Journal intime - Richard de Swarte - E-Book

Journal intime E-Book

Richard de Swarte

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Beschreibung

Lorsqu’il entreprend la quête de sa vraie identité, Florian est plongé dans un labyrinthe d’épreuves complexes, chargées d’émotions et de douleur. Il se retrouvera ainsi privé de sa liberté, pris au piège entre les mains puissantes et influentes d’un propriétaire fortuné, tout en étant soumis aux rigueurs de la justice. Parviendra-t-il à faire triompher la vérité ?


À PROPOS DE L'AUTEUR 

La plume de Richard de Swarte trouve son inspiration dans le calme de sa propriété de campagne entourée de belles vignes, et dans l’interprétation imaginative de souvenirs des rencontres de sa vie. Ses mots traduisent une sensibilité artistique semblable à celle d’un peintre qui laisse courir son pinceau sur la toile selon ses émotions, qu’elles soient joyeuses ou tristes.

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Seitenzahl: 129

Veröffentlichungsjahr: 2023

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Richard de Swarte

Journal intime

Roman

© Lys Bleu Éditions – Richard de Swarte

ISBN : 979-10-422-0030-5

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

À Marie, ma fille

Du même auteur,

publié chez Le Lys Bleu Éditions

Folie passagère, décembre 2021 ;

La rivière des parfums, septembre 2022 ;

Lumières, novembre 2022 ;

Gris Rose Rouge, novembre 2022.

Numéro 37 boulevard Scaliger

à Agen (Lot-et-Garonne)

Années 60

Les cheveux, enfin plutôt une tignasse déglinguée, emmêlée, partagée par une raie un peu trop à gauche et tordue, une jeune fille est assise sur une murette devant une vitrine éclairant le rez-de-chaussée d’un immeuble de bureaux. Le dos voûté, les épaules rentrées, vêtue d’un jean gris et d’un chemisier bleu pétrole trop ample, aussi tristes que les traits de son visage carré à l’air désabusé, les yeux perdus dans un vague brouillard, surlignés par d’épais sourcils. Elle a recroquevillé ses pieds, chaussés de sandales de cordes, elle fume en écoutant une autre fille debout, très forte, tout habillée de noir, figure ovale ornée d’un rouge à lèvres vif qui s’échappe un peu trop autour de sa bouche charnue.

Elles paraissent toutes les deux préoccupées, voire même angoissées. La fille en noir parle très vite et entre deux phrases elle porte ses doigts à ses lèvres pour couper la peau autour de ses ongles rongés au sang.

Elles sursautent au passage d’un fiacre lancé au galop sur l’avenue, l’air chaud étouffant du mois d’août est brassé par la vitesse du véhicule, des miasmes de bave des deux chevaux tirant l’attelage sont projetés à leurs pieds. Elles paraissent surprises et rient nerveusement un court instant.

Juliette, la fille assise croise et décroise ses jambes, elle répond à Ninon qui est toujours debout les doigts dans la bouche en train de tirer sur les peaux blessées autour de ce qui lui reste d’ongles.

Je ne peux pas croire à cette histoire, ce n’est pas possible, je le connais bien, Florian, nous avons grandi ensemble, je t’assure qu’il est un gentil garçon.

Mais écoute-moi, tête de mule, il a été pris en flagrant délit de vol dans une propriété bourgeoise du Mas d’Agenais, ils étaient quatre et ils menaçaient les propriétaires à l’aide de couteaux.

Mais enfin, qui les a vus ?

Le garde-chasse qui venait rendre compte de sa semaine de surveillance des terres, il devait dîner avec ses patrons. Il aurait été prévenu par la petite dernière de cette famille qui se trouvait dans sa chambre proche de la pièce dans laquelle se jouait l’action de ces mauvais garçons. Elle lui a fait un signe depuis sa fenêtre et elle lui a dit que ses parents étaient brutalisés par une bande de voleurs.

Que s’est-il passé ensuite ?

Édouard, le garde-chasse qui est un homme courageux, est entré vivement dans la pièce, armé de son fusil, selon ce que disent les gens, il aurait tiré un coup de feu pour effrayer les brigands puis il les a mis en joue tout en les menaçant avec sa grosse voix de leur tirer dessus s’ils ne se tenaient pas tranquilles. Florian et un de ses complices ont sauté par une fenêtre, Édouard a tiré une seconde fois dans leur direction lorsqu’ils tentaient de s’échapper, l’un d’eux aurait été blessé, des traces de sang en témoignent.

Ils ont réussi à partir ? Et les deux autres ?

Oui malgré la blessure ils ont fui, on ne sait pas lequel a été touché par le deuxième tir, les deux compères restants étaient paralysés de peur. Le propriétaire et son garde les ont enchaînés puis transportés dans les locaux de la maréchaussée d’Agen où ils ont été placés en cellule.

Mon Dieu, quelle histoire ! tu es bien certaine que Florian était parmi eux ?

Oui, bien sûr, il est connu dans la région, ce sont les propriétaires qui l’auraient identifié, il avait travaillé pendant une longue permission sur l’exploitation agricole leur appartenant au printemps dernier pour les semailles de céréales. Il doit se cacher dans la région, à mon avis il ne pourra pas aller bien loin surtout s’il a reçu la décharge de plombs tirée par Édouard.

Le sieur Florian est un jeune sous-lieutenant de l’armée.

***

Les deux filles décidèrent d’aller rendre visite aux parents du jeune Florian pour tenter de glaner quelques informations complémentaires. Ces derniers demeurent à quelques lieues d’Agen, elles s’y rendirent à bicyclette.

Le couple Luzignan, père et mère de l’infortuné Florian, était tétanisé. Marcel Luzignan, assis sur les marches en pierres du perron, se tenait la tête dans ses larges mains de travailleur tout en répétant en boucle la même phrase : « Qu’est-ce que j’ai fait au Bon Dieu pour avoir un fils aussi con ? » Yvette Luzignan pleurait toutes les larmes de son corps dans la cuisine.

Juliette et Ninon entrèrent directement dans la maison, ignorant le père. Yvette se précipita dans les bras de Juliette, ses pleurs ont redoublé d’intensité.

JULIETTE : Est-ce que c’est vrai ce qu’on raconte au sujet de Florian ?

YVETTE : Oui, les gendarmes nous ont confirmé qu’il se trouvait en compagnie de trois autres garçons, il se serait enfui avec un de ses complices, l’un d’eux aurait été blessé par un coup de fusil tiré par Édouard le garde-chasse, pour l’instant je n’ai pas d’autres informations et je ne sais pas dans quel endroit ils peuvent se cacher.

JULIETTE : Florian aimait se rendre dans les collines boisées situées autour de la ville d’Agen, il existe plusieurs grottes taillées dans le calcaire, nous y allions au cours de notre enfance pour jouer et plus tard pour fumer à l’insu de nos parents et aussi pour flirter. Toutes ces grottes ne sont pas répertoriées, elles sont difficiles à trouver.

YVETTE : Oui, il aime se rendre dans ces lieux chargés de souvenirs de son enfance, il y reste de longues heures, il dit qu’il se ressource. En réalité, il médite et cherche dans le plus profond de sa mémoire des images qu’il a vécues étant petit enfant.

JULIETTE : Que cherche-t-il ?

YVETTE : C’est flou pour lui, il ne sait pas trop, il ressent un vide affectif qu’il ne sait pas interpréter.

JULIETTE : Mais vous, Yvette, vous qui êtes sa mère, vous ne pouvez pas l’aider ?

YVETTE : C’est une histoire triste et douloureuse qui devait être tenue secrète, je ne peux pas en dire plus je suis liée par un serment.

JULIETTE : Qu’est-ce que vous me racontez là, Florian serait au centre d’un mystère qu’il ne connaît pas ?

YVETTE : Oui, enfin, qu’il ne connaît pas entièrement.

JULIETTE : Nous avons le même âge : 23 ans, nous étions dans la même école, nous avons toujours tout partagé, jusqu’au moment où il est entré à l’école militaire, je n’ai jamais perçu chez lui de côté secret ou de mal-être.

YVETTE : Dans son régiment, il a appris certains éléments qui l’ont profondément troublé, il m’en a parlé, mais je n’ai pas pu répondre à toutes ses questions et depuis il est fortement perturbé.

JULIETTE : Avec Ninon, nous allons tenter de le retrouver, vous devez l’aider vous aussi.

Famille Foussal

L’inquiétude était à son comble chez Albéric Foussal, propriétaire du domaine de la Basse Soule dans la commune du Mas d’Agenais. Encore sous le coup de l’agression perpétrée par les quatre garçons contre le couple Foussal et leurs deux enfants, Simon et la petite Rose, benjamine de la famille, qui avait donné l’alerte auprès du garde-chasse, étaient réunis dans le salon de leur vaste demeure. Angèle l’épouse soumettait son mari à mille questions. Connaissait-il ces individus menaçants ? Il répondit par la négative, il ne connaissait que superficiellement Florian qui avait travaillé sur l’exploitation agricole lors des semailles au printemps dernier.

ANGÈLE : C’est un garçon du pays ? Connais-tu sa famille ?

ALBERIC : Oui, il est natif d’ici, ses parents ont une petite ferme d’élevage de volailles, il est militaire engagé dans les troupes de l’infanterie, il rend régulièrement visite à ses parents qui sont de braves gens sans histoires.

ANGÈLE : Ils cherchaient des documents, ils ont retourné la bibliothèque, ils n’avaient pas l’attitude de cambrioleurs, apparemment ils avaient un but précis, le plus grand des quatre était le fameux Florian, c’est bien cela ?

ALBERIC : Oui, c’est ça.

ANGÈLE : As-tu une idée de ce qu’il souhaitait trouver dans la bibliothèque ? Il parlait d’un journal intime, il me semble.

ALBERIC : Non, je ne comprends pas ce qu’il voulait dire.

Le maître des lieux, soixante-cinq ans, mentait en répondant qu’il ignorait ce que Florian voulait découvrir en parlant d’un journal intime.

Veuf d’une première union, il avait enterré avec Mireille, sa première épouse décédée, un secret de famille qu’il n’imaginait pas voir ressurgir un jour, plus de vingt ans après.

Avec sa deuxième femme, Angèle, aujourd’hui âgée de 40 ans, ils avaient donné naissance à deux enfants : Simon, 11 ans, et Rose, 8 ans.

La deuxième madame Foussal avait compris que son mari feignait d’ignorer quels documents les jeunes brigands étaient venus chercher. Elle l’interrogea à maintes reprises pour tenter de connaître la vérité, elle avait ressenti un point de faiblesse d’Albéric quand il avait été évoqué par la bande à Florian, un journal intime. Il finit par céder aux pressions de sa femme et un soir il lui confia ce qu’il avait lu à l’insu de Mireille sur ce fameux journal désormais introuvable.

Elle encouragea fortement Foussal à le retrouver, car elle aussi avait des craintes pour son devenir.

***

Mireille Foussal née Béroual avait succombé à 43 ans, après plusieurs mois de fatigue et de douleur à la tuberculose.

Elle souhaitait malgré son état de faiblesse voir une dernière fois la campagne environnante. C’était un jour d’été sur les hauteurs rocailleuses de la propriété du Mas d’Agenais, elle aimait tant ce paysage qui lui rappelait sa jeunesse, les courses folles sur les pentes caillouteuses où poussaient des touffes de lavandes sauvages du romarin de la bruyère et du thym citronnelle, elle respirait aussi profondément qu’elle pouvait ce melting-pot de parfums qu’exhalaient ce petit maquis de plantes, elle espérait que l’air pur de l’altitude et la thérapie par les plantes lui seraient bénéfiques. Elle avait profité de l’absence de son mari pour se rendre dans ce lieu qu’elle chérissait. Albéric, inquiet de ne pas la trouver dans sa chambre, interrogea le personnel de maison, ils se mirent à sa recherche, après plusieurs heures passées sur les terres de la propriété, Jules le jardinier avec lequel elle s’entretenait souvent dans la serre pour obtenir des conseils de culture et d’entretien des rosiers et autres fleurs, la trouva allongée contre un gros chêne vert dominant la vallée, elle était endormie à tout jamais dans ce domaine de nature qu’elle affectionnait.

Mireille était enseignante, elle avait pris l’habitude, depuis de nombreuses années, de consigner dans un journal intime tous les moments forts de sa vie. Dans ses derniers jours qui ne furent que souffrance, elle avait tenu à écrire, malgré la maladie qui devait lui ôter la vie, ses dernières volontés, mais aussi un dernier ressenti de sa vie aux côtés de son époux.

Elle était l’héritière d’une riche famille qui possédait plusieurs propriétés, dont celle du Mas d’Agenais.

Le journal intime disparu avec son auteure.

Albéric l’avait longtemps cherché sans jamais parvenir à le retrouver. Il avait eu l’indiscrétion de lire les derniers feuillets lors d’une période de repos de Mireille. Il avait suspecté Yvette Luzignan de l’avoir subtilisé, car elle venait chaque jour rendre visite à sa femme.

Yvette interrogée à ce propos avait toujours nié.

***

Les recherches entreprises par Juliette et son amie Ninon sont restées vaines, elles ont exploré bon nombre de grottes situées sur les collines agenaises sans trouver trace des fuyards, aucun indice de passage dans ces lieux ne permit aux deux amies de localiser Florian et son complice.

Ils furent interceptés quelques jours plus tard sur les berges du canal du Midi alors qu’ils tentaient de s’embarquer à bord d’une péniche chargée de céréales faisant route vers Narbonne.

Florian et son ami avaient conclu un accord avec le capitaine de l’embarcation en échange de travail pendant la durée du voyage fluvial, ils avaient été embauchés. La Maréchaussée, toujours en alerte pour retrouver les deux individus, effectuait une ronde à l’écluse principale lorsqu’ils aperçurent un jeune homme boitant sur le pont de la péniche. Florian avait été touché au mollet droit par le tir du garde-chasse. Cette blessure le faisant souffrir, il avait renoncé à se cacher quelque temps dans les grottes et il avait privilégié la fuite en utilisant la navigation sur le canal. L’arrestation fut mouvementée, après les sommations d’usage, les deux policiers sortirent leurs armes en menaçant de tirer sur les fuyards. N’ayant aucune autre alternative, les deux jeunes hommes se rendirent, ils furent aussitôt menottés et transportés au palais de justice d’Agen, ils rejoignirent bientôt en prison leurs deux autres compagnons arrêtés et conduits dans ce lieu par Monsieur Foussal et Édouard.

Traduits devant un tribunal, les trois individus furent condamnés à des travaux d’intérêt général, quant à Florian qui avait endossé toute la responsabilité de l’opération, il fut condamné à trois années de prison, son avocat ayant pu faire la preuve d’une absence de vol, seule la menace avec une arme blanche fut retenue contre lui sans toutefois qu’il y ait eu de blessure occasionnée aux victimes.

Florian déclara qu’il était à la recherche d’un document le concernant, lequel aurait été subtilisé par Albéric Foussal. Il n’apportait aucune preuve pouvant confirmer ses déclarations et Foussal niant avec force avoir pris quoi que ce soit à l’individu mis en cause, la parole du propriétaire fut entendue par les juges et celle de Florian fut ignorée.

Retour chez les parents de Florian

Juliette revint chez les parents de Florian quelques jours après sa première visite, et cette fois elle était bien décidée à convaincre Yvette de lui confier le fameux secret qu’elle détenait et qui pourrait peut-être innocenter son ami d’enfance, ou au moins atténuer sa peine.

Lorsqu’elle arriva, elle comprit qu’il venait de se passer un évènement inattendu, la plus proche voisine était en larmes, Marcel le père de Florian était hagard ne pouvant décrocher un mot, le docteur Flour s’affairait autour du corps d’Yvette qui gisait dans le sous-sol de la maison, son visage baignait dans une mare de sang, devant elle une bassine de linge s’était éparpillée, elle ne bougeait pas et semblait rendre son dernier souffle, son corps était animé de quelques faibles soubresauts.