Kollection - Caroline Desreumaux - E-Book

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Caroline Desreumaux

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Beschreibung

Il suffit d'une rencontre pour tout changer...


Darius est un démon parmi tant d'autres, mais il a une obsession : la beauté.
Son talent pour créer de véritables œuvres d'art va complètement transformer sa vie.
Dans un monde des plus mornes, Darius va faire une rencontre qui va absolument tout changer.


Retrouvez la plume de Caroline Desreumaux dans son style de prédilection : le fantasy !


À PROPOS DE L'AUTEURE


A 34 ans, Caroline Desreumaux écrit des romans depuis quelques années pour son entourage. Ces romans s'inscrivent dans le style fantasy. 

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KOLLECTION

Caroline Desreumaux

CHAPITRE 1

Dans l'univers, il y a une multitude de mondes diverses et variés. Parmi eux, il y a un monde qui se nomme Goliath. C'est un endroit qui grouille de démons en tout genre. C'est sans conteste la planète la plus variée de tout l'univers. Il faut dire que c'est le seul endroit où n'importe qui peut décider de s'établir. Aucun besoin de visa, de permission ou d’autorisation pour y rester ou pour en partir. Sur Goliath, il n'y a aucune loi, aucune règle. Le chaos règne en permanence. Chacun est libre de faire ce que bon lui semble. Il n'y a personne pour réguler les conflits, chacun peut faire sa loi et se faire une place. Tous ceux qui goûtent à cette liberté ont ensuite beaucoup de mal à accepter les contraintes qu'imposent les autres mondes. Mais il était vrai que l'insécurité permanente en dissuadait plus d'un à rester. Sur cette planète, il y avait tout de même un roi. Il portait d'ailleurs le même nom que celui de son monde : Goliath. Il était le roi du chaos. Sa seule fonction était de retenir prisonniers les personnes qui avaient été condamnées dans un des autres mondes. Goliath servait de prison pour ceux qui échappaient à la peine de mort. Ils n'étaient pas nombreux car bien souvent, ceux qui enfreignaient les règles n'avaient pas de seconde chance. Le seul autre monde à avoir un système de prison était le monde Alpha, parfois connu sous le nom de planète Terre. Apparemment, ce monde restait assez primitif, il ne collaborait pas avec les autres dimensions ou autre. C'est pourquoi il gérait ses problèmes tout seul et qu'il n'envoyait personne sur Goliath. Le roi de Goliath n'avait pas beaucoup de prisonniers à surveiller cependant, il n'avait pas le droit à l'erreur. Son rôle de geôlier lui avait été confié par l'assemblée des dieux des autres planètes. Pour qu'il puisse mener à bien sa mission, ils lui avaient conféré l'immortalité tant qu'il occuperait son poste. Son statut lui avait été attribué des centaines d'années auparavant et il n'avait jamais failli une seule fois dans la tâche qui lui avait été confiée. Le monde Goliath était vu comme un purgatoire, il était ouvert à tous et tous pouvaient aller et venir comme ils le voulaient à l'exception des quelques prisonniers bien entendu. Goliath était en quelques sortes l'Enfer de l'univers.

Darius était né sur Goliath et il n'avait jamais souhaité en partir. Il avait appris à se faire une place au milieu du chaos et cela lui convenait très bien. Il lui était déjà arrivé de voyager entre les mondes plusieurs fois, mais cela demandait tellement de paperasse pour obtenir les autorisations qu'il évitait au maximum de se déplacer. Les autres mondes étaient intéressants mais cela demandait trop d'efforts pour pas grand-chose. Les parents de Darius étaient partis de Goliath il y avait de ça plusieurs années maintenant, ils rêvaient de partir vivre dans le monde de la lumière ; ils n'en pouvaient plus de vivre sur Goliath. L'obscurité était permanente et enveloppait tout sur son passage. La végétation, privée de lumière, était d'une blancheur éclatante. Elle luisait presque dans le noir. Tout était sombre et sinistre. Et lorsque les parents de Darius réussirent enfin à obtenir leurs visas pour partir s'installer ailleurs, Darius refusa de les suivre. Il se plaisait à vivre tapi dans l'ombre, et la liberté qu'offrait ce monde était incomparable. La survie dans un monde sans règles dépendait uniquement de la capacité à s'adapter à toutes les situations qui pouvaient se présenter. Seuls les plus forts ou les plus malins arrivaient tirer leur épingle du jeu. Et Darius avait su se faire une place confortable et pour rien au monde il aurait voulu s'installer ailleurs. Darius était un artiste dans l'âme et un perfectionniste. Il avait une obsession : rendre les choses belles. Et ici, il y avait tellement de potentiel et de travail à faire, qu'il se sentait comme au paradis.

La beauté était tellement captivante pour Darius qu'il pouvait rester des heures à contempler ce qui lui plaisait. Pour réaliser ses œuvres, il prenait toujours bien le temps de réfléchir à ce qu'il voulait créer et une fois que son idée était claire et précise, il se lançait dans la réalisation du projet. Et dans ces moments-là, le temps n'existait plus pour lui. Il ne vivait plus que pour son art, il lui consacrait absolument tout. Darius aimait relever des défis ; choisir un objet anodin et travailler dessus jusqu'à le rendre hypnotisant. Darius était connu et reconnu dans son domaine. Sa particularité, le travail en monochrome. Il pouvait jeter son dévolu sur n'importe quoi qui lui tombait sous la main, il choisissait une couleur et jouait avec ses nuances jusqu'à atteindre la perfection. Ses œuvres étaient inestimables. Elles traversaient les dimensions, si bien que Darius ignorait jusqu'où son nom était célèbre dans l'univers. Quoi qu'il en soit, un jour, Darius reçut une commande qu'il ne put refuser. Le roi Goliath en personne lui fit une proposition en or. S'il parvenait à lui offrir une collection d’œuvres d'art unique en son genre et qui ferait un tollé à travers tout l'univers, il ferait de lui son héritier pour le trône. Il avait carte blanche, il pouvait créer ce qu'il voulait. Le seul objectif était de faire quelque chose de suffisamment merveilleux pour plaire au roi et que tout le monde meurt d'envie de s'emparer de sa collection. Les yeux de Darius s'étaient illuminés. Son art pouvait lui ouvrir les portes des plus hauts sommets. Ce serait une véritable consécration ! Que pouvait-on rêver de mieux que d'être élevé au rang de Dieu ?!

CHAPITRE 2

Pendant des jours et des jours, Darius se creusa les méninges. Il fallait qu'il trouve une idée originale qui puisse suffisamment subjuguer le roi pour que celui-ci décide d'échanger son trône contre sa collection. Des milliers d'idées fusaient dans son esprit, ça partait dans tous les sens. Darius devait se calmer et se poser les bonnes questions avant de partir tête baissée dans un projet titanesque … car une collection devait obligatoirement être composée de plusieurs œuvres. Le travail serait énorme et il ne devait pas passer à côté d'une telle aubaine. Darius regorgeait d'idées mais cette fois ci, il fallait qu'il vise une personne en particulier. Le roi devait impérativement tomber sous le charme de sa collection. Une question se posa alors, Qu'est-ce que le roi affectionnait vraiment ? Il fallait que la collection les transcende tous les deux. En réfléchissant bien, Darius se dit qu'il pouvait se servir de ce qu'il savait déjà. Goliath était passionné depuis toujours par le monde Alpha, celui des humains. Il s'intéressait beaucoup à tout ce qui touchait aux Hommes. Darius décida de se renseigner sur ce monde qu'il ne connaissait pas du tout. Il lut beaucoup d'ouvrages sur le sujet mais ne trouva aucune inspiration particulière. Il ne voyait pas grand intérêt à cette dimension-là. Qu'est-ce qui pouvait bien attirer le roi dans ce monde ? Pour en avoir le cœur net, il devait se rendre sur place et voir par lui-même ce qu'il pourrait bien en tirer. Il n'avait pas le choix, il s'arma de courage pour remplir une demande de visa pour le monde Alpha sous le motif d'un projet artistique pour le roi. Ces quelques mots avaient suffi à lui ouvrir les portes puisque le roi lui avait donné carte blanche dans sa démarche. Darius était satisfait de la facilité avec laquelle il avait obtenu son visa. Il ne lui restait plus qu'à mener à bien sa mission de repérage.

Darius débarqua sur la planète Terre et mit quelques minutes à s'habituer à la clarté environnante. Cela faisait des années qu'il n'avait pas quitté Goliath, et là-bas, l'obscurité régnait en maître. Il comprit rapidement que dans ce monde, il n'était pas visible. Les gens ne le voyaient pas et ils pouvaient lui passer au travers. Personne n'avait prévenu Darius que dans ce monde, il ne pouvait pas se matérialiser. Ce détail l'arrangeait bien, il pourrait ainsi se promener où bon lui semblait sans avoir à perdre de temps avec les autochtones. Car Darius remarqua immédiatement la différence qu'il y avait entre lui et les humains. Non seulement il faisait le double d'eux en taille mais en plus, il ne leur ressemblait pas du tout. Sa peau était couverte d'écailles noires luisantes, ses yeux étaient entièrement noirs et reflétaient celui qui les regardait. Seules ses griffes blanches acérés au bout des doigts et ses crocs ressortaient. Le blanc tranchait avec le reste et attirait l’œil.

Darius s'immergea complètement dans cet étrange univers terrien. Les humains étaient de différentes couleurs, de différentes corpulences, ils s'agitaient dans tous les sens. Darius se concentra sur leur culture, leurs mœurs et coutumes. Il visita des tas d'endroits et se familiarisa avec toutes leurs inventions et constructions. Il consacra énormément de temps à analyser ce qu'il voyait, ce qu'il comprenait ou ce qui l'intriguait. Ce monde le laissait plutôt perplexe, qu'est-ce que le roi pouvait bien trouver de si intéressant ici ? Darius ne savait pas trop quoi penser, rien ne lui semblait vraiment exceptionnel. Il décida de mettre de côté la volonté du roi et de se concentrer uniquement sur ce qu'il pourrait bien exploiter artistiquement s'il devait être coincé dans ce monde pour toujours. Les choses lui paraissaient tout de suite plus attractives et les idées ne tardèrent pas à germer dans son esprit. S'il devait vivre ici, son art se tournerait vers les forêts … Darius regardait cette multitude de végétaux et imaginait des forêts complètes retravaillées, arrangées, mono-chromées. Le problème, c'était qu'il ne pouvait pas déplacer des montagnes entières dans son royaume pour les travailler et les offrir au roi. Et puis, une collection supposait qu'il devait en faire plusieurs … le projet était merveilleux mais irréalisable. Darius revit ses exigences à la baisse, pourquoi ne pas choisir quelques arbres et créer un ensemble qui pourrait être vu soit comme une œuvre à part en entière, soit comme une collection que l'on assemble. Mais Darius restait dubitatif. Ce projet ne sortait pas suffisamment de l'ordinaire, l'idée n'était pas assez grandiose pour rafler un trône à un roi. Il devait voir plus grand et ne pas se laisser influencer par l'art que les Hommes avaient pu esquisser. Darius poursuivit son chemin, regardant les fleurs avec envie … il avait des tas d'idées à exploiter mais aucune ne correspondaient avec ses attentes magistrales. Il marchait l'âme en peine, arpentant les rues sales des villes. Il lui arrivait de traverser des maisons, des magasins, des restaurants et même des musées. Il ne voyait rien qui puisse l'inspirer pour son projet.

Darius baissa les bras. Cela faisait plusieurs jours qu'il arpentait sans relâche le monde Alpha et rien ne l'enchantait. Il décida de retourner au portail inter dimensionnel pour rentrer chez lui. Darius prit le chemin le plus court et tira tout droit vers sa destination. En chemin, il traversa un salon de tatouage. Un homme était en train de tatouer un immense dragon dans le dos de quelqu'un. Darius s'intéressa de plus près à ce qu'il voyait. Il observa attentivement ce que le tatoueur était en train de faire. Il trouvait ça magique. Le dessin prenait vie sur la peau d'un autre, l’œuvre était transcendée en quelque chose de vivant. Darius avait des étoiles plein les yeux. Il avait enfin trouvé ce pour quoi il était venu. Il assista jusqu'à la fin de la séance, captivé par le spectacle. Darius resta hanter le salon de tatouage plusieurs jours afin de prendre le temps de bien cerner les techniques utilisées et de repérer tout le matériel dont il aurait besoin.

De retour sur Goliath, Darius dû monter un dossier pour obtenir le droit d'importer tout ce dont il avait besoin du monde Alpha vers le sien. Le contrôleur le convoqua lorsqu'il lut la liste de ce que Darius demandait de transférer.

- Bonjour Monsieur Darius, je m'excuse de vous faire déplacer jusqu'ici mais votre requête a suscité quelques questions.

- Bonjour Monsieur le contrôleur. Je vous écoute.

- Tout d'abord, vous souhaitez importer sur Goliath du matériel terrestre, je me dois de vous demander dans quel but, même si je devine très bien la réponse que vous allez me donner, mais je suis désolé, c'est le protocole.

- Il me faut ce matériel pour pouvoir réaliser la nouvelle œuvre que j'ai en tête.

- Fort bien. La liste sera étudiée par nos experts et nous vous tiendrons informer des frais de douanes qui s'appliqueront.

- L'attente sera longue ?

- Cela va dépendre de nos agents … je ne saurais vous dire. Mais nous devons voir un dernier point ensemble. Dans votre liste, il y a un être humain.

- C'est exact. Il fera partie de mon projet artistique.

- Les êtres vivants ne sont pas considérés comme des objets. Pour voyager d'un monde à l'autre, il doit obligatoirement obtenir un visa.

- Ah … vous ne pouvez pas le considérer comme une toile vierge ?! Parce que c'est ce qu'il représente pour moi.

- Je suis désolé Monsieur Darius, tout ce qui est vivant est soumis au même régime. Il n'y a pas de dérogation possible, mais rien ne vous empêche de faire une demande de visa nominative.

- Je croyais que pour venir sur Goliath, il n'y avait pas besoin de visa ?!

- Le visa n'est pas pour venir sur Goliath, le visa dont je vous parle est pour autoriser une personne à quitter le monde Alpha … chaque monde a ses règles vous savez. Là-bas, la population est très contrôlée.

- Quel enfer ! À ce rythme-là, le roi ne verra jamais sa collection privée voir le jour …

- Votre projet est pour le roi ?

- Oui, il m'a demandé de réaliser quelque chose pour lui … c'est pourquoi je suis allée voir sur Terre si je pouvais trouver matière à travailler.

- Mais dans ce cas, ça change tout. Un mot de sa part et vous obtiendrez tout ce que vous souhaitez !

- Hors de question ! Je ne veux pas qu'il sache sur quoi je travaille. Je veux lui offrir quelque chose auquel il ne s'attend pas. Je veux le voir le souffle coupé le jour où il découvrira la collection que je lui ai préparée !

- Monsieur Darius, vous êtes incroyable ! Je vais faire mon possible pour vous faciliter la vie et que vos demandes soient satisfaites. Nous suivrons le protocole mais avec un objectif aussi glorieux, vous n'aurez aucun mal à vous fournir, ne vous en faites pas.

Darius repartit sur Terre pour sélectionner le premier humain qui deviendrait une de ses pièces de sa collection. Puisque les visas étaient nominatifs, il devait trouver sa première toile et faire une demande de visa pour elle. Darius porta son choix sur une jeune femme blanche qui n'avait pas de pigment, une albinos. Par chance, cette fille avait une jumelle. Darius décida de prendre les deux. Il fit une demande de visa pour les deux sœurs. Le contrôleur n'avait pas menti, sa requête fut rapidement validée. Un contrôleur assermenté récupéra les deux femmes sélectionnées et Darius put emmener ses trouvailles sur Goliath dès le lendemain. Les deux femmes étaient terrorisées, elles ne comprenaient pas ce qu'il se passait et lorsqu'elles virent Darius se matérialiser devant elles, le cauchemar fut à son comble.

Pour pouvoir travailler en paix, Darius avait demandé les services d'une ensorceleuse pour qu'elle plonge les humaines dans un profond sommeil. Les ensorceleurs pratiquaient la magie. Ils n’avaient pas tous les mêmes capacités, ni les mêmes connaissances. Erza était une petite ensorceleuse plutôt douée que Darius avait pris sous son aile depuis plusieurs années. Il faisait régulièrement appel à elle pour se faciliter la vie. En échange de ses services, Erza bénéficiait de sa protection. Et sur Goliath, cela n’avait pas de prix.

Bien qu’Erza soit dotée de pouvoirs magiques, elle luttait pour assurer sa survie. Dans ce monde, il fallait constamment surveiller ses arrières. Pas facile lorsque l’on est seul et que l’on doit se reposer.

Erza était une ensorceleuse pure souche. Son pouvoir était grand mais sa petite taille n’était pas toujours à son avantage. Les ensorceleurs ressemblaient à de petits félins filiformes. Erza avait de grands yeux mauves qui brillaient dans la nuit. Ses oreilles captaient le moindre son, et lorsqu’elle souriait, ses petits crocs acérés ressortaient. Les ensorceleurs n’avaient rien d’impressionnant mais il ne fallait pas pour autant les sous-estimer.

En s’associant avec Erza, Darius avait trouvé un allier de poids qui lui permettait de pérenniser son mode de vie. Tous les deux y étaient gagnants.

Maintenant que les humaines étaient inertes, il serait beaucoup plus facile de réfléchir et de se lancer dans le projet qu'il avait en tête. Pour commencer, Darius voulait travailler la première fille avec la couleur rouge. Son œuvre d'art représenterait un joyau de la couronne, elle incarnerait le Rubis. Darius avait une idée bien précise de ce à quoi il voulait parvenir au final. Il alluma les machines et se concentra sur son art. Il lui fallut plusieurs jours pour peaufiner les détails et obtenir le bijou qu'il avait en tête. Rien n'avait été laissé au hasard, chaque parcelle de peau était soigneusement pensée. Darius avait dessiné des motifs qui sublimaient le corps. Il avait trouvé une technique pour colorer entièrement l'intérieur de la bouche, seules les dents restaient blanches. Il avait également trouvé le moyen de colorer les iris des yeux, les ongles et les cheveux. Rubis était parfaite ! Son premier chef d’œuvre était resplendissant, il en était fou. Darius décida de l'installer dans une chambre entièrement assortie. Encore une fois, il passa plusieurs jours à confectionner un écrin pour que son bijou soit mis en valeur. Il était plus que satisfait du résultat, Rubis l'envoûtait par sa beauté. Darius était littéralement subjugué. La passion de son art ne tarda pas à lui rappeler qu'il avait encore beaucoup de pain sur la planche. Excité, il retourna dans son atelier pour s'occuper de la deuxième : Quartz Rose.

Cette dernière était plus délicate et fine que sa sœur, c'est pour cette raison que Darius avait pensé la faire dans une couleur plus douce, une couleur qui lui correspondait bien. Comme pour Rubis, il savait exactement comment la mettre en valeur. Il travailla plusieurs jours d'affilée pour arriver au résultat qu'il avait en tête. Quartz Rose était tout aussi bien réussi que Rubis. Darius en avait les larmes aux yeux. Ce projet le prenait aux tripes tant il était émerveillé par les œuvres d'art qu'il parvenait à créer. Il enchaîna directement avec la confection d'un écrin adapté pour y déposer son nouveau trésor. Darius était exténué d'avoir tenu un rythme aussi effréné pour les réaliser. Il avait toujours tendance à se laisser dévorer par sa passion jusqu'à ce qu'il ne tienne plus debout.

Après s'être longuement reposé, Darius revint admirer ses créations qui reposaient paisiblement dans leur vitrine. Pour mieux les admirer, il avait mis un miroir sans tain sur tout un pan de mur. Ainsi, il pouvait les observer dans leurs écrins à leur insu. Rubis et Quartz rose étaient voisines mais elles ignoraient encore qu'elles n'étaient séparées que par un mur. Darius les contemplait dormir. Son cœur battait fort dans sa poitrine. Ce merveilleux projet le ravissait au plus haut point. Erza, l’ensorceleuse, le rejoint dans sa contemplation.

- Ne seraient-elles pas encore plus belles les yeux ouverts ?

- Si, bien entendu. Mais je profite de ce moment pour immortaliser cette image. À leur réveil, leurs traits seront déformés par toutes sortes d'émotions. Et je ne sais pas non plus comment faire pour empêcher le temps de gâter mon œuvre …

- Tu as peur qu'elles se flétrissent rapidement ?

- Le côté éphémère de l’œuvre lui donne encore plus de valeur, ce n'est pas ce qui m'inquiète. Le problème c'est que leurs ongles et leurs cheveux ne cessent de pousser … cela engendre des imperfections qui me rendent fou.

- Je peux peut-être t'aider pour ce détail.

- Comment ça ?

- Je peux te préparer un filtre qu'elles devront boire tous les jours. Il stoppera l'évolution cellulaire. Par contre, le seul inconvénient, c'est que je n'ai aucune idée des conséquences que cela aura sur des humains. Cela pourrait très bien les figer dans le temps et les rendre immortelles, tout comme cela pourrait empêcher leur corps de se renouveler pour les maintenir en vie.

- C'est embêtant. J'aimerais offrir une collection vivante au roi … pour que ma collection soit totalement unique, tu comprends ? Il sera toujours temps de conserver la collection de cadavres plus tard …

- Ramène moi un humain lors de ton prochain voyage, comme ça, nous pourrons faire un test sur lui en attendant que tu finisses ta collection. On verra bien quels seront les effets du sort avant de soumettre la collection au roi.

- Très bonne idée ! Je te remercie.

- Souviens t'en lorsque tu seras devenu roi à ton tour …

- Évidemment ! Tu seras récompensée à juste titre.

- Aller, réveillons nos charmantes demoiselles.

Erza libéra les deux humaines de son enchantement. Darius les observait à travers la vitre. Il attendit patiemment que l'une d'elles daigne ouvrir les yeux. Erza lui avait expliqué que plus longtemps on restait prisonnier du sort de sommeil, et plus il était difficile d'en sortir. C'est Quartz Rose qui se réveilla la première. Elle émergea difficilement et la perte de repères n'arrangeait rien. Darius entra dans la chambre et vint se poster à son chevet. Dès qu'elle le vit, elle se mit à hurler. Il faut dire que les humains n'ont pas l'habitude de voir des démons, ils se laissent facilement impressionner. Darius ne se montrait pourtant pas menaçant. Il la regarda tomber du lit et ramper jusque dans l'angle le plus proche. Elle était recroquevillée sur elle-même et enfouissait son visage contre ses genoux. Elle tremblait de tous ses membres. Darius tenta de lui expliquer la situation pour qu'elle comprenne et se calme.

- Désolé de vous faire peur, ce n'était pas mon intention. Je vous jure que vous n'avez rien à craindre ici, je vais prendre soin de vous, ne vous inquiétez pas. Vous êtes ici chez vous, je crois avoir pensé à tout ce dont vous auriez besoin donc n'hésitez pas à vous installer confortablement.

Quartz Rose n’osait pas lever les yeux. Elle restait prostrée dans son coin sans oser bouger ni dire quoi que ce soit. Darius la regardait avec des yeux mornes. Il ne comprenait vraiment pas ce que le roi pouvait bien trouver aux humains. Ils étaient d'un ennui mortel.

- Je ne pense pas que vous soyez plus en sécurité dans le coin de la pièce plutôt que dans le lit mais bon, faites comme bon vous semble. Je repasserai plus tard.

Quel cauchemar ! Quartz Rose suffoquait tant la terreur lui coupait le souffle. Lorsqu'elle fut certaine d'être enfin seule, elle osa jeter un regard dans la pièce. Elle se crut dans la chambre de Barbie. Toute la décoration était rose … elle avait une sainte horreur de cette couleur ! Elle réalisa alors que ses ongles étaient roses. Elle se redressa quelque peu et remarqua des marques roses sur sa peau. Elle se rendit compte qu'elle était entièrement nue et que son corps entier était barbouillé de rose. Ses cheveux qui lui tombaient devant les yeux étaient roses eux aussi … ce taré l'avait kidnappée et transformée en Barbie ! Elle s'était toujours plainte de son albinisme qui la rendait singulière comparé aux autres, mais là, son apparence était grotesque ! Elle repéra une porte rose dans la pièce. Sans réfléchir, elle se précipita sur la poignée. La pièce donnait sur une petite salle de bain dans laquelle se trouvait une cabine de douche et des WC … roses bien évidemment. Un grand miroir surplombait le lavabo. Quartz Rose se statufia lorsqu'elle vit son reflet

Pendant ce temps-là, Darius guettait le réveil de Rubis. Elle semblait lutter pour parvenir à se réveiller. Darius lui prit la main et lui murmura des mots d'encouragements à l'oreille. Au bout d'un moment, ses paupières bougèrent de plus en plus et elle finit par ouvrir les yeux. Son regard croisa celui de Darius et elle aussi se mit à hurler d'épouvante. Elle retira brusquement sa main de la sienne et s'écrasa dans les oreillers, les yeux rivés sur lui. Darius recula d'un pas pour ne pas se montrer menaçant et attendit qu'elle fasse moins de bruit pour lui ressortir le même petit speech qu'il avait adressé à sa sœur.

- Qui êtes-vous et qu'est-ce que vous me voulez ?

- Je m'appelle Darius et je ne vous veux absolument rien.

- Alors pourquoi m'avoir enfermée ici ?

- C'est provisoire, ne vous en faites pas.

- Où est ma sœur ? Elle était avec moi …

- Elle va bien, elle est dans la pièce à côté.

- Je veux la voir !

- Chaque chose en son temps. Je vous laisserai la voir plus tard.

Rubis s'était montrée beaucoup plus réactive et agressive que sa sœur. Ses grands yeux paniqués ne gâchaient en rien sa beauté. Darius était satisfait du travail qu'il avait accompli. Même mortifiées, ses créations étaient de véritables chefs d’œuvres ! Il n'avait qu'une hâte, poursuivre sa collection ! Mais avant de retourner dans le monde Alpha pour y chercher de nouvelles toiles vierges, Darius décida de préparer tous les écrins en amont.

Il travailla sans relâche pour transformer sa demeure en véritable boite à bijoux. Au total, dix chambres furent aménagées. Toutes sur le même modèle mais toutes foncièrement uniques. Darius rendait régulièrement visite à ses deux trésors. Il fallait bien les nourrir pour pas qu'elles ne dépérissent. Avec le temps, Rubis s'était radoucie et avait arrêté d'agresser Darius à la moindre occasion. Elle avait vite compris qu’il n’avait pas un mauvais fond et qu’elle avait bien de la chance d’être tombée sur ce genre de détraqués. Son imagination débordante lui avait permis de relativiser la situation. Darius était sa seule compagnie et elle devait bien l'avouer, il la traitait bien. Elle était à sa merci et pourtant, il ne lui faisait rien et essayait de la ménager. Elle avait rapidement accepté sa nouvelle image. Son look lui plaisait. Elle avait toujours aimé être marginale et là, elle était servie. De son côté, Quartz Rose s'était refermée sur elle-même. Elle refusait d'adresser la parole à Darius et passait le plus clair de son temps, cachée sous les couvertures. Darius voyait bien que le temps n'arrangerait rien. Il détestait son comportement absurde. Il la trouvait stupide. Elle n'avait rien à voir avec sa sœur décidément !

Pour tenter de les apaiser au maximum, Darius décida d'offrir un cadeau à chacune d'entre elles. Il commença par Rubis.

- Rubis, je souhaite t'offrir quelque chose. Il va falloir que tu réfléchisses bien avant de me répondre car tu n'auras droit qu'à une seule occasion de me demander quelque chose. Tu peux me demander ce que tu veux mais attention, si c'est inenvisageable ou irréfléchi, je serais obligé de refuser et tu n'auras rien.

- Quand est-ce que je dois donner une réponse ?

- Prends le temps que tu veux, c'est toi qui décides. Quand tu auras pris ta décision, tu me le diras.

Darius quitta Rubis et partit porter le repas à Quartz Rose pour lui dire exactement la même chose. Cette dernière était intéressée par la proposition. Elle n'osait toujours pas regarder Darius car celui-ci lui faisait vraiment trop peur mais son offre était plus que bienvenu. Elle allait répondre quand Darius la coupa.

- Je repasse ce soir pour t'apporter de la nourriture. Tu me donneras ta réponse à ce moment-là. Et par pitié, réfléchis bien avant d’émettre ton souhait … ça m'embêterait de devoir te dire non.

La journée passa et Darius n'arrêtait pas de se demander ce qu'elles allaient bien pouvoir lui demander. Il était persuadé que Quartz Rose allait s'entêter à lui demander l'impossible … elle était trop stupide pour se raisonner. Et concernant Rubis, il n’avait aucune idée de ce qu’elle demanderait. Le soir venu, lorsqu’il repassa la voir, il ne put s’empêcher de lui demander si elle avait fait son choix.

- Alors, sais-tu ce que tu voudrais ?

- Il serait bête de te demander de me libérer ou de me ramener chez moi … si c'était possible, tu m'aurais déjà relâchée, n’est-ce pas ?

- En effet.

- Tu m'as dit que ma sœur était ici elle aussi … alors je voudrais la voir mais j'ai réfléchi à une formulation précise pour ma demande : J'aimerais pouvoir passer du temps avec ma sœur quotidiennement … Est-ce que c'est possible ?

- Je vois que tu as écouté les consignes et que tu as su te montrer intelligente. Je n'en attendais pas moins de toi. C'est avec plaisir que j'accède à ta demande.

- Ouiiiiii, cela me réchauffe le cœur. Vraiment.

- J'ai offert le même privilège à ta sœur, je vais aller écouter sa réponse. S’il s'avère que c'est la même chose que toi, je vous donnerai l'occasion de reformuler une requête.