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Après avoir déménagé en Nouvelle-Zélande avec son mari et leurs trois enfants, Chrystel, quarante-trois ans et cadre de direction, vit une crise d’identité qui la conduit à une expérience d’éveil de conscience en août 2015. Cet évènement initie un processus de dépouillement de soi guidé par son âme lors de conversations. Cet ouvrage témoigne, sous forme de journal, de sept années de transformation intérieure (2012-2019). Suivons pas à pas l’évolution d’une conscience vers l’unité ponctuée de doutes, de réalisations et d’enseignements de sagesse.
À PROPOS DE L'AUTEURE
Journal d’un éveil ordinaire vous situe au cœur de l’être et de l’émerveillement. Remplie de gratitude, de confiance, de sérénité et de joie, Chrystel Chevallier nous livre son témoignage. L’amour de soi en est la clé.
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Seitenzahl: 308
Veröffentlichungsjahr: 2023
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Chrystel Chevallier
Journal d’un éveil ordinaire
© Lys Bleu Éditions – Chrystel Chevallier
ISBN : 979-10-377-8151-2
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
À mon père, pour sa discrète guidance.
Chacun possède en soi un merveilleux diamant, seul capable de nous faire goûter les vraies joies.
Lettre de mon père à la petite fille que j’étais, juin 1980
Prologue
2 février 2016
Jessica, je l’ai rencontrée lors d’un repas chez des amis communs peu de temps après notre arrivée à Christchurch, en janvier 2013. J’ai eu l’impression de la connaître depuis toujours.
Ce matin, nous prenons un café sous l’immense verrière d’une ancienne tannerie réhabilitée, un lieu spacieux, lumineux. L’atmosphère est aux confidences. Jessica m’écoute raconter avec passion mes dernières découvertes sur l’hypnose pour explorer nos anciennes vies ou pour vivre notre vie entre les vies. En résumé, je suis enthousiaste avec les possibilités qu’offre cette nouvelle ouverture de penser « pourquoi pas ? » quel que soit le sujet.
Je lui explique comment les jugements, les certitudes qui nous mettent dans des situations de tensions ou de conflits s’évanouissent, comment je suis passionnée par ce nouveau sujet qu’est la conscience et la réalisation que quelles que soient les pensées, connaissances produites par notre cerveau, elles ne seront que partielles comparées à la complexité du monde, de l’univers. Accepter que nous ne savons pas est libérateur.
Soudain, l’expression du visage de Jessica change, calmement et sérieusement, elle me regarde et me dit que je devrais écrire un livre. Partager mon parcours depuis mon arrivée en NZ pourrait être précieux pour d’autres personnes. Que mon attitude face aux challenges vécus, cette insatiable volonté de comprendre, de grandir, m’est propre et que d’autres dans cette situation se seraient fait séduire par une attitude de victimisation et auraient peut-être déprimé.
En l’écoutant, une émotion forte me transporte, les larmes montent à mes yeux, je ne suis pas triste ou joyeuse, je suis émue, quelque chose de profond est touché par ce qu’elle vient d’exprimer, cette émotion, Jessica la partage avec moi.
Instinctivement, une voix me dit « pourquoi pas ? » ça ne peut pas me faire de mal ! Juste après, une autre voix se demande bien qui cela pourrait intéresser. Encore une histoire d’une petite personne et de sa vie… Après tout ce que je viens de réaliser et de l’importance de la désidentification pour se retrouver, j’appréhende de plonger à nouveau dans tous mes « dramas ».
Et puis je partage avec Jessica que Kent, mon fils aîné de 18 ans, très en lien avec son intuition, me fait régulièrement la même remarque chaque fois que nous échangeons sur un sujet philosophique, « mais tu devrais écrire un livre » et non, il n’est pas ironique comme pourrait l’être, quelquefois encore, sa mère, ses paroles sont sincères et vraies.
Cette fois-ci, je me dis que Jessica et Kent sont peut-être les messagers de la réponse à mes appels répétés pour que je découvre la façon dont je pourrais contribuer à rendre le monde plus inclusif et paisible.
Pourquoi pas en rédigeant un livre et en permettant à d’autres de découvrir cette nouvelle perspective qui libère des certitudes, du regard de l’autre et nous ouvre à tous les possibles.
Mars 2022, j’entame l’écriture de ce livre, installée à Peria, située tout au nord de la Nouvelle-Zélande.
Nous vivons, mon mari, Nicolas et moi, dans une cabane en bois construite de nos mains (principalement les siennes !) au milieu d’une forêt subtropicale, littéralement au cœur du vivant.
Bien des expériences se sont déroulées depuis le 2 février 2016.
Aujourd’hui, 6 ans après cet échange avec Jessica, je suis enfin prête à partager qui je suis. L’aspiration qui m’animait à l’époque n’a pas changé. J’aimerais que mon expérience puisse toucher, inspirer, donner espoir et ainsi contribuer à un monde plus harmonieux.
Tout commence avec ma naissance en 1969 près de Lyon. Nous vivons avec mes parents et mes deux frères dans un appartement de fonction sur la place de l’église, ma mère est institutrice. Limonest est un village à taille humaine au cœur des monts d’Or. C’est le parfait environnement pour répondre à la curiosité illimitée de l’enfance et explorer librement.
J’ai moins de 5 ans quand mes parents divorcent, cela me confronte très tôt à la réalité des adultes. Mon père s’en va. Je vis dès lors avec mes deux frères et ma mère. Peu de place pour le jeu, le rire, elle est institutrice en maternelle, elle travaille pendant les vacances dans les colonies et les centres aérés, elle se débrouille, on ne manque de rien.
Je suis une élève appliquée, je ne me rappelle pas avoir beaucoup travaillé, mais l’école a des règles, des codes, que je respecte.
Je fais des études supérieures, une année après l’autre, sans projet, mais parce que cela m’intéresse et que je réussis les examens. Je termine avec une maîtrise en Sciences économiques et un 3e cycle en Management et gestion des ressources humaines.
Je rentre tout de suite sur le marché du travail, à 25 ans j’ai un poste de Responsable ressources humaines, je travaillerai dans ce domaine, dans différents secteurs d’activités, pendant 20 ans.
À 36 ans, je reprends les études pour une licence en psychologie. Je viens de quitter un poste dans lequel je ne trouvais pas de sens, je me remets en cause. Suivra une ultime expérience professionnelle, un poste de Directrice des ressources humaines pendant 6 ans dans une entreprise familiale ; je suis alignée avec les valeurs de l’entreprise, très belle expérience qui prend fin avec notre départ de France en 2012.
Intégrée dans la société, satisfaite, reconnue compétente dans mon travail, je donne naissance, en parallèle, à nos trois enfants, Kent, Chloé et Néo, en 1997, 2000 et 2002.
Il n’y a pas plus pragmatique que moi, la valeur travail est importante comme moyen de se réaliser et d’être indépendante. La question du sens de la vie ne m’a jamais effleurée, mais j’ai une conscience aiguë de ce qui est juste ou pas et je me sens libre de dire non si une décision ne me semble pas éthique, ne va pas dans le sens de l’intérêt général. En Comité de direction, je suis souvent la seule à m’exprimer.
Professionnelle reconnue et appréciée, j’adore mon travail, mais ce n’est pas si simple.
Épouse et mère de trois enfants, je suis peu disponible, coincée entre les contingences familiales à gérer et les obligations professionnelles. Je suis souvent frustrée de faire l’un et l’autre à moitié.
Je décompresse en famille par la colère, les paroles violentes, puis vient la culpabilité.
Toile de fond de mes 20 ans de carrière ; je culpabilise de me sentir mieux au travail, où je m’épanouis relationnellement, intellectuellement plutôt qu’à la maison où je ne me sens pas à ma « place », la routine me pèse.
Tiraillement entre les deux – difficulté de concilier mère de famille et vie professionnelle.
J’aime le nouveau, la découverte, j’initie et organise les escapades nature ou culturelles du week-end et les voyages pour les vacances, j’aime ces moments en famille dans l’inconnu.
En dehors de chez nous, je me connecte plus facilement au moment présent.
En fait, je me considère comme quelqu’un de très ordinaire.
Ma vie s’est déroulée, au gré des opportunités, sans plan, guidée par « je me sens bien » dans cette situation, « je ne me sens pas bien » donc je la change.
Très ancrée dans le concret, je n’ai jamais été attirée par le spirituel, la quête de sens.
La réalité de mon quotidien était ce que je voyais et ressentais en répondant à mes responsabilités professionnelles et familiales. Le non-visible ne faisait pas partie de ma réalité, je ne m’étais même pas posé la question de son existence ou non.
Nicolas et moi avons 43 et 42 ans, Kent 14, Chloé 12 et Néo 10 ans.
La famille émigre en Nouvelle-Zélande.
En France, mon mari et moi avons des postes à responsabilités, une belle maison que nous avions fait construire 7 ans plus tôt et nos enfants en bonne santé qui se réalisent dans le sport et à l’école.
Notre situation est confortable.
Mais justement, notre décision est motivée par le besoin de se sentir vivant, nous cherchons le déséquilibre. On grandit des changements, on s’enrichit d’expériences nouvelles, c’est notre conviction.
On nous dit courageux et pourtant, pour Nicolas et moi, la décision se prend comme une évidence, il est temps de quitter la France à nouveau. Dix ans après notre retour de deux années d’expatriation aux États-Unis, nous aspirons à vivre autre chose dans un nouvel environnement, une nouvelle culture, d’avoir une nouvelle perspective pour être challengé à nouveau !
Les déménagements, ça nous connaît, ce sera le 7e depuis que l’on vit ensemble.
Mais cette fois-ci est différente, c’est l’expérience de tout quitter qui nous attend. L’occasion de faire le point sur ce qui compte vraiment. La maison que nous avons fait construire sept ans plus tôt ? Le travail avec des rémunérations satisfaisantes ? Les objets qui envahissent la maison d’une famille avec trois jeunes enfants ? Non, rien de tout ça ne compte vraiment. Ce qui nous importe est d’être tous les cinq et d’expérimenter le changement pour nous dépasser, grandir, nourrir notre curiosité.
Un matin au réveil, Nicolas et moi décidons, on y va ! On quitte tout, on vend tout, on verra. Au pire on revient en France à l’expiration du visa tourisme et on s’installe ailleurs, ce sera aussi quelque chose de nouveau.
Une fois la décision prise, tout s’enchaîne, vendre la maison, mais d’abord se séparer de son contenu… vide greniers, le bon coin, donner aux amis, à la famille… on partira avec cinq valises, une chacun, et cinq malles métalliques nous suivront dans un container par bateau.
C’est un premier lâcher-prise, un travail de dénuement, on fait la part des choses, ce qui est important et ce qui ne l’est pas. De quoi avons-nous réellement besoin ?
On ne sait pas si on restera là-bas, ou si on poursuivra le voyage, si on reviendra en France ou pas. On choisit de se défaire de toute attache matérielle.
Le dépouillement matériel commence. J’éprouve un sentiment de légèreté, de liberté. Un processus de détachement se fait peu à peu avec le tri de tous ces biens accumulés. Il y a une urgence à aller à l’essentiel.
Quelques semaines seulement avant de prendre l’avion, et après cinq entretiens par Skype, Nicolas à la confirmation que « Tait communication » lui offre un contrat, le poste se situe à Christchurch, dans l’île du Sud. Les contours de notre aventure néo-zélandaise se précisent.
Je voulais du changement, être en déséquilibre, je ne suis pas déçue.
Je m’étais interrogée, préoccupée de l’adaptation de nos enfants dans un nouveau pays, avec une nouvelle langue. Mais à aucun moment je ne me suis imaginée être moi-même en difficulté.
Ce qui m’attend est une crise d’identité. Moi qui ne m’étais jamais questionnée sur l’existence, la question « Qui suis-je ? » s’invite dans mes pensées et ne me quitte plus.
Il faut que je le découvre, rien d’autre n’a d’importance.
Durant les six premiers mois en Nouvelle-Zélande, mon attention est focalisée sur la découverte d’endroits, de personnes, de la culture et aussi sur l’adaptation des enfants dans leur nouvel environnement (ville, établissement scolaire, langue, activités sportives, amis…).
Puis peu à peu je me tourne sur mon besoin, trouver un travail. J’ai une expérience de vingt années comme Directrice des Ressources humaines, un métier qui me passionnait jusqu’à notre départ.
Rapidement je me rends compte que je suis à la fois, surqualifiée pour beaucoup de postes et en même temps que mon niveau d’anglais ainsi que mes lacunes en droit du travail néo-zélandais sont des freins.
La vérité est que je n’aspire plus à travailler dans une organisation. Je ne crois plus aux règles, aux outils, à faire appliquer des politiques, et je n’ai jamais vraiment apprécié les rapports hiérarchiques.
Mais professionnellement, j’ai fait mes preuves dans le domaine des ressources humaines, et même si je sais que j’ai fait le tour de ce métier, ce domaine reste ma zone de confort et je suis curieuse, je veux réellement découvrir le monde des organisations en Nouvelle-Zélande.
Je veux travailler à tout prix, je propose mes services au CDHB (Canterbury District Health Board), l’équivalent d’une direction régionale de la santé. Ils sont ravis.
Je commence un stage de trois mois au département des ressources humaines. Ils sont contents de mon travail et me proposent à l’issue du stage un contrat rémunéré de trois mois comme business analyst, poste contraire à qui je suis. J’aime la vision globale et stratégique, beaucoup moins les analyses chiffrées. Ça ne me dit rien, mais la rémunération est tentante, mon cœur me dit non, mais mon mental argumente que je vais multiplier les rencontres et les expériences, car le projet est d’envergure. Et c’est bien payé. J’accepte. Ce sera une expérience difficile. Je ne peux pas répondre à leur attente. Au lieu de collecter et de traiter des chiffres, j’écoute les besoins des personnes impactées par le projet. Mon ressenti a toujours été présent dans mes prises de décisions, j’ai besoin d’observer, d’écouter. Je conçois les chiffres comme faisant partie d’un tout, mais pas comme l’élément déterminant. Ils ne révèlent pas tout.
Cette expérience de six mois me confirme que j’ai terminé de travailler dans les organisations, l’autorité extérieure n’a plus de sens pour moi. Je ne me retrouve pas dans les jeux d’influences, les quêtes de pouvoir. Une phase de ma vie prend fin.
Je n’abandonne pas l’idée de travailler. En plus de mon attachement à mon indépendance financière, j’ai besoin d’être confrontée à des situations complexes et variées, d’être stimulée intellectuellement.
La tentative de m’intégrer à tout prix en cherchant à reproduire la situation professionnelle que j’avais en France est un échec. Les circonstances sont différentes et je ne suis plus celle que j’étais, mais qui suis-je vraiment ?
Mon identité dépend toujours du travail, il faut que je trouve une activité. Pourquoi pas coach. Après tout, c’est la partie de mon travail que je préférais. Écouter, accompagner les dirigeants et managers, leur faire prendre du recul, leur offrir de nouvelles perspectives et apporter de la clarté aux situations vécues comme confuses.
Une publicité pour une formation de coaching apparaît un jour alors que je surfe sur internet et l’idée commence à germer. Comme souvent dans ma vie, la décision se prend rapidement. Un entretien téléphonique avec Ed Lester, l’animateur de la formation, pour m’assurer que mon niveau d’anglais ne sera pas un handicap pour les autres participants et c’est parti.
Depuis notre arrivée en NZ, je suis complètement obnubilée, persuadée que j’ai des difficultés à m’exprimer en anglais. Toute ma vie tourne autour de ce sujet.
Je suis en confiance par rapport à mes compétences de coach, mais cette formation n’a rien à voir avec l’acquisition de compétences, mais tout à voir avec la découverte de soi.
Mon ressenti durant cette formation est une immense confusion. Mon cerveau n’enregistre plus rien, impossible de me concentrer.
L’effet miroir par les autres participants à la fin du stage est un vrai choc. Ils me perçoivent bienveillante, attentive aux autres (caring) alors que l’adjectif égoïste résonne en moi. L’écart est troublant.
Cette formation amorce le questionnement sur mon identité.
Elle me permet de réaliser que je m’identifiais fortement à mon métier et à ma culture à travers la langue (goût pour la conversation, les échanges d’idées, la spontanéité, l’humour). Autant de plaisirs que je ne retrouve pas en anglais.
Deux piliers majeurs de mon identification se sont écroulés en décidant de vivre en Nouvelle-Zélande.
Ce même mois, je débute le yoga avec Atmavidya. Elle sera une pierre angulaire dans mon évolution.
Je n’avais jamais envisagé de pratiquer le yoga, je pensais que ce n’était pas pour moi. Un jour, Corinne, une amie française, me propose de l’accompagner pour un premier cours. Elle arrêtera au bout d’un mois, je serais assidue pendant plus de deux ans.
Avec le yoga, j’apprends à m’écouter, à fixer mon attention sur mes sensations, à observer mon corps, à ralentir, à suivre ma respiration. En résumé, à prendre soin de moi, à arrêter la performance qui existe devant le regard d’un autre, qu’on le veuille ou non.
Je découvre un espace bienveillant où je suis accueillie telle que je suis, enfin.
Lors d’une séance, j’éclate en sanglots. Atmavidya nous avait prévenus, cette pose provoque des éclats de rire ou des sanglots, car elle offre aux émotions l’opportunité de se manifester.
C’est le point de départ de l’effondrement de mes défenses émotionnelles.
Je pars randonner quatre jours avec Corinne, la même amie qui m’avait incitée à commencer le yoga. Nous avons décidé de parcourir les soixante-dix kilomètres du Queen Charlotte track dans les fjords au nord de l’île du sud. Il se trouve que c’est le week-end de mes quarante-cinq ans.
Pour la première fois depuis que l’on vit ensemble, depuis près de dix-huit ans, je m’autorise à passer un week-end sans Nicolas.
Jusqu’à présent, sa compagnie était celle qui me faisait le plus de bien.
Je sens que je me transforme. Je recherche de plus en plus ma propre compagnie. Je veux me connaître davantage et la vie de couple ne facilite pas cette découverte.
Le jour après mon retour de randonnée, mon père décède. Neuf jours plus tôt, le 8 novembre, il avait décidé de cesser tous les soins, y compris les dialyses. Au regard de son état de santé, cela signifiait mettre consciemment un terme à sa vie.
Je ne l’avais pas revu depuis notre départ de France plus de deux ans auparavant, nous nous étions dit au revoir les larmes aux yeux sans l’exprimer, mais pressentant que c’était notre dernière embrassade, nous ne nous reverrions pas.
La nouvelle n’était pas un choc, mais cet événement, j’allais le découvrir, contribuerait à accentuer mon questionnement existentiel.
Je suis maintenant ouverte au changement, à la découverte de qui je suis vraiment. J’ai l’intime conviction que la vie ne doit pas être tout le temps « en force » et compliquée, qu’elle peut être simple et sans effort.
Depuis novembre, j’aspire toujours à une activité professionnelle. J’ai tenté de faire du consulting en stratégie RH et coaching, mais ma motivation n’a pas duré. Début 2015 je ne me sens pas plus prête à faire du coaching que je ne l’étais en 2014.
Ed Lester avait proposé à tous les participants de la session d’octobre 2014 de refaire, si nous le souhaitions, cette formation de coach de vie, gracieusement.
Cette formation ne dispense pas d’outils ou très peu, son enjeu est la transformation individuelle, se coacher soi-même avant de coacher l’autre. Se rapprocher de notre vérité pour être plus à même de créer les conditions de transformation pour quelqu’un d’autre. Du coup, participer une deuxième fois pouvait faire sens.
Je décide de m’inscrire à nouveau, cette fois-ci, le stage est co-animé par Ed Lester et Christine Walter.
Les deux premiers jours sont incroyables, je suis à l’aise et j’occupe le rôle de coach avec plaisir.
À partir du 3e jour, je sens un changement dans mon ressenti, il y a quelque chose qui doute, qui n’est pas d’accord, qui ne veut plus « jouer au coach ». Un malaise physique s’empare de moi à l’idée de devoir faire une séance de coaching. Je commence donc par me faire coacher lors des exercices demandés.
L’intensité du malaise augmente lors du 4e jour. Christine observant mon désarroi me propose un exercice durant la pause déjeuner. Je ressens alors des douleurs physiques violentes à l’évocation de ma famille, enfants et mari. Et je finis par m’entendre dire « je ne supporte plus de les faire souffrir ». Je suis stupéfaite, des sanglots me secouent, impossible à stopper.
À la fin de la formation, Christine me demande si je souhaite néanmoins me présenter et entendre le retour des autres stagiaires en termes de style de coaching, mes points forts et ce que je leur inspire. Je me livre à l’exercice, pressentant que c’est une étape importante pour avancer un peu plus vers la clarté. À la fin de ma présentation, Chistine me demande ce en quoi je crois et je réponds « quand je sais ce que je veux, je peux le faire », elle me dit alors que je marche au milieu d’un champ de diamants, je ne comprends pas ce jour-là à quoi elle fait allusion.
Une stagiaire me demande de dire quelques mots dans ma langue maternelle, mais rien ne sort… une autre me demande comment je définirai mon identité aujourd’hui puisque j’avais perdu ce qui me définissait en migrant en NZ ; ma langue maternelle que j’adore et ma profession. Encore une fois je reste muette me rendant compte que je suis encore loin de savoir qui je suis.
Christine me suggère alors de poser cette question à mon inconscient le soir même avant de m’endormir, il m’apportera la réponse.
Je m’exécute avec curiosité, mais sans conviction, sans doute mon côté rebelle, pas envie de faire ce que l’on me demande ou suggère de faire. Évidemment, rien de nouveau au réveil, même confusion bien familière, maintenant, concernant mon identité.
Le lendemain soir je recommence, mais cette fois-ci avec une vraie curiosité et je sens la nécessité de trouver une réponse. À ma grande surprise, je me réveille avec le mot « exploratrice » en tête. Mes yeux s’écarquillent, je me reconnais bien dans ce mot, j’adore explorer ; apprendre, rencontrer des gens, découvrir des pays, des cultures. Découvrir !
Et cette identité est intemporelle, elle ne dépend ni d’un langage ni d’un lieu, elle ne dépend pas d’un rôle (mère, femme, professionnelle, fille…). Elle n’a pas de conditions ! Elle est moi où que je sois et à n’importe quel moment.
Je sens que je me rapproche de ma vraie nature, un pas important a été franchi, même si l’exploration intérieure n’a encore aucune réalité pour moi à ce moment-là.
Ma vraie nature je ne sais pas non plus ce que c’est, je sais simplement que la Chrystel qui se met en colère, qui est en pleine confusion n’est pas qui je suis, j’aspire à la paix, à l’harmonie, à la clarté. Je sens que j’ai commencé un processus qui ne peut plus être stoppé.
Je m’engage à la Croix rouge, je réalise que gagner de l’argent n’est pas le plus important, je veux m’intégrer dans ce nouveau pays, rencontrer des gens, me sentir utile, contribuer.
Je deviens aussi très sensible à l’intention de mes actions. Elles sont de moins en moins pour mon bénéfice propre, mais de plus en plus pour le bénéfice de tous.
L’expérience est intéressante, mais hélas de courte durée.
Rapidement je découvre que malgré une activité sociale à but non lucratif, cette organisation a le même défaut que beaucoup d’autres : la hiérarchie et les procédures créent une lourdeur administrative aux dépens de la mission.
Sur le terrain je rencontre des gens dans le besoin. Souvent un aller-retour au supermarché le plus proche aurait fait une immense différence, mais nous n’avons pas la capacité de décider, nous sommes tenus de faire un rapport et de le soumettre au manager. Cela signifie une décision prise plusieurs jours ou semaines plus tard. Je ne peux pas cautionner ce fonctionnement, cela n’a pas de sens, j’arrête.
Je découvre une nouvelle méthode d’apprentissage de l’anglais « Effortless english ». Les enfants apprennent les langues sans effort et sans texte book pourquoi en serait-il autrement pour nous adultes ? Encore une fois, l’intuition forte que la vie devrait être sans effort.
Je me sens coincée, figée, engluée.
Je suis en phase de confusion à nouveau. Je sais que si je sais quoi faire, je peux le faire.
Je viens de créer un site web pour vanter mes services en Ressources humaines et en coaching, mais je n’y crois pas, je n’ai pas l’envie.
L’idée de devenir médiateur de paix, négociateur, me traverse. Je regarde les postes au sein de l’ONU, mais rapidement j’observe que la dimension procédurale, administrative et la complexité de l’organisme s’opposent à mon souhait de simplicité et de liberté.
Je suis en attente de quelque chose, mais quoi ? Je sens que mon énergie est bloquée, mais qu’elle n’est pas loin. Je ne sais simplement pas comment la libérer ni vers quoi la diriger.
Qu’est-ce que je veux et pourquoi c’est important pour moi ? Question toujours sans réponse.
Le 26 août je reçois un email de mon frère aîné, avec qui j’ai de longues conversations sur Skype ces derniers temps. Le message qui l’accompagne est court et simple : « le hasard bien sûr, je viens de tomber là-dessus : à écouter sans chercher à comprendre, direct au cœur ;) Cyril ».
Dessous un lien pour une vidéo intitulée « le feu de la découverte de soi-même », qui dure moins de 10 minutes. Je clique immédiatement sur le lien.
J’écoute pour la première fois Mooji, que je ne connais pas. Chacun de ses mots résonne profondément en moi.
Soudain, sans prévenir, j’éprouve une sensation de chaleur dans la poitrine accompagnée d’un incroyable soulagement, relâchement, détente, abandon. D’un seul coup toutes les identités auxquelles je me cramponne (professionnelle, fille, mère, épouse…) s’effondrent, je réalise ce que je suis. Je ne me limite pas à mon corps, à mes pensées, à mes émotions, je suis indescriptible, je suis celle qui perçoit tout ça, je suis la témoin, l’observatrice. Mooji vient de me donner l’autorisation de tout lâcher, de n’être personne. Le passé et le futur n’existent plus, plus d’attentes, plus de « faire », simplement Être. Je suis la Vie. Libérée enfin. La quête de moi-même est terminée.
Je réalise que le monde est « illusion » que chacun joue un ou plusieurs rôles avec plus ou moins de convictions, mais que l’essentiel est ailleurs. Une immense paix intérieure m’envahit avec cette nouvelle perception du monde. Il n’y a plus de jugements, plus de classements, plus de « il faut », « tu dois », tout s’écroule et une joie, un amour infini pour tous et tout apparaît.
L’expérience a été fulgurante, une fraction de seconde et je suis transformée à jamais. Quand je me lève de ma chaise ce 26 août 2015, l’idée que je me faisais du monde et de moi-même a changé. Une nouvelle connaissance imprègne mes cellules. Rien ne sera jamais plus comme avant. Je suis sortie du jeu, de mon personnage. Mais ce n’est que le début. La description de l’expérience ne peut illustrer la magnitude de son impact. Il ne laisse aucune place au doute. Certains appellent cela la Foi.
Je prends aussi conscience de la limitation des mots ou plus exactement de leur caractère réducteur, séparateur.
Je réalise que la connaissance, quel que soit le domaine, restera le fruit de la pensée de l’être humain, elle-même conditionnée. Accepter que la vérité ne peut être découverte, qu’elle est inaccessible avec la pensée, que l’on ne la connaît pas et que l’on ne la connaîtra sans doute jamais. Accepter qu’il y a autre chose, une force supérieure à nous, pourquoi pas ? Et que l’on ne pourra jamais tout expliquer.
Le poids de mes certitudes s’évanouit pour laisser place à la légèreté du « je sais que je ne sais pas » et c’est parfait.
Mon identification n’est plus à mon corps ou même à mes pensées, elle est maintenant à mon âme. Ceci modifie instantanément mon rapport à la mort. La peur de la mort (dont je n’étais même pas consciente !) se dissout et simultanément une immense liberté émerge. Ma perception des personnes âgées se modifie, je suis curieuse de rencontrer toutes les facettes de manifestation de l’univers. Il devient évident que nous sommes tous identiques, issus de la même source, notre manifestation sur terre est différente, en cela chacun est unique et apporte quelque chose à l’ensemble.
Ma nouvelle perception du monde se résume ainsi :
- La mort, une étape comme une autre.
- La vie, explorer, expérimenter le plus possible.
- Vision des autres et de moi-même : toutes les caractéristiques qui sont utilisées pour classer, trier, séparer (statut social, compte en banque, éducation, sexe, genre, condition physique, âge, etc.) ne définissent plus les individus et les relations. Personne n’est plus, ou moins, important qu’un autre. Chacun contribue à la création, consciemment ou inconsciemment.
À la suite de cette expérience transformante surgissent les questionnements.
Je ne connais rien à la spiritualité, je ne m’y suis jamais intéressée, je ne peux donc pas mettre de mots, de sens, sur ce qui m’est arrivé.
Je m’interroge.
Pourquoi cela m’arrive-t-il à moi ? Est-ce que je deviens folle ?
Le doute m’envahit. Est-ce que c’est vraiment cela que je veux ? Croire à cette nouvelle perception, vivre avec ces nouvelles « connaissances » ?
Pendant toute cette période, une envie forte d’échanger ce que je vis, avec mes proches, mes amis, m’habite, pour donner du sens. Mais je suis aussi consciente que cela est difficile. Il n’y a tout simplement pas de mots. Ou je ne les ai encore pas.
Je me lance dans une lecture effrénée d’ouvrages sur la spiritualité, guidée par mon intuition.
Au quotidien, je m’observe aussi de plus en plus. Je suis témoin de mes tendances à vouloir faire, à provoquer les choses. Le laissez-faire, être dans le moment présent, prendra du temps.
Je me surprends aussi à vouloir me corriger quand j’ai un comportement que je juge « pas adapté » maintenant que je « sais ».
Simultanément j’accepte d’ouvrir les yeux sur mon côté ombre et mon côté lumière. Je développe un regard bienveillant sur qui je suis. La volonté de m’améliorer disparaît en même temps que toute fixation d’objectifs petits ou grands. J’apprends de chaque expérience.
Je porte l’attention sur ce qui me traverse pour oser toucher la vérité des émotions.
La puissance et le côté inattendu de mon expérience, que je comprendrai plus tard être l’éveil, font naître une révérence illimitée pour le mystère qui nous dépasse et nous anime. Naturellement je décide de faire confiance à la Vie qui nous traverse.
Je croyais être arrivée quelque part ; après tout la quête de « qui suis-je ? », de liberté, était terminée. C’est tout le contraire qui m’attend, je débute un cheminement intérieur sans fin, vers l’unité de soi. Expériences, réalisations et enseignements successifs me guident.
Le doute… La question du but de la vie s’invite. Maintenant que je suis éveillée, quel est mon objectif sur terre ? Confusion, sentiment de stagner, mon mental me teste. Si j’ai le plus minuscule doute, il l’utilise. Sens de la vie ? Une autre façon de penser que l’on doit faire quelque chose ; or nous ne sommes pas « celui » qui fait.
Le questionnement surgit et en même temps je suis consciente de sa futilité. Quel est le sens de la décision de venir en NZ ? Il doit y avoir une raison. 20 années de faire, d’excellence, d’ego aux commandes… et les 20 prochaines années ? Être, faire preuve d’altruisme ?
Retraite de yoga à Staveley animée par Atmavidya, Sarah et Jane.
Ma première retraite, et c’est une expérience incroyable.
J’ai encore beaucoup de mal à donner priorité à mes envies, au détriment de mon rôle de mère, d’épouse, que j’incarne depuis près de 20 ans.
J’aspire de plus en plus à être dans un environnement bienveillant, sans jugement ou attente vis-à-vis de moi.
Cette retraite m’en offre l’opportunité. Être tout simplement, liberté et plaisir immense, ne pas parler, se sentir bien ! Méditation sous l’arbre sur la pelouse, connexion avec la nature, les animaux dans le pré d’à côté. Pratique du silence.
J’apprécie aussi la nourriture délicieuse, végan, j’apprends à manger en pleine conscience, étonnante expérience, je suis rassasiée à la 2e bouchée !
Je découvre enfin l’intensité de ma présence, besoin de personne, besoin de rien, Être ! Je mesure aussi l’impact incroyable que l’on a quand on s’oublie pour laisser place à la conscience du moment présent, aux sensations.
Atmavidya, le lundi matin après le cours de yoga, me confiera « tu rayonnais de joie, mon Dieu ! Ton feu intérieur était d’une puissance incroyable ».
De retour à la maison, dimanche après-midi, Néo est en train de jouer à l’ordinateur à 3 h de l’après-midi, le kimono de Nicolas et la jupe d’uniforme de l’école pour Chloé ne sont pas encore lavés… obligée de reprendre mon rôle de mère, cela m’irrite.
Mon environnement me force à sortir de ma position de pleine conscience. J’observe.
J’accueille toute sensation comme un éclairage sur qui je suis à ce moment-là. Une clef pour me découvrir davantage.
Soirée kirtan1.
Nouvelle expérience. Je suis même étonnée d’avoir envie d’y aller, je n’ai jamais chanté, persuadée que « ce n’est pas pour moi ». Il faudra plusieurs kirtans avant que je commence à chanter de concert avec tout le monde. Ce jour-là, baignée par la vibration du sanskrit (ancienne langue indienne) et la sonorité de l’harmonium, je suis touchée. Apparition de sanglots, je les laisse s’exprimer. J’observe aussi que je suis gênée par les chants louant Krishna.
Je ne peux stopper ma curiosité et mon envie d’être dans l’espace apaisant, bienveillant, qu’offre la communauté du yoga.
En plus des cours hebdomadaires, je cumule la participation aux ateliers proposés sur ; Koshas (différentes enveloppes de l’être humain), Mudras (gestes symboliques des mains), Nidra (état de conscience mi-éveillé, mi-endormi).
Maintenant Nico m’accompagne aux soirées kirtan mensuelles. Heureuse de partager avec lui une facette de mon nouveau monde.
☆ Ed Lester Seminar : The call is going to be focused on taking your dream business idea and making it a reality. The topic is 21 ways to get all the clients you'll ever need.
[Le séminaire de Ed va être centré sur transformer notre idée de business de rêve en réalité. Le sujet est 21 façons d’attirer tous les clients dont vous avez besoin.]
Je me connecte au web séminaire en cours, Ed aborde comment développer un business en étant un catalyseur, créer l’abondance pour soi et les autres. Créer ou attirer, je n’ai encore pas décodé cela.
Aujourd’hui ce qu’il dit a une résonance différente, cela ne me paraît pas clair, je ressens un manque de cohérence. Son discours nous incite à être nous-mêmes pour que les choses se développent, et en même temps il parle d’identifier la cible, de se renseigner sur elle. Pour moi cela semble trop dans le faire, pas assez simple. Les réponses aux questions essentielles restent à mon goût superficielles, les natures de changement proposées par les coachs de vie très limitées ; perte de poids, gérer les colères, arrêter de fumer… toutes ces situations ont pour moi une seule et même solution ; la connaissance de soi, se découvrir en sécurité, s’aimer inconditionnellement, être autonome émotionnellement.
Ma passion est d’observer le potentiel de transformation de l’être humain s’actualiser. Cette observation, je la fais me concernant, mais aussi concernant mes amis, ma famille.
Six mois se sont écoulés depuis la réalisation de qui j’étais, de qui nous sommes, c’est-à-dire « énergie créatrice, conscience ». Nous gardons le pouvoir de décider sur quoi porter notre attention. En s’arrêtant, en s’écoutant, on découvre ce qui est vraiment important pour nous. On va être attiré par les activités qui vont nourrir ce bien être, le développer, en permettant de garder cette connexion avec notre essence.