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Diagnostiqué autiste Asperger, l’auteur dévoile un témoignage poignant, plongeant le lecteur au cœur d’un parcours de vie émaillé de violences, tant physiques que morales. Il lève le voile sur des expériences humaines bouleversantes, mêlant relations complexes, prostitution, corruption et les aspects les plus obscurs de notre société. En abordant sans détour des thématiques sensibles telles que la pédocriminalité, les addictions aux drogues et à l’alcool, il livre une réflexion profonde sur la capacité à transcender les épreuves. Dans cette immersion au sein d’une véritable jungle sociale, il révèle avec force et sincérité le chemin qu’il a emprunté pour conquérir un bonheur insoupçonné.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Roméo Péridot a choisi d’écrire pour se donner l’opportunité de réconcilier avec son passé. Grâce à la pratique de l’auto-hypnose, il parvient à mettre en mots des souvenirs jusque-là refoulés.
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Seitenzahl: 335
Veröffentlichungsjahr: 2025
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Roméo Péridot
Journal d’un E.T. atypique
© Lys Bleu Éditions – Roméo Péridot
ISBN : 979-10-422-5917-4
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Je te remercie de m’accueillir dans ta vie à travers mon histoire. J’ai fêté les 40 ans de mon corps physique en septembre 2024. À cette occasion, j’ai décidé de briser le silence.
Puisque nous sommes dans l’ère des révélations, à travers mon autobiographie, je te dévoile avec ma plus grande transparence possible tout mon chemin de vie.
Je me suis décidé à écrire pour m’offrir la possibilité de faire la paix avec ce que j’ai vécu. J’écris mon histoire grâce à la pratique de l’auto-hypnose, ce qui m’a permis de déposer en mots des mémoires jusque-là refoulées. Ma manière de te communiquer mon histoire peut s’avérer particulière étant donné que j’ai joué au mieux le rôle de l’observateur afin d’éviter de subir les émotions. C’est ainsi que je procède, j’observe une scène, je laisse mes ressentis vibrer avec le silence qui s’offre à moi pour que mon cœur envoie à mon mental/ego les images mentales que je retransmets le plus fidèlement possible. Selon moi, ce n’est donc pas de la grande littérature, mais mon enfant intérieur qui ouvre son cœur spontanément.
Il y a deux manières d’arriver sur Terre qui ne sont pas connues de tout le monde.
Tu connais le processus de naissance classique où maman accouche d’un merveilleux corps physique. Mais il y a une autre possibilité, par laquelle je suis venu.
Avant toute chose, je t’invite à cultiver ton discernement et à t’ouvrir aux champs de tous les possibles. Oublie tout ce que tu as pu lire, voir ou entendre jusque-là, et sois plutôt dans le « Pourquoi pas ». Je sais que notre mental/ego a vite fait de fuir l’inconnu, dès lors qu’il s’agit d’élargir sa zone de confort, il n’aime pas ça.
En haute métaphysique, la science qui étudie les causes, nous aimons à exprimer que nous sommes une âme qui pilote un corps physique. L’âme est éternelle et choisit de créer son corps physique à chaque instant, c’est le souffle de la vie, un inspire pour une expire. Quand j’inspire, je reçois, quand j’expire je donne. Nous sommes invités à trouver notre équilibre dans cette danse de la vie en déséquilibre permanent dans laquelle nous ne pouvons identifier le chaud sans le froid, le bas sans le haut, la femme sans l’homme. C’est le principe du yin et du yang, la nuit et le jour, la répulsion et l’attraction, le plus vieux couple de l’univers.
Il peut arriver qu’une âme choisisse de cesser de piloter son corps physique pour le laisser à une autre âme. Une âme n’est rien d’autre qu’un ensemble de mémoires. Quand une âme donne son corps physique à une autre âme, nous nommons ce processus le « walk-in ». C’est ce que je suis.
Dans ce cas, l’âme qui glisse dans le corps physique doit s’adapter avec toutes les mémoires de l’ancienne, pour les transcender et retrouver les siennes. Toutes les histoires de walk-in sont différentes, cela peut arriver à tout âge, même dès la naissance. Ce sont des contrats d’âmes.
Le plus contraignant dans cette aventure humaine, c’est qu’avec le voile de l’oubli, nous oublions que nous sommes une âme, nous nous prenons pour ce corps physique mortel. Nous oublions que la mort ne concerne que ce véhicule en chair et en os qui nous est nécessaire pour goûter à l’illusion de la matière que nous projetons à travers ce corps physique. Nous avons oublié que nous sommes 100 % créateurs de notre propre vie. Avec mon histoire, je te partage comment j’ai vécu cette drôle d’expérience de m’être perdu dans le monde dans lequel nous vivons.
Comment, en tant qu’autiste asperger, j’ai survécu à une enfance battue, violée, humiliée, avec des parents pervers, narcissiques, manipulateurs. Comment j’ai rencontré la drogue dès l’âge de neuf ans. Mes histoires d’amour. Ma vie sexuelle. Ce que j’ai vécu en étant à la rue. Les coulisses d’un monde obscur que beaucoup ignorent avec des sujets très sensibles comme la pédocriminalité, les enlèvements d’enfants, l’esclavagisme, la délinquance sexuelle, etc. Comment j’ai réussi à me libérer de ce monde qui marche sur la tête. Je te raconte tout à cœur ouvert, sans filtres. Merci pour ta bienveillance.
Cher Roméo,
Quel courageux récit initiatique ! Tu te livres à cœur ouvert avec transparence et authenticité. Certains passages sont bouleversants. Je sais combien l’écriture de ce livre a été éprouvante pour toi, mais tellement libérateur. Ta plongée progressive dans les profondeurs les plus obscures de cette matrice 3D artificielle aurait pu mal se terminer. Après l’enfance chaotique que tu as vécue, ses répercussions sur ta vie d’homme auraient pu être désastreuses. Mais il n’en est rien. Tu es remonté à la surface, tu as sorti la tête de cette eau boueuse et tu t’es élevé pour prendre de la hauteur. Tu as pardonné aux autres, et surtout à toi-même. Tu as compris et accepté que ce n’était que des expériences prévues par ton Soi divin. Et maintenant tu nous les partages parce qu’en tant que walk-in ça faisait partie du jeu. Ton parcours démontre qu’il n’y a pas de fatalité lorsque l’on suit ses ressentis qui sont des guidances de son Soi divin. Oui tu es atypique et si touchant de sincérité.
Merci pour ton témoignage qui m’a permis de faire le point sur certaines choses de mon passé similaire au tien et de constater où j’en étais. Ce texte peut permettre de faire émerger des émotions refoulées chez certaines lectrices ou certains lecteurs. C’est aussi le but de ce partage.
Et merci aussi au nom de toutes celles et tous ceux qui ne peuvent ou n’ont jamais pu exprimer leur vécu difficile, voire même traumatisant.
Tu as réussi cette mission cher extra-terrestre grâce à Roméo. Bravo à vous deux. Roméo, que la joie et l’amour de toi rayonnent pour toujours dans ton cœur.
Avec amour, ton âme sœur,
Sandrine Kastoterof
Lorsque je me suis plongée dans la lecture de cette autobiographie, un sentiment d’amour et de compassion intenses m’ont envahie directement. En moi, je me disais « Quel courage il a de transmettre, en toute transparence, sans filtres, sans peur du regard de l’autre, du jugement, tout ce chemin, que de poser en mots tous ces maux mis à la portée de chacun est déjà une réussite, un succès. Par ce biais cela a certainement permis à Roméo de libérer certains secrets bien enfouis et blessures du passé gardées au fond de lui bien trop longtemps.
J’ai eu plusieurs manières d’aborder les pages de ce livre, tantôt en étant dans une vibration 3d, c’est-à-dire en vivant l’histoire à travers ma petite personne avec tout l’émotionnel qui va avec, l’ego, l’identification à certains passages, héroïnes, souffrances et à d’autres moments je prenais de la hauteur, une observation extérieure, vibration 5 d, comme Dieu pourrait regarder sa créature jouer dans un grand jeu d’expériences pour apprendre des leçons et surtout s’aimer à travers cela, et aimer l’autre et ainsi retrouver l’essence que chacun porte à l’intérieur de lui-même cet amour infini et universel. Et voir surtout que dans chaque situation nous sommes, malgré la douleur qui peut se vivre parfois, gardés, guidés, soutenus, portés. Je passais d’une posture à une autre en lisant.
Certaines aventures ou je devrais dire mésaventures m’ont touchée personnellement, cela venait réactiver en moi des blessures, des mémoires. Je pouvais par moment aussi éclater de rire, car je voyais bien le côté audacieux, espiègle, comique, amusant de l’auteur.
Laisser son cœur s’exprimer en toute authenticité en rapport avec un vécu témoigne pour moi d’une grande preuve d’amour déjà pour soi et pour l’autre. Car à travers ce récit c’est toute une vibration, une ambiance qui nous est offerte. Ce que l’autre peut vivre nous touche directement, car nous ne sommes qu’UN. Et par mémoire d’intrication, mémoire cellulaire en résonance ce que je peux vivre, comprendre, résoudre, libérer chez moi se propose naturellement à l’autre aussi comme voie possible.
Je tenais par ce message à soutenir ce frère des étoiles et honorer ainsi sa démarche de révéler par son livre l’histoire de son personnage, de sa reliance au monde galactique, etc.
Car oui, nous sommes des êtres spirituels venus faire une expérience humaine afin de nous libérer, de jouer au jeu humain à travers ce corps physique, cette identité, l’amour sous toutes ces formes et de se souvenir de notre identité divine.
Rien n’est matière, tout est de la vibration, de l’information, de l’énergie, ce que je crois vrai pour moi devient ma réalité.
Je peux que souhaiter à Roméo plein succès dans sa création, que ce livre puisse toucher votre cœur comme il l’a fait pour moi, qu’il puisse atteindre ce dont vous aurez besoin pour vous souvenir de qui vous êtes et ainsi vous permettre de goûter en vous à cette essence d’amour.
Libéré de tous vos conditionnements, vos enfermements, croyances, pensées limitantes, changer votre manière de penser, parler et d’agir, changer votre monde intérieur et c’est tout votre monde extérieur qui se transformera, car je me répète, mais rien n’est matière tout est de la vibration.
Nous sommes des êtres humains divins merveilleux. Gratitude infinie pour qui tu es Roméo.
De cœur à cœur,
Cheryl-Luna
Créatrice d’Urantia,
de cœur à cœur, transformation intérieure,
reconnexion à soi, accompagnement psychoémotionnel,
massages énergétiques, libération,
fleurs de Bach, aromathérapie.
Mes premiers souvenirs sur cette merveilleuse planète Terre remontent à l’âge des 5 ans dans mon corps physique que je nomme Roméo. Je vois le jour pour la première fois le 12 septembre 1984 à Ploërmel. Il est 21 h. Je nais Breton dans le Morbihan (56). Mes parents sont très heureux de m’accueillir, je suis leur premier enfant. Tous les deux travaillent en tant que militaires.
Mon père, Marc, sert dans les parachutistes. Ma mère, Béatrice, sert dans l’armée de Terre.
Mes parents pensent être amoureux. Ils pensent bien faire. Pourtant, ils souffrent tous les deux d’un énorme manque d’amour. Ils n’ont jamais appris ce que c’est qu’est le vrai amour, ils ont appris que pour aimer, il faut être gentil, serviable, se plier aux règles de la société. Ils ont appris qu’il faut être le meilleur pour réussir, qu’il faut travailler pour gagner sa vie. L’éducation qu’ils ont reçue est basée sur le respect des anciens, l’obéissance à l’autorité supérieure. Je ne crois pas que ce soit pareil dans toutes les familles de militaires, mais dans la mienne, élever les enfants se fait avec une discipline de fer. Les violences physiques et morales font partie intégrante de la normalité de cette éducation.
Mon père est né Breton à Lannion (22). Ma mère est née à Toul (54). Comme bien des Bretons, mon père est fier de sa Bretagne. Ses parents sont eux aussi nés à Lannion, tous deux Bretons. Il est lui aussi le premier enfant. Quant à ma mère, son père est né en Algérie, c’était un Pied-noir, et sa mère est née en France, je ne sais plus où, d’origine russe par l’un de ses parents.
De façon générale, je m’entends avec mes grands-parents, et là encore, il y a du manque d’amour très important. Ceci dit, je n’ai pas connu ma grand-mère maternelle. Elle a quitté cette dimension terrestre dans l’année des 17 ans de ma mère. Je ne sais pas d’où vient la violence de mes parents. Leurs parents n’ont pas l’air violents, en tout cas, en apparence. Ils se sont peut-être radoucis avec le temps, c’est ce que j’imagine quand j’entends comment ont grandi mes parents. Là aussi je mets un bémol. J’ai appris bien plus tard qu’ils ont l’art de mentir, donc, de se mentir en premier. Je te laisse le découvrir.
Je suis né dans une famille dysfonctionnelle comme beaucoup de familles, même si beaucoup n’osent pas se l’avouer. Mais en même temps, c’est logique, si notre monde est en guerre c’est qu’en premier lieu la guerre est au cœur de soi. C’est ce qui m’a frappé quand je suis arrivé ici.
Mais quel est donc ce monde si étrange où je suis ?
Pour te le partager simplement, je suis arrivé avec des souvenirs de mon ancienne vie, et, là d’où je viens, cela se rapproche de beaucoup du film Avatar. D’ailleurs, son succès est dû à cela, de façon subconsciente, ce monde raisonne en nous, cela nous rappelle la maison.
Bien sûr, je ne me rappelle pas toute mon ancienne vie en détail, toutefois, je me rappelle bien le décor et de la façon dont nous vivons. Tu peux t’imaginer le choc que j’ai eu quand je me suis parachuté ici dans cette dimension terrestre. Et si tu ne peux pas, cela ne fait rien, cela te reviendra bientôt, j’en suis sûr, c’est pour cela que tu me lis, je suis comme une balise sur ton chemin.
Les seuls souvenirs que j’ai d’avant les cinq ans de mon corps physique sont liés à la violence de mon père. Il a facilement les nerfs à fleur de peau et a tendance à faire valser les chaises à travers la pièce pour se défouler. Malheureusement, sous l’emprise des émotions, il en oublie très vite de vérifier si je suis sur l’une d’elles. La plupart du temps je tombe à même le sol, et je suis invité à cesser de pleurnicher pour rien, selon ces mots, sinon je vais pleurer pour quelque chose. Il s’est tout de même fait une grosse frayeur une fois, balançant la chaise un peu trop près du mur. Je suis tombé contre le mur la tête vers le bas, m’écrasant au sol. Heureusement, je n’ai rien eu. Je fais montre d’une certaine souplesse, il faut croire. Je m’en suis tiré avec quelques hématomes.
Je vais chez la nourrice avant d’avoir l’âge de l’école. Elle me garde après l’école, le temps qu’on vienne me récupérer après la journée de travail. Je ne me rappelle rien de précis de cette période, simplement que je me sens abandonné.
Mes souvenirs les plus nets remontent à l’âge de 5 ans. Je découvre avec stupeur ce monde de fou dans lequel je suis arrivé. Je ne comprends pas où sont passés la nature luxuriante, les grands arbres, les vaisseaux et les cités dans le ciel, les grands animaux, les habitats en harmonie avec la nature. J’ai la sensation d’être prisonnier, enfermé. C’est un cauchemar, obligé, sinon comment expliquer tout ce que je perçois. Toute cette pollution, un air irrespirable, cette lourdeur de l’air, ce vacarme, tout est fade. On dirait que les gens sont là sans être vraiment là, comme pilotés par quelque chose d’invisible. Quelle est cette folie ? Pourquoi les gens se font autant souffrir ?
Avec cette nette sensation de me sentir prisonnier d’un monde qui m’est totalement étranger, je me demande si tout cela n’est pas qu’une illusion. Mes rêves ont l’air souvent plus réels que cette réalité supposée que je découvre en ouvrant les paupières. Partant de là, je me demande si ma chambre existe toujours quand elle n’est plus dans mon champ de vision. Peut-être que ce que je perçois n’est en fait qu’une illusion qui se matérialise à mesure que mon champ de vision progresse. Je ne peux pas être arrivé dans un monde aussi différent. Ou sinon, pourquoi ?
Non, ce n’est pas possible, je me dois de trouver un sens à cette existence. Je décide alors de rentrer en phase intensive d’observation de ce monde pour mieux l’appréhender et retrouver le chemin de la maison.
Ma première idée est de questionner mes parents sur ce monde. Étant perdu dans ce monde depuis longtemps, mes parents rejettent mes questions avec une peur à peine dissimulée. Je comprends vite que je dois trouver mes réponses ailleurs, même à l’école je passe pour un élève étrange. Certes, un élève très agréable, poli, mais totalement renfermé dans mon monde.
Mon frère Ludovic arrive deux ans et demi plus tard dans ma vie, deuxième enfant de mes parents. En tout cas, c’est ce que je crois, jusqu’à apprendre la vérité il y a quelques années de la bouche de mon père. Pour la cohérence de mon histoire, je te partage ça plus loin.
Je suis très heureux de la venue de Ludovic dans ma vie. Il me paraît un peu perdu comme moi, à sa façon. J’ai de suite envie de le protéger de toute cette violence. Nous sommes très proches tous les deux.
Nous sommes toujours l’année de mes 5 ans dans ce corps physique. C’est l’année où mon père m’apprend à nager. Je ne me rappelle pas l’épisode pataugeoire, ou tout autre bassin intermédiaire. La seule chose que je me rappelle c’est de mon père qui me saisit, et avec une certaine agilité, me lance au milieu de la piscine, sans protection. Dans ce moment, je n’ai pas le temps de réfléchir, réflexe de survie, je réalise que je nage comme un chien. Au début, je bois la tasse, mais ne voyant pas mon père venir me rejoindre pour me prêter main forte, je suis résolu à trouver moi-même mon équilibre. Étrangement, je me sens à l’aise dans l’eau. Mais pour la frayeur que je ressens, je maudis mon père. Après cet épisode très bousculant pour moi, nous allons dans les douches pour nous rincer de toute la saleté de la piscine. Je ne sais pas pourquoi je suis traumatisé, mais à la vue de son sexe aussi proche de mon visage pendant la douche, je ressens comme un dégoût total. J’éclaircis ce point avec toi un plus tard dans mon histoire.
Nous avons déjà déménagé deux fois depuis ma naissance. C’est ce qui est indiqué sur mon carnet de santé. Ma mère a pris un moment pour y retranscrire certains évènements importants de ma progression, selon elle. Mon père n’aime pas écrire, un traumatisme qui vient de l’école peut-être. Les déménagements font souvent partie intégrante de la vie quand on est militaire.
Aussi, j’ai appris à ne jamais avoir d’attache avec qui que ce soit, et mon attitude étrange me facilite bien les choses. Qui peut avoir envie de me connaître ?
Je n’ai pas envie que l’on découvre qui je suis pour être déçue après. Je veux juste faire acte de présence parce que c’est obligatoire, mais je n’ai que faire de ce que je peux apprendre à l’école. Tout me parait si loin de ma réalité, sans aucune saveur. Je fais de mon mieux pour être dans la moyenne, comme ça les parents sont satisfaits et cela m’évite de recevoir des coups ou d’être insulté de moins que rien.
De toute façon, j’ai bientôt sept ans, et les parents se disputent tellement qu’ils décident de divorcer. Je redouble le CP cette année-là. J’ai effectué ma première année de CP dans une école privée. Mon père a convaincu ma mère que c’est une bonne chose pour moi.
Finalement, je redouble le CP et je retourne dans une école publique selon le désir de ma mère. Mes parents pensent que c’est à cause de leur divorce, mais, je ne pense pas, car je suis content qu’ils divorcent, entendre crier à la maison est devenu intenable. Les parents ont l’art de se mentir.
Dans l’ordre historique des choses, je ne peux te dire où nous avons résidé, c’est assez confus dans ma tête. Je sais que du Morbihan nous sommes venus dans la région toulousaine à Venerque, mais je ne peux te dire combien de temps nous y sommes restés. Je me rappelle juste que nous habitons une maison et, qu’un jour, en allant dans la cuisine, j’aperçois ce que je pense être une bouteille de coca. Je me rappelle avoir saisi la bouteille, et versé énergiquement le liquide dans ma bouche. Quelle n’est pas ma surprise, le goût est absolument écœurant. Pour cause, mon père s’est servi d’une bouteille de coca vide pour la remplir d’huile de vidange, et, faisant totalement confiance à ce qui est indiqué sur la bouteille ainsi qu’à la couleur, je ne me suis pas posé de questions. J’y suis allé de bon cœur. Rien d’alarmant, je cours voir ma mère dans tous mes états, suite à quoi elle s’occupe de moi tout en pestant contre mon père.
Cet épisode m’a beaucoup frappé, je ne sais pas pourquoi.
Au divorce, mon père laisse la garde de Ludovic et moi à ma mère, et il est décidé que nous le verrons toutes les moitiés des vacances. Avec la vente de la maison, ma mère contracte un crédit pour compléter la construction d’une maison à Sauvagnon près de Pau (64). Mon père a décidé de repartir vers ses parents près de la Bretagne pour se refaire une santé financière.
La construction de la maison à Sauvagnon demande un certain délai pour nous installer, ma mère doit trouver une solution d’hébergement provisoire. Elle se propose rapidement, l’un de nos futurs voisins, qui réside chemin Muret, propose à ma mère de rester chez lui le temps nécessaire. Ce voisin a deux filles adolescentes. Je m’en souviens, car elle a une peau pleine de boutons d’acné. Ma mère accepte avec plaisir la proposition du voisin, Claude.
Je soupçonne Claude d’être intéressé par ma mère. Je ressens chez lui un côté malsain qui me dérange. De toute façon, je ne suis pas en position de donner mon avis et encore moins de décider.
Les mois passent et je n’arrive pas à me sentir bien chez Claude. Je ne m’entends pas plus que ça avec ses filles, et je n’ai pas la possibilité de sortir comme je veux pour m’amuser dehors alors que nous sommes à la campagne. Je ne me rappelle plus comment cela se passe pour les devoirs. Je me rappelle simplement être obligé, Ludovic et moi, de rester assis sur le canapé à regarder la télévision ce que Claude ou ses filles aiment regarder.
La construction de notre maison au bout de l’impasse touche presque à sa fin. Claude le sait, mais je sens que l’idée ne le réjouit pas plus que ça. Entre-temps, ma mère a rencontré un homme dans le cadre de son travail au BCAAM de Pau, aujourd’hui nommé CAPM, c’est le centre des archives du personnel militaire. Ma mère fréquente cet homme. Il se nomme Pascal. Ils ont sept ans de différence. Mes parents ont le même âge, tous deux nés en 1960, ma mère le 29 mai et mon père le 3 décembre. Pascal est né en 1967 le 7 mai.
Pascal vit chez ses parents. Ma mère le fréquente sans nous le présenter de suite, du moins, je n’en ai pas le souvenir. Je ne sais pas si Claude sait pour la relation de ma mère. Ce que je sais, c’est que vu combien il tient à elle, la séparation peut être houleuse.
Le jour de notre départ de chez Claude arrive. Claude n’est pas du tout enclin à la laisser partir. Face à la réaction de Claude, je me demande si ce n’est pas de la jalousie vis-à-vis de sa relation avec Pascal. Je ne sais pas ce que ma mère lui a confié à ce sujet. Je ressens que ma mère est en détresse affective depuis le divorce avec mon père.
Cela n’arrange pas la situation si Claude nourrit aussi cette dépendance à ma mère. Sur le départ, ils se disputent lourdement sur la terrasse de la maison de Claude.
Ma mère nous invite à la suivre pour rejoindre sa voiture garée sur le trottoir. Il n’y a pas de clôture, simplement le jardin. Alors que nous nous apprêtons à ouvrir les portes de la voiture, dans un élan désespéré, Claude se saisit d’un fusil de chasse chargé et le pointe dans notre direction. Pris de panique, nous nous pressons pour rentrer dans la voiture. Les choses vont tellement vite, j’entends un coup de feu retentir alors que la voiture démarre en trombe.
Nous sommes sous le choc. Ma mère trouve refuge auprès de Pascal qui nous a accueillis chez ses parents à Lescar près de Pau. Nous passons quelques jours chez eux le temps que la situation se calme.
Je me sens bien chez eux. J’apprécie particulièrement leur pièce de télévision où trône une belle bibliothèque de livres en tout genre, des cassettes vidéo et audio. Il y a un divan et des poufs. Je peux y être au calme, loin du bruit.
Leur maison est accompagnée d’un joli jardin. Je n’ai pas le droit de m’y retrouver seul ni avec Ludovic. Ma mère déteste quand nous sortons, car nous risquons de nous salir. Elle n’aime pas récupérer les vêtements tachés par l’herbe ou la terre.
Apparemment, Claude a vite abandonné la partie. Ma mère a menacé de porter plainte s’il s’approchait de nous. Je ne sais pas si elle l’a fait, toujours est-il que nous n’entendrons plus parler de lui.
Après cette pause chez les parents de Pascal est venu le moment d’aménager dans notre maison. Je ne sais que penser de Pascal à ce moment-là, il n’est pas du genre bavard. Je ressens une certaine fermeté dans sa façon d’être et beaucoup de dureté se dégageait de son visage. Il n’a pas le sourire facile. Il m’intrigue. Ma mère semble heureuse avec lui. Je ne me rappelle pas vivre seul avec ma mère et Ludovic. Je n’ai que le souvenir de Pascal s’installant avec nous dans la maison. Pendant ce temps, mon père est abonné absent. Aucun coup de téléphone, encore moins de courrier ni de carte postale.
Nous sommes en plein été lors de notre aménagement. C’était une maison à étage. Deux chambres en haut et en bas, une salle de bain en haut et en bas, un garage à l’arrière de la maison attenant à la cuisine par une porte, une grande salle à manger ouverte sur le salon. Un grand terrain entoure la maison bordée de thuyas. La maison est au bout d’un chemin sans issue. Nous sommes entourés de champ de maïs, à part les voisins sur la gauche quand nous sortons de la maison. Du salon, nous pouvons observer les avions militaires qui s’entraînent. Il y a une caserne de parachutistes à quelques kilomètres de là. Cela me fait penser à mon père. J’aimerais qu’il soit près de nous. Je pourrais le voir aisément. J’ai envie de le connaître. Mes souvenirs avec lui sont tellement flous, et là, je dois apprendre à connaître Pascal qui débarque dans notre vie. Je me sens seul, perdu, abandonné, toujours plongé dans mon univers et tiraillé par ce que je perçois au quotidien que je n’arrive pas à comprendre et encore moins à accepter. Tellement de guerres et une société contre nature manquant totalement de respect au vivant que nous sommes.
Papa, pourquoi nous as-tu laissés ? Je ne te connais pas, mais j’ai besoin de toi. Je pleure tous les jours en silence, rêvant que tu viennes me chercher pour partir à l’aventure. En plus maman raconte plein de bêtises sur toi. Je ne peux pas admettre que tout ce qu’elle nous dit sur toi est vrai. Je sais que tu souffres, mais je t’aime. J’aimerais tellement que tu m’ouvres ton cœur.
En tant que walk-in je ne me souviens plus trop de mon père. Je dois m’adapter à monde qui m’est totalement inconnu.
Au fil des jours, nous prenons nos marques dans notre nouvelle maison. L’étage de la maison étant encore en chantier, nous sommes obligés, Ludovic et moi, de dormir dans la même chambre, collée à celle de ma mère et Pascal. Nous avons chacun un lit simple. Ludovic dort du côté de la fenêtre et j’ai presque la vue sur la porte de la chambre. Les lits sont disposés en parallèle. Un tableau peint par mon grand-père maternel, Roger, habille une partie du mur à ma droite. Il a peint une maison à la campagne avec une rivière qui la longe. Je ne vois que très rarement Roger. Il partage sa vie avec Claude, une femme que ma mère déteste. Elle a l’impression qu’elle a volé la place de sa mère, et a beaucoup de mal avec son côté bourgeoise. Elle dit souvent que Claude profite de mon grand-père. Ma mère n’a pas fait le deuil de sa mère décédée d’un cancer à ces 17 ans, et 14 ans pour ma tante Katy. Cette dernière est mariée avec un certain Didier et ils ont deux enfants, Nicolas et Michaël. Ils habitent près de Toulouse. Nous les voyons très peu. Ma mère n’est pas très famille.
Jour après jour, mon frère Ludovic et moi commençons à apprivoiser mon beau-père Pascal. Dès le début, le courant ne passe pas entre eux. Ludovic manifeste bien plus que moi que notre papa lui manque. Tout comme moi, il ne comprend pas son silence, il se sent abandonné. Pascal et ma mère n’arrangent pas la situation. Bien au contraire, quand ma mère ouvre sa bouche pour parler de lui, c’est pour le critiquer. Pascal soutient ma mère. Je soupçonne ma mère de monter la tête à Pascal au sujet de mon père et j’imagine que Pascal sent comme un devoir de soutenir ma mère face à cette situation.
Je fais de mon mieux pour que ma relation avec Pascal se passe bien. Je n’aime pas les conflits. Mais, il y a autre chose, j’ai peur. Une peur viscérale que je n’explique pas. Au fil des jours qui passe, Pascal prend sa place dans la famille, ou plutôt, il s’impose avec le soutien de ma mère. Avec Ludovic, nous constatons rapidement que Pascal est autoritaire et que notre mère ne dit rien ou s’aplatit assez rapidement. Les sujets de disputes sont souvent à cause de nous. Nous ne nous sentons pas à notre place avec Ludovic, et personne à qui en parler. Papa est absent.
Ludovic est beaucoup moins conciliant que moi. Il n’aime pas Pascal et ce dernier le ressent. Ma mère reprend le travail, elle ne compte pas ses heures dans l’objectif de gravir les échelons et faire carrière dans l’armée. Pascal trouve un accord avec ma mère. Il reste à la maison pour s’occuper de nous tandis qu’elle est au travail.
L’été de l’année 1992 est déjà bien entamé. Il faut penser à la rentrée. Mon inscription à l’école primaire de Sauvagnon est faite ainsi que pour Ludovic à l’école maternelle en grande section. C’est là que les choses commencent à se corser. Pascal va nous suivre pour les devoirs. Il reste quelques semaines avant la rentrée scolaire, et Pascal décide de vérifier que je suis bien prêt pour la rentrée.
Déjà que je n’aime pas ce que j’apprends, là, je vais en plus avoir quelqu’un derrière moi pour surveiller mon apprentissage. J’ai bien observé Pascal et je lui pose des questions aux sujets de son parcours scolaire. Il n’est pas rentré dans les détails, mais ce qu’il me partage me suffit pour cerner le personnage. Autant dire que je redoute déjà cette année scolaire. Il commence par vérifier mon niveau de lecture et de mathématiques. Pour débuter en lecture, il choisit un livre intitulé « Les lunettes du Lion ». Je ne me rappelle plus l’histoire. Toutefois je me souviens bien du titre comme tu peux le constater. Il s’assure aussi que je sache bien faire mes lacets. Je découvris là aussi son côté perfectionniste. J’apprends à lacer mes chaussures dans le garage, selon sa méthode. Je n’ai pas le droit de sortir du garage avant de réussir un laçage parfait, à double neuf, à moins d’avoir envie de faire pipi ou que ce soit l’heure de manger. Autant te dire que j’ai hâte que ma mère nous appelle pour nous dire que le repas est prêt. Et ce temps me paraît durer une éternité. J’apprends à connaître le garage sous toutes ses coutures. C’est rapide, il est vide, la voiture est à l’extérieur pour le moment vu que les températures de l’été le permettent.
Je ne sais pas en combien de temps j’ai appris à faire mes lacets de façon impeccable selon la vision de Pascal. Quand j’estime avoir réussi à faire mes lacets, je dois aller lui dire pour qu’il valide mon apprentissage. Mon cœur bat la chamade, je sens qu’il faut que je sois à la hauteur. Il me demande de faire mes lacets devant lui. Je suis en stress complet, je tremble, mais cela n’a pas l’air de le déranger. Il observe avec la plus grande attention le moindre de mes mouvements comme si je suis en train de désamorcer une bombe.
Le verdict tombe, il est satisfait. Il m’invite à aller ranger mes chaussures à leurs places toutes désignées, me laver les mains avant de passer à table.
Je rejoins tout le monde à table. Les règles sont posées, interdiction de prendre la parole sans y être convié, les coudes et les bras restent bien en évidence sur la table, les fesses bien calées au fond de la chaise, les jambes bien alignées. Toutes les règles de politesses sont de rigueur. Si je n’aime pas, je mange quand même, je n’ai pas à être difficile, je prends ce qui se propose. Bien sûr, Ludovic reçoit la même éducation. Ma mère prend le temps de faire la cuisine avec des produits frais, elle fait tout maison, elle aime cela, elle a beaucoup appris auprès de mon père qui est de formation cuisinier.
Tous les repas se vivent dans un silence assourdissant, brisé par moment par des remontrances de la part de Pascal pour réviser notre comportement. Nous devons demander la permission à chaque fois pour sortir de table. Pascal et ma mère ne sont pas chrétiens, il n’y a pas de bénédicité avant chaque repas.
Mon père est chrétien pratiquant, à sa façon, nous sommes déjà allés plusieurs fois à la messe le dimanche. Le concept de la cérémonie de l’église ne résonne pas en moi-même, mais cela fait plaisir à mon père et l’architecture des églises me plaît beaucoup. Mon père a partagé à ma mère que c’est bien si je peux faire du catéchisme, ce à quoi elle a répondu qu’elle va y réfléchir et se renseigner. Il lui a dit cela au téléphone un peu avant que la rentrée scolaire arrive. J’ai pu parler avec lui au téléphone, et je l’ai rassuré que tout se passe bien à la maison, que je m’entends bien avec Pascal. Il est à côté, je ne peux que mentir et Ludovic aussi. Mon père nous précise que pour le moment sa situation n’est pas stable. Il ne peut pas nous prendre en vacances. Ma gorge se resserre, je reste le ventre noué.
Pascal me lâche un peu la bride quelques jours avant la rentrée scolaire, m’autorisant à profiter de l’extérieur de la maison. Je veille toutefois à ne pas me salir pour éviter de me faire réprimander. Le jour de la rentrée arrive, Pascal nous conduit à notre nouvelle école avec sa Ford Fiesta bleue marine. Rien que de par mon accoutrement, je fais déjà forte impression. Ma mère a tendance à nous habiller comme le personnage Steve Urkel dans la série « La vie de famille ». Je ne connais pas cette série à ce moment-là, c’est pour t’imager ma tenue vestimentaire. Tu rajoutes à cela des baskets et une musette militaire. J’ai un style inoubliable. Ma mère ne dépense rien pour nous en termes de vêtements. Elle nous habille avec les vêtements que lui offrent ses copines à l’armée, leurs enfants trop grands pour porter certains vêtements. Elle a aussi droit à une espèce de cagnotte pour obtenir de l’habillement militaire. Mon père verse une pension alimentaire, si minime soit-elle, cela contribue aux dépenses. Là aussi, un sujet houleux qui s’avère très important par la suite, comme tous les sujets concernant l’argent. Je prends connaissance des lieux avec la maîtresse qui nous propose un tour du propriétaire. Je ne comprends pas ce besoin de mettre du bitume partout, la nature est totalement saccagée. Pauvre maman Terra, tu ne respires plus avec toute cette pollution sur toi. Mais comment cela est arrivé ? C’est aberrant. Tout aussi aberrant que de rester assis dans une classe pendant des heures à être obligé d’entendre des choses qui n’ont absolument aucun sens. Les règles du jeu de ce monde sont complètement folles. Je ne comprends pas pourquoi j’ai décidé de venir ici. Cela doit être une punition. Je ne vois pas d’autres explications. Midi arrive très vite. C’était l’heure d’aller manger. Je découvre la cantine. Ce n’est pas du fait maison, c’est certain. Toutefois, il n’y a pas Pascal derrière moi à me surveiller, et, rien que ça, c’est appréciable.
Le reste de la journée se poursuit sans entrave, du moins, rien de bien croustillant. Je redoute la fin de la journée. Pascal vient me chercher. Cela induit qu’il va inspecter de près ma première journée. Dans un sens, c’est sympa d’avoir une personne qui s’intéresse à ce que tu fais. Mais il est un peu trop excessif à mon goût. Je sais qu’il veut bien faire, et, surtout, il veut plaire à ma mère, lui montrer qu’elle peut compter sur lui. Il maîtrise la situation. Je comprends pourquoi le courant ne passe pas avec Ludovic. Personne ne peut remplacer papa, et il le fait bien sentir. Même si Pascal l’impressionne, il est hors de question qu’il cède.
La sonnerie retentit. C’est l’heure de bien vérifier que j’ai bien toutes mes affaires. Maman m’a bien précisé de faire attention à toutes mes affaires. Elles sont toutes annotées de mon prénom et nom de famille, aucune excuse pour me tromper. Pas le temps de flâner devant le portail de l’école, Pascal m’attend déjà dans sa voiture avec Ludovic. Sur le chemin du retour à la maison, le long de l’école, j’aperçois un monsieur. Je ne sais comment le décrire. J’ai l’impression qu’il n’est pas d’ici. Son regard est particulier. J’ai la sensation qu’il ne m’est pas étranger, sans plus d’explication. C’est très étrange. Je ne sais pas si Ludovic l’a vu. Je ne le lui demande pas.
Nous sommes rentrés à la maison. C’est l’heure des devoirs, en tout cas pour moi. Pascal se met à inspecter toutes mes affaires. Il est très consciencieux. Un peu trop à mon goût.
J’ai une autodictée à réaliser. Apprendre par cœur n’est pas mon fort, surtout quand le sujet ne me plaît pas. D’ailleurs, je préfère dire apprendre par obligation, car si c’est par cœur, je peux prendre du plaisir. Tout ce qui est fait avec le cœur est agréable. Là, je dois me forcer à apprendre un texte sur le bout des doigts et le retranscrire. Je ne vois aucun intérêt intéressant là-dedans. C’est soi-disant pour cultiver notre capacité à mémoriser. Je suis d’accord sur le fait d’apprendre à cultiver ma capacité à mémoriser, mais tant qu’à faire, apprendre ce que j’aime lire.
C’est dans ce moment dédié à cette autodictée que je fais connaissance avec un nouvel aspect de la personnalité de Pascal. Personne n’a été derrière moi pour mes devoirs jusque-là. Papa ne se préoccupait pas de tout ça, lui-même n’était pas un bon élève à l’école. Il ne prenait pas plaisir à revoir tout ça avec nous, même pour nous accompagner. C’était une corvée pour lui. Sans compter qu’il n’aimait faire qu’une chose en revenant du travail, bien se caler dans le canapé en étalant ses jambes de tout son long tout en regardant la télévision. Cette dernière est en couleur, je me rappelle qu’il adorait regarder la série « Papa Schultz ». Quand maman n’était pas au travail, elle était au fourneau. Tous les deux se contentaient de me demander si je faisais bien mes devoirs, sans pour autant vérifier, ils étaient prévenus par la maîtresse en cas de mensonges.