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Célestine Marguerite partage une histoire familiale singulière à travers son héroïne Coline en dépit de l’opposition de Victor, son fils. Elle est empreinte de sa vie de femme et de mère, des comportements incestueux, des conséquences qui en ont résulté et de la quête de la résilience pour construire une vie apaisée malgré les blessures. Elle met en lumière les retombées de cette expérience et soulève des questions sur la possibilité de briser le silence, sur oser prendre la parole, sur comment s’écouter et se comprendre au sein de la famille. Elle montre que l’histoire familiale fait de nous ce que nous sommes…
À PROPOS DE L’AUTRICE
Après trois ans et demi de rééducation à la suite d’un accident vasculaire cérébral, Célestine Marguerite récupère ses facultés perdues. Après avoir gagné ce combat et inspirée par le livre La Familia Grande de Camille Kouchner, écrire s’impose à elle. Son personnage, Coline, devient le vecteur par lequel elle explore les relations intrafamiliales, le climat incestueux et les blessures de chacun. Son récit témoigne de sa quête pour croire à nouveau en la vie et lui sourire.
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Seitenzahl: 156
Veröffentlichungsjahr: 2023
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Célestine Marguerite
« Je t’interdis de publier ! »
La fabrique du silence,
oser prendre la parole
Roman
© Lys Bleu Éditions – Célestine Marguerite
ISBN : 979-10-422-0058-9
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L. 122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivante du Code de la propriété intellectuelle.
À ma fille Anna,
À mes enfants,
À maman.
Prélude
Célestine a suivi l’atelier « l’arbre de vie » animé par son amie Claire, coach professionnel, en décembre 2020.
La semaine suivante, Claire a écrit un poème à Célestine comme elle le fait pour chaque participant de l’atelier, c’était le 6 décembre 2020.
La sève de la vie
Rêver enfant de la mère que l’on rêve d’être pour ses enfants.
Vouloir aimer et aider dans la vie.
Aimer dans sa chair et dans son cœur des enfants du ventre et du cœur.
Aimer ses enfants et ses amis,
Les aider à traverser la vie.
Se dévouer parfois sans mesure.
Être rattrapée par la vie.
Faire le vœu de ne plus s’oublier ainsi,
Être présente à la vie.
Transmettre ce que la vie a de bon,
Se donner du bon pour soi.
Choisir la voie de l’amour.
Consentir à ses limites pour ne pas s’égarer,
Accepter le « pas beau » en soi pour pouvoir donner du beau.
Suivre ses choix, suivre sa vie.
Transmettre comme une évidence,
Aimer inconditionnellement,
Donner pour l’éternité :
La sève de la vie.
Ainsi, soit-il !
Claire Onghena,
4 décembre 2020
11 novembre, Coline est pressée. Elle rend visite à son ami Chris à Saint-Malo. Une belle journée en perspective. De nombreux échanges, de bonnes crêpes bretonnes, des rires et des sourires sont au menu. Elle laisse son véhicule tout prêt de la tour Solidor. Ce matin, elle est toute tendue, les joues toutes rouges, le front plissé, la gorge nouée. En conduisant, la radio allumée, elle a entendu Christine Angot parler de son livre.
Avant de rejoindre son ami Chris, elle marche le long de la plage. En cette matinée d’hiver, la mer est calme et d’un beau bleu. Coline s’assoit sur un banc. Elle fixe l’horizon. Elle revit son histoire familiale. Elle repense aux mots entendus de Christine Angot ce matin à la radio : « Il faut que j’y retourne, que j’écrive. Ils ne comprennent pas. Ils ont oublié. C’est passé ».
Christine Angot est une victime. Coline est la maman d’Anna.
Les proches aussi peuvent souffrir très longtemps en silence. Le livre de Camille Kouchner a permis de rompre la loi du silence. Un jugement ne règle pas tout ni pour la victime ni pour la famille. Ça devait sortir pour Coline. « Je ne t’ai pas adoptée pour que tu vives ça ! » Elle s’effondre et pleure face à la tour Solidor, seule.
Elle réfléchit, réfléchit encore et encore. Elle a déjà pensé écrire sur l’histoire familiale. Elle a déjà déposé des mots sur son ordinateur. Elle l’a dit à ses enfants. Victor lui a répondu « Je t’interdis de publier ! »
Face à la mer, elle se dit que le moment de parler est venu. Elle a envie de mettre des mots sur l’histoire, ce qui s’est vécu, l’histoire familiale, le secret de famille et la résilience.
Coline mesure la difficulté qui l’attend à écrire. Certes, ce peut être compris comme une thérapie. Se raconter, c’est déposer des mots sur l’histoire vécue et c’est prendre des risques. Elle a le souffle coupé. Et si elle n’est pas comprise. Et si elle a des remarques de ses enfants. Et si enfin elle peut être entendue et comprise pour une fois. Coline a tellement le désir de croire que la vie est pleine de surprises et d’inattendus positifs. Et si ce manuscrit pouvait aider Anna à être pleinement reconnue dans ses souffrances. Et si chaque membre de la famille pouvait se sentir reconnu victime collatérale ? Et si le voile omniprésent pouvait être levé !
Par où commencer ?
Une vague jaillit et éclabousse Coline. Et là, soudainement, une lumière. Elle va écrire un préambule à ses enfants. « Oui, c’est une bonne idée », se dit-elle. Elle sort une feuille de son sac à main. Elle a toujours un stylo et des feuilles avec elle. Elle écrit souvent des pensées, des citations qui lui reviennent, des réflexions.
Quelle heure est-il ? Oh, elle va être en retard chez Chris mais il va comprendre. Elle va lui expliquer. Il ne connaît que trop bien sa vie. Un SMS « Chris, j’arrive dans 20 min. Excuse-moi du retard, je t’expliquerai. Je t’embrasse ». Coline
Sur une feuille blanche, les mots défilent et le préambule est écrit en quelques minutes. Elle le tapera sur son ordinateur ce soir :
« Mes chers enfants,
C’est avant de commencer à déposer mon histoire, notre histoire que l’idée du titre “la fabrique du silence, oser prendre la parole” résonne et m’habite. J’ignore la force de ces mots “La fabrique du silence”. Et je retiens les mots de Victor “Je t’interdis de publier”. Je vais encore réfléchir sur le titre à donner à ce manuscrit.
Vingt ans plus tard et encore maintenant en cette fin d’année, je pense.
Aujourd’hui, vais-je pouvoir aller jusqu’au bout de ma démarche ? Publier mon histoire de mère, de femme et d’épouse.
Je prends toutes les précautions par des noms d’emprunt. Je fais une relecture de notre vie pour tenter de l’écrire avec délicatesse. Je vais tenter à ce que chaque mot et chaque phrase soient sincères, sans heurter.
Je ne vais pas écrire pour ruminer le passé. Je vais écrire pour que la vie prenne sens avec ce que nous avons vécu. Je vais écrire pour que chacun essaie de se comprendre dans les relations familiales. Je vais écrire avec tout l’amour qui est en moi, un amour inconditionnel de maman.
Après la publication du livre de Camille Kouchner, “la familia grande”, j’ai été bouleversée. Les médias et l’État se sont emparés du sujet. Un sujet si délicat, si difficile, si douloureux et encore si tabou.
Que ceux qui peuvent mettre des mots s’expriment, Mais le pouvons-nous vraiment ? Même si une plateforme, des réseaux sociaux existent aujourd’hui, que des victimes parlent davantage, combien de familles resteront encore murées dans le silence ?
Je m’apprête à témoigner sur la vie, sur ce qu’Anna a vécu, ce que j’ai vécu et ce que nous avons vécu en famille. Il y a des jours où je me demande encore si c’est un rêve mais non c’est la réalité de la vie, c’est ce qui est.
Victor m’a dit il y a quelques jours : “je refuse que tu publies”. Anna se replie parfois sur elle-même, Claire ne dit rien. Victor me fait comprendre que publier pourrait abîmer notre relation.
Quelle famille n’a pas son secret ? Il empoisonne une vie. Certains secrets sont lourds de conséquences et traversent les générations. Si les non-dits s’avèrent pesants, révéler un secret de famille peut faire exploser le noyau familial. Je le sais, oh combien !
J’ai juste envie de croire en la vie. Les blessures dans la vie sont de vraies épreuves. Arriver à les traverser quand on ne peut rien changer sauf peut-être le regard sur la situation et sur soi-même.
Oserai-je prendre le risque de publier ? Je l’ai pris, puisqu’aujourd’hui tu me lis, vous me lisez…
Je vous embrasse.
Maman qui vous aime fort »
Coline plie sa feuille en quatre, la dépose dans son sac et court chez son ami Chris. Elle sonne à l’étoupette bleue. Chris lui ouvre la porte et Elle entre. Ils s’embrassent. Il ne peut s’empêcher de lui demander ses pensées du jour. Il connaît bien Coline depuis plus de trente ans. Elle prend une forte respiration pour lui raconter pourquoi elle arrive si tard. Chris a toujours beaucoup de compassion et de douceur pour son amie. Il sait lire sa météo sur son visage. Il la pousse à écrire, à mettre des mots sur des maux. Il a lui-même écrit deux livres pour laisser une trace de sa vie, de ses valeurs, de ses expériences professionnelles. Chris est un ami de toujours. Coline a confiance en son vieil ami. Ses mots la réconfortent et lui donnent confiance pour oser écrire.
Le 30 janvier 2021,
Coline est à la fin du livre de Camille Kouchner « la familia grande ».
« Quel courage, mais quel courage d’écrire cette histoire familiale ». Camille Kouchner donne la force d’écrire à Coline. Trop de silences, de non-dits qui l’encombrent depuis tant d’années. Des larmes coulent sur ses joues.
Le silence a pourtant été brisé dans sa famille
La famille oublie ou préfère oublier et le déni se réinstalle.
Il reste toujours un secret de famille. Aujourd’hui et demain. Une atmosphère indescriptible flotte dans l’air.
***
« Quand l’histoire n’est pas parlée, sommes-nous condamnés à la répéter ? » se demande-t-elle, seule assise dans un fauteuil du salon face au jardin.
Son mental se met en ébullition et elle pense, elle pense, elle pense. Elle revisite sa vie avec des images, des paroles. Elle pense beaucoup à ses cinq enfants. Elle sait qu’ils ont tous souffert mais Anna, comment s’en sort-elle vraiment ? Coline ose prendre la parole. Cela aidera-t-il Anna ? Et Julien, Victor, Hugo et Claire ?
Le téléphone sonne. Ses pensées s’arrêtent brusquement.
Nous sommes le 31 janvier 2021, 18 h
L’heure du couvre-feu en cette période singulière de la Covid-19.
C’est sa grande fille Anna qui vit à Paris avec son compagnon.
« Bonjour Maman, ça va ? on vient de faire des courses.
— Oui, Anna, ça va, je suis en train de finir de lire le livre de Camille Kouchner
— Ah, c’est sur l’inceste ?
Quel bonheur pour Coline d’être la maman d’Anna. Elle l’aime sa fille au plus profond d’elle.
Quel bonheur d’être la maman d’une aussi jolie jeune femme, si intelligente. Elle a l’intelligence du cœur, l’intelligence relationnelle, l’intelligence émotionnelle et l’intelligence intellectuelle. Tout, elle a tout pour elle.
Quel bonheur d’être sa maman, elle, si sensible, si altruiste, si généreuse, tout en finesse et si secrète parfois.
Quel bonheur pour Coline d’être la maman d’Anna la plus parisienne des Parisiennes alors qu’elle est née il y a plus de 36 ans en Asie. Elle sourit en écrivant ces mots. Qui pouvait croire il y a plus de vingt ans qu’Anna serait une Parisienne.
Lorsqu’elle lui a dit qu’elle lisait le livre de Camille Kouchner, elle a tout de suite dit : « j’ai pardonné ! »
Est-ce que le pardon est possible ? Est-ce que ce qu’elle nomme pardon est un pardon ou autre chose ? Les mois qui passent le diront. Que veulent exprimer les silences d’Anna ? Qu’exprime son repli sur elle-même à certains moments de la vie ? Difficile de le dire, c’est un sujet tabou dont elle ne parle pas pour le moment.
Ou bien vit-elle comme le frère jumeau de Camille Kouchner qui a mis de gros mouchoirs sur son passé ?
Ou bien refuse-t-elle toute compassion ? Ou bien est-elle en attente de compassion ? Ou bien a-t-elle encore un chemin personnel à parcourir ?
Coline replonge dans le livre de Camille Kouchner, tourne les pages et relit ce passage à haute voix, les mots lui font écho :
« mon frère a allégé son fardeau en traçant sa voie. Pendant longtemps, j’ai cru qu’il fuyait, mais en réalité tout était très bien pensé. Pas comme je l’aurais voulu, mais à sa manière, avec beaucoup de courage et de ténacité. Mon frère a investi sa vie professionnelle et m’a dit : “je hais ce con et je ne veux plus entendre parler de rien.”(la Familia Grande, Camille Kouchner, 2020)
Oui, ne plus entendre parler de rien, toujours la même musique dans toutes ces histoires », se murmure Coline. Même des années plus tard, même s’il y a eu un jugement pour Anna. Sujet familial tabou ! Rideau, il n’y a rien à voir ! Tout oublier permet-il d’aller de l’avant dans la vie, jour après jour pour Anna et pour la famille ?
C’est avant tout l’histoire de sa fille. De quel droit a-t-elle le droit d’écrire, de mettre des mots sur les maux de son enfant et de la fratrie ? Coline s’interroge : « Je ne peux pas parler à la place d’Anna ni de mes autres enfants !? Je ne peux parler que de moi ».
Coline souhaite juste livrer la parole d’une maman où tout est dans les non-dits, où surtout le déni a toute sa place, où la honte existe peut-être chez les enfants. Où la culpabilité et la honte existent chez Coline, où la loyauté vis-à-vis du père existe. « Ce n’est rien, ce n’est rien ce qui s’est passé », dit Gilles, le père de cette grande fratrie.
Coline étouffe depuis si longtemps. Les enfants font silence. Elle aurait besoin qu’ils s’expriment, qu’ils mettent des mots maintenant sur ce qui est pour elle impardonnable, inacceptable, inimaginable. Le peuvent-ils ? le veulent-ils ? Qu’ont-ils compris ou cherchent-ils à comprendre l’histoire d’Anna et leur histoire familiale ? Que comprennent-ils des conséquences relationnelles de la famille ?
Comment vivent-ils avec l’histoire familiale ? Ne serait-ce pas nécessaire de DIRE pour une vie familiale avec plus de légèreté ? Vivre ainsi, est-ce cela qui leur correspond ? Le déni, le silence sont-ils leur arme ? Est-ce impossible pour eux de mettre des mots ?
Il y a toujours un voile et au moindre fait, le château de sable peut s’écrouler.
Les enfants tous adultes aujourd’hui ont bien enfoui le sujet au fond de leurs poches. Leur compagnon ou compagne ne savent pas. Coline a la ferme interdiction de parler ! Depuis qu’elle écrit, déjà plus de 24 mois, elle a commencé à parler avec délicatesse. Le moment y était propice. Que n’a-t-elle pas commencé comme chantier ! Les conséquences sont apparues.
Cela fait partie de l’intimité à tous. Pourquoi faudrait-il qu’elle la cache pourtant ? « Une parole libérée permet-elle un mieux-être ? » se demande-t-elle une nouvelle fois.
Les enfants voient leur père, Gilles, de temps en temps. Sauf Hugo qui habite le même département et le voit plus souvent.
Et elle pense à demain. Ses enfants auront des enfants. Elle deviendra grand-mère. Gilles deviendra grand-père. Et la suite ? Quelle sera sa responsabilité de grand-mère ? Coline est nouée en écrivant ces quelques lignes puisque rien n’est jamais parlé ?
Elle se prend la tête dans les mains et crie tout haut « j’étouffe, j’étouffe, pourquoi j’ai toujours eu cette sensation d’étouffer dans la vie » ?
Les épisodes des mois à venir lui apporteront des réponses.
Écrire, parler, dire, témoigner, voilà son crédo aujourd’hui, continuer sur le chemin de Camille Kouchner et de biens d’autres. Libérer la parole même pour un proche. Parler est une épreuve mais aussi une libération pour aller vers demain. C’est raconter pour l’instant un secret de famille toujours présent.
Et si écrire permettait de restaurer la paix, leur paix à tous, une paix intérieure ?
Écrire, c’est aussi prendre des risques ? Que peuvent penser les enfants ? Comprendront-ils le besoin d’écrire à un moment ou à un autre ?
Oser prendre la parole pour témoigner d’une histoire qui peut arriver dans n’importe quelle famille. Et si cela pouvait ne plus jamais exister. Elle a envie d’y croire. Elle a envie de rêver. Elle a trop le désir de s’exprimer. C’est anéantissant mais il y a une autre vie après les découvertes.
Coline a toujours des lettres, des courriers d’avocats. Même pour écrire ces lignes, elle est incapable de sortir le dossier bien rangé au fond d’un placard dans son bureau.
Coline a toujours eu besoin d’avoir une espace bien à elle, un lieu intime. Il lui ressemble ce bureau. Il reflète sa vie avec des affiches encadrées du Petit Prince de Saint Exupéry. Elle lit ces mots « On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux ». Les faire-part de naissance de ses deux filles Anna et Claire ont été réalisés à partir des gravures de ce grand homme.
Ce bureau, c’est là où jaillissent les pensées de Coline, là où elle écrit le plus souvent, là où elle sourit, là où elle pleure seule, là où elle a réappris à écrire, lire, parler après la maladie. Un lieu chargé d’émotions. C’est là aussi où elle travaille pour les associations dans lesquelles elle s’investit.
Sortir des dossiers serait chargé de trop d’émotions qui referaient surface. Elle décide d’écrire avec sa mémoire.
Depuis qu’elle met des mots sur des maux, son sommeil est moins bon. Elle se sent nouée. La plaie s’est un peu refermée mais il y a une cicatrice qui lui rappelle un lourd passé. Depuis, elle apprend chaque jour à vivre avec cette cicatrice. Elle l’accepte pour s’ouvrir à la beauté de la vie. Il y a toujours un soleil qui brille pour qui veut bien le voir chaque jour. Chaque soir, Coline dépose dans son carnet une pensée positive.
Oui, sa famille a explosé mais toute situation trouve sa solution. Sa famille aujourd’hui est une famille qui peut se retrouver. Mais savoir que Coline écrit semble déranger certains des enfants.
Que va-t-il se passer si elle mène au bout son projet d’écriture ? Coline prend des risques et elle le sait, elle y pense souvent.
Un de ses fils lui a tourné le dos pour protéger son père, c’est celui qui lui ressemble le plus. C’était le prix à payer pour avoir voulu qu’Anna soit reconnue victime et non coupable !
Son livre est pour Anna et pour la fratrie tout d’abord afin de lever des ombres pour aller vers une vie douce et réinventer une famille où soutien et solidarité peuvent se conjuguer au présent et au futur.
Chacun est lié par son histoire familiale. Tenter d’aller vers une vie limpide et claire comme une rivière où l’eau coulera pour amoindrir, évacuer des blessures et des souffrances. Parler ! Lever le tabou ! Demain, des petits enfants seront là ! Demain, passer encore de bons moments de vie. Tel est le message de Coline aujourd’hui.
Combien de fois Coline n’a-t-elle pas tremblé quand elle apprenait que Gilles travaillait auprès d’adultes handicapés ! Combien de fois ne s’est-elle pas dit, en silence, un secret bien à elle, « j’espère que tout ira bien » Quelle responsabilité, elle portait seule ! En écrivant, elle se pose la question. Était-ce ma responsabilité ? Qui en portait la responsabilité ?
Elle ne voulait pas que quelque chose se passe ! Elle ne s’en serait jamais remise.