L'air du temps - Jean-Claude Woillet - E-Book

L'air du temps E-Book

Jean-Claude Woillet

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Beschreibung

L’air du temps évoque le temps qu’il fait dans treize pays différents, et dans diverses circonstances. Ce tour du monde est l’occasion de découvrir, dans le cadre de douze nouvelles, que des événements climatiques peuvent être des aventures humaines remarquables. Ainsi est éclairée la capacité des femmes et des hommes à comprendre, à s’adapter, à subir, à résister et à lutter quand le climat est à la manœuvre.


À PROPOS DE L'AUTEUR


Les vacances d’enfant de Jean-Claude Woillet, chez sa grand-mère, sont marquées par la lecture du seul livre disponible : un atlas scolaire qui préfigure déjà sa vie professionnelle. Plus tard, devenu géographe, il voyage dans une quarantaine de pays, sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies. Ces séjours vont alimenter une trentaine d’ouvrages, dont le recueil de nouvelles L’air du temps. La littérature de voyage est ainsi au cœur de l’écriture.

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Jean-Claude Woillet

L’air du temps

Nouvelles

© Lys Bleu Éditions – Jean-Claude Woillet

ISBN : 979-10-377-7131-5

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Préface

Il ne s’agit pas, ici, du temps qui passe mais du temps qu’il fait et Dieu sait qu’il en fait beaucoup : beau temps, sale temps, mauvais temps, temps frais, temps pluvieux, temps nuageux, temps orageux, temps d’hiver, etc.

Ce recueil de nouvelles parcourt justement le temps qu’il fait dans toutes sortes de pays et de régions et dans toutes sortes de circonstances.

Il ne s’agit jamais, bien sûr, du temps normal, modéré, quelconque. Il est, ici, toujours excessif : trop ceci, trop cela, le plus souvent porteur d’inconfort, voire de risques, mais aussi, parfois, surprenant, à la limite de la dérision. Pour les lieux, la palette est de rigueur, puisqu’il s’agit de parcourir le monde : France, Autriche, Lesotho, Maroc, Madagascar, Afghanistan, Mali, Djibouti, Mauritanie, Laos, Tristan da Cunha.

Autant d’événements climatiques, autant d’aventures humaines.

Le climat façonne, lui aussi, les sociétés, dans le monde, et lorsque le temps est redoutable et redouté, il éclaire les comportements et la capacité des femmes et des hommes à s’adapter, subir, résister, lutter.

Les douze nouvelles, composant cet « Air du temps », forment un large éventail de situations, le plus souvent limites, toujours surprenantes.

Orage

Le trajet en train leur a pris sept heures. Partis de Metz à huit heures, une vingtaine de jeunes du foyer de jeunes de Devant-les-Ponts, un quartier de Metz, ont pris une correspondance à Strasbourg pour Bregenz, en Autriche où ils sont arrivés à 15 heures. Ils sont passés par l’Allemagne pour rejoindre le lac de Constance – le Bodensee – en allemand. Ils débarquent dans la petite gare de Bregenz, lourdement chargés de sacs à dos surmontés de matériel de camping. Il fait beau ce 5 juillet.

Le regard est tout de suite attiré par les eaux du grand lac, qui brillent au soleil. Ils ont choisi de s’installer sur les bords de ce lac parce qu’on peut y accéder facilement par train, parce que l’Autriche fait un peu rêver comme lieu de vacances et parce que le séjour en camping devrait être économique.

Ils se sont renseignés auprès d’un ami vacancier pour savoir où dresser leur tente, pas très loin de la ville. Ils ne sont toutefois sûrs de rien. Leur première démarche consiste à changer des francs contre des shillings autrichiens, à la gare. L’un d’entre eux s’en charge pour tout le monde. Une fois le change fait, les shillings sont redistribués.

À la sortie de la gare, ils repèrent l’office du tourisme, où ils récupèrent un plan des environs puis se font expliquer l’endroit où le camping est possible et à qui il faut s’adresser.

Ils s’engagent dans un chemin qui longe la rive du lac vers le nord. Au bout d’une demi-heure de marche, ils repèrent une vaste clairière située entre la plage et une zone boisée. Trois tentes y sont visibles.

Ils posent leurs sacs et interrogent un jeune campeur qui sort heureusement de sa tente à ce moment-là. Il est suisse et il est déjà venu plusieurs fois camper sur place.

« Ici il y a de la place, comme vous le voyez. Deux tentes sont occupées par des Allemands, en bas près de la rive. Vous pouvez vous installer mais allez demander l’accord du propriétaire. Il a sa ferme tout près, en montant derrière, entre les arbres. Le sentier qui y conduit est juste là, auprès de ma tente. C’est à 10 minutes, ou bien ? »

Trois tentes sont dressées, en deux rangées de trois, en haut de la prairie, à la lisière de la forêt.

Trois jeunes, dont Jean-Paul, l’aîné, se dirigent vers la ferme en question. Après 10 minutes de marche, ils débouchent dans une grande prairie sur laquelle se dresse une grande ferme aux allures de chalet. La vue sur le lac est magnifique et ça sent bon l’herbe fraîche coupée.

Le fermier est là, qui se présente – Helmut – et les accueille aimablement : « Grüss Gott ». Il les autorise à camper gratuitement. Jean-Paul et le fermier s’expriment en franco-germano- anglais.

« Vous savoir combien de time vous bleiben ? »

« Une semaine, one week, Danke Schön ».

Le fermier leur montre des bouteilles de lait, du beurre, des fromages et des œufs, posés sur une grande table, et leur fait comprendre qu’il les vend. Aussitôt Jean-Paul achète du fromage, des plaques de beurre, des œufs et des bouteilles de lait. Le prix est modeste. Ils promettent de revenir régulièrement s’approvisionner. Au moment où ils sortent, un troupeau de vaches arrive, avec de grosses sonnailles au cou.

En redescendant, ils croisent une jeune fille poussant une brouette chargée de boissons et de produits alimentaires.

« Grüss Gott ».

Ils la trouvent jolie. C’est probablement la fille de la ferme.

En bas, ils retrouvent les tentes en cours d’aménagement. Elles proviennent de surplus américains qu’ils ont achetés à bas prix. Chacune abrite quatre matelas pneumatiques gonflables et quatre sacs de couchage. Une sixième tente est destinée à abriter du matériel et des vivres. Maintenant, neuf tentes occupent la prairie.

L’installation terminée, le groupe se précipite vers la rive du lac. C’est une plage de galets blancs qui borde une eau claire. En maillot de bain, ils pénètrent dans l’eau, en marchant délicatement sur les galets. Elle est à 20 °C, c’est-à-dire bonne. Dehors, il fait 23 °C, le ciel est bleu. Ils s’ébrouent copieusement dans l’eau ; certains s’éloignent du bord en nageant la brasse.

Le temps des vacances est venu. C’est presque la mer tant le lac est vaste. On ne distingue pas l’autre rive.

Il est hélas temps de se sécher et de se rhabiller. C’est aussi le temps de dîner. Pas question de repas, ils ne sont pas encore prêts pour ça. Ce sera des sandwiches préparés pour le voyage, auxquels s’ajoutent des pommes et des verres de lait, du fermier. Plusieurs recueillent des pierres et des galets et construisent un foyer sur lequel des casseroles pourront être posées, pendant que d’autres stockent des branches et des pommes de sapin bien sèches.

À la nuit tombée, ils allument un feu, qui crépite et éclaire le groupe, assis en rond. Ils se sentent bien, presque silencieux.

La plupart des jeunes ont entre 18 et 20 ans. La majorité est des apprentis et des employés stagiaires. L’un d’entre eux, Jean-Paul, qui a 19 ans, fait exception. Il est en faculté depuis deux ans. Ils se réunissent régulièrement pendant l’année, le samedi soir dans une petite pièce prêtée par la paroisse. Un baby-foot y coexiste avec une table et des chaises, pour des jeux de cartes. L’un d’entre eux, étudiant, s’occupe de passer régulièrement le même disque de jazz sur un tourne-disque. Il assure ainsi l’ambiance sonore pendant qu’un autre vend de la bière, des bonbons et du chocolat que lui procure son père, épicier. Le groupe n’a pas de leader, si ce n’est au baby-foot ou une équipe est redoutable. Il n’y a pas d’adulte présent.

Dans l’ensemble, ils éprouvent du plaisir à passer ces soirées, même si de temps à autre, l’affrontement au baby-foot peut déborder un peu sur les relations amicales. C’est le cas pour un apprenti plus âgé qui traite les étudiants – ils sont deux dans le groupe – de « Jorlets », entendant ainsi « fainéants », ne gagnant pas leur vie. Les deux étudiants ont beau lui dire qu’ils sont boursiers, ce n’est pas vraiment gagner sa vie.

Chaque année, ils partent ensemble en vacances, pendant une semaine. L’année dernière, c’était Saint-Tropez. Cette année c’est l’Autriche.

Ils laissent le feu s’éteindre doucement et regagnent leurs tentes.

Le jour se lève à six heures, à sept heures pour eux. Tous ont bien dormi et la journée s’annonce belle.

Le feu est rallumé et des casseroles d’eau mises à bouillir. De quoi préparer un café instantané avec du lait, accompagné d’un morceau de fromage. Pour se laver, rien de mieux que l’eau douce du lac, même si c’est un peu sommaire.

Il devient nécessaire de s’organiser pour la vie du groupe. Jean-Paul est chargé, à sa demande, des relations avec le fermier, achats compris. Fernand, dont le père est épicier, sera le trésorier chargé de la caisse commune, à qui chacun remet une bonne partie des shillings dont ils disposent. Jean-Paul en profite pour se faire rembourser les achats d’hier soir.

Louis et René accompagneront Fernand pour les courses alimentaires. Henri et Michel sont responsables du camp et des tentes. Il y aura toutefois toujours quelqu’un de présent.

Paul et Robert s’occuperont du feu et donc du bois à ramasser. Norbert et Gilbert, l’un d’eux apprenti boucher et l’autre apprenti boulanger, superviseront la cuisine. Jean est chargé de s’occuper des visites et promenades. Sa mère travaille dans une librairie.

Tous les autres donneront évidemment un coup de main.

Le groupe quitte le camp, à part Michel, pour Bregenz.

Pendant qu’ils visitent la vieille ville, Fernand, Louis, René surnommés « FLR » font les courses : miches de pain, charcuterie, viande, fruits, bière, sucre, boîtes de conserve diverses, confiture, gâteaux, farine, huile, chocolat, café instantané, etc. Ils rangent tout dans leur sac à dos, que tous, en bon Mosellans, appellent des

« rucksacs ». Ils utilisent des termes du vocabulaire allemand, qu’ils connaissent par la famille, l’école, la rue. Ils n’ont évidemment pas l’accent roulant autrichien et butent parfois sur l’écriture gothique des panneaux. Pour l’essentiel, ils montrent du doigt ce qu’ils veulent.

Les autres se promènent dans les rues étroites bordées de belles maisons anciennes. On est bien à l’étranger, dans Bregenz, la capitale du Vorarlberg, qui borde le Bodensee entre l’Allemagne et la Suisse.

Ils se retrouvent tous au bord du lac ou une immense scène flottante, réputée la plus grande du monde, accueille un festival annuel de musique classique, connu sous le nom de « Festspiele ». Ils ne savent presque rien à propos de la musique classique et n’ont de toute façon pas les moyens financiers d’assister au festival.

Le lac est calme et s’étend au loin. Être au bord du lac est déjà un vrai plaisir. Ils en profitent, assis près du rivage mais il est temps de retourner pour préparer le repas. Ils commencent à avoir faim.

Au retour au camp, ils rangent les achats dans la tente cambuse. Ils décident de faire un second foyer, nécessaire pour nourrir 20 personnes.

Norbert, avec l’accord général, compose le menu : charcuterie, pommes de terre à l’eau, saucisses grillées, fromage, fruits, le tout accompagné de pain et de bière ou d’eau pour ceux qui ont rempli leur gourde dans les fontaines publiques de la ville. Café instantané pour presque tout le monde à la fin du repas.

L’après-midi est consacrée à la baignade, au repos, aux séances de bronzage sur la plage, au jeu de cartes, la belote bien sûr.

À sept heures, réunion pour le dîner : omelette, pain, beurre, fromage, pour le solide, bière ou lait pour le liquide.

Une promenade sur le lac est prévue le lendemain après-midi ; c’est Jean qui s’en occupera.

Après le feu de camp, tout le monde se couche. La nuit est calme et étoilée.

Le lendemain, un petit-déjeuner plus copieux démarre la journée : café, pain, beurre, confiture, fromage. Il y a des petits et des gros mangeurs, si bien qu’il faudra regarnir régulièrement le stock alimentaire.

Jean-Paul, accompagné de deux autres, qui ont l’habitude de le suivre comme son ombre, pour des raisons inconnues, prend le chemin de la ferme, avec le secret espoir de rencontrer la fille du fermier. Alors qu’il achète : beurre, œufs, fromage et des pommes, la jeune fille entre, que son père présente. : « Anelyse ».

« Meine fille », précise le fermier. Il n’a donc qu’une fille. Elle est vraiment jolie et doit avoir le même âge que celui de Jean-Paul.

Comme elle apprend le français à l’école, ils peuvent échanger, avec des mots simples. Helmut apprécie que sa fille parle un peu français. Ça pourrait servir à l’avenir, on ne sait jamais. Peut-être pourrait-il un jour ouvrir une auberge dans sa ferme, si les touristes sont de plus en plus nombreux à Bregenz, qui n’est pas loin de chez lui. Helga, la mère d’Anelyse se présente aussi.

Jean-Paul et Anelyse en sont au plaisir d’une découverte entre jeunes gens. Il la trouve belle, elle le trouve beau. Les deux autres jeunes qui accompagnent Jean-Paul sont largués.

Les trois jeunes redescendent au camp d’où ils repartent avec les autres vers Bregenz. Le groupe « FLR » fait des achats, dont des sandwiches, pendant que les autres se promènent tranquillement de long en large, achetant au passage des cartes postales de la ville et du lac. Dans un magasin consacré à la chasse et la pêche, plusieurs achètent le minimum nécessaire pour pouvoir pêcher dans le lac dont des scions flexibles et des boîtes d’asticots.

Ils se retrouvent tous au bord du lac, partageant les sandwiches achetés. Jean, le trésorier, négocie avec un « Bootsfahrt » un voyage en bateau sur le lac. Ils montent, avec d’autres passagers, dans un grand bateau. Celui-ci longe la berge allemande un bon moment, puis traverse le lac et longe alors la berge suisse pour revenir vers Bregenz. Le voyage dure deux heures sur un lac calme et magnifique. Ils prennent photo sur photo.

Sur le bateau, un guide équipé d’un micro, explique en allemand, en anglais et en français ce qu’il faut savoir sur le lac.

« Grüss Gott et bienvenue à bord du Wahlberg II. Nous naviguons sur le Bodensee qu’on appelle aussi le lac de Constance en français. Il couvre 536 km² et a une altitude moyenne de 395 m. Il est long de 63 km et large de 14 km. Il est composé de deux parties : le lac supérieur – ubersee – avec la ville de Constance et le lac inférieur – untersee – avec les villes de Bregenz et de Lindau, que nous longerons.

Le Bodensee est un ancien fossé d’effondrement qui s’est rempli de débris alpins – la molasse – puis a été creusé par les glaciers. Sa profondeur atteint 251 m. Il est alimenté par le Rhin. Sa température moyenne est de 20 °C, mais peut descendre à 4 °C.

La pêche et la navigation à voile y sont pratiquées couramment. On peut y pêcher du sandre, du brochet, de la perche, de la truite et le poisson le plus connu, la fera. Tous sont délicieux ».

Les futurs pêcheurs du groupe se réjouissent d’avance.

Le guide reprend : « Aujourd’hui il fait très beau sur le lac, comme vous le voyez, mais il ne faut pas s’y fier. De brusques tempêtes associées à de violents orages peuvent rendre la navigation dangereuse. Des creux de 2 m, des grêlons comme le poing, des vents à 100 km/h ne sont pas rares. Ça peut soudain arriver de juin à août, souvent entre 19 et 21 heures. Des naufrages sont dans toutes les mémoires ici. Les marins parlent aussi de vagues “scélérates” hautes de plusieurs mètres ».

Du coup, les passagers scrutent le ciel au loin, vaguement inquiets.

« Rassurez-vous, la météo est bonne, sinon on ne sortirait pas. »

Avant d’arriver à Bregenz, le guide précise que la ville est à 427 m d’altitude et la montagne qui la domine – le Pfänder – est à 1062 m.

La promenade était belle. Le groupe retrouve le camp, se promettant de taquiner le goujon, comme ils le font souvent à Metz, mais le brochet ou la truite en moins.

Pour l’heure, ils s’ébattent dans l’eau, s’éclaboussent à tour de rôle.

Au repas, le chef a confectionné 20 crêpes, ce qui demande un bon feu et un peu de temps. Elles sont précédées par des macaronis au fromage. Dommage, on a oublié d’acheter du sel.

Certains ajoutent de la confiture sur leur crêpe, avant de la rouler et de la manger. Chacun est bien équipé d’assiettes, de gobelets, de couverts, de couteaux à 6 lames, de gourdes.

Après le feu de camp, ils s’endorment en rêvant de la pêche quasi miraculeuse qui les attend.

Le lendemain matin, l’équipe se scinde en plusieurs groupes.

Il y a les pécheurs, ils sont huit, qui s’installent sur la berge du lac en la remontant par rapport au camp, afin de trouver une zone vierge.

Il y a ceux, cinq, qui retournent à Bregenz pour s’y promener et faire des courses.

Il y a ceux qui restent, quatre, pour se baigner et bronzer sur la plage. Il fait beau.

Il y a enfin Jean-Paul et ses acolytes, qui décident de suivre des sentiers qui longent le lac et s’élèvent ensuite sur le flanc de la montagne. Ils marchent pendant deux heures, traversant petites forêts et prairies. Plus ils montent, plus la vue sur le lac s’élargit. Le paysage est superbe. Ils s’arrêtent un moment, croquant des biscuits, assis dans des prairies fleuries.

Le sentier finit par déboucher devant un hameau composé de quelques chalets. Devant l’un d’eux, des jeunes filles s’amusent en riant, avec des ballons.

Deux d’entre elles s’avancent en courant vers les jeunes gens.

« Grüss Gott. Grüss Gott ».

Ils répondent « Grüss Gott » et ajoutent « Guten tag, bonjour, on est Français ».

Le contact est établi mais la barrière linguistique en limite les effets. Ils échangent cependant des mots témoignant d’une volonté d’échange, en commençant par les prénoms. Elsa, Heidi, d’un côté, Jean-Paul, Vincent, Yves de l’autre. Ils s’installent sur des bancs entourant une grande table en bois épais.

Elles apportent une cruche d’eau, du sirop de menthe et des grands verres. Ils boivent en chœur : « Prost ».

La mère, qui doit être celle d’Elsa, les salue amicalement, en déposant un strudel aux pommes, qui s’avère délicieux.

Les deux jeunes filles vont au lycée de Bregenz où elles débutent des cours de français, elles n’y sont pas pour l’instant car c’est les vacances. Elles ont 17 ans et sont nées à Bregenz, précisent-elles.

Ils parlent d’eux et du groupe qui campe en bas.

Ils annoncent qu’ils repartent en France le surlendemain.

« Chaade » – dommage – dit Elsa en regardant Jean-Paul qui pense la même chose. Ils échangent leurs adresses et promettent de s’écrire.

En se quittant, Elsa embrasse Jean-Paul sur les lèvres. Brève rencontre.

1 h 30 plus tard, ils rejoignent les autres au camp. Tout le monde est là, y compris ceux qui ont visité Bregenz. Ils terminent le déjeuner rejoint par les marcheurs. Au menu : charcuterie, spaghettis avec lardons, fromage, pomme.

La discussion tourne autour de la pêche, l’événement du jour. Pas terrible, plutôt de la petite friture que le cuisinier a d’ailleurs aussitôt préparée. Pas mauvais, mais ça manque de vin de Moselle. Il est aussi question d’occasion ratée avec ce qui semblait être des perches et des truites. Il faudrait s’équiper de cannes à lancer avec moulinet est la conclusion de l’équipe des pêcheurs.

L’après-midi est consacrée à la baignade et au bronzage, mais en fin d’après-midi le ciel bleu, se couvre.