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Les désaccords trouveront dans cette histoire le revers de la médaille, qui peut s'avérer être la rencontre la plus importante, ou pas.
La nuit est chaude et même si elle aime utiliser la climatisation, Veronica préfère la brise du vent. Assise sur le balcon, elle regarde l'horizon en pensant à son père et en se demandant comment il va. Il doit certainement souffrir tout comme elle, de leur séparation. Mais elle doit accepter la situation actuelle, même si elle ne sait pas vraiment ce qui se passe. Tout lui semble étrange et sans fondement. Elle a fait aveuglément confiance à un inspecteur et visiblement, elle s'est trompée sur son compte. Le silence et la nuit prennent peu à peu possession du lieu et Veronica regagne sa chambre, laissant la fenêtre ouverte pour que la brise puisse entrer et rafraîchisse la pièce naturellement. Ainsi, elle pourra peut-être s'endormir plus vite. Mais le sommeil ne venant pas, elle se lève pour aller aux toilettes. Alors qu'elle sort du lit et fait quelques pas, un mouvement sur le sol attire son attention. La clarté est faible, il y a peu de visibilité mais suffisamment pour qu’elle puisse s’apercevoir qu’il s’agit d’un serpent. «Oh, mon Dieu !» dit Veronica en se précipitant vers la porte. Son cœur bat la chamade et sans réfléchir à ce qu'elle est en train de faire, elle court dans le couloir malgré l'obscurité. Elle ne veut pas avoir l'air d'avoir peur devant l'homme de la chambre d'à côté, mais ses jambes tremblent tellement qu'elle ne fait pas la fière et va chercher de l'aide. Quand elle ouvre la porte et entre, elle sent des mains fortes la prendre par la taille et la serrer doucement. « Qu'y a-t-il, Veronica ? » demande Douglas, la respiration lourde. « Il y a un énorme serpent dans ma chambre.» dit-elle, ne réalisant pas à quel point ils sont proches l'un de l'autre. « Mais tout est bien fermé. Comment est-ce possible ? » Il la fixe sans la lâcher. « Je ne sais pas comment cela est arrivé, mais ce dont je suis sure, c’est qu’il y en a un dans ma chambre » Douglas la tire de côté et tend la main vers l'interrupteur. Lorsque la lumière éclaire la pièce, Veronica remarque qu'il ne porte que des sous-vêtements. La peur s'est emparée de leurs corps et elle ne sait pas si elle tremble à cause du serpent, ou parce qu'elle se tient devant cet homme sexy.
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Seitenzahl: 319
Veröffentlichungsjahr: 2022
L’AUTRE FACETTE
LE PRINCIPE ULTIME DE L’AMOUR
Dill Ferreira
Traduit en français par Elodie Demogue
Copyright © 2022 Dill Ferreira
Titre original: O Reverso
Traduit en français par Elodie Demogue
Tous droits réservés. Aucune partie de ce livre ne peut être utilisée, reproduite numériquement ou imprimée sans l’autorisation explicite de l’auteur, à l’exception de brefs extraits, dans le cadre d’une critique.
DEDICACE
Je dédie ce livre à la nature magnifique qui entoure mon pays et qui est aussi le théâtre de belles rencontres passionnées, ainsi qu’à tous les amoureux dont l’histoire a été marquée par la beauté unique de mon Brésil.
CHAPITRE 1
CHAPITRE 2
CHAPITRE 3
CHAPITRE 4
CHAPITRE 5
CHAPITRE 6
CHAPITRE 7
CHAPITRE 8
CHAPITRE 9
CHAPITRE 10
CHAPITRE 11
CHAPITRE 12
CHAPITRE 13
CHAPITRE 14
CHAPITRE 15
CHAPITRE 16
CHAPITRE 17
CHAPITRE 18
CHAPITRE 19
CHAPITRE 20
CHAPITRE 21
CHAPITRE 22
CHAPITRE 23
CHAPITRE 24
CHAPITRE 25
CHAPITRE 26
CHAPITRE 27
CHAPITRE 28
CHAPITRE 29
CHAPITRE 30
CHAPITRE 1
S
on père lui ayant demandé d’aider un ami, Douglas se tient devant la porte d’un grand manoir. Sans l’intervention de son père, jamais il ne se serait chargé de cette affaire d’enlèvement, celui de la fille unique d’un grand homme d’affaire local. Face à cette tragédie, ce dernier s’est tourné vers le père de Douglas pour demander de l’aide.
Depuis longtemps, Douglas rêve de vacances sans pouvoir en prendre. Et juste au moment où il allait pouvoir enfin réaliser son rêve, s'éloigner de ce monde et de toutes ses grandes exigences, il se retrouve contraint de travailler sur une nouvelle affaire.
Un petit homme ouvre la porte, vraisemblablement abattu, ce qui provoque chez Douglas un sentiment de culpabilité sur ses états d’âme.
— Monsieur Paul Braz ?
À en juger par son air affligé, sa question est inutile. Il est clair qu’il s’agit du père de la jeune femme enlevée. Je suis Douglas Fernandes. Ils se serrent la main en guise de salutation.
— Oui. C’est moi ! Entrez !
Le vieil homme l’invite à entrer et se pousse pour le laisser passer. Dans la grande pièce joliment meublée, Douglas peut voir plusieurs peintures et photographies exposées sur les buffets. La plupart représente une jeune femme d'environ vingt-cinq ans aux cheveux roux et courts. Elle semble beaucoup plus jeune que l'âge qu'il lui connaît et elle a l'air d’être une personne plutôt naturelle sur les photos, sans grands artifices, ce qui la rend encore plus belle. Il y a quelque chose dans son sourire qu'il ne peut expliquer.
Sa peau claire contraste avec ses immenses yeux noirs et ses lèvres pleines semblent inviter à un délicieux moment de plaisir. « Comment une simple photographie peut me faire ressentir de telles choses ? Pas la peine de mentionner que ce n’est pas le moment d’avoir de telles pensées… ». Il se blâme intérieurement, avant de regarder dans une autre direction pour détourner son esprit. Mais, une autre photographie de la jeune femme attire son attention, différente des précédentes. Elle y porte un short et est entourée d’enfants. Son corps mince et bien fait ne montre pas sa beauté et elle se confond avec les enfants comme si elle-même en était une.
— Elle adore le bénévolat, dit le maître de maison attentif à l’intérêt du visiteur pour la photographie.
— Votre fille a une vie intense ! Est-ce qu’elle travaille ?
« Avec l’argent de son père, elle ne doit pas s’embêter à passer des heures enfermée dans un bureau », pense Douglas ennuyé par le fait que la jeune femme retienne tant son attention.
— Oui. Elle a toujours pris plaisir à être indépendante. La seule raison pour laquelle elle n’a pas encore quitté cette maison, c’est moi. Veronica est très active et depuis qu’elle est devenue adulte, elle ne dépend plus de moi pour quoi que ce soit et cette autonomie a fait d’elle une proie facile, commente l’homme en faisant courir sa main sur sa tête, ce qui rend sa détresse encore plus évidente.
—Votre peine ne va pas l’aider, monsieur Braz. Vous avez besoin d’autant de calme que possible dans cette affaire, lui dit poliment Douglas. Le principal but des ravisseurs dans ce genre d’affaire c’est de secouer émotionnellement la famille pour avoir le pouvoir sur eux, conclut-il.
— J’ai demandé à votre père de l’aide car je suis perdu. Ils ont pris contact avec moi la nuit dernière pour me menacer et m’informer de ce qui arrivera à ma fille si jamais l’idée me venait d’aller voir la police. Ce matin, ils ont rappelé et cette fois-ci, ils étaient plus agressifs. J’étais très bouleversé, car je n’ai pas l’habitude de traiter avec des maîtres chanteurs et des criminels. Je peux faire face à n’importe quoi, mais pas à ça, surtout quand cela touche ce que j’ai de plus précieux : ma fille.
Ce n’est pas dur de comprendre ce que traverse ce père, mais Douglas ne peut pas sympathiser avec sa douleur, cela perturberait son travail.
— Est-il possible de jeter un œil à sa voiture ? demande Douglas. Peut-être pourrais-je y trouver des empreintes ou tout autre détail utile pour me mettre sur une piste.
—Malheureusement, la voiture a été nettoyée le lendemain de l’enlèvement de ma fille, car, en voyant la voiture stationnée, les employés ont pensé qu'elle l’avait laissée là pour qu’ils la nettoient, c’est comme cela qu’ils font d’habitude, dit-il tristement.
—D’accord. Bon, on cherchera un autre moyen dans ce cas. Y a-t-il des caméras de surveillance dans le parking ?
Il est presque sûr qu’il n’y en pas, mais il veut en avoir le cœur net.
—Malheureusement non, nous n’avions pas pris cette précaution, inspecteur. Bien que nous détenions une bonne part du marché du textile, nous restons toujours simples et nous ne nous préoccupons pas trop de la sécurité. C’est une grossière erreur, je vous l’accorde.
Douglas réfléchit à ce qu’il vient de dire. En fait, il ne connaît pas bien l'industrie textile de Braz, mais son père lui a assuré que c'était une entreprise florissante.
— De nos jours, monsieur, la sécurité est devenue une nécessité pour tous les citoyens, et en particulier pour ceux qui ont des revenus élevés, comme vous. Et il ne faut plus croire que les enlèvements sont le privilège des millionnaires car il y a des affaires où l’enlèvement vise une personne ordinaire et les kidnappeurs vont jusqu’à demander des sommes pouvant aller de cinq mille à un million de réal brésiliens. Ils veulent de l’argent, peu importe d’où il vient, explique-t-il respectueusement. Vous devriez investir dans des caméras aussi vite que possible, et je sais de quoi je parle soyez-en sûr. A-t-elle l’habitude d’exposer ce qu’elle a sur les réseaux sociaux ? questionne Douglas.
— Ma fille n’a jamais fait quelque chose d’aussi idiot, inspecteur. C’est une femme simple.
— C’était juste une hypothèse, monsieur Braz, car aujourd’hui beaucoup de gens s’autorisent à s’exposer un peu trop. Et pour les criminels c’est une sacrée aubaine car ils en profitent pour trouver leurs victimes. Sort-elle toute seule ? A-t-elle un petit ami ? continue-t-il.
— Ma fille est très pudique. Elle a encore des amis d’enfance, mais rien d’important, ses amis sont du genre à aller deux ou trois fois dans la semaine en soirée, mais pas elle. En fait, elle se consacre à la fondation que nous avons créée pour aider les enfants en manque d’affection, de nourriture et de respect. Il n’y a pas grand-chose d’autre qui l’intéresse, enfin de ce que j’en sais !
La dernière phrase rend Douglas curieux.
— Pourquoi dites-vous cela ? Vous pensez qu’elle pourrait peut-être avoir quelqu’un ou qu’elle pourrait vous cacher certaines choses dont elle ne vous parle pas ?
« Un secret se cache peut-être derrière ce visage angélique et cette fragilité qu’elle montre », imagine Douglas.
— Ce n’est pas ce que je voulais dire. Je voulais seulement clarifier le fait que c’est une jeune femme très indépendante et qu’elle a sa propre vie. J’ai toujours eu foi dans les choix de ma fille, répond-il l’air sérieux.
— Très bien. J’ai compris.
Douglas remarque que même s’il est brisé, l’homme possède une certaine autorité digne des plus grands leaders. « Je me demande à quoi ressemble cette magnifique femme qui me fixe obstinément avec ses yeux brillants à travers les photos », pense-t-il.
— Les ravisseurs vous ont-ils dit quand ils reprendraient contact ?
— Ils ne m’ont donné aucun détail à ce sujet. Ils m’ont juste dit qu’ils ne voulaient pas de publicité autour de cette affaire et qu’ils voulaient en finir au plus vite. Ils me contacteront demain ou dans deux jours, je crois !
Le stress de cet homme n’aide pas beaucoup.
— Étaient-ils agressifs pendant l’appel ?
— Je dirais qu’ils étaient directs, inspecteur.
« Encore un petit bout d’information », pense Douglas.
—Avez-vous pu parler à votre fille ?
Il doit poser cette question pour être sûr que la jeune femme est encore en vie.
— Oui. La voix de l’homme est chargée d’émotion. Elle m’a dit d’être calme et que tout irait bien mais ensuite, plus rien, ils ont pris son téléphone.
Douglas se rend compte que si quelqu'un d'autre avait été à la place de monsieur Braz, il aurait certainement été davantage brisé. Mais son expérience de la vie l'a rendu fort. L’inspecteur peut remarquer que l'homme tremble, trahissant le fort lien qu'il partage avec sa fille et cette attitude confirme à Douglas ce que son père lui en avait dit.
— Avez-vous remarqué un changement dans sa voix ? Une preuve de maltraitance ou autre ? Grâce à certaines informations, il est possible de connaître le degré d'agressivité et la réaction probable des ravisseurs.
— Non ! Je n’ai rien remarqué. Elle n’est pas du genre à se laisser impressionner car elle a une forte personnalité.
Douglas sait déjà qu’elle tient ça de son père.
— C’est une bonne chose. Ils veulent peut-être simplement de l’argent, rien de plus et surtout pas de problèmes.
Pendant qu'ils parlent tous les deux, Douglas essaie d’imaginer les probables caractéristiques des criminels.
— Je prie Dieu que ce soit tout ! s'écrie monsieur Braz d'une voix fatiguée.
Douglas sait que ce n'est pas toujours aussi simple, mais il vaut mieux croire que la fille de l'homme d'affaire n'a été kidnappée que pour l’argent qu’elle peut leur apporter, une source d’argent facile, sans intention de vengeance. A première vue, cela semble être le cas.
— Avez-vous eu des problèmes dans votre entreprise avec des employés récemment ? Un employé que vous auriez licencié suite à un vol ou autre ?
C'est une autre possibilité à analyser pour l’inspecteur.
— Pas que je me souvienne, inspecteur. Il y a des personnes qui sont responsables de prendre les mesures de ce genre, mais de toute façon dans ces cas-là, je suis toujours tenu informé et ce n'est pas arrivé. Il y a une certaine rotation du personnel dans l'entreprise, mais dans les postes inférieurs et nous n'avons pratiquement jamais de licenciement de cette nature.
Douglas écoute attentivement.
— Bien. Donc, il n'y a aucune raison de croire qu'un ancien employé mécontent voudrait se venger, ou vous extorquer de l’argent parce qu'il sait que vous avez les moyens de payer ?
— Je crois que ce n'est pas le cas. Comme je vous l'ai déjà dit, nous sommes très discrets et les postes importants sont occupés par des personnes en qui j'ai confiance, qui sont avec moi depuis des années. Mais nous pouvons approfondir cette voie si vous le pensez nécessaire, répond monsieur Braz.
— Nous allons mettre cette option en attente pour l’instant et nous la réexaminerons plus tard si nécessaire. Pourrais-je jeter un coup d'œil dans sa chambre et à son ordinateur ? demande Douglas.
Il espère trouver des preuves que quelqu'un est intéressé par l'argent du père, ou par la fille elle-même. Ce qui ne le surprendrait pas.
— Bien sûr ! Faites comme chez vous. Je vais passer quelques appels et je reviens vers vous plus tard.
Douglas demande à un employé de le conduire jusqu’à la chambre de la jeune femme kidnappée. Il entre dans une pièce simple, très peu décorée. Elle ne possède pas grand-chose au-delà du nécessaire, un contraste intéressant avec la pièce majestueuse où il se trouvait avant. À la tête du lit, il y a une belle image d'enfants faisant voler des cerfs-volants dans la rue. La peinture semble ancienne à en juger par ses traits rustiques. Sur les deux tables de nuit, des photos et encore des photos, pour tourmenter encore un peu plus son esprit. Cette jeune femme semble beaucoup aimer les photographies, ce qui n’est pas son cas.
Douglas s'approche du lit, prend une photo, magnifiquement encadrée, de son visage et observe ses traits féminins. Jamais, auparavant, une simple photo de quelqu'un n'avait autant attiré son attention. Ses yeux le suivent. Il l'observe encore quelques secondes et remet la photo à sa place. Il ne doit pas perdre de temps à regarder ce visage angélique qui court peut-être un grand danger. Cette idée lui retourne l’estomac. Douglas est démuni pour l’instant et il ne peut ni faire de plans ni imaginer de situation, car il ne connaît pas grand-chose de l'affaire. Il doit absolument entrer en contact avec les ravisseurs s’il veut en savoir plus et se faire une idée plus précise de la situation.
Il s’assied au bureau, allume l’ordinateur et commence à faire des recherches. Il y a plusieurs dossiers, tout est très bien organisé. En ouvrant certains d'entre eux, il peut voir des projets provenant probablement de la fondation dont monsieur Braz lui a touché deux mots tout à l’heure. La jeune femme ne semble pas avoir de loisirs dans la vie. Elle est probablement mariée à son travail. Un autre dossier contient des lettres scannées qui, d'après l'écriture, doivent être celles d'enfants. La solitude et la tristesse de ceux qui ont été abandonnés, comme de ceux qui ne connaissent pas leur père ou leur mère, en est le sujet. « Qu'est-ce qui pousse cette belle femme à conserver de tels dossiers ? » Douglas est ému par ce qu'il lit. Fouillant un peu plus, il ouvre et ferme des dossiers. La plupart sont des archives de projets achevés et certains contiennent des projets futurs. Quelques photos semblent être des moments de loisirs, des photos de Veronica dans différents endroits et presque toujours avec le même sourire charmant. Il y a aussi beaucoup de chansons. Il en ouvre quelques-unes et réalise que la jeune femme apprécie le style classique et pop. Il commence à en connaître suffisamment sur la victime, mais il continue ses recherches, poussé par l’envie d’en savoir davantage sur elle.
Après avoir creusé un peu plus, il constate qu'elle semble être seule. Mais de quelles informations dispose-t-il pour arriver à cette conclusion ? Rien, si ce n'est la forte impression comme une évidence qu'elle préfère s'occuper des autres plutôt que d'elle-même.
Il décide qu’il ouvrira les e-mails plus tard, même s'il est convaincu qu'il n’y trouvera rien de plus. Rien n'indique qu'elle a été kidnappée pour des raisons personnelles et son père est un homme influent et riche. Douglas décide donc de poursuivre l'enquête en se basant là-dessus.
Il étudie encore un peu la chambre de la jeune femme, ouvre rapidement les tiroirs de l'armoire. Des vêtements attirent son attention par leur beauté et leur féminité.
Il regarde attentivement la salle de bain et retourne à l'ordinateur. Il ouvre un autre fichier et arrive à la conclusion que rien ne peut l'aider. C'est une perte de temps.
— Je l'ai déjà fait.
Monsieur Braz parle depuis l’embrasure de la porte, il n'y a aucune contrariété sur son visage lorsqu'il voit un étranger fouiller dans les affaires de sa fille, pourtant Douglas choisit d'arrêter ce qu'il fait.
— Je ne crois pas que ce que nous cherchons se trouve ici, nous allons devoir être plus perspicaces et attentifs aux détails que nous avons à partir de maintenant. Si nous avons assez de chance, peut-être que les criminels eux-mêmes nous fourniront des indices qui nous mèneront à votre fille.
— Alors j'attends, et à partir de maintenant, je laisse mes portes ouvertes pour tout ce dont vous avez besoin.
Douglas regarde son client avec gratitude. La coopération est un atout important pour un négociateur comme lui.
CHAPITRE 2
V
eronica observe l'endroit où elle est enfermée. Elle ne sait pas exactement depuis combien de temps elle est là, mais d’après l’obscurité qui l’entoure, cela doit faire plusieurs heures qu’elle a été abordée et kidnappée. Elle n'a aucune idée de ce qui se passe, elle sait simplement que ce n'est pas quelque chose d'ordinaire à la façon dont ils l'ont approchée sur le parking de l'entreprise familiale.
Elle est partie comme d'habitude de son travail à dix-sept heures et s'est dirigée tranquillement vers le parking. Mais, au moment où elle a ouvert la portière de sa voiture, une camionnette s'est garée à côté d’elle et deux types encapuchonnés en sont descendus, ils l’ont empoignée, mise dans le véhicule et ont filé.
— Sois une gentille fille et coopère avec nous. Si tu fais tout ce qu'on te dit, il ne t'arrivera rien de fâcheux et on ne te fera aucun mal.
L'un des hommes lui a donné des lunettes de soleil en demandant à Veronica de les mettre, ce qu’elle a fait se forçant à rester calme, ne voulant pas montrer ni sa peur ni ses tremblements. Elle ne voyait rien en face d'elle alors qu'elle était assise entre eux et les lunettes de soleil étaient trop sombres pour qu'elle puisse voir quelque chose. Elle n'entendait que le ronflement du moteur et la respiration altérée du criminel à sa gauche. Ils ont continué en silence.
Il ne lui était pas venu à l'esprit qu'il s'agissait d'une blague du personnel de la fondation, car l'approche et la manière dont ils l'ont maintenue tout au long du parcours ne ressemblaient en rien à des trucs d'amateurs. Et elle a si peu d’amis ou de collègues de travail.
L'un d'entre eux semblait avoir une arme. Elle l’a senti à plusieurs reprises appuyer contre ses côtes lorsque la voiture passait sur les irrégularités de la route, mais à aucun moment elle n'a essayé de jeter un coup d'œil sous les lunettes pour voir si c'était bien une arme. Elle est restée statique jusqu'à la fin.
Lorsque le véhicule a ralenti et que des chuchotements à l'intérieur du van ont commencé, elle en a conclu qu'ils étaient arrivés à destination et qu’il y avait du monde. Veronica sentait une odeur de nourriture. Puis, tout était devenu silencieux et elle ne pouvait entendre que le chant de quelques animaux nocturnes. Dès que la voiture s'était arrêtée, on l'avait fait sortir à la hâte. L'un des hommes avait placé sa main sur sa nuque, maintenant sa tête baissée, afin qu'elle ne puisse rien voir d'autres que ses pieds ou le sol carrelé de la propriété à l’intérieur de laquelle ils l’ont alors emmenée. Dans celle-ci, Veronica a remarqué que l'air était plus pur et avait une meilleure odeur. Il y avait probablement des femmes ici. Retenue par l'un des criminels, elle avait été conduite dans un escalier qui semblait mener à un sous-sol. Veronica ne voyait que ses pieds et parfois les pieds de l'un de ses ravisseurs qui portait de belles chaussures neuves, probablement en cuir, et coûteuses.
Lorsqu’ils s’arrêtent de marcher et que l’un des hommes ouvre une porte, l’un d’entre eux dit :
— On n’a pas l’intention de te faire du mal. Collabore avec nous et tout se passera bien.
L’avertissement est donné quand il lâche son bras et la laisse au milieu de nulle part, sans même un mur pour s’adosser. Quand il part, il se tourne vers elle.
— Mets-toi à l’aise, on va bientôt t’apporter quelque chose à manger. On va faire les choses bien, tout le monde sera gagnant. Et toi principalement.
L’homme allume la lumière au bout des escaliers et sort.
Aussitôt que Veronica entend le bruit de la clé qui verrouille la porte, elle enlève ses lunettes et regarde autour d’elle calmement. L’endroit est bien rangé, il y a un lit dans le coin de la pièce, une table et une chaise dans un autre coin. Il y a aussi une armoire et une bibliothèque. Elle s’approche avec curiosité de l’armoire et aperçoit des vêtements à l’intérieur, ainsi que deux paires de chaussures. Dans l’un des tiroirs, elle trouve des sous-vêtements à sa taille et des effets personnels, ce qui ne la surprend pas. Tout semble avoir été préparé pour elle. Dans le tiroir suivant, Veronica trouve un appareil qui doit servir à écouter de la musique. Il a sûrement été laissé là pour elle.
Dans la salle de bain, se trouvent des produits d’hygiène, au moins, elle pourra conserver un semblant de dignité. L’anxiété s’empare d’elle quand elle se rend compte qu’elle ignore tout de ce qui va suivre. La seule chose dont elle est certaine, c’est qu’elle ne rentrera pas chez elle ce soir.
Après avoir jeté un coup d’œil à la salle de bain, Veronica retourne dans la chambre, y reste un long moment et dans le silence de cet endroit inconnu, elle pense à son père. Un homme fort, travaillant beaucoup, mais dont elle sait que la santé s’est dégradé depuis un moment. Il doit être dévasté car depuis que sa mère est partie en les abandonnant, Paul n’a plus jamais été le même. Il s’est dévoué corps et âme à sa société et sa fille. Veronica espère qu’il se fera aider par quelqu’un dans ces moments difficiles, ce serait un grand réconfort pour elle.
Le souvenir de sa mère lui revient en mémoire. Veronica s’autorise rarement à penser à la femme qui a préféré sa liberté à sa fille, laissant tout derrière elle. Même la famille de Valquíria ne lui a pas révélé l'endroit où elle se trouvait au cours des quinze dernières années et les rares fois où Veronica et son père avaient parlé à son oncle, le seul parent qui lui rendait souvent visite et semblait l'apprécier, ils n'avaient pas obtenu beaucoup d'informations, si bien qu'ils avaient progressivement mis de côté leurs questions et fini par accepter l'absence de leur mère et de leur femme.
Elle ne sait pas pourquoi elle se rappelle le passé en ce moment. Probablement parce qu’elle est en train de vivre la même sensation de vide qu’elle a ressenti quand sa mère est partie. Elle prend sa tête entre ses mains et se laisse tomber sur le lit. Allongée, elle regarde le plafond, n’ayant rien d’autre à faire ou à penser.
Un long moment plus tard, Veronica entend la voix d’une femme, confirmant les doutes qu’elle avait eus en arrivant, sur une présence féminine ici. Ensuite, le silence revient dans la pièce jusqu’à ce qu’une femme lui apporte quelque chose à manger.
Elle toque à la porte et avant d’entrer, elle demande :
— Si vous ne portez pas le bandeau sur vos yeux, mettez-le.
Veronica regarde autour d’elle et voit un bout de tissu noir attaché à la tête de lit, elle le prend, et se couvre les yeux avec avant d’informer la femme qu’elle est prête.
— Je le porte.
La femme entre et s’approche, un plateau dans les mains. Ensuite, Veronica entend un liquide être versé dans un verre. « Probablement du jus de fruit », pense-t-elle quand elle sent une odeur de fraise. « C’est impressionnant de voir à quel point les autres sens deviennent plus performants quand on est privé de l’un d’eux. » note-t-elle silencieusement.
— Je laisse votre repas ici, dit la femme.
Veronica attend jusqu’à ce qu’elle soit seule dans la pièce pour enlever le bandeau. Probablement que la femme ne voulait pas qu’elle la voit.
Le repas se compose d’un verre de jus de fraise et d’une généreuse part de pizza aux pepperonis. Elle n’a pas vraiment faim et soif, mais elle sait qu’elle ferait mieux de manger et de garder une bonne forme physique afin de ne pas créer de tensions qui pourraient contrarier ces gens. Elle ne sait pas qui ils sont, ni ce dont ils sont capables, mais elle est certaine au moins d’une chose : elle doit rester calme.
Après avoir mangé, elle se rend dans la salle de bain et prend une douche rapide dans l’espoir de se détendre un peu et après s’être préparé et lavé les dents, elle retourne dans la pièce où se trouve le petit lit qui l’attend. Elle s’y assied et observe ce qui se trouve autour d’elle. Elle se sent mal à l’aise : la situation est trop stressante et décuple ses émotions. Plutôt que de s’endormir tôt, elle prend les écouteurs, les mets à faible volume et s’allonge en essayant de chasser les fantômes de l’anxiété et de la peur qui la hantent.
CHAPITRE 3
I
l est vraiment tôt lorsque Veronica se réveille. Deux hommes, probablement les mêmes que la nuit dernière, rentrent dans la pièce, la faisant sursauter.
— Tu vois ma belle, on ne t’a pas fait de mal. Tu dois juste obéir et faire tout ce qu’on demande, lui dit l’un des deux hommes en s’approchant.
Ils portent des masques en tissus noirs. Elle n'a plus besoin de porter le bandeau, ce qui l’aidera à mieux observer son environnement.
— Tu dois déjà avoir remarqué qu’on te traite comme une princesse ici, dit l’un des hommes en englobant la pièce avec son bras. Dès que ton père aura payé la rançon, on te libérera et tout le monde retournera à sa petite vie.
L’homme semble amical, mais Veronica ne veut pas se faire de faux espoirs. Elle a été kidnappée et sait que moins elle s’investit ou parle, mieux c’est pour elle.
— Personne n’a dit qu’elle était si belle, dit le Troglodyte avec une voix rude mais mielleuse et pleine de malice.
— Ça n’a pas d’importance, ni pour toi, ni pour moi. Ne l’oublie pas ! commente l’autre ravisseur avec une voix basse.
Veronica les écoute sans faire le moindre mouvement.
— C’était juste un constat, je ne suis pas assez dément pour la toucher. Cela le rendrait fou.
«Qui, il ?» se demande Veronica, « Il y a quelqu’un derrière tout ça qui ne veut pas qu’on me touche, mais qui ça peut bien être ?»
— Je n’ai aucune intention d’énerver qui que ce soit, je veux juste que tout ça soit réglé rapidement et rentrer à la maison, dit-elle en essayant d’avoir l’air confiante.
— C’est comme ça qu’on te veut, ma belle, douce et calme.
Veronica commence à être dégoûtée par cet homme dont elle ne connaît même pas le visage. Elle n’a pas l’habitude de juger les gens qu’elle ne connaît pas, mais la voix de ce type lui provoque de l’anxiété et des frissons de dégoût par le ton sarcastique qu’il utilise.
— On va appeler ton père aujourd’hui et tu lui parleras un peu pour qu’il sache que tu vas bien.
Veronica se prépare rapidement alors que les criminels l'attendent dans la chambre. Lorsqu'elle revient de la salle de bain, ils l’emmènent dans les escaliers. En chemin, elle ne voit aucun signe de la femme qui est venue dans sa chambre la nuit précédente. Elle est probablement allée à l'épicerie, ou n'habite pas ici. Dans le salon, il n'y a pas beaucoup de meubles, juste un grand canapé et un petit buffet sur lequel est posé le téléphone, et enfin, une télévision au mur et une petite table basse. Dès qu'elle s’assoit, ils passent l'appel.
L'un des hommes parle à son père, il donne à Paul les informations nécessaires concernant l'argent. Veronica écoute ce qu'il dit, voulant vraiment savoir comment va son père en ce moment. Pendant que le ravisseur parle sans arrêt, elle garde la tête baissée, puis l'homme lui passe le téléphone et Veronica ressent un déchirement au plus profond d'elle-même. Mais elle sait que ça ne l'aidera pas, alors elle prend une profonde inspiration et essaie d'être aussi naturelle que possible. Elle souhaite pouvoir parler à son père afin de le calmer, mais les seuls mots qu’elle peut prononcer avant qu'ils ne lui prennent le téléphone sont que tout va bien et qu'il doit rester calme. Les criminels ne veulent pas qu'elle parle à son père. Leur seul souhait, c’est que l'homme d'affaires écoute la voix de sa fille et donne immédiatement suite aux demandes qu'ils ont formulées.
Puis, elle est emmenée hors de la pièce par l'un des criminels, tandis que l'autre parle à Paul. Elle n'est plus en mesure d'écouter leur conversation. Ont-ils menacé son père ? Elle espère qu'ils ne l'ont pas tourmenté en insinuant qu'ils allaient la tuer, car cela le rendrait fou et que sa tension est élevée ces derniers temps.
Il est clair dans son esprit que leur seul but, c’est l'argent, mais elle ne se sent pas en sécurité. Des moments comme celui-ci sont remplis de stress et peuvent facilement entrainer des situations plus dangereuses. Elle sait que de nombreux enlèvements se terminent tragiquement, non seulement à cause des intentions des ravisseurs, mais aussi à cause de leur manque de préparation et d'ingéniosité. Elle doit collaborer car l'un d'eux semble totalement hors de contrôle au niveau de ses émotions.
Elle s’assoit lentement sur le lit et reste immobile, faisant la seule chose qu'elle peut faire à ce moment-là, respirer.
Après quelques heures et sans qu'elle n'entende un bruit, un des hommes vient lui apporter son déjeuner. Le grand criminel costaud au regard malicieux porte un masque.
— Voici votre nourriture, Princesse.
Il pose un joli plateau sur la table de nuit. En plus du riz et des haricots, il y a aussi une petite quantité de purée de pommes de terre, un ragoût de bœuf, une salade et un jus de fruits et il a même eu la gentillesse de lui apporter une part de pudding pour le dessert. Cela peut être un bon signe qu'ils veulent que tout se termine bien. Veronica s’accroche à cette certitude pour essayer d’être moins tendue.
— Merci !
Elle n'a pas la moindre intention de se lier avec lui, mais être polie peut être utile.
— Vous êtes encore plus belle que sur les photos, vous savez ?
Veronica regarde l'assiette d’un air neutre, sans aucune réaction, ni bonne ni mauvaise. Il continue après avoir remarqué qu'elle reste silencieuse :
— Ne t'inquiète pas, ma belle, à moins que tu ne me forces, ce que j'aimerais beaucoup, je ne peux rien te faire.
«Dieu merci», pense-t-elle.
— Maintenant, mangez et reposez-vous.
L'homme est en train de partir quand il se retourne rapidement.
— Vous avez besoin d'autre chose ?
— Non, merci !
Dès qu'elle est seule dans la pièce, Veronica prend le plateau car elle est affamée : c’est son premier repas de la journée et elle n’a pas l'habitude de rester si longtemps sans manger. Après avoir terminé, elle s'appuie contre la tête de lit, pensive. Que peut-elle faire pour arranger la situation ? Peut-être qu’elle doit juste rester calme, rien de plus.
CHAPITRE 4
D
ouglas arrive chez lui, pensif. Il n'y a aucun indice qui porte à croire que cet enlèvement soit passionnel. L'argent semble être le seul but de cet enlèvement. Il traitera l'affaire en conséquence et ne laissera pas son attention se détourner vers des pistes qui ne mèneraient finalement à rien. Il profitera du fait qu'ils n'appelleront pas avant le soir, ou le lendemain, et organisera ses affaires. Il devra rester chez monsieur Braz cette nuit et aussi longtemps que nécessaire.
L'homme n’a aucune légitimité pour parler avec les ravisseurs et puisqu'ils ont choisi de ne pas inclure la police, à moins que l'affaire ne devienne très compliquée, il n'y a que lui et le père de la victime pour s'occuper de l'affaire. Il y a également la possibilité de faire échouer les négociations si la nouvelle s'ébruite et que les médias en prennent connaissance. Bien que cela semble étrange, Douglas sait que beaucoup de criminels ne sont pas préparés à quelque chose de cette ampleur et pourraient finir par faire des erreurs stupides en se sentant piégés.
Tout en préparant les affaires dont il aura besoin pendant son séjour à la résidence Braz, Douglas se remémore les photos de la jeune femme enlevée. Il ne se souvient pas d'avoir déjà vu ce visage. En fait, s'il l'avait vu, il ne l'aurait jamais oublié. Sa vie est basée sur peu de choses : il se concentre toujours sur son travail et sa carrière et ne s'autorise pas beaucoup de distractions, si ce n'est quelques aventures amoureuses pour soulager son corps et son esprit.
À l'âge de trente deux ans et gâté d’une beauté qui ne passe pas inaperçu, Douglas est constamment approché par de belles femmes. Il mesure 1m70, a la peau foncée et un corps bien dessiné dont il prend soin pour des raisons de santé mais aussi pour son travail, qui exige de lui qu’il soit bien disposé et en forme, en cas de besoin. Il a également des cheveux bruns coupés court et de beaux yeux marron miel, qui sont parfois froids et distants, semblant ravir la gent féminine. Et enfin, des lèvres pleines qui affichent parfois un sourire discret et des dents alignées complètent sa beauté.
Cependant, il n’a pas le temps pour l'attention des femmes et lorsqu'il accepte de flirter, il essaie rapidement de mettre fin à cette liaison afin d'éviter des problèmes inutiles. Il est satisfait de sa vie et compte poursuivre ainsi tant que c’est le cas.
Il n'a pas grand-chose à prendre, puisqu'il n’a pas beaucoup de possession. L'une des raisons pour lesquelles il ne s’attache pas aux choses matérielles c’est qu'il est devenu orphelin très jeune et que son père n'avait pas beaucoup de temps à consacrer à son fils. Il devait travailler dur pour joindre les deux bouts et par conséquent, Douglas a grandi avec beaucoup de responsabilités et trop peu d'attachement. Il est conscient que cette situation a beaucoup joué dans son développement et dans son caractère. Et cela l'a conduit à la profession qu'il a choisie et qu'il aime. Son travail lui demande beaucoup de temps, mais il peut en tirer un bon rendement. Il est propriétaire de sa propre entreprise et dispose d'un personnel bien formé, prêt à résoudre des cas dangereux si nécessaire. En étant conscient du professionnalisme de ses collaborateurs, il a décidé d'accepter cette affaire qui, selon son père, doit être à temps plein pour répondre aux besoins éventuels de son ami. Il a accepté l'offre parce qu'il consacrerait moins de temps à son travail, ce qui lui donnerait un peu de repos en quelque sorte.
De retour au manoir de son client, Douglas range ses affaires dans la chambre qui lui est réservée, à côté de celle de la jeune femme. Il s'organise et décide d'apprendre à connaître un peu plus la maison. Il y a de nombreuses pièces, dont le décor luxueux ne correspond guère à la chambre de Veronica. N'est-elle pas consciente de tout ce qu'elle possède ? Ou bien s’en fiche-t-elle ? Il en doute fort. Cependant, ce ne sont pas ses affaires de savoir comment la résidente de la chambre voisine vit et agit. Sa seule fonction ici est de résoudre cette affaire et de retourner à sa routine et à son travail.
La découverte de la maison l’ennuie vite et Douglas choisit de s'asseoir sur un banc sous un grand arbre dans le jardin. De là, il peut avoir une vue plus large mais il observe les lieux sans grand intérêt, car il sait qu'il n'a pas besoin de le faire. L'enlèvement n’a pas eu lieu ici et il en saura bientôt davantage. Il a toujours résolu ses affaires, à l’exception d’une seule, à cause du fils du gentleman kidnappé dont l’immaturité avait condamné son père. Celui-ci était devenu une victime des hors-la-loi et avait été tué en captivité. Il ne veut pas se souvenir de cette affaire car bien qu’elle remonte à plusieurs années, il s'en veut toujours, même si rien de ce qui s’était passé n’était de sa faute, il s’est promis que cela ne se reproduirait plus.
Il fait nuit et après avoir discuté un moment avec une vieille femme de chambre, Douglas va dans sa chambre quand le téléphone sonne, surprenant tout le monde. Une ligne a été mise en place pour les ravisseurs, pour que rien ne les empêche de parler à la famille. Douglas demande à monsieur Braz de répondre calmement.
— Allô ? Oui.
Douglas, qui se tient à côté du téléphone, peut entendre la voix du criminel.
— On ne veut pas passer trop de temps avec votre fille, alors commençons, d’accord ? dit durement le criminel.
— Oui, bien sûr, on va s’en occuper rapidement. Comment va ma fille ? Est-ce que je peux lui parler ?
Douglas reste à coté de l’homme pour le guider afin de le calmer, mais aussi pour qu’il ne pose pas trop de questions. Il doit écouter et obéir, c’est tout.
— Papa ?
Cette voix pénètre dans l’esprit de Douglas et lui donne un coup-de-poing dans l’estomac. Il s’agite en entendant ce son si doux. Si l'occasion n'exigeait pas autant d'attention de sa part, il aurait pu conclure qu'il était en train de paniquer, pour s'intéresser autant à une voix féminine.
— Ma chérie, tu vas bien ? demande son père, sortant Douglas de ses pensées.
Sa voix, bien que douce, est également d'une force louable. Elle transmet une telle assurance dans ses paroles que Douglas se sent fier de cette jeune femme qui est en captivité sans avoir la moindre idée de ce que sera l'issue de cette histoire, mais qui semble pourtant forte et confiante.
— Ils ne te maltraitent pas, hein, ma chérie ?