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Je me suis réveillé presque miraculeusement. Les vagues épousaient mes joues englouties dans le sable. Le paysage se montrait indescriptible, d'une beauté admirable. J'ai toujours pensé que le bonheur n'était rien d'autre qu'éphémère. Mais ici, à Kryptopie, j'ai comme une nouvelle chance. Celle de pouvoir me reconstruire en quelque sorte.
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Seitenzahl: 64
Veröffentlichungsjahr: 2021
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L’Errant Submergé, BoD, 2020
Kryptopie
À Apolline, Ma meilleure amie
Mes amis,
À tous ceux qui croient en moi
À l’horizon, des sommets que cachaient les nuages
Pacôme Bienvenu
Les averses s’enchaînent, je ne pense qu’à cette île du Pacifique, à son monde qui m’est qu’utopique
Pacôme Bienvenu
Quand je la ferme, c’est pour empêcher ma parole de perdre ce que mon silence a gagné
Lefa
Kryptopie
Le voyage
10 décembre 2020.
10 h35.
D’après le texte d’Apolline Frixon.
ÉCHOUÉ
Je ressens comme un goût d’inachevé
Te souviens-tu, du temps révolu
Une bribe d’un passé qui n'est plus rien
Pense
Le cœur comme une éponge
Le Passé
Le soleil
J'ai l'impression de vivre en boucle
Et si le diable s’y met,
Je Fuis La Réalité
Sur les contrées de Kryptopie.
KRYPTOPIE
Maléfique
Une atmosphère enivrante
Je rêve d'une fusée qui nous fera décoller
Je n’ai jamais perdu le cours de l’histoire
En solo ou en groupe,
Un silence sous tension
L’UTOPIE
Les cent pas
Les averses s’enchaînent,
Et si on prenait la fuite ?
Vendre son âme,
Cette nuit ensemble,
Ambroisine,
Épilogue
Un jour, tout recommencera,
Mais rien ne destinait ce jour à arriver aussi rapidement. J’aurais voulu prendre le temps d’apprécier l’instant, ce moment d’apaisement. Mais le temps n’attendait pas. Et même si je n’avais plus vraiment conscience du temps qui défilait, il n’était pas question de s’arrêter en si bon chemin. Le voyage ne faisait que commencer. Les étoiles qui brillaient dans le fond de mes pupilles avaient balayé la pénombre qui obscurcissait mon regard. Ici, sur cette île où je me suis échoué, les saisons n’existent plus. Je traverse les jours sans me préoccuper de ce qui va m’arriver. Bien sûr, tout était encore loin d’être rose, mais la noirceur avait maintenant des nuances de couleurs. Des couleurs encore pâles, mais qui se destinaient à briller, un jour ou l’autre. Il me restait à comprendre tout ce qui m’était arrivé durant ce long voyage. Mon crâne avait tout oublié. Ou presque, puisque je savais que tu naviguais à mes côtés. Mais sur cette plage aux allures paradisiaques, je me retrouvais seul, perdu, mais en vie.
Je me suis perdu moi-même, mais sans jamais perdre le fil de mon ascension. Ce que j’ai compris, c’est que j’aimais emprunter des détours. Des détours où je fuyais les démons qui m’incitaient à sauter dans le gouffre. Je n’ai jamais aimé les chemins, droits, bien tracés. Je n’ai jamais aimé la facilité. En fait, même si l’on dit que le bonheur se trouve dans les choses simples, c’est dans l’inconnu, dans la difficulté que je vibre. Mais j’ai toujours réussi à retrouver le chemin jusque-là. Il n’y a aucun miracle au fait d’avoir réussi à retrouver la terre ferme. Et puisque je ne crois pas au hasard, alors je vois ici un signe du destin. Un jour tout s’arrêtera, forcément. Mais ce jour, je le repousserai. Parce que la vie a encore de grandes choses à offrir, à nous offrir. Même loin de chez moi, sur cette île du Pacifique que mes rêves ont dessiné sans cesse, j’y trouverai mon compte. Ce n’est qu’un détour, un raccourci peut-être, sur la suite de l’histoire. Et l’histoire, je ne voudrais jamais qu’elle puisse se terminer. C’est comme ça, il faut lutter. Je n’ai pas vraiment pris le temps de profiter de la sortie de l’Errant Submergé. En fait, je n’avais pas vraiment imaginé que l’histoire puisse continuer, avant de me rendre à l’évidence. Les voix ne m’ont laissé souffler qu’une poignée de jours. En vérité, juste avant la sortie de ce premier recueil, la suite avait déjà pris vie. On dit que le plus dur chez un artiste, c’est la deuxième œuvre. Le deuxième grain de sable qui viendra construire la prochaine dune qu’il faudra affronter, maitriser, avant de pouvoir la libérer. Ce deuxième grain de sable a subtilement pris sa place sur les fondations de ce second recueil. Les voix m’ont de nouveau invité à me plonger dans les eaux d’un océan en pleine tempête. La vie, ses tourments ont fait naître de nouveaux textes, de nouveaux horizons. Comme le premier, j’ai eu peur. Mais ce n’était pas la même peur. Ce que j’admire chez les artistes, c’est le fait de savoir se renouveler. Si l’aspect, la forme, de ce second volet ressemble au premier, j’ai su, je pense, traiter le voyage de l’Errant sous un autre angle. Celui d’un naufragé, au milieu d’une île paradisiaque, presque miraculé, prêt à reconstruire et retrouver tout ce qu’il avait perdu. Dont sa protégée, disparue du radeau naviguant sur les eaux depuis de nombreux mois.
J’émerge en douceur. Non, ici, rien ne m’est vraiment familier. Mais je me sens apaisé, loin de cette vague qui aurait pu avoir raison de mon existence. Je relis une nouvelle fois cette lettre que tu m’as laissé.
- Alors monsieur ? Comment vous sentez-vous à présent ?
L’homme, au visage d’ange, se dressait au-dessus de mon corps. Ce dernier dégageait une sérénité sans nom. Sa voix, pleine de sagesse, me laissa presque sans mot.
- Je ne sais pas, où suis-je ? demandais-je.
- Vous ne vous souvenez de rien ? Vous êtes ici à Kryptopie, une île dans le Pacifique. Ce matin, alors que je me baladais sur la plage, vous étiez allongé, sans vie.
J’avais du mal à faire la part des choses, entre le réel et l’irréel. Mon voyage sur ce radeau, dérivant sur ces eaux bien agitées, n’était donc pas un rêve ? J’avais alors réussi à atteindre ce rivage. La vague, qui m’a submergé sans pitié, avait-elle décidé de me délivrer de son emprise ?
- Vous vous êtes réveillé en bredouillant quelques mots. J’ai retrouvé quelques bribes de ces mots dans ce carnet.
L’homme me tendit ce carnet. La mémoire me revenait. Pendant ce périple, j’avais écrit sans relâche, contre vents et marées.
Je m’empressais de feuilleter ce petit carnet. Des textes par dizaine, épargnés par la vague. Comment était-ce possible ? Chaque page se montrait intacte, sans la moindre bavure d’eau salée.
J’ai donc atteint cette île dans le Pacifique. Ce grand carré bleu, ce paradis.
- Les habitants se trouvant aux abords de la plage sont alors venus vous porter secours, continua-t-il. Vous aviez très mauvaise mine. Votre peau fripée et sans couleur, vos cheveux abimés, vos yeux rouge sang inquiétants. Je me suis demandé ce qui avait pu vous arriver. Mais surtout, comment vous aviez pu sortir de la monstruosité de l’océan.
- Je ne pourrais pas vous expliquer.
Je ne le saurai probablement jamais. La seule chose dont je suis sûr, c’est qu’aujourd’hui, je suis en vie.
Je tenais encore cette lettre que tu m’as adressé. La vague ne t’aura donc pas épargnée. Les profondeurs monstrueuses de l’océan auront sûrement eu raison de toi. Mais je ne voulais pas me résigner. Non, je ne voulais pas m’encrer cette idée en tête. Je me devais de te retrouver. Où-es-tu ?