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La rivière des parfums relate la naissance d’un amour sur la lagune à Hué Vietnam.
Cet ouvrage fait voyager le lecteur dans le passé d’une enfance qui le plonge dans les vicissitudes de la guerre, la découverte d’un nouveau monde et la beauté éphémère des fleurs de lotus. Il traite également des thèmes de la famille, du bouddhisme et de la religion des ancêtres ; une immersion dans un monde particulier pour les amoureux de la culture et des romances.
À PROPOS DE L'AUTEUR
L’écriture, selon Richard de Swarte, traduit une sensibilité artistique, à l’image du peintre qui laissera aller son pinceau sur la toile au gré de ses ressentis, qu’ils soient heureux ou tristes. Inspiré par ses voyages au Viêt Nam, il en romance une grande partie et donne naissance à La rivière des parfums.
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Seitenzahl: 150
Veröffentlichungsjahr: 2022
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Richard de Swarte
La rivière des parfums
Roman
© Lys Bleu Éditions – Richard de Swarte
ISBN : 979-10-377-7212-1
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Avec l’aimable participation de N’guyen Minh Thanh
Assis au bord de la rivière des parfums, à Hué. Mes pensées suivent le doux bercement fragile et hésitant des petits lampions éclairés en papiers colorés qui voguent sur l’eau calme.
Au loin, une musique d’inspiration japonaise se perd dans la brise chaude du soir, elle semble être emportée par ces petits bateaux d’enfants qui scintillent et font sourire les grands.
Une barque passe lentement créant un léger remous suivi d’une longue série d’ondes qui frisent le plan d’eau paisible.
Quelques auréoles apparaissent de-ci de-là, on peut y voir en éclairant à l’aide d’une torche électrique, les grosses lèvres d’un poisson bleuté aux écailles lisses et gluantes. Il fouille avec son nez de poisson le cœur des algues serrées d’où s’échappent mille petits insectes aux yeux bridés et aux ailes incolores paraissant n’être qu’un rêve sorti de l’eau.
Plus loin, le reflet des maisons en bois et des gargotes ressemble à un mirage s’élevant de la profondeur de la rivière, mère nourricière des poissons, insectes, varans et des hommes.
Le poisson aux grosses lèvres s’agite et paraît chercher sa nourriture dans le lit de l’eau aux berges fleuries.
On pourrait dire en l’observant qu’il s’applique à enlever tout ce qui trouble la clarté de la rivière. Il aspire, aspire et aspire encore et ne rejette rien, il semble distiller l’impureté en propreté. Garde-t-il ces miasmes de l’eau dans ses branchies comme le fumeur avale profondément la fumée de la cigarette et ne la rejette qu’après une longue inspiration au cours de laquelle, il garde dans ses branchies d’humain les goudrons, la nicotine et les autres poisons destructeurs contenus dans un nuage pourtant blanc.
Un long sillon lumineux apparaît sur son parcours aquatique.
L’eau devient claire derrière le poisson aux grosses lèvres, puis se trouble à nouveau au moindre remous venant briser la route fraîchement nettoyée par ce travailleur besogneux. Les dieux semblent l’avoir investi d’une mission sacrée, celle de rendre pures et propres les eaux de la rivière.
Inlassablement, il va et vient puis reprend son chemin déjà parcouru et tout aussitôt souillé.
Il pourrait dire à ses congénères : je suis le bateau faucardeur ou le poisson purificateur.
Mes frères sont dans la mer, les lacs et tous les cours d’eau. Nous nettoyons les déchets de l’humanité du monde.
Nous avons le pouvoir d’assainir et d’apporter la paix par la pureté.
Imaginez que les hommes désignent l’un d’entre eux avec pour objectif d’assainir la planète Terre.
Pourquoi pas un être éblouissant de lumière, d’une lumière éternelle qui éclairerait tous les esprits humains ?
On peut imaginer un éclair purifiant qui laverait les neurones du cerveau et les débarrasserait de toutes les pollutions médiatiques, éducatives et religieuses.
Une maison à étage bordée en façade d’une large terrasse dominant la rivière des parfums, les pièces sont réparties au rez-de-chaussée et à l’étage, l’aménagement est simple mais très propre et confortable, Il règne dans la chambre une ambiance de sérénité et une odeur pure et légère un peu citronnée avec une petite note d’épices dans laquelle on peut identifier gingembre, cannelle, curcuma.
Les nuits sont chaudes elles accentuent les senteurs et les visions imaginaires.
Les ombres paraissent lourdes elles viennent se briser sur les murs avant de s’étirer au sol. Sous elles, la terre devient noire, les milliers de brins d’herbe tendres deviennent de courts piquants semblables à la cape du hérisson.
Les fleurs se sont refermées pour se protéger, elles ont peur du noir gris obscur de la nuit.
— Aujourd’hui comme les hommes en ont compris le fonctionnement, ils tentent sans arrêt de changer la nature, ils appliquent le fruit de leurs recherches pour modifier les effets des éléments. On rend les bananiers, les goyaviers, les orangers, les cocotiers, etc., plus résistants et plus productifs, il en est de même pour les légumes. Or ces mêmes scientifiques ont aussi le pouvoir d’analyser les résultats de ces nouvelles méthodes et tu sais qu’ils sont catastrophiques pour la santé. Le corps se charge de chimie.
L’orgueil, la vanité des chefs décideurs a entraîné la mort de très nombreux habitants de ces régions. Or ces gens qui ont été massacrés ou qui ont combattu malgré eux ne demandaient qu’une seule chose, c’était de travailler pour faire vivre et subsister leur famille. J’ai connu cette douloureuse période de guerre pendant laquelle nous étions privés de l’essentiel, j’étais une toute petite fille lors des premiers troubles, les souvenirs sont bien présents dans mon esprit.
Les actes de violence s’impriment dans la mémoire des enfants et ils restent des images insupportables tout au long de la vie.
Nous sommes contraints de réussir notre parcours professionnel, il nous semble qu’en cas d’échec de celui-ci nous ne pourrons pas être, sinon heureux, au moins bien dans notre vie. Nous avons pour beaucoup d’entre nous jamais connu cette philosophie dont tu me parles aujourd’hui.
Ce court dialogue n’est pas bien éloigné de la philosophie que Thanh aimerait mettre en pratique pour tenter de sauver la terre qui glisse inexorablement sur la pente de la décadence.
J’ai connu Thanh six mois auparavant, lors d’un voyage au Viêt Nam, elle a été mon guide pendant un séjour de trois semaines. Nous avions beaucoup échangé sur le Bouddhisme, la religion des ancêtres, la réincarnation. À la fin de ce premier voyage, elle me posa la question suivante :
Si tu devais être réincarné sous la forme d’un animal lequel choisirais-tu ?
La question me surprit et je dois dire que je n’y avais jusqu’alors pas songé. Je lui répondis ceci :
— Je pense que la vie d’un chat me conviendrait assez bien, il est indépendant, il dort souvent, il aime les caresses et son côté félin me plairait.
Et toi, Thanh, quel animal choisirais-tu ?
Elle me répondit :
— Ce serait en poisson que je souhaiterais revenir sur terre, mais avec une mission bien précise, celle d’assainir l’eau des rivières…
En réalité, elle souhaiterait apaiser les tensions, la violence, rendre à la planète Terre sa pureté originelle.
23 avril 2016, après un long voyage qui a débuté en Espagne à Bilbao, mon point de départ, je suis arrivé à Hué.
Thanh était là, elle m’attendait à l’aéroport.
Nous entretenions une correspondance depuis mon dernier voyage au Viêt Nam. Elle m’avait alors proposé de me louer une partie de sa maison de Hué et aussi de me faire découvrir des lieux que je n’avais pas visités lors de mon précédent séjour. Je voulais approfondir mes connaissances sur le Viêt Nam et la dernière période de guerre.
Thanh était alors une enfant comment l’avait-elle vécue.
Nous avons évoqué ensemble l’histoire de ce beau pays blessé par les guerres.
Sur la rivière des parfums, nous nous sommes arrêtés au milieu du pont Clémenceau duquel nos yeux ont pu se remplir d’un spectacle merveilleux de beauté.
Éclairée par un doux soleil qui laissait couler ses rayons d’or, la rivière se parait d’une palette de couleurs.
Ici deux barques de pêcheurs avec un filet et une nasse, là quelques bateaux à la proue sculptée d’un dragon aux couleurs vives et plus loin à l’horizon, une nature verdoyante et fleurie, rafraîchie par les douces ondulations de l’eau.
Dans ce même décor, Thanh a vécu la guerre. Lors de l’effondrement du pont miné d’explosifs, elle avait 13 ans en 1968, ce fut pour elle un coup de sabre d’une violence inouïe.
Son souffle a été coupé au rythme des explosions qui fragiliseront à tout jamais son cœur de petite fille.