Erhalten Sie Zugang zu diesem und mehr als 300000 Büchern ab EUR 5,99 monatlich.
Ce livre aurait dû être pour moi le premier, pourtant trois ouvrages l'ont précédé. Comment pouvais-je, il y a trente ans, mettre des mots sur ce que j'avais vécu, tant cette histoire était invraisemblable ! Je n'ai jamais connu le vrai jour de ma naissance, ni le mois. Lorsqu'on me demande mon âge, je réponds que je n'ai pas d'âge. Il y a des jours de joie et de bonheur et ces jours là, j'ai vingt ans ! D'autres jours de fatigue ou de désespoir me font penser que j'ai quatre-vingts, quatre-vingt-dix, cent ans... Nous avons l'âge de ce qui traverse notre existence et nos pensées, l'âge d'être présents à ce que nous vivons, le reste n'existe pas... Ce livre est un témoignage vécu avec la Création et l'Univers... D'où venons nous, qui sommes nous? Dans cet ouvrage, Gloria de Andrade se met à nu, afin de partager son expérience de vie exceptionnelle. Il lui a fallu force et courage pour divulguer certains épisodes de sa vie, un courage qu'elle a estimé nécessaire pour le bien de tous et pour atteindre la nouvelle humanité lumineuse dont le monde a tant besoin. Un livre à découvrir absolument, que l'on soit ou non, attiré par la spiritualité. Il ne faut pas rater cette occasion de trouver des réponses aux questions que l'on se pose pour devenir la meilleure version de nous-mêmes !
Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:
Seitenzahl: 390
Veröffentlichungsjahr: 2023
Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:
Il m’a dit de vous dire, JMG Editions
La foi créatrice, les enfants de la lumière, JMG Editions
Nature et créatures, quelques graines pour la route, Editions Bod
Introduction
PREMIERE PARTIE
Le dentiste
L’ostéopathe
Prends une feuille
Premier jour de stage
Deuxième jour de stage
Troisième jour de stage
Quatrième jour de stage
Cinquième jour de stage
Sixième jour de stage
Le petit bois
La Création, notre Unité
Le champ des merveilles
Départ du champ des Merveilles
Nous étions en 1992 et je sortais de l’asile
DEUXIEME PARTIE
Quelques mois plus tard, ma vie se passe désormais dans des allées et venues, entre ciel et terre
Je suis soulagée
Nous partons habiter dans notre nouvelle ville, Bordeaux
Deux mois passent encore
Ma vie s’écroule !
Vingt-quatre années se sont écoulées
TROISIÈME PARTIE
Mise au point avec Jésus
L’ombre et la lumière, mes deux aspects
Entre ciel et terre, ma renaissance
Le Temps de la métamorphose
Un rideau devant moi
La conscience
L’histoire de l’humanité, le film de l’humanité
Note
L’imprévu
Nous sommes arrivés à un point charnière
Dévotion et bienveillance, un nouveau monde
Mourir pour renaître
Accoucher de l’être nouveau qui est en nous et donner naissance à un monde nouveau
D’où venons-nous ? Qui sommes-nous ?
Nous sommes des êtres divins, en œuvre dans un corps humain
Tout est possible
Tendances actuelles, thérapie, développement personnel
Jésus, le Christ est ressuscité
Nous sommes la merveille de Notre Créateur
Ou en sommes-nous ?
Nous sommes les gardiens de toute la création !
Nous réjouir de qui nous sommes
ANNEXES
ANNEXE 1 : prescription médicale
ANNEXE 2 : courrier de l’ostéopathe
ANNEXE 3 : courrier du centre Hospitalier
ANNEXE 4 : courrier du psychiatre du centre hospitalier
ANNEXE 5 (1) : courrier de l’avocate
ANNEXE 5 (2) : Réponse Gloria De Andrade
ANNEXE 6 : 2ème et 3ème courriers de l’avocate
Cette histoire hors du commun est une histoire vraie. Il aura fallu à l’auteure trente ans pour nous la raconter. Sa famille, hormis sa fille, prendra connaissance par cet ouvrage de ce qu’elle a réellement vécu dans ce chapitre de sa vie.
Le destin prend parfois des chemins qu’on ne saurait imaginer. Elle était bien loin de s’imaginer qu’à partir de ce jour-là, elle ne serait plus jamais la même.
Cela s’est passé le 28 juin 1992. Elle se rendit dans un lieu pour participer à une formation professionnelle et en ressortit au sixième jour, avant la fin du programme.
Pieds nus, elle marchait sur le chemin rocailleux du retour. Les cailloux pointaient sous ses orteils, elle, elle ne sentait plus ses pieds. Tel un fantôme traversant le temps présent, elle avançait sans prêter attention à ce qu’elle ressentait, à ce qui l’entourait. Absente de notre réalité, elle vivait désormais dans son Nouveau Monde.
Que lui était-il arrivé ? L’avait-on droguée ? Avait-elle perdu la tête ? Elle marchait si délicatement. On aurait dit qu’elle flottait au-dessus du sol. Son beau visage tendu vers l’avant regardait fixement l’horizon.
À mesure qu’elle avançait, on la sentait guidée ou investie par quelque chose, quelque chose d’invisible à nos yeux, mais vers laquelle pourtant elle se dirigeait.
Avait-elle encore conscience de son corps ? De ce que l’on pouvait voir là ! De sa longue et belle silhouette à la peau bien dorée ? Était-elle consciente de ce qu’il se passait ?
Avec grâce, sa chevelure blonde et épaisse descendait en longues boucles et recouvrait avec pudeur sa poitrine dénudée. Non, elle n’avait pas conscience de sa nudité. Son corps et son esprit ne lui appartenaient plus. Elle repartait de l’endroit complètement dévêtue. Nue, elle repartait du lieu, nue comme un ver.
Cette histoire, je vais vous la raconter.
Après avoir vécu cette expérience, je vais naviguer entre ciel et terre.
Et entre ciel et terre, nul ne peut dire ce qui se passe, avant de l’avoir vécu.
Que de révélations à faire !
Le titre de ce livre peut rebuter certains lecteurs non-croyants.
Dieu n’a pas créé les religions. Il s’est dévoilé à chaque Peuple et chaque peuple s’est ouvert aux voies de Dieu, tel qu’il pouvait les recevoir en fonction de sa culture, de son ouverture de cœur et d’esprit. Il faut bien comprendre cela.
Hélas, certaines religions ont mené leurs guerres au nom de Dieu, se servant de Lui pour commettre des crimes et autres abominations. Dieu n’y est pour rien !
Et, fort heureusement, il y a de bons croyants dans toutes les religions et de bons êtres humains, non-croyants dans le monde entier.
Jésus est mon Maître. C’est lui qui m’a fait connaître le Père, que je nomme Dieu.
Mes connaissances relèvent des enseignements que je reçois depuis mon enfance, de Jésus-Christ. Elles s’appuient sur mon cheminement et principalement du vécu de cette histoire.
Mon Message est un message universel qui se passe des religions. Il est pour tous.
Ce livre raconte une histoire vraie, avec toute la simplicité de l’auteure.
Ce récit est écrit dans la plus simple des écritures, la mienne ! Ce qui compte pour moi, c’est l’authenticité de mon histoire et l’absolue sincérité avec laquelle je la restitue dans ce livre.
Je suis issue d’une famille de neuf enfants, huit filles et un garçon. Nous sommes arrivés en France dans les années soixante. Nous habitions dans un tout petit village.
Tout était si différent en France et notre pays d’origine nous manquait ! Néanmoins, comme tout immigré, nous avons dû nous adapter, non sans difficultés, à une nouvelle vie qui commençait pour toute notre famille.
Nous vivions dans une petite maison de campagne, avec peu de commodités, peu d’éclairage électrique, sans eau courante. Les chambres n’étaient pas chauffées et nous dormions à plusieurs dans le même lit. Heureusement, la maison disposait d’une grande cheminée, qui servait également à la cuisson des repas.
Dès mon enfance, faisant partie des ainées de la fratrie, je devais participer aux tâches ménagères et autres nécessités.
Pour nos voisins, nous étions une nouvelle main-d’œuvre. Me voyant aussi dégourdie, ils me sollicitaient auprès de ma mère pour les aider, au moment des foins, des cultures, pour plumer les canards ou les oies. Je faisais également la vaisselle dans le petit restaurant du village, entre midi et deux heures et l’école reprenait.
Il me restait peu de temps pour m’amuser. Je ne m’amusais pas d’ailleurs, je n’avais pas de jouet. Je devenais adulte avant même d’être enfant. C’était comme ça ! C’était normal dans le contexte familial qui était le nôtre.
J’avais deux passions. Les fleurs, que je trouvais très belles, me remplissaient de tendresse envers la nature. Ma deuxième passion ? Dieu ! Jésus tout particulièrement, à qui je racontais toute ma vie. Et dans la petite église du village, je mettais des bouquets de fleurs, pour le remercier.
Mais c’est au fond des bois que j’aimais le retrouver. Je partais pour la journée, m’échappant des corvées que ma mère m’infligeait. Je ne mangeais pas jusqu’au soir et je savais qu’une magistrale correction m’attendait en rentrant. Oui, mais rien ne pouvait me donner autant de joie. La nature m’appelait. Sans peur, je m’y aventurais, elle se montrait à moi, je la découvrais. Commençait alors une grande conversation avec Jésus, puis avec les habitants des bois que je croisais : les arbres, les oiseaux qui s’approchaient ou que j’entendais chanter, les lapins que je rencontrais, l’écureuil qui se montrait, le crapaud, le hérisson, un insecte (il y en avait de très beaux). Et les fleurs dans lesquelles je voyais la beauté de toutes choses. Cela se passait entre mes huit et onze ans.
Puis j’eu douze ans et arriva le moment de partir de ce petit village, pour nous rapprocher d’une école plus appropriée à nos besoins. Nous allions habiter une petite ville. Je passais mon certificat d’études avec succès et rentrais au lycée pour apprendre un métier.
J’ai commencé à travailler à l’âge de seize ans en tant qu’ouvrière d’usine, à la chaîne de production. Et tout est allé très vite, j’ai occupé plusieurs fonctions et gravi les échelons. J’étais douée dans mon métier : intuitive, innovante, rigoureuse et perfectionniste, courageuse et déterminée, je m’affirmais professionnellement. Le temps passait.
Et pendant ce temps-là, ma foi en Dieu s’amplifiait, je mettais Jésus au cœur de ma vie, au cœur de mon cœur.
Depuis mon enfance, je parlais avec Jésus, il me répondait. Il m’avait accordé des dons et même si je ne voulais pas que cela se sache, c’était une réalité. Il arrivait que quelqu’un vienne vers moi en peine et je ne pouvais que l’aider. Je m’étais aperçue que j’avais la capacité de "voir" dans la vie des gens et de leur apporter un éclairage, des solutions… Aider mon prochain était une évidence, d’autant que j’avais aussi découvert ma prédisposition à soulager les maux grâce à mes mains, voire, dans certains cas, à apporter la guérison.
Bien plus tard, je serai traitée de sorcière et cela m’accablera. Je reçus de la part de certains de mes détracteurs de mauvais sorts qui me firent du mal.
J’avais dix-neuf ans lorsque je rencontrais Paul. Six mois après, il devenait mon mari et très vite, j’eus la joie d’avoir une fille, Virginie.
Après cinq ans de mariage, notre union se termina tranquillement, car nous avions des points de vue différents. Je gardais toutefois de bonnes relations avec lui, pour le bien-être de ma fille.
Mon tempérament me poussait à reprendre ma quête d’amour. En effet, en amour comme en amitié, une quête me tiraillait les entrailles : je cherchais l’amour Véritable et la Vérité.
Je n’étais pas aimé en vérité. Pourtant, je gardais l’espoir !
Désormais à l’usine, je m’occupais également de la fabrication à l’étranger, dans trois pays différents. Je m’impliquais à fond dans le travail et passais de plus en plus de temps à l’étranger. Je m’y rendais très régulièrement et restais huit à dix jours sur place à chaque endroit. Et pour répondre aux besoins de l’entreprise pour laquelle je travaillais, j’ai monté mon propre atelier d’une quarantaine d’employés dans l’un de ces pays.
J’avais fait la connaissance de Charles, devenu mon compagnon. Après des années de vie commune, je me décide enfin à me remarier et suis désormais heureuse en amour et épanouie dans mon couple, ce à quoi j’aspirais depuis longtemps. Je suis aussi une jeune femme accomplie dans ses affaires, avec une vie professionnelle intense, en France et à l’étranger.
Après dix ans de déplacements réguliers à l’étranger qui m’ont empêchée d’avoir une vie familiale normale, j’ai vendu mes affaires à l’étranger, quitté l’usine pour laquelle je travaillais en France et décidé de passer plus de temps avec ma fille et mon époux.
J’ai désormais du temps pour moi. Un jour, passant en voiture devant une École d’esthétique, une nouveauté dans ma ville, j’ai eu le désir de m’y inscrire. Quelques jours après, je m’y arrête. Attirée par les formations proposées, rapidement, j’effectue les démarches pour m’inscrire et me retrouve ainsi en formation d’esthétique et soins de bien-être du corps.
Malgré la satisfaction retirée de cette activité, je ne me sens pas encore totalement en accord avec moi-même, car mon véritable intérêt se porte sur ce qui se passe à l’intérieur du corps et dans l’âme humaine.
Par le biais de mon école, nous sommes invités au salon du bien-être à Paris. Je m’y rends. A ce moment-là, je ne sais pas encore que ce salon sera pour moi le début d’une nouvelle aventure, car j’y découvre la médecine chinoise, une discipline qui prend en compte "l’être dans sa globalité". Méthode qui me convient parfaitement, puisqu’on y aborde le corps et la psyché. Pendant deux ans, je vais faire des allers-retours à Paris pour suivre des formations sur la médecine chinoise, une méthode d’acupuncture digitale que l’on nomme depuis shiatsu. Ainsi que la formation de thérapeute indispensable pour pouvoir pratiquer en cabinet. Ce qui implique évidemment de faire ma propre thérapie. Par la suite, j’ouvre un institut d’esthétique et soins du corps, dans le centre de notre petite ville.
Nous sommes en 1992. Mon mari accède à une promotion, ce qui implique un déménagement dans une plus grande ville, dans l’année qui suit.
Pour Virginie, qui a désormais quatorze ans, c’est un grand changement. Quitter ses amies n’est pas si simple, mais nous reviendrons souvent dans notre petite ville, où je garde ma maison en attendant de la vendre.
Janvier 1992
Ce jour-là, je pars de chez moi un peu en avance pour être à l’heure à mon rendez-vous chez le dentiste, car j’aime la ponctualité. Son cabinet se situe à proximité de mon domicile et cinq minutes plus tard, j’aperçois sa magnifique villa. Celle-ci est entourée de gracieux massifs de fleurs et de végétaux désinvoltes, s’exposant jusqu’à l’angle arrondi d’une petite rue, dans laquelle je m’engage pour garer mon cabriolet. Je sonne, j’entre et vais patienter dans la salle d’attente, sur un fauteuil.
Le dentiste vient me chercher. C’est un homme grand, dans la petite quarantaine, à la chevelure claire, le visage pâle et sympathique. Il vient du Nord. Il me salue gentiment et, d’un geste du doigt me montre la porte de son cabinet.
− Entrez et asseyez-vous. Comment allez-vous ? me demande-t-il.
− Tout va bien docteur ! Mes dents sont toujours aussi saines. Je viens juste pour le détartrage habituel, après quoi j’esquisse un petit sourire de satisfaction, découvrant ma belle dentition blanche. Il marque une pause et reprend son interrogatoire habituel.
− Pas de problèmes particuliers ou de santé ?
− Non, je vais très bien, à part quelques douleurs aux cervicales dues à mon accident de la route, vous savez bien !
− Ah oui, vous m’en aviez parlé. Bien, bien ! Vous m’avez apporté le panoramique dentaire que je vous ai demandé de faire ?
− Oui, je lui tends l’enveloppe dans laquelle il se trouvait.
Mon dentiste n’est pas un dentiste comme les autres, sa pratique s’appuie sur une lecture précise du panoramique dentaire. Ce qui lui permet de prescrire un traitement homéopathique à base de plantes uniquement, prescription rare pour l’époque chez un dentiste.
− Depuis combien de temps souffrez-vous des cervicales ?
− Cela fait, six, sept ans, mais je n’en souffre que par moments, c’est selon mes activités.
− Qu’avez-vous fait comme traitement ?
− Mon médecin m’a envoyé chez un rhumatologue pour un bilan, puis j’ai vu un chiropracteur qui m’a remis les cervicales en place. Néanmoins, il m’arrive encore d’avoir mal à la nuque, en ce moment plus particulièrement.
Il reprend le panoramique, l’inspecte à nouveau et me donne son ordonnance. Cependant, il me conseille vivement de consulter un de ses amis, ostéopathe qu’il connait bien et qui vient de s’installer dans la région, à une quarantaine de kilomètres de notre ville.
− Je vous donne ses coordonnées. Prenez rendez-vous pour une consultation. Il est très compétent et devrait pouvoir vous aider. Et en complément de ses soins, il utilise une méthode innovante, qu’il a conçue lui-même. Il vous en parlera. Mais, au fait, vous continuez toujours vos formations ?
− Non, docteur. J’ai terminé fin 90 l’école à Paris sur la médecine chinoise, soins du corps et digitopuncture. J’y ai également suivi ma propre thérapie. Je suis désormais thérapeute. Et d’ailleurs je suis installée depuis début 1991, vous le savez bien ! Mon cabinet est en ville.
− Oui ! me répond-il. Si je vous demande cela, c’est parce que mon ami ostéopathe fait aussi des formations pour les thérapeutes. Vous me tiendrez au courant, après l’avoir vu !
− Oui, bien sûr docteur ! Nous nous disons au revoir et je rentre chez moi.
Une fois dans ma voiture, sur le chemin du retour, je me laisse aller à réfléchir. Je repense à mon parcours professionnel et à son lien avec la vie que j’ai vécue. Mon premier métier m’a beaucoup apporté certes, mais les déplacements à l’étranger et mes trois postes à responsabilités à l’usine en France ne m’ont guère laissé de temps pour être avec ma fille et mon mari. Désormais, je suis avec eux et heureuse de l’être.
Au cabinet je commence à avoir une bonne clientèle. C’est pour moi une nouvelle expérience, une expérience qui me tenait à cœur : le corps humain, sa psyché et son bien-être. J’ai toujours eu soif de mieux connaitre l’être humain et de pouvoir aider les gens qui souffrent, sans utiliser mes dons.
Dieu m’a accordé des dons et j’aide toujours ceux qui me sollicitent, avec cœur et gracieusement. Mais pour moi, ces dons représentent une lourde responsabilité. Et surtout, je n’ai jamais voulu passer pour une voyante, un médium, une guérisseuse. Ces étiquettes-là ne sont pas un but à atteindre pour moi. Cependant certaines personnes viennent me voir pour cela : que me réserve la vie ? Je préfère les mettre face à leurs responsabilités plutôt que de les laisser vivre dans l’attente d’un éventuel avenir.
Désormais, avec ma nouvelle activité au cabinet, ayant le statut de thérapeute et de praticienne en soins du corps, il n’est pas question que je divulgue mes dons. Néanmoins, certaines personnes ayant été rétablies ou guéries après un soin dans mon cabinet, ne peuvent s’empêcher de parler de mes talents. Après les consultations, souvent on m’appelle pour me remercier « Merci, vous êtes formidable !!! Vous savez, vous devez avoir des dons !!! » Ce à quoi je ne réponds pas, me réjouissant tout simplement de la satisfaction de mes patients.
Ce soir Charles et moi allons diner au restaurant, j’en profiterai pour lui parler des conseils donnés par mon dentiste.
Nous partons de notre domicile vers dix-neuf heures trente, dehors un vent glacial me fait frissonner. Je soulève le col de mon manteau de fourrure et en serre les deux rabats contre ma poitrine. De son côté, Charles remonte son écharpe sous son pardessus en cachemire bleu marine. Nous sommes tous les deux très élégants, mon mari est très bel homme, grand, blond et, tout comme moi, toujours très bien habillé. Gentlemen, il me devance et comme d’habitude, m’ouvre la portière de la voiture ; ce soir nous prenons la Volvo blanche. Nous formons un très beau couple et sommes très heureux depuis des années. Nous traversons la ville et remontons une rue pour arriver après trois kilomètres, au restaurant. L’endroit est très agréable, sur les hauteurs, offrant une vue panoramique sur la campagne d’un côté, et de l’autre côté sur la petite ville. Le restaurant se situe à l’intérieur d’un cocon de jardin paysagé, où arbustes, végétaux et massifs ornent la propriété.
Nous entrons sous le porche, la maîtresse des lieux vient nous accueillir très chaleureusement, puis elle nous conduit à la table que mon mari a réservée.
− Merci mon chéri, dis-je à Charles ! Cet endroit est si douillet, notre table près de la cheminée ! C’est si romantique ! Je suis ravie. Charles me sourit et me prend la main, me regarde amoureusement et me dit.
− « Je t’aime ma … » (Il m’appelle par le diminutif qu’il m’a donné).
− Moi aussi, mon chéri ! Nous esquissons un baiser puis, discrets, nous nous tenons les mains.
La maitresse du lieu nous rejoint « C’est offert par la maison », dit-elle avec distinction. Elle nous tend une coupe de champagne, dans des coupes en argent.
Je suis ravie de ce geste. Mon mari (avocat spécialisé dans le droit des sociétés) m’explique que ce sont de nouveaux clients. Tout en dégustant notre coupe de champagne, nous échangeons sur divers sujets. Nous sommes très complémentaires et nous apportons mutuellement des connaissances. Charles aime avoir mon avis. Il dit que je suis de bon conseil et apprécie le fait que je connaisse beaucoup de gens dans le domaine des affaires, car il n’est pas natif de notre ville.
Vient le moment où je lui parle de mon rendez-vous, de ce matin.
− Ce matin, pendant ma séance chez le dentiste, nous en sommes arrivés à parler de mes douleurs cervicales. Il m’a conseillé d’aller voir un ami ostéopathe, qu’il estime très compétent. Cet homme a développé des nouvelles techniques qui, d’après lui, me seraient bénéfiques. Qu’en penses-tu ?
− Si c’est ton dentiste qui te l’a conseillé et s’il peut te soulager, il ne faut pas hésiter ! J’ai remarqué ces derniers temps que tes douleurs étaient plus fréquentes. Il ne faut pas rester comme ça !
− Tu as raison, je vais prendre un rendez-vous.
Les plats sont servis, nous dégustons de nouveaux mets, c’est délicieux.
De retour dans la voiture, Charles s’approche de moi et au même moment, d’un même élan, je vais vers lui. Il me serre contre lui, je lui dis « Merci, nous avons passé un si bon moment ». Nous nous serrons tendrement dans les bras et heureux, rentrons chez nous.
Quelques jours plus tard, je vais au rendez-vous obtenu chez l’ostéopathe.
Au bout de trois quarts d’heure de route, j’ai du mal à trouver l’endroit, car après un petit bourg, je dois maintenant sillonner des chemins de campagne, pour arriver enfin à sa maison, située dans les bois.
J’y suis, c’est sûrement là. Je m’avance dans une cour, où deux véhicules sont stationnés. C’est une belle propriété de campagne en pierres de la région. Composée d’une jolie demeure principale et de deux autres bâtisses, le tout récemment restauré avec goût.
Une femme vient à ma rencontre, je l’interroge :
− Bonjour, madame, je suis bien chez monsieur Niant ?
− Oui, c’est bien ici. Venez, je vous conduis à son cabinet, me répond-elle, en me montrant une porte située dans une bâtisse faisant face à la maison principale. J’entre et m’installe sur la banquette.
L’endroit est accueillant et original. Une odeur d’encens et d’huiles essentielles charge l’atmosphère jusqu’à mes narines. Sur la table basse, différents prospectus proposent des soins : soins énergétiques, accompagnements personnalisés, travail sur l’aura, sur les cristaux et les couleurs… En bref, des méthodes innovantes en effet ! Et jusque-là, pour moi, inconnues. Sur les murs, affiches florales, dessins géométriques et abstraits. Il y a aussi la plaquette du squelette humain, juxtaposant l’image d’une déesse ou d’un bouddha. Je ne saurais dire, n’étant pas assez connaisseuse en la matière. J’observe tout cela, c’est nouveau pour moi.
À la réflexion, la salle d’attente a tout pour évoquer un praticien érudit et inhabituel !
Sereine, je me laisse emporter par la musique aux gazouillements d’oiseaux, aux bruissements d’eau et aux voix subtiles et douces.
Une dizaine de minutes plus tard, monsieur Niant entre dans la salle d’attente. Il me salue et me fait entrer dans son cabinet.
Il me dévisage sans mot dire, tout en m’invitant à prendre place en face de lui. Il doit avoir quarante-cinq ans, ce qui semble faire de lui un praticien expérimenté. Il est brun, les tempes un peu grisonnantes, de taille moyenne et bien de sa personne.
− Alors, pourquoi mon ami vous a-t ’il adressée à moi ? Quel est votre problème ?
− J’ai des douleurs aux cervicales. Je lui explique et lui tends mes radios.
− Je dois d’abord vous poser quelques questions et je regarderai vos radios ensuite. Sur ce, il me bombarde de questions sur ma vie privée.
− Que faites-vous dans la vie ?
Je lui raconte mon parcours professionnel… Puis que je suis mariée et maman d’une grande fille. Et, qu’en dehors de mes douleurs cervicales de temps à autre, tout va bien pour moi.
Il poursuit son interrogatoire et me surprend lorsqu’il me pose la question.
− Comment s’est passée votre naissance ?
− Comment s’est passée votre enfance ?
− Comment ça va avec vos parents ?
− Tout va bien ! Et j’ai d’ailleurs approfondi toutes ces questions, en suivant une formation de thérapeute. Par-là même, comme vous le savez, j’ai dû faire ma propre thérapie.
− Très bien, très bien !!! Je forme des thérapeutes, des médecins, infirmières, kinés, toute la chaîne soignante, ainsi que des chefs d’entreprise et autres professions.
− Il s’arrête un instant de parler, puis reprend.
− Je fais une nouvelle session, fin juin, cela vous est tout à fait indiqué et complémentaire à vos formations. Et de plus, les exercices que nous ferons pendant les séances agiront sur vos cervicales.
− Comment cela ?
− C’est-à-dire qu’après une entorse cervicale comme la vôtre, il y a un traumatisme qui se met en place, d’où vos douleurs.Et, qui à la longue génèreront mal-être, fatigue et perte d’énergie si vous ne vous en occupez pas. Les exercices que vous pratiquerez pendant le séjour débloqueront en partie vos douleurs.
Pensive, je ne réponds pas… Mais je dois admettre que je ne souhaite pas en arriver aux symptômes qu’il m’annonce pour l’avenir. Il reprend.
− Venez, je vais vous faire le soin. Posez vos chaussures et allongez-vous sur la table, mettez-vous sur le dos.
Il m’indique qu’il va faire un travail sur mes énergies au niveau des cervicales. Ce soin est pour moi une nouveauté, tant par les termes qu’il emploie que par les outils utilisés dans sa pratique. Je le laisse faire. Il sort d’une boite des petites pièces rondes en matière transparente et de différentes couleurs. À tour de rôle, il les place sur ce qu’il appelle mes chakras.
− Vous avez effectivement une perte d’énergie, je remédie à ça ! Vous êtes quelqu’un de très sensible, non ?
− En effet, je le suis et je ressens beaucoup de choses.
Il ne me répond pas.
− Pendant le soin, il se peut que vous ayez certaines sensations ou que des choses viennent à vous. Si c’est le cas ! Vous m’en faites part. Fermez les yeux et laissez-vous aller, décontractez-vous le plus possible.
Je le laisse faire son travail.
Un moment s’écoule. Une image me vient à l’esprit. Je lui raconte ce que je vois, comme il me l’a demandé.
− Je vois une grande pièce, une salle vaste qui baigne dans une douce lueur dorée. Il y a un homme, le crâne rasé, habillé d’une longue robe orange, c’est un être, très spirituel et bon. C’est un moine, mais je ne sais pas de quelle communauté.
− Oui, continuez…
− Il tient à la main une grande feuille de papier enroulée, jaunie et très ancienne.
− Un parchemin ? me demande-t-il ?
− Oui ! (Je découvre à l’instant que cela s’appelle ainsi). Je continue de décrire ma vision… Le moine va vers une autre salle. Il se dirige vers deux autres moines habillés eux aussi comme lui. Il ouvre le parchemin et l’installe sur une écritoire, dont le support est haut de taille. Puis, il lit ce qu’il y a d’écrit aux deux autres moines. Ils acquiescent, font des gestes d’approbation de la tête.
− Que se passe-t-il maintenant ?
− Ils échangent sur des sujets d’évolution et de transformation pour nous, les êtres humains. Je perçois cela très clairement, mais ils ne prononcent pas de mots, pour m’expliquer de quoi il s’agit.
Suite à cela, il y a un moment de silence, et je reprends.
− Maintenant, silence. Ah ! Si, ils me disent de vous dire… Mais je me tais, ne voulant pas lui répéter ce que j’entends.
− Quoi donc ?
Je me dois de répondre. D’un trait, je lui transmets ce que je reçois.
− Excusez-moi, ils disent « Conscience, Nouvelleconscience » c’est très important pour eux. Ils travaillent pour l’évolution de l’humanité, pour notre ouverture de conscience. Ils vous demandent de réfléchir et de prendre conscience. Ils répètent, “Approfondissez sur la conscience, la conscience, conscience !”.
Ceci dit, je me tais, gardant les yeux fermés. Une ample inspiration traverse tout mon corps, j’oublie aussitôt ce que je viens de transmettre à l’ostéopathe. En revanche, quelque chose d’autre se passe encore en moi.
Je n’arrive pas à rouvrir mes yeux. Tout ce que je suis intérieurement est traversé par un essor, un élan, je n’ai pas d’autre mot. Difficile à expliquer ! J’ai la sensation qu’un mouvement venant « d’un fin fond » lointain me submerge. Ce mouvement “est quelque chose de très conscient, de très concret et subtil. Par conséquence, mon esprit, mon être intérieur deviennent pleinement lucides, inexplicable ! C’est très agréable à vivre. De toute évidence, la conscience relève de la clarté et de la présence, d’une grande Intelligence bienfaisante. D’une vision juste de ce qui est, d’un état d’éveil et d’évolution. Je prends conscience de la signification de ce mot, en même temps que la conscience se dévoile à moi, telle que je peux la percevoir, tandis que l’image des moines disparaît.
Mais voilà que m’arrive une autre image, qui cette fois-ci, m’angoisse et me serre le cœur. Je décris cette nouvelle vision.
− Je vois une plateforme suspendue, entre ciel et terre. Elle est de couleur sombre, d’un gris sombre. Il émane d’elle des sensations très désagréables : C’est ce que dégage l’humanité, notre énergie, nos actions et pensées, notre état d’être, nos oppositions. Cette plateforme est constituée de l’inconscience-ignorance. De l’inconscience globale et collective et de la perte de sens de l’humanité... Silence.
− Nous allons vers un devenir qui créera des déséquilibres pour l’humanité et notre planète va en souffrir, nous allons tous en souffrir. C’est cette plateforme d’énergie destructrice entre nous qui aura des conséquences sur notre devenir.
Je ne trouve pas les mots pour expliquer davantage ce que je vois, hormis que cette plateforme s’est formée de notre malêtre global et de notre inconscience. Elle représente aussi notre manque de clarté et d’amour, nos angoisses et nos peurs. Je me tais.
Ressentant tout cela, une grande tristesse s’empare de moi, je me mets à sangloter. Cette non-conscience va s’amplifier dans l’avenir, dans le devenir de l’humanité. Elle fait face à la conscience, elle s’y oppose. Comme elle s’oppose entre les hommes.
Pendant ce temps-là, l’ostéopathe ôte les petits ronds de couleur posés sur mon buste et fait comme s’il n’avait rien entendu de ce que je lui ai transmis.
Il s’occupe désormais de mes vertèbres cervicales. « Asseyez-vous sur le bord du lit de soin » me dit-il. Il saisit ma tête et l’incline vers l’avant, puis d’un côté, puis de l’autre, d’avant en arrière et d’un geste sec, il fait craquer mes cervicales, ce qui me provoque une douleur, que j’exprime avec un « aïe !!! »
− Ce n’est rien, ça va passer. Vous pouvez avoir mal pendant deux ou trois jours. Allongez-vous de nouveau sur le dos. Levez la tête.
Il glisse ses mains délicatement sous ma nuque, y reste un petit moment et termine par des manipulations crâniennes.
− Vous pouvez vous relever, la séance est finie. Ça vous arrive souvent d’avoir ce genre de vision ?
− Cela m’arrive parfois, à l’improviste, je ne maîtrise pas et c’est toujours gênant pour moi de faire part de ce que je vois et ressens à la personne qui se trouve en face de moi. D’ailleurs, je vous prie de m’excuser.
Il ne répond pas et reprend.
− Tenez voilà le bordereau d’inscription à la formation. Vous le remplissez et le signez. Nous serons environ une trentaine de personnes en tout et il ne reste plus que deux ou trois places.
« En effet » me dis-je « il y aura beaucoup de participants. Ses soins, comme ses formations, ont l’air d’avoir du succès, cela doit être miraculeux ! » Sûr de lui, il ajoute.
− Après le stage, tout rentrera dans l’ordre, vous serez complètement guérie. Il faut me faire deux chèques, un de 500 francs et un autre de 300 francs. C’est pour l’inscription et la réservation de votre chambre. Vous souhaitez une chambre seule ou à plusieurs ?
− Cela m’est égal, selon les disponibilités.
Je ne peux pas lui dire non. Il m’a convaincue, cela fait partie de son traitement pour la guérison de mes cervicales. Et puis, je vais également me former à une nouvelle méthode, sûrement novatrice, qui va compléter mes connaissances. J’en conviens Je règle alors ma séance, fais les deux autres chèques et prends la route du retour.
J’apprécie ma vie actuelle. J’ai installé un petit autel sur un des meubles de ma chambre, à côté de mon chevet. Couchée, je peux voir la statue de Jésus et l’image de Marie exposés.
J’ai enfin du temps pour moi, pour prier. Lorsque Charles et Virginie partent, je passe de longs moments à parler à Jésus et à l’interroger. « Pourquoi tant de malheurs, de souffrances ? Et la mort ! Pourquoi la mort ? » C’est un sujet tabou pour moi.
Je n’ai pas de réponse. Jésus ne répond pas forcément immédiatement, à nos questions. Mais, lui poser des questions fait partie de notre relation.
Puis un jour, à un moment précis auquel je ne m’attends pas, alors que je regarde mon jardin depuis la baie vitrée du salon, j’entends : « Prends une feuille ». « Pour quoi faire ? » Répondé-je.
Mais déjà dans ma tête, des phrases se formulent dans un vocabulaire inconnu, je laisse aller ces pensées et je sors prendre l’air dans le jardin, néanmoins je n’arrive pas à aller très loin. Demi-tour, je n’ai que cette voix en tête. Je rentre, je prends une feuille. Le texte commence. Dans les tiroirs de la Mémoire… A l’ombre de vos pensées… Puis deux pages, puis une quinzaine de pages. Ouf, c’est fini ! Je n’y comprends rien, c’est un langage compliqué, mais poétique. Je range tout cela dans un tiroir et passe à autre chose.
Quelque temps après, peut être un mois, j’entends à nouveau. « Prends une feuille » J’écris un titre. Tout et rien. Plein et vide. Le reste du texte suit dans le même style, sur le fond, la forme…
Je me dis. « Mon Dieu, qu’est-ce qui me passe par la tête ? C’est quoi, ça ? C’est tout, c’est rien, c’est plein, ou c’est vide ? De nouveau j’écris plusieurs pages, pour moi incompréhensibles et je les range encore dans le tiroir... Mais, pour ne plus les ressortir, c’est d’un compliqué ! C’est là ma première expérience dans l’écriture.
Dimanche 28 juin 1992, jour d’arrivée
Trois jours auparavant.
Mon mari et moi sommes réveillés par des chants d’oiseaux en pleine nuit. Des chants, certes très agréables, mais qui nous empêchent de dormir. La nuit dernière, les chanteurs s’installent à côté de la porte vitrée de notre chambre, sous la terrasse et s’en donnent à cœur joie. J’ai du mal à m’endormir et en même temps je suis ravie de leurs chants, j’aime beaucoup les oiseaux. Charles, agacé a dû se lever pour les chasser, ce qu’ils acceptent en se déplaçant non loin de là sur les arbres du jardin, tout en continuant leur concert nocturne. Et cela se répète durant trois nuits.
Le jour J arrive ; quel bel après-midi d’été ! Sortant de chez moi pour me rendre sur le lieu de la formation, deux ou trois oiseaux passent à toute vitesse au-dessus de ma tête, cette foisci en piaillant, ce qui est moins mélodieux que leurs chants nocturnes. Les comportements des oiseaux de ces derniers temps m’interrogent, mais je ne sais quoi en penser.
Je suis prête à partir. Contrairement à mes habitudes soignées et très mode, je porte aujourd’hui des vêtements simples, un jeans, un teeshirt et aux pieds des baskets de sport.
C’est mon mari qui me conduit au lieu-dit, dans notre Volvo blanche. Une heure de route nous sépare de l’endroit. Dans la voiture, j’attrape la feuille que l’ostéopathe m’avait envoyée, un dépliant indiquant le site, complété en bas de page par seulement un petit plan aérien. Ce qui nous oblige à chercher pendant un long moment la voie d’accès à la propriété. Heureusement, nous sommes en avance sur l’horaire prévu.
Ah ! Voilà. Ce doit être là ! J’indique la route à Charles, qui tourne à droite et s’engage au milieu des bois sur un petit chemin de terre caillouteux. Au bout de celui-ci apparaît un parc, deux chiens de garde annoncent notre arrivée. Nous nous avançons et découvrons à droite, un immense tilleul, magnifique. Généreux en ombrage et accueillant. Son tronc sert de support contre lequel une table est ajustée : l’accueil se trouve là.
Deux femmes assises attendent les participants. Mon mari gare son véhicule à l’entrée du parc. Il est indiqué qu’il ne doit pas stationner plus loin. Il prend ma valise et m’accompagne. Nous nous disons au revoir, à quelques mètres, avant le tilleul.
− J’espère que tout va bien se passer ma chérie ! L’endroit est très beau, mais si isolé !
− En effet, mais d’après les recommandations que m’a envoyées l’ostéo, nous devons nous isoler de la vie extérieure, pour mieux vivre la formation, c’est un des principes du stage... Ne t’inquiète pas, je suis au milieu d’une forêt, mais je ne compte pas m’y perdre, lui dis-je, en lui souriant, pour le rassurer.
− Mais j’appellerai, me dit-il.
− Oui, ils te donneront de mes nouvelles… Tu sais bien que moi, je ne dois pas appeler, sauf en cas de problème majeur pendant le séjour. N’oublie pas de venir me porter mes cigarettes mon chéri, je les ai oubliées. Quand tu pourras, bien sûr. Je n’en fume pas beaucoup, mais il ne me reste que ce paquet pour les sept jours.
− Oui, bien sûr, à bientôt ma chérie. Je viendrai mercredi, je sortirai plus tôt du cabinet.
Charles me serre fort contre lui et m’embrasse. Je prends ma valise et me rends sous le tilleul.
Je me présente à l’accueil sous l’arbre majestueux. Une des deux femmes repère mon nom sur la liste et me demande de régler la totalité du stage et de l’hébergement en deux chèques, moins les acomptes versés. Ouvrant mon chéquier je m’aperçois qu’il n’y a plus qu’un chèque. Je suis confuse de cette situation et demande de régler l’autre chèque, lorsque mon mari reviendra me chercher. Mais la dame qui encaisse les règlements, (apparemment la responsable du lieu) réplique :
− Vous ne pouvez pas faire comme tout le monde ?
Je suis très gênée, mais ne peux qu’acquiescer, j’aurais dû vérifier mon chéquier, avant de partir ! Elle reprend :
− Je vous ai mis dans une chambre à deux lits, mais seule, car l’autre personne ne viendra pas. La chambre sera plus chère. Accompagne-là à sa chambre ! dit-elle à l’autre femme de l’accueil.
Je prends ma valise et suis l’autre femme, sans mot dire. On se dirige vers des dépendances, en contre-bas de la plateforme des autres bâtisses. Nous empruntons un tout petit sentier de terre battue, puis accédons aux chambres. Un petit couloir dessert quatre chambres, accolées les unes aux autres. La femme ouvre la deuxième porte et d’un ton indifférent, me dit.
− C’est ici, voici vos draps ! Elle me les tend en même temps qu’une serviette de bain, de petite taille.
Une fois dans la chambrette, je fais mon petit lit et range mes bagages. Je me change, adaptant pour la circonstance une tenue confortable, jogging gris perle, un peu large et porté mimollets, un sweatshirt de même couleur agrémenté d’un col, rose pastel. Je ferme la porte de ma chambre et sors prendre l’air.
Après une visite succincte du lieu, je me rends à la petite chapelle dressée à gauche à l’entrée du parc et suis ravie de la simplicité régnant dans la toute petite pièce, si propice à la prière. Deux ou trois chaises vides s’offrent aux visiteurs. Je m’assieds sur l’une d’elles, dans le petit coin sur la droite. Je ferme les yeux pour prier et, comme d’habitude je m’adresse à Dieu. « Mon Dieu ouvre mon cœur et mon esprit ». Dès ces mots, mon inlassable soif de connaissance ressurgit en moi. J’ai un véritable désir de m’éveiller aux voies de Dieu. Je veux connaître davantage celui que je prie. Je reste là un moment, dans la pleine présence de ma prière. Puis, avant de repartir, je demande à Dieu de bénir le stage et d’aider chacun dans ses demandes, j’ai toujours prié pour le bien de l’autre et de nous tous. Après cela, je me dirige de nouveau vers l’accueil, où le groupe de participants est en train de se former. Arrivée près d’eux, réservée comme je le suis, je me mets un peu en retrait, saluant celui ou celle qui vient vers moi. En m’abordant, ils posent tous les mêmes questions. « Tu viens d’où ? Qu’est-ce que tu fais dans la vie ? Comment ceci, comment cela ? ... » C’est bien normal de faire connaissance. Les gens ont besoin de savoir à qui ils s’adressent. Mais je n’ai jamais aimé parler de moi, encore aujourd’hui. Et encore moins parler de mes problèmes ou de ma vie privée. Il allait pourtant falloir m’y habituer, mais je ne le sais pas encore. Je réponds à chaque fois « Je m’appelle Gloria... J’habite à tel endroit, j’ai consulté monsieur Niant qui m’a conseillé de faire ce stage. » Ouf !
La responsable du lieu s’approche de nous. Elle fait retentir une petite clochette qu’elle tient à la main pour attirer l’attention de tous et annonce qu’il faut aller dîner dans dix minutes.
Le réfectoire se trouve lui aussi en contre bas de la plateforme du parc, sur l’autre côté. C’est une salle traditionnelle, tout comme les tables alignées et recouvertes de toiles cirées classiques.
Debout, près d’une table sur le côté, accompagnée de l’ostéopathe et de deux autres femmes, la responsable prend la parole.
− Bienvenue à tous ! dit-elle. Pour ceux et celles qui ne le connaîtraient pas encore, je vous présente monsieur Niant, ostéopathe et ses deux collaboratrices. (Elle les nomme). Nous vous souhaitons un bon appétit !
Un buffet est dressé au bout de la pièce, composé uniquement de salades variées et plats végétariens.
Je ne suis pas habituée à ce genre de menu, mais je m’adapte et trouve cela bon. Pendant le diner nous échangeons. Je parle très peu et je ne pose pas de questions. Je suis timide, j’ai besoin de connaître les gens, avant de me permettre de les interroger sur leur vie personnelle.
À la fin du repas, la responsable reprend la parole pour demander à tous de débarrasser les tables, faire la vaisselle et l’essuyer… « Il en sera ainsi pendant tout le séjour et si nécessaire, les jours prochains, après le balayage vous passerez la serpillière, pour maintenir la salle propre ».
− Le stage commence ce soir à 21 heures. Mettez des tenues souples. Prenez votre duvet ou de quoi vous couvrir pendant la séance, si vous êtes frileux. Ah ! Comme vous pouvez le voir, le site est peu éclairé la nuit. N’oubliez pas votre lampe de poche pour le retour dans vos chambres. Vous avez des questions ? Tout est clair ?
Nous avions tous reçu la liste du nécessaire à emporter pour le séjour. Tenues souples ou joggings. Un duvet ou petite couette et l’indispensable lampe de poche pour la nuit. Rien ne serait prêté sur le lieu, nous étions avertis.
Il faut que je pose une question, mais je n’ose pas. Par chance, quelqu’un d’autre ose...
− A quelle heure se terminent les séances ?
− Ce soir, à 23 h 30, répond l’ostéopathe, assis à côté de ses deux assistantes.
Je pensais que le premier soir nous aurions fini plus tôt. Nous n’avons pas reçu le déroulement des séances ni les horaires, c’est normal.
Tout le monde se lève de table et je participe aux tâches demandées. Puis je prends mon sac suspendu à ma chaise et m’empresse de sortir pour aller fumer une cigarette, avant la séance.
Un peu avant 21 heures, je me dirige vers la salle de formation. J’ouvre doucement la porte et je me retrouve dans une grande pièce éclairée par une douce lumière jaune orangé. L’endroit inspire la sérénité, mais l’odeur forte des encens m’incommode un peu, je vais m’y habituer. Je prends place vers le fond de la salle. Je m’assieds au sol sur mon duvet, dos contre le mur. Je profite du moment présent pour mieux observer la belle voûte en pierre qui couronne la pièce. Je me détends, car j’éprouve un sentiment d’inconfort. Je n’ai aucune idée du déroulement de la séance !
Les participants entrent à tour de rôle et se saluent mutuellement d’un signe de tête, comme s’ils ne s’étaient pas vus auparavant et se regardent en affichant une mine enjouée. "Curieuse attitude" pensais-je, "ce doit être un principe du stage". Je saurai par la suite que ce sont des bouddhistes. C’est agréable à voir, ils ont l’air heureux, je m’en réjouis.
Monsieur Niant entre, accompagné de ses deux collaboratrices, ils prennent place au bout de la salle et restent debout dans le silence.
Arrive la responsable. « Excusez-moi pour mon retard ». Monsieur Niant prend la parole.
« Je vous présente Madame Goum ». Elle est la gouvernante et il précise son titre de propriétaire et de gérante du lieu.
De grande taille, les cheveux courts et grisonnants, loin d’être sympathique ! Mais néanmoins d’allure agréable, au vu de sa bonne cinquantaine d’années. « On la remercie de nous accueillir dans ce bel endroit », reprend monsieur Niant. « Elle va maintenant nous donner quelques informations sur le Lieu ».
Madame la gouvernante lève la tête et prend la parole.
− La propriété se compose de plusieurs bâtisses et de dépendances. C’est un grand domaine privé, au cœur d’un immense parc boisé. Ce domaine est constitué d’un ensemble de bâtiments, dont le plus vieux date du début du XVe siècle, comprenant un château du XVIIIe, non visitable. Une chapelle et une autre bâtisse comprenant deux grandes salles, sur deux niveaux. Nous sommes dans l’une de ces salles, au rez-de-chaussée, de ce qui était à l’époque une ancienne cave. Le tout est entouré d’un grand parc qui nous offre une vue superbe sur le vallon. Profitezen pour visiter le lieu. N’hésitez pas à vous promener dans les bois. Ah ! Une dernière chose. Il faut savoir qu’il y a une source dans un des bois, que nous cherchons, mais que nous n’avons pas encore découverte. Si vous la trouvez, surtout venez m’en faire part, car personne jusqu’à présent n’a vu où elle se trouve. Je vous souhaite un bon séjour.
Et elle repart. L’ostéopathe et ses collègues s’installent sur le sol, tout comme nous.
Une des assistantes prend la parole pour faire l’appel, selon l’ordre énoncé sur la feuille qu’elle coche au fur et à mesure et tous répondent présents.
L’ostéopathe prend la parole.
− Vous allez maintenant vous rapprocher de nous, (sousentendu : de lui et de ses assistantes). Placez-vous en cercle. Puis vous allez vous présenter et expliquer pourquoi vous êtes venus faire ce stage. Il s’adresse à une femme assise, juste après lui.