Jésus a fait de moi un témoin - Emilien Tardif - E-Book

Jésus a fait de moi un témoin E-Book

Emilien Tardif

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Beschreibung

En 1973, provincial de sa congrégation en république dominicaine, le jeune père Emilien, surmené, est atteint d'une tuberculose aigüe. A son grand déplaisir, des membres du Renouveau lui proposent alors de prier pour lui. Miraculeusement guéri, il se lance dans une aventure d'évangélisation digne des Actes des apôtres : aujourd'hui comme hier, Dieu guérit et fait des miracles pour attirer les coeurs. Le père Tardif nous en fait avec simplicité un récit qui emplit le lecteur d'espérance : rien n'est impossible à Dieu.

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Émilien Tardif

avec José Prado Flores

Jésus a fait de moiun témoin

Dieu guérit aujourd’hui

Imprimatur :

Nicolás de Jesús López,

Archevêque de Santo Domingo (Rép. Dominicaine),

30 mai 1984.

 

Cum permissu Superiorum,

Dario Taveras, Provincial M.S.C.

 

 

Conception couverture : © Christophe Roger

Photo couverture : © Shutterstock – Photocreo, Michal Bednarek

 

Composition : Soft Office (38)

 

 

Édition originale : Jesus está vivo, © Publications KERYGMA, 1984, Mexico.

 

Édition française : © Éditions Emmanuel – 1re édition, 1990. Nouvelle édition, 2017.

 

ISBN : 978-2-35389-659-2

 

Dépôt légal : janvier 2018

Préface de l’édition originale

Face à ce que nous avons vu et entendu, nous ne pouvons pas nous taire. Il est juste, digne et nécessaire d’élever la voix et de proclamer au monde entier quelques-unes des merveilles que le Seigneur a faites au cours de ces dix dernières années.

Ces pages sont la louange et l’action de grâce de tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, ont accueilli la grâce de Dieu, tout au long de ce ministère d’évangélisation qui fut accompagné de signes, de miracles et de guérisons.

Ce n’est pas un livre mais un témoignage. L’Évangile, avant d’être écrit, fut proclamé et vécu. Dans ces pages bat comme un cœur la proclamation d’un homme qui évangélise : on pourrait presque entendre sa voix. Mais on y rencontre l’Évangile en personne : Jésus Christ, qui est le même hier, aujourd’hui et toujours. Il est au centre de ces pages.

Le Père Émilien Tardif est comme le petit âne du dimanche des Rameaux : il a eu la chance de porter Jésus à travers les cinq continents. Comme le petit âne de Betphagé, il a été couvert de fleurs, comme à Tahiti, et connu la prison et les persécutions, comme au Congo. Ce qui compte, ce n’est pas le vase d’argile, mais le trésor qu’il renferme, c’est-à-dire Jésus Christ.

Cet ouvrage n’est pas un manuel technique pour apprendre à prier pour les malades, mais le témoignage que notre Dieu guérit aujourd’hui ses enfants malades. Ce n’est pas un livre de guérison, mais d’évangélisation. Un cri qui s’élève, remplissant d’espérance ceux qui osent croire que ce même Jésus qui est mort sur la croix, est ressuscité et vivant et que donc tout est possible. Quoi de surprenant que notre Dieu fasse des merveilles puisque c’est un Dieu merveilleux ?

Bref, ce dont ces pages ont le moins besoin, c’est d’une préface.

José H. Prado Flores Mexico, 24 juin 1984,en la fête de saint Jean-Baptiste.

Chapitre premier

Tuberculose pulmonaire

En 1973, j’étais provincial de ma congrégation de Missionnaires du Sacré-Cœur, en République Dominicaine. J’avais beaucoup travaillé, abusant de ma santé pendant les seize années de ma mission dans le pays. Je passais alors beaucoup de temps à des tâches matérielles, construisant des chapelles, des séminaires, des centres de promotion humaine, de catéchèse, etc. Toujours je cherchais de l’argent pour édifier des maisons et pour nourrir nos séminaristes.

Le Seigneur m’a permis de vivre tout cet activisme et, à cause de l’excès de travail, je suis tombé malade. Le 14 juin de cette année 1973, lors d’une assemblée du Mouvement familial chrétien, je me suis soudain senti mal, très mal. On m’a immédiatement transporté au Centre médical national. J’étais si mal que je ne pensais pas pouvoir passer la nuit. Je crus réellement que j’allais mourir très vite. J’avais très souvent médité sur la mort, mais je n’en avais jamais fait l’expérience et, cette fois, je l’ai faite et je n’ai pas aimé ça.

Les médecins m’ont fait des analyses très précises, détectant une tuberculose pulmonaire aiguë. Voyant que j’étais si malade, je pensais rentrer à Québec au Canada, mon pays, là où vit ma famille. Mais j’étais si faible que c’était impossible. Je dus attendre quinze jours et suivre un traitement avec des reconstituants pour pouvoir faire le voyage. Au Canada, on me fit entrer dans un centre médical spécialisé où les médecins me réexaminèrent pour vérifier la nature de la maladie. Le mois de juillet se passa en analyses, biopsies, radios, etc. Tout cela confirma scientifiquement que la tuberculose pulmonaire aiguë avait produit de graves lésions dans les deux poumons. Pour me donner un peu de courage, on me dit que peut-être après un an de traitement et de repos, je pourrais rentrer chez moi.

Un jour, je reçus deux visites très particulières. D’abord vint le prêtre qui dirige la Revue Notre-Dame. Il me demanda la permission de me prendre en photo pour faire un article intitulé : « Comment vivre avec sa maladie ? »

Il n’avait pas sitôt pris congé qu’entrèrent cinq laïcs d’un groupe de prière du Renouveau charismatique. En République Dominicaine, je m’étais beaucoup moqué du Renouveau, affirmant que l’Amérique Latine n’avait pas besoin du don des langues, mais de promotion humaine. Et voilà qu’ils venaient prier pour moi d’une manière désintéressée.

C’étaient donc deux points de vue totalement différents : le premier, pour me faire accepter ma maladie ; le second, pour ma guérison.

En tant que prêtre missionnaire, je pensai qu’il n’était pas très édifiant que je refuse leur prière. Mais, sincèrement, je l’acceptai plutôt par éducation que par conviction. Je ne croyais pas qu’une simple prière pouvait obtenir la santé.

Eux me dirent, très convaincus : « Nous allons faire ce que dit l’Évangile : “Ils imposeront les mains aux malades et ceux-ci seront guéris.” Ainsi allons-nous prier et le Seigneur va te guérir. »

Aussitôt, ils s’approchèrent tout près de la chaise où j’étais assis et m’imposèrent les mains. Moi, je n’avais jamais rien vu de semblable et cela me déplaisait. Je me sentais ridicule sous leurs mains et j’étais ennuyé car les gens qui passaient dans le couloir nous voyaient par la porte restée ouverte.

Alors, j’interrompis la prière et leur proposai :

« Si vous voulez, nous allons fermer la porte…

– Oui, mon Père, pourquoi pas ? » répondirent-ils.

Ils fermèrent la porte, mais Jésus était déjà entré. Pendant la prière, je sentis une forte chaleur dans les poumons. Je pensais que c’était une nouvelle crise de tuberculose et que j’allais mourir. Mais c’était la chaleur de l’amour de Jésus qui était en train de me toucher et de guérir mes poumons malades. Durant la prière, il y eut une prophétie. Le Seigneur me disait : « Je ferai de toi un témoin de mon amour. »

Jésus Vivant était en train de donner la vie, non seulement à mes poumons, mais aussi à mon sacerdoce, à tout mon être.

 

Trois ou quatre jours après, je me sentais parfaitement bien. J’avais bon appétit, je dormais bien et n’avais aucune douleur. Les médecins s’apprêtaient à commencer le traitement. Cependant, aucun médicament ne correspondait à la maladie qu’ils avaient détectée. Alors, ils firent venir des piqûres spéciales, faites pour les gens qui n’ont pas un organisme normal. Mais il n’y eut aucune réaction.

Je me sentais bien et je voulais rentrer chez moi, mais on m’obligea à rester à l’hôpital pour que les médecins puissent chercher partout la tuberculose qui leur avait échappé et qu’ils ne pouvaient trouver.

À la fin du mois, après de nombreuses analyses, le médecin-chef me dit : « Mon Père, rentrez chez vous. Vous êtes parfaitement guéri mais cela va à l’encontre de toutes nos théories médicales. Nous ne savons pas ce qui s’est passé. » Ensuite, haussant les épaules, il ajouta :

« Mon Père, vous êtes un cas unique dans cet hôpital.

– Dans ma congrégation aussi, lui répondis-je en riant. »

Je sortis de l’hôpital sans ordonnance, ni médicaments, ni piqûres. Je rentrais chez moi et je pesais cinquante kilos. L’hôpital qui voulait me guérir de la tuberculose me faisait aussi mourir de faim.

Quinze jours après, parut le numéro 8 de la Revue Notre-Dame. À la page 5 se trouvait ma photo à l’hôpital ; j’étais assis sur la fameuse chaise avec des sondes, un visage triste et un regard pensif. Au bas de la photo était écrit : « Le malade doit apprendre à vivre avec sa maladie, s’habituer aux allusions voilées, aux questions indiscrètes… et aux amis qui ne le regarderont plus de la même manière. » Mais ma santé rendait leur numéro caduc.

Le Seigneur m’avait guéri. Certes, ma foi était très petite, peut-être avait-elle la taille d’un grain de moutarde, mais Dieu est si grand qu’il n’avait pas considéré ma petitesse. Ainsi est notre Dieu. S’il dépendait de nous, il ne serait pas Dieu.

De cette manière, je reçus dans ma chair le premier enseignement fondamental pour le ministère de guérison : le Seigneur nous guérit avec la foi que nous avons. Il ne nous demande pas davantage. Seulement cela.

Le 15 septembre, j’assistai à la première assemblée de prière charismatique de ma vie. Je ne savais pas ce que c’était, mais j’y allai, car j’avais été guéri, et les personnes qui avaient prié pour moi m’avaient demandé de donner le témoignage de ma guérison.

En ce mois de septembre, je commençai à travailler un peu et j’écrivis à mon supérieur de me donner la permission de passer cette année, que j’aurais dû vivre à l’hôpital, à étudier le Renouveau charismatique au Canada et aux États-Unis. Il me donna la permission et je me rendis aux centres les plus importants de Québec, Pittsburgh, Notre-Dame et Arizona.

Je me souviens d’un jour où j’étais à Los Angeles, en train de célébrer la messe avec ma nièce et un ami. Après la lecture de l’Évangile en français, je voulus le commenter mais il se produisit quelque chose de très bizarre. Je sentis que ma joue s’engourdissait et je commençai à dire des mots que je ne comprenais pas. Ce n’était ni du français, ni de l’anglais, ni de l’espagnol.

Quand cela s’arrêta, je m’exclamai avec surprise :

« Ne me dites pas que je vais recevoir le don des langues.

– C’est pourtant cela, mon oncle, répondit ma nièce, tu parlais en langues. »

Je m’étais tellement moqué du don des langues ! Le Seigneur me l’offrit au moment même où j’allais prêcher. C’est ainsi que je découvris ce beau don du Seigneur.

Chapitre 2

Nagua et Pimentel

NAGUA.

Après cette année que j’aurais dû passer à l’hôpital, je rentrai en République Dominicaine. Mon supérieur m’envoya dans une paroisse de la ville de Nagua.

À mon arrivée, je convoquai une quarantaine de personnes pour leur donner le témoignage de ma guérison. Je me souviens que j’invitai alors les malades à venir en avant pour que l’on prie pour eux. À ma grande surprise, il y avait plus de malades que de gens sains. Cette nuit-là, le Seigneur guérit deux malades. L’assemblée explosa de joie et les personnes qui avaient été guéries donnèrent leur témoignage partout. Ainsi, humblement, commença une histoire dont nous ne pensions pas qu’elle pouvait être si merveilleuse.

Par les guérisons que le Seigneur faisait, notre groupe ressemblait au banquet du Royaume des Cieux : les invités étaient les boiteux, les sourds, les muets et les pauvres.

Chaque semaine, le Seigneur guérissait des malades. En août, il guérit Sarah, qui avait un cancer de l’utérus. Elle était condamnée et était sortie de l’hôpital pour aller mourir chez elle. On l’amena à la réunion, et pendant la prière pour les malades, elle sentit une profonde chaleur dans son ventre et commença à pleurer. Peu à peu, elle se rendit compte que la maladie disparaissait. Quinze jours après, elle était complètement guérie et revint au groupe de prière portant son linceul dans ses mains : les vêtements que ses enfants lui avaient achetés pour son enterrement.

Les gens venaient nombreux. Tous chantaient avec joie et louaient Dieu spontanément. Devant les guérisons et les prodiges, ils éclataient en sanglots, c’était des larmes de bonheur, et ils racontaient à tout le monde ce qui se passait dans la paroisse.

Le Seigneur nous dit un jour par une prophétie :

« Moi, je travaille dans la paix. Je vous donne ma paix. Soyez des messagers de paix. Je commence à répandre mon Esprit sur vous. C’est un feu dévorant qui va envahir la ville entière. Ouvrez les yeux car vous verrez des signes et des prodiges que beaucoup ont désiré voir, mais n’ont pas vus. C’est moi qui vous le dis et qui le ferai. »

Nous étions sûrs d’être devant l’œuvre du Seigneur. Les miracles étaient toujours si nombreux que je ne pouvais les compter. Des couples qui vivaient en concubinage se marièrent, des jeunes furent libérés des drogues et de l’alcoolisme… C’était la pêche miraculeuse. Après avoir longtemps jeté l’hameçon, le Seigneur remplissait tellement les filets que j’imaginais presque que la barque allait s’enfoncer.

Jésus était en train de libérer son peuple des chaînes de l’esclavage. Des jeunes qui ne s’intéressaient plus à l’Église ni à la foi commencèrent à proclamer que Jésus était leur libérateur.

Lors d’une retraite paroissiale, nous avons annoncé Jésus et ensuite, durant l’Eucharistie, prié pour la santé des malades. La première parole de science que j’ai eue, fut : « Il y a ici une femme qui est en train de guérir d’un cancer. Elle sent une forte chaleur dans son ventre. »

Je continuai à prier, il y eut d’autres paroles de science qui furent confirmées par des témoignages. Cependant, personne ne se manifesta pour la première parole.

Le lendemain, une dame, devant le micro, dit à tous : « Peut-être serez-vous surpris de me voir ici. Je suis une pécheresse, une femme publique ; cela fait de nombreuses années que je me prostitue. Hier, je suis venue à la messe de guérison, mais à cause de ma vie, j’ai eu honte d’entrer et je suis restée un peu à l’écart derrière la palissade. J’avais un cancer. J’ai eu deux opérations qui n’ont pas arrêté le mal ; mais quand le prêtre a dit qu’une personne était en train de guérir du cancer, j’ai senti que c’était moi. »

Le Seigneur guérit non seulement le cancer de son corps, mais aussi celui de son âme. Elle se repentit et communia le lendemain. Quand je la vis communier avec une telle joie et de telles larmes de bonheur sur le visage, je me souvins du retour du fils prodigue qui mange le veau gras que son père a fait tuer. Elle recevait l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde, purifiant son âme et changeant sa vie.

Ensuite, elle retourna à la maison close pour témoigner devant ses compagnes, des larmes dans les yeux : « Je ne viens pas vous dire d’abandonner cette vie. Je veux seulement vous parler de mon ami Jésus qui m’a rachetée et a changé ma vie. » Puis elle demanda la permission de faire un groupe de prière dans la maison close, et, tous les lundis, on y fermait les portes au péché et on ouvrait les cœurs à Jésus. Il y avait la prière, la lecture de la Parole et des chants.

Le Seigneur n’acheva pas là son œuvre. Un an après, une retraite fut organisée pour quarante-sept prostituées de la ville. C’est là que j’ai vu agir avec le plus de puissance la miséricorde de Dieu : il y eut repentir, conversions et confessions. Vingt-sept femmes abandonnèrent leur ancienne vie et, d’après des informations récentes, vingt-et-une d’entre elles ont persévéré sur le chemin du Seigneur. Quelques-unes même sont devenues catéchistes, d’autres animent des groupes de prière, témoignant que l’amour miséricordieux de Dieu les a transformées.

Sur les vingt-et-une maisons closes de la rue Mariano-Pérez, seules quatre sont restées. Des membres du même groupe de prière s’y sont rendus et le Seigneur les a transformées.

Il faut rappeler ici le cas d’une autre de ces femmes dont Jésus a dit qu’elles entreraient dans le Royaume des Cieux avant les scribes et pharisiens.

Diane avait été touchée par l’amour de Dieu et s’était donnée au Seigneur. Cependant, son rétablissement fut lent et douloureux. Elle eut même une rechute à cause de besoins d’argent. Quand elle s’éloigna du Seigneur, Il lui parla et lui dit : « Diane, qui me suit chemine dans la lumière et ne manque de rien. »

Elle se repentit et revint au Seigneur. Elle devint même catéchiste et aujourd’hui, dans les retraites, elle rend témoignage avec force de la miséricorde du Seigneur. Elle fait partie d’un groupe d’évangélisation et beaucoup de prêtres envient la force qu’elle a pour proclamer la vie nouvelle dans le Christ Jésus.

Selon des statistiques officielles, à Nagua, il y avait cinq cents maisons closes. Plus de 80 % fermèrent leurs portes. Toutes les femmes ne se sont pas converties, mais toutes furent atteintes par le message de Jésus Vivant. Plusieurs de ces maisons, qui étaient au service du péché et de l’égoïsme, sont devenues des maisons de groupes de prière. Le changement fut si net qu’on dit même : « Nagua était la ville de la prostitution, mais maintenant c’est la ville de la prière. »

Aujourd’hui 1, il n’y a pas une rue à Nagua qui n’ait son groupe de prière. Ce sont des groupes qui évangélisent, annoncent la Bonne Nouvelle et amènent les gens à une rencontre personnelle avec Jésus Vivant.

Le cas de Nagua nous donne une idée de ce que sont les charismes d’évangélisation. Ce ne sont pas des ornements accidentels, mais des véhicules d’évangélisation.

Aux gens qui refusent les charismes en disant qu’ils n’ont pas d’importance, je rappelle simplement que Nagua fut secouée par l’Évangile et perdit sa réputation de « ville de la prostitution » grâce à une retraite de prostituées. Cette retraite a été menée à bien grâce à une femme qui, telle Marie-Madeleine, a suivi Jésus et a rendu ensuite témoignage. Pourquoi ? Parce qu’elle fut guérie d’un cancer.

Une pauvre guérison physique a entraîné une transformation sociale. C’est ainsi que s’instaure le Royaume de Dieu : à travers des événements petits et simples, de même que des grains de moutarde, en germant, donnent des fruits abondants.

Qui sommes-nous, nous les hommes, pour mépriser les chemins de Dieu ?

 

PIMENTEL

J’étais heureux à Nagua en travaillant avec les groupes de prière, mais l’Esprit Saint m’avait préparé une grande surprise. En vérité, les chemins de Dieu sont différents des nôtres (Isaïe 55, 8), mais bien meilleurs que tout ce que nous pourrions demander ou imaginer (Éphésiens 3, 20).

Le Père provincial me demanda de remplacer momentanément un prêtre qui partait en vacances.

Sincèrement, j’avais beaucoup de peine en quittant Nagua. Nous voulons toujours nous sécuriser avec ce que nous avons, ce qui nuit beaucoup aux surprises de I’Esprit. La vie dans I’Esprit est une vie de dépouillement, elle consiste à ne pas faire siennes les choses de Dieu, pas même ce que nous appelons « notre ministère ». Nous sommes appelés à être d’éternels pèlerins qui vivent sous des tentes provisoires, prêts toujours pour le voyage sans billet de retour. Ce n’est que lorsque nous ne possédons rien que nous sommes capables de tout avoir.

Le 10 juin 1974, j’arrivai à ma nouvelle destination. Pimentel est un village sympathique situé au centre du pays et encadré par une plaine fertile, riche en riz, pommes de terre, cacao et oranges, grâce aux eaux de la rivière Cuaba. Le village n’est traversé que par une rue non pavée où passent des ânes et des chevaux et, de temps en temps, une automobile ou unbus. Le drapeau national flotte sur la mairie ; il est entouré par les palmiers et les acacias du jardin public. De l’autre côté, se trouve la paroisse Saint Jean-Baptiste, dont le nom me fit songer que ma mission, comme celle de toute personne qui évangélise, est celle d’un précurseur qui prépare la venue du Sauveur. l’Esprit Saint m’avait amené là pour être témoin de la lumière du Christ ressuscité.

À mon arrivée, je me rendis chez le curé, qui avait déjà bouclé ses valises. Je lui demandai seulement la permission d’organiser un petit groupe de Renouveau.

Cela lui déplut, il avait peur. Il ne me le refusa pas, car j’allais le remplacer pour qu’il puisse prendre ses vacances, mais il me dit :

« C’est bon, fais le groupe, mais sans charismes.

– Bien, mais les charismes, ce n’est pas moi qui les donne. Cela vient de l’Esprit Saint. S’il veut donner des charismes à tes gens, qu’y puis-je ?

– Fais ce que tu voudras, me répondit-il et il prit congé. »

 

L’été de cette année-là fut très chaud, comme si c’était un présage de l’Esprit qui nous envahirait. Celui qui ne croit pas que nous avons un Jésus Vivant, qui aujourd’hui fait des merveilles, ne doit pas lire ce qui suit, car cela paraît incroyable.

Première réunion

Au cours de la messe du premier dimanche, j’invitai les gens à une conférence sur le Renouveau charismatique leur promettant de leur raconter le témoignage de ma guérison. Deux cents personnes y assistèrent. Elles avaient une telle foi qu’elles avaient amené un paralysé sur un brancard. Sa colonne vertébrale avait été brisée et il ne marchait plus depuis cinq ans et demi.

Quand je les vis arriver avec lui, je les trouvai trop audacieux, mais ils me firent penser à ces quatre autres qui apportent leur ami paralytique à Jésus (Marc 2, 1-12). Nous avons prié pour lui et avons demandé au Seigneur, par le pouvoir de ses saintes plaies, de guérir ce paralysé. L’homme commença à suer abondamment et à trembler. Alors je me rappelai que, lorsque le Seigneur m’avait guéri, moi aussi j’avais senti une grande chaleur. Je lui dis : « Le Seigneur est en train de te guérir, lève-toi, au nom de Jésus ! »

Je lui donnai la main et il me regardait, très surpris. Avec beaucoup d’efforts, il se leva et commença à marcher lentement.

« Continue à marcher, au nom de Jésus, lui dis-je, le Seigneur est en train de te guérir. »

Lui, faisant un pas puis un autre, s’approcha du Saint Sacrement et, en pleurant, rendit grâce à Dieu. Tout le monde louait le Seigneur tandis que celui qui avait été guéri sortait en portant son brancard sous son bras. Ce jour-là, dix autres personnes furent guéries par l’amour de Jésus-Christ.

Comme les gens ont soif de prière ! Ils s’approchaient de nous en nous demandant de leur apprendre à prier. Comme Jésus, nous nous devons de leur apprendre en priant avec eux. Nous ne pouvons pas laisser passer cette merveilleuse occasion. Si nous parlions moins du Seigneur, et si nous lui parlions plus à lui, comme notre monde changerait vite ! Certainement, le Seigneur aime que nous parlions de lui, mais il aime encore plus que nous parlions avec lui.

Deuxième réunion

Le mercredi suivant, il vint trois mille personnes. Alors, nous fîmes la réunion dans la rue car l’église ne pouvait nous contenir tous. Comme on ne pouvait faire un groupe de prière dans un tel monde, je prêchai une demi-heure avant de célébrer l’Eucharistie pour les malades.

Il y avait là une femme du nom de Mercedes Dominguez. Elle était aveugle depuis dix ans et, durant la prière, elle sentit un grand froid dans les yeux. Elle rentra chez elle très bouleversée en disant à tout le monde qu’elle pouvait voir un peu. Le lendemain, quand elle se réveilla, elle était complètement guérie. Le Seigneur lui ouvrit les yeux et elle ouvrit sa bouche pour témoigner partout de sa merveilleuse guérison qui impressionna beaucoup les gens du village.

Troisième réunion

Imaginez ce qui arriva lors de cette troisième semaine. Nous allâmes au parc public, à l’air libre, célébrer la gloire du Seigneur. C’était comme l’arrivée de Jésus à Capharnaüm ou à Bethsaïde. Le même Jésus, vivant, arrivant dans notre village. Le parc ressemblait à la Piscine de Bethesda « pleine de malades, d’aveugles, de boiteux ou de paralytiques attendant leur guérison » (Jean 5, 1-2).

Bethesda signifie « Maison de la Miséricorde ». Pimentel, le plus petit des villages, était devenu le lieu choisi par Dieu pour montrer sa miséricorde. Le ministère de guérison est le ministère de la miséricorde de Dieu. Cette nuit-là, il y avait plus de sept mille personnes. Comme la semaine précédente, nous avons prêché l’amour de Jésus, lui qui est Vivant dans son Église et continue d’agir par des signes et des prodiges ; nous avons célébré la messe et le Seigneur a commencé à nouveau à guérir des malades. C’était presque exagéré. Comme aux noces de Cana, quand le Seigneur transforma l’eau en vin : il en resta tant qu’on eût pu organiser d’autres noces. Quand nous lui demandons quelque chose, Lui nous donne tout, car son pouvoir, comme son amour, n’a pas de limite. Il ne guérit pas seulement deux, trois personnes, mais un nombre immense.

La police était très ennuyée car elle devait faire des heures supplémentaires pour surveiller une circulation énorme pour un si petit village. Les agents demandèrent au chef de police d’interdire ces réunions. Il ouvrit les mains et leur répondit avec un sourire : « Moi aussi, j’aurais voulu les interdire, mais mon épouse a été guérie lors d’une de ces réunions. »

Cela faisait douze ans qu’elle était malade. Elle fut touchée par l’amour de Dieu. Quelques jours après, ils reçurent le sacrement de mariage.

Comme le Seigneur avait tout prévu, au lieu d’interdire la réunion, la police nous donna dix-huit agents en plus pour organiser la circulation durant la réunion suivante.

Quatrième réunion

C’était le 9 juillet, jour de l’anniversaire de mon retour en République Dominicaine. Depuis neuf heures du matin, arrivaient autobus et camionnettes avec des gens de tout le pays. Les chauffeurs de taxi eux-mêmes nous faisaient de la publicité, car c’était aussi à leur avantage. Cet après-midi-là, il y eut quelque vingt mille personnes en prière. Il y avait tellement de monde que nous dûmes monter sur le toit pour y installer l’autel et les porte-voix.

Savez-vous comment Dieu s’est « vengé » de la police qui voulait mettre un terme à ces réunions ? Cette nuit-là, il guérit un policier souffrant d’une hémorragie cérébrale qui l’avait à moitié paralysé. À partir de ce moment-là, tous les policiers furent de notre côté. En vérité, la manière dont Dieu résout les problèmes est meilleure que la nôtre.