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Jean de Bretoux, chercheur en informatique et mari exemplaire, voit son existence basculer le jour où une simple sortie avec René Durieux, patron de brasserie, tourne au drame. Face à un spectacle saisissant – un nouveau-né abandonné, flottant à la dérive sur une rivière –, Jean se lance dans une enquête qui le conduira bien au-delà de ses intuitions initiales. S’appuyant sur le soutien indéfectible de ses proches, il pénètre les arcanes d’une machination redoutable, où manipulations et secrets familiaux s’entremêlent. Ce mystère, à la croisée de l’abandon et de la rédemption, dévoilera des vérités insoupçonnées, révélant des fêlures humaines que personne n’aurait pu imaginer.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Richard de Swarte cultive un art subtil de l’observation et de l’écoute, puisant dans le monde qui l’entoure l’inspiration pour créer des personnages captivants, nés de son imagination. Par l’écriture, il insuffle à ces figures fictives une vie singulière, les entraînant dans des aventures uniques et fascinantes.
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Seitenzahl: 110
Veröffentlichungsjahr: 2024
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Richard de Swarte
Mystère et abandon
Roman
© Lys Bleu Éditions – Richard de Swarte
ISBN : 979-10-422-5287-8
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
– Folie passagère, décembre 2021 ;
– La rivière des parfums, septembre 2022 ;
– Lumières, novembre 2022 ;
– Gris Rose Rouge, novembre 2022 ;
– Journal intime, juillet 2023 ;
– Évora mon amour, janvier 2024.
Jean de Bretoux, chercheur en informatique au CNRS, sortait de la brasserie « La Corde à Linge », située sur l’île de la Petite France à Strasbourg. Il venait de dîner avec Lucien Deray, technico-commercial chez Apple. Ils avaient évoqué les progrès des performances de la géolocalisation du dernier iPhone. Chacun emprunta une direction différente pour rejoindre le lieu de stationnement de leur véhicule.
Il découvrait la ville, où il résidait avec Lucie, son épouse, depuis quelques semaines après plusieurs années passées à Lyon.
Il s’apprêtait à rejoindre sa voiture après avoir franchi le pont couvert enjambant l’Ill, lorsqu’il perçut le miaulement d’un chat. Il n’y prêta tout d’abord guère attention et continua son chemin. Lorsque le son qu’il avait pris pour un petit cri de chat s’accentua avec une cadence répétée, il s’arrêta pour mieux écouter. Il comprit avec stupéfaction qu’il s’agissait des pleurs d’un bébé. Il n’y avait à proximité immédiate aucune habitation, il était 23 heures, il faisait un froid du mois de décembre. S’en remettant à son ouïe, il s’orienta vers l’endroit d’où provenaient les sanglots.
La nuit et le peu de lueurs provenant d’un lampadaire éloigné ne permettaient pas de pouvoir repérer facilement un landau ou un couffin abritant un petit enfant.
Jean sortit son portable, il alluma la lampe dont son appareil était muni. Il fit trois ou quatre mètres en retournant vers le pont qu’il venait d’emprunter. Les pleurs étaient tout proches, mais il ne voyait rien posé au sol ni sur le tablier ni sur la rue. Il se baissa et balaya avec sa torche la surface de l’eau. De petites ondes se dessinaient, il orienta le faisceau lumineux vers la source des mouvements sur la rivière. C’est alors qu’il aperçut un lambeau de tissu plongé dans l’eau. La berge était trop haute pour pouvoir s’en saisir, il décida de revenir à la brasserie afin de trouver un ustensile assez long lui permettant d’atteindre le tissu immergé. Il appela les services de police et revint avec le gérant du restaurant, tous deux équipés d’un râteau et d’un balai de voirie.
Avec beaucoup de précautions, ils commencèrent la tentative de sauvetage sans trop savoir ce qu’ils allaient trouver au bout du tissu se trouvant à la surface de l’eau.
Après plusieurs tentatives infructueuses, ils parvinrent à agripper l’étoffe à l’aide des dents du râteau, l’un était sur la berge l’autre sur le pont pour guider l’opération.
La sirène d’une voiture de police retentit dans la nuit, quelques instants plus tard deux agents rejoignirent de Bretoux et son acolyte René Durieux le gérant de la brasserie.
Les quatre hommes parvinrent à tirer vers eux le morceau de tissu qui semblait se dérouler sans résistance, il apparut une bassine en matière plastique habillée sommairement de couvertures, sous lesquelles les jambes et les bras d’un bébé s’agitaient et dont les pleurs redoublaient d’intensité. L’étoffe était attachée d’une part à ce curieux couffin et à un piquet en bois planté dans la berge.
Les quatre sauveteurs découvrirent sur la grève des marches grossièrement taillées dans la terre permettant de descendre à l’endroit où l’embarcation de fortune avait été fixée.
Jean de Bretoux, sportif et aguerri à l’escalade, descendit au niveau de la rivière en empruntant cet accès, certainement confectionné dans l’urgence par la personne qui avait déposé le malheureux enfant.
Il se saisit de la bassine flottante. Le lien en tissu se déchira lorsqu’il tira sur l’étoffe pour la dénouer, une parcelle de celle-ci resta dans ses mains qu’il plaça machinalement dans la poche de son anorak, puis il libéra le reste de tissus du piquet qui retenait la frêle embarcation à la berge. L’un des fonctionnaires de police prit le relais et la posa sur le sol. L’enfant était sauvé, mais ses gémissements ne cessèrent pas pour autant.
Émilie Durieux, informée de la situation par son père René, rejoint le groupe quelques instants après. Cette jeune mère avait préparé un biberon de lait chaud que le petit orphelin d’un soir avala goulûment, il cessa de pleurer.
Tous étaient interloqués après cette découverte. Les policiers appelèrent l’hôpital de Hautepierre afin que le petit enfant soit pris en charge dans les meilleures conditions d’hygiène et de sécurité.
Une ambulance arriva sur les lieux quelques minutes après l’appel, le bébé fut confié aux personnels délégués par le CHU.
Les deux agents du commissariat demandèrent à Jean de Bretoux et René Durieux de bien vouloir se rendre le lendemain dans les services de police, afin de signer une déposition relatant les faits dont ils avaient été les premiers témoins.
Lucie commençait à s’inquiéter de ne pas voir son mari rentrer. Lorsqu’elle perçut le bruit de la serrure de la porte d’entrée, il était 1 heure 30 ; son angoisse retomba. Elle questionna Jean sur les raisons de son retour tardif.
Jean de Bretoux était encore sous le choc de cette aventure improbable, il était pâle, les traits tirés, ses chaussures étaient crottées de terre provenant de la berge. Il avait des difficultés à raconter ce qu’il venait de vivre.
Sa femme crut dans un premier temps qu’il avait été agressé. Il se servit un grand verre de jus d’orange, se lava les mains et s’aspergea le visage d’eau. Il donna alors tous les détails de cette triste histoire qui l’avait bouleversé.
— Mon Dieu ! mais comment une mère peut-elle ainsi abandonner son enfant ?
Lucie avait une sensibilité exacerbée envers les bébés, elle fut outrée et malheureuse par cette situation que venait de vivre Jean.
Lors de leurs premières années de mariage, ils avaient souhaité avoir des enfants, mais à la suite d’un accident grave, elle avait dû faire le deuil de ce désir profond ; elle ne pourrait pas enfanter.
Jean et Lucie formaient un couple uni, chacun s’était consacré à sa profession, lui dans la recherche œuvrait pour le CNRS, elle dans son cabinet médical comme généraliste. Depuis 20 ans, ils partageaient leur vie et étaient très amoureux, ils avaient su dominer ce manque affectif en profitant de leurs passions, telles que l’art, la littérature, les voyages et la psychologie.
Lucie qui avait suivi une formation de psychologue animait bénévolement, hors de ses consultations de médecine générale, des séances de soutien dans l’association « la Société de Saint-Vincent-de-Paul », recevant des familles choquées par des évènements de la vie, des accidents, des agressions, des décès de parents proches…
Elle était de ce fait confrontée à de multiples traumatismes vécus par les consultants qu’elle recevait et aidait. Néanmoins, son hyperémotivité concernant les maltraitances d’enfants l’amenait à transférer ce genre de dossier à un de ses confrères.
Après une mauvaise nuit, Jean se présenta à l’accueil de l’hôtel de police de la ville, 34 rue de l’Hôpital. Lorsqu’il évoqua les raisons de sa présence à l’agent de permanence, ce dernier le conduisit dans le bureau de l’inspecteur Meyer qui était en possession du rapport rédigé par les fonctionnaires en service lors du sauvetage du bébé abandonné sur l’Ill.
Il signa une déposition relatant la découverte qu’il avait faite à la sortie de la brasserie, avant de rejoindre sa voiture. Il précisa avoir appelé le commissariat et comment il avait, avec l’aide de René Durieux et des deux policiers, pu atteindre le couffin de fortune dans lequel se trouvait l’enfant. Meyer lui demanda s’il avait relevé un indice qui permettrait d’identifier la famille. Il répondit que non, aucun indice autre qu’une bassine flottante en plastique, deux couvertures et un tissu fixé à un piquet qui retenaient la frêle embarcation.
En quittant les lieux, il croisa René Durieux qui venait accomplir la même démarche, ils bavardèrent un instant en évoquant cette triste soirée.
Le patron de la brasserie lui confia qu’il était fortement perturbé par cette affaire dramatique et qu’il n’avait pu trouver le sommeil au cours de la dernière nuit. Il avait passé en revue toute la journée et la soirée précédant le repêchage du bébé.
Une image fugace lui était revenue en mémoire ; aux alentours de 21 heures après le dernier plat qu’il avait cuisiné, il était sorti sur le pas de la porte latérale du restaurant pour fumer une cigarette. De là, il pouvait voir le pont couvert. Il s’est souvenu d’un détail auquel il n’avait pas vraiment prêté attention, il avait remarqué la présence de deux personnes qui s’agitaient au bord de l’Ill. Il les avait pris pour des passants qui discutaient, sans pouvoir identifier dans la nuit s’il s’agissait d’un couple homme et femme ou de deux hommes.
Jean lui dit qu’il s’agissait d’une information qu’il conviendrait de porter à la connaissance de l’inspecteur de police qu’il venait de rencontrer. C’était peut-être un premier indice permettant d’ouvrir une piste vers la résolution de cette énigme.
Lors d’une réunion à la Société de Saint-Vincent-de-Paul, visant à faire un bilan mensuel sur les personnes rencontrées au cours des consultations de soutien par les différents psychologues, Lucie de Bretoux évoqua la douloureuse découverte que son époux avait faite il y a trois jours à la sortie de la brasserie dans laquelle il avait dîné. Elle demanda à ses confrères si parmi les patients qu’ils avaient reçus au cours des mois précédents, il y avait une ou plusieurs jeunes femmes enceintes qui rencontraient des problèmes sérieux dans leur vie.
Un de ses confrères, Romain Fischer, évoqua le cas d’une très jeune femme enceinte sur le point d’accoucher rencontrée il y a environ un mois, laquelle lui avait confié les graves difficultés qu’elle vivait à la suite de la rupture avec son compagnon, père du futur bébé. Il détenait sa fiche. Il ne l’avait pas revue. Elle ne s’était pas présentée au deuxième rendez-vous qu’il lui avait proposé. Il précisa avoir tenté de la joindre téléphoniquement pour connaître les raisons de sa non-présentation au rendez-vous préalablement fixé, mais il s’est avéré que le numéro de téléphone était erroné. C’est un homme qui avait répondu en disant qu’il s’agissait d’une erreur, car il ne connaissait pas la personne demandée.
Lucie l’invita à questionner les services de la maternité du CHU et des différentes maternités de la ville afin de connaître la date de l’accouchement et le ressenti du personnel ayant été en contact avec elle.
Ces informations furent communiquées à la connaissance de l’inspecteur de police Meyer.
Après une rapide enquête, il résulta que la dame en question était domiciliée chez ses parents à La Wantzenau. Elle avait demandé le changement de son numéro de portable pour ne plus être en contact avec son ancien compagnon, dont elle avait rompu la relation. Elle avait accouché à la maternité du CHU et son bébé se trouvait avec elle dans son nouveau domicile.
Les époux de Bretoux évoquaient chaque soir cet acte barbare d’abandon, Jean en sa qualité de chercheur cartésien repassait depuis une semaine tout ce qu’il avait pu mémoriser lors du sauvetage de l’enfant, ce qu’il aurait pu voir lorsqu’il avait quitté la brasserie et traversé le pont couvert. Malgré ses efforts de mémoire visuelle, il ne trouvait aucun élément qui pourrait être en relation avec cette affaire. Ce n’est que quelques jours plus tard, lorsqu’il sortit les clés de sa voiture de la poche de son vêtement chaud, qu’il vit accroché à son trousseau de clés un lambeau de l’étoffe qu’il avait eu des difficultés à dénouer lors du sauvetage de l’enfant.
Il en fit part à sa femme et lui montra le bout de tissu qu’il avait placé au cours de l’action dans sa poche, sans réfléchir, tant il était concentré sur ce qu’il tentait de faire.
Lucie examina avec soin les motifs imprimés sur l’échantillon déchiré. Il s’agissait d’un velours de coton, agrémenté d’un décor fleuri aux teintes pastel, rose, bleu et jaune. Sur la bordure droite figuraient quelques caractères d’identification provenant d’une fabrication anglaise. La blessure lors de la déchirure avait effiloché le tissu, ce qui ne permit pas de lire avec précision les caractères de l’écriture.