libère sa plume en toute sincérité et nous enveloppe de son aura au fil de ses pages empreintes de musicalité.

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Seitenzahl: 67

Veröffentlichungsjahr: 2022

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Massimo Clerico

Je ne te quitte pas

Roman

© Le Lys Bleu Éditions – Massimo Clerico

ISBN : 979-10-377-5994-8

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Ah ! l’amour n’est pas fait pour nous rendre heureux.

Je crois qu’il est fait pour nous révéler dans quelle mesure nous avons la force de souffrir et de supporter.

Hermann Hesse

Je l’ai rencontré dans un livre, ce livre m’a alors totalement happé.

C’est en entier, comme on plonge dans la mer, que je suis entré dans ses phrases, dans ses mots.

Ils ont eu sur moi un effet ravageur, tant ils étaient le miroir de ma vie, de mes douleurs, de mes errances.

J’ai compris que je n’étais pas seul à survivre de cette façon, sur le fil.

L’auteur m’a conduit dans les rues perdues et sombres de ma vie.

Il m’a aussi montré ma folie, mes douleurs, mes pathologies. Nous avons les mêmes et prenons les mêmes médicaments, non pour vivre, la vie est trop loin de nous, mais pour tenir ; ne pas mourir, simplement ça, ne pas mourir…

Ne pas mourir n’est pas vivre, c’est rester en vie, ne pas faire le pas vers cet ailleurs où finalement, quoi qu’il en soit, on ira et l’on terminera tous.

En fait, tenir c’est simplement repousser ce moment où le cœur cesse de battre et le souffle s’éteint.

J’ai retrouvé ça dans les mots de cet écrivain qui m’a séduit et fasciné à la nausée par moments, tant son mal, par le truchement de son écriture, était similaire au mien.

Un mal contemporain.

Un mal psychiatrique, réfléchi. Un mal où la pensée est active, où elle prend le dessus sur tout et ne laisse plus la vie s’exprimer.

Un mal qui ne laisse rien, mis à part lui, se répandre en nous.

Un mal qui gangrène cœur et corps.

Il est sorti de ce livre cet auteur après un temps, pour se matérialiser et venir me parler, puis me nourrir de ses autres textes.

Il m’a abreuvé de son écriture, de sa langue mais aussi des références communes que nous partageons.

Nous avons connu une ébauche d’amitié, une amitié épistolaire, brève, mais une amitié qui se consume comme un amour ardent, quant à moi en tous cas.

Un amour platonique, oserais-je dire, oui, mais un amour quand même, tant nos échanges étaient le reflet de la passion étrange décrite dans ce roman autobiographique, où tout se manifeste déjà seulement par l’écrit.

Je recevais ce qu’il était en train d’écrire actuellement, comme des joyaux venus d’un monde magique, très loin de celui que l’on connaît ici.

Je me délectais de cette primauté dont il me laissait jouir. Ces jours-là étaient pour moi merveilleux, tristes de son écriture empreinte de malédictions, mais beaux de vérité.

Ce partage me laissait entrevoir au-delà de nos nombreux points communs, une complicité totale que je n’aurais osé espérer.

C’est à ce moment que j’ai vu cet amour prendre forme.

Pendant des semaines je n’ai vécu que pour lui et par lui. Comme un adolescent.

Cette écriture du malheur dans laquelle je me reconnais complètement réduisait nos échanges à peu de mots, tant notre entente m’est apparue naturelle et forte dès les premiers jours.

Marguerite Duras est venue alimenter cette relation, par notre amour commun de son écriture sèche, juste, sans apparat aucun, dépouillée d’ornement.

Sa voix, ses musiques, sa pudeur qui dit pourtant tout, étaient présentes ; « j’étais dans un amour entre vivre et mourir ». C’est elle, Duras, qui le dit avec magnificence dans l’Homme Atlantique.

Je lui ai écrit que si j’étais Flaubert, je dirais : « Marguerite Duras c’est toi ! » Il avait souri…

On peut sourire par écrit.

Au départ il m’a envoyé deux séries de textes et je n’ai compris qu’après que ce n’était qu’un seul manuscrit d’une profondeur qui me rappelait le livre de la rencontre.

Un livre au ton singulier comme il sait si bien les faire.

Un livre bouleversant d’amour et de drame, de suicide, mais aussi de peaux, belles, jeunes, qui se frôlent avant de s’étreindre.

J’enviais le mort de cette histoire, ce pendu, qu’il avait aimé. Tout au moins qu’il avait cru aimer, mais qu’aujourd’hui je suis certain qu’il aime vraiment.

Ces jours-là, partout où je passais, je me sentais différent. Détenteur d’un secret de la force de celui des présidents de la République et de leur pouvoir nucléaire !

J’étais au-dessus de la mêlée, plus fort, plus haut, plus beau, magnifié par le postulat d’être l’un des personnages du livre, par reflet.

Jamais un livre ne m’avait autant pénétré.

Ce livre, j’en épousais chaque mot, chaque phrase, chaque virgule.

Je crois que c’est ainsi que l’amour a fait son entrée, en aimant par l’amour des mots, de ses mots, de ces mots-là.

Aimer aussi sa douleur au point de vouloir me l’infliger.

L’envie de scarification était présente, pour lui ressembler.

J’aurais tellement aimé faire un pacte de sang avec lui…

Quelque chose d’immatériel que l’on pourrait pourtant voir par une trace sur la peau et qui poserait question autour de nous et dont nous aurions seuls, la clé du secret !

Ça aurait été beau !

Tout semblait merveilleux, pourtant dans la vie on sait bien que rien ne l’est vraiment.

J’ai commencé à percevoir les failles au bout de quelque temps et surtout j’ai réalisé que cet amour était imaginaire et impossible.

Je retrouvais de vieux réflexes pathologiques avec lui, qui comme avec les autres auparavant, m’avaient mené à l’échec de la relation.

C’est ça les névroses, elles sont engluées en nous et reviennent afin nous blesser dès qu’elles le peuvent, dès qu’une ouverture sur un bonheur possible se laisse entrevoir.

Je n’y ai pas échappé cette fois non plus.

Afin de croire lutter contre ce mal commun que nous avions, je lui ai offert un bracelet identique au mien en quartz fumé, en guise de protection.

J’avais aimé sa réponse : « C’est beau ce nom, quartz fumé » et je voyais devant mes yeux, la photo de ce bracelet qui flottait sur son poignet fin et viril à la fois.

Cette similitude de quartz est l’unique lien et le seul pacte que nous avons pu faire. J’ai vite oublié le pacte de sang… Je l’aurais tellement aimée cette marque pourtant !

Nous pouvions encore, malgré tout, voir les choses ensemble et selon Duras : « Cela s’apparente à un langage ».

Je me satisfaisais pleinement de ces échanges partagés uniquement avec lui, lesquels nous tenaient lieu d’union, comme un code qui n’appartiendrait qu’à nous.

Quel étonnement de se sentir être dans les lignes écrites par un parfait inconnu, puis apprendre à le découvrir. Entrer à pas feutrés dans son monde où la porte est seulement entrouverte, puisque l’ouverture n’existe que par le biais de mots, d’écrits, pas encore de voix.

La voix est venue plus tard. Enfin la mienne, puisque j’avais entre temps pu l’entendre parler de ses livres et en lire des passages.

Certains écrivains sont encore plus forts dans la maîtrise de leurs livres par le biais de lectures.

Ils sont tellement imprégnés du contenu et de la chose à dire, qu’ils nous la rétrocèdent plus fort encore en nous la disant.

Il est de ceux-là !

Tout compte alors, l’intonation, la posture et les gestes qui accompagnent le verbe.

C’est du théâtre, seul face à nous.

Là en l’occurrence face à moi, puisqu’il m’était impensable qu’il s’adresse à quelqu’un d’autre que moi, tant j’étais impliqué dans son monde.

À propos de la posture, il faut l’imaginer sombre, grand et beau.